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I hurt myself today to see if I still feel
Dim 5 Nov 2017 - 13:24
32 ans≡ israélienne≡ Architecte d'Intérieur≡ Remnants
On disait d’Ela que c’était une femme forte et douce à la fois, qu’elle incarnait ce genre d’épouse. Celle qu’on admire pour sa vertu, pour sa générosité, son sourire et sa patience. On disait d’Ela que ses talents de médiatrice pouvaient ramener son mari à la raison, lui faire prendre les bonnes décisions au nom de son pays. On disait qu’Ela, c’était ce genre d’épouse ; fidèle et authentique, dépourvue d’artifices esthétiques et qui se contentait d’être belle par sa prestance et son charisme discret. Authentique dans ce qu’elle est, d’où elle vient, et les causes qu’elle défendait. On disait d’Ela, qu’elle n’était pas douée pour les mensonges, même si elle maitrisait l’art des demi-vérités.
Ela n’a jamais pris beaucoup de place dans ce monde-là, elle était cette épouse effacée, toujours dans l’ombre de son mari. Son rôle était pourtant bien plus important que cela. Car avec son mari, elle formait une équipe. Ela n’était pas que douce, elle était intelligente et Abel le savait. Cette épouse était redoutable, jamais il n’eut à regretter son choix. Il n’est plus aujourd’hui, mais sa femme est toujours là, portant encore les souvenirs de leur couple sur les épaules.
Elle est comme ça, Ela : loyale, indéfectiblement fidèle … A ses principes, à ses idéaux, aux personnes qui le méritent et à son mari, encore. C’est une femme née de la haute société, elle est rigoureuse, disciplinée, ses deux années de service militaire l’ont rendu bonne soldate. Peut-être que son éducation l’ont amené à se forger cette attitude un peu trop froide et hautaine. Comme si ses anciennes manières de grande Dame refusaient de disparaitre, elle reste une femme très noble dans ses gestes et dans son attitude. Lui donnant cet air de trop bien pour vous qui a tendance à en agacer plus d’un. Dans ce monde ci, elle n’est plus rien, mais les habitudes ont la vie dure. Son attitude de glace est marquée par la perte d’êtres chers, comme beaucoup d’autres ici. Ces pertes furent si douloureuses que la brune cherche à enfouir ses émotions au plus profond d’elle-même, la transformant en poupée de cire, dépourvue de chaleur et de sentiments déraisonnés. Mais elle est tourmentée. Elle n’est pas capable d’ignorer ces sentiments indéfiniment, la plupart du temps, ils finissent par exploser dans des crises de larmes, des crises d’angoisses ou des colères malheureuses. Elle est également terriblement coincée, voire frigide. La chaleur humaine ne l’attire plus du tout, encore fidèle à un fantôme, c’est comme si elle avait oublié ces besoins primaires. Ela, dans son attitude d’automate, est devenue intransigeante avec elle-même, s’imposant un entrainement strict, maintenant la barre haut – elle en a besoin pour se débarrasser de son étiquette de princesse d’Israël – mais intransigeante avec les autres également, elle ne tolère pas la lâcheté, la couardise et la faiblesse. Elle se donne toute entière à ce groupe, elle attend le même sacrifice des autres, quitte à être cassante avec les personnes qu’elle désapprouve. Même si ce côté cassant suinte malgré tout dans la plupart de ses échanges, le revers d’être devenue aussi glaciale et coincée, probablement.
Secrète, elle ne parle pas beaucoup de son passé, de sa vie avec Abel, d’elle-même. Elle ne dira jamais rien d’important sur elle, car à trop se dévoiler on se met également en danger et elle refuse l’idée même d’être victime de ce genre d’influence. C’est une personnalité combative, discrète peut-être, elle préfère briller dans l’ombre, mais refuse d’être considérée comme une victime. Elle se veut survivante. Elle a sa place dans ce monde ci, elle ne veut pas être une demoiselle en détresse. Alors, sans faire de vague, elle s’entraine à ne pas être une plaie pour le camp. Elle finira par convaincre, avec patience et diplomatie. Elle prendra le temps, ne voudra pas brûler les étapes et s’affirmera avec ferveur dès que l’occasion se présentera. Ela maîtrise le discours politique, elle connait le bon moment pour abattre ses meilleures cartes, son mari lui aura au moins léguer cet héritage.
Ela est une femme plutôt grande et élancée, elle mesure 1m78 pour 57 kg. Athlétique, elle se force à entretenir sa condition physique pour le cas où. Elle a un réel besoin viscéral de prouver qu’elle n’est pas un poids mort pour les autres, alors elle suit autant qu’elle peut les entrainements militaires accordés aux civils. Elle s’applique, se dépasse et continue même en dehors des entrainements. En plus de faire attention à sa forme physique, la brune cherche encore à présenter correctement. Elle prend soin de son hygiène, des vêtements qu’elle porte et qu’elle choisit. Certes, c’est un luxe difficile à obtenir, ses longs cheveux bruns ont perdu l’éclat de leurs beaux jours, le maquillage n’est plus d’actualité, mais elle fait avec les moyens du bord. Les robes hautes-coutures, le maquillage de Princesse et les chignons ressemblant à des œuvres d’arts, c’est loin derrière elle à présent, mais la présentation compte toujours à ses yeux, des restes de son ancienne vie de privilégiée, des habitudes de Princesse d’Israël difficile à oublier.
Elle est un peu rouillée au combat au corps à corps, ses mains manucurées n’étaient pas faites pour le combat. Elle était plus douée pour le crayon, le dessin d’architecture. Son service militaire lui a laissé quelques restes, quelques vieux réflexes qui lui reviennent à force d’entrainement. Mais deux ans de service militaire ne fait pas de vous un soldat actif. Ces deux-années vous préparent seulement à vous former au minimum, dans le cas où votre pays entrerait en guerre. Elles vous apprennent la discipline, la rigueur, le respect de la hiérarchie. Au Fort, la brune s’applique à être bonne élève, ne se contente pas de la moyenne. Elle qui a toujours eu l’œil pour jauger les distances, les mesures et l’espace dont elle disposait dans son travail d’architecte, elle est plutôt bonne tireuse. Il lui faudrait briller un peu plus, peut-être, pour qu’elle puisse montrer ce dont elle est capable dehors. Elle en rêve.
Elle est équipée d’un couteau de survie, dont elle se sépare ramener. Il s’agit du couteau qui a tué Abel, lors de l’attaque des pilleurs en août 2016. Cette arme a une valeur symbolique pour elle, elle en a besoin. Cette arme était une tueuse d’homme, elle a décidé d’en faire une vengeresse. Ce jour-là, elle a retourné l’arme contre elle, s’entaillant la paume gauche à la base du pouce pour faire couler son sang sur la lame, par superstition. On dit qu’ainsi, l’arme ne se retournera jamais contre son propriétaire, elle y croyait vraiment. Cette arme avait connu le sang de son mari et le sien, son nouveau rôle était de la protéger à présent. Depuis lors, elle apprend à s’en servir au mieux. Sa persévérance et son professionnalisme paient, car elle s’en sort plutôt bien au final.
Le 28 octobre 2008.
Blue Sky, by Meir Adoni. 10th Eliezer Peri St, Tel Aviv, Israël.
Blue Sky, by Meir Adoni. 10th Eliezer Peri St, Tel Aviv, Israël.
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De ravissement, elle rit, un son pur et cristallin. Elle était heureuse, et amoureuse de cet homme. Elle n’aurait jamais pensé qu’un jour son regard se poserait sur un homme comme lui. Il avait 32 ans, et seulement 23 pour elle. Il était trop vieux pour elle, elle le savait. Mais ne dit-on pas que l’amour n’a pas d’âge ?
Etudiante en architecture d’intérieur, elle l’avait rencontré sur un projet d’aménagement de bureaux où elle travaillait comme stagiaire. Il était conseiller au sein des affaires étrangères du gouvernement israélien, et ces bureaux étaient pour lui et d’autres parlementaires. Abel Amrani. Un regard sombre, curieux, un sourire charmeur aux lèvres. Ce n’était probablement pas le genre d’homme que l’on pouvait trouver beau de prime abord, mais quand il était entré dans la salle de réunion pour assister à la présentation du projet d’aménagement avec d’autres commanditaires du projet, elle n’avait vu que lui. Il était difficile de ne pas remarquer sa présence, cet homme dégageait une assurance et une force tranquille qui ne manquait pas de rendre ses quelques traits disgracieux d’une beauté toute particulière. Abel était de ce genre-là, beau par ce qu’il dégageait, sans même prononcer une seule parole. C’était cet effet-là qu’il avait eu sur elle, et quand son regard onyx s’était posé sur elle, elle s’est sentie mise à nu. Elle n’oublierait jamais cette rencontre. Curieux, il s’était rapproché des plans proposés par les architectes professionnels, l’air de rien, avant de se retourner vers la jeune femme, restée dans l’ombre, pour lui demander son avis. Après tout, elle était stagiaire, elle était là pour apprendre, et il n’était jamais trop tôt pour développer son sens critique. Ela en avait perdu ses mots, le rouge aux joues, mais alors qu’un de ses patrons choisissait de sortir une plaisanterie de mauvais goût pour détourner l’attention sur sa stagiaire, elle osa prendre la parole et répondit à la question d’Abel. Encouragée par son sourire énigmatique, elle s’était avancée près de la table. Elle s’était attaquée à ce qui pour elle, poserait problème dans la mise en place de certaines pièces, tout en soutenant que la base des propositions des architectes était très bien pensée. Elle n’ajoutait que des détails techniques, des appréciations personnelles, des réflexions logiques. Malheureusement, cet instant suspendu, alors qu’Abel buvait ses paroles, la questionnant, la relançant, fut interrompu par un autre client qui s’impatientait, désireux de revenir au plan initial. Car une étudiante n’apporterait aucune proposition remarquable pour un projet de cette ampleur, invitez-là à boire un verre après ses cours, Amrani, et laissez ces messieurs reprendre leur travail. Elle s’était sentie humiliée, ainsi remise à sa place. Les architectes reprirent leur discours de professionnel et tout le monde retourna à sa place. Mais juste avant de se pencher à nouveau sur les plans des architectes, Abel s’était rapproché d’elle :
Et aujourd’hui, ils en étaient là. Deux semaines qu’ils se voyaient, deux semaines qu’il lui faisait la cour tout en respectant son honneur, son intégrité et son jeune âge. Elle était déboussolée devant tant de galanterie et de prévenance, quand tous les hommes de son âge hâtaient les choses, impatient de passer à la suite – plus intéressante – du premier rendez-vous. Abel était différent, il voulait la connaitre, découvrir ce qu’elle aimait, ce qu’elle n’aimait pas. Il voulait son avis sur la politique de ce pays, cherchait à comprendre sa vision du monde et des gens. Il s’intéressait à elle, et se livrait volontiers à elle, en lui confiant ses ambitions politiques, personnelles, ses désirs, son passé. Il lui donnait tout et petit à petit, la jeune femme pourtant discrète sur son histoire se livrait, elle aussi.
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Une villa en bord de mer, ses parents et elle vivaient chichement. En même temps, son père était ingénieur en robotique médicale, et sa mère enseignait dans une école privée de la ville. Elle a eu une enfance privilégiée, elle en était consciente. La misère du monde ne l’atteignait pas alors, si ce n’est que par les récits de ses grands-parents qui n’avaient pas connu tout ce luxe, tout ce confort. Mais leur fils avait réussi, mettant toute sa famille à l’abri du besoin. Elle avait fait ses classes dans des écoles privées, dont une artistique – c’était une enfant créative et ses parents étaient loin de vouloir brider ce don qu’elle développait d’années en années.
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Le kadaz akdam tzvair était un cours préparatoire qui lui permettrait de faire son service militaire dans un service en particulier. Ela visait l’infanterie, elle voulait être soldate. Mais très peu de femmes entrent dans le corps combattant de l’armée israélienne. Elle ne fut pas sélectionnée parmi les rares femmes accédant à ce statut. Au lieu de ça, elle obtint une place en formation de technicienne d’armement. L’enjeu était beaucoup moins stimulant, mais elle fit ses vingt-deux mois avec force et honneur. Puis la formation de technicienne d’armement ne dispensait pas des séances d’entrainements physiques poussés, des cours de self-défense, de combat au corps à corps et quelques séances de tir. C'était très dur comme expérience, émotionnellement parlant. Elle qui n'avait jamais connu la moindre difficulté dans la vie s'était retrouvée jetée en pâture aux lions, se heurtant avec violence à la réalité du monde. Au final, rien n'était facile dans la vie, pas vrai ? De cette expérience, elle en était sortie grandie, plus mûre, plus réfléchie. Elle avait appris la discipline et la rigueur. Le respect et la modestie. Elle avait appris que dans ce monde, tout se méritait. Même si parfois... Le facteur chance mettait sur votre route une personne qui rendrait votre vie meilleure et tellement plus facile.
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Le regard d’Abel était un peu plus sombre, alors qu’Ela se perdait dans le souvenir d’une arme à feu entre ses mains, de la sensation vibrante qu’elle avait ressenti dans tout son corps alors que la détonation résonnait dans ses oreilles. Elle avait adoré. Elle était plutôt douée. Pour une femme. Abel, lui, se perdait dans d’autres pensées plus sombres sous son regard dérobé. Elle ne se rendit compte du silence de son compagnon qu’au bout d’un moment. Elle-même perdue dans ses pensées l’espace d’un instant.
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Le 17 août 2015.
The Ritz-Carlton, 1150 22nd St NW, Washington, DC.
The Ritz-Carlton, 1150 22nd St NW, Washington, DC.
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Elle déposa le combiné sur la table de salon, avant de prendre son tisane et de sortir sur la terrasse de sa chambre au Ritz. Appuyée sur la rambarde du balcon, elle profite de la vue, sereine. Distraitement, elle joue avec l’anneau à son doigt, cette bague d’une simplicité étonnante pour sa valeur valait pourtant tout l’or du monde. Un simple anneau d’or pure, sans diamant, sans fioriture, avec juste une date gravée à l’intérieur : 26 juillet 2010.
Il l’avait demandé en mariage à peine trois mois avant de la fin de sa dernière année d’architecture. Il était seize heures, elle venait de terminer un cours laborieux sur les permis d’urbanisme à obtenir avant de s’attaquer à une structure interne d’habitation déjà existante, et il l’attendait à la sortie des cours. Ela n’avait jamais connu de cours aussi ennuyant et de voir son visage, ce sourire amoureux qu’il ne réservait qu’à elle, tout d’un coup son monde retrouvait ses couleurs. Elle qui se sentait si fade, si épuisée après cette journée de cours éreintante, elle devenait le centre son univers, rayonnante et belle, même si l’empreinte de sa main était probablement encore marquée sur sa joue. C’est pourtant dans ce couloir bondé qu’il posa un genou à terre, arrêtant certains étudiants curieux, et qu’il sortit une petite boite rouge de sa poche. Le cœur d’Ela eut un raté, elle vacilla. Le monde s’arrêta autour d’elle alors qu’à la demande qu’il formula pour elle, elle s’avançait doucement. C’était comme si cette distance était interminable alors qu’elle n’avait qu’une dizaine de pas à faire : douze, douze pas. Douze pas avant qu’elle ne se tienne devant lui, l’air hagard et complètement ahuri. Elle fondit en larmes. Et hocha la tête en soufflant un oui que lui seul pouvait entendre. Il passa l’anneau à son annulaire, avant de se relever et de sceller leur union prochaine d’un baiser sur ses lèvres. Ela fut diplômée le 30 juin 2010 avec une grande distinction. Le mois de juillet ne fut qu’un tourbillon de tulles, d’essayages de coiffure et de maquillage, le reste, Abel s’en chargea, offrant à sa Princesse le plus beau jour de sa vie.
Depuis cette fabuleuse journée, sa vie n’était qu’une suite de journées toutes plus belles les unes que les autres. Elle était entrée dans le cabinet d’architectes dans lequel elle avait fait son dernier stage. Un bureau où ses idées de jeune femme à peine sortie des études apportaient un souffle novateur à leur entreprise. Elle travaillait sur de petits projets, toujours en collaboration, mais elle se sentait portée par ce métier, par cet élan de créativité qui bouillonnait de ces esprits géniaux. Mais il y avait d’autres choses tout aussi importantes dans sa vie. Abel avait de l’ambition, son travail aux affaires étrangères ne lui suffisait pas, il voulait plus, tellement plus et Ela était derrière lui. Quand il lui annonça qu’il se présentait au poste d’Ambassadeur d’Israël, elle le soutenait de tout son cœur et de toute son âme. Il obtint le poste en janvier 2013, et parce qu’elle avait besoin de lui autant qu’il avait besoin d’elle, elle mit fin à sa collaboration avec le bureau d’architecte où elle travaillait. Le nouveau travail d’Abel les obligerait à voyager souvent, et longtemps, et elle refusait l’idée même de rester en Israël et de vivre son mariage à distance. Depuis ce jour-là, elle avait mis du cœur à assumer son rôle de l’épouse du représentant d’Israël.
La première mission d’Abel eut lieu en Italie, où ils séjournèrent quelques mois à Rome. Abel n’était pas très présent, être ambassadeur d’Israël ne signifiait pas vraiment se la couler douce dans les plus beaux pays du monde, du contraire. Abel passait ses journées à l’ambassade, laissant Ela seule à ses occupations. C’était difficile au début, mais ils avaient trouvé leur équilibre. Le matin, elle se levait pour ne pas manquer le petit-déjeuner avec lui, avant de lui souhaiter une bonne journée, ne le revoyant qu’une fois la nuit tombée. Le reste du temps, ils s’appelaient. Il lui envoyait des messages de sous la table, lors de réunions plutôt longues, ennuyantes. C’était des moments privilégiés.
Après l’Italie, il y eut l’Angleterre, le Québec et enfin, en 2015, les Etats-Unis. C’est pendant ces voyages qu’elle apprit l’anglais ; un minimum de cours, l’immersion fut sa meilleure école. Abel travaillait beaucoup, mais cela n’empêcha pas Ela de découvrir ce que le monde avait à lui offrir. En tant qu’épouse d’Ambassadeur, elle n’était jamais vraiment seule. Son mari exigeait la présence d’un garde du corps à chacune de ses sorties. Toute sa vie, Ela a vécu comme une reine, son mariage ressemblait à un conte de fée. Il ne manquait qu’une chose à son tableau idyllique.
Sur le balcon du Ritz, Ela soupirait d’aise, rêvant amoureusement à cet avenir qui se profilait devant eux. Elle posa sa main sur ventre, en son sein s’était éveillée la vie. Une vie qu’ils avaient créées tous les deux. Ce soir, elle attendrait Abel, peu importe l’heure à laquelle il rentrerait. Cela faisait deux ans qu’ils essayaient, deux ans qu’ils espéraient. Et aujourd’hui, quelqu’un là-haut avait entendu leurs prières. Ela était enceinte.
Le 2 décembre 2015.
Fort Ward, Bainbridge Island, Washington 98110, États-Unis.
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Ses épaules étaient secouées de sanglots, elle se sentait tellement vide. Tellement inutile. Tellement morte. Cette maladie, c’était ce putain de virus qui était la cause de tout ça. Ils disaient que tout irait bien, qu’ils étaient sur le coup, que tout était sous contrôle. Mais ils ne contrôlaient rien du tout. Ils n’auraient jamais dû venir. Elle le lui avait dit.
Quand tout a commencé, ce n’était que des faits divers. Le monde tournait fou, mais ce n’était pas une nouveauté. L’homme se faisait la guerre, se détruisait lui-même depuis longtemps déjà. En cause ; les guerres, les religions, les folies meurtrières, les drogues, … Cette histoire de cannibalisme au Texas faisait froid dans le dos, mais étaient-ils vraiment surpris ? Pas vraiment. Les médias avaient le chic de nos jours, à présenter des faits marquants comme des événements banals. En 2015, on ne s’étonnait déjà plus de rien. Les journalistes n’avaient visiblement rien de mieux à faire que de manipuler l’esprit des téléspectateurs, de remplir leurs jolies têtes vides d’histoires dignes d’une soirée d’Halloween. Mais plus personne ne réagissait. Affligeant ce que l’être humain pouvait s’habituer à tout.
Tout ce qui comptait pour eux, c’était cette vie qui grandissait dans le ventre d’Ela. C’était leur miracle. Leur chance. Comprenez, cela faisait deux ans qu’ils essayaient, en vain. A croire que là-haut, quelqu’un avait décidé que ce n’était pas le moment. Mais l’était-ce vraiment, maintenant ?
Début octobre, Abel entend des bruits de couloirs. Ces faits divers commencent à alerter les autorités, remontant jusqu’aux oreilles du gouvernement. A Washington aux alentours du 10-11 octobre 2015, les cas commencent à être répertoriés et les spécialistes se demandent si tous ces événements n’auraient pas un lien. En Israël, on note quelques cas étrangement similaires, Abel – comme d’autres ambassadeurs étrangers – est tenu d’informer le gouvernement américain des suspicions du sien. On parle de drogue ou d’une maladie virale. Il est conseillé de faire attention mais de ne pas céder à la panique. Des professionnels sont sur le coup. Tout ce qu’Abel retiendra de ces réunions en haut lieu, c’était qu’il fallait faire attention. Et du jour au lendemain, Ela s’était retrouvée enfermée dans sa suite à l’hôtel du Ritz. L’enquête suit son cours auprès des autorités, tout est passé sous silence. Mais Abel est dans le milieu depuis assez longtemps que pour se méfier de leurs silences. Ce qui se passe n’est probablement rien, peut-être que les choses sont vraiment sous contrôle, mais la grossesse d’Ela était trop importante pour prendre le moindre risque et si cette grossesse emplissait la jeune femme de joie et d’allégresse, elle entretenait également la paranoïa de son mari. C’était ridicule, complètement ridicule. Attendrissant, un peu. Mais elle supportait difficilement cet enfermement inutile. Un jour, elle se baladait au Lincoln Mémorial, le lendemain, elle n’avait plus que le balcon de sa chambre comme unique vue sur le monde extérieur. Elle ne comprenait pas cette inquiétude grandissante, après tout, lui-même n’avait pas de réponse à lui fournir. Il n’y avait que des bruits de couloirs, et un instinct de protection démesuré qui perturbait les décisions d’Abel. Et quand l’enfant sera né, comment se comportera-t-il ?. Mi-agacée, mi-amusée, elle houspillait son mari pour sortir, elle cherchait à le rassurer, elle le cajolait contre une sortie au restaurant. Mais il avait peur, peur de cette drogue ou de ce virus – qui sait ? Il avait surtout peur pour Ela et le bébé, cet enfant était leur miracle, il se devait de les protéger. Mais on ne pouvait pas se protéger de tout, n’est-ce pas ? Cette paranoïa était ridicule. Cela étant, elle ne s’opposa pas à lui. Cela ne durerait que quelques jours, le temps pour Abel de saisir le ridicule de cette situation, il était un peu lent à la détente. En attendant, elle prenait patience. Ses seules occupations étant la lecture et la télévision, elle finit par s’intéresser à ces faits divers. Non mais vraiment, l’être humain était stupéfiant de décadence.
Elle pensait voir son mari se rassurer au fil des jours, mais il n’en fut rien. Le 15 octobre, Abel rentra en fin de matinée pour lui annoncer qu’ils quittaient Washington DC, des militaires viendraient les chercher tous les deux en fin de journée. «
Elle se sentait tellement vide, tellement impuissante. Elle lui avait dit que ce départ était une mauvaise idée. Ela avait mal vécu ce déménagement un peu trop brutal pour elle. Les choses s’étaient enchainées si vite, et puis la vue était moins imprenable qu’au Ritz. Elle se raccrochait à l’idée que cette situation était provisoire, mais plus les jours avançaient, plus l’angoisse la gagnait alors qu’au contraire, son mari semblait plus serein face aux dispositions que les dirigeants du Fort avait installé pour eux. Sécurité renforcée, militaires omniprésents. Abel semblait plus serein, Ela au contraire, devenait de plus en plus nerveuse.
C’était arrivé si vite qu’elle n’avait pas eu le temps de se rendre compte de ce qui lui arrivait. Elle venait de sortir dans la cour pour prendre l’air qu’elle se retrouva pliée en deux par la douleur soudain dans son ventre. Un liquide chaud dégoulina de ses jambes, et l’instant d’après, elle s’écroulait au sol. Ela avait perdu les eaux prématurément. Emmenée à l’infirmerie de toute urgence, les médecins présents ne pouvaient déjà plus rien faire. En l’espace d’une heure à peine, Ela avait perdu son bébé à presque 4 mois de grossesse. Elle était en colère, inconsolable. Les médecins l’avaient soigné, la gardant à l’infirmerie le temps qu’elle se remette. Recroquevillée sur son lit, les mains entourant ce ventre vide, elle maudissait son corps, ce traitre. Elle maudissait Abel qui l’avait entrainée jusqu’ici. Elle maudissait ce gouvernement qui avait promis que cette situation n’était que provisoire.
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C’était leur faute. Ils n’avaient toujours pas trouvé un remède à ce virus. Ils les avaient enfermés ici, les rassurant avec de fausses promesses. Mais la situation se prolongeait, encore et encore, et ils n’avaient encore obtenu aucune réponse.
Début août 2016.
Fort Ward, Bainbridge Island, Washington 98110, États-Unis.
Fort Ward, Bainbridge Island, Washington 98110, États-Unis.
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Elle sanglotait. Les yeux de son mari papillonnaient, cherchant le sien jusqu’à s’y accrocher. Pendant l’espace d’un instant, il y eu comme un espoir. Comme si le regard d’Ela lui insufflait un dernier souffle de vie, mais au moment même où un faible sourire étira ses lèvres, il fut d’une quinte de toux violente. La tête reposant sur les genoux de sa femme, Abel se mourrait.
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Tout le monde courait partout, personne ne s’arrêtait sur eux. Quelques coups de feu résonnaient encore, alors que les militaires abattaient les derniers pilleurs qui se cachaient parmi les cadavres. Mais c’était fini. Et Abel allait mourir. Abel allait mourir. Elle voyait le poignard enfoncé dans sa poitrine, et les mains de son homme chercher à le dégager. Le devançant, elle arracha l’arme à son corps, oubliant toutes les précautions médicales qu’on avait pu lui enseigner par le passé. Elle observa l’arme, dégoulinante du sang de son aimé, puis la laissa tomber au sol à ses côtés pour se pencher sur le visage de son mari, l’embrassant, pleurant cet homme qui lui aussi, allait l’abandonner.
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Il ne pouvait pas l’abandonner maintenant, pas comme ça. Pas après avoir survécu, pas après avoir trouvé leur place, pas après d’être résigné à ce que cette situation dure… Indéfiniment.
Après la fausse-couche d’Ela, le couple s’était réfugié dans leurs appartements. Abel n’en sortait que pour rapporter à manger, pour remplir les différentes tâches qu’on lui demandait malgré tout d’accomplir. Ela resta alitée pendant deux semaines, n’adressant mot à personne excepté son mari, quand il parvenait à la sortir de son mutisme. Affligée, le temps semblait s’écouler plus lentement. Son ventre vide lui faisait horreur. Une douleur invisible qui lui broyait le corps. Mais peu à peu, avec la patience et la prévenance d’Abel, elle sembla retrouver vie. «
La nouvelle année arrive et avec elle, des changements inévitables. Les communications vers l’extérieur étant coupées depuis un moment, le rôle d’ambassadeur d’Israël n’avait plus aucune signification alors. Les Amrani restaient des personnalités étrangères importantes. Mais des civils. Il fallait bien se résoudre à admettre la vérité ; Abel ne faisait plus partie de la sphère politique dirigeante. Depuis longtemps déjà. Il avait essayé d’être tenu au courant. Mais ils n’étaient que des civils, la partie du gouvernement passive qui devrait attendre un retour à la normale pour reprendre ses fonctions. En attendant, tous ces dignitaires inactifs redevenaient des civils, avec chacun leur part à faire dans cette nouvelle vie. Mais bien sûr, tout cela était temporaire. Cela étant, se tourner les pouces en attendant que les choses redeviennent comme avant n’était bon pour personne. Abel se porta volontaire pour la construction de la barricade ordonnée par le sénateur Chambers. Ela quant à elle, choisi d’apporter ses compétences d’architecte au camp. Son statut de femme d’ambassadeur lui permit de se faire entendre des bonnes personnes et rejoignant l’équipe actuelle, elle travailla à l’agencement du Fort afin de maximiser les espaces et leurs fonctions. C’était un travail continu, motivant et grâce à cela, elle se trouvait de nouveaux objectifs, une nouvelle utilité et une nouvelle joie de vivre. Le sénateur Chambers et ses conseillers avaient tout sous contrôle, il n’y avait plus qu’à attendre et faire confiance. Elle commença même à reprendre le sport en suivant les cours des civils. Elle qui avait délaissé le sport depuis le début de sa grossesse, se sentait à nouveau vivante, comme une bouffée d’oxygène. Ils commençaient à trouver leur place, à s’habituer à cette vie très différente de tout ce qu’ils avaient pu vivre par le passé. Ils commençaient à se faire à l’idée qu’ils étaient là pour un moment, en sécurité, mais qu’ils ne rentreraient plus chez eux avant longtemps.
Alors ce jour-là, quand ces hommes sont arrivés par bateaux personne n’était préparé. Personne ne s’y attendait. Et les tirs ont éclaté. Abel était dehors au moment où tout a commencé. Ela était à l’intérieur, donnant un coup de main à l’infirmerie pour répertorier toutes les fournitures qui leur restaient. Très vite, tous les civils se retrouvèrent cloisonnés à l’intérieur pendant que les militaires dehors font feu sur leurs assaillants. Les rangs des pilleurs est rapidement décimés, les portes du Fort s’ouvrent et tout le personnel médical et toutes les personnes capables d’aider sortent, venant en aide aux blessés. Ela, elle se précipita au dehors, cherchant son mari. Mais c’était trop tard, bien trop tard.
Ela pleurait à gros sanglots. Son mari se mourrait et personne ne pourrait l’aider. Elle le savait. Il y avait trop de sang, Abel avait pris une balle perdue dans le flanc, et le couteau s’était enfoncé jusqu’à la garde dans sa poitrine. Personne ne le lui ramènerait. Sa tête reposant sur ses genoux, elle lui murmurait des paroles apaisantes, alors que la vie le quittait peu à peu. Cet instant lui sembla durer une éternité alors qu’elle caressait son visage, son regard brouillé par les larmes ancré dans le sien. Il expira son dernier souffle et ce fut comme si son cœur s’arrêtait lui aussi. Elle ferma les yeux, baissa la tête et ce fut comme si quelque chose en elle s’éteignait à jamais. Les larmes se tarirent, le souffle lui manqua. Elle ouvrit à nouveau les yeux, chercha quelque chose à laquelle se raccrocher. Son regard tomba sur l’arme qui lui avait arraché son mari, elle s’en saisit, l’observa. Et au moment où les aides médicales arrivèrent, elle cacha l’arme dans sa veste. Le médecin déclara Abel mort et on pria Ela de rentrer à l’intérieur.
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Mais déjà, le militaire l’entrainait de force vers l’enceinte du bâtiment. Elle se débattit, mais il passa un bras autour de sa taille, la soulevant presque de terre pour la tirer vers l’intérieur. Dans sa bataille, Ela eu le temps de voir le médecin se pencher sur son mari et lui soulever la tête, sans qu’elle ne comprenne l’utilité de son geste. Elle ne vit pas la suite. Elle ne le vit pas s’assurer qu’Abel ne se relèverait pas d’entre les morts. Elle était trop occupée à se battre contre le militaire qui ne semblait pas très affecté par ses assauts. Ela finit par s’abandonner alors que les portes se refermaient devant elle. Elle s’affaissa sur le sol, dévastée. Les larmes avaient repris le dessus, les sanglots lui coupaient le souffle. Elle venait de perdre la dernière personne qu’elle aimait plus que tout, cette personne qui lui donnait espoir et confiance. Plus rien ne serait jamais comme avant. Plus rien.
Le 8 novembre 2017.
Fort Ward, Bainbridge Island, Washington 98110, États-Unis.
Fort Ward, Bainbridge Island, Washington 98110, États-Unis.
Ela a perdu son sourire. Quand tu es parti, c’était très difficile pour elle. Il a fallu se battre contre le chagrin, la colère et l’impuissance. Il fallait lutter contre le désespoir et les idées noires qui l’accompagnaient. C’était difficile. Quand tu es parti, Abel, elle n’était plus que cris et larmes. Une hystérie qu’elle ne pouvait gérer seule, que seul le temps pourrait guérir. Elle est passée du chagrin à la colère, la première semaine. Puis ce fut un désespoir sans fin. Puis peu à peu, elle a remonté la pente. Peu à peu, elle put reprendre ses activités sans que l’on craigne une crise d’hystérie. Mais elle était éteinte. Dans son regard, l’étincelle ne brillait plus. Son sourire s’est perdu. Mais elle avait la rage au ventre, l’envie de vivre même si les siens n’étaient plus. Une rage folle, une rage froide. Froid et vide, comme quand elle avait perdu leur enfant. Aujourd’hui, son ventre et son cœur étaient vidés de toute émotion, de toute vie. Quelle ironie.
Les choses ont commencé à s’accélérer quand tu l’as laissé, Abel. Il a d’abord fallu qu’elle remonte la pente. Mais autour d’elle, les gens ont commencé à s’interroger. La sécurité a été renforcée. Puis les civils ont eu l’autorisation de se porter volontaire dans la sécurité du camp. Ela a mis le temps, mais en septembre 2016, elle a demandé à participer aux entrainements. Elle a demandé à être évaluée pour participer à la sécurité des civils. Mais elle n’était pas apte, émotionnellement. Elle eut droit aux entrainements sans armes à feu, dans un premier temps. Il n’y a pas si longtemps qu’elle fut entrainée à mieux. Ela est une femme, son service militaire ne faisait pas d’elle une ex-soldate. Elle était une femme qui vivait comme une reine, avec des mains faites pour le crayon, non pour les armes. Avoir une bonne condition physique ne voulait pas dire qu’elle avait la condition physique des guerriers qui s’entrainaient ici. Avoir un couteau ne signifiait pas qu’elle savait se servir d’une arme blanche. Peut-être que cette dernière année la forma mieux que l’ensemble de son service militaire. Aujourd’hui, elle peut se battre, se défendre toute seule. Elle a encore beaucoup à apprendre, mais elle est sur la bonne voie. Aujourd’hui, elle n’est plus l’épouse de…, elle était une survivante, une guerrière en devenir. Elle devait se battre pour les autres, parce que se battre pour elle-même n’était plus suffisant. Puis le monde n’était plus – ne serait plus – jamais comme il était avant.
Parce qu’un jour, ils n’avaient plus pu garder le secret. Un jour, un homme s’est ôté la vie, avant de revenir d’entre les morts et de dévorer toute sa famille. Les militaires sont parvenus à reprendre le contrôle, à éliminer la menace. Mais il était dès lors impossible de leur cacher la vérité. Ces choses n’avaient rien de vivantes. Contre-nature. Elle n’avait jamais rien vu d’aussi terrible. Elle les avait vu à l’œuvre alors que les militaires les abattait. Des exécutions sans sommation. Ils tiraient et… tant que la tête n’était pas touchée, ces morts continuaient à avancer. Comment avaient-ils pu leur cacher cette information ? Comment… Elle n’avait pas compris. Ils n’avaient jamais deviné. Et Abel… Elle comprenait le geste du médecin. Elle comprenait cette insistance pour qu’elle rentre, pourquoi les corps avaient été brûlés et non enterrés. Pourquoi elle n’avait pas pu lui dire au-revoir, une dernière fois. Parce qu’il aurait pu se relever. Il aurait pu être comme eux. Cela lui permis de trouver une autre motivation pour se battre, pour redoubler de rigueur dans ses entrainements. Quand le sénateur Chambers galvanisa ses citoyens avec son discours radicalisé, cela à fait écho en elle. S’ils ne sont pas avec nous, ils sont contre nous. Ce discours est devenu sa devise. Elle aussi, s’est radicalisée. Mais elle n’avait toujours pas le droit de sortir, ni de porter une arme. Elle n’avait pas l’entrainement. Elle n’y eu droit qu’en mai 2017. Et la sensation de la détonation était exactement comme dans ses souvenirs … Grisante.
Tu sais, elle n’avait jamais tiré sur un être humain avant cette sortie à Seattle, en juillet dernier. Elle n’avait jamais tué avant. Et elle n’a pas hésité. Un seul instant. Et devant ces morts revenus à la vie, elle était impitoyable, radicale. Ces abominations n’avaient plus rien d’humains. Des morceaux de chairs qui ne devraient plus être en vie. Pour eux non plus, elle n’hésitait pas. Soit elle tirait, soit elle crevait là. Quand on n’a plus rien à perdre, il n’y a plus grand-chose qui vous retient d’appuyer sur la détente. Elle avait tenu bon. Elle n’avait pas flanché. Jusqu’à ce qu’ils rentrent, tous ensemble et qu’elle ne claque la porte de sa chambre. Et qu’elle ne s’effondre dans une crise d’angoisse qui lui coupe le souffle et lui font monter les larmes aux yeux. C’est comme un coup de poing dans le ventre. Les émotions remontent et débordent. Dehors, Ela est une Reine des Glaces. Mais elle est aussi terriblement humaine, et encore dans le déni. Brider ainsi ses émotions ne la rend pas meilleure, au contraire, cela la rend instable. Car à tout moment ces émotions peuvent déborder et se déverser à l’extérieur, jusqu’à lui couper le souffle ou l’empêcher de dormir. Et tu n’es plus là pour l’aider à gérer ces crises. Tu n’es plus là. Il n’y a plus personne.
Quand tu es parti, plus rien n’a été pareil.
Si seulement tu pouvais être là, tout ceci ne serait que plus facile.
Mais pour toi je survivrais. Pour toi je me battrais.
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Re: I hurt myself today to see if I still feel
Dim 5 Nov 2017 - 13:58
Rebienvenue !
I Am The Messiah & A Sexy Boy, Not Your Boy Toy
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Re: I hurt myself today to see if I still feel
Dim 5 Nov 2017 - 14:19
Rebienvenue avec ce nouveau personnage !
J'ai hâte de lire tout ça
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