Little tricks & Magic powder
Mar 6 Fév 2018 - 21:35
Marchant d'un pas énergique dans la neige, Corey laissait son regard voguer sur les alentours, alerte du moindre Grabataire qui pourrait se traîner dans le coin. Avec le temps, il avait bien appris que les rues de Seattle pouvaient cacher de réels problèmes et que s'il se laissait trop distraire, sa situation pouvait vite devenir plus problématique. La neige au sol cependant ne jouait pas vraiment en sa faveur ; il avait déjà manqué de glisser à trois reprises, avant de se retrouver réellement les fesses dans la neige à la quatrième. Une chance qu'il préférait largement rire de sa propre personne que de se formaliser de cette maladresse. Pour le coup pourtant, il avait l'avantage d'évoluer dans quartier qu'il connaissait bien, au Nord de Beacon Hill. Ce même quartier où il avait grandit et où avait été enterrée l’aïeule Torrance, de longs mois avant que les morts ne se mettent à marcher. D'après ses calculs un peu bancals et le temps qu'il faisait, l'aide de vie supposait qu'ils ne devaient pas être loin de la date où elle était décédée, ou peut-être que si, qu'importait : il y reviendrait une fois par an, grosso modo, autant pour lui que pour celle qui l'avait élevé suite à la disparition de son père.
Zieutant sur la gauche, il reconnut l'une des rues qui pourrait le mener chez lui, ou du moins dans son ancien chez lui, cette maison dans laquelle il s'était installé dès son arrivée sur le continent, et qu'il n'avait pas quitté jusqu'à ce que le monde ne parte complètement en vrille. Jusqu'à ce que Joshua vienne l'y chercher. Esquissant un faible sourire où se mêlaient nostalgie et amusement, il se remémorait ce moment où son meilleur ami avait débarqué, le trouvant avec une frontale et un tournevis, et que son seul soucis à ce moment là avait été le sort de Patrick le chat. Le début d'un cauchemar auquel il avait choisi de s'accommoder, ne pas se laisser abattre et avancer pour ceux qui n'avaient pas réussi, pour son meilleur ami qui était mort en le protégeant lui. Peut-être passerait-il à la maison en revenant du cimetière, ou peut-être pas, le monde était si imprévisible désormais.
Après dix bonnes minutes de marche encore et un Grabataire mis hors d'état de nuire, le jeune homme apercevait les grilles du cimetière. Malgré sa bonne humeur constante, son cœur se serra, n'ôtant toutefois en rien l'expression détendue qui donnait à son visage un air de benêt. La dernière fois qu'il était venu, un an auparavant, il faisait partie d'un groupe. Groupe qu'il avait retrouvé décimé en rentrant. Corey pouvait encore se souvenir de l'odeur des cendres et des corps calcinés, les images de la maison réduite en poussières noirâtre étaient encore nettes dans son esprit, et ce besoin d'avoir un minimum de contact avec d'autres survivants toujours bien présent mais les choses n'étaient plus aussi simples qu'auparavant, c'était un fait et de cela aussi, il devait s'accommoder. Pas décidé cependant à se laisser démonter, sentant toutefois que la peine enserrait son cœur, il se mit à parler, tout seul, comme à chaque fois que le silence était bien trop pesant. «Trop calme. Même pas un Grabataire pour mettre un peu l'ambiance, y a du laisser aller... »
Poussant la grille du cimetière, il y entra en refermant machinalement derrière lui, laissant voguer son regard sur les tombes recouvertes en partie par le voile blanc neigeux qui n'avait pas l'air prêt de disparaître. Mais ce n'était assurément pas ça qui l'importunerait, s'il avait toujours eu quelques difficultés en matière d'orientation, il avait bizarrement mémorisé dès la première fois le chemin jusqu'à la tombe de son aïeule. Et lorsqu'il aperçu la masse sous la neige, un peu plus loin, il s'y dirigea à une allure un peu plus lente, ne percevant toujours pas de silhouette menaçante à l'horizon. Une fois devant, l'Australien s'accroupit et chassa la neige de son bras avant de déposer le bout de ses doigts sur la stèle. «Salut Grand'ma ! Tu vois, cette année aussi j'suis v'nu » avait-il alors lancé sur un ton de conversation, sans parler trop fort mais sans non plus prendre la peine de chuchoter. «J'allais pas manquer notre p'tit rendez-vous quand même et d'toute façon même si j'étais v'nu dans trois jours t'aurais été là alors... » Ayant haussé les épaules à la fin de ses propos, le brun avait affiché une petite moue pensive. Les morts revenaient à la vie. Le redeviendrait-elle elle aussi si elle se retrouvait déterrée ? Peut-être, si elle n'était déjà pas tombée en poussière mais ça... le jeune homme n'en savait pas suffisamment en matière de délai de décomposition pour le savoir. De toute façon, il n'avait aucunement envie d'avoir une réponse à sa question. Elle avait eu la chance de partir avant tout ce cauchemar et il était content pour elle.
Se remettant à sourire, ses pensées étant passées à autre chose, Corey s'était tourné afin de poser ses fesses à l'endroit précis où il avait ôté la neige quelques secondes auparavant, tirant son sac vers l'avant pour en sortir un petit paquet de crackers déjà pas mal en miettes. «Il m'est arrivé pleins de trucs c't'année ! » avait-il commencé, la bouche pleine, prêt à se lancer dans un récit que personne n'écouterait mais ça n'avait pas d'importance au fond, s'il faisait cela c'était précisément pour ne pas se laisser emporter par la mélancolie, et le silence l'amenait bien trop souvent, alors il parlait, comme si elle était encore là, comme si Josh l'était encore, sauf que Josh n'avait pas été enterré ici.
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Re: Little tricks & Magic powder
Sam 10 Fév 2018 - 18:57
« La vie n'est pas tendre pour nous autres, n'est-ce pas… - je marquais une pause, cherchant le nom de mon interlocutrice. Ah, voilà ! - Salomé. Très joli prénom, soit dit en passant, peu courant dans ce merveilleux pays que sont les États-Unis. Vous avez dû être une merveilleuse vue à contempler, du temps de votre vivant ! J'imagine que votre vie a dû s'écouler tranquillement, jusqu'à ce qu'on vous gratifie de ce… - j'indiquais le trou sur sa tempe, parfaitement imperméable à l'incongruité de la situation. - Trésor, au moins, vous n'avez pas eu à voir les atrocités commises par nos semblables. Nous ne sommes après tout que des animaux, des sauvages, des monstres hargneux et sanguinaires prêts à tout pour dominer les autres, pour couronner le plus fort, menant une lutte sans fin pour- oh ! Mais c'est parfait ! Je savais bien que vous me porteriez chance, chère Dorothy ! »
Peu m'importait les prénoms, qui se souciait de les retenir désormais ? Pour quelle utilité ? Qu'allais-je faire d'une valise de prénoms, dresser un jour une stèle commémorative pour tous ceux tombés face aux dents de la terre ? Merci, mais non merci. Je n'ai pas de temps, je suis occupé, Dame Fortune me fait signe de sa gracieuse main, je ne saurais la faire attendre ! Et quels noms aurais-je à inscrire exactement ? Deviendrai-je la mémoire de toute une partie de l'humanité ? Aurai-je à graver chaque nom ? Ce n'est plus une stèle mais un monolithe que je devrais ériger ! Je préfère laisser ce travail à des individus mieux formés que moi, et avec une meilleure mémoire.
Heureux de ma trouvaille, je me penchais par dessus l'épaule du cadavre de la vendeuse, retroussant le nez à cause de son odeur. La malheureuse, ce n'était pas sa faute bien sûr, au bout de plusieurs mois à subir les outrages de la température, le corps humain perd son reflet d'image divine, mais tout de même… Quelle puanteur ! Je ne tenais pas à m'attarder ici plus longtemps, elle risquait de s'imprégner sur mes vêtements, et Dieu sait combien il est compliqué de se trouver quelque chose de convenable à se mettre sur le dos de nos jours.
Je me pressais de m'éloigner après avoir rangé mon nouveau trésor dans une de mes nombreuses poches. Quel trésor ? Oh, un amas d'épingles à cheveux, oubliées de toutes et tous, mais que moi, je venais sauver ! Nous avons bien trop tendance à sous-estimer ces petits instruments de torture, ils m'ont ouvert bien des portes. Ravi et satisfait, je quittais le magasin d'un pas guilleret, remerciant au passage la chère Amanda. Paix à son âme.
Dehors, le vent glacé me mordit la peau qui n'était pas couverte. Mon nez et mes joues me firent connaître leur mécontentement. Ah, qu'il est difficile de présenter une apparence digne à la face du monde dans ce genre de conditions ! J'avais hâte de me trouver de nouvelles lames de rasoir pour pouvoir découvrir à nouveau mon visage imberbe, libre de tous ces poils disgracieux. Le faire au couteau est tout à fait contraignant, bien que je possède toute la dextérité requise pour m'attaquer à ce périlleux exercice. Je passais la main sur ma barbe de plusieurs jours, faisant la moue. Oui, au prochain abri, cette petite me dira adieu pour quelques jours. Elle ne me manquera pas, incapable qu'elle est de protéger au moins mes joues du froid.
Je m'ébrouais et continuais à marcher, pressé de rejoindre mon nid, situé non loin du cimetière. Et lorsque je dis non loin, je dis en vérité dans l'unique maison du cimetière, où les vivants éplorés venaient chercher de l'eau pour arroser leurs offrandes. Je suis toujours heureux de pouvoir donner une seconde vie à des endroits de ce genre, et au moins, les voisins ne sont pas dérangeants. Je n'ai pour le moment jamais eu à me plaindre. Du moins, pas jusqu'à aujourd'hui, pensais-je en découvrant des traces de pas fraîches imprimées sur la neige. De la compagnie, ici ? Pas un mort venu se plaindre de l'entretien de son mémorial j'espère... Je ne suis ni sculpteur, ni jardinier, ni même gardien. Fossoyeur, en revanche... Hum, je peux l'ajouter à mon C.V. . Curieux, je suivis les empreintes, qui me menèrent jusqu'à un jeune homme.
Installé sur une tombe, dos à moi, il était en train de parler tout seul. Je me gardais bien d'émettre le moindre jugement à ce sujet : chacun pallie à la solitude comme il le peut. Petit et brun, emmitouflé dans un grand manteau, probablement en train de fouiller dans un sac en plastique au vue du bruit. Pas une menace pour le moment. Plutôt que de le déranger et ainsi de suciter une confrontation, je préférais me rapprocher silencieusement et m'installer également sur une tombe, prêt à écouter ce qu'il avait à raconter. C'est qu'il y a une éternité que je n'ai pu me détendre devant une telenovela ou lire un roman, pourquoi me priver du récit d'une vie qui n'est pas la mienne ? Ce fut donc avec cet état d'esprit, qu'on pourrait qualifier de voyeur en omettant le fait qu'il n'y ait rien à voir et tout à écouter (écouteur dans ce cas ?) que je m'asseyais sur la tombe du regretté Timothy Jr. Drake et de sa tendre moitié Thalia Drake, née Hopkins, et que je commençais à écouter sagement le récit des aventures du jeune homme.
Peu m'importait les prénoms, qui se souciait de les retenir désormais ? Pour quelle utilité ? Qu'allais-je faire d'une valise de prénoms, dresser un jour une stèle commémorative pour tous ceux tombés face aux dents de la terre ? Merci, mais non merci. Je n'ai pas de temps, je suis occupé, Dame Fortune me fait signe de sa gracieuse main, je ne saurais la faire attendre ! Et quels noms aurais-je à inscrire exactement ? Deviendrai-je la mémoire de toute une partie de l'humanité ? Aurai-je à graver chaque nom ? Ce n'est plus une stèle mais un monolithe que je devrais ériger ! Je préfère laisser ce travail à des individus mieux formés que moi, et avec une meilleure mémoire.
Heureux de ma trouvaille, je me penchais par dessus l'épaule du cadavre de la vendeuse, retroussant le nez à cause de son odeur. La malheureuse, ce n'était pas sa faute bien sûr, au bout de plusieurs mois à subir les outrages de la température, le corps humain perd son reflet d'image divine, mais tout de même… Quelle puanteur ! Je ne tenais pas à m'attarder ici plus longtemps, elle risquait de s'imprégner sur mes vêtements, et Dieu sait combien il est compliqué de se trouver quelque chose de convenable à se mettre sur le dos de nos jours.
Je me pressais de m'éloigner après avoir rangé mon nouveau trésor dans une de mes nombreuses poches. Quel trésor ? Oh, un amas d'épingles à cheveux, oubliées de toutes et tous, mais que moi, je venais sauver ! Nous avons bien trop tendance à sous-estimer ces petits instruments de torture, ils m'ont ouvert bien des portes. Ravi et satisfait, je quittais le magasin d'un pas guilleret, remerciant au passage la chère Amanda. Paix à son âme.
Dehors, le vent glacé me mordit la peau qui n'était pas couverte. Mon nez et mes joues me firent connaître leur mécontentement. Ah, qu'il est difficile de présenter une apparence digne à la face du monde dans ce genre de conditions ! J'avais hâte de me trouver de nouvelles lames de rasoir pour pouvoir découvrir à nouveau mon visage imberbe, libre de tous ces poils disgracieux. Le faire au couteau est tout à fait contraignant, bien que je possède toute la dextérité requise pour m'attaquer à ce périlleux exercice. Je passais la main sur ma barbe de plusieurs jours, faisant la moue. Oui, au prochain abri, cette petite me dira adieu pour quelques jours. Elle ne me manquera pas, incapable qu'elle est de protéger au moins mes joues du froid.
Je m'ébrouais et continuais à marcher, pressé de rejoindre mon nid, situé non loin du cimetière. Et lorsque je dis non loin, je dis en vérité dans l'unique maison du cimetière, où les vivants éplorés venaient chercher de l'eau pour arroser leurs offrandes. Je suis toujours heureux de pouvoir donner une seconde vie à des endroits de ce genre, et au moins, les voisins ne sont pas dérangeants. Je n'ai pour le moment jamais eu à me plaindre. Du moins, pas jusqu'à aujourd'hui, pensais-je en découvrant des traces de pas fraîches imprimées sur la neige. De la compagnie, ici ? Pas un mort venu se plaindre de l'entretien de son mémorial j'espère... Je ne suis ni sculpteur, ni jardinier, ni même gardien. Fossoyeur, en revanche... Hum, je peux l'ajouter à mon C.V. . Curieux, je suivis les empreintes, qui me menèrent jusqu'à un jeune homme.
Installé sur une tombe, dos à moi, il était en train de parler tout seul. Je me gardais bien d'émettre le moindre jugement à ce sujet : chacun pallie à la solitude comme il le peut. Petit et brun, emmitouflé dans un grand manteau, probablement en train de fouiller dans un sac en plastique au vue du bruit. Pas une menace pour le moment. Plutôt que de le déranger et ainsi de suciter une confrontation, je préférais me rapprocher silencieusement et m'installer également sur une tombe, prêt à écouter ce qu'il avait à raconter. C'est qu'il y a une éternité que je n'ai pu me détendre devant une telenovela ou lire un roman, pourquoi me priver du récit d'une vie qui n'est pas la mienne ? Ce fut donc avec cet état d'esprit, qu'on pourrait qualifier de voyeur en omettant le fait qu'il n'y ait rien à voir et tout à écouter (écouteur dans ce cas ?) que je m'asseyais sur la tombe du regretté Timothy Jr. Drake et de sa tendre moitié Thalia Drake, née Hopkins, et que je commençais à écouter sagement le récit des aventures du jeune homme.
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Re: Little tricks & Magic powder
Mar 20 Fév 2018 - 11:57
Ne se formalisant pas du froid de la tombe sur laquelle il s'était assis, celle de l'aïeule Torrance, l'Australien grignotait un crackers en repensant à ce qui était arrivé. Déjà l'année passée, il en avait fait un récit construit à sa mère-grand, comme si sa mémoire servait de journal intime ou d'une autre idiotie du genre. La réalité était qu'il avait réellement besoin de se recueillir ici une fois par an, à la date approximative de son décès et peut-être après irait-il à la maison pour passer voir Josh, enterré dans le jardin. Mais pour l'instant, il réfléchissait à ce qui était arrivé depuis qu'il était venu ici l'an passé, sachant pertinemment par où commencer son récit. «Tu t'rappelle, j't'avais dis la dernière fois que j'm'étais trouvé un groupe... ça a pas duré » avait-il commencé en soupirant légèrement, se remémorant ce sale souvenir qui, d'après lui, passerait un peu mieux s'il le disait à voix haute à sa grand-mère, comme si elle pouvait être une confidente, lui apporter le réconfort dont il avait besoin à l'évocation de ce sombre souvenir, même s'il n'en serait rien. «Quand j'suis reparti d'ici pour y retourner... j'ai trouvé le camp en cendres, y avait même des corps calcinés Grand'ma... et si j'étais pas venu te voir ce jour là j'en aurai sans doute fait parti. » Attrapant un nouveau biscuit salé dans le petit sachet, Corey avait repris un croc, déposant alors son coude sur son genoux pour maintenir son menton en observant d'un air songeur un point abstrait devant lui. «Nan parce-qu'il faut pas s'leurrer, même si j'avais été là-bas j'aurai rien pu faire de plus, j'm'en veux juste d'pas avoir laissé l'un d'eux m'accompagner pour venir te voir, au moins il aurait été sauvé. » Malgré son ton relativement enjoué, il était évident que cet épisode était lourd à porter et que l'aborder n'était pas ce qu'il y avait de plus simple. «J't'entends déjà m'dire que ça sert à rien de porter la culpabilité, qu'ça changera rien, j'le sais » avait-il ajouté comme si son aïeule décédée allait vraiment lui dire cela, comme s'il pouvait voir son regard compréhensif et protecteur, mais il était tout aussi conscient que jamais il ne le reverrait.
Deux secondes plus tard le jeune homme s'était laissé tomber en arrière, s'enfonçant dans la neige comme s'il elle pouvait lui accorder l'étreinte rassurante qu'il n'aurait plus jamais de la part de celle qui avait été comme une mère à ses yeux. Fixant alors le ciel gris, imaginant sa grand-mère là-haut, il avait soupiré, chassant cette boule dans sa gorge en reprenant la parole. «Mais il m'est arrivé des trucs cools aussi ! J'ai fait quelques rencontres sympas, comme quoi y a encore des gens bien quelque part... » Trois secondes de silence qui faisait échos au calme environnant, avant que sa voix ne dérange à nouveau le repos éternel des résidents du cimetière. «J'suis allé à la patinoire avec une fille. Bon, y avait plus d'glace et les Grabataires étaient au rendez-vous mais c'était cool d'voir que certaines personnes se raccrochent encore à ce qui faisait nos vies d'avant. » Son ton s'était fait plus léger au fur et à mesure, lui arrachant même un petit rire alors qu'il repensait à ce souvenir. Sûr que si quelqu'un l'entendait vraiment raconter toutes ces âneries futiles, il le prendrait pour un demeuré, mais il n'y avait en cet instant personne d'autre que lui et le souvenir de celle qu'il était venu voir, c'était du moins ce qu'il pensait.
Alors qu'il s'était apprêté à reprendre la parole, un petit bruit inhabituel venant de l'arrière parvint jusqu'à ses oreilles, le faisant immédiatement se redresser en fronçant les sourcils alors que le sachet de crackers tombait au sol. De la neige plein le dos, l'écharpe et le bonnet, l'Australien observait les alentours, attentif, avant de voir un type un peu plus loin. Vivant ? Apparemment, sinon il se serait déjà approché pour en faire son quatre heures. Machinalement, le jeune homme avait pris entre ses doigts froids son tisonnier, restant cependant assis sur la tombe, simplement tourné vers l'inconnu. «T'es là depuis quand... ? Si tu veux quelque chose j'ai rien d'autre que... ces crackers tombés dans la neige » avait-il lancé en désignant de sa main libre ledit sachet. Malgré son ton un peu fébrile, il ne montrait aucun signe de menace, mais l'anxiété quant aux intentions de l'homme en face était bien présente. À trop papoter et se couper ainsi du monde, il en avait complètement oublié les potentiels risques, c'était presque à se demander comment il avait fait pour être encore en vie jusque là ; la chance, sans doute, ou peut-être que quelque part là-haut, les siens veillaient sur lui.
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Re: Little tricks & Magic powder
Lun 26 Mar 2018 - 21:03
Eh bien, tout le monde semble mener une vie passionnante ces temps-ci, faite d'amitiés, de morts et de trahisons... Que n'ais-je un siège confortable et un verre de vin rouge pour écouter le récit de ce petit jeune homme ! Quand on revient pleurer sa grand-mère tous les ans malgré la fin du monde, c'est la preuve de la possession d'une belle âme. Et d'un très bon sens de l'orientation, soutenu par une mémoire d'éléphant. Impressionnant, le garçon. Aurais-je fait de même pour un membre de ma famille ? Hum. Il aurait déjà fallu que je trouve un avion, assorti si possible d'un pilote, pour ce faire. Je ne vais tout de même pas longé toute la côte dans l'espoir d'atteindre un jour la terre chaude du Mexique !
Enfin, je me gèlerais moins le cul qu'ici... Je pinçais les lèvres en sentant le froid envahir peu à peu mon postérieur. Ah, les beaux jours ici, ils sont encore bien loin... Je me languis du printemps, et particulièrement de son air doux et chaud, ses petites brises qui vous annoncent que le soleil ne saurait davantage tarder, ses petits bourgeons qui vous indiquent que les fleurs, et surtout les fruits, reviendront ! Je n'ai jamais autant regretté d'être parti à la conquête des États-Unis si jeune qu'aujourd'hui. Je serai resté quelques mois de plus, peut-être une ou deux années, et j'aurais eu toutes les clés nécessaires pour cultiver mon propre terrain à moi seul. Seulement, il a fallu que mon ambition soit plus grande que celle des autres et que je sois suffisamment fou pour tenter l'aventure. Me voilà tout bête et penaud, les mains vides, incapable de faire apparaître quoi que ce soit d'autre qu'une pièce de monnaie là où j'aurais tant souhaité une pizza.
La vie n'est pas nécessairement juste.
Celle du petit gars semblait rendre ma déclaration avérée. J'hochais la tête d'un air grave lorsqu'il mentionna qu'il fallait bien continuer à avancer malgré tout. Que sommes-nous, pauvres humains, pour nous obstiner de la sorte à défier la Nature, si ce n'est des enfants terribles ? Moi, je continuais à vivre pour le principe, et surtout pour l'espoir de retrouver un jour tout ce qui m'a été arraché. Notamment mon argent, si honnêtement gagné. Les choses matérielles. Les choses intangibles, elles... J'ai fait mon deuil, en deux ans de souffrance et de misère. Peut-être ma famille est-elle encore en vie. Le plus probable est qu'elle ne le soit pas. C'est ainsi, encore une fois, la vie est injuste. J'étais de loin le pire de la fratrie, et, telle la mauvaise herbe dont rien ne vient à bout, je suis encore et toujours là, présent. Debout.
Enfin, assis dans de la neige sur la tombe d'un presque inconnu.
L'autre reprit d'un ton enjoué l'histoire de sa vie, arguant qu'on pouvait également tomber sur des gens biens. Oh, que c'est beau, un homme qui a foi en son prochain... La seule utilité réelle que je voyais à mes congénères, c'était leur capacité à trouver de quoi survivre. Certains étaient particulièrement bons, je regrette d'avoir été la cause d'un moment difficile, où les autres ont questionné leur talent. Où sont passées les réserves ? demandait-on, Qui peut bien les avoir mangées ? Un certain petit malin, surnommé de manière peu flatteuse Le Rat. C'est toujours mieux que le Raton Laveur, qui, avec les cernes qui parent mon visage et la saleté que je traîne à mon corps défendant, serait très certainement bien mieux approprié. Ou le Dingo, tiens, ce chien sauvage et rôdeur, à l'affût du moindre gibier potentiel... Les gens ne sont pas très imaginatifs...
Agacé de sentir le froid, je voulus chercher une position plus confortable. Je pris appui sur une de mes mains et glissais un peu sur la couche de neige, heurtant un vieux pot de ce qui avait dû être un bouquet dans un temps plus ancien. Ce bruit, aussi léger fut-il, suffit pour avertir l'autre homme de ma présence. A l'affût, hein ? Pas étonnant qu'il soit encore là pour venir converser avec les ossements de son aïeule. Je ferai bien d'en prendre de la graine... Je me recroquevillais comme je pus derrière la tombe alors que l'autre prenait les devants et m'interrogeais sur les raisons de ma présence ici. Je pourrais jouer à l'outragé, m'indigner de sa curiosité, mais je venais de passer plusieurs minutes à l'écouter parler de sa vie personnelle sans jamais avoir cherché à me manifester. L'opinion publique penchait en sa faveur. Coincé, je préférais prendre les devants. « Merci pour l'offre généreuse, mais je dois malheureusement la décliner. » lui répondis-je en laissant juste dépasser ma caboche de la pierre tombale, surveillant aussi bien le jeune homme que les mouvements aux alentours. Je ne tiens pas à ce qu'un public vienne s'immiscer dans nos affaires. « Mais continue surtout, ne laisse pas ma présence t'importuner ! Comment s'est passé ce rendez-vous exactement ? Elle en est ressortie vivante ? »
Enfin, je me gèlerais moins le cul qu'ici... Je pinçais les lèvres en sentant le froid envahir peu à peu mon postérieur. Ah, les beaux jours ici, ils sont encore bien loin... Je me languis du printemps, et particulièrement de son air doux et chaud, ses petites brises qui vous annoncent que le soleil ne saurait davantage tarder, ses petits bourgeons qui vous indiquent que les fleurs, et surtout les fruits, reviendront ! Je n'ai jamais autant regretté d'être parti à la conquête des États-Unis si jeune qu'aujourd'hui. Je serai resté quelques mois de plus, peut-être une ou deux années, et j'aurais eu toutes les clés nécessaires pour cultiver mon propre terrain à moi seul. Seulement, il a fallu que mon ambition soit plus grande que celle des autres et que je sois suffisamment fou pour tenter l'aventure. Me voilà tout bête et penaud, les mains vides, incapable de faire apparaître quoi que ce soit d'autre qu'une pièce de monnaie là où j'aurais tant souhaité une pizza.
La vie n'est pas nécessairement juste.
Celle du petit gars semblait rendre ma déclaration avérée. J'hochais la tête d'un air grave lorsqu'il mentionna qu'il fallait bien continuer à avancer malgré tout. Que sommes-nous, pauvres humains, pour nous obstiner de la sorte à défier la Nature, si ce n'est des enfants terribles ? Moi, je continuais à vivre pour le principe, et surtout pour l'espoir de retrouver un jour tout ce qui m'a été arraché. Notamment mon argent, si honnêtement gagné. Les choses matérielles. Les choses intangibles, elles... J'ai fait mon deuil, en deux ans de souffrance et de misère. Peut-être ma famille est-elle encore en vie. Le plus probable est qu'elle ne le soit pas. C'est ainsi, encore une fois, la vie est injuste. J'étais de loin le pire de la fratrie, et, telle la mauvaise herbe dont rien ne vient à bout, je suis encore et toujours là, présent. Debout.
Enfin, assis dans de la neige sur la tombe d'un presque inconnu.
L'autre reprit d'un ton enjoué l'histoire de sa vie, arguant qu'on pouvait également tomber sur des gens biens. Oh, que c'est beau, un homme qui a foi en son prochain... La seule utilité réelle que je voyais à mes congénères, c'était leur capacité à trouver de quoi survivre. Certains étaient particulièrement bons, je regrette d'avoir été la cause d'un moment difficile, où les autres ont questionné leur talent. Où sont passées les réserves ? demandait-on, Qui peut bien les avoir mangées ? Un certain petit malin, surnommé de manière peu flatteuse Le Rat. C'est toujours mieux que le Raton Laveur, qui, avec les cernes qui parent mon visage et la saleté que je traîne à mon corps défendant, serait très certainement bien mieux approprié. Ou le Dingo, tiens, ce chien sauvage et rôdeur, à l'affût du moindre gibier potentiel... Les gens ne sont pas très imaginatifs...
Agacé de sentir le froid, je voulus chercher une position plus confortable. Je pris appui sur une de mes mains et glissais un peu sur la couche de neige, heurtant un vieux pot de ce qui avait dû être un bouquet dans un temps plus ancien. Ce bruit, aussi léger fut-il, suffit pour avertir l'autre homme de ma présence. A l'affût, hein ? Pas étonnant qu'il soit encore là pour venir converser avec les ossements de son aïeule. Je ferai bien d'en prendre de la graine... Je me recroquevillais comme je pus derrière la tombe alors que l'autre prenait les devants et m'interrogeais sur les raisons de ma présence ici. Je pourrais jouer à l'outragé, m'indigner de sa curiosité, mais je venais de passer plusieurs minutes à l'écouter parler de sa vie personnelle sans jamais avoir cherché à me manifester. L'opinion publique penchait en sa faveur. Coincé, je préférais prendre les devants. « Merci pour l'offre généreuse, mais je dois malheureusement la décliner. » lui répondis-je en laissant juste dépasser ma caboche de la pierre tombale, surveillant aussi bien le jeune homme que les mouvements aux alentours. Je ne tiens pas à ce qu'un public vienne s'immiscer dans nos affaires. « Mais continue surtout, ne laisse pas ma présence t'importuner ! Comment s'est passé ce rendez-vous exactement ? Elle en est ressortie vivante ? »
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Re: Little tricks & Magic powder
Sam 2 Juin 2018 - 1:31
Doigts crispés autour de son tisonnier, l'Australien ne quittait pas des yeux la petite tête qui dépassait d'une pierre tombale un peu plus loin. Si ce type cherchait à se planquer, peut-être aurait-il dû faire attention à se montrer plus discret avant. Il était désormais trop tard pour faire comme s'il n'était pas là, tout comme Corey ne pouvait faire fi de sa présence. S'il était perturbé de s'être fait déranger dans ce moment rien qu'à lui, le seul où il venait une fois par an voir sa Grandma, il l'était d'autant plus parce-qu'il ne savait pas si cet inconnu allait lui sauter à la gorge ou non. Certes, l'aide de vie n'avait pas grand chose sur lui, mais l'autre pouvait bien être un de ces survivants qui avaient complètement vrillé et tuaient sans aucune raison. La réponse du survivant à cette histoire de crackers lui valu un haussement de sourcils alors qu'il jetait un nouvel œil à ses crackers, haussant les épaules. Tant mieux si l'autre n'en voulait pas, il avait bien l'intention pour sa part de les garder.
S'il s'était attendu cependant à ce que l'inconnu s'en aille ou s'approche, il n'avait pas prévu sa question, restant quelques secondes pantois à simplement l'observer sans mot dire, les lèvres entrouvertes sous la surprise avant qu'il ne les referme et affiche une petite moue pensive. «Euh... elle avait b'soin d'patins en fait alors j'l'ai aidée à en trouver. Mais y avait pas mal de Grabataires dans l'bâtiment, j'me suis même blessé à la main ! » avait-il commencé sans vraiment se demander si l'autre avait réellement envie d'entendre une réponse à sa question, parlant trop comme il le faisait constamment. «Heureusement, on a pu s'en sortir, et on a trouvé des patins en plus. Quand on a repris nos chemins respectifs elle était encore en vie ouais. Mais maint'nant j'sais pas » avait-il terminé en haussant les épaules, se remettant à réfléchir avant de secouer la tête. «J'imagine qu'ça t'intéresse pas tant qu'ça au fond. » Un petit rire mi-amusé mi-nerveux avait ponctué son affirmation alors qu'il se détendait un peu. Juste assez pour reposer son arme à côté de lui, la gardant tout de même entre ses doigts.
«Tu fais quoi ici ? T'es juste v'nu t'poser parce-que ça avait l'air calme ou t'es là pour une raison précise ? » avait-il demandé en se tournant un peu plus vers l'inconnu. Après tout, il ne l'avait pas entendu arriver alors peut-être avait-il entendu une bonne partie de son histoire. Pourquoi ne serait-ce pas donnant-donnant ? Peut-être parce-que l'Australien était encore trop en confiance et ce malgré les rencontres délicates qu'il avait faites depuis le début de tout ce bordel. «Moi c'est Corey d'ailleurs, si tu t'posais la question » avait-il ajouté comme si de rien n'était, comme si le fait que cet inconnu connaisse son nom était important. Mais pour l'aide de vie ça l'était : il aimait connaître les noms de ceux qu'il rencontrait pour ne pas oublier.
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Re: Little tricks & Magic powder
Ven 15 Juin 2018 - 15:55
Surprendre un inconnu me faire toujours vivre ce petit frisson de suspense. Impossible de prévoir l'exacte réaction. Il y en a qui se figent, d'autres qui vous attaquent à vue. D'autres encore qui prennent leurs jambes à leur cou et, mes favoris, ceux qui tentent de la jouer détendue. Comme celui-ci. Je souris en le voyant perdre momentanément ses moyens, étonné de voir ma petite tête apparaître de derrière cette pierre tombale, puis répondre à ma question innocente, l'air de se surprendre lui-même. Eh oui, parfois, on a le droit à des petits élans de sympathie, ça vous illumine votre journée, surtout quand il s’agit d’une journée dans un monde post-apocalyptique où on veut généralement votre peau.
La vie est belle.
Je l'écoutais avec intérêt, notant au passage son surnom pour les morts-vivants trop gourmands. C’est amusant, cette propension à leur donner un nom personnalisé chez les survivants. Comme si, en les nommant, cela amenuisait leur horreur. Alors que non, hein, que nous nous mettions bien d’accord : ces choses, ces “presque nous, mais morts et généralement avec des membres ou des organes de moins”, même si tout le monde se met d’accord et décide de les renommer “Les Bisounours”, ça reste des choses effrayantes. Personnellement, je n’ai pas fait dans la fantaisie ou l’originalité, j’appelle ça en général “les Moches”. Avec une majuscule, oui, parce que je tiens à marquer leur mocheté. Et plutôt crever que de ressembler à ça après ma mort. Notez l’ironie, puisque c’est un sort quasiment inévitable si on ne tombe pas sur des gens charitables ou à peu près doués pour viser.
Le petit jeune continuait en tout cas, me faisant part du dénouement heureux de leur histoire, sûrement ravi d’avoir quelqu’un capable de former autre chose que des grognements comme interlocuteur. Comme moi j’étais ravi de ne pas avoir suscité des envies de meurtre chez lui, reconnus-je en l’observant déposer lentement son arme. C’est usant, à force, de constamment se dissimuler en apercevant un de ses semblables. L’être humain est un animal sociable que diable ! J’en ai assez de subir l’ire de mes congénères juste pour quelques emprunts ! Je rendrai ce qu’on m’a donné lorsque le monde ira mieux, je le jure ! Enfin… Je le rendrai à ma manière.
« Hum ? Oh, juste me poser. C’est agréable de voir que la réputation des cimetières est restée inchangée malgré notre nouvel… environnement urbain, » lui répondis-je aimablement, me demandant en même temps si, dans un souci de sécurité, il valait mieux que nous réduisions la distance entre nous deux pour ne pas avoir à hausser la voix. Nous savons tous ici comme les morts sont sans-gêne. A s’inscruster partout et à toute occasion ! Saloperies. Heureusement que je n’aurais jamais à voir mes proches comme ça : avec la pagaille qui a suivi la déclaration de l’épidémie, ils sont soit perdus au milieu de cette foule d’affamés, soit partis très, très loin de cette ville affreuse qu’est devenue Seattle. Il n’y a que moi qui ait été assez crétin pour revenir… Et là, plus question de partir à véhicule motorisé, non madame, il n’y a plus rien qui fonctionne. Et je peux vous dire qu’entreprendre une migration à pied par un temps pareil, c’est se promettre de grossir les rangs des Moches dans les prochains jours, alors me voilà coincé ! Coincé, recoincé, Corey. Aha, Ricoré. Pardon, ce sont les nerfs qui lâchent.
« Seth, enchanté. Et dis-moi, tu viens voir quelqu’un de précis dans ce haut lieu de rassemblement ? Un hommage rituel ? J’avoue être étonné de voir que certains payent encore leurs respects à leurs ancêtres. C’est beau, surtout maintenant où nous avons plutôt tendance à leur exploser la boîte crânienne. »
La vie est belle.
Je l'écoutais avec intérêt, notant au passage son surnom pour les morts-vivants trop gourmands. C’est amusant, cette propension à leur donner un nom personnalisé chez les survivants. Comme si, en les nommant, cela amenuisait leur horreur. Alors que non, hein, que nous nous mettions bien d’accord : ces choses, ces “presque nous, mais morts et généralement avec des membres ou des organes de moins”, même si tout le monde se met d’accord et décide de les renommer “Les Bisounours”, ça reste des choses effrayantes. Personnellement, je n’ai pas fait dans la fantaisie ou l’originalité, j’appelle ça en général “les Moches”. Avec une majuscule, oui, parce que je tiens à marquer leur mocheté. Et plutôt crever que de ressembler à ça après ma mort. Notez l’ironie, puisque c’est un sort quasiment inévitable si on ne tombe pas sur des gens charitables ou à peu près doués pour viser.
Le petit jeune continuait en tout cas, me faisant part du dénouement heureux de leur histoire, sûrement ravi d’avoir quelqu’un capable de former autre chose que des grognements comme interlocuteur. Comme moi j’étais ravi de ne pas avoir suscité des envies de meurtre chez lui, reconnus-je en l’observant déposer lentement son arme. C’est usant, à force, de constamment se dissimuler en apercevant un de ses semblables. L’être humain est un animal sociable que diable ! J’en ai assez de subir l’ire de mes congénères juste pour quelques emprunts ! Je rendrai ce qu’on m’a donné lorsque le monde ira mieux, je le jure ! Enfin… Je le rendrai à ma manière.
« Hum ? Oh, juste me poser. C’est agréable de voir que la réputation des cimetières est restée inchangée malgré notre nouvel… environnement urbain, » lui répondis-je aimablement, me demandant en même temps si, dans un souci de sécurité, il valait mieux que nous réduisions la distance entre nous deux pour ne pas avoir à hausser la voix. Nous savons tous ici comme les morts sont sans-gêne. A s’inscruster partout et à toute occasion ! Saloperies. Heureusement que je n’aurais jamais à voir mes proches comme ça : avec la pagaille qui a suivi la déclaration de l’épidémie, ils sont soit perdus au milieu de cette foule d’affamés, soit partis très, très loin de cette ville affreuse qu’est devenue Seattle. Il n’y a que moi qui ait été assez crétin pour revenir… Et là, plus question de partir à véhicule motorisé, non madame, il n’y a plus rien qui fonctionne. Et je peux vous dire qu’entreprendre une migration à pied par un temps pareil, c’est se promettre de grossir les rangs des Moches dans les prochains jours, alors me voilà coincé ! Coincé, recoincé, Corey. Aha, Ricoré. Pardon, ce sont les nerfs qui lâchent.
« Seth, enchanté. Et dis-moi, tu viens voir quelqu’un de précis dans ce haut lieu de rassemblement ? Un hommage rituel ? J’avoue être étonné de voir que certains payent encore leurs respects à leurs ancêtres. C’est beau, surtout maintenant où nous avons plutôt tendance à leur exploser la boîte crânienne. »
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Re: Little tricks & Magic powder
Mer 11 Juil 2018 - 17:59
Attendant de savoir la raison exacte de la présence de l'inconnu non loin, le jeune homme tâchait de ne pas le quitter des yeux afin d'anticiper ses mouvements. Après tout, l'autre pouvait bien lui servir n'importe quel mensonge, s'il s'était posé là dans l'optique d'attendre le bon moment pour le piller ou le tuer, il ne le lui dirait sans doute pas aussi clairement. Pour autant, l'aide de vie ne pouvait s'empêcher d'espérer que cet inconnu ne soit pas un mauvais gars, encore bien loin de perdre foi en la race humaine -fait qui lui coûterait probablement la vie à un moment ou à un autre mais, pour l'instant, il s'en était plutôt bien tiré-.
Lorsqu'enfin le survivant répondit, Corey avait hoché la tête d'un air grave. La réputation des cimetières. Rien qu'y penser lui fit froid dans le dos à dire vrai, et il repensa un bref instant à tous ces films où des tueries se passaient dans les cimetières. Peut-être serait-il le prochain ? Mieux valait ne pas trop s'épancher sur la question s'il ne voulait pas prendre ses jambes à son cou. À bien y penser, il ne savait pas vraiment si, pour lui, les cimetière avaient quelque chose de sympa. C'était ici précisément qu'était enterrée sa Grand'ma, et si ç'avait un côté réellement triste à ses yeux, c'était aussi vraiment rassurant de pouvoir y venir, savoir qu'elle était encore quelque part et qu'il pouvait venir lui die quelques mots. Joshua, lui, n'avait pas eu cette chance, d'être enterré dans les règles de l'art, mais qui pouvait encore aspirer à cela désormais ? Ils finiraient comme le meilleur ami de l'Australien, enterrés dans un jardin, une manière symbolique de reposer en paix, mais la plupart n'auraient pas cette chance et seraient simplement des cadavres de plus dans les rues, errants ou non.
Pris dans ces nouvelles réflexions, Corey avait jugé préférable de se présenter plutôt que de fuir. Après tout, ce moment était le sien, personne n'avait le droit de lui enlever ça et, pour l'instant, l'autre ne semblait pas vraiment menaçant alors peut-être pouvait-il rester encore un peu. Il ne tarda donc pas à apprendre le prénom de l'inconnu, lui adressant un sourire sympathique. Seth donc. S'apprêtant à répondre à sa question, le jeune homme avait rapidement refermé la bouche, restant interdit quelques instants. Exploser la boîte crânienne de leurs ancêtres ? Il ne put s'empêcher une nouvelle fois d'imaginer ce qu'il adviendrait si en effet quelqu'un creusait ces tombes. Les morts se relèveraient-ils ? Du moins ceux suffisamment en état. Sa grand-mère en ferait-elle partie ? Abaissant le nez vers la neige, il soupira légèrement en traçant des sillons dans le manteau blanc du bout du doigt, tâchant de chasser de son esprit ces images horribles. «C'est la tombe d'ma grand-mère. Et personne va lui exploser la boîte crânienne » avait-il rétorqué en relevant la tête vers Seth, les sourcils froncés. Une infime seconde à peine avant que son expression ne se refasse plus adoucie, plus avenante.
«Elle est partie avant que les morts s'relèvent, et heureusement, j'aurai pas voulu qu'elle ait à voir tout ça, vivre comme ça... elle l'aurait pas supporté, et j'aurai pas supporté d'la perdre à cause de ça » avait-il expliqué, parlant à nouveau sans réfléchir comme si ses propos pouvaient un tant soit peu intéresser son nouveau camarade. Il ne l'aurait pas supporté, c'était un fait, tout comme il s'était retrouvé totalement démuni suite à la mort de Joshua, absence qui était encore une plaie vive dans son être. «J'me suis promis de v'nir ici une fois par an, plus ou moins à la date d'son décès et tant que j'pourrai l'faire » avait ajouté l'aide de vie, en souriant brièvement, une certaine nostalgie perceptible dans son ton mais également un respect sans limite. «J'sais qu'ça peut paraître totalement con au vu d'notre situation mais... c'est comme ça, faut savoir se raccrocher à certaines choses pour avancer. » Et Dieu savait que c'était grâce à ces ''choses'' qu'il n'avait pas encore sombré, grâce à la promesse faite à son meilleur ami lorsque celui-ci avait donné sa vie pour lui.
Inspirant profondément, Corey avait pris un crackers entre ses doigts, ne se formalisant pas des résidus de neige qui avaient fondu depuis, ramollissant le biscuit salé. «T'es tout seul ? » avait-il alors demandé en replantant ses prunelles brunes sur l'homme un peu plus loin.
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