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You can't have peace any longer than your neighbor pleases.
Mer 31 Jan 2018 - 19:10
31 ans ≡ Américain ≡ Magicien ≡ Travelers
- « Monsieur Espinosa-Navajas, savez-vous pourquoi vous êtes ici ?
- Cela dépend, ce n'est pas tellement comme ça que je voyais un speed-dating. Pas que je sois déçu de me retrouver face à vous, bien évidemment, je trouve simplement le cadre un peu… sévère pour s'adonner à un exercice si plaisant. »
La survivante en charge de l'interrogatoire poussa un long soupir. Les petits rigolos dans son genre, elle en voyait tous les jours, et chacun se croyait unique. Ce Seth Espinosa-Navajas avait beau avoir atteint un âge record pour ce genre, il n'en restait pas moins banal. Elle voyait parfaitement son type de caractère et, si elle se laissait prendre au jeu, pouvait même réussir à prévoir ses paroles.
Même en ayant trente-et-un ans au compteur, il se comportait encore comme un petit jeune. Tête brûlée, grande bouche, joueur, rebelle… Elle était plus que surprise de le voir encore en vie à cette époque. Elle avait sa propre théorie à ce sujet. Comme il avait déjà pu le prouver à maintes reprises, l'homme, en plus d'être sympathique, était astucieux. Il n'avait pas toujours recours à l'aide d'amis aux bons endroits : il savait user des cartes qu'il avait dans les mains de la meilleure façon qu'il soit. La maîtrise du langage et la répartie dont il faisait preuve avaient pu amadouer ou perdre ses prédécesseurs ; pas elle. Cet Espinosa-Navajas ne sortirait pas de cette salle d'interrogatoire improvisée sans avoir craché le morceau.
- « Si vous répondez rapidement à mes questions, ça en aura tout l'air.
- Si je réponds rapidement en mentant pendant que vous fixez l'horloge en soupirant, là, ça en aura tout l'air. Vous n'êtes pas une initiée. Mais c'est bien normal, pour une femme mariée… Vous l'avez rencontré dans la police ? Paul m'a confié que vous étiez également dans la police. Un brave homme, ce Paul. Délicieuses anecdotes lorsqu'il ne laisse pas la moutarde lui monter au nez.
- Va-t-il falloir que je revienne sur la définition de « rapidement » ? »
L'homme haussa les épaules, son sourire amusé toujours bien en place. Il se laissa aller contre le dossier de sa chaise et, en grand seigneur, fit un geste de la main lui indiquant de continuer. Face à ses yeux noirs, elle se surpris à penser qu'elle n'aurait pas été mécontente de le croiser lors d'une autre occasion. On avait envie de croire en lui. Quelque chose dans son allure rassurait, il y avait une certaine douceur dans son regard, une invitation caressante à s'en remettre à lui, pour que tout aille bien. Il exsudait la confiance en soi, la tranquille assurance que procure la totale confiance en ses capacités. Certains pouvaient le voir comme de l'arrogance. Sa manière presque trop aimable de répondre pouvait également être prise pour du sarcasme. Le mélange donnait, dans le premier cas, un individu charmant, inspirant confiance malgré son air de filou. Dans le second cas… sa simple présence provoquait une réaction épidermique contre lui. La moitié de la population l'adulait, la seconde le trouvait horripilant et détestable.
Elle n'avait pas encore pris parti. Pour l'instant.
Pour le moment, il était calme. Les récits qu'on lui en avait fait indiquaient qu'il s'animait très rapidement. Son arme, c'était sa bouche. Le laisser mener la discussion équivalait à perdre la manche. Sacré baratineur. Caustique, il avait la moquerie facile : les collègues qu'il n'avait pas réussi à se mettre dans la poche le savait mesquin et provocateur… Et malin comme un singe, avec ça… Quand il décide qu'il n'avouera rien, absolument rien ni personne ne pourra le faire revenir sur cette décision. L'histoire de sa vie était criblée de trous mystérieux. Impossible d'avoir quelque chose de parfaitement linéaire, il y avait toujours des passages manquants. Et dès qu'on tentait d'en savoir plus, de créer des liens entre les trous, l'homme se dérobait, insaisissable, gardant ses secrets pour lui en détournant l'attention.
Aujourd'hui serait le jour marqué d'une pierre blanche : elle lui arracherait ses secrets, qu'il coopère ou non.
Pour réussir ce tour de force, elle allait avoir besoin d'utiliser et de relier tous les indices à sa disposition. Tout d'abord, son équipement. Lorsqu'il leur été tombé dessus, le bonhomme avait brandi un pistolet, qui s'était avéré être déchargé et enrayé. Ses couteaux de cuisine commençaient à s'émousser. La seule arme à peu près valable était un vieux sécateur, dont il se servait plutôt comme d'un marteau. Un vrai bourrin.
Mais si ses armes étaient dans cet état-là et que lui était toujours en vie, cela signifiait qu'il n'en avait que très peu l'utilité, donc qu'il était suffisamment malin pour voir venir et éviter les ennuis. Et indiquait éventuellement en trait de caractère « complètement inconscient ». A part cela, son équipement en lui-même était complet. Trois gourdes, deux vieilles vestes fourrées avec de nombreuses poches, un pantalon treillis et un jean, trois t-shirts, des bottes lourdes et des baskets, une couverture et un sac de couchage… Il leur avait avoué avancer à vélo, ce qui expliquait la petite pompe qu'il trimballait avec lui. En revanche, elle ne s'expliquait pas les clés de voiture qu'il avait également sur lui… A moins bien sûr que ce ne soit l'un de ses nombreux autres petits secrets.
- « Et les armes ? Elles viennent d'où ?
- Oh, d'un peu partout… Vous savez, la notion de propriété est devenue un simple concept désormais. La plupart traînaient dans le coin, seules et malheureuses, je me suis fait un devoir de leur redonner une utilité.
- En les laissant pourrir sur vous plutôt que dans un coin ?
- Tout de suite les grands mots ! Tout le monde ne sait pas entretenir à la perfection des armes à feu. A mon grand désappointement, je me suis rendu compte que cette formalité était loin d'être simple. Mon pauvre pistolet ne m'a pas servi longtemps… Je le garde en souvenir. Hum, les couteaux… J'en change régulièrement, si vous voulez les garder, je vous les laisse de bon cœur. Ils m'accompagnent depuis un mois seulement, je les ai récupéré sur un malheureux ex-propriétaire.
- Et le sécateur ? Aimez-vous tant le jardinage ?
- Vous savez, le jardinage est loin d'être un passe-temps pour les gens calmes : quel pacifiste digne de ce nom s'approcherait d'armes aussi contondantes ? Je me suis aperçu d'une chose : la plupart de mes autres camarades survivants sous-estiment grandement l'utilité de ces outils. Le sécateur m'accompagne depuis un an, et n'a jamais failli à sa mission. Pour preuve : me voilà devant vous. Sans lui, certes, mais tout de même. Vous penserez à me le rendre, j'espère, il m'est précieux désormais. »
La femme soupira et continua son examen sans daigner lui répondre. D'un point de vue purement physique… Elle avait été présente lorsqu'on l'avait forcé à prouver qu'il ne portait aucune trace de morsure. Comme cela implique de pouvoir voir la peau… Elle avait maintenant une bonne impression de ce qui se cachait sous toutes ces couches de vêtements.
L'homme était relativement bien nourri, en bonne santé et en bonne forme physique. Sa musculature n'était pas impressionnante, se rapprochant plutôt de celles des coureurs : ses muscles étaient longs et déliés, faits pour supporter des efforts sur une longue durée plutôt que de réaliser des prouesses sur demande. Il avait dû pratiquer la natation, car il était taillé en V. Ses vêtements lui servaient à se rendre plus petit et frêle qu'il ne l'était réellement. Un autre de ses tours.
En revanche, malgré son apparente propension à les éviter, l'homme portait sur lui les marques évidentes de rencontres avec de gros ennuis. La plus impressionnante, d'abord : la cicatrice qui lui barrait le torse en biais, de la clavicule gauche aux obliques droits. Elle avait bien guérie, mais sa vue donnait froid dans le dos, sans pour autant être la plus effrayante de celles qu'il portait. Non, la pire… C'était la brûlure au fer qu'il arborait sur l'épaule droite. Elle ne représentait rien, elle semblait avoir été infligée juste pour qu'il souffre. Gratuitement. Un acte de barbarie. La plus visible ensuite : celle qui lui striait le nez. Une maladresse, avait-il dit. Elle voulait bien savoir quel genre de maladresse pouvait laisser une telle trace, pour pouvoir l'éviter. La plus petite pour finir : il lui manquait un bout de l'oreille gauche. Ça, c'était eux. Pas du genre à parler sous la torture. Elle ne se rappelait que des plus marquantes : son corps était pourtant strié d'autres marques douloureuses. Autant de marques qui alimentaient encore l'aura mystérieuse qui l'enveloppait.
Sa malice se lisait sur son visage. Son regard avait un magnétisme indéniable, renforcé par la couleur noir de ses iris. Il avait tout d'un filou, et pourtant, on ne pouvait s'empêcher de ressentir de la sympathie pour lui. L'attrait du danger et de l'imprévu est réel… Elle savait, au plus profond d'elle-même, que ce gars-là allait leur causer des problèmes, volontairement ou non. Il était de son devoir de l'en empêcher.
- « Ma chère, s'il y a quelque chose dans mon apparence qui vous déplaît, n'hésitez pas à m'en faire part. - lui demanda-t-il subitement, les yeux rieurs. Elle ne s'en formalisa pas. C'était la première méthode utilisée par les gars de son genre pour déstabiliser les gens un peu trop déterminés à leur tirer les vers du nez.
- Pas particulièrement.
- Vous m'en voyez soulagé. Car, après tout, malgré les horreurs sans nom qui s'abattent sur chacun d'entre nous depuis plusieurs mois, il est important de conserver une apparence extérieure plaisante. Pour votre bien-être intellectuel. Quand on n'a pour compagnie que soi-même, autant faire en sorte que celle-ci soit agréable, n'est-ce pas ?
- Qu'est-ce que vous cachez, Seth ? Qu'est-ce qui vous empêche de parler ? - le coupa-t-elle avant qu'il ne s'éloigne trop du sujet de base. Hors du question qu'il reprenne le contrôle de la situation. - De quoi avez-vous peur ?
- Hum… Des chats, surtout. Vous avez vu ces petits monstres ? Ces horribles petits félins sont sournois, toujours là pour vous attaquer avec fourberie, sans la moindre raison… Et si je me laissais aller dans les craintes de vieilles femmes, j'irai jusqu'à dire que ces animaux portent malheur.
- Seth…
- Ma chère, vous avez beau m'être sympathique, vous êtes loin de ressembler à un pasteur. Pourquoi irais-je donc me confesser ?
- Il va pourtant bien falloir, si vous souhaitez rester ici.
- Oh… Bien que votre accueil ait été… mémorable, je me dois de décliner votre si généreuse proposition. »
La femme poussa un long soupir. Elle n'en tirerait vraiment rien ainsi… Elle allait devoir se baser sur des conjectures et espérer que la surprise, si elle ne se trompait pas, le pousserait à parler. Loin d'être Sherlock Holmes, elle pouvait tout de même se vanter d'être assez douée pour déterminer le passé des gens et les événements qui les avaient façonné.
- « Vous parlez beaucoup pour un solitaire : vous n'êtes pas un ermite dans l'âme. La présence d'autres personnes vous est importante et pourtant, lorsque vous êtes entouré, vous ne cherchez pas à attirer toute l'attention sur vous. Vous êtes juste habitué à faire parti d'un groupe. Vous venez d'une famille nombreuse, je me trompe ? »
L'homme la regarda avec surprise, mais ne répondit rien. Elle prit cela comme une permission de continuer.
- « Si vous étiez l'aîné, vous seriez habitué à ce qu'on vous obéisse. Vous n'êtes pas le petit dernier, parce que vous ne considérez pas l'attention des autres pour vous comme acquise. Un cadet, je dirais. Habitué à être dans l'ombre des autres.
- C'est impressionnant ce que vous faites là. Et ensuite ? Je suis allé à l'université, j'ai eu un diplôme, une tendre épouse, des enfants malicieux ?
- Ce désir de contrôler les autres vient peut-être d'un épisode traumatisant dans votre vie, où vous avez eu le sentiment que tout vous échappait. Vous êtes orphelin ? Veuf ?
Seth l'observait maintenant avec circonspection, visiblement mis mal à l'aise par toutes ses élucubrations. Elle persévéra, certaine de toucher bientôt au but.
- La confiance en vous que vous exsudez est un peu trop flamboyante pour être totalement vraie : je dirais que vous êtes un timide qui s'est soigné. Vous n'aimez pas particulièrement être le centre de l'attention lorsque vous ne contrôlez pas les choses, mais vous appréciez de briller dans le regard des autres. Les petits tours dont vous nous avez fait la démonstration me pousse à dire que vous avez travaillé dans le monde du spectacle, dans les coulisses ou peut-être sur scène. Vous aimez la magie, Seth ?
- J'adore la magie. Qui ne l'apprécie pas ? Malheureusement, celle que vous êtes en train de pratiquer ne me plaît pas. Arrêtez, s'il vous plaît.
- Pas quand ça devient si intéressant…
- C'est vraiment désagréable de se sentir analyser ainsi. Vous devriez cesser, c'est un conseil. Je vais parler. Si l'histoire de ma petite vie vous intéresse autant…
Je suis l'avant-dernier d'une famille de six gosses. Mexicain. On m'a fait traverser la frontière quand j'avais quatre ans, et je suis parti vivre chez mon oncle et ma tante, qui avaient déjà quatre gamins. Une véritable fratrie, dans laquelle je suis arrivé en parfait étranger. J'ai l'habitude d'être… oh, un peu oublié, il faut l'avouer. Cependant, malgré cela, je les aimais bien. Quel dommage que ma tendre tante soit décédée mes douze ans… Le cancer, vous savez. Elle fut rejoint quelques années plus tard par ma jeune cousine. Malgré ces épreuves, la vie a continué et je me suis démerdé pour ne faire honte à personne. Comme je l'ai dit, j'adore la magie mais je dois aussi reconnaître que ce sont surtout les tours qui m'intéressent. Ouvrir une autre dimension à des yeux innocents. Tout n'est que astuce et dissimulation, la véritable magie n'existe pas.
Je suis devenu magicien de rue, tout en travaillant dans un cabaret en tant que serveur. J'ai passé des auditions dans ce même cabaret, je suis devenu assistant du magicien. A vingt-deux ans, je l'avais remplacé… L'élève avait dépassé le maître, et je peux me vanter d'avoir eu un excellent professeur. La célébrité suivit mon travail acharné. J'ai eu la chance de mettre un pied dans toutes les villes des États-Unis. Vous connaissez le « Fabulous Mexican » ? Il s'agit de moi. Ou peut-être qu'il faut se résigner à employer le passé pour évoquer ce nom. Avec la célébrité vient l'argent: je n'ai pas eu la chance de ravir le cœur d'une femme, ni de connaître les joies de la paternité, mais j'ai pu profiter d'une belle maison, que j'ai offert à mon oncle, pour le remercier de m'avoir supporté, vous savez. Dommage que la richesse ne me soit pas tombée dessus avant, pour payer le traitement de ma tante. Avant tout cette… cette merde avec les morts qui se relèvent. Très certainement le tour le plus terrible que j'ai jamais vu.
- Et qu'avez-vous fait pour survivre à toute cette pagaille aussi longtemps ? »
Seth déglutit péniblement et se mit à éviter sciemment son regard. Elle se sentit très fière d'elle : elle n'avait rien perdu de ses anciennes capacités à arracher la vérité à des prévenus récalcitrants ! L'homme, lui, la trouvait nettement moins sympathique. A contre-cœur, il lui donna tout de même la vérité. Si elle pouvait le laisser tranquille après au lieu de remuer le couteau dans la plaie…
- « Eh bien… J'ai une relation privilégiée avec Dame Fortune. Lorsque cette étonnante catastrophe débuta, j'étais en train de terminer une tournée, Seattle étant mon avant-dernière ville. J'avais une de mes cousines avec moi, avec son mari et leurs deux gosses. J'étais le meilleur oncle qui soit, et ça ne vient pas de moi ! Enfin. Son homme, merveilleux mari par ailleurs, attentif et dévoué, était un militaire : c'est ainsi que nous avons su en avant-première ce qui se tramait. Le pauvre imbécile s'est fait mordre par ce que nous prenions alors pour un fou, aux alentours du treize Décembre 2015. Des collègues sont venus le récupérer, pour prendre soin de lui. Malheureusement, lorsqu'ils sont arrivés, il était au plus mal. Il a failli me bouffer, ce con ! Et dévorer avec tous ces malheureux venus le chercher. Ils lui ont collé une balle sur le pas de ma porte. Ça a été… Hum, pas un très bon jour. Puis les barricades ont commencées à apparaître, et je me suis dit qu'il fallait qu'on se barre. J'ai mis ma famille d'adoption dans l'avion en prétextant que tout le monde, au Mexique, préparait une fête pour l'anniversaire de notre chère, chère abuelita, cette vieille sorcière, et moi… Je suis resté. J'avais investi des sommes que je comptais bien voir fructifier dans cette tournée, je ne pouvais pas tout simplement m'envoler vers un ciel plus clément. Et puis notre Président affirmait qu'ils avaient tout sous contrôle. Nous parlions tout de même du Président des États-Unis ! Comment mentir sur un sujet comme ça à ses propres concitoyens ? Nous savons tous que nos Présidents sont des hommes honnêtes, et en voici un qui a fait honneur à cette réputation. De plus, mon cher public m'attendait. Merde, regardez ce qui reste de mon public maintenant…
Je ne suis pas allé dans un des camps de réfugiés. Imaginez qu'on me reconnaisse et qu'on m'agresse pour se faire du fric. Putain, le fric, le fric, le fric, j'avais que ça en tête ! Ça rend dingue, le vert, complètement dingue… J'ai prévenu mon équipe et on s'est barré sur les routes avec le camion transportant mon matos. Nous sommes partis à six. Nous étions persuadés qu'en laissant dernière nous Seattle, nous laisserions tous ces soucis de contaminations et de fous qui mordent derrière nous. Nous avons suivi le trajet initialement prévu : je devais donner ma dernière représentation à Portland. Nous y sommes arrivés, et croyez-le ou non : la situation était exactement la même que celle que nous pensions quitter. Face à cette réalisation, nous avons été confrontés à des choix difficiles… Notre solidarité a tenu deux semaines avant qu'on ne commence à s'engueuler violemment. Certains souhaitaient retrouver leur famille, d'autres se rebellaient contre le rationnement et d'autres encore, des aventuriers, désiraient tenter leur chance seul face à cette menace. Début Novembre, il ne restait malheureusement plus que mon chef opérateur et moi, sans aucun véhicule. Et oui, avant que la question qui brûle vos jolies lèvres ne me coupe, j'ai retrouvé un véhicule, mais vous ne saurez jamais où il est. En revanche, je peux vous dire que ce véhicule est le seul cadeau que m'a fait le groupe ayant jugé bon de me faire connaître la morsure de l'acier brûlant. Je pense à eux tous les jours...
Étonnamment, il s'avéra plus simple de survivre à deux. Nous traversâmes l'hiver sans trop de difficultés, bien que la chasse fut loin d'être notre point fort. Nous étions débrouillards et assez malins. Et bien sûr, lorsque vous savez déverrouiller le meilleur des cadenas en une minute chrono, ce n'est pas la serrure d'une porte un peu pétée qui vous résiste. Donc oui, la solution la plus efficace à la mort lente par dénutrition, nous l'avons trouvé aisément : nous nous servions là où nous pouvions. Je suis loin d'être particulièrement fier de cela, mais il faut reconnaître une chose : nous avons réalisé de véritables exploits. Et probablement contribué à la chute de plusieurs groupes de pauvres ignares barbares qui se plaisent à se penser au sommet de la chaîne alimentaire. Perdus pour perdus, nous avons décidé de retourner vers Seattle. Nous pensions alors que la ville avait réussi à endiguer la menace. Il nous fallu donc marcher, sans carte pour nous guider. Le voyage fut long, je vous le garantis. En Mars, pour ma plus grande tristesse, alors que nous arrivions à Tacoma, nous nous fîmes pourtant prendre la main dans le sac. D'où ces marques si peu esthétiques que vous avez pu voir, et ma solitude, que vous avez su deviner. Simon, très cher Simon, est mort. D'une mort peu enviable, de plus. Triste sort. J'ose espérer qu'on le traite avec tous les égards là-haut. - dit-il en se signant. - D'aucun aurait pu croire que cette terrible leçon m'aura remis sur le droit chemin, mais hélas... - le ton de sa voix changea, tout comme son regard : plus dur, plus noir, plus… cruel. Sa voix suave baissa d'un octave quand il reprit, un sourire satisfait aux lèvres. Elle n'était plus si fière tout à coup. - Merde, je leur ai juste laissé leurs yeux pour pleurer, à ces connards. L'exode des morts, vers Avril, vous vous en souvenez ? - son sourire lui donnait maintenant la chair de poule. - Quand tous les morts de notre chère Seattle en ont eu assez de la vie citadine… Oh, ces pauvres crevards, je peux te garantir qu'ils s'en souviennent. J'ai court-circuité leurs défenses, il n'y avait plus rien ! Plus rien de viable, plus rien de fonctionnel, plus rien pour se défendre… Et je me suis enfui par la petite porte avec leurs provisions pendant que eux affrontaient leur sort en poussant des cris de gorets. Triste chanson, qui pourtant sonna telle une merveilleuse symphonie à mes oreilles.
Ensuite, je me suis soigné comme j'ai pu. Je me suis trouvé un petit chez-moi, bien plus confortable car sans chaînes et avec des fenêtres, même s'il ne valait pas, bien évidemment, ma précédente demeure, qui doit très certainement avoir été vandalisée à ce jour. Je n'ose y retourner pour constater les dégâts. J'ai vécu deux semaines tranquillement dans ce nid providentiel, puis il fallu se remettre en route. Je devais encore rallier Seattle. La lumière du soleil accomplit des miracles sur votre moral. J'ai croisé un nouveau groupe : je n'étais pas encore très bien remis de mes mésaventures, j'ai fait preuve de maladresse et ces imbéciles m'ont attrapé et gratifié d'un autre cadeau. La trace sur le nez. Je me suis enfui, ils sont morts. D'autres groupes ont suivi, qui doivent encore se demander ce qui les a frappé… Et d'autres encore qui savent, et qui ne sont plus là pour en parler. J'ai réussi à atteindre le Kent, continué plus bas, suis tombé sur votre fantastique compagnie de survivants dans ce joli parc qu'est Meridian Park… - il baissa la voix et se pencha vers elle, comme s'il allait lui confier une information confidentielle. Elle était tout ouïe - Et puis il y a cette légende urbaine qui a commencé à apparaître… Légende qui gonfle bien sûr la réalité des faits, comme toute bonne légende sait le faire, mais tout de même. J'en ai été flatté. Réussir à se faire connaître dans un tel monde est tout même quelque chose de gratifiant. J'ai été le « Crazy Mexican » et maintenant, je pense que je suis « le Rat ». « El Ratón », si je veux rester fidèle à mes origines. Ce n'est pas le nom de scène le plus poétique, mais il ne faut pas trop en demander à son public, qui a par ailleurs d'autres soucis plus importants que de trouver des noms mémorables. Connaissez-vous cette légende urbaine et rurale, mi nena ? Le lien devient-il visible ? »
La femme avait perdu toute couleur. Dans un murmure, elle récita :
- « Si les rations diminuent soudainement mais que vous n'avez rien vu, vous avez échappé à la mort. Si les rations diminuent et que vous avez attrapé le Rat, vous êtes déjà morts…
- Exact, mi nena ! Et comme vous m'êtes sympathique, je me permets de vous donner une information que vous jugerez sans aucun doute possible utile. A votre place, j'irais vérifier la fenêtre de derrière, dans la salle où vous m'avez si aimablement accueilli. Et puis bien sûr, j'irai m'occuper du chien de garde. Brave bête, celle-ci. - il se leva tranquillement et retira les menottes qui, jusque là, lui entravaient les poignets. Elle avait perdu tous ses mots. Toujours aussi sereinement, il partit récupérer le sac qu'ils lui avaient confisqué et qui trônait derrière elle comme un trophée. Quand il se fut assuré que rien ne manquait, il revint vers elle et posa une main sur son épaule. - Merci pour le souvenir… Je le garderai précieusement. Buena suerte ! »
Le bruit de ses pas alors qu'il s'éloignait d'elle sonnait comme une cloche funèbre. La femme bondit de sa chaise et le rattrapa, le plaquant violemment contre le mur. Elle remarqua alors que son mari n'était pas présent à son poste.
- « Qu'est-ce que tu as trafiqué, espèce de bâtard ?!
- Eh, tout de suite les insultes ! J'ai fait marcher mon cerveau, et vous, vous avez relâché votre vigilance. N'avais-je pas prévenu de la fâcheuse habitude qu'avaient mes mains à traîner partout ?
- Réponds-moi ! »
Seth se mit à rire. Un magicien ne révèle jamais ses secrets, ce n'était pas elle qui allait le faire faillir à cette règle ! Et puis, comme il l'avait dit plus tôt, la légende le rendait plus dangereux qu'il ne l'était réellement. La plupart des gens du groupe survivaient à sa fuite, sinon comment cette légende aurait-elle pu se propager ? Il utilisait simplement des tours et de l'esbrouffe, comme tous les autres magiciens. Rendre les choses plus grandes et compliquées qu'elles ne l'étaient réellement, plus impressionnantes... C'était son travail, fut un temps. C'était simple comme bonjour… Surtout dans ce cas-ci. Quand ils l'avaient jugé en position de faiblesse, ils avaient relâché leur attention aux détails. Discret comme une ombre, il était allé chaparder quelques petites choses dans les chambres, rentrant toujours à temps dans sa « cellule ». Il avait ainsi volé un réveil, repris un de ses couteaux émoussés, retrouvé dans son sac une épingle… Il avait mis quatre jours pour fignoler son plan. Tout avait été soigneusement chronométré. Ainsi, à quinze heures, dix-sept minutes et six secondes, comme l'indiquait la montre de la femme, le réveil qu'il avait remonté avait sonné, à plein volume, son son désagréable se répercutant dans tout le pâté de maison. Comment ? En plaçant l'objet en hauteur, soit sur la fenêtre de sa cellule, située au deuxième étage de cette maison, et en fabriquant une sorte d'amplificateur de son.
Le chien de garde, bon employé, avait aussitôt contribué au vacarme en aboyant contre ce son inconnu. Sa laisse ayant été coupée par ses soins, il avait eu tout le loisir d'aller enquêter autour de la maison pour trouver l'origine du son. Et bien sûr, le fait que les cadenas sécurisant les entrées du bâtiment aient été forcés allaient obliger le groupe à se disperser pour tout sécuriser. Ses membres, tout occupés à lutter contre les morts curieux qui viendraient leur rendre une petite visite de courtoisie qu'ils seraient, ne feraient pas attention à lui. Il suffisait d'un grain de sable dans la machine pour lui permettre de s'enfuir. Restait maintenant à se débarrasser de sa geôlière pendant l'absence de son protecteur.
- « Vraiment navré, Elena. Ce n'est pas personnel, tout comme l'oreille. » - lui dit-il, la voix moqueuse. Il tira de sous son pantalon son vieux couteau et le lui enfonça d'un geste sec dans le ventre. La femme s'écroula en poussant un cri de douleur mêlée à la stupeur.
Il ne lui jeta pas un regard en reprenant son chemin. Il s'agissait de s'enfuir rapidement : il doutait que les morts soient assez nombreux pour submerger les défenses de ce groupe-ci. Tant mieux, car cela signifiait que sa fuite serait moins dangereuse qu'à l'accoutumée. Il en avait assez de devoir s’enduire de fluides d'humains morts pour passer incognito parmi ceux-ci. C'était répugnant !
Ce fut donc en rasant les murs qu'il parvint à quitter ce groupe, un bout d'oreille en moins et son sécateur en moins.
Quelques heures plus tard, il était à l'abri dans un petit appartement et dormait du sommeil du juste. Elena, elle, dormait du sommeil éternel, tout comme son époux et deux autres de ses compagnons. La liste d'ennemis mortels que tenait Seth venait de s'allonger un peu plus tandis que sa légende prenait encore davantage corps.
passeport :≡ recensement de l'avatar. - Code:
Pio Marmaï • <bott>Seth Espinosa-Navajas</bott>
≡ recensement du prénom. (prénom utilisé uniquement)- Code:
• Seth
≡ recensement du nom. (nom utilisé uniquement)- Code:
• Espinosa-Navajas
≡ recensement du métier. - Code:
• Magicien
- Invité
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Re: You can't have peace any longer than your neighbor pleases.
Mer 31 Jan 2018 - 19:17
Sitôt revenue, sitôt surproductive
Re²-bienvenue à toi !
Re²-bienvenue à toi !
- Invité
- Invité
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Re: You can't have peace any longer than your neighbor pleases.
Mer 31 Jan 2018 - 19:18
Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :
1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours . Un délai supplémentaire peut être accordé par un Administrateur.
2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.
3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.
4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des solitaires, il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.
5 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.
6 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.
Bonne rédaction !
Bonne rédaction !
Rebienvenue !
Oui, ta fiche est terminée, mais je tiens à mettre ce post inutile !
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Re: You can't have peace any longer than your neighbor pleases.
Mer 31 Jan 2018 - 19:19
@Selene : on m'a dit qu'il ne fallait pas s'arrêter en bon chemin, alors j'applique ! Merci <3
@Hernando : C'est pas grave, ça me donne l'occasion de revoir ta petite bouille de truand, donc j'accepte <3
@Hernando : C'est pas grave, ça me donne l'occasion de revoir ta petite bouille de truand, donc j'accepte <3
- Invité
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Re: You can't have peace any longer than your neighbor pleases.
Mer 31 Jan 2018 - 19:50
Déjà un double compte! Y en a qui travaille vite
Sympa en tout cas !
Sympa en tout cas !
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
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Re: You can't have peace any longer than your neighbor pleases.
Mer 31 Jan 2018 - 19:53
re bienvenue ! o/
- Invité
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Re: You can't have peace any longer than your neighbor pleases.
Mer 31 Jan 2018 - 20:58
Rebienvenue! J'adore l'acteur que tu as choisi **
What a lovely day.
- Maxine E. Reynolds
- Administratrice
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