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Winter wound

Ven 16 Fév 2018 - 14:09

28 janvier 2018 ••


Elle n’en pouvait plus. Le sang avait fini de coulé avait avoir imbibé sa chevelure blonde mais elle se sentait faible. Trop. Sa tempe était gonflée et douloureuse, ses membres ankylosés par le froid, son corps affreusement courbaturé. Déjà, revenir jusqu’ici avait été difficile. Reprendre conscience, éviter un rôdeur, trouver la voiture, démarrer, s’accrocher, faire une halte…. Mais les longues heures de sommeil dans l’habitacle glacé ne lui avaient pas rendu service. April avait la tête qui tournait et rien à se mettre sous la dent : tout était dans son sac que les gosses avaient dévalisé. Dans son état, elle ne pouvait pas s’échiner à chercher autre chose. Il fallait qu’elle rentre… si elle y arrivait.

Avant l’entrée du pont qui revenait à Mercer Island, elle s’était arrêtée sur la Lake road. Sa vision se troublait, ses mains tremblaient. Pour une traversée qui demandait autant de précision – ce n’était pas évident de naviguer entre les épaves – elle n’était pas prête. Il fallait qu’elle souffle, qu’elle se concentre. Même avec le contact allumé et le chauffage poussé à fond, elle grelottait. La tempête était pourtant passée depuis une dizaine de jours, mais la neige et les bourrasques laissaient dans leur sillage une atmosphère glaciale.

Du bout des doigts, la quarantenaire avait tâté sa blessure. Une croute sombre s’était déjà formée sur la plaie qui aurait de toute façon besoin d’être nettoyée. Elle grimaça, non sans pester à voix basse contre Roxanne et Bruce. Voilà exactement ce que devenaient les enfants qui n’étaient pas encadrés et protégés dans un monde pareil. Dire que Kaycee était là, dehors… pourvu qu’elle n’ait pas affaire à ces individus – ou ne devienne pas comme eux. Pâle comme un linge, la veuve enclencha les essuie-glaces pour chasser la pluie qui s’écrasait désormais sur le pare-brise. Bon. Bon…

Lentement, la voiture de Kerwan se remit en marche, suivit la route jusqu’à un détour qui lui permit de prendre de la hauteur, sur le Channel bridge. Là, l’averse n’aidait pas. April était obligée de plisser ses yeux fatigués pour distinguer les passages entre les véhicules abandonnés. La plupart était encore couverts de neige ou d’une mousse givrée qui leur donnaient des allures phantasmagoriques. Soudain, un voile noir.

Ce fut le choc qui lui fit rouvrir les paupières ; léger, heureusement, elle ne dépassait pas les 15 km/h. Elle avait perdu connaissance, une faction de seconde. Une de trop. Son capot embrassait désormais l'arrière d'une citadine des années 2000. Fébrilement, la blonde éteint les pales de caoutchouc. La pluie flouta alors rapidement son champ de vision, tout autour d’elle, tandis que la nuit hivernale jalousait déjà le jour. Le soleil invisible déclinait. D’ici une ou deux heures, elle n’y verrait plus rien. Elle coupa le moteur et se contorsionna pour passer sur la banquette arrière. Peut-être que dormir encore lui ferait du bien ; peut-être que d’ici demain, elle cesserait d’avoir le tournis…
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Re: Winter wound

Lun 26 Fév 2018 - 11:25

Emerson était inquiète. Ça, c'était déjà plutôt mauvais signe. La blonde était du genre à garder pour elle ses tracas. Du coup, et puisqu'elle n'avait rien de mieux à faire, Heather avait proposé à la taulière de partager un peu ce poids qui semblait lui peser sur les épaules.

La situation était plutôt inquiétante, il fallait bien le reconnaître. April avait disparu depuis déjà plusieurs heures. L'Italienne étant certaine qu'il n'était pas question d'une fugue. La blonde avait certes son caractère et aurait ouvert sa grande gueule si jamais quelque chose lui avait déplu. Elle n'était pas vraiment subtile et se moquait clairement de l'idée même de ménager ses interlocuteurs. Choses qu'Heather appréciait.

Puisqu'il était hors de question qu'Emi fasse les recherches seules, l'ancienne militaire proposa de s'occuper de cette histoire. Prétextant qu'elle se déplacerait plus vite seule, elle repoussa la candidature de l'infirmière du groupe pour cette "expédition". Elle s'équipa à l'armurerie de la résidence et enfila son coupe-vent imperméable aux "armes" de la police de l'état. Elle ajusta les sangles de son sac à dos avant de s'élancer dans la direction qu'avait prise la disparue.

La journée était déjà bien avancée et le temps n'était clairement pas de son côté. Sous les trombes d'eau, la trentenaire sourit en se souvenant d'une loi de Murphy. En plus de celle disant que tout ce qui peut aller de travers ira de travers, la plus célèbre de toutes, il avait émis l'idée que "la météo n'est pas neutre". Par un temps pareil, ça semblait plutôt juste.

Si la blonde avait laissé des traces, elles avaient sûrement disparu depuis déjà plusieurs heures. L'Italienne ne pouvait compter que sur son instinct et sur la chance. C'était donc vraiment mal engagé. Elle n'avait qu'une idée incertaine sur la destination qu'avait tenté de joindre April. Elle ne pouvait que croiser les doigts dans ses poches.

Après plus de deux heures de marche, elle eue la mauvaise surprise de découvrir la voiture de Kerwan pour le moins cabossée. Manquait plus que ça.. Le fait qu'il y ait en plus du sang sur la scène était aussi du genre à la rendre soucieuse.

Nerveuse ? Non. Elle n'en était pas à la vue de son premier mort. Mais elle se surprenait déjà à penser au pire. Au moins, l'habitacle ne baignait pas dans le sang. Une artère endommagée, ça laissait des traces toutes autres reconnaissables entre mille. Et ça laissait des pistes assez courtes et peu d'espoir. Là, l'espoir était encore un peu permis.De longues minutes d'angoisse se succédèrent alors qu'Heather faisait le tour des lieux pour vérifier que personne d'autre ne surveillait le véhicule.

Au moment où elle aperçut enfin la blonde sur la banquette arrière, elle fut prise d'un bref sentiment de soulagement. Elle avait l'air vivante. Enfin, presque. Elle tirait clairement une sale tête et paraissait en très mauvais point. Mais vu qu'elle respirait, elle devait être encore vivante. L'Italienne posa sa main sur son pistolet et observa une dernière fois les environs. Une embuscade n'était pas à exclure. Utiliser un blessé pour attirer des cibles était une tactique d'ordure, mais une tactique efficace. Elle prit néanmoins le risque de s'approcher de la blonde. Arrivée à la portière, elle l'ouvrit silencieusement avant de poser sa main sur l'épaule de sa camarade.

"On t'a suivi ?" avant d'ajouter :"c'est Heather." pour la forme et enfin de conclure par un :"pas de grosse hémorragie ?". Le temps jouait contre elles. Il fallait donc aller directement à l'essentiel. Se plaçant sur le flanc de la demoiselle et sans prévenir, elle tira hors du véhicule puis souleva la blonde par-dessus ses épaules. Ça allait fortement lui déplaire, c'était obligé. Mais il était hors de question qu'elle fasse les premiers soins dans un lieu aussi exposé et sous la pluie. La blonde coincée sur son épaule et "sécurisée" par sa main gauche passée autour de ses jambes et agrippant devant elle le bras droit d'April, l'ancienne militaire dégaina son arme de sa main libre et se dirigea en direction du premier bâtiment avec une porte ouverte qu'elle pouvait voir. Dans le cas présent, une barre d'immeuble de trois étages.
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Re: Winter wound

Mar 27 Fév 2018 - 14:22

Elle était tellement frigorifiée qu’elle crut ne jamais pouvoir s’endormir. Pourtant la fatigue, si ce n’était l’anémie, eut raison d’elle. April sombra dans un inconscient sans rêve jusqu’à ce qu’une voix l’en extirpe. Il fallut de longue seconde à son cerveau pour rassembler les informations : où était-elle ? Qui lui parlait ? Pourquoi avait-elle si mal au crâne ? Elle grogna avant de pouvoir répondre, déjà embarquée par sa bienfaitrice qu’il n’identifia que plusieurs pas plus tard. Perchée sur ses épaules dans une positions qui n’avait rien de confortable.

- Non, c’est… je crois pas, finit-elle par souffler.

Vaguement, la quarantenaire distingua qu’elles remontaient le pont, trouva le bâtiment ouvert le plus proche et s’y engouffrait. Il y faisait à peine moins froid. Sa sensation s’était incrustée sous sa peau, se diffusait jusqu’au moindre de ses fibres. Au moins, la pluie ne les trempait plus. La luminosité laissait à désirer là-dedans et même avec une main de libre, Heather ne pourrait pas faire face si trop de charognes se planquaient dans les parages. Pas tellement plus réveillée mais se refusait à être un poids pour sa cadette, April rassembla ses forces pour insister :

- Pose-moi, c’est bon. Je peux marcher.

Quand enfin ses pieds retrouvèrent le plancher des vaches, elle grimaça, non sans machinalement porter le bout des doigts à sa blessure. Ça n’avait pas l’air joli à voir mais au moins, si elle avait été trouvée par l’italienne, alors elle avait toutes ses chances de rentrer vivante. L’averse avait fait dégouliner des trainées rouges sur sa joue, son teint était blafard, ses lèvres presque bleues. Il fallait qu’un incident de la sorte arrive en plein pendant un hiver anormalement rigoureux…

- Tu es toute seule ?

La véritable question était « Kerwan n’est pas avec toi ? » car la quadragénaire supposait que l’agent immobilier serait aussi parti à sa recherche. Non pas qu’elle redoutait sa réaction – elle assumait parfaitement le risque qu’elle avait pris – mais elle préférait aller le trouver, plutôt que ce soit l’inverse. Il l’avait déjà suffisamment vue dans ses moments de faiblesse pour, en plus, la secourir au moindre problème. April enfouit brièvement son visage dans ses paumes éraflées pour en chasser les gouttes d’eau froide qui dégoulinait de son cuir chevelu.

- Comment tu m’as trouvée ?
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Re: Winter wound

Mar 27 Mar 2018 - 0:49

L'Italienne déposa enfin dans le couloir de la résidence la blonde avant de vérifier que les portes des divers appartements étaient bien toutes fermées. Histoire de ne pas avoir à se coltiner un rôdeur sur les dents alors qu'elle s'occuperait du cas de son emmerdeuse favorite.

Au moins, April semblait croire qu'elle n'avait pas été suivie. Aux yeux d'Heather, cette information valait de l'or. Être prise en embuscade était une expérience qu'elle préférait ne pas revivre. Surtout par un temps pareil. Surtout dans un endroit pareil. En fait, à mieux y réfléchir, il était assez difficile de trouver un temps et un lieu idéal pour tenter sa chance face à des cartouches de chevrotine.

La blonde, toujours aussi loquace même à deux doigts du coma enchaîna les questions alors qu'Heather vérifiât les lieux. L'ancienne militaire interpréta la chose comme un signe de bonne santé. Valait mieux également qu'elle parle plutôt que de s'endormir. Un sourire à moitié nerveux et à moitié amusé au visage, elle répondit donc à sa "camarade" :

"Bah bien sûr que j'suis seule. Tu sais très bien que je fais tout mon possible pour repousser les gens !"

Elle s'agenouilla face à le blessé avant de déposer son sac à dos devant elle. Elle ouvrit une des poches latérales en sortit une boite de compresses et un rouleau de scotch. Ne trouvant pas de bouteille de désinfectant, elle fit une grimasse avant de sortir une gourde et un mouchoir en tissus d'une autre poche. Une fois tout son matériel sorti, elle leva un doigt face au visage de la blonde et le fit passer devant les yeux de cette derrière en demandant :

"Combien j'ai de doigts ?" avant d'ajouter rapidement sur un ton amusé "si tu me dis autre chose que dix, je vais m'inquiéter. Rien de cassé ?"

Son ton devient à nouveau plus sérieux alors qu'elle fit signe d'un hochement de tête à la blonde de s'allonger. Il se fit même un peu gêné lorsque surenchérit en déclarant :

"Je peux vérifier que t'as des cotes péter, mais si c'est le cas, j'ai pas la moindre idée de ce que je dois faire. Et pour répondre à ton autre question : doit y avoir un bon dieu pour les blondes. C'est juste de la chance. Quoique, à ta place j'en serai pas si sûre. Je préviens, je coupe un minimum ma flotte au vinaigre pour m'assurer qu'elle soit potable. Vieille astuce de marin. Je nettoie les gros bobos, je les pense et on repart si tu es d'attaque. Vendu ? Ça risque de piquer pas mal, je préviens. J'espère que t'as pas oublié de faire tes rappels de vaccins..."

Heather alterna les sourires complices et les rictus à mesure qu'elle présentait son "plan de bataille" à la blonde. Elle s'en voulait pas mal de ne pas avoir suivi assez sérieusement les cours de premiers secours qui lui avaient été donnés durant sa période militaire. Maintenant qu'elle en avait besoin, elle avait la désagréable impression d'avoir été un sacré cancre...
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Re: Winter wound

Ven 30 Mar 2018 - 20:30

La tête lui tourna, alors elle se laissa glisser le long d’un mur décrépi. Heather s’agenouilla pour se mettre à sa hauteur avec une réplique de son cru. La quarantenaire voulut répondre à son sourire ambivalent mais son expression se mua plutôt en une espèce de grimace. Les doigts de sa cadette lui passaient devant les yeux et si elle était sérieusement désorientée, elle n’était plus vraiment sonnée. N’ayant pas l’énergie pour rebondir sur la plaisanterie de l’ancienne instructrice, April souffla un « dix » qui n’avait rien d’un mensonge.

A vrai dire, elle n’avait pas franchement envie de s’allonger là, dans un lieu parfaitement inconnu, pour se faire ausculter par l’italienne. Ce n’était pas qu’elle ne l’appréciait pas – elle avait largement passé le stade de leur première rencontre délicate – mais il fallait reconnaître que parfois, les initiatives de Heather surprenaient. La blonde au visage décolorée n’obtempéra qu’à contrecœur, grimaçant alors que poser sa tête sur le dallage ravivait la douleur de la bosse à l’arrière de son crâne.

Elle soupira, la trentenaire parvint même à lui arracher ce qui ressemblait à une esquisse de rire. L’esprit de la blessée était ailleurs, entre les adolescents et la maison de retraite, mais plus sa sauveuse parlait, moins elle était mécontente que ce soit elle qui l’ait trouvée. En fait, ce n’était même pas les paroles de l’instructrice elles-mêmes qui l’amusaient, c’était plutôt le fait qu’elle avait l’air d’avoir tout prévu. Toujours, tout le monde, la brune savait comme réagir.

- J’en ai peut-être raté quelques-uns, mentit-elle d’un air pince-sans-rire au sujet de ses vaccins, ça va, j’ai pas de côte cassée. J’ai juste pris un sale choc à la tête et je suis tombé sur un bout de verre, expliqua April sans laisser transparaître qu’il pouvait s’agir d’autre chose.

Pour l’instant, elle ne voulait pas parler des enfants. Elle voulait juger seule de ce qu’il convenait de faire et s’il y avait une personne qu’elle voulait inviter en première dans la réflexion, c’était Emerson. Alors que les gestes du « nettoyage » de sa plaie lui arrachèrent un grognement, la quadragénaire réalisa dans un flash comme elle s’était trompée sur le compte de Heather le jour de leur rencontre. Avec tout ce qu’elle savait, tout ce qu’elle était capable de faire… elle pourrait être n’importe où ailleurs qu’ici, dehors en plein hiver, à rafistoler une vieille inconsciente.

- Est-ce qu’il y a quelque chose que tu ne sais pas faire ? Taquina la doyenne bien que ses traits blafards ne mettaient pas en évidence le trait d’humour, à part le café je veux dire.

Indirectement, elle espérait qu’une discussion légère les fasse dévier du sujet crucial : comment avait-elle fait son compte ?! Et le pire dans tout ça, c’était que cet isolement en binôme mettait en évidence ce qu’elle n’oserait pas s’avouer : elle commençait presque à l’apprécier cette ex-militaire. A sa manière.
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Re: Winter wound

Sam 31 Mar 2018 - 8:27

La blonde se laissa faire et opta pour une réponse raisonnable au sujet du nombre de doigts de l'Italienne. De quoi la rassurer un peu. Bon après, si elle n'était pas entièrement à jour niveau vaccins, elle ferait avec. C'est pas comme si elle avait trop le choix après tout. Penser positif et léger était le meilleur moyen qu'avait trouvé l'ancienne militaire pour faire face au stress quel qu'en soit sa provenance. Se prendre trop au sérieux était à ses yeux un coup à se flinguer.

L'explication d'April concernant la raison de ses blessures laissa perplexe la trentenaire. Pour avoir reçu une formation au corps à corps et participé à bon paquet de bagarres en tout genre, elle était capable de reconnaître un passage à tabac d'un accident ménager. En prime, elle imaginait plutôt mal sa camarade se cogner contre un meuble en forme de poing. Elle répondit donc à la "menteuse" sur un ton septique :

"La dernière fois que j'ai fini dans état pareil, c'était quand mon instructeur de full-contact avait "glissé" durant un entrainement après m'avoir entendu l'imiter... ou bien lorsqu'un copain m'avait foutu un tabouret de bar dans la gueule. Un accident bête. Le type qu'il visait s'était baissé."

Si la blonde ne voulait pas cracher le morceau, c'était son choix. Difficilement compréhensible pour l'instructrice mais un choix qu'elle respecterait. Restait que ça piquait sacrément sa curiosité. Vouloir protéger son agresseur était quand même un acte peu anodin. S'imaginait-elle voir Heather partir brûler Seattle à la recherche du responsable ? La trentenaire avait quand même clairement autre chose à faire...

La question que lui envoya la blessé prit un peu de court Heather. Parler d'elle-même était un exercice qu'elle évitait comme la peste après tout. Maintenant qu'elle y pensait, elle n'avait jamais vraiment déballé autre chose que des banalités à son sujet. Ses mains s'arrêtèrent un instant de s'occuper d'April. L'Italienne fit une grimace. Dans son langage bien à elle, c'était une expression qui devait signifier un truc du genre "merde, et pourquoi pas". Son accent latin se fit discret, preuve qu'elle était sérieuse, lorsqu'elle déclara :

"Oh plein de choses. La pâtisserie par exemple. Je ne pourrai pas faire une tarte si ma vie en dépendait ! Je suis une quiche en informatique aussi. Ah, on peut aussi parler de mes talents de négociatrice. Là y a du lourd niveau incompétence. Puis y a le plan personnel où c'est la fête également. Je suis incapable de passer la page et d'oublier. Encore moins de pardonner."

En fait, la vraie question devrait être : que sais-tu faire en dehors de survivre ? Ce à quoi elle aurait bien du mal à répondre. L'ensemble des compétences qu'elle avait accumulé durant sa vie professionnelle était aujourd'hui très utile. Mais dans un autre contexte, si tout n'était pas parti en cacahuète, l'Italienne serait simplement restée une simili redneck vivant de ses fusils à la campagne.
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Re: Winter wound

Mar 3 Avr 2018 - 19:45

Heather avait visiblement pris sa question au pied de la lettre. Suspendant un instant ses gestes de soin, elle se mit à énumérer les domaines dans lesquels elle était complètement inexpérimentée. Si elle n’était pas encore à demi-assommée, la quadragénaire aurait pu sourire. Au lieu de ça, elle observait silencieusement sa cadette, l’œil le plus proche de sa blessure restant fermé. Subitement, l’auto-dérision prit un virage vers un point sensible. Sa vie personnelle, sentimentale même. Du moins, ce fut ce que devina April entre les lignes. Elle se sentit presque stupide d’avoir posé cette question hors de tout contexte. L’italienne donnait tellement l’impression d’avoir toujours le contrôle, d’exceller quoiqu’il arrive, qu’on en oubliait ses blessures profondes. La vie qu’elle avait perdu. Tess.

- Pour ça, on est pareil…, souffla la blonde dans un murmure, ça va bientôt faire deux ans maintenant… que mon mari a été tué. Encore plus que mes enfants sont…

Morts. Et elle dû fermer l’autre œil par réflexe, pour échapper à la vision d’Antwan qui dévorait le visage de son aîné ; tout ça pour retrouver le tableau morbide sur la toile noir de ses paupières closes. Les souvenirs tendaient à s’effacer, à s’estomper, à lisser les contours et les détails, tandis que cette scène restait d’une clarté terrifiante. Plus les mois passaient et plus la veuve avait l’impression que l’image se révélait. Désormais, à chaque cauchemar, éveillé ou non, c’était comme si elle pouvait plonger dans les yeux cadavériques de son adolescent, hypnotisée par son regard désincarné.

- Pourtant, je ne peux pas… je ne peux pas oublier. Même si j’essaye de… « d’aller de l’avant ».

Elle avait articulé drôlement ces derniers mots, un peu comme si elle les raillait. C’était si facile de le dire, de le vouloir, d’essayer. Au final, oui, elle était en vie, elle savait sourire, elle avait des amis, elle avait même un « petit-ami » de plusieurs années plus jeune. Elle continuait de s’efforcer à progresser et en même temps, il restait une impression en filigrane ; celle de faire du surplace. En grattant la surface de son existence actuelle, la blonde se sentait vide… ou plutôt « hermétique ». Imperméable, en dépit des sentiments des gens qui l’entouraient.

- Tu m’as dit un truc une fois… à propos d’Ismaël, d’un cercueil et d’être sous l’eau, sa description n’était pas exacte mais son cerveau secoué ne pouvait pas faire bien mieux, je crois que… c’est exactement ce que je ressens.

Bien qu’elle n’ait pas su – ou pas voulu – le voir à l’époque. Sa famille disparue était comme une pierre enchainée à ses deux pieds. Quoiqu’elle fasse, elle sombrerait… c’était en tout cas la sensation qui la poursuivait encore aujourd’hui.
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