Re: Need to talk.

Evidemment qu’elle ne comprenait pas, c’était là que reposait le plus gros des gouffres entre eux, deux idéaux irréconciliables. Même dans la tempête, Beatriz restait une idéaliste, là où Donovan était pragmatique, là où il voyait la sécurité du plus grand nombre. Sa sécurité à elle en tête. La brune revint finalement sur ses paroles, elle comprenait son geste sans l’accepter. Le tatoué soupira, ce n’était pas tout mais c’était déjà énorme, ce qu’elle pensait était ce qui comptait le plus à ses yeux gris perdus dans le vague. Il se foutait bien de ce que pouvaient penser tous les autres habitants du camp, les seules personnes qui comptaient étaient ici dans cette maison. Donovan se sentait faible, coupable, mais les paroles de la mexicaine faisaient doucement écho au fond de son âme. « J’y arriverai sans doute un jour, j’ai confiance en moi » souffla-t-il avec un sourire triste avant de répondre à son baiser, trop rapide à son goût.

Il fronça les sourcils en la voyant grimacer. « Tout va bien ? » demanda-t-il, inquiet, avant qu’elle ne lui explique que Sacha l’avait déjà rassurée. Quand il pensait à Louisie, à Beatriz, alors le reste n’avait plus d’importance, plus aucun intérêt. Ses bras vinrent finalement s’enrouler autour d’elle, elle qui détenait son âme, son salut. Et elle qui détenait aussi cette importance qui le pousserait à faire le pire pour la meilleure des raisons. « Merci Bea … » souffla-t-il en enfouissant son visage dans sa chevelure brune. « On devrait tous les deux aller dormir » ajouta-t-il avec un sourire avant de la garder contre lui pour regagner la chambre. Il lui faudrait du temps pour digérer cette journée, plus qu’une quinzaine de jours, mais il avait de quoi se projeter dans le futur, c’était bien le plus important.

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Les semaines passèrent, un nouveau rythme s’installa dans la maison. Nina était là, elle ne parlait pas beaucoup, elle était plutôt renfermée, endeuillée, choquée et Donovan ne lui en voulait pas. Il évitait d’être trop là en sa présence et laissait Beatriz s’occuper d’elle comme elle l’avait toujours fait. Ce soir-là, il se coucha peu après la mexicaine, posant sa main sur son ventre arrondi pour trouver le sommeil. Les petits coups qu’il sentait parfois l’aidaient à trouver le calme dont il avait besoin, un sourire idiot collé au visage.

Quelques heures à peine après s’être endormi, sur les coups de trois heures du matin, le tatoué rouvrit les yeux. Réveillé par l’agitation à côté de lui, la voix de Beatriz, ses gémissements de douleur. « Bea ?! Qu’est-ce qu’il se passe ?! » Réveil instantané, pas besoin de café, la situation était urgente. En réalité, il se doutait bien de ce qu’il se passait mais il avait besoin qu’elle lui dise quoi faire, parce qu’il ne savait pas. Ou plutôt il savait mais il réalisait qu’il ne savait plus.

La douleur l'avait réveillée d'un coup. Elle avait pensé à un nouveau coup au début, pas réellement inquiète, avant de sentir une impression désagréable qui lui comprimait les reins. En silence elle s'était relevée sans comprendre, rapidemet submergée par une nouvelle vague de douleur qui lui arracha un gémissement. Elle devait se lever, et vite. Au moins pour ne pas réveiller Donovan, songea t-elle avant de réaliser que cette pensées était totalement stupide puisqu'il allait clairement devoir l'aider d'ici peu si les douleurs ne se calmaient pas. Et comme pour lui répondre, une nouvelle vague lui fit cette fois ci lâcher un gémissement de douleur alors que Donovan l'observait avec des yeux ronds.

J'ai mal... lâcha t-elle entre deux respiration, serrant ses machoires pour ne pas hurler. Je crois que le bébé arrive...

Elle s'était promis de ménager Donovan pour ce jour, mais finalement le plan était tombé clairement à l'eau vu son état et l'heure avancée de la nuit. La bonne nouvelle c'est que j'ai pas encore perdu les eaux, donc on devrait avoir encore un peu de temps avant que tout ne s'accélère.

Le ménager, et lui dire quoi faire sinon c'était clairement lui qui allait s'évanouir et elle qui se retrouverait à accoucher debout dans la cuisine parti comme c'était. Il faut qu'on prévienne Sacha, et qu'Abbi vienne s'occuper de Nina pendant notre absence. Et, aide moi à me relever.

Mauvaise idée. La douleur lui arracha un nouveau gémissement de douleur alors qu'elle se courbait en deux, fermant les yeux en se refusant à pleurer sous la panique ou la douleur devant l'homme qu'elle aimait et devait être à deux doigts de l'infarctus en la voyant dans cet état.

Tu peux gérer tout ça tu crois?

Et elle, elle attendrait bien sagement que ça se calme. Elle ne lui laissa pas réellement le temps de discuter avant d'enfiler une rapide veste et de l'attendre sur le perron, se tenant avec peine au mur en espérant qu'ils seraient bientôt dans une salle propre et éclairée ou on lui annoncerait que tout se passait bien et qu'elle n'allait pas mourir coupée en deux à cet instant précis. Il avait fallût que Donovan ne tourne la tête que quelques secondes pour qu'une étrange sensation ne vienne lui retirer un poids du ventre avant qu'elle ne comprenne. Jetant un regard horrifié à sa perte des eaux avant de lever un regard légèrement paniqué, elle rajouta. En fait, on va peut-être devoir se dépêcher beaucoup plus que prévu désolée...