Jason était déjà en train d'allonger le pas pour arriver plus vite à destination. Il repérait machinalement l'emplacement des rôdeurs, tâchait d'évaluer leur nombre. C'était un avantage lorsqu'on était éleveur de bétail, on apprenait à compter vite et efficacement. Sauf que dans le cas présent, il s'agissait bien sûr d'évaluer le nombre d'ennemis et non pas de vérifier que toutes les têtes de bétail étaient là. Ela rejoignit bientôt les deux frères, et le plus jeune se retint de lui dire qu'ils allaient sans doute au devant de quelque chose de sale. De très sale. Non pas qu'il mette en doute les capacités de la femme, mais il savait que Merl et lui étaient de vrais bourrins. En revanche, sa remarque sur la douche lui fit naître un sourire jusqu'aux oreilles.

« Ah, désolé, j'ai plus rien à pisser...

Le blond se mit à rire tout seul d'une façon un peu grasse, trop content de pouvoir encore une fois s'amuser de sa profanation de cadavre passée. En réalité, il ne lui serait jamais venu en tête de faire une telle chose à quelqu'un. En tout cas, pas à quelqu'un qui ne l'avait pas mérité. Même vivant. Il ne l'aurait pas fait à Ela, elle pouvait se tranquilliser. S'essuyant les yeux d'un revers de main, il lui adressa un étrange sourire d'excuse pour lui faire comprendre qu'il n'était pas sérieux en sortant une plaisanterie aussi grossière. Et il tâcha d'embrayer sur quelque chose qui allait les préoccuper dans l'immédiat.

- En vrai, chui pas sûr que ces crevures de bouffeurs laissent grand-chose derrière eux, alors... Si tu veux une douche va d'abord falloir les défoncer. »

Il fit quelques pas en avant pour cueillir le premier rôdeur qu'ils croisaient d'aussi près. Sa machette siffla en fendant l'air avant de s'enfoncer dans le crâne du monstre comme une hache de bûcheron dans du bois tendre. Du pied, il repoussa sa victime pour dégager sa lame. Et d'un. Une poussière dans une telle marée, mais un début pour son petit décompte personnel. La fête ne faisait que commencer.

Spoiler:

Un dernier regard vers la brune qui maudissait. Par principe, je n’aimais pas trop entendre les gens parler de Dieu en des termes aussi péjoratifs alors je ne pus m’empêcher de glisser un mot.

- Dieu n’a rien à voir là-dedans, tu sais ?

C’était la dernière chose que j’avais sortie en sortant du véhicule. J’étais sans doute un peu surpris d’entendre une espèce de juron sortir de la bouche d’Ela, mais en soi ce n’était pas vraiment une situation normale alors je pouvais bien comprendre que ça n’allait pas. Bon pour Jason et moi c’était sans doute plutôt le paradis, mais ça, elle n’avait pas vraiment besoin de le savoir. On était parti à grande enjambée, mais pour le coup, je n’avais pas vraiment prévu de voir Ela nous rejoindre justement, on était des bourrins de basse pas toujours très futé et pourtant…

Son commentaire concernant sa volonté de prendre une douche était marrant, et sans doute pas étonnant connaissant un peu la femme dont il était question, mais dans le fond. J’allais lui répondre de se concentrer sur l’idée alors que j’entendais la remarque de mon frère. Putain, il était vraiment con par moment. Je lui lançais un regard noir l’air de dire : "C’est bon on a compris que tu as pissé sur Uriel…" Bon, c’était vrai, je trouvais ça drôle, mais le rappelait en soulignant ça en parlant d’Ela, ce n’était pas cool.

- Jason, tu es est mon frère et je t’aime. Mais quand j’y pense, tu es de loin le mec le plus con de la création.

Après cette remarque très pertinente en direction de mon frère, je me tournais vers Ela pour lui dire au contraire de garder le focus et de rester forte. Ce n’était pas si horrible que ça. Enfin, elle allait le faire et si besoin je serais là pour lui assurer ses arrières. Je n’hésiterais pas une seconde.

- Garde cette idée en tête et fait en ta force. Tu l’auras ta douche.

Pas le temps de papoter plus longtemps, il fallait frapper à présent, les connards étaient devant nous prêt à nous bouffer. Je sortais mon couteau prêt à frapper et pour le coup, j’étais vraiment dégouté de ne pas avoir une hache ou une batte de baseball ça aurait rendu le truc tellement plus fun.

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Résumé:

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Le garde qui accompagnait la petite équipe était parti vers le nord, donnant à un civil la mission de ramener Stanley et ses deux amies vers le dispensaire. Ils étaient secoués et ne demandaient qu’une seule chose : pouvoir enfin se poser ! Mais hélas, à peine le type avait-il réussi à récupérer un véhicule que l’écho des rafales de balles, en série, leur parvint. Ça chauffait au nord. Accoudé à la portière, alors qu’il pensait se glisser sur la banquette arrière, Stan s’immobilisa. Son esprit capta les tirs et son regard se posa sur Casey. Puis Evelyn et le civil. Il ne le sentait pas. Après ce qu’ils venaient de vivre, il ne le sentait même pas DU TOUT. Une vague d’adrénaline lui redonna quelques forces.

- Faut lancer le code rouge, dit-il d’une voix ferme. Le terme était familier pour tous. Car si tous les membres du camp ne savaient pas se défendre, un code avait été mis en place pour forcer les habitants de l’île au confinement. Rien ne disait à Stanley qu’une marée de morts s’apprêtait à déferler ici… mais trop de dangers s’enchainaient. Depuis deux ans, son job était de protéger ces gens, c'était ce qu'il ferait ! Montez !

Ils embarquèrent dans la voiture, et défilèrent dans les rues avec pour scander « code rouge, barricadez-vous ! » autant qu’ils le pouvaient. La première vague de panique se fit là, les cris. Certaines personnes ne savaient plus où aller, d’autres les attrapaient pour les emmener à l’abri dans leurs maisons. Celles qui tenaient encore debout, espérons… Le groupe aperçut ainsi Maddison qui faisait du porte à porte comme Czareck avec Paige. Elles n’étaient pas loin de chez les Russo. Stan leur ordonna de s’y réfugier.

- Evy, ton arme, dit-il sans patience à la blonde qui était assise à l’avant du véhicule. Il donna l’arme à feu à Maddie. Donne-la à Serena, elle sait s’en servir ! Allez ! La sœur de Paige était une de ses élèves. Il avait confiance en elle. Le jeune homme posa une seconde ses yeux vers sa copine. Elle pouvait les suivre si elle le voulait, elle pouvait se mettre en sécurité aussi.
- N’y pense même pas, lui dit-elle, et la voiture redémarra.

Ils laissèrent Evelyn devant chez Swann et continuèrent à tourner ainsi dans les rues, quand soudain, au détour d’un virage, les premiers macchabées surgirent. Le chauffeur pesta et fit demi-tour comme il le pouvait. Où aller ? Stanley trancha.

- Chambers ! Car si la plupart des survivants de l’île n’en avaient rien à faire du sénateur, ce n’était pas le cas du militaire. Il était un bon toutou des forces de sécurité. L’homme était pour lui trop important dans le groupe pour qu’il prenne le risque de le perdre. Il était indispensable à l’unité.

Ainsi quand près de trente minutes plus tard, les expéditions revinrent pour continuer le ménage dans les rues de Fort Ward – où tous les habitants n’avaient pas tout à fait compris le principe du confinement ! – Stanley, Casey et leur civil s’étaient abrités dans la maison des Chambers et s’étaient barricadés avec eux…

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L’objectif était très simple, taper… Même les connards semblaient toujours aussi nombreux et infatigables, j’étais prêt à me tuer à la tâche, à continuer inlassablement, de toute façon ma vie n’avait pas beaucoup d’autres objectifs que celui de me rendre utile comme je pouvais et là dans ce cas présent c’était de sauver le cul d’Ela et éventuellement Jason au besoin. Alors qu’on avançait doucement en direction du centre du camp une marée de connard sur notre sillage, je réalisais qu’il y avait un truc qu’on n’avait pas pris en compte, l’avenir de Kirkwood. J’inspirais profondément avant de passer le mot à mon frère sachant que je me ferais défoncer s’il était arrivé un truc à mon chien.

- Mec, on a oublié Kirkwood.

Ce fut à ce moment précis qu’on prenait la direction de la maison, il nous fallut tout de même plusieurs minutes avant de nous rendre dans le bâtiment qui nous avait abrités jusqu’ à présent. Mon cœur cessa de battre quand je remarquais que la porte était restée ouverte… Je déglutis difficilement en rentrant dans la bâtisse et le spectacle que je vis à cet instant me donna des envies de meurtre. Mon compagnon n’était plus. Je l’avais épargné d’une mort certaine et son sursis venait de toucher à sa fin…

Je me jetais sur les morts présents dans la maison sans chercher plus longtemps. Tuant les deux créatures avec rage dans un hurlement barbare qui ne me correspondait sans doute pas vraiment. Je laissais mon chapeau sur un meuble de la cuisine, il était évident qu’il allait finir dans un sale état si je passais en mode vengeance. Une fois cela fait, je fis demi-tour. Les yeux rougis et le cœur battant, j’en avais d’autres à buter et on n’allait pas m’arrêter maintenant. Même si j’y laissais ma peau je n’en avais rien à foutre.

- Je ne m’arrêterais pas tant qu’il y en a encore un en vie.

Après avoir averti mon frère, je repartis à la chasse, couteau lever, mort dans l’âme. Tout ça ne faisait que commencer. Je remarquais un attroupement dans la rue devant nous. Ce qui était certaine mon prochain but. J’oubliais le reste et sprinter en direction de ce tas. J’étais sans doute prêt à mourir dans la manœuvre, mais ça, c’était un détail non ? Je tuais un premier puis un second connard. J’avais du sang sur la gueule, sur les fringues, je ne ressemblais plus à rien, mais ça non plus n'avait pas d'importance... Finalement, je compris pourquoi l’attroupement, Clayton était l’appât et sa gamine avec lui aussi.

Je n’eus pas la force de lui dire quoique ce soit, car ma voix aurait sans doute eu l’air d’un monstre tout droit sorti de l’enfer. Je me contentais de taper tout ce qui s’approchait, après tout, il devait y avoir toujours Ela et Jason pas loin, ils avaient qu’à s’occuper de parler pour moi.

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