La blessure d’Isaac se refaisait bien, la cicatrice était belle et la mobilisation de l’épaule presque rétablie. Il faudrait probablement encore un peu de temps avant qu’elle ne cesse de le tirer, mais en l’état, Lisandro ne pouvait espérer un meilleur rétablissement que celui-ci. Isaac l’avait écouté – avec plus de sérieux qu’aucun autre membre de la prison – et il savait bien pourquoi. Isaac n’était pas une tête brûlée, ni un Viking prêt à en découdre avec une blessure dans le ventre, … Isaac était un peu plus comme lui ; ils avaient tous les deux consciences de leurs limites. Avec cette dernière sortie, Isaac avait atteint les siennes et devenait plus frileux à sortir de l’enceinte des murs de la prison. Il devait aussi l’avouer, Lisandro aurait arrêté les frais depuis longtemps à la place de son aîné. C’était probablement pour ça que le chilien continuait de sortir et de ne rien dire. Le courage d’Isaac, il ne l’avait probablement pas. Et jamais il ne le blâmerait à vouloir penser enfin à sa propre sécurité. Lisandro était toujours tiraillé par ses vieux démons quand le danger approchait. Mais c’était pour eux tous, pour cette famille recomposée, qu’il tenait bon.

« A la bonne heure, je suis content de l’entendre. » Lisandro examinait la plaie, propre et nette. « Je pense que tu n’as plus besoin de bandage, ni de soins. Tu peux remettre une bande si cela te rassure, mais tu peux dès à présent la laisser à l’air libre autant que tu le souhaites, tu ne risques plus d’infections. » Le médecin s’appliqua néanmoins à nettoyer la plaie avant de la couvrir d’un baume cicatrisant qu’une certaine blondinette lui avait appris à fabriquer par le passé. Il y a presqu’un an de cela, déjà. Puis il regarda le cavalier qui continuait de mordre sur sa chique concernant ses restrictions auprès des chevaux. « Je préfèrerai que tu prennes encore le temps d’être sûr de ton épaule, mais tu connais mieux les chevaux que moi, du moment que tu évites les situations de chute… » Annonca-t-il doucement. Il savait que ça le peinait de ne pas se remettre en selle, mais s’il pouvait se passer des bandages, c’est que Lisandro était assez sûr de la guérison de son épaule. « Tu as reparlé à Selene ? Du fait que tu voulais autant que possible éviter les sorties risquées ? » Il baissa les yeux sur le matériel qu’il s’apprêtait à ranger, un peu gêné de sa curiosité.