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Whateva
Lun 6 Nov 2017 - 1:20
33 ANS≡ AMERICAIN ≡ OUVRIER ≡ TRAVELERS
S'il est encore vivant aujourd'hui, c'est certes en grande partie du à la chance, mais pas que. Ayant vécu enfermé dans un centre pour mineurs entre ses douze et ses vingt-et-un ans, Simon a naturellement sauté quelques étapes dans l'apprentissage normal de la sociabilité et de la prise de responsabilités. Si ça ne s'est pas toujours bien passé là-bas, cela lui aura au moins permis de se montrer extrêmement prudent dans ses relations aux autres ; en effet, et il sait notamment à quel point il plus facile de venir à bout de quelqu'un dont on sait tout, alors il a prit l'habitude de ne jamais raconter grand-chose. Mais le fait de se montrer taciturne est un réflexe qui s'apparente à la survie, car il tend naturellement à être quelqu'un de gentil et d'avenant. C'est davantage le pragmatisme que l'émotion qui le guide dans ses rapports sociaux, mais s'il dépasse la barrière de la méfiance, il peut en effet se montrer tout à fait sympa. Un peu con sûrement aussi, d'après pas mal de gens. De fait, il est par exemple résolument immature et n'a jamais réussi à se comporter en adulte – les paperasses, le taf, les responsabilités, la bienséance et ce genre de choses, ça lui passe largement au-dessus. Il est incapable de dealer proprement avec des sentiments comme la jalousie ou la frustration et peut se montrer très irritable et susceptible quand on commence à le chercher. Globalement, il est plutôt lâche. Faire des efforts sur lui-même lui semble insurmontable et il préfère souvent abandonner plutôt que de se mettre en danger, du moins concernant sa propre notion du danger, et préfère souvent la solution la plus simple si on lui propose un choix. Avant l'épidémie, son insouciance et sa propension à se foutre résolument de sa propre vie lui ont permis de mener une existence dissolue qui lui convenait parfaitement ; les différents trafics auxquels ils a pu participer, quels qu'ils soient, ont toujours été réfléchis de façon très rationnelle et il s'est finalement assez peu fait attraper comparé à ce qu'il aurait sûrement mérité aux yeux de la loi. Il s'est toujours montré loyal et n'a jamais dénoncé personne, et même après que ses amis aient commencé à se ranger l'un après l'autre, il n'a jamais vraiment pu leur en vouloir, même si cela faisait partie des nombreuses choses qui l'angoissaient au quotidien. Anxieux depuis l'enfance il a toujours tendance à penser au pire, pas tant par défaitisme que parce qu'il doute de sa propre capacité à affronter les choses ; de fait, il a tendance à se dévaloriser et à ne pas croire en lui-même, mais préfère prétendre le contraire dès qu'il en a l'occasion. D'une façon générale, il s'auto-punit dans sa manière de mener sa vie – la culpabilité est un moteur dominant dans sa façon de se considérer lui-même, et si, là aussi, il déteste le montrer, il est en fait particulièrement sensible. Depuis l'épidémie c'est sans doute pire encore, et il peut craquer encore plus facilement tant il se sent parfois débordé par l'impuissance. Il n'a pas spécialement foi en l'être humain, car même avant les rôdeurs il a pu assister à pas mal d'actes affreux en soi, mais il est incapable de faire du mal gratuitement – en vérité, c'est un garçon beaucoup plus empathique que ce que la justice a bien voulu croire.
Simon mesure 1m72 pour actuellement 65 kg – une dizaine de moins que ce qu'il faisait avant le début de l'épidémie. Il a toujours fait du sport durant ses années de détention car c'était le seul véritable moyen de ne pas devenir un tonneau inactif, mais s'en est toujours tenu au strict minimum, contrairement à ceux qui poussaient de la fonte toute la journée. Pendant quelques mois il s'était mis au crack et ses poumons peinent encore de temps en temps, mais il a globalement une endurance très honorable.
Il possède peu de fringues – une veste fourrée, un pull, deux tshirts élimés trouvés un peu n'importe où, un jean et des bottes. Il avait déjà tenté d'accumuler davantage, mais chaque déplacement l'a obligé à se débarrasser du superflus.
Son arsenal est assez pauvre également ; en fait, son bien le plus précieux est certainement le couteau de chasse qu'il a récupéré à la ceinture d'un demi-cadavre en décomposition. Mis à part ça, il s'est fabriqué une lance artisanale qui jusque-la s'est montrée assez efficace.
Simon a grandit dans le comté de Lincoln, dans l'état de Washington. Il se souvient des premières années de sa vie comme ayant été relativement paisibles mais surtout mortellement ennuyeuses. Il n'y avait rien à part des champs autour de la maison, et dans la maison il y avait maman qui vous foutait des claques. Parfois, pas si souvent, c'est vrai, mais Harvey disait que c'était beaucoup trop. Harvey, c'était le seul voisin dans un rayon de trois miles et la maison d'Harvey possédait un babyfoot, ce qui en faisait la seule attraction viable du coin aux yeux de Simon et d'Alex. C'était lui qui avait commencé à entraîner son petit frère là-bas au départ, chez cet l'homme accueillait la fratrie chez lui en leur expliquant que leur mère était mauvaise, que la Budweiser allait finir par lui faire exploser le cerveau et qu'elle les frapperait un peu trop fort un de ces jours. Simon n'en doutait pas une seconde, tout comme il ne doutait pas de l'affection inconditionnelle que le cinquantenaire leur portait à lui et à son frère ; c'était un homme plutôt gros mais qui lui paraissait alors plus puissant qu'autre chose, il avait des mains immenses et il coupait du bois à la hache derrière sa maison toutes les semaines pendant la moitié de l'année. Il leur apprenait des petites choses, réparait leurs vélos et prenait soin d'eux, d'une certain façon. Mais pas que. Au fil du temps, une compétition tacite s'était installée entre Simon et Alex pour l'amour d'Harvey, et quand c'était à son frère que l'homme demandait de s'installer sur une chaise pour regarder, Simon se sentait jaloux.
Il venait d'avoir douze ans quand Harvey leur proposa de venir vivre chez lui pour de bon, dans la maison avec le babyfoot, loin de leur mère ; c'était après que Simon soit arrivé chez lui en pleurant de rage, un soir. Sa mère l'avait surpris en train de fumer sur les marches de la maison, une clope que Steve du collège lui avait filée. Elle lui avait fait vider ses poches qui contenaient alors trois autres cigarettes dans un paquet rabougris et elle l'avait forcé à les manger en lui criant dessus qu'il n'avait pas intérêt à devenir un putain de drogué. Simon avait gerbé par terre et il traça jusque chez Harvey. C'est là que l'homme leur avait dit à lui et à son frère qu'ils devraient rester pour de bon avec lui, mais que leur mère ne les laisserait sûrement jamais partir. Il leur monta la tête. Ça semblait facile, et les gosses, sans jamais en discuter ouvertement, sortirent une boîte d'allumettes du placard de la cuisine deux jours plus tard.
Il faisait nuit et elle dormait depuis un bon moment, déjà. Chacun leur tour, ils cramèrent des allumettes pour mettre le feu aux rideaux et à la moquette, puis ils sortirent dans le jardin et attendirent. Ça n'allait pas vite. Alex se lassa le premier et il couru à nouveau à l'intérieur pour en ressortir une minute après, une bouteille de produit nettoyant vide à la main. D'un coup, ça avait l'air de brûler beaucoup mieux. Les fenêtres du rez-de chaussées explosèrent, soufflées par les flammes qui léchaient les murs à l'intérieur. Puis, ils entendirent leur mère hurler, à l'étage. Alex avait dit "On dira que c'était un accident", et sur le coup Simon avait trouvé ça plutôt sensé, mais il commença soudainement à regretter et se sauta sur ses pieds. Alex l'attrapa par la manche de son pull et le repoussa au sol. S'ensuivit une brève bagarre comme il y en avait souvent ; Simon était le plus jeune des deux mais leurs forces s'équivalaient à peu près. Cette fois-ci cependant, Alex parvint à le maintenir au sol, lui coupant presque entièrement la respiration avec son genou, et Simon continua à battre des jambes dans le vide pour essayer de s'échapper tout en se mettant à pleurer. Ils s'interrompirent en apercevant la silhouette fantomatique de leur mère qui émergeait des flammes en titubant pour s'écrouler dans l'herbe à son tour.
Le reste de la nuit est plutôt flou dans sa mémoire ; les deux garçons n'avaient pas osé s'approcher d'elle et étaient retournés aussitôt jusque chez Harvey, lequel avait calmement appelé la police qui, un peu plus tard, était venue annoncer à Simon et Alex que leur mère s'en était sortie, brûlée et délirante mais bien vivante. Bien vite, la thèse de l'accident s'écroula et Simon se souvient vaguement de ses premiers interrogatoires comme de moments extrêmement gênants, où la voix d'Alex résonnait dans sa tête pour lui promettre qu'il lui casserait la gueule s'il allait raconter n'importe quoi. Simon réclama sa mère, mais il n'eut la possibilité de la voir qu'une seule fois avant de rejoindre le centre de détention pour mineurs et elle était si couverte de bandages qu'il ne la reconnu pas.
L'avocat leur avait dit "Ça ne sera pas si terrible" ; Simon resta dans le centre jusqu'à ses 21 ans, et lui, il trouva ça plutôt terrible. Alex fut transféré ailleurs au bout de deux ans après avoir réussir à arracher l’œil d'un autre gamin ; tout le monde avait peur de lui, ce qui protégeait relativement Simon jusqu'ici, alors les années suivantes furent encore un peu moins faciles. Pas mal d'autres adolescents plus grands lui tombaient dessus parce qu'il était complètement crédule et qu'il ne savait pas se défendre pour de vrai, et par la force des choses il fut bien obligé d'apprendre à le faire, tout en réussissant à n'arracher les yeux de personne cependant. Au fil des années ses relations devinrent finalement beaucoup plus simple avec les autres enfermés qu'avec le personnel du centre ; il rechignait à suivre les cours obligatoires, à montrer un intérêt quelconque pour la moindre formation professionnelle, et à se montrer tout simplement sous l'aspect respectueux et repentant qu'il était sensé avoir. Il devint plus capricieux, plus violent, mais jamais assez pour mériter une promesse de condamnation plus longue et on le libéra comme convenu à sa majorité.
Là, il se retrouva légitimement un peu perdu. Il n'avait pas eu de nouvelles d'Alex depuis plusieurs années et n'était pas certain de vouloir le contacter. Son père, alors ? Il s'était barré quand Simon avait neuf ans. Le style Je vais acheter des clopes et je reviens, mais en fait le magasin de clopes est en Californie et c'est même pas des clopes, c'est une autre nana. Il ne le voyait même plus une fois par an jusqu'à ses douze ans, et il ne lui avait rendu visite qu'une seule fois au centre de détention quand il en avait quatorze ou quinze. Depuis, rien. C'était même pas la peine d'y penser non plus. Quant à sa mère, elle vivait apparemment dans un tout petit appartement dans l'Etat voisin, n'en sortait plus jamais et ne voyait personne à part l'infirmière qui passait la voir tous les jours. Simon n'était pas certain qu'elle ait trop envie de le revoir, de toute façon.
Alors il retrouva simplement d'anciens amis déjà sortis du centre et s'ensuivirent deux joyeuses années de bitures, d'expérimentations et de cambriolages – le moyen somme toute le plus simple et le plus ludique de se faire de la thune, comme disait un de ses potes. Et c'était totalement vrai ; d'abord plutôt discrets dans leurs opérations, la bande pris de l'assurance et commença un business consistant à vendre des systèmes de sécurité aux citoyens qu'ils avaient déjà dévalisés par le passé. Des alarmes à la con et des caméras chinoises, mais les gens achetaient ça une fortune. Se faire voler leurs grandes télés et leurs lecteurs DVD, ça les traumatisait. Simon pétait des fenêtres et fouillait dans leurs armoires pour leur chourer trois pauvres colliers en argent de Wallmart et trois jours après, il sonnait à leur porte en costard soldé pour leur vendre une illusion de sécurité. C'était beaucoup trop marrant pour durer, évidemment, et certains finirent par chasser la merde qu'ils avaient dans les yeux pour faire le rapprochement, mais ils changeaient alors de ville et recommençaient. Ils s'achetaient du speed et de la méthadone pour s'occuper entre chaque rentrée d'argent. Au top de leur autosuccès, ils firent une soirée monstrueuse dans la nouvelle baraque qu'ils louaient dans la banlieue de Seattle ; Simon avala de la datura et resta complètement perché pendant trois jours, incapable de se rendre compte de quoi que ce soit quand les flics débarquèrent pour une fouille en règle. Il se réveilla à l'hôpital et dès qu'il alla mieux, on l'envoya en prison, la vraie, cette fois – ce qui se révéla carrément plus badant que le centre pour mineurs.
Il se fit pas mal défoncer là-bas, parce qu'il n'avait pas le profil du caïd qui en impose, et il comprit alors que le seul moyen qu'il avait pour s'en sortir était de ne pas faire de vagues. De se faire oublier tout le temps qu'il serait là-bas, de baisser les yeux et d'attendre. Ca le rendait dingue.
Entre ses 24 et ses 30 ans, il passa une bonne moitié de son temps enfermé ; les peines étaient toujours plutôt courtes, mais il recommençait et y retournait, la durée augmentant toujours un peu à chaque fois parce que, comme disait toujours l'avocat d'en face, il avait l'air d'aimer ça après tout. En fait non, pas du tout. S'il y avait cependant un avantage à sa situation, c'est que chaque passage derrière les barreaux lui apportait davantage de contacts intéressants. Il n'était pas vraiment sociable ou quoi, et pour tout dire il n'en faisait absolument pas exprès, mais la majorité des gens avec lesquels il se liait pour ne pas être seul tout le temps semblaient ravis de pouvoir monter des plans avec lui une fois qu'ils se retrouvaient tous dehors. Trouver un vrai travail lui semblait mille fois plus difficile, et il n'aurait de toute façon pas su par où commencer – c'était l'une des excuses qu'il sortait à chaque fois qu'on le choppait. La vérité, c'est que ça ne l'intéressait pas. Et se faire de la thune illégalement ne l'intéressait pas vraiment non plus, au fond. Le truc, c'était qu'il n'avait jamais reçu assez d'affection et qu'il cherchait dans les actions de bande une sorte d'analogie familiale. Le psy lui avait dit ça, mais Simon lui avait juste ricané à la gueule.
Septembre 2015
Il avait eu trente ans, c'était c'était peut-être à cause de ça, mais son existence avait passablement changé depuis quelques temps. Il avait trouvé une copine sympa, Amber, qu'il n'avait absolument pas mise au courant de la majorité des choses qui composaient sa vie, parce que c'était une fille propre et bien élevée et, bien qu'elle se montrait assez légitimement curieuse à propos de ça, il préférait ne rien dire. Comme si pour la première fois il trouvait ça assez honteux. C'était une étudiante – il allait vendre du shit à la fac quand il était vraiment en dèche de quelque chose de mieux. Il ne l'avait jamais vue avant mais ses copines l'avaient envoyée chez lui pour acheter dix grammes et elle était restée. Elle fumait ses joints à la fenêtre et elle vidait le cendrier tous les soirs. Elle venait pas du même monde.
Ils s'étaient fréquentés pendant huit mois, et puis finalement, à la veille de la rentrée, Simon lui avait dit qu'il serait sûrement mieux qu'ils arrêtent tout. Depuis qu'Amber le connaissait, elle se défonçait h24 et elle devenait de plus en plus chiante. Il se tenait absolument pas pour responsable de ça, mais elle avait perdu ce truc qui faisait qu'elle était pas comme les autres filles peu nombreuses qu'il avait connues avant – un déchet. Il avait tendance à admirer les gens qui ne lui ressemblaient pas. Il lui dit ça et elle avait jeta sa télé par la fenêtre.
La majorité de ses potes étaient à présent soit en prison, soit rangés quelque part dans un bungalow avec leurs enfants tout neufs. Ceux qui restaient avaient beaucoup moins de conviction dans l'arnaque qu’auparavant, et Simon était comme eux. Il n'était plus aussi serein qu'avant, enfin, pas serein, mais en tout cas il commençait à comprendre qu'il n'avait vraiment pas envie de se retrouver encore enfermé quelque part. Il avait fini par trouver du taf sur des chantiers de construction et même si il s'ennuyait, il trouvait ça plutôt tranquille. Personne à part son patron ne l'emmerdait et il rentrait assez crevé le soir pour ne plus angoisser de rien. Ça lui faisait presque oublier le fait qu'Alex était réapparu comme une fleur début septembre, pour lui taxer du fric. Il lui avait dit qu'il avait deux enfants conçus au parloir et un chien, un gros. Lui aussi vivait dans un bungalow, mais à Salem, et il cognait sur sa femme. Simon s'était contenté d’acquiescer en espérant qu'il disparaisse à nouveau, et c'est ce qui s'était passé.
Du 9 au 13 Octobre 2015
Simon ne suivait pas les actualités et ce genre de trucs. La plupart du temps, on y apprenait surtout des mauvaises nouvelles et sa vie lui semblait déjà assez pathétique comme ça pour qu'il essaie d'en rajouter. Les premières attaques se déroulèrent donc sans qu'il en ait connaissance, et ce n'est que le 11 octobre, alors qu'il remettait son casque de chantier après sa pause de milieu de journée qu'un de ses collègues lui appris que sa nièce avait été attaquée par un malade dans la rue. Simon trouva le terme étrange et lui demanda qu'il voulait pas plutôt dire un fou ou un taré, mais son collègue insista. "Il lui a quasiment arraché la peau. Avec ses ongles. Tu te rends compte ?" Simon haussa les épaules. Ca le faisait pas délirer, ce genre d'histoires. "Désolé, mec." "Elle est à l'hôpital." Il continuait, ce con. "Ah ?" "Ouais. Ils pensent que ses blessures se sont infectées, quelque chose comme ça."
Le bruit du marteau piqueur qui reprenait les obligea à s'interrompre, thx god. Le lendemain, heureusement, il ne reparla pas de ça et Simon oublia cette histoire jusqu'au soir où il retrouva Duane, l'un des mecs encore libres avec lesquels il volait des télés et vendrait des prods des années plus tôt. Ils étaient juste censés boire une bière tranquilles mais Duane resta collé à son portable toute la soirée pour suivre Twitter ; internet ça dépassait pas mal Simon, honnêtement. Déjà il voyait pas l'intérêt, et en plus ça l'empêchait de boire sa bière au calme maintenant. Duane arrêtait pas de lui lire des trucs qui parlaient d'attaques à Seattle. Au début Simon répondait pas grand chose, mais très vite les "Oh putain !" que poussaient Duane finirent par lui taper sur le système. "Mais quoi bordel ?! On s'en fout !" "Mec, c'est dingue, y en a qui disent qu'ils se relèvent !" "... Qui ça ?" "Les gens qui ont été tués ces derniers jours." "Oh mais ferme ta gueule..." Duane tirait une tronche beaucoup trop sérieuse et concernée, et Simon avait juste envie de lui retourner son tabouret dans les dents. Il rentra chez lui complètement vénère contre cet abruti et ses théories du complot à deux balles – des types prêts à croire n'importe quoi il en connaissait pas mal, mais là c'était carrément de la stupidité.
Le lendemain matin, au taf, les autres lui apprirent qu'un nouveau virus circulait. Qu'ils en avaient parlé dans le journal. On les renvoya chez eux après la pause déjeuner à cause de ça ; Simon se demanda ce qu'il allait bien pouvoir foutre du reste de sa journée, mais en vérité il n'eut pas vraiment le loisir de se poser longtemps la question puisque les flics qui circulaient, étonnement nombreux, disaient à tout le monde de rentrer chez soi et de ne pas en sortir pour le moment. Super. Il imaginait un truc comme la grippe ou la vache folle, ce genre de délires, et pour tout dire il se sentait absolument pas concerné. Il décida d'aller s'acheter à bouffer avant de rentrer mais l'épicerie en bas de chez lui était en train d'être dévalisée par une queue de personnes angoissées qui allait jusqu'à l'angle de la rue. Il avait déjà constaté un truc comme ça quelques années avant, une soit-disant pénurie de maïs ou un truc de ce genre, et tout le monde s'était rué dans les magasins pour acheter des boîtes et des pop corn sous vide. Au final c'était eux qui avaient fini par la créer la pénurie, les cons.
Du 14 au 18 Octobre
Le lendemain, pas de taf non plus. Ni les jours suivants en fait. Simon espérait franchement qu'il serait quand même payé et en désespoir de cause, il se mis à suivre les infos. Ça sonnait plus important que ce qu'il croyait ; apparemment, le chantier où il bossait se trouvait sur une zone qui avait été placée en quarantaine. Le mot virus tournait en boucle sans pour autant qu'ils détaillent vraiment ce qu'il faisait aux gens. Il cru comprendre que ça rendait agressif et il repensa à la nièce de son collègue qui s'était faite taillader la gueule. Il aurait sûrement du lui demander si elle allait bien.
En sortant chercher des clopes, Simon se fit engueuler par un mec en treillis qui lui ordonna de pas traîner dans la rue. Il resta stupéfait pendant un instant avant d'obtempérer. Des militaires ? Il espéra que ça n'avait pas de rapport avec tout ça, mais quand il retrouva ses potes le soir même chez l'un d'eux, il appris qu'il était loin d'être le seul à les avoir remarqué. Duane racontait qu'ils étaient même dans toute la ville, et que ça prouvait bien qu'ils maîtrisaient rien du tout. Eddie lui balança un carton de pizza suintant d'huile à la gueule et Simon se contenta de rigoler.
Il parait qu'on commence à perdre des potes après vingt-cinq ans. C'est genre, statistique. Dans le cas de Simon c'était tellement obvious qu'il lui arrivait parfois d'en faire des crises de déprime en repensant à tous les types autour desquels il gravitait quelques années avant et qui avaient à présent disparu dans la nature et dans le temps ; seuls restaient réellement ces trois-là, comme le noyau dur du fruit à la saveur discutable qu'ils avaient un jour formé tous ensemble.
Ils dormirent tous là-bas pendant plusieurs jours, en piochant dans les placards de Mike, l'heureux propriétaire des lieux. Pendant ce temps-là des manifestations éclatèrent dans le centre-ville et Simon reçut plusieurs SMS d'Amber. Il ne savait pas si elle lui avait pardonné, mais dans tous les cas elle participait à ces trucs. Le dernier message disait "Je crois que les flics embarquent des gens."
Ils matèrent tous ensemble le discours du président sur CNN. Il se voulait rassurant. Tous les quatre, ils se disaient que de toute façon, ça durerait pas. Parce que ça durait jamais, ce genre de trucs.
Du 19 au 27 Octobre
Les quartiers se retrouvèrent progressivement vidés. Apparemment, on poussait les gens à partir s'installer dans des camps en bordure de la ville. "Comme des putains de réfugiés", ça c'était Eddie qui le disait. Ils faisaient genre, mais ils commençaient tous à tirer la gueule. Ca s'annonçait pas si bien que ça. Peut-être que Duane avait raison, finalement. On se persuade facilement de ce qu'on préfère entendre, on se voile la face et puis d'un coup il est trop tard. C'est Mike qui remarqua l'évidence en premier. "Les mecs... si y a plus personne... On peut bien se servir, non ?"
Evidemment, putain. Simon y avait pensé dès que le mot "évacuation" avait été prononcé pour la première fois, mais il n'avait rien dit. Parce qu'ils étaient plus vieux, maintenant. Ca faisait un paquet de temps qu'ils avaient pas fait ce genre de truc, il se disait que les autres seraient pas chauds, mais la vérité c'est qu'ils n'étaient plus que quatre à ne même pas avoir de famille à eux. Juste quatre à rien foutre, alors quoi, qui ça pouvait bien déranger si tout le monde était parti ?
Ce fut une putain de soirée. Mike trouva un revolver sous le tiroir-caisse d'une épicerie et ils ramassèrent un max de bouffe, après une semaine à manger des pâtes à la con. Pas beaucoup de thune – ça, visiblement, les gens avaient pensé à l'emporter – mais ça n'était pas important. C'était hyperelaxant, après autant de temps à s'angoisser. La fête tourna court quand ils se firent repérer par une escouade de passage ; des balles ricochèrent contre les murs et Simon sentit son estomac se retourner comme s'il allait gerber quand Eddie se mit à hurler ; il s'était pris une balle et l'équipe abandonna l'intégralité de ses prises pour attraper leur pote et s'enfuir par la porte arrière. Ils coururent se réfugier dans un lotissement voisin et Eddie continua à saigner en gémissant pendant qu'ils s'agitaient tous sans savoir quoi faire. Ils engueulèrent Mike – c'était son idée, à la base, mais ça ne servait évidement à rien. Au fil des heures Eddie se mit à délirer. La moquette était détrempée de rouge et Simon ne parvenait tout simplement pas à s'approcher, fixant son pote depuis l'angle opposé de la pièce comme si c'était contagieux. Quelques heures plus tard, Eddie ferma définitivement sa gueule.
Ils pensaient que c'était terminé et Duane proposa à demi-voix qu'ils rejoignent l'un des camps, eux aussi. Y avait plus rien d'autre à faire. Ils commencèrent à rassembler leurs affaires quand Eddie se redressa lentement, ses yeux ouverts fixant le vide devant lui comme un putain de monstre. Les trois hommes restèrent pétrifiés pendant que leur ancien ami se relevait, tanguant comme un putain de drogué. En l'espace de dix secondes Simon eut le temps de passer par 1/ Il est pas mort ? 2/ Mais si, il est mort putain 3/ Mais il se passe quoi bordel ? 4/ MAIS IL SE PASSE QUOI BORDEL ? Et Duane eut le temps de gueuler quelque chose comme "Ils se relèvent je vous l'avais dit !" avant que Eddie, ou ce truc qui ressemblait à Eddie, lui tombe dessus. Son visage se déforma pendant que sa mâchoire se déboîtait dans un craquement immonde pour se planter dans le crâne de Duane, qui se mit à hurler comme jamais Simon avait entendu hurler qui que ce soit. Sans réfléchir, il saisit la lampe à la con qui se trouvait à côté de lui pour se mettre à cogner sur Eddie. Celui-ci émit un rugissement inhumain et Mike arriva alors pour l'aider ; à deux, ils parvinrent à repousser la créature assez longtemps pour réussir à s'enfuir. Duane était étalé sur le sol, la tête à moitié ouverte et sa cervelle coulait lentement sur le sol tandis que son corps était agité de spasmes particulièrement violents ; Simon voulu s'arrêter mais Mike l'attrapa par le bras pour l’entraîner le plus loin possible.
Par la force des choses, ils se retrouvèrent donc dans un camp. De ce qu'on disait, il n'y avait plus rien dans les magasins, et plus aucun média qui ne fonctionne réellement. On les parqua dans des tentes de fortune. Simon essaya d’appeler Amber, mais il semblait ne plus y avoir de réseau – ou alors, tout était saturé. C'était sûrement le cas. Des familles semblaient avoir été séparées dans l'agitation, mais dans l'ensemble le camp paraissait assez sûr. Un peu trop, même. Les militaires avec un fusil d'assaut en bandoulière, il avait jamais trop apprécié. Et au bout de quelques jours, lui et Mike durent bien reconnaître qu'ils s'emmerdaient comme pas possible. Ils n'avaient plus le droit de sortir, et il était impossible de contacter qui que ce soit. Personne ne leur disait réellement ce qui se passait. Alors ouais, okay, un virus, mais ça n'avait aucun sens. Simon avait bien vu Eddie devenir bizarre d'un seul coup, comment est-ce qu'il aurait pu chopper quoi que ce soit alors qu'ils étaient restés tout le temps ensemble ? Ou peut-être que tout le monde portait ce truc-là. L'angoisse gagna peu à peu le pas sur tout le reste, même avec les vaccins qu'on leur fit à l'arrache un après-midi. Il avait pas de preuve, mais il se doutait bien que ça servirait sûrement à rien.
Novembre 2015 / Janvier 2016
Simon avait cru qu'ils pourraient rapidement retourner en ville, rentrer chez eux, retrouver leurs affaires et leurs vies un peu pétées, mais il s'était furieusement trompé. Les jours et les semaines s'écoulèrent sans que rien ne s'améliorent – pire, certaines denrées commencèrent à manquer petit à petit et l'humeur général dégringola. C'était déjà pas super au départ, mais ça devint carrément pitoyable. En plus de ça, l'électricité ne semblait plus vraiment tenir le coup et il commençait à faire putain de froid. Lui et Mike n'avaient rien pu emporter et ils portaient encore quasiment exclusivement les vieilles fringues qu'ils avaient sur eux en arrivant. Il ne se passait plus rien, sauf quand les militaires leurs ordonnaient de les aider à renforcer les enceintes du camp. Ils avaient pris le flingue de Mike quand ils étaient arrivés, et Simon se dit que c'était sûrement pas une mauvaise chose en voyant des mecs qui devenaient complètement fous d'être enfermés là-dedans. Lui, ça lui rappelait des souvenirs, mais au moins ils pouvaient respirer l'air du dehors.
Fevrier / Mai 2016
Début février, le camp fut attaqué. Ce n'était pas la première fois, mais là ce fut du genre fatal. D'après ce qu'ils savaient, même le plus grand camp de la région était tombé quelques semaines auparavant et, si peu de personnes en parlaient (comme si ils étaient superstitieux, les cons) tous avaient l'impression de gratter des heures sup sur leur existence. Simon se réveilla en pleine nuit, alerté par des cris désespérés qui semblaient résonner de partout à la fois. Il donna un coup de pied à Mike et ils se précipitèrent dehors pour constater l'attaque ; des rôdeurs – c'était le terme générique adopté, apparemment, pour désigner ces trucs – étaient parvenus à forcer les palissades du côté Ouest. Et pour ça, ils devaient être vraiment nombreux. Simon n'avait pas envie de s'en rendre compte par lui-même, et ils coururent dans la direction opposée ; s'aventurer dans la campagne le terrorisait, mais pas autant que de rester là.
Suite à ça, ils passèrent deux bonnes semaines dans jamais rester plus d'une demi-journée au même endroit. Ils avançaient au hasard, c'était toujours moins désespérant que de ne rien faire, mais leur moral raclait le plancher. Et quand ils décidèrent de s'installer pour un temps dans une vieille baraque pleine de courants d'airs qui ne devait même pas être habitée avant l'épidémie, ils ne se parlaient plus du tout. Mike partait chercher du bois ou d'autres trucs pendant des heures tandis que Simon restait prostré contre le mur à l'intérieur, les bras autour des genoux et attentif au moindre bruit suspect. Il avait l'impression qu'il n'avait pas dormi depuis deux cent ans et il aurait donné n'importe quoi pour un Coca, ou même un Dr Pepper, peu importe mais quelque chose qui lui aurait rappelé qu'il vivait dans un monde civilisé et pas dans un espèce de remake de film catastrophe de merde.
Ils ne restèrent pas longtemps là, et de toute façon Mike se fit bouffer à son tour. Ils dormaient dehors, c'était le début du printemps et ils n'avaient pas entendu arriver ce rôdeur-là. Mike était un mec cool et Simon lui éclata la tête avant de s'en aller, parce qu'il savait, à présent, que tous les morts se réveillaient sans exception.
Juin / Octobre 2016
Il y avait de plus en plus de morts-vivants dans la campagne. Survivre devenait encore plus compliqué, si c'était possible – et c'était beaucoup dire, parce que le temps était vachement plus clément. Simon ne craignait plus de mourir de froid, mais mourir tout court était toujours aussi problématique. Il murmurait des vieilles chansons de rap qu'il connaissait par cœur pour ne pas péter les plombes et puisqu'elles duraient longtemps, ça lui permettait en général de tenir une bonne partie de la journée. Il avait pris le parti de chasser des bestioles, puisque la grosse majorité des villages qu'il croisait ne recelaient plus grand-chose de comestible de toute façon. La faim l'emportait sur la peur que les animaux soient infectés. C'était sûrement la même chose pour tout le monde.
Il passa l’été 2016 à voyager seul de bled en bled, observant réellement pour la première fois le comportement des rôdeurs. Il constata avec une certaine satisfaction qu'ils étaient cons comme des pelles, mais ça n'en diminuait pas le danger pour autant. Il se sentait faible et désemparé, mais il n'avait jamais été spécialement courageux et se suicider comme tant d'autres l'avaient déjà fait pour échapper à cette situation lui semblait tout bonnement hors de propos. Il n'avait pas vraiment reçu d'éducation religieuse, mais il lui semblait que c'était mal. Et que dans tous les cas, c qui l'attendrait après serait de toute façon encore pire.
Plusieurs fois il rencontra d'autres rescapés qui se vantaient de défoncer du rôdeur dès qu'ils en avaient l'occasion, mais Simon trouvait cela parfaitement stupide ; tous les tuer semblait impossible. Ils étaient trop nombreux. C'est ce qu'il constata alors que l'automne approchait et qu'il vit des hordes immenses avancer dans la campagne. Est-ce que c'était ceux des villes qui migraient ? Et ils migraient où ? Est-ce qu'ils pouvaient sentir l'odeur des survivants ou quelque chose du genre ?
Lui, il déprimait. Et il sentait que si il restait tout seul il allait pas tardait à y passer aussi. Quand il traînait encore avec Mike, celui-ci fantasmait régulièrement sur un remède miracle qui pourrait tous les guérir ; ils passaient alors des heures à faire la liste de tous les trucs qu'ils feraient à ce moment là – aller acheter de la bière, bouffer des frites chez Wendy's et baiser faisant nécessairement partie du top du tableau. C'était comme des fausses promesses, mais ils faisaient semblant d'y croire, et maintenant qu'il n'avait plus personne avec qui entretenir des faux plans, Simon se renfermait de jour en jour.
Novembre 2016 / Avril 2017
De fait, s'il survécu à nouveau à l'hiver, ce fut uniquement parce qu'il rencontra une famille qui voulu bien l'accueillir Lee Daniels, sa femme Nancy et leur fille de douze ans, Jane. Ils retournaient vers Seattle et lui apprirent que les villes étaient redevenues plus sûres ; Simon n'y croyait pas une seconde, mais il avait terriblement besoin de se reposer sur d'autres gens pendant un moment. Heureusement pour lui, il savait se rendre utile et il n'eut pas trop besoin de tergiverser pour réussir à s'incruster – mais le fait qu'il possède une lance artisanale joua sûrement aussi pas mal dans le jugement. De fait, il sauva la gamine à peine quelques jours plus tard, alors qu'ils venaient d'entrer dans les limites de la ville ; le petit groupe était entré dans une maison à l'abandon pour se reposer un peu, et un rôdeur qu'ils n'avaient pas entendu était sorti comme une balle de la salle de bain pour sauter sur Jane. Simon le défonça littéralement, lui transperçant le crâne avant de le lui éclater à coups de bottes, inondant le couloir de sang noir et d'autres liquides innommables. C'était la première fois qu'il faisait ça. Enfin, la première fois depuis qu'il avait éclaté la tête de Mike. Il resta mutique pendant deux jours après ça, incapable aussi de manger – ce qui, honnêtement était toujours arrangeant pour les autres. Tout sa vie avait été assez absurde, mais tout ça, c'était pire encore.
Il vécut un bon moment avec eux, jusqu'à la fin du printemps suivant. Leur organisation était rodée ; ils changeaient de lieu d'habitation environ tous les mois, Simon se chargeant généralement du repérage pour trouver un nouveau quartier résidentiel calme. Ceux-ci avaient déjà tous été pillés peu après le départ des habitants, et les rôdeurs y étaient moins nombreux depuis plusieurs mois. Ils avaient connu des moments plutôt heureux, contrairement à ce qu'on aurait pu croire. Des moments de détente, brefs mais appréciables, pendant lesquels Simon oubliait vaguement où ils se trouvaient. Il avait fini par s'attacher à eux ; sans lui, ils seraient sans doute déjà morts plusieurs fois, et l'inverse était tout aussi vrai, mais ensemble ils formaient une équipe assez solide. Ils n'avaient été emmerdés qu'une poignée de fois par quelques petits groupes de voyageurs, qui à chaque fois leur avaient volé l'intégralité de leurs réserves, les laissant mentalement assommés pendant de longues heures avant que la motivation de continuer à chercher de quoi survivre ne revienne. Mais elle revenait.
Ce fut Nancy qui mourut la première, au début du mois d'Avril, à cause d'une blessure infectée qu'ils n'étaient pas parvenus à soigner. Simon vit le monde de Jane s'écrouler pour de bon sous ses yeux en se demandant pourquoi lui-même avaient été incapable de ressentir quoi que ce soit quand sa propre génitrice avait claqué. Se soustrayant aux cris de désespoirs qui résonnaient dans la maison qui leur servait de planque, il se chargea de couper la tête de Nancy et d'aller jeter son corps dans le fleuve.
Quand il revint ce soir-là, les deux autres étaient morts. Lee avait égorgé sa fille avant de se trancher les veines. Simon resta longuement interdit, fixant les corps ensanglantés allongés dans le salon. Il avait envie de tout détruire, mais il se contenta de pleurer silencieusement en ramassant ce qu'il restait de leurs provisions, et quitta le quartier avant qu'ils ne se réveillent. Il ne savait plus quoi faire.
Mai 2017 / Août 2017
Deux jours après sa découverte sordide, Simon tomba sur un autre groupe. Ou plutôt, c'est un autre groupe qui lui tomba littéralement dessus. Il fouillait les bureaux d'un ancien garage, plus par ennui que dans le réel espoir de trouver quelque chose, et un type débarqua de nulle part pour lui braquer une arme sur la tête. Il y avait peu de chances qu'elle soit chargée, mais Simon paniqua instantanément. Il supplia le type de ne pas tirer, et en retour l'autre lui ordonna d'étaler sur le sol la totalité de ses affaires. C'était humiliant, mais ça n'avait plus rien de surprenant. Simon s'exécuta lentement et la team du type commença à arriver derrière lui. S'ensuivit un débat entre eux pour savoir ce qu'ils devaient faire de lui – il ne possédait rien de très intéressant, rien en tout cas qui ne mérite qu'il se batte pour. Il se sentait tellement désespéré qu'il leur aurait même filé sa chemise. Au lieu de ça et contre toute attente, le groupe fini par lui proposer de les rejoindre ; trop heureux de ne pas se retrouver à nouveau seul Simon accepta aussitôt, et ce n'est que lorsqu'ils rejoignirent le reste du groupe dans un autre bâtiment, un peu plus loin, que son enthousiasme retomba d'un seul coup.
Là, au milieu de la foule. Il l'avait oublié, mais il ne pouvait pas ne pas le reconnaître. Harvey. Il était beaucoup plus vieux que dans son souvenir – il devait avoir, quoi, un peu plus de soixante ans maintenant ? Il en faisait davantage encore à cause de la vie qu'ils menaient, certainement, mais Simon était certain que c'était lui. Il était plus vieux, mais il avait encore ses grosses mains comme des pelles et sa carrure impressionnante. Moins, quand même, parce que Simon aussi avait grandit.
Harvey ne sembla pas le reconnaître, lui.
Le groupe accueillit Simon et ils lui filèrent même à bouffer. Le soir, on le laissa dormir avec eux. Le matin, il se leva à l'aube pour suivre Harvey qui sortait pisser dehors à cause de sa vessie de vieux connard, et il lui défonça la gueule. Il lui sauta dessus, repoussant le vieil homme qui s'écrasa sur le dos contre le goudron dans un bruit mat et qui se mit à gargouiller salement sous chacun des coups de poings que Simon lui planta dans la tête en pleurant de rage et en l'insultant de tous les noms possibles. Il fini par lui cracher dessus, lui disant quelque chose comme quoi c'était de sa part et de celle de son frère, et même si le vieux était encore vivant il ne fut jamais certain qu'il l'ait bien entendu. Et il s'en foutait, il n'avait plus rien à foutre là.
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Re: Whateva
Lun 6 Nov 2017 - 5:46
C'est bien beau tout ça ! Bienvenue par ici et bonne route vers la validation :p
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Re: Whateva
Lun 6 Nov 2017 - 7:56
Ouh le bon choix de vava que voilà ** bienvenue et bonne rédaction ... même si ça a l'air plutôt terminé
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Re: Whateva
Lun 6 Nov 2017 - 8:30
Bienvenuuuue ! Bonne fin de rédaction (si ce n'est pas fini effectivement) et à très vite probablement =P
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