La tension n'avait fait que monter au fur et à mesure de la conversation. Et si Aaron se foutait délibérément de sa gueule, Elias n'en démordait et campait bel et bien sur ses positions. Ce n'était pas par manque d'empathie que le blond semblait se foutre de ses envies, mais bien parce qu'il voyait plutôt un aspect pratique aux choses, et ne doutait pas que son interlocuteur changerait bien de discours un jour ou l'autre.

Mais ils en étaient pas encore là, et la suite ne fut que de nombreuses piques, qui n'avaient que pour seul but de le faire craquer. Ca avait presque marché, pendant une demi-seconde, il avait failli perdre le contrôle -son poing se serrant d'ailleurs, en réponse aux aboiements de Happy, alors qu'un rictus mauvais se dessinait sur ses lèvres- et le frapper si fort... Jusqu'à lui passer l'envie de la ramener encore en lui plantant sa machette ou ça faisait bien mal... Sauf que la demi-seconde qui avait suivi suffit à le raisonner, pas seulement parce que sa précieuse machette était restée à la maison. Mais aussi parce que c'était précisément ce que cet homme recherchait, et il était hors de question de le lui donner.l

Il fanfaronnait toujours autant, certain que dehors il ne tiendrait pas deux jours, et qu'il lui devait le respect. Aaron ricana en s'amusant de la passion avec laquelle il s'évertuait à essayer de le déstabiliser. " Excuse moi Mr Super Survivant, je ne savais définitivement pas à qui j'avais affaire ! " le nargua-t-il en haussant les épaules avec un sourire béat. " Il a bon dos le respect ! Mais tu te foutrais pas un peu de ma gueule par hasard ? " demanda-t-il avec le plus grand des sérieux, alors qu'il marquait un premier pas dans sa direction. " Tu crois peut-être que je suis tombé du ciel du jour au lendemain et que j'ai été préservé jusqu'ici ? Ça m'étonne pas que tu aies fini par te faire avoir comme un bleu de toute façon ... A te croire si invincible, il était temps que tu redescendes de ton piédestal... "

De son regard perçant, il le défiait de marquer le second pas, qui n'annoncerait qu'une suite de mauvais évènements, le coursier finit par cracher un joli molard, juste à côté de celui de son vis-à-vis. " Mais c'est rien, moi je juge pas les gens ! Et puisque t'as de toute façon rien de mieux à foutre... " il le gratifia alors d'une grande tape à l'épaule, avant de lui faire signe de le suivre. " Allez ramène toi ! "

Le temps de quitter les baraquements, et d'expliquer aux soldats présents ce qu'ils partaient faire, et bientôt, ils avaient rejoint l'une des places fortes du camp. " Bon, il se passe souvent quelque chose ici ... Alors reste bien attentif, il y a quelques personnes qui en assurent la sécurité dans le coin, sinon les civils vivent ici, il y a quelques bars enfin... Dans la limite des stocks disponibles... " pesta-t-il, regrettant les inconvénients de la vie sur une île. " A un moment ou à un autre, il faudra que tu fasses une demande pour un logement... " il lui indiqua le bâtiment, d'un geste du bras. " La sortie principale du fort est par là, mais bon, j'éviterais de m'y aventurer si ... " mais il semblait déjà avoir perdu l'attention de son oratoire. " Ça va, je te fais pas trop chier !? "