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Rory ○ guts over fear

Ven 2 Fév 2018 - 23:30


RORY OSBORNE
17 ANS AMERICAIN LYCEEN NEVERLAND LEGACY

i've got a war in my mind



Expliquez ici le caractère actuel de votre personnage.

Rory, c'est le genre de garçon qui peut bien se gérer seul. Le problème, c'est les autres. Il a de la ressource pour un gamin et semble doué quand il s'agit de faire tourner son cerveau pour trouver des solutions et se sortir d'un peu toutes les situations. Comme il dit, à chaque problème sa solution. Le tout, c'est d'envisager les possibilités et de considérer toutes les issues possibles. Pour autant, il a cette tendance à toujours voir en priorité les côtés noirs, à considérer les scénarios catastrophes. C'est lourd souvent, et l'écouter, c'est en arriver à se dire que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue si tout est si sombre. Alors, heureusement dans un sens qu’il est aussi discret. On l’entend rarement parler, encore moins quand c’est pour ne rien dire. Il préfère de loin écouter, observer et comprendre ce qui l’entoure. On le suspecte rarement, mais il a les oreilles qui traînent au point d’être au courant de tout ce qui ne le regarde pas. C’est assez rare qu’il décide de jouer de ce côté fouine, à moins d’avoir une revanche à prendre ou une bonne motivation. Toujours dans le respect de l’autre. Malgré son faible attrait pour la vie en communauté et les décisions de groupe, c’est un garçon moral. Il ne tournera jamais le dos à une personne qui l’a précédemment aidé, ne s’attaquera pas à quelqu’un qui ne l’a en rien mérité. C’est une attitude qui n’est pas adoptée par tout le monde, surtout en période de fin du monde, ce qui a eu tendance à le rendre relativement méfiant. Il ne tuera pas un homme sous prétexte que c'est du chacun pour soi après tout, mais il sait pertinemment que cette faveur pourrait ne jamais lui être retournée. Il peut bien feinter l’assurance derrière un sarcasme et une bonne volonté qui le pousse à se dévouer pour n’importe quelle tâche, même les plus périlleuses, en réalité c’est un gamin beaucoup trop sensible qui n’a pas encore réussi à forger ses armes.



and blood on my hands


Expliquez ici les caractéristiques physiques de votre personnage..

Il a rien de bien inquiétant, Rory. Pas franchement grand pour un homme, 1m70 à tout casser, 60 kilos tout mouillés. Il est du genre sec, dégingandé, comme s'il avait grandit trop vite et que son corps avait eu du mal à suivre le rythme. Dans un rapport de force, il serait certainement perdant avec la plupart des adversaires. Le seul avantage qu'il peut y trouver ce serait que quand il s'agit de courir, il n'a pas grand chose à porter, pas de kilos en trop pénibles, pas d'articulations fatiguées par une quelconque surcharge pondérale. Non, loin de là. Porter des vêtements trop larges, des pantalons qui ne lui tiennent au corps que grâce à une ceinture ou des sweats dans lesquels on pourrait en placer deux comme lui, ça ne l'aide pas à être un peu plus impressionnants. C'est son truc ça, les habits informes. Avec des capuches de préférence pour se planquer dessous, et des poches. Beaucoup de poches, autant qu'il s'impose pour ranger tout et n'importe quoi. Ainsi qu'un sac à dos, pour ce qui est le plus encombrant. Alors si vous deviez croiser ce gamin débraillé avec ses cheveux blonds en vrac, ses yeux verts hagards ou cette mine maigre et anguleuse, pas de doute, c'est bien Rory.

Il n'y a que deux choses pour potentiellement dissuader de l'approcher ; un pied de biche rouillé, qu'il a miraculeusement réussi à accrocher à sa ceinture, et un couteau de cuisine. Une lame en acier carbone, une connerie du genre sortie tout droit d'un kit hors de prix offert à ses parents il y a quelques années. Ce n'est qu'une vingtaine de centimètres de tranchant, mais c'est utile en toute circonstance. Qu'on se le dire, ce n'est pas l'arme préférée du gamin. L'utiliser impliquerait un corps à corps, et dans ces cas là ? Il sait qu'il n'en mènerait pas large. Autant que le couteau continue de servir à ouvrir même les conserves les plus réticentes...



a storm is coming


Expliquez ici l'histoire de votre personnage avant l'épidémie.

Pour sa défense, Rory aurait tendance à dire uniquement une chose : il n'a pas demandé à naître. Ça lui est tombé sur le coin de l'oeil comme le ferait une averse traversant un ciel ensoleillé. Il n'a jamais cru au destin, au karma, ou ce genre de choses. Avec un certain fatalisme, il penserait surtout qu'il fallait bien qu'un bébé arrive chez les Osborne. Alors bingo, bonne pioche. Bienvenue, Rory. Dans la chambre conjugale, à même le lit où il avait été probablement conçu. Les faire-parts ont été envoyés quelque jour après l'événement, assurant que Richard et Ashley étaient particulièrement heureux de cet événement. Un portrait de famille parfait en apparence, comme toujours dans cette famille. Pourtant, on pouvait sourire à les voir. Franchement tout d'abord en prétendant qu'ils étaient beaux, puis ensuite intérieurement parce que ce cirque est évident. Il est directeur de banque, de l'argent à ne plus savoir qu'en faire. Elle a vingt ans de moins, un grand sourire et des yeux qui papillonnent quand les billets s'agitent. Rory n'a jamais su dire si ses parents s'aimaient vraiment, en fait. Tout ce dont il est certain, c'est qu'il aurait mieux fait de ne pas venir au monde. Ça aurait arrangé tout le monde. Sa mère a fait un enfant sous la pression, a été déçue dès qu'il est venu au monde en réalisant que ce serait un garçon. Et son père... a assuré sa descendance, puis est retourné au travail. Le quotidien des Osborne.

Ce serait gonflé de dire qu'il a été malheureux. Ça aurait pu être pire. Après tout, il vivait dans les beaux quartiers de Queen Anne à Seattle, possédait sa chambre, sa salle de jeux, pouvait avoir tout ce qu'il désirait juste parce qu'il devenait le pire cauchemar de ses parents quand il se mettait à supplier. Le problème, c'est qu'il était seul, avait la même place que l'animal de compagnie qu'on peut laisser de côté tant qu'il subvient à ses besoins primaires. Souvent, il y avait des nounous, payées plus que correctement pour prendre soin de lui. Elles ne restaient jamais bien longtemps et même s'il n'avait qu'une poignée d'années à cette époque, le sourire hypocrite de sa mère qui lui expliquait qu'elle ne voulait pas qu'il s'attache à une femme autre qu'elle et la remplace, est resté gravé dans son esprit.

Le plus triste reste tout de même de se dire qu'il a persévéré, ce pauvre gosse. Il a tenté d'avoir de l'attention. D'abord par des caprices, des crises qui lui ont valu de rester enfermé trop longtemps seul dans sa chambre, puis en essayant de faire les choses correctement. Il souriait, était poli, pas avare de compliments, toujours obéissant. Même à l'école où, au final, il ne se démarquait pas de ces autres gamins bien éduqués. Sauter une classe, par exemple, ça aurait pu être une prouesse, si ça n'avait pas été aussi répandu. Il n'avait pas de talent particulier pour faire de lui un enfant unique. Il a fini par se rendre à l'évidence quand il est rentré, un soir. Il avait huit ans. En étant sommé de s'asseoir sur le canapé en face de sa mère, il ne pensait pas que sa situation pourrait devenir pire. Et pourtant... Il y a eu l'annonce de la grossesse, de l'arrivée prochaine d'une petite sœur. Un coup dur pour un fils unique qui a toujours entendu sa mère se plaindre d'avoir un fils, ou son père qui contenait difficilement sa déception quand son garçon s'avérait être juste... basique.

Lullaby, quand elle est née, a eu droit à tout. À l'attention des parents toute entière, le peu qu'ils semblaient capables d'offrir. Elle était parfaite elle, toujours présentée comme une merveille du monde. Et puisque Rory n'avait pas le droit de l'approcher, il a pris l'habitude de s'enfermer dans sa chambre. Il a eu sa première console de jeux à l'époque, une Playstation avec une pelletée de jeux qui ont certainement eu raison de sa sociabilité. Après tout, les jeux-vidéos ne le laissaient pas s'ennuyer, même s'il était seul. Ah ça, c'était efficace. Plus il avait de choix, moins on l'entendait. Des jeux de plate-forme, de course, de sport, d'aventure, de guerre, des choses parfois trop violentes pour lui. Ce n'était pas étonnant qu'il ait des difficultés à se concentrer à l'école, préfère de loin jouer plutôt que de faire connaissance avec des camarades qui ne le comprenaient pas et devenaient méchants pour trois fois rien. Heureusement qu'il y avait Lee. Son meilleur ami, l'un des seuls qu'il pouvait bien avoir également. Le seul avec qui il pouvait accepter d'enfourcher son vélo pour aller dévaler les rues du quartier résidentiel au lieu de s'enfermer, le seul qui pouvait toucher à ses jeux s'il le voulait. En fait, et aussi déprimant que cela puisse paraître, le seul qui semblait avoir des parents aussi nuls que les siens, encore qu'ils n'en parlaient pas vraiment.

S'il avait su Rory, que cette amitié deviendrait un poison un jour, il aurait fui. Mais non, les années ont fini par passer. Le gamin a traversé le collège, non sans mal, a laissé tomber l'idée de faire des efforts en cours -au grand damn des enseignants-. Ses parents ont décidé qu'il était assez grand pour se gérer, dès lors qu'il ne leur ramenait pas d'ennuis. Et Lullaby, elle, était toujours la princesse adorée de la maison. Celle qui l'a rendu transparent. Il s'est fait à l'idée en réalité, a abandonné son espoir d'être un jour le centre de l'attention. Il s'est comme dissocié de sa propre famille, en grandissant, a arrêté de demander pour quoique ce soit. C'était comme vivre avec un cheat code puisqu'il avait tout l'argent nécessaire à disposition, pas vraiment de règles pour le cadrer. En fait, la réalité était devenue quelque chose d'assez abstrait dans l'esprit du jeune.

Jusqu'au lycée. Un sacré monde, le lycée. À croire que passer les portes de ce bâtiment plus grand, plus imposant, plus sérieux, déglingue complètement les cerveaux. Rory l'a appris à ses dépends. Les premiers jours, il ne s'en est pas aperçu, s'est contenté de faire ce qu'il savait faire de mieux à savoir s'asseoir dans un coin de la salle -toujours près de la fenêtre-, et rentrer chez lui une fois la fin des cours. Souvent avec Lee. Et puis un beau jour, les choses ont déparées. Les regards qui lui étaient adressés n'étaient plus indifférents comme autrefois, les visages se tordaient de ce sourire moqueur. Celui qu'on aurait pour quelqu'un qui se ridiculise. Et puis il y a eu les rires, les moqueries directes. Le looser, le paumé, le débile qui ne parle jamais. Au réfectoire, s'il avait le malheur de s'asseoir à une table occupée, les personnes déjà assises déguerpissaient sans même un regard. C'était une pente glissante qu'il ne comprenait pas, qu'il s'entêtait à comprendre, persuadé au bout d'un moment que c'était de sa faute, qu'il avait quelque chose à faire. Lui qui avait toujours eu l'habitude d'être invisible était maintenant pointé du doigt. Il aurait pu s'en remettre, hausser les épaules, rabattre sa capuche et enfoncer ses écouteurs dans les oreilles. Il aurait pu serrer les dents en se sentant volontairement bousculé dans les couloirs, en sentant un truc dur semblable à une cannette lui voler sur la tête, ou encore son sac être brusquement ouvert en laissant tout son contenu se répandre sur le sol. Vraiment, il aurait tenu si un beau jour, il n'y avait pas eu Lee dans le groupe de ces abrutis, Lee et ce même sourire sadique qu'il haïssait tant.

Il s'en souvient encore de ce violent électrochoc qui l'a laissé complètement abruti. Cela a marqué le début de sa solitude, la fin de sa tranquillité. Lee l'avait abandonné à son tour et maintenant, il ne lui restait plus rien. C'est dramatique à dire de la part d'un gosse de 14 ans. Mais il a pas été franchement aidé, s'est renfermé encore davantage à une époque où les adolescents veulent jouer aux grands. Les soirées alcoolisées, cela lui était inconnu. Traîner tard dans la rue, de même. Fumer la première cigarette, le premier joint pour les plus enhardis. Et puis les filles, les premiers baisers, les premières coucheries. Un sujet de vantardise sans précédents que Rory écoutait dans son coin, bien qu'on ne s'adresse jamais à lui, sauf pour éventuellement rire de son inexpérience. Dans son monde imaginaire de BD et de jeux-vidéos, ce n'était pas un sujet auquel penser. Les filles le laissaient indifférents, n'inspiraient en rien ses premières ardeurs. En fait, et peu importe la force avec laquelle il laissait son imagination s'emballer, il n'y avait toujours que Lee pour revenir hanter ses pensées. Il se prenait trop souvent à rêver de ce que ce serait s'il revenait vers lui, s'ils redevenaient amis comme ils l'étaient gamins. À quoi cela ressemblerait, s'il tentait de l'embrasser. Dans ses scénarios, c'était toujours beau.

Sauf que ça se saurait, si les rêves étaient réalité. Alors Rory a essayé de s'intégrer, de suivre le mouvement. Il s'est fait des connaissances, des amitiés momentanées, des relations malsaines plus intéressées par voir jusqu'où il pourrait aller plutôt que ce qu'il avait à apporter en tant que personne. Il se savait manipulé parfois, mais entouré, sa vie sociale lui semblait plus supportable. C'est ce qui l'a amené à cette soirée juste avant les vacances d'été, dans l'une de ces gigantesques maisons au jardin interminable. Il y avait de la musique à un niveau déraisonnable, de l'alcool en tout genre dont personne ne connaissait la provenance. Sans compter les sachets qui passaient d'une poche à l'autre. Qu'une bande d'adolescent qui veut jouer aux grands, une soirée qui a certainement échappé à tout contrôle. Il y a plus de monde que prévu, Rory préfère suivre les visage connus. Ces mêmes qui, avec un large sourire, lui filent des verres. Il prend sur lui et boit, encore et encore. C'est la première fois qu'il enquille autant, et ça n'a rien à voir avec les bières qu'il a parfois bues derrière le lycée après les cours. Il déteste le goût de ce qu'il avale, mais le fait. Parce qu'on l'encourage, parce qu'il est con. Et il faut dire qu'alcoolisé, tout devient beau. Il se met à rire à son tour, à agir comme le type le plus confiant du monde. Cette bande, ce sont ses meilleurs amis à ce moment là. Cette soirée, la plus belle de sa vie. Il crie plus qu'il ne parle, n'a plus la notion de rien. Avec le recul, il aurait probablement dû liquider encore quelques verres pour ne pas se souvenir de ce qu'il fit.

Il y avait Lee, à cette soirée. Accompagné de son équipe de gorilles qui n'avaient plus rien d'intimidant. Il était beau, ce sourire collé aux lèvres, ses cheveux en vrac. Il le regarde à un moment, probablement sans le voir. Alors Rory finit par s'approcher, attirer son attention. Et il merde, de la plus mémorable des façons. Il cède à cette curiosité malsaine réprimée pendant longtemps, se colle à lui pour l'embrasser. C'est mille fois mieux que ce qu'il imaginait, le fout sur un nuage pendant quelques secondes. Il est tellement haut que la chute est d'une violence inouïe. Son corps frêle s'écrase contre le meuble du couloir, il se casse la gueule. Les rires et les insultes résonnent dans ses oreilles, Lee le méprise de toute sa hauteur avant de disparaître dans la maison.

Souvent, quand quelque chose de terrible arrive, on souhaiterait se réveiller et réaliser que ce n'était qu'un cauchemar. Mais cette fois-ci, ça n'a pas été le cas. Dès le lendemain, l'enfer a commencé. Une photo bien trop claire, bien trop indéniable s'était répandue entre les murs du lycée. Ces secondes se sont transformées en tentative d'agression entre les lèvres, les insultes et le dégoût se sont dirigées sur lui pire encore que s'il se baladait avec une cible dans le dos. La tranquillité laborieusement retrouvée a disparu au profit du harcèlement le plus complet. En cours, dans les couloirs, dans son casier, dans sa boîte aux lettres, sur les réseaux sociaux, sur son téléphone. L'année s'est terminée avec Rory, tentant désespérément de disparaître de la surface de la Terre. Même la maison n'était plus un endroit tranquille. Ses parents avaient vu la photo, ne se privaient pas d'exprimer leur déception, leur honte. Plus que jamais, ils lui ont donné ce qu'il souhaitait à condition qu'il disparaisse de sa vie. Alors il a fait ce qu'il savait faire le mieux : s'enfermer. Se barricader dans sa chambre à manger de la merde, ne sortir de là que pour aller aux toilettes ou prendre des vivres. Il jouait sur sa console, des jeux hors ligne qu'il torchait en solitaire. Il discutait sur internet avec des personnes à l'autre bout du pays, se présentant toujours sous de fausses identités. Il a balancé son téléphone, désactivé tous les réseaux sociaux. Et finalement, il a été assez con pour se dire que ça irait mieux au bout d'un moment. Que tout le monde aurait oublié.

Mais il n'en était rien. En franchissant à nouveau le seuil du lycée, les pires spécimens d'élèves furent trop heureux de retrouver leur punching-ball préféré. À croire que l'été leur avait donné le temps de penser à ce qu'ils pourraient faire de pire, le quotidien est devenu invivable. Pour la première fois, croiser Lee ne lui inspira que de la haine. Un sentiment amer assez profond pour qu'une seule et unique fois, Rory ait envie de se se révolter, d'insulter le type qui l'a bousculé dans le couloir en rigolant. Ça s'est mal terminé. C'est le visage tuméfié que l'ado est rentré chez lui ce soir-là, avec la ferme intention de ne plus jamais retourner dans la fosse aux lions.


on the highway to hell


Expliquez ici l'histoire de votre personnage depuis l'épidémie.

L'ado paumé, il a pensé que l'enfer s'arrêtait au lycée et aux gens qui s'y trouvaient. Le problème, c'était que sa réputation en lambeaux avait fait le tour de la ville, comme un poison insidieux. Peut-être n'était-ce que dans sa tête, mais c'était comme si peu importe où il allait, on savait qui il était, ce qu'il avait fait, et toutes les rumeurs qui couraient sur son dos. Arrêter les cours n'a pas été une solution, parce qu'il n'était pas à l'abri sous son toit. Il n'y a eu besoin que d'un dîner, de regards écoeurés face à son annonce. Sa mère qui se lamente, se demande comment elle a pu donner naissance à « ça ». Son père qui lui exprime avec sa froideur naturelle combien il lui fait honte. C'est certain, en comparaison à Lullaby et ses sept ans, ses larges sourires, sa robe de princesse, ses petites tresses, et son débit de parole qui raconte combien elle était fière d'être dans un groupe de personnes bien plus âgées pour son cours de violon. Elle rentre de son cours de danse d'ailleurs, et s'intéresse de près à ce livre qui traîne sur un coin de la table pour apprendre l'espagnol. C'est à se demander comment elle a fait pour exister, d'où sort une gamine aussi brillante. C'est sûr qu'en comparaison, il est une merde.

Alors fin septembre, il perd patience. Il en a marre. Il ne lui suffit que d'un sac à dos de voyage pour accumuler des vêtements, des chaussures, il force pour faire entrer tout ce qu'il a dans une place restreinte. Il ne dit même pas au revoir alors qu'il franchit la porte, va enfourcher son vélo. Le pied sur la pédale, il n'y a pas le moindre regard sur la maison qu'il quitte. Il ne compte pas revenir et n'en sera pas nostalgique de toute façon. Il verra bien ce qu'il fera de son existence, mais pour le moment, il n'a qu'une seule idée en tête : trouver son point de chute. C'est tout trouvé, en fait. Et ça lui demande presque une heure et demi à pédaler, éviter de se faire renverser par le premier taxi venu. Capitol Hill, Eastlake, l'Evergreen Point qui lui semble durer une éternité, Clyde Hill. Et enfin, il déboule sur Bellevue, se met à respirer un peu mieux. Alors quand finalement il descend de son vélo, les muscles fatigués et les pensées brouillées, il est bien content d'attacher son vélo à la rambarde et de sonner au nom sur l'interphone. Weaver. Guinevere, elle lui dira rien. Elle le laissera rester. Il faut dire que sa cousine a toujours été la première à remarquer que son père était un con.

Ça s'est passé exactement comme il l'aurait espéré. Gin l'a laissé rester, n'a pas posé de question face à son air buté. Les hématomes sur son visage ont probablement aidé, ainsi que les accès de colère dès qu'elle envisageait la possibilité de lui, rentrant chez lui. Hormis ces sujets à conflit, tout se déroulait pour le mieux. Il squattait son canapé, faisait l'effort de faire un peu de ménage et préparer le repas du soir pour qu'elle n'ait pas à le faire en rentrant. Quand elle rentrait, toutefois. Ça l'occupait. Parce qu'à force de ne rien avoir à faire de la journée, il a commencé à s'ennuyer. La télé servait de fond sonore, diffusait les actualités et ses séries idiotes. Il les regardait d'un œil distrait en se demandant pourquoi il n'avait pas fait de la place pour une console de jeux dans son sac. À côté de ça, elle aura été bénéfique cette période. Quand l'ennui se faisait sentir, il enfourchait son vélo et allait traîner dans la ville, dans les parcs, autour des lacs. Il s'aérait l'esprit. L'une de ses activités favorites, aussi honteuse soit-elle, c'était de repérer les libraires du coin. Il s'arrangeait pour voler des livres, puis les glissait dans la boîte aux lettres une fois qu'il l'avait lu. S'inscrire dans une bibliothèque aurait été plus pratique, si seulement il ne cherchait pas tant à occuper ses journées.

Ça aurait pu continuer longtemps, jusqu'à ce qu'il ait un cas de conscience concernant son avenir du moins. Mais ces sorties innocentes se sont rapidement retrouvées réduites, bridées. C'était le 9 octobre. Il venait de rentrer, la nuit était tombée. Gin était dans le salon, à grincer des dents en regardant les actualités. Et lui, pour la première fois de sa vie, il s'est intéressé à ces journaux télévisés. Pour cause, ce sujet d'informations qui tournait à la télé, en boucle. Comme s'ils n'avaient que ça comme sujet brûlant. Des dégénérés, ça arrive. Dans une grande ville comme Seattle, d'autant plus. Il a pas réussi à s'en inquiéter de trop Rory, est allé prendre sa douche. Le lendemain, il était dehors, prêt à repartir pour de nouvelles aventures. Mais l'ambiance était tendue, même à Bellevue. Les rues moins animées que d'habitude, les regards plus suspicieux. Ce jour là, ce n'est pas un livre qu'il a « emprunté », mais un journal, purement et simplement volé. Il s'est installé dans son parc pour le lire. La nouvelle agression du jour, elle était dans un lycée. Il eut la pensée amère qu'il aurait bien aimé que cela se passe dans le sien, qu'un élève quelconque agresse ce personnel inutile et trop cher payé. Rien qui ne change le cours des choses, en tout cas. La vie était toujours la même, comme en témoignait la suite du journal.

Le 11 octobre, ce fut le même cirque. Le journal, les affaires, la vie normale. Si l'on excluait la ville qui semblait se vider heure après heure. Il ne croisa pour ainsi dire pas grand monde. Le problème, c'était que le lendemain, la situation se dégradait encore. Pour la première fois depuis ces histoires, Rory n'était pas serein et préféra ne pas sortir. Des morts qui marchent, c'était n'importe quoi. Mais des médias plus sérieux ne pouvaient pas se laisser avoir par des trolls du net... Il y avait vraiment des cadavres, n'est-ce pas ? C'était comme si bases de l'histoire se mettaient en place pour faire naître un cauchemar, une terreur permanente. Gin n'arrêtait pas de dire que c'était des conneries, que tout était exagéré. Elle s'en fichait pas mal, elle. La panique, Rory a fini par y céder lorsqu'un virus a été annoncé et les forces de l'ordre déployées, même dans Bellevue. Il n'en a pas dormi de la nuit, à vouloir en savoir plus sur l'avancement de cette histoire. L'apparition du Président à la télé, ça a achevé de lui faire prendre conscience de la gravité des choses. Quelque chose se passait, d'assez grave pour mettre en danger la vie des citoyens, au point d'avoir besoin de l'armée. Et ce n'était certainement pas à cause de quelques émeutiers. C'était déjà arrivé, des manifestations et jusqu'ici, tout avait toujours été sous contrôle. Aux yeux du gamin, ça a été ce jour là que les choses sont définitivement parties en vrille. Ce moment où, il le saurait plus tard, il pourrait voir pour la dernière fois une vie approximativement normale.

Il est sorti de l'appartement à quelques reprises, mais jamais sereinement. Il n'y avait plus beaucoup de magasins ouverts dans le quartier, les émeutes étant le sujet de conversation présent sur toutes les lèvres -du moins, pour le peu qu'il pouvait croiser-. Internet s'emballait, les journaux s’emmêlaient les pinceaux. Les divergences et contradiction s'accordaient sur un point : personne ne savait réellement ce qui se passait, là-bas. Rory s'en est mordu les doigts. Il s'inquiétait, malgré tout ce qu'il avait pu dire et penser. Seattle, c'était chez lui. Et plus les heures passaient, moins Bellevue lui semblait être un lieu sain et sauf. C'était comme observer une coulée de lave, voir les dégâts déjà provoqués et attendre de voir ce que ça donnerait si ça s'étendait. Parce qu'il ne fallait pas lui faire croire que le problème serait contenu. Un virus qui provoque la folie, ça ne se contient pas. Il suffirait d'une fuite, même minuscule. Une âme qui mettrait le pied un peu trop loin. Ça lui retournait le cœur, l'estomac, le retournait tout entier.

Le calendrier affichait le 20 octobre, le jour où Rory a été réveillé en sursaut du canapé. Un bruit sourd, un hélicoptère passé trop bas dans le ciel. Encore un appareil terrifiant décoré de cette couleur kaki militaire. Des voitures dehors, des cris. Dans un semi-sommeil, il lui semblait même avoir entendu des coups de feu. L'épidémie est mondiale, des images à la télé sont terrifiantes. Il n'a jamais rien eu d'un super-héros ou même d'un type courageux, Rory. Mais ce matin là, c'est plus que ce qu'il ne peut supporter. Il a besoin de revenir à quelque chose qu'il connaît, d'être sûr qu'il ne sera pas laissé orphelin. La rancune étouffante a pris des vacances, au vu des événements qui s'annoncent. Alors il fait son sac en l'espace de quelques minutes, disparaît aussi vite qu'il est arrivé. Il a retrouvé son vélo, et c'est la gorge serrée qu'il s'est remis à pédaler, direction le quartier Queen Anne de Seattle.

Il n'a jamais rien vu de plus terrorisant que durant cette heure où il a pédalé pour rentrer chez lui. Des militaires armés, des forces de police agressives et prêts à abattre ce qui leur semblerait anormal. Des groupes de personnes en capuches occupés à détruire des vitrines, s'introduire dans des boutiques. Des flics menacer des personnes à terre. Il a vu une jeune femme au teint blafard, presque verdâtre avancer malgré une plaie béante dans la poitrine. Il a manqué de se faire renverser un million de fois par des voitures, a croisé des regards plus hostiles que tout ce qu'il avait pu voir à ce jour. Tellement apeuré, il fit le trajet en à peine moins d'une heure. Quand enfin il déboula dans son quartier, c'était complètement terrorisé. Le sentiment ne s'améliora pas vraiment en constatant qu'aucune voiture n'était là, ni dans l'allée, ni dans le garage. Quand il passa le pas de la porte, il dut se faire à l'évidence ; ses parents n'avaient pas attendu qu'il revienne pour fuir cet enfer. Il était seul.

Retraverser la ville pour retrouver Gin n'a jamais été une option. Il ne comptait pas crever d'une quelconque manière. Alors il a obéit pour une fois, a préparé ses aménagements dans la maison pour se barricader. Fermer les volets au rez-de-chaussée, accumuler les meubles lourds derrière la porte pour la renforcer. Il avait bien essayé de se rendre au garage, de trouver des marteaux, des vis, et de barricader les issues avec la force de ses bras. Mais non seulement il n'y parvenait pas seul, et ensuite il avait besoin de pouvoir s'enfuir. Au cas où. Il faut dire que les premiers jours, c'était assez tranquille. De sa chambre, il pouvait voir ce qui se passait dans le voisinage. Il pouvait rejouer aux jeux-vidéos, du moins quand l'électricité se faisait clémente. Ce qui était de plus en plus rare. Le frigo était encore assez rempli, tout comme les placards. Par déduction, Rory en arrivait à penser que ses parents étaient partis chez sa tante, à Princeton, au Canada. À la sortie du pays, près de la campagne. Pas si loin. Peut-être qu'ils allaient bien, au final. L'ado aussi, voulait croire que tout allait bien. Alors il a passé ces jours dans l'ignorance, à jouer, manger les paquets de céréales, guetter l'extérieur. Il y avait parfois des silhouettes qui passaient en courant. Des familles qui partaient. La vie dehors aussi, s'amenuisait.

Le 27 octobre, il n'y avait plus rien pour le relier au reste du monde. Plus d’électricité, la radio en boucle avec ce message lui demandant de rester chez lui le temps que tout s'arrange. Celui qui se voudrait rassurant. Mais le fait est que Rory ne savait pas ce qu'il en était, en centre-ville. S'il devait être heureux de vivre dans sa bourgade résidentielle où les maison s'enchaînent tout le long de la rue. Parfois encore, une voiture passait dehors. Pourtant, pour rien au monde le jeune ne serait sorti de chez lui. Il avait peur, purement et simplement. Se disait que si jamais les choses s'arrangeaient, alors quelqu'un viendrait le chercher, la radio aurait enfin un nouveau message. Et ce ne fut pas le cas, jusqu'à ce qu'il manque de vivre. Il avait épuisé le contenu du placard, du garde-manger, du frigo -non sans se rendre malade-. Mais le pire, c'était l'eau. Elle était devenue marron pendant un moment avant de céder de couler des éviers ou des lavabos. Il crèverait de soif ou de faim, s'il restait chez lui. Et malgré tout, il est resté à résister contre lui-même jusqu'au 10 novembre, avant de se rendre à l'évidence. Il devait sortir. Et puisque personne n'était revenu pour le chercher...

Les Osborne n'ont jamais été pour les armes. Un outil pour les lâches, disait son père. Mais Rory n'a pas fait la bêtise de sortir sans avoir les moyens pour se défendre. Alors il est allé dans le garage, a décidé de se débrouiller avec un club de golf en métal, de quoi frapper loin et fort. Ainsi qu'un couteau, pour...le pire des cas. Il a pris son sac à dos et est parti. Ne doutant de rien, il a juste dégagé la porte d'entrée, a fermé à clé. C'est dans le silence des plus complet qu'il a commencé à arpenter sa rue, jusqu'à la première porte. Celle des Miller, couple parfait en apparence, sans enfants. Rory ne les avait jamais aimé, ce qui l'aida à fracturer la fenêtre et pénétrer dans la maison. Ils étaient partis eux aussi, il suffisait de voir les tiroirs vidés dans la chambre conjugale. Le gamin a pris tout ce qu'il a jugé utile, ici. Tout ce qu'il pouvait manger sans s'empoisonner, boire sans finir dans un état second. S'ils revenaient un jour, l'alcool les attendrait, c'était plutôt une bonne nouvelle. Il prit aussi les bougies, les allumettes dans la cuisine. C'était tout ce dont il avait besoin pour survivre, sur le moment.

Et ce fut ainsi que son quotidien s'organisa. La journée, en plein jour, il allait visiter les maisons, prenait le nécessaire, puis rentrait chez lui. Il tuait le temps en lisant, s'éclairait avec des bougies. Il eut affaire pour la première fois à un mort-vivant chez la vieille Madame Hermann. Une petite vieille riche mais désespérément seule. Ça lui a fait un choc, à Rory. Ce n'était pas la première maison qu'il pillait, mais bien la première fois qu'il avait à faire un choix aussi radicale. La vieille est devenue vive, dangereuse, prête à le bouffer entier. Elle ne lui a pas laissé le choix, pas une seconde. Il a balancé son club de golf, a essayé de l'abattre sur le corps décharné. Mais ça a pas suffit. La douleur n'avait aucun effet sur elle. Il a fallu faire pire. Il a fallu utiliser le couteau, l'enfoncer dans le crâne de la vieille. Le bruit sinistre du craquement de la boîte crânienne lui a fait vomir tripes et boyaux à même la moquette. Ça l'a rendu malade pendant deux jours, prostré dans son lit. Jusqu'à ce que, puant et épuisé, il se rende à l'évidence. Il devrait s'y faire.

Le courage, si on pouvait l'appeler ainsi, a fini par revenir au même moment que l'appétit. Mais petit à petit, ses habitudes sédentaires ont dû être revues. Il n'y avait plus rien à au moins trois kilomètres à la ronde. Rentrer se mettre à l'abri chez lui lui prenait trop de temps, surtout le soir quand la nuit se mettait à tomber. Alors le gamin a fini par se déplacer, à s'introduire chez des inconnus pour s'y installer le temps d'une ou deux nuits. Son sac à dos s'est transformé en équipement d'aventurier, principalement composé de choses trouvées dans les établis, les cuisines. Corde, couteau, marteau, lampe torche. N'importe quoi qui, à un moment donné, lui semblait utile. Arrivé à fin novembre, l'hiver est devenu un sacré problème. La nuit tombait trop vite, le froid lui glaçait les os même la nuit, l'empêchant de dormir correctement. La solitude le rendait extrêmement nerveux, pour la première fois de sa vie. Les cauchemars remplis de morts-vivants faisaient naître des cernes violacées sous ses yeux. Parce qu'il en croisa d'autres, des morts. Faciles à reconnaître par leur démarche. Il se débrouillait pour tuer ceux dans les maisons, préférait éviter ceux dans la rue. Car il l'avait appris à ses dépends, une fois repéré, le cadavre sur pattes ne lâchait plus l'affaire, ameutait tous les copains à proximité. C'était un problème, surtout pour lui qui n'avait jamais été sportif. Il ne pouvait pas courir un marathon, ne pouvait pas enfourcher son vélo si les morts décidaient de prendre d'assaut l'endroit où il l'avait laissé. Mais en définitive, ce n'étaient pas ceux-là qui lui faisaient le plus peur.

Il n'aurait pas su dire s'il s'était senti rassuré quand enfin, il a recroisé des vivants. Probablement pas. Parce que ceux-ci étaient armés jusqu'aux dents, prêts à dégainer leur arme. Ils le fixaient, observaient ce gringalet avec des sourires mauvais et le regard fou. Heureusement qu'il représentait pas une menace, avec son allure maigrichonne, apeurée, des vêtements trop grands et seulement un sac à dos qui ne pouvaient rien contenir d'intéressant. Une fois seulement, on lui a adressé la parole pour savoir s'il était seul. Oui a toujours été la bonne réponse, pour lui. Même le matin où il a été réveillé en sursaut en entendant le bruit des portes. C'était début décembre. Il y avait des voix dans le couloir, des pas précautionneux. La porte de la chambre visiblement parentale a été poussée brusquement, et il n'y avait que lui. La nana l'a considéré du regard quelques secondes, puis s'est ruée sur lui. Elle a dégagé la couette, les oreilles, a regardé dans la table de chevet et sous le lit jusqu'à s'assurer qu'il n'ait rien pour l'attaquer à portée de main. Elle a pas donné son nom, lui a juste parlé de ce camp de réfugiés dans un des lycées de la ville. Elle lui a promis la sécurité et il a été assez con pour accepter. Trois heures plus tard, et après avoir achevé de piller la rue, Rory était dans leur voiture en direction de ce camp, Emerald Freedom. Pas l'accueil du siècle. Voir un nouveau n'inspirait rien de positif vu les attitudes à son égard. Il a été envoyé avec les autres, s'est vu attribuer des taches pour occuper le quotidien, le tout sous le regard froid des militaires. Rory, on le faisait plus sortir. Les travaux manuels, il en écopait, mais clairement pas tout ce qui se passait à l'extérieur. Les premiers jours, ça ne l'a pas dérangé, loin de là. Ne pas avoir à se demander s'il allait manger le soir, c'était un sacré réconfort. Même s'il ne sympathisait pas, la perspective de ne pas être seul le faisait relativiser.

Le problème, là encore, c'est que Rory réfléchissait trop, se méfiait trop pour accepter cette situation. Il a fini par tourner en rond, s'arrêter sur toutes ces petites choses qui n'allaient pas. Il y a eu ce militaire qui a collé un œil au beurre noir à un pauvre type qui a osé monter le ton. Il y a eu ce couple qui cherchait les plus faibles pour une ration de nourriture en plus ou une meilleure place la nuit. Il y a eu ce type qui collait cette jeune fille avec un regard qui faisait froid dans le dos, et sans que personne n'intervienne. Et puis tous ceux qui pleuraient, s'étouffaient avec leur inquiétude. C'était difficile à tenir. Personne ne s'intéressait à lui et pourtant, Rory avait l'impression d'être au centre de toutes les confrontations à force de regarder partout à la fois. Inévitablement, il s'est rangé du côté des pessimistes, de ceux qui regardaient les murs et les armes en murmurant que ce n'était pas éternel. Qu'ils ne pourraient pas fonctionner ainsi encore éternellement. Cela se vérifiait quand les nouvelles circulaient parmi les réfugiés, accusaient le comportement d'un militaire ou d'un de ces êtres pseudo supérieurs qui se partageaient le pouvoir.

Sans le savoir, en début février, Rory a probablement sauvé sa peau. Il était probablement taré de rassembler le peu de choses qu'il avait apportées avec lui dans son petit sac à dos, de se diriger vers les portes avec cet air grave. Heureusement pour lui, il n'avait rien d'un élément utile, et il n'emportait rien qui puisse être potentiellement intéressant aux yeux des dirigeants. À peine de quoi manger, aucune arme -hormis un couteau-, des vêtements, une lampe. Il s'est retrouvé à nouveau voué à lui-même dans une ville où le danger n'avait fait que grandir. Il soupçonne les hommes qui tenaient la garde d'avoir ri en le voyant paniquer face à un mort vivant qui traînait devant les grilles. Mais il n'en a pas eu cure, il s'est mis à courir, jusqu'à voir le lycée disparaître. Ce fut peut-être l'un des seuls avantages de ce lieu ; les maisons ici étaient des habitations familiales avec des gamins scolarisés. Il n'a pas eu trop de mal à trouver un vélo, son mode de transport favori. Il a dû apparaître comme une grosse plaisanterie. Une ville bondée de cadavres ambulants prêts à tuer, et un adolescent qui pense s'échapper à vélo. Mais le fait est qu'il y a pensé. Les maisons aux alentours étaient vides, forcément, vidées de tout ce qu'il y avait de valeur -comprendre la nourriture-. S'il n'allait pas plus loin, il aurait dix fois le temps de crever d'une quelconque manière. Alors il est parti vers le sud, jusqu'à s'arrêter dans le quartier de New Holly. De quoi le rendre excessivement nerveux, au vu de la présence de quelques immeubles, du risque accru pour lui. Mais il y avait cette supérette déserte, et son estomac qui grondait. C'est ici qu'il a fait les rencontres qui changeraient son quotidien.

Il se souvient principalement de cette sensation dure contre son crâne, l'impression que le silence se fait bien plus pesant. Et cette fille qui finit par apparaître dans son champ de vision, faisant naître l'évidence : ils sont deux ici. Pourtant, il n'a pas réagi. Il s'est laissé avoir par les yeux verts glacés qui le fixent, par la démarche féline qu'a cette fille à peine plus vieille que lui. Ses longs cheveux bruns encadrent son visage, tombent en cascade sur ses épaules frêles. Il est fasciné, a l'impression de se souvenir que la beauté existe pour la première fois depuis longtemps. « Je viens de fuir le lycée. Je suis seul, je promets. » La voix qui tremble, mais le cœur qui se réveille. Il ne peut plus être seul. Il sait qu'il n'y tiendra pas, pas alors qu'il est déjà effrayé de remettre le pas dehors. La tigresse relève les yeux au-dessus de lui, adresse quelques paroles à l'autre personne. C'est une voix masculine qui résonne. Puis, finalement, l'objet se baisse, une main bouscule son épaule. Il peut se retourner pour voir l'autre. Le même spécimen, mais en homme, musclé et défiguré par une horrible cicatrice qui parcourt son visage. Il a l'air menaçant, ouais. Pourtant, il ne s'oppose pas. La belle semble l'oublier,  fouille la boutique, revient de l'arrière-boutique avec des cartons qu'elle pose au sol, fait glisser de ses pieds. Ils sont les premiers ici, n'ont qu'à remplir avec tout ce qu'ils veulent. Rory ose avancer, ravale son dégoût en voyant le contenu d'un crâne écrasé sur plusieurs dizaines de centimètres, le cadavre à côté. Non, l'endroit n'était définitivement pas désert. Au final, le choix est assez maigre. Les pilleurs ont fait leur travail, ont emporté beaucoup de choses. Pas tout heureusement. Les courses faites, il y a de quoi tenir bien deux semaines à deux. Un peu moins à trois, mais quand les yeux clairs se posent sur lui, Rory sait qu'il est accepté dans le duo singulier.

Anya et Isaac. Pas plus bavards que le jeune, pas plus sociables non plus. Bien plus débrouillards pourtant. Ils s'étaient installés chez un concessionnaire automobile de Renton. Le lieu était plutôt stratégique ; toutes les clés étaient à disposition, une large grille empêchait les morts vivants d'entrer. Qui plus est, le propriétaire semblait avait élu à moitié domicile dans son bureau, à en voir le clic-clac et l'armoire. Le lendemain, ce fut leur sortie du jour, aller se procurer un nouveau matelas. Les jumeaux étaient beaucoup plus coriaces que Rory, n'hésitaient pas à se lancer dans des aventures beaucoup trop dangereuses. Les seules fois où Isaac souriait, c'était quand il brandissait sa batte de baseball, volontairement criblée d'éclats de verre tranchants -la magie de la super glue, disait-il-. Anya, elle, préférait cette espèce d'arme improvisée, une serpe solidement fixée à un tube en métal pour rallonger la prise. Particulièrement efficace, de l'avis du gamin. Quant à lui, il a pris goût au pied de biche, chopé dans un coin de ce qui servait de garage à la concession. Il a appris à survivre correctement grâce à eux. Il y avait trois règles d'or : ne jamais entrer là où ils pouvaient être pris au piège. Ne jamais faire confiance à quiconque, hormis eux trois. Enfin, et la principale : ne jamais jouer au héros. Si l'un d'entre eux devait être fichu, alors qu'il en soit ainsi.

C'était un endroit intéressant, Renton. Le problème, c'était qu'il était proche d'un aéroport, ainsi que des entrepôts de Boeing. En résumé, énormément de fuyards désespérés et de travailleurs pris au piège. La grille a dû tomber, la porte a été ouverte. C'était l'une des hypothèses la plus plausible pour expliquer que au début du printemps, la zone a commencé à être trop dangereuse. Même vis à vis des humains ; ils étaient trop repérables, à rester ici longtemps. Alors, après y être resté de février à mai, ils ont déménagé, purement et simplement. Ils ont utilisé une carte, comme à l'ancienne. Rory se souvient des rires à n'en plus pouvoir quand, perdus au milieu d'une rue, ils se penchaient tous les trois sur ce bout de papier pour essayer de s'y retrouver. Finalement, ils n'ont jamais réussi à aller là où ils le souhaitaient. Ils ont trouvé mieux que ça dans la ville de Kent.

Il y avait cette petite bourgade entourée du Main Lake. Deux routes seulement pour y accéder, des voitures, des maisons. Ils pouvaient s'enfuir s'ils le décidaient, en passant par l'eau s'il le fallait. C'était toujours trop proche de Seattle, et ça l'a toujours titillé Rory. Mais Anya, quand il avait des doutes, elle haussait juste des épaules. Plus des deux tiers de la population avait fui. Il y avait des survivantes, et les morts ne pouvaient pas tous être à côté d'eux. Il n'empêche qu'il leur a fallu énormément de temps, de force et de prudence pour nettoyer leur îlot. 30 habitations, 21 cadavres ambulants. Deux jours d'incertitude et d'absence de sommeil avant qu'enfin, ils puissent élire domicile dans l'une des demeures. Pas la plus grande malgré ses trois chambres, mais bien placée et avec une petite pagode sur le lac, s'il vous plaît. C'est ici qu'ils se sont installés. Toujours à trois, ils ont sécurisé les accès à l'île en plantant un grillage, volé dans un magasin à l'autre bout de la ville, soutenu par un barrage de voiture aux extrémités. Les extrémités étaient découpées, permettaient de pousser les bouts de métal pour entrer ou sortir. Un énorme cadenas était supposé les protéger de la menace extérieure. Objectivement, la défense ne valait rien. Pour les hommes en tout cas, ce qui n'était pas la préoccupation d'Isaac. Les cadavres, eux, auraient à dégringoler dans l'eau s'ils avaient l'intelligence de vouloir contourner l'obstacle. Or, à ce qu'ils avaient vu, les morts n'étaient pas d'une intelligence remarquable alors... cela pourrait suffire. Quant aux hommes, les plus terribles n'auraient rien à gagner à venir ici. Si le grillage était endommagé, alors ils s'inquiéteraient.

Cela relève de l'exploit, mais le fait est qu'ils ont été extrêmement chanceux. Les semaines qui ont suivies, ils ont tué encore, mais pas sur leur île de fortune. Ils sortaient quand le besoin se faisait sentir, toujours à trois. Il n'y avait qu'une occasion où ils se séparaient, et c'était la nuit. Chacun sa chambre, chacun son lit. Avec les volets et la porte barricadée, ils ne s'inquiétaient pas tant de l'extérieur. C'est en partie pour cela que Rory a sursauté comme un beau diable le jour où il a entendu la porte de sa chambre s'ouvrir en pleine nuit. Mais ce n'était qu'Anya. Il s'en est rendu compte au bruit quasi inexistant de ses pas, ainsi qu'à son odeur quand elle est venue se glisser dans son lit. Au fil des jours, il est devenu familier avec le goût de ses lèvres également. Pourtant, cela ressemblait toujours à un beau rêve car quand il rouvrait les yeux, elle n'était plus là et agissait comme si de rien n'était dans la cuisine, en partageant le petit-déjeuner.

Les mois se sont écoulés ainsi, à se prélasser au bord du lac l'été, à observer les feuilles oranges tomber à l'automne. Ils ont commencé à davantage s'éloigner pour se nourrir, à parfois quitter leur repère pendant deux, trois jours. Ils ont fait les petit supermarchés, les stations essence, même une fois une fabrique de biscuits dans les villes aux alentours. Et à chaque fois, il n'y avait que Kent et le Main Lake pour les faire se sentir en sécurité. Surtout la nuit. Surtout quand Rory faisait bien plus que l'embrasser, Anya.

Mais éventuellement, la vie a continué son cours, avec ses emmerdes. L'été s'est terminé, le froid est revenu plutôt rapidement. Isaac est tombé malade fin janvier. D'abord, ce n'était qu'un rhume. Puis, ça a dérapé. C'est devenu une fièvre qui le faisait trembler de tout son corps, halluciner jusqu'à faire des crises de panique. Et ils pouvaient bien être débrouillards, ils n'étaient pas médecins. Ils n'avaient même pas le nécessaire. C'est là que Rory a eu cette idée détestable. Il s'est entendu la prononcer, le regard planté sur le sol. Il savait où ils pouvaient trouver un médecin. Il y en avait à Emerald Freedom, un an plus tôt. Et si eux trois, seuls, avaient pu survivre, alors des dizaines de vivants et des militaires armés le pouvaient aussi. Ils ont hésité, sincèrement, à retourner dans le centre ville sinistré. Mais l'état d'Isaac ne laissait pas de place aux hésitations alors ils ont pris l'une des voitures et ont mis les gaz, droit vers le danger. C'était début février. Un an après son départ du camp, et sans se douter une seconde qu'il était parti avant un violent renversement du pouvoir. Il l'aurait su en temps et en heure si seulement il était arrivé à destination.

Les souvenirs sont vagues, désormais. Il se souvient avoir observé la jauge d'essence, s'être haït pour ne pas y avoir pensé plus tôt. Anya était trop inquiète pour le faire. La nuit tombait, le danger ne faisait qu'augmenter, et ils risquaient la panne à quelques kilomètres du lycée. Ou du moins, risquaient de ne pas pouvoir fuir en cas de problème. Ils étaient vers Colombia City quand l'ado a repéré la station essence. Alors il est descendu de la voiture, a dit à la brune de laisser le moteur allumé. Au cas où. Il aurait suffit d'un bidon rempli, comme ils en trouvaient souvent. Il devait bien en avoir un quelque part, que ce soit devant, derrière, ou dans la boutique. Dans tous les cas, il ne l'aura pas trouvé. Il y a juste eu cette douleur lancinante sur son crâne, la vue qui se trouble et disparaît sans comprendre comment ou pourquoi.

Règle numéro 3 : ne jamais jouer au super-héros. La tête lourde quand il rouvre les paupières, la position inconfortable et les poignets menottés. La sensation est affreuse et pourtant, son cœur ne se serre pas quand après avoir fait le tour de la pièce, ses yeux ne tombent sur sur une inconnue. Il est dans la merde, mais il se pourrait qu'Anya aille bien. C'est tout ce qui compte. Lui, il avait épuisé son quota de chance.

time to meet the devil

• pseudo › Kaeh
• âge › 21 ans
• comment avez-vous découvert le forum ? › Lee et Lis qui sont du genre convaincants
• et vous le trouvez comment ? › Complet, c'est le moins qu'on puisse dire
• présence › Journalière
• personnage › créé [...] - scénario [X]

• code du règlement › Ok Morgan.
• crédit › corcodiumm & kuwentista
passeport :

fiche (c) elephant song.
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Re: Rory ○ guts over fear

Ven 2 Fév 2018 - 23:33

Wiiiiiii !

:smile12:
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Re: Rory ○ guts over fear

Ven 2 Fév 2018 - 23:34



bienvenue sur le forum !

Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :

1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours. Un délai supplémentaire peut être accordé par un Administrateur.

2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.

3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.

4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des solitaires, il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.

5 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.

6 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.

Bonne rédaction !


Bienvenue parmi nous !
Bon choix de scénar et bon courage pour la suite de rédaction de ta fiche !

Si tu as des questions n'hésite pas à les poser !
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Re: Rory ○ guts over fear

Ven 2 Fév 2018 - 23:37

Bienvenue par ici et bonne rédaction Smile
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Re: Rory ○ guts over fear

Sam 3 Fév 2018 - 0:27

Bienvenue dans le coin Smile
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Re: Rory ○ guts over fear

Sam 3 Fév 2018 - 0:33

(Re)bienvenue à toi Smile
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Re: Rory ○ guts over fear

Sam 3 Fév 2018 - 7:05

Rebienvenue parmi nous !

Comme tu es considéré(e) comme revenant(e), un petit rappel du règlement :
Aucun délai supplémentaire pour la rédaction de la fiche ne pourra être demandé.
Si la fiche de présentation n'est pas directement validable, une seule demande de modification sera adressée par le STAFF. Si la fiche n'est toujours pas correcte, l'accès au forum sera refusé et le compte supprimé.

Bon courage pour la suite de ta fiche Smile
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Re: Rory ○ guts over fear

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