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Since hell...
Mar 24 Oct 2017 - 14:37
23 ans ≡ Américaine ≡ Étudiante en art dramatique ≡ The Remnants
Petite fille Evelyn n'était pas qu'une poupée blonde que sa mère adorait vêtir de robe aux coloris chatoyants non, ce fut à cette époque que se forgea son caractère, des qualités et défauts qui, au grès du temps, des années et des rencontres, se sont exacerbés pour ne plus jamais la quitter. Toute gamine déjà, on la trouvait souriante, plus que la majorité des gosses de son âge, une petite bulle de fraîcheur dans un monde où bien souvent les pleurs étaient monnaie courante. Collins était même attentive, au monde et aux personnes qui l'entouraient - ce qui ferait d'elle une bonne élève dès lors que le temps de rejoindre les bancs scolaires serait venu d'ailleurs -, mais passons le bas âge et l'enfance, pour aller droit au but....
En grandissant, certaines facettes de sa personnalité ont pointé le bout de leurs nez, faisant d'elle une jeune fille dévouée aux causes qu'elle défend, à ses proches tout comme à ses amis. Cette dévotion n'a d'égale que sa fidélité d'ailleurs, ceux en qui elle croit, ceux qui l'aident et qu'elle aiment, sont certains de ne jamais se faire planter un couteau dans le dos. On la décrit bien souvent comme une jeune fille pétillante et vivante, malgré tout douce et aussi émotive que peut l'être une personne - A dire vrai, il suffisait d'un film, même une romance au scénario élimé, pour voir des larmes perler en bordure de ses cils -. L'émotivité oui, bien qu'on ait pu souvent lui dire que ce défaut la perdrait en grandissant, au contraire, il n'a fait que l'aider au mieux en ce qui concernait les études qu'elle désirait faire, en revanche, lorsque le monde s'est copieusement dégradé, cette tare n'a fait que l'épuiser plus qu'elle ne l'était déjà. Sensible aussi car, malgré tout ce qu'elle a put vivre ou faire, elle n'en oublie jamais combien il est difficile de faire face à la mort, à l'horreur et au sang, tout comme aux actes ignobles de certaines personnes. Au delà de tout ça, sa bienveillance reste exemplaire autant que la douceur dont elle fait preuve à l'égard des gens qu'elle aime, ces deux qualités vont de paire évidemment. Elle aidera volontairement sans véritablement se poser de question et sera la première à vous prendre dans ses bras si, toutefois, les choses vous accablent... Une bienveillance qui va jusqu'au respect des âmes prisonnières des créatures décharnées qui peuplent désormais l'univers.
Mais parlons désormais de ses défauts...
L'entêtement, sans doute l'un de ses plus mauvais traits de caractère... Evelyn est très têtue oui, aussi bien en ce qui concerne ses opinions et idées que dans le fait d'être certaine de faire les choses comme il se doit, mais, pour palier à cela, il suffit bien souvent de l'influencer pour obtenir gain de cause. Tout le monde n'a pas ce pouvoir sur elle, sans quoi il serait bien plus simple de la manipuler, mais quelques uns, assez intelligents pour avoir saisi sa manière de fonctionner, peuvent se targuer d'influencer la petite blonde de la manière qu'ils souhaitent. Evy est aussi susceptible, facile à vexer si on pique là où ça fait mal, par exemple nommez la Evelyn et vous verrez une jolie couleur rose empourprer ses joues. Ce n'est là qu'une cause à effet de la superficialité dont elle fait preuve, pourtant, cette tare ci n'est qu'un masque qu'elle porte pour suivre le mouvement de ses paires sans être jugée sur son incapacité à ou sa réticence à... - après tout, une sororité n'était pas le meilleur endroit au monde pour une jeune fille qui manquait de confiance en elle au point de devoir raconter quelques bobards, et autres histoires improbables, afin de se faire une place dans une communautés de filles toutes plus pimbêches les unes que les autres -.
Peu sûre d'elle oui, manquant de confiance au point de tenter de briller par ses propres moyens, faussant parfois la vision qu'on peut avoir d'elle simplement pour ne pas passer pour une idiote... Les choses s'amélioreront sans doute cela dit, du moins, si elle ne faiblit pas encore pour se donner une quelconque importance et être appréciée des autres... Car oui, le problème est bien là, par peur d'être seule comme elle le fut un temps à l'extérieur, la jeune fille est capable de faire des choses qu'elle n'aurait guère imaginé si, toutefois, on ne le lui avait guère soufflé... Le résultat d'une dévotion immense, sans barrière, d'un amour aveugle, de l'influence qu'ont ceux qu'elle apprécie sans imaginer qu'ils soient capables de la briser...
Evelyn Collins est un petit gabarit d'1m57 pour 49 kg. Pas bien grande donc, ni très grosse, la gosse n'est pas du genre impressionnante. Plutôt le genre de fille qu'on apprécie pour sa fraîcheur et ses sourires perpétuels que pour sa faculté à faire face à l'horreur. Arborant autrefois de longs cheveux blonds soyeux, la jeune fille a opté pour plus de confort en coupant sa crinière au dessous de la mâchoire. Un carré est bien plus sécurisant qu'un tas de mèches folles capables de vous aveugler par temps venteux, d'avantage encore que les longues crinières sont des accroches faciles pour les rôdeurs. Depuis les débuts de l'angoisse, adieu petite jupe et chemisier bien repassé et bonjour jeans, short et tee shirt... Les boots ont aussi remplacé les chaussures féminines qu'elle appréciait tant. Les gens l'ayant connu ne la reconnaîtraient sans doute pas mais ce changement de look – forcé certes- lui a certainement sauvé la mise à maintes occasions.
Concernant les armes (une paire de ciseaux et un simple couteau) : on ne peut pas dire qu'elle soit très douée avec ce qui possède des balles. Evy n'a jamais touché de flingue et n'imagine pas le faire sous peine de blesser le premier venu ne le méritant guère. Elle s'est contentée de ce qui lui tombait sous la main la plupart du temps, des outils, des ustensiles de cuisine, rien de bien folichon... Son arme de prédilection est un couteau ordinaire, la paire de ciseaux n'étant pas aussi fiable que le manche plus costaud d'une lame. Ce n'est certes pas transcendant mais ça reste bien utile pour mettre à mort un rôdeur.
Née le 1er juillet 1994 à Richland, Evelyn fit le bonheur de ses parents des lors que son premier cri eut retentit sur terre. Olivia et Bryan - instit' de professions - s'étaient rencontrés trois ans plus tôt après avoir été mutés dans l'un des établissement de la ville. Là n'était pourtant pas l'important, désormais père et mère, ils souhaitaient simplement offrir le meilleur à la poupée blonde qui venait d'agrandir leur famille. Pour ce faire, ils quittèrent l'appartement dans lequel ils s'étaient établis peu après la naissance de leur princesse. S'offrit à eux une jolie petite maison de quartier, paisible et lumineuse, dans laquelle ils étaient impatients de la voir grandir. Ce fut donc dans une ambiance chaleureuse et gorgée d'amour que la demoiselle fit ses premiers pas dans la vie. Mère aimante, la couvant peut-être trop d'ailleurs, Père protecteur, Evelyn n'aurait pu espérer meilleur entourage. A l'âge de treize ans, elle se découvrit une passion débordante pour le théâtre et le cinéma. Ce n'était encore qu'un rêve de gosse certes, cependant cette fascination pour les planches, héritée des loisirs cinématographiques de sa mère - avec laquelle elle put visionner de nombreux classiques - allait s'exacerber au point de lui faire envisager futures études et carrière. Tout était parfait dans le meilleur des mondes mais la famille était encore loin d'imaginer que les choses finiraient par légèrement dégénérer lorsque l’adolescente chercherait à s'épanouir en suivant des modèles bien différents de ceux qu'ils avaient pu être à son regard de fillette.
Au prémisse de la puberté, elle demeurait l'enfant modèle que toute famille aurait appréciée compter chez elle. Droite, intelligente et studieuse, la gamine était l'une des plus douées de sa classe et recevait bien souvent les lauriers de son assiduité. Félicitations des professeurs, louanges et autres descriptions gratifiantes, Olivia et Bryan n'auraient pu rêver mieux. Après tout, en tant qu'instituteurs, il était bien plus rassurant pour eux d'imaginer que leur fille n'aurait jamais aucun déboire en ce qui concernait ses études et, pourtant...
Suite à des années de collège tranquilles, basées sur la continuité d'un parcours scolaire brillant, sa période lycée ne fut guère de tout repos. Néanmoins et ce malgré les quelques amies « précieuses » que comptait la petite, ses parents avaient encore le monopole de son éducation. Malgré ses dix sept ans, ils la savaient docile, prête à leur faire plaisir et à les rendre fiers, et parvinrent à la driver suffisamment pour s'éviter les sorties intempestives, petits amis et autres interférences, capables d'assombrir son chemin scolaire, jusqu'ici, conforme à ce qu'ils attendaient d'elle. Jusqu'à lors, ses fréquentations masculines s'étaient résumées à de simples rapprochements banals, des élans du cœur sans véritable attachement, une simple curiosité du à l'âge, mais pas de déclic la poussant à désirer plus que quelques étreintes et baisers maladroits... Les cours primaient donc, tout comme son désir de devenir actrice et de poursuivre des études en art dramatique. s'i Ce que ses parents n'imaginaient pas, en revanche, c'était qu'à trop la couver, à la surprotéger, la blondinette terminerait par étouffer et à braver les interdis...
A dix huit ans, cette libération se présenta dès lors que la faculté se dessina devant elle, et bien que ses premiers pas furent similaires à son entrée dans le monde des études, durant un an sans encombre où elle gardait encore les pieds sur terre, les choses changèrent dès lors qu'elle se prit d'admiration pour une troupe de filles n'ayant d'yeux que pour les fêtes organisées sur le campus.
L'année de ses dix neuf ans, elle eut donc le choix, passer son chemin où tenter de faire connaissance, après tout, ses anciennes amies avaient visé d'autres universités, demeurer seule dans un tel endroit n'était peut-être pas le meilleur des plans, puis jusqu'ici, elle n'avait jamais été confrontée à la solitude, ses parents étaient là en permanence... A cette époque, Evelyn était certaine de pouvoir allier les deux, l’amusement et les Études afin d'atteindre le rêve qu'elle s'était fixée, à à peine treize ans, après avoir vu un nombre incalculable de films à l'eau de rose, elle prit donc sur elle de braver l'une des premières frontières près desquelles - lorsqu'elle était encore à demeure - ses parents jouaient les douaniers.
C'en suivirent donc quelques introductions dans diverses soirées à thèmes et bien qu'heureuse, imaginant faire partie d'un monde qui n'était pas vraiment le sien, Evy n'était encore qu'au prémisse de sa vie d’Étudiante. On lui servait des verres, en doutant clairement de sa capacité à les boire, et elle le faisait ou en vidait le contenu à l'abris des regards, pour ne pas finir ivre, uniquement pour rentrer dans un moule qu'elle aurait pu qualifier de stupide autrefois. Quelques cigarettes, et elle acceptait de tester simplement pour ne pas rester sur le bord de la route à observer le train qu'elle regretterait d'avoir pris. On la soumettait à tout un tas de choses, plus ou moins dégradantes, et la jeune fille, n'ayant que pour optique d'être acceptée, s'y pliait sans rechigner. Ce fut donc la ronde des premières fois futiles et débiles mais softs malgré tout, premier baiser avec un inconnu simplement car une bouteille, posée au centre d'un cercle d’Étudiants, l'avait décidé, premier verre, première cigarette... Un tas de conneries qui ne lui auraient jamais effleuré l'esprit lorsqu'elle n'était encore que la petite fille modèle de ses parents. A vingt ans, ce goût de liberté lui plaisait plus encore, il lui plaisait tant d'ailleurs qu'elle préféra abandonner sa chambre de dortoir afin de rejoindre l'une des sororités qu'animaient ses nouvelles connaissances. Elle fut certes mise à l'épreuve mais, avec dévotion et docilité, la blondinette ne tarda pas à gravir les échelons pour en devenir membre à part entière.
Elle dut mentir parfois, inventant quelques histoires croustillantes à son sujet, évoquant des petits amis n'ayant eu d'existence que dans son esprit, dans l'unique but de se faire accepter et d'être comme toutes les autres. Elle faisait semblant oui, du moins le croyait elle car, à cette époque là, et bien qu'elle ignorait encore que son univers s'effriterait de la pire des manières, à peine quelques mois après avoir récité le serment de la sororité, Collins semblait simplement prendre plaisir sans plus se soucier de ce que pensaient les autres. Persuadée d'être capable de faire ses propres choix, d'assumer pleinement ce que ses proches qualifiaient d'erreurs, Evelyn en oublia presque l'essentiel sans imaginer que le pire était devant elle et qu'elle subirait des pertes irrémédiables : Ses parents qu'elle ne reverrait plus jamais et qu'elle regretterait plus que n'importe quelle festivité en ce bas monde...
Les premiers signes →
- Chérie, je dis juste que tu peux rester ici, qui sait ce qui s'passe là bas... La ville n'est plus très sûre depuis quelques temps. L'entendre lui répéter la même chose, du soir au matin, commençait sérieusement à jouer avec ses nerfs. Evy adorait sa mère oui, mais parfois être l'objet d'un asticotage dès le petit déj' suffisait à vous faire oublier combien vous teniez à quelqu'un. C'est l'histoire de quelques jours, tu ne manqueras rien qui n'soit rattrapable. Le nez plongé dans sa valise, la blondinette serra subitement les poings pour garder son calme.
- Des effusions de violence il y en a partout m'man... Pas qu'à Seattle ! Ponctua-t-elle les bras écartés pour singer l'exagération de sa mère. J'reprends les cours, j'vais pas traîner les rues bon sang !
Oliva se résignait, peut-être en faisait elle trop, peut-être pas assez... Elle n'en savait rien mais ce que les informations laissaient filtrer, concernant la probabilité que quelques aliments aient pu être empoisonnés par on n'savait qui, tout comme le fait qu'une paire d'individus se montraient plus brutaux que d'accoutumé, n'arrangeaient pas les battements furieux de l'organe dans sa poitrine. C'était viscéral, l'instinct maternel sans doute, elle sentait simplement que les choses ne se passeraient pas aussi bien pour sa fille que pour les autres Étudiants. Evy, elle, ne songeait qu'à son désir de rejoindre la faculté, davantage encore la maison qu'elle partageait, à quelques mètres du campus, avec d'autres filles. Les vacances ne lui plaisaient guère, elle s'ennuyait depuis qu'on l'y avait quasiment forcé, la rentrée était simplement son oxygène, l'assurance du regain d'un semblant de liberté et d'autonomie... Alors ce n'était certainement pas des suspicions, ou autres attaques barbares, qui la feraient changer d'avis. A son regard, ce n'était qu'un sujet médiatique, rien de sérieux, uniquement lancé à la va vite pour combler une plage horaire au JT par manque d'informations plus palpitantes.
Le 13 Octobre, sur le chemin de la fac - le lendemain de cette petite « dispute » -, Evy remarqua que les autorités étaient de sortie. Les gyrophares l'aveuglaient presque dans les agglomérations la séparant de Seattle et bien que les mots d'Olivia lui revenaient en tête, elle restait persuadée que ce n'était que temporaire. D'ailleurs la radio, télévision et autres journaux, signaient toujours leurs sujets sur le cas par un : « la police garde la situation en mains ». Il fallait avoir confiance au système puis, pourquoi diable le gouvernement leur dissimulerait-il un problème contre lequel il n'avait aucune solution... ? Arrivée à la demeure qu'elle partageait avec ses « sœurs », ces dernières n'étant guère toutes arrivées d'ailleurs, la jeune fille avait posé sa valise dans le hall après avoir jeté les clés de son véhicule sur le guéridon qui jouxtait le seuil. Sa première réaction, dès lors qu'elle entendit tourner l'écran du salon, fut de rouler des yeux en un soupir exaspéré. Les parents avaient sacrément bien fait leur boulot, car les deux jeunes filles présentes avaient les yeux rivés sur la télé et les quelques images violentes que retransmettaient les médias.
- Vous y avez pas échappé non plus à c'que je vois ? Avait-elle lancé d'un ton moqueur.
Pas qu'elle jugeait l'affolement de sa propre mère comme un accès de panique inexpliqué mais, tout de même, il était fou de voir combien un petit sujet sans importance pouvait nouer les nerfs de leurs parents - enfin, Olivia était une mère poule, ce n'était donc pas si inquiétant que ça -. Aucune ne lui répondit au point qu'elle approcha du dosseret du sofa, bras croisés, en laissant échapper un soupir auquel l'une d'elles se contenta de balancer un « chutttt » agaçant.
- C'est temporaire, ça arrive, personne n'a dit que l'Être Humain était capable de vivre en harmonie avec ses congénères à longueur de temps. Sa main glissa sur la télécommande, histoire de couper court à la panique stupide qui s'emparait de ses amies, mais l'objet lui fut soudain arraché des doigts. Okay, abrutissez vous, foutez vous bien les jetons, ensuite tout le monde vous prendra pour des débiles lorsqu'on avouera clairement que ce n'était que des conneries... Sérieux, qui pourrait croire qu'une intoxication alimentaire peut rendre les gens barges ? Malades oui mais barges ? Y a des limites à la connerie.
- C'est important de savoir ce qui s'passe, les flics rôdent dans les rues, ils sont débordés par les appels d'urgence. Rétorqua Doris en lui lançant son regard le plus sombre. Cette brune, Evy ne l'avait jamais trop appréciée. Leur relation n'était qu'une vaste fumisterie dans laquelle, uniquement pour ne pas se mettre à dos les autres, la blondinette jouait la comédie pour mieux pester une fois seule. Un lycéen a attaqué ses profs pas loin d'ici, des vieux s'amusent à lacérer des passants c'est pas rien Evelyn... En entendant son nom complet, une envie de la gifler survint. Collins détestait son prénom, ce n'était pas d'hier d'ailleurs. si t'as pas envie d'suivre c'est ton problème, mais n'viens pas nous emmerder avec tes théories à deux balles, tu veux ?!
Un « garce » inaudible glissa sur sa langue, malgré tout, la fatigue du trajet l'empêchait de se prendre la tête avec la brunette. Ce soir là, Evy gravit les marches qui menaient aux chambres et rejoignit la sienne pour, sans plus de courage, s'étaler contre son lit. Elle entendait encore les sirènes, des cris... Le quartier où était située la sororité était habituellement calme, alors voir danser les lueurs des gyro, contre le plafonnier blanc de sa chambre, la poussa à remonter la couette contre ses traits pour espérer trouver le sommeil malgré la radio qu'elle avait allumé et qui diffusait, en boucle, un message à devenir dingue : « Pour votre sécurité, nous vous recommandons de rester chez vous, ne sortez pas, les forces de l'ordre gèrent la situation... »
14/10/2015 au 24/10/2015 →
Le lendemain fut peut-être pire encore, la nuit avait été mauvaise, en même temps allez dormir avec ce qu'on entendait à l'extérieur. Evy avait pourtant quitté son lit pour rejoindre les autres, il n'y avait que Trish...
- Doris dort encore ? La métisse secoua la tête et lui indiqua rapidement que la grande brune avait rejoint ses premiers cours.
La télé tournait encore et alors qu'elle se servait un bol de céréales, la blondinette s'attarda sur les images diffusées. C'était dingue, on parlait carrément de morts vivants, ce qui ne manqua pas de lui arracher un rictus auquel sa comparse ne répondit guère. Bon dieu était-elle la seule à rester terre à terre ? Certes la folie s'était emparée de Seattle, et des environs, mais le côté cannibales des infos n'avait rien à voir avec quelques monstres de foire tout droit sortis de l'esprit de barjots en manque de sensations fortes ! Pourtant, le film qui défilait devant ses prunelles brunes n'avait rien de ceux qu'elle appréciait visionner, tard le soir, au fond de son lit. Tout paraissait réel, et le peu d'images concernant ces « morts » étaient encore trop flous pour qu'elle y accorde plus d'intérêt. Secouant donc les épaules, suite au frisson lui ayant dévoré l'échine, Collins baissa les yeux sur le téléphone qui vibrait contre le comptoir de cuisine. L'écran affichait « maman », elle renvoya l'appel, certaine qu'en répondant sa mère lui prierait de rentrer au plus vite ou, pire, la sermonnerait concernant leur dernière discussion.
Plus tard, en partance pour les cours, Evy fronça les sourcils en constatant l'ampleur que prenait l'incident. L'armée avait fait le déplacement, quelques barrages étaient érigés, quant à l'entrée du campus, elle était flanquée d'une paire de soldats qui géraient les allées et venues. Comment pouvait-on devenir cinglé à ce point, ne pas parvenir à gérer les petits frappes qui trouvaient judicieux de traumatiser les citoyens en fêtant Halloween à l'avance ? Ça la dépassait totalement, néanmoins, elle avait bien l'intention de ne pas sécher, elle le ferait assez souvent par la suite, et pour cause, quelques fêtes s'annonçaient à la sororité, ce n'était donc pas envisageable. Ce qu'elle ne savait pas, en revanche, c'était que la majeur partie des profs s'étaient fait la malle, le Doyen de l'université avec, et que ne subsistaient que des gars en treillis, armés, pour sécuriser le coin. Ce jour là, les cours furent donc annulés, la cause n'étant rien d'autre que les événements survenus en ville et, quand elle désira quitter l'enceinte de l'établissement, les soldats l'en empêchèrent en déclarant que c'était pour sa propre sécurité. A ce sujet, quelques émeutes éclataient sur le campus, des étudiants trouvaient anormal qu'on leur refuse l'accès à leurs chambres et qu'on leur ordonne de rester sagement dans les bâtiments qu'avaient réquisitionné l'armée. Quelques grilles délimitaient un certain périmètre, c'était comme la fin d'une précieuse liberté.
Quelques jours plus tard la blondinette en vint à imaginer qu'on les confinait ici, avec le strict minimum pour l'hygiène et la nourriture, simplement pour surveiller leurs agissements. Ici, plus de télé, plus de radio, uniquement les hauts parleurs diffusant des messages d'apaisement pour ceux qui n'avaient plus d'autre choix que d'attendre que le temps passe. A défaut d'appeler ses parents, qui, elle en était certaine, l'affoleraient plus qu'elle ne commençait à l'être, Evy rédigeait des texto à leur intention concernant la « séquestration » dont elle était victime. En réponse à ces derniers - ça ne loupait pas -, un « papa » s'affichait sur son écran et elle rejetait les appels pour ne pas subir les foudres de celui-ci. Elle prenait peu à peu conscience de son erreur, jamais elle n'aurait du quitter la maison, elle aurait simplement du écouter sa mère et ne pas se persuader que le tout se tasserait rapidement. Elle paniquait peu à peu, n'ayant plus rien pour se raccrocher à l'idée que ce n'était qu'une vaste blague à laquelle, plus tard, on rirait en se souvenant ô combien on avait été stupide... Elle était seule, ses amies étaient sans nul doute restées chez elles, elle ne parvenait pas à les joindre, quant à Trish et Doris, elle n'eut aucun moyen de les retrouver sur le campus... Comme si elles avaient disparu, comme si elles n'avaient jamais excitées.
Les jours suivants la loi martiale fut déclarée et l'idée même de quitter l'université n'était plus une option envisageable, les soldats rôdaient, s'activaient et peu de gens savaient encore ce qu'ils combattaient en quittant parfois leur poste. Des morts-vivants, pensait Evelyn en se tenant à l'écart des foules hurlantes. Ce n'était pas possible, elle n'en avait pas vu, les images dont elle se souvenait, concernant les dernières informations qu'elle avait pu suivre, n'étaient qu'une brume de laquelle aucun détail précis ne ressortait. Elle se décida néanmoins a appelé ses parents, malheureusement, aucun d'eux ne répondit et la jeune fille, habituellement terre à terre, ne pensait pas qu'ils soient au boulot non... Eux aussi avaient été forcés de rejoindre l'un de ces campements improvisés par les forces armées, eux aussi étaient privés de leur liberté, eux aussi avaient peur et ignoraient que la vie ne tenait plus qu'à un faible fil. Elle versa ses premières larmes suite à ça, sa tête tentait de penser rationnellement tandis que son cœur, lui, sentait la blessure s'étendre peu à peu. Les « morts-vivants » les avaient-ils attaqué, étaient-ils morts ? Les pires scénario inondaient son crâne et elle sombrait peu à peu dans une noirceur de laquelle il serait difficile de l'arracher. Le pire fut sans doute de songer aux dernières paroles servies à sa mère mais il était désormais trop tard... Les jours qui suivirent, on entendait, au delà des murs d'enceinte de la fac, les gens s'activer... Par delà les grilles, on pouvait voir quelques familles, débordées par la panique, flanquer valises et autres denrées dans le coffre de leur bagnole pour ensuite prendre le large. Des enfants pleuraient, le regard des hommes était fuyant, et des coups de feu retentissaient parfois tout comme les pâles des hélicos qui passaient au dessus de leurs têtes.
Le 26 Octobre, Evy s'était résignée. Il était peut-être plus simple de subir en sécurité, ici, que d'être tuée ou dévorée à l'extérieur. La veille, elle avait entendu les témoignages de derniers arrivants. Il s'agissait d'hommes ou de femmes, pas simplement des jeunes adultes comme la plupart de ceux qui grouillaient sur le campus par beau temps. Tout ce qu'ils confiaient, parfois en tremblant de tous leurs membres, n'était que ce qu'elle redoutait. Les morts vivants, les cadavres mouvants, tout cela n'était donc pas un conte raconté aux enfants pour les pousser à obéir, non, c'était la triste réalité et, désormais, plus personne ne savait quoi dire ou faire pour retrouver une existence paisible. Elle prit donc la décision de ne jamais quitter les lieux, l'armée était présente, ici tout allait bien, à l'extérieur non, fuir en reviendrait à se mettre en danger et ce n'était pas envisageable pour elle. Les jours qui précédèrent la fin du mois, à défaut d'entendre la voix de ses parents quand elle tentait inlassablement de les appeler, elle laissait de longs discours sur la messagerie. Elle pleurait, souriait parfois comme pour se convaincre qu'ils étaient, tout comme elle, à l'abri d'un lieu protégé par les autorités, et ne versa que plus de larmes encore lorsque le réseau ne fut plus que le vieux souvenir d'une époque désormais révolue.
A la fin du mois l'espoir semblait n'être qu'une idéologie fantasque. L'électricité sautait parfois puis, un beau jour, plus aucun homme ne fut capable de la maintenir en place. Les soirées étaient sombres tout comme les journées. Des gens rejoignaient le campus désormais appelé campement. Des tentures s'étendaient auprès des bâtiments, on y prodiguait les premiers soins pour quelques blessés. Au dehors, des colonnes de fumées s'élevaient, il ne subsistait plus grand chose d'une civilisation s'étant cru invincible. Les Hommes n'étaient désormais plus au sommet de la chaîne alimentaire, les créatures les avaient remplacé et pour seule et unique source d'apaisement, Evelyn Collins se répétait qu'elle ne verrait jamais l'une d'entre elles si, toutefois, à défaut d'avoir su protéger la ville, l'armée parvenait à maintenir la sécurité de l'endroit où elle se trouvait depuis quelques semaines.
Novembre s'installa puis laissa place à Décembre, les températures plus fraîches l'accompagnant. Les larmes pleuvaient encore, tout comme le ciel déversait des pluies glaciales capables de frigorifier les plus fragiles. Les premières crèves allaient bientôt pointer le bout de leur nez. Ce mois ci, Evelyn s'ouvrit légèrement plus aux autres et se rapprocha d'un petit groupe d'étudiants qui, malgré l'angoisse, tentait de relativiser aux mieux. Ils n'avaient plus aucune nouvelle des leurs, tout comme elle, angoissaient tout comme elle, mais soutenaient qu'ensemble il était plus facile de faire face à la situation que seul au milieu d'une foule de gens dépassés par les événements. Malgré l'optimisme, les plus clairvoyants n'avaient pas tardé à comprendre que ce qui ne devait être que « temporaire » était en réalité l'avenir. Les soldats, manquant de têtes, ne tardèrent plus à quémander l'aide des civiles. Premièrement dans la cordialité, usant de beaux discours pour enrôler les plus téméraires afin qu'ils se joignent à eux pour quelques missions de ravitaillement. Evy, elle, s'était contentée de prêter main forte aux femmes pour ce qui était de préparer les repas, tenir au propre les bâtiments auxquels ils avaient accès. Sortir ne lui était pas venue à l'esprit mais, plus tard, ce qui n'était qu'une invitation cordiale afin d'épauler les soldats, se mua davantage en ordres... Des poignées d'hommes, même de femmes, furent enrôlées de force pour subvenir aux besoins des autres. Certains se taisaient, d'autres, dont faisait parti le groupe de jeunes qu'elle fréquentait, se rebellaient et tentaient de saper le peu d'autorité qu'avaient encore les gars en treillis, ce n'en était pourtant qu'aux prémices, sans doute car leurs armes et leur savoir faire, rendaient encore docile la masse de gens n'ayant pour espoir que survivre aux horreurs de l'extérieur. Les soldats les protégeaient encore, mais contrairement au cauchemar qui sévissait au delà des grilles, ce peu d'assurance était, lui, temporaire...
En Janvier 2016 ce qui restait des Soldats avait disparu... Un matin, plus personne ne surveillait les grilles. Ils étaient partis dans la nuit, abandonnant leur poste. Ce fut un sentiment d’incompréhension mêlé à de la haine qui saisit les gens présents dans le camp, chacun y allait de son injure, de sa fureur au sujet des personnes ayant juré de les protéger quoi qu'il advienne. Ils étaient désormais livrés à eux mêmes, forcés de se débrouiller, forcés de se serrer les coudes pour parvenir à garder debout le peu de choses qu'il possédaient encore. Certains s'étaient décidés à partir, d'autres, se croyant capables de gérer au mieux suite aux sorties effectuées, avait simplement pris en pitié ceux qui ne bougeaient plus d'un cil. D'une bonne cinquantaine de personnes ne resta plus qu'une trentaine lorsque la décision finale fut prise. Peu d'adultes, ces derniers ne désiraient que sécuriser la famille qu'ils avaient encore, les soldats n'étant plus là, plus rien ne les retenait et, à la fin du mois, seuls quelques professeurs pour une claque d'Etudiants, tentaient de barricader au mieux les derniers bâtiments investis par l'armée. Certains savaient se servir d'armes, mais la plupart n'en avait jamais tenu une... En ce qui concernait les denrées, Evelyn vit clairement ces dernières s'amoindrirent. Avaient-ils sérieusement pensé que tout cela leur suffirait ? Oui, ils y avaient cru, mais le peu d'assurance et de décision concernant les raids en extérieurs, ne tarda plus à semer la discorde entre les jeunes et ceux leur ayant enseigné jadis. Ceux avec lesquels elle discutait, avec lesquels elle s'entendait parfaitement, décidèrent de faire la loi et parvinrent à leur fin à coup de violence gratuite. Il y eut des blessés, pour la plupart des adultes, et quelques jeunes auxquels le courage manquait. Un certain Warren, duquel elle était devenue bien plus proche, avait donc pris les commandes. Les jours se suivaient et, désormais, il était primordiale de sortir pour trouver de quoi boire et manger. Malgré l'horreur et la folie qui gagnaient ces gens livrés à eux mêmes, Evy la ferma et préféra se rallier aux plus capables, quant à ceux n'ayant plus qu'à se taire ou quitter les lieux, elle ne leur adressa quasiment plus la parole. Elle n'avait plus le choix, la raison ne primait plus vraiment désormais, la force faisait la différence, le nombre aussi, ses convictions et sa bienséance n'étaient plus que les vestiges d'une vie qu'elle ne retrouverait plus jamais et qu'elle tentait de chasser des dernières pensées sensées, douces et droites, qui lui restaient.
La première rencontre :
En Février, certains avaient choppé la crève. On tentait de faire bouillir les draps, les vêtements, et de soigner aux mieux ce qui, des mois plus tôt, n'aurait constitué aucun danger probant. Clairement, Evy en avait marre. L'enfermement, la crainte et la dureté des conditions de vie avaient presque raison d'elle. Il n'y avait qu'une chose qui la faisait tenir et ne pas s'enfuir à toutes jambes, sa propre vie. Elle craignait la mort oui, comme la plupart des gens sensés, et malgré ses idées différentes, la blondinette avait une entière confiance en Warren. D'ailleurs, depuis qu'il avait repris les choses en mains, il lui semblait que la survie s'améliorait quelque peu et malgré les derniers départs, quasiment forcés par le jeune leader, les têtes restantes s'entendaient plutôt bien. Chacun avait un rôle, intérieur ou extérieur et on subsistait ainsi sans trop se poser de question.
Ce qu'elle ignorait, c'est qu'en Mars ce semblant de vie ne serait plus qu'un vieux souvenir. Elle avait l'air livide, après tout comment aurait-il pu en être autrement depuis que sa trousse de maquillage ne l'accompagnait plus. Sa brosse lui manquait tout autant que ses pinceaux, quant à ses études, il y avait désormais longtemps qu'elle avait fait une croix sur ses rêves. Face aux miroirs des sanitaires, elle posa les doigts contre ses joues puis soupira un grand coup. De la jeune fille modèle, aux airs de poupée, ne subsistait plus qu'un spectre qu'elle peinait à reconnaître. Comme d'autres, elle avait maigri, comme d'autres, ses yeux avaient versé tant de larmes qu'elle peinait différencier sa pupille de l'iris. Quant aux cernes qui soulignaient son regard, en un sens, ils étaient la seule couleur visible sur ses traits blafards.
- T'es immonde ma fille... Soupira-t-elle avant de soulever le sceau de flotte, réchauffée précédemment, pour le vider dans la vasque refermée par la bonde.
Immédiatement, une grimace saisit ses traits lorsque ses doigts plongèrent un morceau d'éponge dans l'eau. Brûlante oui, mais cette sensation en était au moins une. Le gant de fortune essoré, elle le passa en un soupir de complaisance contre sa gorge puis, en un élan brutal du cœur, le laissa retomber bruyamment dans le liquide lorsqu'une inspiration rauque lui parvint depuis l'une des cabines de wc.
- Y a quelqu'un ? Bien que les choses soient cauchemardesques depuis des mois, certains des types trouvaient encore fun de faire chier les filles. Ils s'amusaient avec ce qui leur restait, mais la concernant, Evy voyait les choses d'un autre œil. Des mecs restaient des mecs et en manque, ils étaient bien souvent capables de tout. Pour unique réponse à sa question, d'autres râles étranges se manifestèrent. C'est pas drôle et très pervers espèce de petit con, sors de là ! Cracha-t-elle en croisant les bras sous sa poitrine contre laquelle elle venait d'enrouler une serviette. Son cœur loupa un battement lorsque le battant, vers lequel restaient figés ses yeux, s'ouvrit en claquant brusquement sur la cabine voisine. Elle avait raison, c'était bien l'un des types du camp, d'ailleurs, elle le pensait endormi celui là, après tout il était revenu éprouvé du raid de la veille. Tu m'as fait peur espèce d'abruti... Qu'est-ce que tu fiches ici ? Elle ne voyait pas encore ses yeux, il semblait fixer le bout de ses godasses tout en peinant à se déplacer avec stabilité, en revanche, la jeune fille remarqua la marque rouge au col de son tee shirt. Chris ? Tu t'sens bien... t'es... Le voyant avancer, elle recula tout en maintenant fermement sa serviette. T'es sûr que ça va ?
Ce qu'elle croyait n'être qu'une tâche ressemblait davantage à une morsure et au moment où elle en prit conscience, les bras de l'étudiant se tendaient vers elle à lui en arracher un cri d'horreur dès lors qu'elle constata l'état de son visage. Regard laiteux, écume aux lèvres... Jamais elle n'en avait encore vu, jamais elle n'avait fait face aux créatures du dehors. Ses mains se refermèrent contre sa gorge, elle se sentit étouffer presque automatiquement et ses hurlements ne furent plus que de la salive étranglée. La prise était douloureuse certes, mais l'afflux d'adrénaline l'empêchait de sentir cette souffrance lui permettant encore de garder de force afin de repousser l'assaillant qui claquait des dents à quelques centimètres de sa joue. N'étant ni un homme, ni wonder-woman, mais simplement une humaine n'ayant jamais fait d'autres activités sportives que celles du cour d'EPS, Evelyn sentait l'énergie lui manquer, la force lui filer comme des grains de sable entre les doigts au point de laisser la silhouette, de ce qu'elle ne voyait plus comme un homme ni même un membre du groupe, fondre d'avantage sur elle et transformer les centimètres en millimètres.
Une larme dévala sa joue alors qu'elle pressait ardemment les paupières, serrait les mâchoires à sentir l'émail de ses dents grincer puis, subitement, un nouveau claquement de crocs lui arracha une unique mèche de cheveux. Rouvrant les paupières, elle repoussa fiévreusement le cadavre face à elle et entreprit de fuir pour mieux glisser et rencontrer brutalement le sol. Ses ongles s'y plantaient d'ailleurs, elle manquait d'air, manquait de souffle, sentait son cœur battre si fort qu'il lui était impossible de hurler encore du moins, pas avant que cette créature ne lui ait saisi les cheveux pour à nouveau fondre sur elle. Ses mots n'avaient aucun impact, l'assaillant était sourd à toutes raisons, elle allait mourir, elle en était persuadée. Jusqu'ici elle n'avait pas quitté le campus, pour se protéger... Faible qu'elle était, elle n'avait jamais pensé que l'un d'eux, blessé par l'une des horreurs de l'extérieur, fermerait sa gueule et rentrerait au bercail sans mot dire... Elle allait crever là et se relèverait ensuite, comme les autres, elle se jetterait sur ses semblables, savourerait leurs entrailles et n'aurait plus conscience de l'être de chair et de sang qu'elle était quelques heures auparavant.
Résignée, prête à sentir les crocs du monstre lui lacérer l'épiderme, le bruit sourd du battant ne lui parvint pas, tout ce qu'elle vit fut une paire de boots, puis les larmes s'emparèrent de ses yeux tandis que la pression cessait sans prévenir. La silhouette froide comme la mort s'étendit contre elle puis la voix de Warren la tira d'une torpeur terrible. Presque nue, elle se jeta dans ses bras et déversa toutes les larmes de son corps tandis qu'il dégageait les doigts griffus pris dans ses cheveux. Ses mots n'étaient qu'un charabia incompréhensible et ceux du jeune homme de simples phrases qu'elle peinait à prendre comme un apaisement. Elle n'entendit plus que l'une d'entre elle en rouvrant les yeux pour observer la dépouille à quelques centimètres d'elle... : « C'est fini... il est mort... ». Il l'avait achevé de sang froid, n'avait pas tergiversé, sans lui, elle ne serait plus de ce monde, sans lui, la vie l'aurait quitté comme les dernières forces qui lui restaient.
Avril... Ce qu'ils pensaient n'être qu'un incident était en réalité le pire cauchemar qui soit. Chris avait était mordu, s'était relevé la nuit et avait engendré quelques autres créatures, et de leur groupe ne subsistait plus que cinq personnes dépassées, affolées, ayant jugé bon de fuir. La fac n'était plus une option, les morts y rôdaient désormais et bien qu'ils soient parvenus à les enfermer dans quelques pièces, aucun d'eux n'avaient envie de vivre avec l'idée potentielle qu'ils puissent s'échapper pour mieux les dévorer par la suite... Evy avait emporté le strict minimum et avait suivi le mouvement, plus livide que jamais en passant les grilles de l'endroit qu'elle pensait ne jamais plus quitter. Dehors le danger était omniprésent, plus aucune barrière n'empêchait les morts de les approcher, ni même les vivants de s'en prendre à eux.
De Mai à Juin, le petit groupe erra ça et là, cherchant toujours un endroit capable de faire la différence et de leur permettre de s'installer à nouveau sans trouver le Saint Graal. Ils ne s'éloignèrent que peu de Seattle car, d'après Warren, il était bien plus facile d'y trouver de quoi subsister. Evy n'était cependant pas convaincue, en ville les morts affluaient de toutes parts, ils étaient donc plus vulnérables, néanmoins sa crédulité la poussait à croire en plus fort qu'elle. Warren lui avait sauvé la vie, ne lui devait-elle pas allégeance ? Concernant les vivres, ils s'amenuisaient au grès des jours et les cinq jeunes se contentèrent de piller ce qui restait à piller, sans trouver de quoi se rassasier pleinement. La fac lui manquait, là bas, lorsque certains partaient à la recherche d'eau ou de nourriture, ils avaient de quoi stocker mais, désormais, dans de simples sacs, qu'il fallait supporter sur les épaules à longueur de temps, vous ne pouviez décemment pas emporter l'ensemble des rares trésors découverts.
De Juillet à Septembre l'espoir renaissait quelque peu dans les contours d'une vieille station service, et après un tour rapide du propriétaire, ils décidèrent de s'y installer. La fatigue les avait amoindri, tout comme la faim et la soif. L'été cognait désormais, la chaleur rendait les déplacements plus pénibles et le simple fait d'avoir un toit au dessus de la tête ravissait les jeunes gens. Ce fut durant ce même mois qu'Evy décida de couper ses mèches blondes, après avoir revécu, lors d'un cauchemar, sa première rencontre avec la mort. Cette nuit là, elle s'était levée, avait emporté une paire de ciseaux trouvé dans un tiroir, et rejoint les sanitaires où son reflet trahissait les restes de terreur de ce rêve. Les cheveux plus courts, ainsi plus aucune créature ne pourrait l'agripper comme la première à l'avoir fait... Ils passèrent donc la saison à l'abri de ces murs pour mieux devoir les fuir lorsqu'un danger, différents des cadavres, pointa le bout de son nez.
Des hommes, un groupe, armé et prêt à se servir des flingues en leur possession, ils désiraient de l'essence, désiraient ce qu'ils possédaient et malgré la hargne de Warren, rien n'y fit. C'en suivit des coups de feu, des cris, des pleurs, et une fuite in extremis sans plus rien pour voir venir... Evy ne revit plus jamais Warren, tout comme les autres membres de la Faculté. Elle n'avait d'ailleurs plus d'espoir, ils étaient morts désormais tandis qu'elle, faiblarde et incapable de se défendre avec aisance, était encore vivante. L'injustice pensait-elle, comme quoi Dieu décidait bien souvent des anges qu'il rappelait à lui sans se soucier de leur potentiel sur terre. Une fois encore les larmes ruisselèrent sur ses joues et, cette fois, la terreur l'étreignait plus que jamais...
En Octobre la jeune fille était désormais seule et aussi vulnérable qu'une biche dans la ligne de mire d'un chasseur. Son instinct lui avait dicté de quitter la ville, de rejoindre la campagne et parfois les bois, là bas, les sons alentours lui permettaient de s'informer quant à la présence des morts, d'ailleurs, ils étaient bien moins présents que dans la citée. Elle avait récupéré ce qu'elle pouvait au fil des semaines, ne cessant de pleurer au moindre signe de fatigue. Sa vie lui manquait, ses parents lui manquaient, même les inconnus de l'université, ayant fui à la première occasion, constituaient un manque duquel elle peinait à se débarrasser. Elle évitait les morts, cherchait nourriture et eau en permanence et se contentait de quelques caches pour passer ses nuits. Quant aux températures, ces dernières chutaient considérablement à mesure que la nuit grignotait le jour. Elle avait froid, faim, sentait la peur lui ronger le corps à chaque écho et était persuadée que, bientôt, tout comme les autres, elle succomberait. Cela faisait déjà un an, c'était trop long pour elle, trop éprouvant et quelques idées sombres lui effleurèrent l'esprit. Il serait si simple de se trancher les veines, de se pendre, mais faillait-il encore en avoir le courage et, depuis quelques temps, ce dernier lui manquait cruellement...
L'hiver 2016 se présenta alors et la poussa à quitter la clairière qu'elle trouvait plus ou moins « réconfortante ». Amaigrie, usée, elle s'était tirée des bois pour reprendre la route avec le peu de choses qu'elle possédait. Son unique arme n'était autre que la paire de ciseaux trouvée dans la station service. Forcée de subsister seule, Collins dut s’entraîner à achever quelques unes de ces créatures. Pour se faire la main, elle se contenta des immobiles, les spécimens incapables de l'attraper, bloqués ou prisonniers des coulées de boue dues aux pluies diluviennes. Elle n'avait aucun mal à leur offrir la paix, mais leurs visages, leurs râles, lui arrachaient toujours une certaine hésitation accompagnée de sueurs froides. Elle regrettait de ne pas y avoir fait face plus tôt, de ne pas avoir appris auprès des autres, redoutant désormais de subir à nouveau la scène des sanitaires de la fac sans que personne ne puisse lui venir en aide. Puis la neige ne tarda plus à la pousser vers la ville. A nouveau Seattle et les souvenirs qu'engendrait ce retour aux sources... Le froid, le givre, l'invitèrent à rejoindre les restes d'un appartement où elle tenta de subsister en espérant passer la saison. Elle imaginait pouvoir rester ici, indéfiniment sans doute, mais seule on ne pouvait guère soulever des montagnes.
Au début du printemps, le temps plus doux lui parut plus agréable qu'il ne l'était autrefois. Elle se contentait de peu et avait appris à tenir un rythme concernant ses nuits, ses ravitaillements, et les heures perdues de la journée où elle tentait de tuer le temps. Avril était un mois qu'elle appréciait autrefois, les jours étaient désormais plus longs et se repérer était bien plus simple. Malgré la dureté de la solitude, la jeune fille avait pris ses habitudes, et malgré ses craintes, elle était certaine de pouvoir continuer ainsi cependant, d'autres qu'elle en décidèrent autrement en lui tombant dessus sans prévenir.
Des hommes, elle en avait croisé, ils n'étaient plus ceux d'autrefois, et les types qu'elle tenait face à elle, après avoir redressé les mains près de son visage, laissant choir le sac de bricoles qu'elle venait de remplir, semblaient aussi sombres que ceux l'ayant poussé à abandonner le reste de son groupe. Elle ne dit mot tandis qu'ils parlaient, se décidaient. Elle répondit simplement à leurs questions, leurs armes pointées sur elle et l'espoir aux tripes qu'ils ne feraient feu. Tour à tour, elle les observaient en tentant de déceler leurs intentions, jusqu'au plus jeune d'entre eux dont les billes grises semblaient la geler sur place. Après quelques minutes, et avoir déglutit un nombre incalculable de fois, l'un d'eux lui proposa de les suivre. Ils pouvaient être dangereux, elle pourrait ne plus en revenir, elle pourrait tout aussi bien servir leur manque et se faire trancher la gorge... Des tas de scénarios lui assaillaient le crâne, mais leur patience avait des limites qu'elle vit se dessiner sur le minois pâle du plus jeune de leur clan. Il avait peut-être son âge, peut-être moins ou plus, elle n'en savait rien mais sans savoir comment, ni pourquoi, elle se raccrocha à son regard comme pour lui prier de l'aiguiller. Aucun son ne quitta ses lèvres closes, aucune assurance que les choses se passent bien pour elle ne se refléta chez le jeune homme qu'elle observait à contrario des autres et, malgré tout, sa présence fut sans doute l'unique raison l'ayant poussé à leur emboîter le pas...
Evelyn ignorait ce qui l'attendait, mais la solitude lui pesant, sa crédulité l'emportant sur le reste de ses convictions, elle croyait fiévreusement que les choses s'arrangeraient. Elle suivit donc simplement le mouvement, comme elle le faisait jadis, espérant tout bonnement qu'elle ne se trompait pas. Le nombre faisait la force, seule elle ne subsisterait pas bien longtemps même si, jusqu'ici, elle avait eu la chance de son côté. Là bas, sur l'île vers laquelle ils l'amenèrent, elle retrouverait sans doute un semblant de vie, l'illusion que le monde avait encore de belles choses à offrir malgré les horreurs qui le déchiraient.
Au grès des jours puis des mois elle apprit à savourer le confort retrouvé, à discuter avec d'autres, à ne plus craindre l'imprévu, à ne plus mourir de faim et de froid. C'était un peu comme si là bas, dans ce Fort, rien n'avait véritablement changé. Une parenthèse, un endroit épargné par les maux, un havre presque paisible qu'elle n'aurait jamais connu si, malgré son silence, ces prunelles grises ne l'avaient pas poussé à accepter.
Pourtant chaque trésor requiert son lot d'épreuves pour pouvoir en profiter. Evelyn mit quelque temps à le découvrir. Et ce qui aurait pu l'affoler jadis, au sujet de cette sorte de soumission, imposée à ceux que le groupe rencontrait à l’extérieur, ne lui arracha qu'un frisson temporaire. Certes autrefois ses idéaux concernant les hommes et leur liberté étaient bien différents, loin de la politique de Fort Ward, néanmoins, elle apprit très vite à s'en accommoder dès lors qu'elle songea à ceux ayant achevé les membres de son dernier groupe. Ces gens là, bien qu'ayant été civilisés à une époque, ne méritaient aucune considération, peut-être même que les priver d'existence ne serait guère assez dur pour les punir d'avoir oublié leurs convictions d'antan. Dès lors Collins estima que rien de mieux ne l'attendrait hors de ces murs. Qu'étaient ces "lois" à côté de la sécurité et d'une vie bien moins solitaire ? Une goutte dans l'océan sans doute, simplement de quoi offrir un certain espoir à ceux n'en ayant plus assez. Elle pouvait comprendre, ces gens - ceux d'ici, du Fort - s'étaient battus pour préserver les leurs, leur confort et l'idéal d'une vie qui, au dehors, au delà des murs d'enceinte, n'était plus que des ruines au milieu desquelles les gens avaient perdu la raison. Bien qu'influençable, et prête à demeurer ici indéfiniment, la blondinette prit peu à peu conscience, comme les autres l'ayant fait avant elle, qu'ils étaient sans nul doute les derniers membres d'une civilisation déchue.
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Emma Roberts • <bott>Evelyn Collins</bott>
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Étudiante en art dramatique
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Re: Since hell...
Mar 24 Oct 2017 - 14:39
Il faut que je vienne camper avec toi je crois
Bienvenue avec ce nouveau compte o/
Bienvenue avec ce nouveau compte o/
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Re: Since hell...
Mar 24 Oct 2017 - 15:06
Rebienvenue! Encore une copine pour Casey 8D
Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
- Yulia Iojov
The Exiles | Right Hand
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Re: Since hell...
Mar 24 Oct 2017 - 15:57
Tu m'impressionnes avec tous ces personnages que tu incarnes par ici ! Et je t'envie un peu je dois l'avouer
Très bon choix d'avatar ^^
Et Re-re-re-rebienvenue à toi du coup !
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Et Re-re-re-rebienvenue à toi du coup !
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Re: Since hell...
Mar 24 Oct 2017 - 16:09
Hey toi !!!!!
Re bienvenuuuueeee avec ce nouveau personnage o/
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Re: Since hell...
Mar 24 Oct 2017 - 16:35
Merci vous
Tam, on se partagera le sac sans problème mdr
Sarah, t'es chou, mais j'ai sûrement trop de trucs dans la tête et pas assez d'une vie pour tous les mettre au point lol
London, un peu oui, au moins elle crachera pas sur le Jap elle mdr
Tam, on se partagera le sac sans problème mdr
Sarah, t'es chou, mais j'ai sûrement trop de trucs dans la tête et pas assez d'une vie pour tous les mettre au point lol
London, un peu oui, au moins elle crachera pas sur le Jap elle mdr
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