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2 participants

Lee - How to disappear completely

Lun 30 Oct 2017 - 23:11


LEE GREENWOOD
17 ans Américain Lycéen Travelers

i've got a war in my mind


Explique ici le caractère actuel de ton personnage.

« - Lee ? Que je vous prévienne, il ne faut vraiment pas lui faire confiance. Il ne pense et n'agit que pour son intérêt et celui de sa sœur, et se pense bien au dessus des autres. Il prend ses décisions sans ciller, en général sans aucune hésitation. A croire qu'il n'a jamais à négocier avec lui-même là où notre morale à tous est mise à mal. C'est un utilitariste jusqu'au bout : il ne connaît plus les dilemmes, se contente d'aller au plus efficace. Et s'il ne prend pas de précautions particulières avec ses actes, vous imaginez bien qu'il en est de même pour ses paroles. Sa franchise est poussée à l'extrême. Il n'a aucun filtre, et se montre souvent blessant sans qu'on ne sache s'il s'agit d'un petit plaisir personnel ou d'un cruel manque de tact. Il est hypnotisant ce garçon, parce qu'il a quelque chose de complètement déglingué sans qu'on puisse mettre précisément le doigt dessus. Si vous voulez mon avis, je pense qu'il était déjà très égoïste à l'époque, et que l'épidémie l'a poussé à croire que c'était quelque chose de nécessaire à sa survie. »

« ... Oui, effectivement. Aujourd'hui, presque tout le monde le déteste. Il reste bien quelques naïfs pour espérer creuser sous la carapace pour y trouver quoi que ce soit de noble. Ces personnes là ne comprennent pas qu'il s'expose déjà ouvertement tel qu'il est ; qu'il n'y a rien de plus à chercher. Mais d'une manière ou d'une autre, il parvient à laisser flotter une certaine ambiguïté...

On pourrait aisément croire qu'il a cessé de sentir. Lorsqu'on lui dresse la liste des dernières pertes, il range ses émotions très soigneusement, se contente de hausser les épaules, sourire et se poser dans son foutu hamac pour se prélasser. Ce connard est partisan du moindre effort. En fait, comme tout le reste, il ne bouge son cul que lorsque son propre confort en dépend. Je n'sais pas si c'est parce qu'il déprime ou s'il est juste d'un naturel fainéant... Quoi qu'il en soit, il se contente généralement de laisser faire les autres. »

« Ils sont tous trop durs avec mon frère. Ils oublient que Lee les a sauvés. Et il me protège tout le temps. Il a confiance en lui, il parle franchement et il sait garder son sang froid : même dans les situations de crises, il ne cède pas à la panique.

... Je sens bien qu'il est triste. Il n'en parle jamais - du peu qu'il parle, et il n'aimerait pas que ça se voit. Il a vraiment envie qu'on se débrouille nous-même, qu'on ait besoin de personne, mais c'est... difficile. Il continue d'avancer pour moi, mais lui, il ne sait plus du tout où il va. Je crois que ça le fatigue. »


and blood on my hands


Explique ici les caractéristiques physiques de ton personnage..

Lee mesure un banal 1,78m pour 65kg de chair sèche. Il était sportif, avant, mais n'a jamais développé de masse qui de toute façons aurait fondu avec le manque de nourriture.

Sa courte chevelure châtain, il ne parvient jamais vraiment à maîtriser. Son regard bleu clair, moqueur, donne souvent l'impression d'une absence ou du mépris. Sur l'arrête de son nez et jusqu'au sommet de ses pommettes blanches, de nombreuses tâches de rousseur sont réveillées par le soleil d'été.

Concernant ses vêtement, la situation le désole, mais il faut bien faire avec ce qu'il y a. Lee n'a pas hésité avant d'aller se servir dans les placards des maisons abandonnées. Il reste au plus pratique, T-shirt, jeans et une bonne paire de baskets au plus souvent. Pour l'hiver, sa doudoune noire un peu déchirée fera bien l'affaire.

Au début de l'épidémie, il n'avait que sa batte de Baseball pour se défendre. Aujourd'hui, le jeune homme a appris à se servir des armes à feu avec le groupe qu'il a fréquenté. Il a conservé un 9mm tout ce qu'il y a de plus classique, et porte toujours sur lui un couteau papillon qu'il prend plaisir à aiguiser.

PNJ

Lee est constamment accompagné de sa petite soeur, Lucy. A 10 ans, la gosse est extrêmement mature. Elle fait systématiquement preuve d'initiative, ne connait pas la timidité et pousse souvent son frère à se bouger. C'est d'ailleurs la seule personne à n'avoir aucun mal à obtenir un peu de bonne volonté de la part de Lee. Bien sûr, la gamine prend son frère comme modèle moral, ce qui ne plaira pas à tout le monde. Gare à ceux qui comptent influencer la petite, le jeune homme reste aux aguets.

a storm is coming


Explique ici l'histoire de ton personnage avant l'épidémie.

12 juillet 2010, Los Angeles

- Tu vois, Lee ? C'est pour ça qu'il ne faut jamais leur faire confiance. Eleonor tire sur la cigarette qu'elle a planté entre ses lèvres. Elle avait pourtant arrêté ce poison pour sa deuxième grossesse, il y a quatre ans. Ses cheveux raides et ternes lui retombent mollement sur les épaules. Elle a troqué ses belles robes habituelles par une tenue de sport, et son régime diététique par une double portion de crème glacée aux brownies. Sur la table de verre, également, un journal people la placarde en couverture sous son jour le moins flatteur. Titrant : Eleonor et James Greenwood ? Les accusations de violences conjugales douteuses, bientôt le divorce ?

J'ai alors dix ans. Ma petite soeur, Lucy, en a trois et parcourt l'immense salon dans sa trotteuse en faisant un boucan infernal. La décoration est épurée, pue l'argent. Rien n'est personnel : chaque objet, même ceux teintés d'exotisme, sont des pièces choisies par les décorateurs de la star. Elle poursuit son monologue, alors que je garde les lèvres scotchées sur mon bol de céréales. "Tu veux un peu de justice, et ils retournent tout contre toi. Ils font des victimes les coupables." Je n'dis rien. A vrai dire, tout ça me dépasse. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a deux semaines, ma mère et mon père se sont violemment disputés. Il y a eu des cris, de la porcelaine de Chine cassée. C’était plus violent que d’habitude : sans sortir tout à fait de leur manège ordinaire. "Et ton père..." Je l'ai déjà compris : il ne reviendrait pas.

Eleonor ne trouve pas la force de finir sa phrase, et s'écroule dans son malheur. Elle sanglote entre ses bras. Je détache la serviette de lin coincée dans mon col, passe à ses côtés en appuyant la joue sur son épaule. Après quelques secondes, la jeune femme se redresse pour poser sur moi ses grands yeux bleus, rougis par les larmes. Elle m'observe. Je cille, fixe. "C'est terrible de voir à quel point tu lui ressembles, Lee." Je penche la tête, coupable, et me détache d'elle pour rejoindre la nourrice qui m'emmènerait à mon cours de sport.

Ma mère est chanteuse de pop à succès. Elle a une voix magnifique, un physique vendeur, une équipe de production pressante. Ses titres grimpent d'eux-même au sommet du hit-parade à chaque nouvel album. Et elle s'en va ainsi régulièrement en tournée, chaque année. Mon père, lui, est acteur. Moins connu, il ne décroche que des rôles dans des séries à l'audience moyenne. Souvent, j'ai lu - ou entendu - qu'il espérait faire de sa relation avec Eleonor un tremplin pour sa carrière. Ironiquement... Depuis ces histoires de procès, sa popularité n'a fait que grimper. Là où les proclamés journalistes s'acharnent à briser l'image d'Eleonor, ils embellissent celle de mon père et en font le martyr d'une diva en quête d'attention.

Cet été, puisqu'elle s'accorde un répit, je vis sous son toit à Los Angeles. Mais quand elle se remettra à travailler, dès la rentrée, je retournerai chez mes grands-parents, à Seattle et dans mon quotidien. Ma vie est ainsi proprement scindée, loin de mes deux parents.

Les parents d'Eleonor ont toujours vécu simplement. Bien sûr, le succès de leur fille leur a directement apporté plus de confort. Mais ils ont conservé et entretenu, au fil des années, l'appartement de leur jeunesse. Il possède une odeur particulière, que j'aurais bien du mal à définir. Un mélange d'épices et de cigarette imbibé jusqu'au plus profond des fibres d'un papier-peint démodé. Ma grand-mère maternelle, Kaija, est finlandaise. Elle a gardé l'accent, ce qui n'en finit pas d'amuser son mari. Lui s'appelle Ben, est retraité d'une longue et modeste carrière de restaurateur.

Je suis inscrit en école privée. Mes résultats sont excellents, et l'on fait tout pour qu'ils le restent, quitte à me saturer de cours privés. A douze ans, je saute d'ailleurs une classe, la 6th Grade, à la grande fierté de ma grand-mère. Mon temps libre, je le passe dans l'un des clubs de baseball de Seattle, où, encore, on me reconnaît un certain talent. C'est d’abord une simple occupation, et au fil des années et des matchs, ça commence à prendre des airs de passion.

J'ai peu d'amis, car je parle peu et ne cherche pas le contact. J'ai toujours appris qu'il valait mieux être indépendant, plutôt seul que mal accompagné. Il n'y a que Tom, ce petit nerd à la tignasse blonde, que je tolère dans ma bulle. Il vient du même genre de milieu - la célébrité des parents en moins, fréquente la même école, dans ma classe, et me communique rapidement son amour des jeux vidéo. On devient inséparables, pour un temps.



2013, Seattle

L'adolescence, cette pute ingrate ; avec les premiers boutons d’acné vient la pression sociale, les premiers choix, les premières filles qui me dévisagent et ricanent. J'ai continué le Baseball, rejoint l'équipe du Junior High School, commencé à changer de fréquentations. Tom a la vie dure avec mes "nouveaux amis" qui passent le plus clair de leur temps à le montrer du doigt ou le tacler pour ses airs de geek frêle et renfermé. Je l'apprécie toujours, et ça me désole, mais... c'est tellement plus simple de me ranger du côté de mes coéquipiers. De ne rien dire, et après tout, il pourrait bien se défendre seul.

Il m'en veut, c'est évident - et probablement justifié ; le soir, pourtant, il m'arrive de lui glisser quelques mots écrits sur Skype, de lui lancer des invitations à des jeux. Il finit tout naturellement par me bloquer virtuellement, vexé que l'attention que je lui porte ne dépasse pas les frontières d'un écran.



2014, Seattle

Passage au lycée, qui suit la même foulée élitiste que le reste de mon parcours. Notre équipe se qualifie pour les régionales. Lors du premier et seul match - perdu - de la compétition, mon père refait une brève apparition. Pour me montrer du soutien ou bien paraître, je n'en sais rien. Il prétexte un emploi du temps débordé, entre son boulot et le procès de ma mère, et disparaît à nouveau. Ça me laisse juste une vague déception habituée. Il n'est plus rien qu'un visage familier.

Je me suis rapproché de Mark. Le batteur de l'équipe, costaud, roux et assez rustre. Il manque clairement de finesse, mais j'aime son franc-parler. Il m'entraîne, c'est vrai, à voir le monde sous un nouvel angle : en deux castes bien distinctes. Ceux qui réussissent, et les ratés. Son petit plaisir est d'effrayer et martyriser les plus jeunes. C'n'est rien qu'un jeu, et ça leur apprendrait la vie. Le garçon se fait expulser trois jours pour insolence auprès d'un professeur, et la punition ne fait que le conforter dans son comportement une fois de retour. Je crois qu'il aime juste provoquer ses pauvres parents. Je passe pas mal de temps à traîner chez lui, à lui mettre sa branlée à Tekken et prendre la mienne à Fifa. Comme quoi : il suffisait de peu pour remplacer Tom.

Je vis toujours chez mes grands-parents, et ai trouvé une autre partenaire de jeu à la seconde où Lucy a su lire et se servir d'une manette de Playstation. On passe régulièrement nos soirées à s'affronter - ou plutôt, à ce que je lui botte le cul dans une série de victoires faciles et d'autant plus appréciables. La petite n'en démord pas, pourtant. Elle n'est pas non plus mauvaise perdante, et en réclame toujours davantage.



Été 2015, Seattle

- Lee ? C'est ma grand mère, qui se penche dans l'encadrement de la porte. Je délaisse mes cours pour lui adresser mon attention. "C'est ton père au téléphone, tu veux lui parler ?" Je la fixe longuement. Mamie a la soixantaine, les cheveux très blancs et toujours bien coiffés, les yeux clairs et plein de vie, d'honnêteté. Elle est bien plus aimante que sa fille. Moins stricte également. J'hésite - je n'ai aucune envie de lui parler - mais finis par acquiescer.

- Allô, papa ?
- Lee, mon chéri, comment vas-tu ?
- Ça va.
- Qu'est-ce que tu as de beau à me raconter ?
- Rien de spécial, je suppose. Pourquoi tu...
- Tu sais, ta mère a gagné son affaire. Ça veut dire qu'on ne se verra pas pendant... un long moment.
- Ça va bouleverser ma vie, papa. je réponds sèchement, le sarcasme devenu facile.
- Je vais en prison, Lee.
- ... Oh. C'est perturbant, c'est sûr. Mais au fond, vraiment, qu'est-ce que ça change ?
- N'écoute rien de ce qu'elle te dit, d'accord ? Eleonor n'a plus toute sa tête, haha, elle raconte n'importe quoi et... elle se paie de bons avocats, alors tu sais... Je ne pouvais pas me défendre.
- Okay, je...
- Je suis très sérieux, Lee. Cette connasse vient de ruiner ma vie,
- Papa, j'ne, J'n'ai vraiment pas envie d'entendre ça.
- T'as pas intérêt à te mettre de son côté, merde ! Elle t'a acheté avec quoi la grognasse ?! Est-ce que tu réalises seulement ce que- J'éloigne brusquement le combiné, et le remets entre les mains de ma grand-mère. Les miennes tremblent un peu. Elle fait peser sur moi un regard lourd d'inquiétude. Je m'esquive le plus rapidement possible, et sors.



J'erre en pleine ville, sans savoir où me rendre. Je n'veux pas rentrer ; ils me feraient parler de mes parents. Au détour d'une rue, je me fais surprendre par le flash d'un appareil photo. Sur la une des magazines, demain, on titrerait probablement quelque chose comme "James Greenwood en prison : ses enfants laissés à la rue ?!"

- Arrêtez... Mais il s'acharne et flash encore. Ça me brûle les yeux, et ça taquine mes nerfs déjà à vif. Je lui arrache son appareil photo et l'explose contre le bitume. "FOUTEZ NOUS LA PAIX !!" Aussitôt, et comme s'il était mué par une foutue maladie compulsive, le paparazzi s'empresse d'écrire quelques lignes sur son bloc note - avant même de ramasser les miettes de son appareil. J'abandonne, dégaine mon téléphone pour appeler le batteur.

- Hey, tu m'as parlé d'une soirée aujourd'hui, non ? C'est où ?



C'est chez lui. Ses parents ne sont pas là, ont emmené sa soeur en sortie. J'y suis allé à pieds, sans même passer me changer. Comme j'arrive bien trop en avance, Mark prend tout le temps de jouer à l'apprenti styliste pour me fringuer. On fait à peu près la même taille, et même s'il est plus épais que moi, j'emprunte quelques uns de ses vêtements.

- Liz sera là, j'sais qu'elle a un crush sur toi. il me l'annonce tout naturellement, affalé sur son lit, et je tourne tout juste le menton vers lui, en passant une grande chemise.
- Je sais aussi. Elle fait pas dans le genre discret.
- Qu'est-c'que t'attends ? T'as vu son cul, serieux ? Elle est grave bonne.
- Elle est grave conne, aussi.
- On s'en fout de ça, tu vas pas te marier avec. J'dis juste qu'après un verre ou deux... Et très élégamment, dans un jeu de poing et de langue, il mime une pipe d’un réalisme déconcertant.
- T'es tellement crade. dis-je en forçant un peu la plaisanterie.
- C'est toi qui es coincé. Ou alors, tu es... ? Il remue le petit doigt, en me regardant fixement. J'ai un grand sourire sarcastique, finis d'attacher les boutons du vêtement.
- T'aimerais.



La fête bat son plein ; l'appartement de Mark est spacieux, mais se retrouve rapidement noyé d'une foule d'adolescents en état d’ébriété. Je n'en connais même pas le quart. La plupart vient d'autres lycées du quartier. Je distingue tout de même, de loin, le visage dépité d'un revenant : Tom, accompagné de quelques uns de ses ses amis. Et de l'autre côté de la pièce, Liz qui glousse avec ses copines. Sans doute que Mark aura ratissé large pour la liste des invités, pourvu qu'un maximum de personne se pointe. Moi, je suis occupé, au milieu de tout ça, à tirer et tousser sur mon premier joint.

- Allez, tiens, tiens, fais pas ton fragile Lee ! Les encouragements de Mark me martèlent le crâne, et je m'y plie par fierté. La fumée m'écorche la gorge, me réchauffe les poumons et m'arrache sur le chemin de la sortie. Quand je sature et ris d'ivresse, je vais m'étendre sur l'un des gros sièges en cuir.

Tout autour, ça grouille, ça bouge, ça boit, ça danse et ça parle de choses insignifiantes. Sans que je ne la vois venir, Liz vient s'asseoir sur mes genoux, me glisser quelques mots que je ne comprends pas, menace de me voler mon premier baiser, et bêtement, ça me fait sourire. "Prenez vous une chambre, là !" C'est le batteur qui, bien content de pouvoir continuer à insister dans ce sens, me balance une poignée de cacahuètes à la figure pour m'inciter à me bouger. J'n'en ai pas spécialement envie, à vrai dire, et je préférerais rester là, à me marrer pour un rien, mais.. la jeune fille se relève, me tire par le bras, et je ne trouve qu'à suivre mécaniquement. La chambre n'est plus bien loin, lorsqu'on se fait interrompre.

- Lee ? J'ai tout juste le temps de reconnaître sa voix et me retourner. Tom s'avance, me prend de court et m'embrasse. Mon grand sourire stone retombe dans l’instant. De son corps tout frêle, il me plaque contre le mur du couloir, sous les yeux de Liz et d'une dizaine d'autres personnes - et il m'embrasse. Pendant une seconde, je suis incapable de bouger.

- What the fuck ?! Liz se scandalise, sa copine en profite pour sortir son téléphone et faire une belle photo de la scène. Le déclic vulgairement familier me sort de ma tétanie : j'repousse le garçon de toutes mes forces ; il heurte un meuble et s'écroule au sol. Les filles se mettent à rire bruyamment. Je le fusille du regard. J'ai envie de le cogner, de m'enfuir et faire comme s'il ne s'était rien passé. J'articule, sèchement, la voix brisée par un léger tremblement,

- Ne- ne m'approche plus. Jamais. Freak.

J'essuie mes lèvres du dos de la main, et m'esquive sous les airs hilares de mes amis.



Dès le lendemain, la photo a fait le tour du lycée. Tom ne se montre plus, ne m'appelle pas plus, ne donne plus le moindre signe de vie. Encore une fois, ce traitement est probablement mérité : car pour ne pas subir la cruauté de mes camarades, je lui ai mis sur le dos le rôle de l'agresseur, de fan obsédé et impulsif, de pédale désespérée que j'ai tenté de raisonner sans succès. C’est dingue, la vitesse à laquelle ce genre de rumeur se propage. Avec l'appui de Mark et bientôt de tous les autres, ma réputation est sauvée en tuant la sienne. Sur la toile, impossible de rater la déferlante de menaces et d'insultes qui pleut sur ses comptes. "Psycho", "malade", "PD", "violeur". Il n'y a jamais répondu.

Toute cette histoire m'a permis d'échapper à Liz. Pour l'été, je m'enfuis en Italie avec ma sœur et ma mère. A la rentrée, les choses reprennent leur cours normal. Pour un mois environ.


on the highway to hell


Explique ici l'histoire de ton personnage depuis l'épidémie.

13 octobre 2015, au lycée

Je suis en cours de maths, le premier du matin, lorsque mon téléphone se met à vibrer. Discrètement, sous mon bureau, j'y jette un oeil. C'est Tom, qui après tous ces mois de silence, ne m'envoie rien d'autre que le lien d’un article sur un site obscur. Les morts se relèvent... Les secrets du gouvernement... Tout ce qu'on ne vous dit pas... Je murmure, c'est plus fort que moi : "Trouve toi une vie, putain." Ça ressemble à une menace de geek un peu farfelue... Attention à ton retour de karma, connard... ce genre de choses là.

Dans l'après-midi, un message est lancé dans tout l'établissement, invitant les élèves à rentrer pour se confiner jusqu'à nouvel ordre.

17 octobre 2015, chez les grands-parents, quartier de Westlake Park

Ça fait bientôt quatre jours que l’on est enfermés, qu’on se plie aux recommandations de l’État sans trop se poser de questions. Le match de cet après-midi est tout naturellement annulé. Tant pis, il serait reporté. Je passe le temps avec Lucy, à lui faire faire ses premiers pas sur GTA, tandis que nos grands-parents guettent les rues avec inquiétude depuis leur 4ème étage.

- Non mais tu peux juste la tuer, appuies sur R2. A droite, derrière. Non, là ! [WASTED] T’es nulle, bordel.
- Mais laisse moi faiiiire !

On se bataille la manette, jusqu’à être interrompus par un gros fracas. Ça vient du couloir, au delà de la porte d’entrée ; le vacarme est ponctué de cris aiguës et puissants.

- Je vais voir, restez ici.” appuie le grand-père en approchant de la porte. Devant ma soeur et moi, le jeu continue de tourner seul, sans que l’on y prête plus la moindre attention. La télévision crache ses sirènes de police dans un drôle d’écho avec celles qui noient les rues de Seattle.
- Ben, fais attention,” tempère sa femme.

Il ouvre et constate, étalée sur la porte de nos voisins d’en face, une épaisse traînée de sang. La poignée semble vibrer, répondant aux chocs qu’elle encaisse de l’autre côté. Les cris sont bientôt réduits à un sifflement qui lui-même se roule dans un silence - puis en un espèce de grognement animal.

Soudain, la porte cède, gerbe notre voisin qui se jette à la gorge du vieil homme. Celui-ci est mordu, ma grand-mère hurle, je me précipite pour repousser le fou furieux qui emporte entre ses dents un pan de chair entier. Ben saigne, tombe à genoux et se fait rapatrier à l’intérieur. J’maintiens l’agresseur contre le mur, mais dois esquiver ses putains de tentatives de morsures. “WHAT THE HELL ?!” Son visage est familier, et pourtant étrangement méconnaissable. Il force, je lutte, et dans l’encadrement de sa porte, je distingue une mare de sang bientôt piétinée par une femme à la même allure de mort. Sous la panique, je bascule celui que je tiens droit dans les escaliers. Il dévale les marches comme un pantin désarticulé. Je rentre dans notre appartement, claque la porte et la verrouille par tous les mécanismes possibles.

- Lucy, les battes ! La petite est terrorisée, plantée devant son grand-père agonisant. Au sol, la tête posée sur les genoux de sa femme, il se vide de son sang. “Lucy, come on !!” Qu’elle ne reste pas là à le regarder mourir ; elle se décide enfin à bouger, comme un déclic qui la ramène à la réalité. Elle file dans ma chambre, et j’approche des deux adultes. “Mamie… ça va aller…?” Elle presse contre la plaie un épais chiffon déjà gorgé de rouge.  
- Appelle les urgences, Lee.
- O-oui… " tremblant et rendu maladroit par l'adrénaline, je dégaine mon téléphone, manque de le faire tomber et compose le 911 - la sensation de tenir le mec que je viens de balancer d’un étage me reste cruellement précise. “Ça n’marche pas.” Je réessaie, bien sûr, encore - et encore une fois. Lucy revient, chargée des deux battes de Baseball. Derrière la porte, ça cogne, sans un mot. Juste des mains et des ongles qui heurtent et crissent sur le bois.

Les minutes défilent à une vitesse affolante. La vie s’en va du corps de Ben, bien trop rapidement. Il s’éteint dans les bras de sa femme, sans qu’aucun secours n’ait pris mon appel.

J'n'ai jamais rien vu d'aussi violent. C'est donc ça, les agressions dont tout le monde parle. Guettant toujours la porte qui cesse doucement de vibrer, j'attends sans savoir quoi faire. Tétanisé, traumatisé mais armé. Kaija retourne dans sa chambre, sans prononcer un mot, pour sortir un drap et le déposer sur le corps du défunt. Qu'on s'épargne au moins la peine de le voir.

Mais une dizaine de minutes plus tard, on se fait tous surprendre par le sursaut qui agite le tissu. Puis, une espèce de respiration rauque.

- Ben ?! s'écrit ma grand mère qui revient immédiatement vers lui et le découvre. J'approche. J'aperçois ses yeux blanchis, les veines noires visibles sous sa peau. Il se redresse dans une raideur monstrueuse, bouscule Kaija et l'attaque.
- Papy, arrête !! Je viens le repousser, mais ses dents s'enfoncent dans son bras, et tandis qu'on lutte au dessus d'une Kaija terrorisée, prise au piège entre les mâchoires de son mari, Lucy se met à crier d'horreur. "ARRÊTE, QU'EST CE QUE TU FAIS ?!" C'est chaotique, brouillon. Je réalise juste qu'il la lâche pour se retourner contre moi, que le sang jaillit de la blessure de Kaija, que je me retrouve face au regard vitreux d'un véritable démon à l'haleine de mort. Sous les traits de l'homme qui m'a élevé, qui a pris le rôle que mon père rechignait à assumer, il y a un monstre qui veut sincèrement et entièrement me tuer.

Brusquement, il retombe devant moi, le crâne frappé d'un coup de batte. C'est Lucy qui se tient là, juste à mes côtés, les yeux pleins de larmes et ses mains minuscules crispées sur le manche en bois. Elle lâche l'arme, je recule, la prends et m’éloigne encore.

- Mamie... Elle semble subir une violente absence. Ben se tord par terre, comme un scarabée retourné sur le dos. Je prends la main de ma soeur pour nous écarter encore, lui fourre la deuxième arme dans les bras. Mon grand-père est le premier à se relever, avancer vers nous. Derrière lui, Kaija semble prise d'une fièvre bien trop rapide. Elle perd son sang à une allure inquiétante.
- Partez, les enfants... Partez maintenant. Elle murmure, avant d'être incapable de parler. J'ai les dents qui claquent, la panique brûlante. Quand Ben se précipite avec plus de détermination vers nous, je le repousse du bout de la batte et entraîne Lucy vers la cuisine. Je ferme la porte, traverse la pièce pour ouvrir la fenêtre donnant sur les escaliers de secours.
- Vas y, descends.
- Non, Lee... Elle sanglote, tremble, ne bouge plus d'un iota.
- Lucy, fais moi confiance, desc- Ça cogne contre la porte. "Putain." Je soulève la fillette pour lui faire passer le cadre de la fenêtre, la déposer sur le palier de l'escalier extérieur. Ça cogne encore. Et puis la porte cède, faute de verrou. Ben se rue vers moi. J'ai tout juste le temps de passer à mon tour, claquer la vitre entre nous. Il s'y heurte, nous regarde, tente de passer, comme un insecte qui ne comprendrait pas que le passage est fermé. Kaija arrive après lui, le visage raidi de la même manière. Elle se joint à son manège, à gratter compulsivement la paroi de verre. Le spectacle est aussi morbide qu'inoubliable.

18 octobre 2015, Centre commercial Westlake Center

En suivant d'autres civils en détresse, on a rejoint le centre commercial à deux pas de chez mes grands-parents et on y a passé la nuit. Il s'y est formé un large groupe, certains rapatriés par des militaires et d'autres venus frapper à la porte pour trouver refuge. Dans les rues, la présence de l'armée se renforce, et on aperçoit de temps à autres, à travers les vitres, certains de ces malades se faire descendre par les tirs de mitraillette.

C'est la confusion totale, personne ne comprend le phénomène et bon nombre de ces personnes se tournent désespérément vers l'autorité d'un adjoint au maire lui-même pris au piège entre ces murs. Il invoque, comme les quelques policiers présents, une situation extraordinaire qui se résoudrait, de manière imminente, grâce à l'intervention des forces de l'ordre. Ça suffit à calmer les ardeurs - quelques jours seulement.

25 octobre 2015, Centre commercial Westlake Center

Un groupe de cinq personnes insiste pour sortir, dans l'idée de rejoindre la côte, prendre un bateau et s'éloigner de la ville. Puisque la situation ne semble pas s'arranger à l'extérieur, ils trouvent le soutien de toute une partie des survivants présents. Ça soulève plus de questions encore sur la conduite à tenir. Les militaires restent dissuasifs. Lucy et moi sommes plutôt décidés à rester, pour le moment, mais la tension grimpe au fil des heures.

Dans la soirée, l'un des membres de ce petit groupe échappe à l'attention des autres pour se faufiler dehors par l'une des sorties de secours. Il y revient à peine quelques minutes plus tard, hurlant de peur, et acculé par plusieurs de ce qu'ils appellent à présent, "rôdeurs". Le boucan qu'il fait suffit à ce qu'on vienne lui rouvrir. Mais le type est mordu, et l'armée lui impose une mise en quarantaine dans l'une des boutiques de prêt-à-porter dont on ferme le rideau de fer. Les règles du jeu nous sont enfin expliquées :

Quelqu'un de mordu est infecté, et mettra un temps incertain avant d'en mourir et de se relever. Les rôdeurs sont des cadavres ambulants qui ne répondent qu'à une espèce d'instinct primaire les conduisant à attaquer les personnes saines. La seule façon de les neutraliser, c'est d'atteindre le cerveau...

Ce scénario horrifique sème un vent de panique dans le groupe. Les croyants relient déjà ces événements au fruit du démon.

30 octobre 2015, Centre commercial Westlake Center

- Lee... ! Lee, qu'est-ce que tu fais ? Lucy murmure en me rejoignant dans les rayons d'une boutique de sport. Il fait nuit, certaines zones du centre commercial ne sont plus éclairées. Je sens bien qu'on n'a plus beaucoup de temps avant que les choses ne dégénèrent, ici. Alors, discrètement, je vole un sac à dos sur l'un des rayons et cherche tout ce qui pourrait nous être utile lorsqu'il faudra décamper.
- J'assure nos arrières. Tu vois comme ils sont en train de tourner fous ? Ça ne s'arrangera pas dehors, et on est à deux doigt de se faire prendre de court. Tiens, Je lui lance un deuxième sac. "Trouve toi une gourde, un couteau ou quelque chose qui te serve d'arme, et des vêtements à préservation de chaleur. Si tu vois autre chose d'utile, prends le.
- Mais c'est... du vol, Lee.
- Ils finiront tous par venir se servir, crois moi. Il faut en profiter tant qu'il reste quelque chose. Elle acquiesce finalement, et on regroupe notre petit pactole, avant de s'isoler à l'étage. Je garde mon sang froid. Du moins en apparence, pour la rassurer. Mais je suis perdu, autant qu'elle et autant que les autres.
- Le monsieur qu'ils ont enfermé, tu crois qu'il est devenu comme papy et mamie ? demande-t-elle en croquant dans une barre de céréales.
- Sûrement, oui. Ne t'en approche pas, d'accord ? En fait, ne t'approche de personne. Et ne fais confiance à personne. Juste à moi, compris ?

31 octobre 2015, Centre commercial Westlake Center

Un bruit court : le stade de CenturyLink Field serait sécurisé, d'après quelques infos fuitées des militaires. Il est proche, accessible en une bonne demi-heure de marche. De nombreuses personnes hésitent encore à s'y rendre et quitter notre abri qui, en plus d'être riche en ressources, tient le coup pour le moment.

Mais dans la journée, et à cause de la curiosité stupide de deux adolescents, le refuge tourne en théâtre horrifique. L'un d'eux est mordu pour avoir taquiné le malade gardé prisonnier. Il le dissimule, et son ami le couvre. Personne ne l'a vu. Mais tout le monde est témoin de la boucherie qui en découle : le type a dû se transformer dans son coin. Il infecte d'abord son pote, puis un autre civil. La panique s'empare du centre-commercial quand il devient difficile pour les militaires de tirer sans toucher les personnes saines. L'un d'eux est mordu également et, depuis l'étage, on observe, atterrés et apeurés, le mal se répandre.

Il ne reste qu'une solution, rapidement appliquée pour contenir la catastrophe : tirer dans le tas. Mordus ou pas, une bonne moitié des survivants est abattue. Toute la scène se déroule sur quelques minutes. Les autres, y compris Lucy et moi, sont inspectés minutieusement à la recherche d'une potentielle morsure.

Enfin, et parce que le raffut attire les morts de tout le quartier, l'armée parvient à faire venir un camion qui nous emmènerait jusqu'au stade. Dans un heureux hasard, on y retrouve Mark et sa soeur de deux ans sa cadette, Rachel.

1er novembre 2015, CenturyLink Field

Je viens de leur refaire le fil des événements qu'on a traversé.
- Wow, c'est chaud... s'étonne Mark. On reste tous les quatre ensemble, un peu à l'écart du reste du groupe. Eux, sont arrivés ici grâce à leur père, militaire de carrière. Ils ont à peine eu le temps d'apercevoir les rôdeurs, mais en connaissent l'étrange fonctionnement.
- Qu'est ce que tu comptes faire, maintenant ?
- J'sais pas. Tu m'poses une colle. C'est dangereux de rester là où il y a du monde, non ? On devrait-
- Je suis d'accord, c'est dangereux. Mais ils sont armés, eux. Du menton,
je lui désigne les militaires qui patrouillent. On n'ira pas loin avec des couteaux et des battes de Baseball.
- Qu'est-c'que tu proposes ?
- Rester, mais se tenir prêt à ce que le camp tombe, comme le centre commercial. A la première occasion, on se trouvera des armes à feu. Il faut qu'on économise nos forces jusque là et-
- Pourquoi ce s'rait à toi d'décider, Lee ?
- ... Parce que les filles sont trop jeunes, et que j'ai plus de jugeote que toi. Plus de sang froid, aussi.
- Tss... Il me lance un regard mauvais, mais ne répond pas.

Novembre & Décembre 2015, CenturyLink Field

La situation est stable. De nombreux réfugiés se joignent à nous, et l'organisation de l'armée est au point, les fouilles corporelles systématiques pour dénicher d'éventuelles blessures causées par les rôdeurs. Au delà de toute l'horreur qui nous entoure et du froid qui nous contraint le corps, on retrouve un semblant de tranquillité.

Et puis ç a toujours fait partie de nos rêves, de fouler cette pelouse.

Peu à peu, l'armée entraîne les civils à tirer. "Au cas où" ils se feraient déborder. J'y mets toute mon assiduité, Mark également. Les enfants n'y sont pas autorisés, mais je transmets tout ce que je peux oralement à Lucy, en attendant de pouvoir lui mettre un flingue entre les mains.

10 Janvier 2016, CenturyLink Field

Une marée de mort se déverse sur le stade. Je ne sais pas ce qui en est la cause : la catastrophe nous prend tous au dépourvu. On s’en sort tous les quatre, mais le père de Mark et Rachel succombe. Lorsque le reste des survivants décide de migrer vers une station de Ski, la tension née du désastre nous pousse à nous séparer du groupe à mi-chemin.

Février 2016, Bridle Trails (Est de Seattle)

On est restés sur la route presque un mois entier, à passer d'un refuge à un autre. Ils sont tous tombés. Soit directement à cause des morts, soit par les pilleurs qui venaient nous déloger.

Enfin, et alors que l'hiver menace de mettre un terme à nos jeunes existences, on se trouve une maison dans un état correct du côté de Bridle Trails. L'idée est de sortir un peu de la ville : suffisamment pour ne pas se sentir coincés, pas trop pour rester à distance correcte de potentielles ressources. La baraque est cachée au milieu d'une forêt d'immenses pins, entourée de palissades en bois. Dans le jardin, il y a un potager qu'on essaierait de faire repartir ce printemps et à la cave, une bonne réserve de vivres. Le quartier est calme. Mark et moi nous débarrassons de la plupart des rôdeurs par arme blanche pour ne pas en attirer davantage. Certes, la maison doit bien avoir un propriétaire, mais tant qu'il ne se manifeste pas...

5 juin 2016, Bridle Trails

L'hiver est passé, le printemps a suivi sans encombres, fut juste d'un ennui affligeant. On s'habitue tant bien que mal à ce nouveau train de vie : on passe nos journées à renforcer nos barrières, à cultiver le potager en suivant les conseils des nombreux livres de jardinages de la maison. On pourrait bien se voir vivre ici longtemps.

En plein après-midi, seul prudemment armé, je pars dans le quartier, en quête d'une maison qu'on aurait pas encore pillée. Mark surveillerait la nôtre.

Un craquement attire mon attention. Je me fige, l'oreille tendue, en distingue un second. Je braque, recule tout près d'un arbre. J'entends des chuchotements. S'ils croient être discrets... Je lève la sécurité de mon arme, cherche d'où vient le mouvement. Les buissons ?

- N-ne tirez pas... ! S'élève la voix tremblante d'un homme.
- Montre toi, et on verra. Il se redresse derrière les feuillages. J'ajuste ma visée, prêt à lui exploser le crâne. Il n'a pas l'air malade. Ni blessé. C'est un trentenaire, la peau matte couverte de crasse. Il lève les mains bien sagement, et approche de quelques pas. "Qui est avec toi ?"
- C'est.. C'est ma femme, mais ne tirez pas, s'il vous plaît...
- Qu'elle se lève, elle aussi.
- Elle est... elle est blessée.
- Peu importe.
- D'accord, euh... Attendez... Il se penche, murmure encore, sans que je ne puisse entendre. Finalement, une femme se redresse. Malgré le sang séché qui lui couvre les vêtements, elle n'a pas l'air fiévreuse ou mourante.
- Baissez votre arme, d'accord ? On.. On cherche un refuge, mais, on... on a une voiture remplie de vivres tout près et-
- Daniel, tais-toi ! Sa femme le coupe. Elle est brune, du même âge que lui. Son ventre est gonflé. Elle est enceinte. Je n'en démords pas, pourtant. Il pique mon intérêt, mais il en faudra davantage pour que je baisse mon arme.
- Faites moi voir la voiture. On aura peut-être un arrangement.
- Mais est-ce que vous pouvez juste...
- Non. Avancez. Elle boîte. Quand elle sort enfin de la végétation, je vois, effectivement, l'angle étrange que prend sa cheville. Elle s'appuie sur l'épaule de son homme, lui murmure quelques inquiétudes. Mais ils coopèrent. Sur le chemin, elle lance même les présentations,
- Moi c'est Carol... Lui, Daniel. Et... Elle pose la main sur son ventre. "Sofia si c'est une fille, ou Harold si c'est un garçon."
- Je t'ai dit non pour Harold, tu te souviens ?
- Tu peux bien m'accorder ça, Dan.
Je me tiens derrière eux, les garde dans la ligne de mire et soupire,
- Je m'appelle Lee.
- Tu as quel âge Lee ?
- Ça n'a pas d'importance.
- Douze, treize ans ? C'est triste pour vous, les enfants...
- J'ai quinze ans. Je réponds, l'ego un peu blessé qu'elle me rabaisse de quelques années.
- Oh... Désolé, si j'ai touché une corde sensible. Elle s'en amuse.
- Carol, laisse le un peu tranquille. Et elle lui avise une mine boudeuse. On arrive enfin près du véhicule, dont le coffre est ouvert.

Et quasiment vide.

- C'est ça, que vous appelez plein de vivres ? Vous vous foutez de moi ?
- Je... C'est Daniel, qui me répond en paniquant, Je ne comprends pas, on a... On a plein de choses, vraiment. Quelqu'un a dû venir et... Oh non...
- Tu n'avais pas fermé à clés, Dan ?!
- Bien sûr que si, qu'est-ce que tu crois ?!
- Apparemment non, si n'importe qui peut se servir !

Ils s'engueulent. Dans la forêt, j'entends une autre présence. Je tourne, cille. C'est le canon d'un flingue, qui à dix mètres de là et à travers la verdure, est pointé droit vers moi. "Merde."

Je tire, il tire. Les balles se croisent, mais là où la mienne ne heurte que le tronc d'un arbre, la sienne me traverse le flanc et me fait lâcher mon arme. C'est la première fois. Que je ressens une telle douleur. Les deux autres s'arrêtent de crier, étonnés par les détonations. Et tandis que je m'écroule par terre, c'est la femme qui se précipite sur mon arme pour canarder le fuyard. Elle l'atteint en pleine jambe. Elle tire encore, et impacte sa main, le forçant à lâcher son arme. Daniel s'occupe d'aller le maîtriser, alors que j'agonise par terre, complètement dépassé. Carol revient vers moi en boitillant, et s'agenouille pour jeter un oeil à ma blessure.
- Oh, oui, je suis flic. On ne t'a jamais appris que c'était mal de menacer les gens avec un pistolet ? Rahlala, il t'a bien abîmé... Dan ? Elle retire son mince gilet pour l'appuyer contre mon ventre, dans un sang froid déconcertant.
- Oui oui, je... je m'en sors ...!
- Lee, c'est le moment de nous emmener à ton refuge, d'accord ? Je pourrai te soigner, et ce sera mieux que de mourir ici. Il y a Lucy, là bas. C'est peu prudent. Mais ils étaient probablement honnêtes. Dan interroge l'autre, leurs vivres sont probablement aux mains de ses complices, il n'aurait pas pu tout transporter seul ; j'ai la tête qui tourne. Elle me force à me redresser. Dan lie les mains du voleur, le traîne en laisse et vient aider sa femme à avancer, en suivant mes indications.

Le retour en catastrophe et accompagné à la maison se fait sous la surprise de mes amis. Dan va s'enfermer avec notre prisonnier, sous la surveillance de Mark, tandis que Carol demande l'aide de ma soeur et de Rachel pour arrêter mon saignement. La balle est ressortie, la blessure est propre. Je resterai alité quelques jours, mais je m'en sortirai.

Été 2016, Bridle Trails

Le couple s'est intégré au groupe, un peu malgré nous. Le voleur, lui, a trouvé le moyen de s’enfuir en pleine nuit et en toute discrétion dès le premier soir. La grossesse de Carol avance et lui pompe son énergie, même si elle essaie de bien paraître. L'enfant devrait naître au début de cet automne, si tout se passe sans accrocs. Lucy s'amuse énormément du ventre arrondi, passe du temps à y coller l'oreille pour écouter le bébé. Elle lui chante même quelques berceuses quand il se montre agité.

Les maisons du quartier et le petit potager ne suffisent plus à répondre aux besoins de six personnes et demi. Daniel nous apprend à conduire, à Mark, Rachel et moi-même pour nous assurer un plus grand périmètres de fouilles. Carol, elle, nous entraîne à tirer et à nous défendre, autant que sa condition le lui permet.

Le temps me paraît long. L’avenir ? Fatal. J’ai l’impression de ne faire que repousser l’inévitable.

12 Septembre 2016, Bridle Trails

La naissance de l’enfant se fait sur fond de panique générale. Comme je suis le plus à même de rester calme, j’endosse le sale rôle de médecin improvisé. A genoux devant l'attirail écartelé et répugnant de Carol, je supporte difficilement les encouragements hystériques de son mari.
- C’est bien ma chérie, ça vient ! Ca va aller, tu as mal ? Je peux faire quelque chose ? Bordel, il me saoule. Je soupire,
- Tais-toi, Dan… Et sa femme répond,
- AAAAAAAAAH !”Je ne sais pas du tout quoi faire. Je veux juste réceptionner le marmot, qu’on en finisse. Et Carol hurle, encore. J’ajoute,
- Tu vas attirer du monde, à faire autant de bruit.
- VA TE FAIRE FOUTRE, LEE !!
- Pour le coup, ça me coupe le sifflet.

L’effort se poursuit ; après de longues minutes d’agonie, je vois quelque chose dépasser. Bon sang, c’est ignoble. Je grimace, la nausée au bord des lèvres,
- Je le vois. Allez.
Et le crâne du bébé apparaît, supplanté de quelques cheveux bruns empâtés. Carol y va de toutes ses maigres forces. La peau de l’enfant est pâle. Le reste de son petit corps suit plus facilement. Une serviette en coton sur mes mains, je l’attrape aussi délicatement que possible... Il est si blanc.

Après plusieurs tentatives, c’est impossible de lui arracher un cri.

Automne 2016, Bridle Trails

La dépression jette son voile sur l’intégralité du groupe. Je crois que Carol et moi, on se fait la course à qui trouvera en premier le courage de se tuer.

Décembre 2016, Bellevue

- On aurait du partir plus tôt, se plaint Mark.
- Économise ta salive et avance. Je lui réponds sèchement, épuisé.

Nous voilà sur les routes, depuis quelques jours, après qu'un petit groupe de rôdeurs ait mis à mal notre installation. Il n'y avait rien à préserver là bas sinon de mauvais souvenirs, de toutes façons. Pas de perte humaine à déplorer, mais le moral ne s’en porte pas mieux.

- On devrait se séparer d’eux. Je murmure tout bas à Mark qui avance à côté de moi, dans le dos du couple.
- Quoi ?
- Ils sont cassés, depuis la mort du bébé. Je n’veux pas être là quand ils pèteront un câble. On échange un regard, mais la connexion semble impossible à établir.
- T’es pas sérieux, Lee… Je le suis, pourtant, et peine à comprendre ce qui le fait s’obstiner avec ces étrangers.

Janvier 2017, Bellevue

On a trouvé un nouveau refuge, beaucoup trop exposé et fragile. Mais le couple refuse de bouger. Carol est tombée malade à cause du froid et du manque de sommeil. Daniel me demande d’aller chercher des médicaments dans une pharmacie du quartier. J'accepte, sans hésiter. Je n’emmène que Lucy avec moi, et rassemble nos affaires sous prétexte que l’on passerait peut-être plusieurs jours à chercher ces ressources.

Je ne compte pas revenir.

Une fois lancés à l’extérieur, c’est difficile de convaincre la petite, qui me fait une scène puis me boude pendant quelques longues semaines. Je lui répète, sans cesse, qu’on se débrouillera mieux tous les deux. Et c’est vrai : c’est bien plus simple d’être discret, de se partager les vivres. Quand mes songes se traînent vers Mark, j'ai un léger pincement au coeur. Pour notre amitié, pas par culpabilité. Quoi qu'il en soit, on trace ainsi notre route vers Seattle. Elle semble relativement délaissée par les morts.

Printemps 2017, Seattle

On passe notre quotidien dans des maisons ou autres refuges sans jamais y rester plus d’un mois. Le plus simple pour s’approvisionner reste de piéger les gens honnêtes qui s’aventurent dans le coin. Personne ne se méfie vraiment de nous, grâce à notre jeune âge. C’est simple d’attirer la compassion, éventuellement de squatter quelques jours avant de disparaître.

Mais l’une de ces rencontres ne se passe pas comme prévu.
On parvient à coincer deux hommes dans une supérette, et les rôdeurs font basculer la situation en leur faveur. En moins de temps qu’il en faut pour le dire, on se retrouve désarmés et mis en joug. L’un d'eux s’intéresse de bien trop près à Lucy, malgré les réticences discrètes de son ami.

J’ai peu de souvenirs de cet incident. Comme un blackout : quand je suis revenu à moi, les intestins de ce type se répandaient sur le sol, et mon couteau achevait de l’éventrer jusqu’à la gorge. Son pote était déjà mort, plus sobrement, d'un seul coup de poignard.

Le sang a été difficile à laver. J’ai encore, aujourd’hui, cette sensation poisseuse sur les joues.

Été 2017, Seattle

On s’installe dans l’un des bâtiments du jardin botanique de Montlake, qu’on s’approprie comme un lieu de vacances pour l’été. C'est avant tout pour rester au calme, loin de ces fous. Lucy peine à se remettre de cette rencontre, et je crois qu’elle réalise à peine le traumatisme qui l’a effleurée. Moi, je digère de force le fait d’avoir tué mes premiers vivants.

Quelque chose en moi s'est tordu, je crois.

Automne 2017, Seattle

Les arbres se fanent, les animaux du parc qui passaient au barbecue se font plus rares. Aucun de nous n’a l’envie de repartir, mais il s’agit bientôt de notre seule option. Le manège reprend. Seulement, cette fois, il n’est pas question de prendre de risques : la prochaine fois, je tirerai le premier.


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Re: Lee - How to disappear completely

Lun 30 Oct 2017 - 23:12

REBIENVENUE !





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Re: Lee - How to disappear completely

Lun 30 Oct 2017 - 23:30

Un petit con :MisterGreen: Rebienvenu !
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Re: Lee - How to disappear completely

Lun 30 Oct 2017 - 23:50

J'aime les petits cons ! :MisterGreen:

Merci vous deux :smile12:
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Re: Lee - How to disappear completely

Mar 31 Oct 2017 - 0:02

Haaaan rebienvenue toi ! Lee - How to disappear completely 1442386177
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Re: Lee - How to disappear completely

Mar 31 Oct 2017 - 0:05

Robert ? ... C'est toi Robert ?

:smile1: plus sérieusement ... Rebienvenue ! o/
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Re: Lee - How to disappear completely

Mar 31 Oct 2017 - 0:13



bienvenue sur le forum !

Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :

1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours. Un délai supplémentaire peut être accordé par un Administrateur.

2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.

3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.

4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des solitaires, il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.

5 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.

6 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.

Bonne rédaction !


Ca manquait !

Rebienvenue o/
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Re: Lee - How to disappear completely

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