J’étais rassuré, tout le monde était plus occupé par cette situation de merde plutôt que de me faire chier avec ce qui venait de se passer. C’était mieux ainsi. J’arrivais près de Joann et Swann aidant le blessé du mieux que je pouvais. Il était évident que cela n’allait pas être une partie de plaisir de le faire passer de l’autre côté, mais à deux on devrait y arriver, de toute façon on n’avait pas vraiment le choix. J’étais concentré sur une seule et unique chose, réussir à le faire passer de l’autre côté en un seul morceau.

Je n’avais rien dit de plus. Pas la peine d’ajouter des mots, tout ce qui était important avait été dit. Arrivé au niveau de véhicule. Je regardais Joann monter sans mal sur le toit de celui-ci. Ce fut légèrement plus compliqué de faire grimper Swann. Je n’arrivais même pas à savoir s’il était encore parmi nous ou dans un état second. Peut-être parce que mon cerveau était bien trop concentré sur une tâche aussi simple que de prendre soin de lui. Heureusement que je savais qu’on pouvait compter sur Stan pour nous couvrir parce qu’à l’heure actuelle je ne voyais rien d’autre que ce qui était en train de se passer devant moi.

- Rien à redire.

Sans hésiter plus longtemps. Je retirais une nouvelle fois le sac que j’avais sur les épaules et je le jetais déjà par-dessus la palissade. Il n’y avait rien d’intéressant dedans si ce n’est mon chapeau et je savais que je l’avais jeté assez loin pour pas que je m’écrase dessus ensuite. Heureusement le gamin arrivait à tenir en s’appuyant contre le mur. Finalement une fois que Joann fut installé ont pu s’occuper de faire tenir Swann. C’était plus compliqué de le faire passer là que de lui faire escalader la voiture, mais on avait tout de même réussi. Une fois mettre assuré que la brune le tenait bien. Je pouvais passait à mon tour. Elle me rappela alors le sac qu’elle avait laissé à côté de moi.

- Je n’allais pas les oublier…

J’allais totalement l’oublier en fait, mais je préférais faire semblant que ce n'était pas le cas. Je l’attrapais et le mis sur mon dos avant de passer rapidement la barrière. C’était pratiquement le dernier effort à fournir, une fois en bas, j’avais campé sur mes positions pour réceptionner le gamin. Il y avait évidemment quelques connards devant nous, mais pour le moment, il était suffisamment loin. Rapidement Joann appela avant de nous rejoindre, c’était elle qui allait s’occuper de les tuer. Je tenais ferment Swann d’un côté, j’avais récupéré mon sac de l’autre, sans oublier de vérifier l’état de mon chapeau évidement. Il ne manquait plus que Stan et on serait prêt à partir ce qui était largement une bonne nouvelle…

Stan était trop concentré sur sa tâche pour suivre l’avancée de ses amis. S’il détournait l’attention, ne serait-ce qu’une seconde, c’en était fini de lui ! Car les rôdeurs qui sortaient des urgences ne lui offraient aucun répit. Un coup de pied dans l’un pour le faire reculer et lui laisser le temps de planter son arme dans un autre, et ainsi de suite. Il progressait comme une machine, ayant mis son cerveau en mode automatique. On devinait l’habitude, les gestes précis, les mouvements bien rodés.

Ainsi le temps que Merl et Joann parviennent à hisser Swann, semi inerte, sur le capot de la voiture, puis à commencer à escalader la barricade, deux minutes peut-être s’étaient écoulées. Largement le temps pour le jeune militaire d’avoir mis à terre une bonne partie de la menace. Ou de s’être fait croquer. Mais non, son heure n’était pas encore venue. Il s’avançait vers le dernier rôdeur encore debout – de nombreux corps jonchaient le sol misérablement - quand la jeune femme de l’équipe l’appela. Il jeta un rapide coup d’œil vers elle, et avisa le monstre tout près. Il choisit de le pousser avec force vers l’entrée du l’hôpital. Il attrapa la porte, essayant d’y enfermer la main du putride qui essayait de passer par l’embrasure. Il alla jusqu’à la sectionner, sans considération, mais sans la chaine, la porte ne tenait pas.

- Oh puis merde, souffla le garçon en abandonnant cette mission inutile pour se ruer vers la voiture. Et il se dépêcha de passer par-dessus le rempart, en faisant attention de ne pas se blesser avec les taules.

A terre, il était encore trop tôt pour souffler. De nouveaux macchabées s’avançaient vers eux et il vint prêter main forte à Joann pour faire du ménage, tandis que Merl portait le blessé. Il abattit un rôdeur proche. Dans d’autres circonstances, ils auraient pu évaluer la possibilité de se recouvrir des entrailles d’une de ces créatures pour filer tranquillement. Mais l’état de Swann ne le permettait pas. Puis ils étaient à seulement quelques pas de leur véhicule.

- Il en est où ? Demanda-t-il au passage au redneck, commençant peut-être enfin à s’inquiéter. Il prit le visage de son poulain entre ses doigts et serra les dents. Ça n’allait pas fort. Clairement ! Je le prends, affirma-t-il dans un simple hochement de tête.

Merl l’avait déjà bien porté et soutenu. L’étudiant avait beau être d’un petit gabarit, il n’était pas si léger. Le moustachu pourrait aider Joann à nettoyer le chemin vers la voiture. Il attrapa ainsi Swann par son bras valide et d’un mouvement des hanches, le hissa complétement sur une épaule, comme un vulgaire sac de patates.

- Accroche toi, souffla-t-il au jeune garçon. Dans tous les sens du terme.

Avant de partir au pas de course vers la rue, il osa un regard en arrière. Vers la barricade, puis la fenêtre de laquelle ils s’étaient échappés et où pendouillait encore le morceau de corde abimée. Son cœur manqua un battement en apercevant une silhouette.

Supporter Swann ce n’était pas un problème, en fait, limite c’était mieux de le supporter comme ça que d’avoir à gérer ça mauvaise humeur. Au moins pour une fois il n’était pas en train d’insinuer que j’étais un con. La voiture n’était déjà pas très loin et il n’y avait plus qu’un effort modéré à fournir. Cependant, la voix de Stan me rappelait un peu à l’ordre concernant l’état du gamin que j’avais contre moi.

- Il va aussi bien que c’est possible d’aller…

Il s’occupait de le prendre en charge ce qui en soi m’arrangeait bien. Ce ne serait donc plus mon problème à partir de maintenant. En marchant, je récupérais mon chapeau pour me le remettre sur la tête. On n’avait plus qu’une chose à faire fuir. Je récupérais l’autre sac maintenant que je le pouvais avant de regarder derrière moi. Je remarquais alors une silhouette dans l’encadrement de la fenêtre qu’on avait quitté un peu plus tôt. Je ne savais pas trop quoi en penser, mais dans le doute, même si j’avais très envie de tirer dans sa direction, je décidais de m’abstenir parce qu’il y avait beaucoup trop de connard excité dans le coin et que je ne voulais pas me retrouver à nouveau avec un problème sur les bras.

- C’est bon, le plus dur a été fait, on plus qu’à rentrer. Comme la si bien dit Joann, c’est une mauvaise graine, il tiendra jusqu’à la maison.

Plus qu’à… oui, il fallait espérer qu’on n’allait pas tomber sur une merde en cours de route. Il fallait qu’on rentre le plus vite possible pour que ce gamin ne s’en sorte pas trop mal. Je savais qu’ils avaient tout ce dont il avait besoin pour lui permettre d’aller mieux. Je me mordais la langue et je priais silencieusement mon Dieu. Je savais que j’avais fait une bonne action en purifiant une de ses églises aujourd’hui, ce n’était pas grand-chose de lui demander en contrepartie une route dégager pour qu’on puisse arriver à bon port sans plus de problème que nous avions déjà eu jusqu’à maintenant. Je priais aussi pour lui, pour son âme et pour qu’il reste en vie. Sauf que ça non plus je n’allais pas le répéter, je savais que ce serait mal pris de toute façon…

Les rôdeurs ne furent bientôt plus un problème, le temps et les intemperries se chargeraient de leurs dépouilles, ou les vers s'ils appréciaient la viande trop faisandée. Cette image, alors qu'elle se redressait après avoir planté le dernier d'entre eux, l'invita à sourire de coin. Certains imaginaient qu'on libérait des âmes perdues en éliminant ces saloperies, d'autres, comme elle, se contentaient de penser que bien qu'ayant été des Êtres Humains autrefois, ils n'en étaient peut-être pas moins des raclures pire encore que les monstres sans cervelle les ayant remplacé. Chacun avait son opinion... D'ailleurs, Rogers, lui, étant donné son délire dans la chapelle, devait penser qu'il purifiait la terre ou une connerie du genre...

Joann roula des yeux à cette pensée puis tourna les traits dans la direction de Stan qui avait échangé, les secondes précédentes, avec Merl en ce qui concernait le cas Swann. Le gosse était livide, à moitié dans le coltare, il fallait rejoindre la voiture et vite, peu importait qui conduirait, elle s'en cognait dès l'instant que le chauffeur était capable de les mener jusqu'au zodiak abandonné à quelques kilomètres. Tout ce qu'elle espérait, en silence malgré les derniers mots qui filaient les lèvres de l'abruti du lot, était que le bateau de fortune fut encore là, après tout, dans ce monde, il était fréquent que des pilleurs se chargent de ce que vous abandonniez pour quelques minutes. Si c'était le cas, que par malheur elle tombait sur le groin des potentiels enfoirés à l'origine du plausible vol, elle ne leur ferait aucun cadeau.

- On avance... avant que d'autres parasites se joignent aux festivités ? Interrogea-t-elle avant de redresser le nez vers l'endroit que pointaient les regards de Merl et Stan.

Là, elle la vit, cette silhouette humaine, l'envie de l'étriper était puissante, mais ils n'avaient pas le temps, secundo, mieux valait faire silence et assurer le chemin jusqu'à la caisse... Si ce connard illuminé ne faisait rien, alors tout irait bien.

La voiture n’était plus très loin et c’était une bonne nouvelle. J’avais hâte de pouvoir enfin rentrer. Je supposais que Stan allait rester derrière pour veillé sur Swann et d’une certaine façon je n’allais pas laisser Joann conduire si ? Enfin, je finis par hausser les épaules avant de poser la question à voix haute.

- Stan ? Tu restes avec lui derrière ?

On pouvait lire l’inquiétude sur le visage de Stan en même temps, c’était son protégé, je les savais presque inséparables comme Jason et moi. Je savais que s’il arrivait un truc comme ça à mon frère, je le prendrais sans doute aussi mal que lui. Au début, j’aurais sans doute joué la carte de l’humour, mais à partir du moment où il aurait commencé à se sentir mal tout ça aurait été une histoire bien différente. Sans vraiment demander à qui que ce soit. Je m’installais au volant de la voiture. On en avait pour quelques minutes avant d’arriver à notre bateau et autant dire que le plus vite on aurait décollé d’ici mieux ça serait. Je regardais un instant dans mon rétroviseur intérieur pour voir les deux derrières. Ma question leur était surtout adressée à eux.

- C’est bon pour tout le monde ?

C’était surtout plus pour la forme qu’autre chose. En soi, je savais qu’on n’avait pas trop le choix et qu’il fallait qu’on décolle. Il y avait l’autre là-haut qui nous avait surveillés avant de partir et autant dire que sa présence n’annoncer rien de bon. Je marquais une pause avant de démarrer la voiture et de passer la première.

Sans le vouloir, Merl répondit à sa question par une autre - cette dernière posée aux duos derrière eux -, les morts n'étaient plus qu'un mauvais souvenir, mais la présence de l'inconnu non loin, ne lui donnait guère envie de rester plus longtemps sur les lieux. Ils avaient trouvé ce qu'ils cherchaient, au péril de la vie du môme de la bande, au péril de la leur d'ailleurs non ? Après tout, Stan aurait pu manger un pruneau lui aussi. Quant à Rogers et elle, ils auraient pu finir bouffés dans cette chapelle ignoble.

Elle avait failli sentir les crocs d'un mort se refermer sur son poignet... Cette image lui revint par flashs qu'elle fit disparaître en secouant la tête. C'était la deuxième fois qu'elle se faisait agripper par l'une de ces saloperies. La sensation avait été la même que la première, l'incompréhension en moins sans doute, mais la peur elle, bien qu'elle n'ait pas versé de larmes cette fois, était identique. Bref, elle n'allait pas s'étendre sur quelque chose de si con, surtout pas alors qu'elle s'en était sortie grâce à....

Son regard observa le pécore qui, sans attendre et une fois près du véhicule, ouvrit la portière pour se foutre derrière le volant. Mouais... elle devait le fait d'être encore et vie, et en pleine possession de ses moyens, à un gars pour lequel elle n'avait aucune véritable estime. Comme quoi... Réfutant les images qui lui assaillaient l'esprit, Cain agrippa la clinche de la portière arrière et observa les alentours tandis que Stan installait Swann, du mieux qu'il pouvait, et grimpait à son tour, après quoi, elle referma et prit la place du mort... là encore, cette phrase, que bien souvent les gens servaient en se marrant, l'invita à rouler des yeux.

- Roule ! Se contenta-t-elle de dire après que Stan ait répondu à l'interrogation du conducteur. Mieux valait se tirer et vite, nul ne savait si ces fanatiques illuminés n'allaient pas les poursuivre... Elle n'aspirait qu'à une chose, retrouver le zodiack, ainsi ils rejoindraient le fort et Swann serait pris en charge à l'infirmerie.