Paniquer, c'est tout ce qu'elle pouvait faire en entendant les chamboulements alentours, pourtant les timbres au dessus d'elle lui permettaient de reprendre son souffle entre deux halètements de frayeur. Persuadée de mourir, la gamine semblait verser ses dernière larmes et voilà que son prénom retentissait pour répondre au dernier arrivé. Un faible sourire, maquillé par la douleur, étira ses lèvres tout comme il la fit grimacer. Elle ne s'en sortirait pas, elle se sentait partir, molle et sans plus de force, le manque d'oxygène aurait raison d'elle avant qu'eux, qui s'activaient à la tirer de là, n'aient réussi à la ramener en surface. Mais Swann lui quémanda de parler encore. Difficile quand on savait que la tôle et les gravats lui compressaient la poitrine, dur quand elle songeait à l'air qui se raréfiait dans ses poumons, mais elle devait lui répondre. N'importe quoi, même des conneries, n'importe quoi ferait l'affaire, alors la blondinette ouvrit la bouche en fermant fiévreusement les paupières.

- T'es... venu m'chercher et..... Un second timbre la coupa dans sa lancée, l'invita à rosir et à angoisser plus encore. La question était terrible, ce n'était pas le moment, le sang lui montait à la tête et, rien qu'imaginer la réaction de Swann assécha sa bouche malgré les mots qui s'y accumulaient sans qu'elle n'en ait le moindre contrôle. Je... j'suis...... Je l'aime....

C'était sortit, avec douleur, mais sortit du cœur comme si elle savait que jamais elle ne verrait son regard face à l’aveu... Puis là, comme pour la punir, la souffrance fit brûler son corps dès lors que le poids contre sa silhouette se fit plus lourd encore. Un cri de douleur fit vibrer sa gorge et le reste de son corps. Un autre éboulement, le renforcement du piège duquel elle ne sortirait pas et déjà elle entendait l'étudiant jurer à l'en faire rouvrir grand les yeux à l'idée qu'il puisse s'être blessé, que tout comme elle il puisse être désormais prisonnier. Les larmes redoublèrent, se mêlant au sang versé et bien que prononcer son prénom, pour s'assurer de son état, fut plus séduisant qu'autre chose, plus fort que la mort qui approchait, Evy ne put qu'écouter l'homme auprès de lui qui quémandait, à Blackmore et Takeo, de la faire parler encore et encore le temps de trouver d'autres personnes. Collins devait donner de la voix, leur indiquer où elle se trouvait sous le monticule, pourtant rien ne lui venait et ce ne fut que lorsqu'elle entendit Lucas tonner, que son cœur battit de nouveau plus vite. Il allait le tuer, il allait démembrer Swann alors qu'il n'y était pour rien, non... Non !

- LUCAS !!!!! Hurla-t-elle aussi fort que son corps se tendit sous une nouvelle vague de souffrance. s'il te plaît..... Sanglota-t-elle de plus belle. Swann était important pour elle, Richardson tout autant, inutile qu'ils se battent, davantage encore que Blackmore n'y pouvait rien. C'est ma faute Lucas..... j'suis.... Grimaçante, elle reprit une pesante inspiration. Désolée...... Swann je suis désolée....

Puis là, ses yeux papillonnèrent, son corps n'était plus qu'un bout de chiffon inutile, elle entendait leurs voix mais ne parvenait qu'à balbutier pour répondre. Elle lui avait dit, elle s'était excusée, c'était presque fini...

Spoiler:

Spoiler:

Pas le temps de traîner, dehors la mélodie des gémissements finissait de l'achever. Certes ceux qu'elle ne pouvait guère encadrer chialaient pour une bonne raison cette fois mais elle se fichait de ça, n'avait plus d'importance que le reste, tout comme il était primordiale d'éviter les pertes humaines lorsqu'on savait en quoi se changeaient les morts. Pour cela, s'il fallait aider des cons inutiles, histoire d'épargner ceux dont l'importance lui pétait aux yeux, Joann le ferait sans rechigner une seconde.  Au pas de course, elle emboîta le pas de Lucas et termina par apercevoir Jason non loin et se retourna rapidement vers Merl.

- Ton frangin Rogers ! Gueula-t-elle assez fort pour qu'il continue.

Sans elle car, en jetant- un regard vers le côté, son cœur loupa un battement en voyant Richardson empoigner méchamment Blackmore. D'une part elle était soulagée, Swann n'avait rien mais d'une autre, voir une de ses connaissances en agripper une autre, alors que c'était la mouise internationale, fit grimper le sang à vive allure dans ses veines.

- Lâche le bordel !!! Siffla-t-elle, malgré tout les hurlements sous les gravats, autour desquels s'activaient Donnie, d'autres militaires ainsi que le Bridé, terminèrent de faire lâcher prise au trentenaire qu'elle ne se serait guère privée de cogner s'il avait baissé sa main levée sur l'étudiant. Tu vas bien.... Sourit-elle rapidement au jeune homme avant de l'informer de l'essentiel, la question n'avait guère besoin de quitter ses lèvres, il était déjà pâle comme un linge. Stan et Casey... tout va bien... Tu,

C'est l'instant que l'asperge – lui servant de frangine – trouva pour ramener sa poire, elle allait bien... cool, c'est tout ce que ça lui inspira avant qu'elle jette un œil aux débris près desquels on s'activait. Non, il y avait déjà un monde fou autour de la « tombe » de.... Evelyn d'après ce qu'elle entendit, aussi Cain tourna les talons pour tenter de se rendre utile ailleurs avant que Shigeru trouve judicieux de l'interpeller.

- Tu crois qu'je le vois pas gros con ?!!! Cingla-t-elle immédiatement. Y'a des blessés partout, quant à tes saloperies sur le compte de mes potes tu peux te les foutre profondément dans l'c.... L'appel de Jason et Merl, dans sa direction, la poussa à ravaler ses mots puis à quitter les lieux pour rejoindre les deux frères. Tu vas bien ? Jason ne tarda pas à répondre et, bientôt, elle jeta un regard vers les résidences fumantes un peu plus loin. Faut aller voir là bas, aider un max de gens éviter les morts, si y a des morts on sera encore plus dans la merde.

Spoiler:

Jason était en train d'errer dans le camp à la recherche de son frère, presque indifférent à tout le reste. Comme souvent il fallait faire un ordre dans les priorités, et la sienne était clairement définie. Son aîné l'avait bien dit, c'était eux deux contre le monde. Autant dire qu'en situation de crise, la priorité absolue du blond était de sauver ses fesses et celles de son frangin. Le reste passait ensuite. L'idée que quelque chose de sérieux ou de grave ait pu arriver à Merl ne lui effleurait même pas l'esprit. Il ne voulait pas y penser, simplement le retrouver. Tenant toujours le chien dans ses bras et sans même prêter attention au fait que sa vilaine coupure à la main saignait toujours pas mal et tachait le poil de l'animal, il vit bientôt son aîné qui s'approchait de lui. Lorsqu'ils ne furent plus qu'à quelques mètres l'un de l'autre, le jeune homme remarqua le sang qui tachait et encroûtait la chemise de son frère. Ce qui le fit voir rouge, dans tous les sens du terme.

« Mais qu'est-ce que t'as foutu ? C'est quoi tout ce sang ? T'as quoi au bras ?

Peu importait le fait que lui-même arbore une blessure. Le tissu imbibé du sang de son frère le mettait dans tous ses états. Naturellement, cet idiot n'avait pas pensé à se faire soigner. Les médecins du camp devaient avoir du pain sur la planche, mais il était hors de question de le laisser saigner comme un goret. Alors que Merl lui disait de se ramener pour aider les autres, il pointa sur lui un regard accusateur.

- Oh, tu vas me faire soigner ton bras là ! T'espères faire quoi là ? Te vider de ton sang ?

Quelques gouttes de sang coulèrent de sa main qu'il pointait vers son aîné, mais peu importait. Les sourcils froncés, Jason vrillait sur lui un regard noir qui ne souffrait aucune réplique. Il n'en avait strictement rien à faire que des types qu'il avait croisés une fois finissent sous des décombres si le bien-être de son frère était en jeu. L'arrivée de Joann tempéra vaguement les choses. Le blond était au moins heureux de voir son amante en bonne santé apparente. À contrecoeur, il observa la direction qu'elle pointait, et les décombres dont il allait falloir sortir de potentiels survivants... ou achever des rôdeurs.

- Ouais, c'est clair que les bouffeurs risquent pas de nous faciliter la tâche. »

Une fois de plus, Jason en profita pour cribler Merl d'un regard intense. Hors de question qu'il joue au con et qu'il se défile. Au premier médecin qui se pointerait, il avait la ferme intention de lui envoyer son frère pour qu'on le soigne comme il se devait. Dans tous les cas, il leur fallait se mettre à contribution pour l'effort collectif, et ils prirent donc la direction indiquée par Joann.

Spoiler:

Ce qui devait arriver arriva, il s’en prenait à moi à cause de mon bras. Ce n’était rien, il fallait se calmer un peu, juste un peu de sang. Ce n’était pas la première fois que j’en perdais et une partie de moi me disait qu’il ne s’agirait pas non plus de la dernière.

- Nan, mais ce n’est rien là, c’est bon. Tu sais quoi ? File-moi ton couteau.

Jason me regardait alors comme si je venais de dire la plus grosse connerie de toute ma vie et pourtant il était bien placé pour savoir que j’avais déjà dit des choses bien pires. Son regard me faisait bien comprendre qu’il était prêt à m’en coller une au passage, mais ce n’était pas pour autant que j’allais me démontait pour autant. Je lui tendais ma main droite attendant qu’il se décide et n’ajoutant tout de même pas la même occasion.

- C’est bon, je ne fais pas le con avec t’en fais pas…

Sans plus de forme de procès, je plantais la lame dans la manche de ma chemise en prenant bien soin de ne pas m’entailler le bras au passage parce que c’était la meilleure façon d’avoir un Jason encore plus en colère sur le dos dans les minutes qui suivait. Une fois le trou fait dans la manche, je rendais l’arme à mon frère avant de tirer d’un grand coup sur la manche qui se déchira sans plus de forme de procès. Sur le coup, une grimace se dessinait sur mon visage, il aurait été difficile d’en faire autrement étant donné que la manche s’était collée à la blessure. On pouvait alors voir une entaille assez nette au niveau du bras qui devait faire une dizaine de centimètres de large. Ce n’était pas grand-chose, mais assez pour saigner.

- Regarde, tu vois ce n’est rien. Maintenant, file le chien, attache-moi la manche au bras et on peut repartir.

Pas la peine de faire un foin pour une putain d’entaille. C’était juste une blessure qui avait sans doute besoin d’un point de suture ou deux, mais ce n’était pas si profond que ça. Il fallait aider les gens, sauver ce qui pouvait être encore sauvé, et voir même tuer ce qui devait être tué.

- En soit, s’ils sont morts et bloqués sous les décombres, ils ne risquent pas trop de nous bouffer, ce n’est pas vraiment un problème.

Un sourire débile apparut sur mon visage, j’étais content, j’étais bêtement content même. Je n’allais pas me priver de m’assurer que les morts étaient vraiment mortes, ce n’était pas vraiment mon problème en fait. Tout ce qui comptait à l’instant présent c’était l’état de mon frère et ce dernier allait bien, j’allais bien, qu’est-ce que je pouvais demander de plus ? Rien…

Spoiler:

Résumé: