Perfect strangers
Jeu 29 Mar 2018 - 19:10
Ça faisait quelques semaines qu’Aymane était mort, quelques semaines qu’il se demandait toujours comment il parvenait à avancer encore. L’idée de devoir, un jour, l’annoncer à son père, le pesait comme si un poids trônait sur son torse. Même si c’était tout simplement absurde de se dire tout ça, il ne parvenait à s’en empêcher. La conversation avec Jeffrey se ressassait sans cesse, dans son esprit, et s’il trouvait les arguments de son ami parfaitement logique, l’improbable continuait à tourner dans sa tête. Depuis, il n’avait rien dit de plus à ce propos, laissant entendre que tout ça était passé. Que, certes, il faisait son deuil mais en silence, et qu’il comprenait. Sauf que, non. Son cerveau était bloqué devant cette crainte massive qui le paralysait, l’empêchait de réfléchir autrement. Et qui pour le comprendre ?
«D’ici une heure, on devra s’arrêter pour la nuit. » Lui annonça Jeffrey en tournant la tête vers lui.
Il était quelques pas devant, veillant au grain comme à son habitude. Parce qu’il en fallait un sur les deux qui fonctionnaient encore. Ils étaient tout ce qu’il restait à l’autre, paradoxalement. Ça faisait des années qu’ils se connaissaient, des années qu’ils se fréquentaient. Jeffrey ne l’avait jamais abandonné malgré son caractère de merde et ses frasques à n’en plus finir. Les faits étaient là : Ils n’étaient plus des inconnus depuis longtemps, avaient plus été là l’un pour l’autre que leurs propres familles avant ça. Jeffrey avait davantage était un frère qu’Aymane, à dire vrai.
Alors pourquoi le pleurait-il ? C’était aussi une question qui tournait dans son esprit, comme un manège infernal, lancé à pleine vitesse. Sans doute aurait-il apprécié être complètement fait de pierre, parce que ces dernières ne pleuraient jamais. Elles ne souffraient pas, se fichaient de la corrosion, se fichaient qu’on les piétine. Kareem n’était pas de ce bois-là malheureusement, et il le découvrait maintenant qu’il avait perdu sa dernière famille à proximité. Est-ce qu’autre chose pourrait le toucher ? Il se le demandait.
Depuis combien de temps marchaient-ils ? Suffisamment pour qu’il ne sente même plus ses jambes. Pourtant, ce fut à cet instant précis que Jeffrey l’agrippa par le bras en l’invitant prestement à courir. Dans la rue adjacente, une vingtaine de morts se tournait vers eux pour les talonner ensuite. Les aléas de Seattle ! Kareem ne se fit pas prier pour suivre l’afro américain, bifurquant vers une autre rue de la mégapole pour s’engouffrer finalement dans une allée qui donnait sur la courette d’un jardin. Se planquant derrière une haie, tous deux s’aventurèrent jusqu’à l’ouverture d’un garage et se glissèrent dessous..
La maison qu’ils squattaient était silencieuse, un pavillon coquet, plus du genre de Jeffrey que de Kareem, pour tout dire. Ils refermèrent derrière eux, en poussant un long soupir. Son ami s’assura de son état, l’arabe se contenta d’un hochement de tête pour lui dire que ça allait. Et un bruit à l’étage les figèrent dans la foulée. Merde… De concerts, ils s’emparèrent de leurs armes.
«On va voir ce que c’est… Un coup sec dans la tête, comme d’habitude. » Murmura Jeffrey.
«Economise ton souffle, je connais la chanson. » Retorqua Kareem en prenant les devants.
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Il était quelques pas devant, veillant au grain comme à son habitude. Parce qu’il en fallait un sur les deux qui fonctionnaient encore. Ils étaient tout ce qu’il restait à l’autre, paradoxalement. Ça faisait des années qu’ils se connaissaient, des années qu’ils se fréquentaient. Jeffrey ne l’avait jamais abandonné malgré son caractère de merde et ses frasques à n’en plus finir. Les faits étaient là : Ils n’étaient plus des inconnus depuis longtemps, avaient plus été là l’un pour l’autre que leurs propres familles avant ça. Jeffrey avait davantage était un frère qu’Aymane, à dire vrai.
Alors pourquoi le pleurait-il ? C’était aussi une question qui tournait dans son esprit, comme un manège infernal, lancé à pleine vitesse. Sans doute aurait-il apprécié être complètement fait de pierre, parce que ces dernières ne pleuraient jamais. Elles ne souffraient pas, se fichaient de la corrosion, se fichaient qu’on les piétine. Kareem n’était pas de ce bois-là malheureusement, et il le découvrait maintenant qu’il avait perdu sa dernière famille à proximité. Est-ce qu’autre chose pourrait le toucher ? Il se le demandait.
Depuis combien de temps marchaient-ils ? Suffisamment pour qu’il ne sente même plus ses jambes. Pourtant, ce fut à cet instant précis que Jeffrey l’agrippa par le bras en l’invitant prestement à courir. Dans la rue adjacente, une vingtaine de morts se tournait vers eux pour les talonner ensuite. Les aléas de Seattle ! Kareem ne se fit pas prier pour suivre l’afro américain, bifurquant vers une autre rue de la mégapole pour s’engouffrer finalement dans une allée qui donnait sur la courette d’un jardin. Se planquant derrière une haie, tous deux s’aventurèrent jusqu’à l’ouverture d’un garage et se glissèrent dessous..
La maison qu’ils squattaient était silencieuse, un pavillon coquet, plus du genre de Jeffrey que de Kareem, pour tout dire. Ils refermèrent derrière eux, en poussant un long soupir. Son ami s’assura de son état, l’arabe se contenta d’un hochement de tête pour lui dire que ça allait. Et un bruit à l’étage les figèrent dans la foulée. Merde… De concerts, ils s’emparèrent de leurs armes.
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Re: Perfect strangers
Ven 15 Juin 2018 - 18:20
Putain, ça fait un mal de chien. Je n’aurais jamais cru qu’un bout d’oreille en moins puisse se rappeler à mon bon souvenir aussi cruellement. Je sais que c’est une zone érogène, que c’est donc forcément assez sensible aux outrages, mais merde, mes cousines n’avaient pas autant souffert en se faisant percer les oreilles, alors pourquoi moi, je souffre tant ?! Ce n’est même plus que ça me pique, c’est que ça me brûle ! Et puis ça suinte… Peut-être à cause de l’infection, me souffla une petite voix, se croyant maligne. Je me doute, que c’est à cause de ça ! Mais allez trouver du désinfectant dans les ruines de Seattle… Je me suis tapé des immeubles entiers pour en trouver ! Et… Oulà. Curieusement, dit comme ça, ça sonne un peu crade.
Je résistais à l’envie toujours plus pressante de toucher la plaie, me concentrant plutôt sur mon pas silencieux. C’est que chargé d’un bardas, vous avez tendance à être un peu plus bruyant et lourd que d’ordinaire, et nous savons tous comme les saloperies que sont devenus nos morts ont l’ouïe fine. Manquerait plus que je réveille les propriétaires de cette mignonne petite baraque. Rien à voir avec ma villa, cependant. Ah, ma villa… Je savais bien que j’aurais dû en profiter davantage. Notamment de la salle de bain. J’avais une sublime pièce d’eau, avec une baignoire olympique, où on pouvait tenir à trois sans se gêner. Super pour les aftercare, pas pour les plans. J’ai glissé et je me suis presque ouvert le crâne sur le robinet. Depuis, c’était nada. Nada ! Juste de la détente et des soins, parce qu’un corps comme le mien, ça s’entretient.
J’ai pu apercevoir ma gueule dans un des miroirs de la maisonnée, et franchement, on est loin du dieu de l’Olympe que j’étais à l’époque bénie. Un vrai sauvage. Cheveux longs, emmêlés, sales, barbe de plusieurs jours, teint cireux, traces de sang, dents jaunes, yeux cernés… Un vrai beau gosse. Mais toujours plus beau gosse que l’ex-proprio, constatais-je en tombant sur son corps décrépit, la tête trouée, dans une chambre toujours intacte. Pauvre gars. En plissant le nez, je l'enveloppais dans la couverture du lit, tentant de ne pas accorder trop d’attention aux mouvements à l’intérieur de celui-ci, et le poussais au sol. Voilà, comme ça, le spectacle est déjà moins insoutenable, mais alors bonjour l’odeur. Je ramassais le pistolet qui lui avait servi, faisant la moue en constatant que le chargeur était vide. Enfin, maintenant, ça sert surtout d’objet d’intimidation. Je le garde. J’allais entrouvrir une fenêtre, espérant que la légère brise qui s’insinuerait par l’ouverture permettrait de la chasser rapidement puis parti à l’assaut de la salle de bain committente, priant pour que la chance me sourît à nouveau.
Et me voilà dans la salle de bain d’inconnus, à chercher frénétiquement dans les placards et tiroirs pour un restant de désinfectant tout en faisant de mon mieux pour ne pas croiser mon regard dans le miroir au dessus du lavabo. Quelle déchéance. Je ne peux pas décemment rester comme ça… Je suis un homme que diable, pas un gorille ! Si je ne peux rien faire pour le moment contre les carences alimentaires et l’épuisement, je peux au moins m’attaquer à la barbe et aux cheveux. Et même aux sourcils, tenez. Manquerait plus que je ressemble à mon feu abuelo à moins de quarante ans. Deux objets supplémentaires s’ajoutèrent à ma quête : de la mousse à raser et un rasoir. Pour l’eau, eh bien… Oh, les robinets fonctionnent. Par contre, elle est bien crade, et s’écoule dans un tout petit filet. Les réserves sont presque à sec. Ce serait criminel de les laisser se perdre.
Une demi-heure plus tard, j’étais là, torse nu, face à mon reflet, à prier pour que mon propre couteau ne se retourne pas contre moi en me tranchant la gorge dans un mouvement malheureux. Mon sac bloquait la porte de la pièce en plus du verrou, empêchant quelqu’un d’extérieur d’entrer, puisqu’il fallait la pousser. Prudence est mère de sûreté, hein ? Même au niveau du rasage. J’ai la main qui tremble. Foutues vitamines introuvables. Allez vous raser avec la tremblotte. Malgré cela, je préférais m’attaquer à ce que je maîtrisais à peu près avant de passer aux cheveux. C’est qu’avec un ciseau, plus vous coupez, plus ça vous semble plus long d’un côté que de l’autre, donc vous recoupez, vous rééquilibrez, et sans même que vous vous en rendiez compte, vous finissez avec la coupe de votre ancêtre moyen-âgeux ! Alors merci, mais Godefroy Espinosa-Navajas, déjà, n’existait pas, et il est hors de question qu’il voit le jour, décrétais-je en retenant mon souffle lorsque la lame passa près de ma gorge. Toujours vivant, pas mes poils. Victoire ! Oulà, ça tourne…
Pris d’un vertige, je sentis mes jambes céder sous mon poids. Dans un réflexe, je lâchais le couteau dans le lavabo et attrapais le rideau de douche pour me retenir et celui-ci grinça sous le poids soudain. Je tombais lourdement dans la baignoire, la vision constellée de petits points blancs. C’est pas la grande forme aujourd’hui… Ouch. Putain, ça tourne, j’ai une moitié de barbe, ma putain d’oreille me brûle et en plus, j’entends des bruits de l’autre côté de la porte. Bâtards de Moches.
« C’est occupé ! » - chantonnais-je, hilare, avant de fondre en larmes. Une gonzesse sur les nerfs. Merde, ça me manque presque, les lendemains de cuite, maintenant que je vis ça.
Je résistais à l’envie toujours plus pressante de toucher la plaie, me concentrant plutôt sur mon pas silencieux. C’est que chargé d’un bardas, vous avez tendance à être un peu plus bruyant et lourd que d’ordinaire, et nous savons tous comme les saloperies que sont devenus nos morts ont l’ouïe fine. Manquerait plus que je réveille les propriétaires de cette mignonne petite baraque. Rien à voir avec ma villa, cependant. Ah, ma villa… Je savais bien que j’aurais dû en profiter davantage. Notamment de la salle de bain. J’avais une sublime pièce d’eau, avec une baignoire olympique, où on pouvait tenir à trois sans se gêner. Super pour les aftercare, pas pour les plans. J’ai glissé et je me suis presque ouvert le crâne sur le robinet. Depuis, c’était nada. Nada ! Juste de la détente et des soins, parce qu’un corps comme le mien, ça s’entretient.
J’ai pu apercevoir ma gueule dans un des miroirs de la maisonnée, et franchement, on est loin du dieu de l’Olympe que j’étais à l’époque bénie. Un vrai sauvage. Cheveux longs, emmêlés, sales, barbe de plusieurs jours, teint cireux, traces de sang, dents jaunes, yeux cernés… Un vrai beau gosse. Mais toujours plus beau gosse que l’ex-proprio, constatais-je en tombant sur son corps décrépit, la tête trouée, dans une chambre toujours intacte. Pauvre gars. En plissant le nez, je l'enveloppais dans la couverture du lit, tentant de ne pas accorder trop d’attention aux mouvements à l’intérieur de celui-ci, et le poussais au sol. Voilà, comme ça, le spectacle est déjà moins insoutenable, mais alors bonjour l’odeur. Je ramassais le pistolet qui lui avait servi, faisant la moue en constatant que le chargeur était vide. Enfin, maintenant, ça sert surtout d’objet d’intimidation. Je le garde. J’allais entrouvrir une fenêtre, espérant que la légère brise qui s’insinuerait par l’ouverture permettrait de la chasser rapidement puis parti à l’assaut de la salle de bain committente, priant pour que la chance me sourît à nouveau.
Et me voilà dans la salle de bain d’inconnus, à chercher frénétiquement dans les placards et tiroirs pour un restant de désinfectant tout en faisant de mon mieux pour ne pas croiser mon regard dans le miroir au dessus du lavabo. Quelle déchéance. Je ne peux pas décemment rester comme ça… Je suis un homme que diable, pas un gorille ! Si je ne peux rien faire pour le moment contre les carences alimentaires et l’épuisement, je peux au moins m’attaquer à la barbe et aux cheveux. Et même aux sourcils, tenez. Manquerait plus que je ressemble à mon feu abuelo à moins de quarante ans. Deux objets supplémentaires s’ajoutèrent à ma quête : de la mousse à raser et un rasoir. Pour l’eau, eh bien… Oh, les robinets fonctionnent. Par contre, elle est bien crade, et s’écoule dans un tout petit filet. Les réserves sont presque à sec. Ce serait criminel de les laisser se perdre.
Une demi-heure plus tard, j’étais là, torse nu, face à mon reflet, à prier pour que mon propre couteau ne se retourne pas contre moi en me tranchant la gorge dans un mouvement malheureux. Mon sac bloquait la porte de la pièce en plus du verrou, empêchant quelqu’un d’extérieur d’entrer, puisqu’il fallait la pousser. Prudence est mère de sûreté, hein ? Même au niveau du rasage. J’ai la main qui tremble. Foutues vitamines introuvables. Allez vous raser avec la tremblotte. Malgré cela, je préférais m’attaquer à ce que je maîtrisais à peu près avant de passer aux cheveux. C’est qu’avec un ciseau, plus vous coupez, plus ça vous semble plus long d’un côté que de l’autre, donc vous recoupez, vous rééquilibrez, et sans même que vous vous en rendiez compte, vous finissez avec la coupe de votre ancêtre moyen-âgeux ! Alors merci, mais Godefroy Espinosa-Navajas, déjà, n’existait pas, et il est hors de question qu’il voit le jour, décrétais-je en retenant mon souffle lorsque la lame passa près de ma gorge. Toujours vivant, pas mes poils. Victoire ! Oulà, ça tourne…
Pris d’un vertige, je sentis mes jambes céder sous mon poids. Dans un réflexe, je lâchais le couteau dans le lavabo et attrapais le rideau de douche pour me retenir et celui-ci grinça sous le poids soudain. Je tombais lourdement dans la baignoire, la vision constellée de petits points blancs. C’est pas la grande forme aujourd’hui… Ouch. Putain, ça tourne, j’ai une moitié de barbe, ma putain d’oreille me brûle et en plus, j’entends des bruits de l’autre côté de la porte. Bâtards de Moches.
« C’est occupé ! » - chantonnais-je, hilare, avant de fondre en larmes. Une gonzesse sur les nerfs. Merde, ça me manque presque, les lendemains de cuite, maintenant que je vis ça.
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Re: Perfect strangers
Mar 19 Juin 2018 - 16:20
Un fracas trouva un écho. Les deux hommes se tournèrent de concert vers la salle de bain, et s’y dirigèrent d’un air décidé pour régler le cas de celui qui y était. S’attendant à tomber sur un mort, comme il était coutume de le faire dans une piaule comme celle-ci, quelle ne fut pas leur surprise lorsqu’ils entendirent articuler, à travers la porte, quelques mots qui les figèrent tous deux. Une phrase qui aurait dû annoncer la couleur à l’évidence : faible, certes, mais traduisait une certaine pointe d’humour ou d’idiotie – selon ce qu’on préférait – quand le cœur n’y était plus.
Jeffrey, la main sur la poignée, releva le regard vers son acolyte en essayant de comprendre. Kareem n’eut comme seul réponse qu’un petit froncement de sourcil, comme pour lui signifier qu’il n’avait aucune envie de rentrer là-dedans, et certainement mieux à faire. Quoi que la curiosité lui grignotait le ventre, et que les sanglots qu’ils purent entendre à travers le bois ne firent que le ronger davantage. Les traits tirés par la fatigue, l’émirien ne sut dire si c’était une bonne idée de voir le carnage qu’il y aurait dans cette salle de bain. Et s’ils tombaient sur un pleureur professionnel armé d’un couteau et prêt à faire un massacre ?
«On veut pas d’ennuis, ok ? » Objecta Jeffrey d’une voix ferme. «On va rentrer, alors… Reste calme. » Kareem n’eut pas le temps de le retenir. La poignée bloquée fut bruyante, il y avait également une résistance derrière la porte. D’un coup sec de l’épaule, il parvint à démettre la clanche déjà abimée, pour dévoiler un spectacle presque douteux : «Merde, ça va ? » S’enquit l’afro-américain.
Kareem d’eut se rehausser légèrement pour regarder par-dessus son épaule. Tout ça pour trouver un pauvre gars barbu dans la baignoire, les yeux rougis par la fatigue et les larmes. De là à savoir s’il pleurait de rire ou de chagrin, tout était sujet à interprétation. Jeffrey s’approcha avec précaution, puis se tourna vers l’émirien :
«Aide-moi à le sortir de là. » Souffla-t-il fermement.
«S’il a réussi à y rentrer, il réussira à en sortir tout seul… » Trancha l’homme en se détournant, suintant la mauvaise foi.
A quoi s’attendait-il ? S’il ne ployait pas le genou devant un carton de chatons abandonnés, pourquoi devrait-il le faire devant un hispanique désespéré ? Un soupir lui échappa, il fut sur le point de s’en aller lorsque Jeffrey le fixa d’un regard sombre. Avait-il le choix, finalement ? Non. Alors il leva les yeux au ciel, sans chercher à chasser sa lassitude légendaire :
«Fait chier. » Grogna-t-il froidement en se rapprochant.
«Appuis-toi sur moi. Doucement. » Invita Jeffrey en lui tendant la main, prêt à le soulever. Avait-il vraiment besoin de son aide du coup ? Prêt à ne fournir que l’effort minimum, Kareem se tint prêt de toute façon. Puisqu’il n’avait pas le choix !
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Re: Perfect strangers
Ven 29 Juin 2018 - 22:12
V’là que les Moches parlent maintenant… Ah, quelle vie de merde ! Pourquoi a-t-il fallu que tout dégénère, hein ? On n’était pas bien avant ? Quand on ne vivait pas tous comme des clodos ? Oui on avait des guerres et des famines, mais de toutes les époques y’en a eu ! Et les génocides, hein ? Les bombes atomiques ? La colonisation des Amériques ? L’esclavage ? Putain, la peste même ! Tout ça, c’est pas ma génération ! On s’est peut-être tapé les guerres en Arabie et en Asie, mais c’était pas la peine de réagir maintenant ! Pourquoi est-ce qu’on trinque pour toutes les merdes, hein ? Parce que ouais, à ce stade-là, j’tiens le barbu d’en haut pour responsable. Le sort s’acharne même pas sur des gens en particulier, tout le monde est dans la merde, même les riches ! Surtout les riches, parce que je peux vous dire que si mon pognon avait pu encore servir, je serai pas là aujourd’hui.
Pas en train de pleurer dans la baignoire d’une salle de bain moisie appartenant à un inconnu mort dans la chambre d’à côté. Ce serait plus la louze, les connards de l’autre côté de la porte trouveraient le moyen d’entrer.
La porte sortit avec violence de ses gonds.
" Putain, mais vous êtes des bâtards jusqu’au bout ! ” m’exclamais-je, trop faible pour me lever et m’indigner face à l’envahissement de mon intimité. Ils ont bouffé du lion ceux-là, pour défoncer une porte ! Et mon putain de couteau qui est resté dans le lavabo… Eh bah, l’Espinosa-Navajas, il n’aura pas eu droit à une fin glorieuse, digne d’être chantée dans des ballades lyriques par de superbes nymphettes en robes transparentes. Fait chier tiens. Dévoré dans une baignoire…
“ Est-ce que j’ai l’air d’aller bien pour toi ? Vas-y, bouffe-moi pendant que je suis encore chaud, paraît que c’est meilleur. ” répondis-je au Black encore très bien conservé pour un mort. Pour que les cordes vocales fonctionnent toujours… Peut-être que le virus a enfin évolué, au bout de… Merde, je ne sais même plus. Là tout de suite, je suis bien incapable de donner une indication de durée. Depuis le début de cette purge, voilà. Il s’approcha, pas trop pressé à l’idée de pouvoir casser la croûte avec un pote, plutôt arabe celui-là. Manque plus qu’un Noiche et on a le début d’une blague. En les voyant hésiter, je décidais de hâter le sort, peu désireux d’attendre durant des heures la délivrance. “ Bah quoi, j’suis pas un assez bon steak pour vos papilles délicates ? Vous êtes des cadavres ambulants, les mecs ! Glacés, en lambeaux, décomposés et puants, z’allez pas faire la fine bouche d’vant un latino à moitié crevé… J’vous ai vu bouffer pire que ça. ”
Attendez, j’hallucine ou il y en a un qui me regarde carrément mal ? C’est parce que j’ai l’air con avec une moitié de barbe, c’est ça ? C’est peut-être le teint jaunâtre. Mais comment un mort ose-t-il me juger ! J’suis pas assez bien pour lui, c’est ça ? Il les leur faut en bonne santé en plus ? Cabron ! Parce qu’il leur faut de la motivation en plus, pour nous faire chier ! Je marmonnais dans ma moitié de barbe des propos incohérents reprenant ces pensées précédentes, ma litanie se stoppant un bref moment lorsque le Black me tendit sa main. Je la considérais de manière intéressée, étonné par le geste. Ils se souviennent des traditions humaines ? Et ils parlent drôlement bien par rapport à tous leurs petits potes. Ce sont de beaux spécimens.
N’ayant rien à perdre… Je lui donnais mollement la mienne, il me tira de ma baignoire, aidé par son pote arabe. On doit vraiment faire un beau tableau, la solidarité entre les peuples… Sauf que j'ai vraiment envie de dégueuler maintenant, on m'a remonté trop vite. J'suis mal, mal, mal... Oh la vache eh ! Leurs membres tiennent encore bien le coup ! “ Dime, estos marchen ancora muy buen, para bolsas de huesos, carne y sangre. Impressionnant ! - je tapotais la joue du récalcitrant, surpris par sa fermeté. Ils sont tout frais ? - Hombre, quel est ton secret ? C’est parce que vous choisissez la carne ? ”
Pas en train de pleurer dans la baignoire d’une salle de bain moisie appartenant à un inconnu mort dans la chambre d’à côté. Ce serait plus la louze, les connards de l’autre côté de la porte trouveraient le moyen d’entrer.
La porte sortit avec violence de ses gonds.
" Putain, mais vous êtes des bâtards jusqu’au bout ! ” m’exclamais-je, trop faible pour me lever et m’indigner face à l’envahissement de mon intimité. Ils ont bouffé du lion ceux-là, pour défoncer une porte ! Et mon putain de couteau qui est resté dans le lavabo… Eh bah, l’Espinosa-Navajas, il n’aura pas eu droit à une fin glorieuse, digne d’être chantée dans des ballades lyriques par de superbes nymphettes en robes transparentes. Fait chier tiens. Dévoré dans une baignoire…
“ Est-ce que j’ai l’air d’aller bien pour toi ? Vas-y, bouffe-moi pendant que je suis encore chaud, paraît que c’est meilleur. ” répondis-je au Black encore très bien conservé pour un mort. Pour que les cordes vocales fonctionnent toujours… Peut-être que le virus a enfin évolué, au bout de… Merde, je ne sais même plus. Là tout de suite, je suis bien incapable de donner une indication de durée. Depuis le début de cette purge, voilà. Il s’approcha, pas trop pressé à l’idée de pouvoir casser la croûte avec un pote, plutôt arabe celui-là. Manque plus qu’un Noiche et on a le début d’une blague. En les voyant hésiter, je décidais de hâter le sort, peu désireux d’attendre durant des heures la délivrance. “ Bah quoi, j’suis pas un assez bon steak pour vos papilles délicates ? Vous êtes des cadavres ambulants, les mecs ! Glacés, en lambeaux, décomposés et puants, z’allez pas faire la fine bouche d’vant un latino à moitié crevé… J’vous ai vu bouffer pire que ça. ”
Attendez, j’hallucine ou il y en a un qui me regarde carrément mal ? C’est parce que j’ai l’air con avec une moitié de barbe, c’est ça ? C’est peut-être le teint jaunâtre. Mais comment un mort ose-t-il me juger ! J’suis pas assez bien pour lui, c’est ça ? Il les leur faut en bonne santé en plus ? Cabron ! Parce qu’il leur faut de la motivation en plus, pour nous faire chier ! Je marmonnais dans ma moitié de barbe des propos incohérents reprenant ces pensées précédentes, ma litanie se stoppant un bref moment lorsque le Black me tendit sa main. Je la considérais de manière intéressée, étonné par le geste. Ils se souviennent des traditions humaines ? Et ils parlent drôlement bien par rapport à tous leurs petits potes. Ce sont de beaux spécimens.
N’ayant rien à perdre… Je lui donnais mollement la mienne, il me tira de ma baignoire, aidé par son pote arabe. On doit vraiment faire un beau tableau, la solidarité entre les peuples… Sauf que j'ai vraiment envie de dégueuler maintenant, on m'a remonté trop vite. J'suis mal, mal, mal... Oh la vache eh ! Leurs membres tiennent encore bien le coup ! “ Dime, estos marchen ancora muy buen, para bolsas de huesos, carne y sangre. Impressionnant ! - je tapotais la joue du récalcitrant, surpris par sa fermeté. Ils sont tout frais ? - Hombre, quel est ton secret ? C’est parce que vous choisissez la carne ? ”
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Re: Perfect strangers
Dim 15 Juil 2018 - 11:13
«Il a bu ? » Demanda spontanément Kareem, en rechignant à se mettre à la tâche. Du grand art, comme à son habitude ! L’homme, malgré les regards appuyés de son meilleur ami, ne daigna pas trop s’approcher, de peur d’être contaminé par la bêtise. Entre ça, la tenue et l’odeur, il ne savait pas ce qu’il préférait : «Ça, ou la drogue… » Grogna-t-il ensuite.
Les réflexions du type le rendaient tout simplement délirant fondamentalement. Que pouvait-il dire face à ça ? Il ne chercha pas à rentrer dans ses bonnes grâces, Kareem n’était pas le moins du monde inquiet pour un inconnu. De toute façon, ses émotions étaient coupées depuis un moment, et il ne tenait de respect que pour une rare, trop rare, personne qu’il côtoyait quotidiennement. Alors, la misère d’un inconnu dans une baignoire, c’était bien le cadet de ses soucis. Sans doute aurait-il dû éprouver un pincement au cœur, ou se dire que personne ne méritait de finir ainsi. Mais la vérité, c’était qu’il s’en moquait totalement.
«On devrait le laisser dans son marasme, il est à moitié suicidaire. S’il crève dans cette baignoire, il arrivera jamais à en ressortir, on est sauvés. » Grogna-t-il sèchement en réponse à ce pauvre type perdu. Dire qu’il les prenait pour des rôdeurs en plus de ça…
«Kareem… » Articula Jeffrey juste à côté de lui, pour le secouer.
«Ok, je retire. » Abdiqua-t-il.
Même si ça le faisait déjà chier. Qu’on ose le prendre pour un mort alors qu’il marchait, qu’il ne faisait pas si pitié que ça… Si ? L’espace d’une seconde, Kareem eut un sérieux doute et fixa le miroir un bref instant. Sa barbe lui donnait des airs clairement fatigués, mais plus encore, c’était les cernes marqués sous ses yeux qui le trahissaient. Bien, c’était embarrassant.
«Je peux quand même l’assommer ? » Rétorqua finalement l’émirien en s’adressant à Jeff. Celui-ci ne prit même pas la peine de lui répondre, c’était trop grotesque pour avoir envie de prendre cette discussion au sérieux.
«Depuis combien de temps tu n’as rien avalé ? Ou bu ? » Demanda Jeffrey à l’hispanique, après l’avoir assis avec précaution sur le bord de la baignoire. Il maintenait une main ferme dans le dos de ce dernier pour qu’il ne retombe pas en arrière. «Ou dormi ? »
Un soupir échappa à Kareem. Ça aussi, c’était embarrassant. De voir un illustre inconnu pâlir en direct, devoir s’en charger pour ne pas avoir sa mort sur la conscience. Et qu’est-ce qu’il en avait à faire, de lui, franchement ?
«Sérieusement ? Tu vas t’en occuper ? » Demanda l’arabe à son coéquipier : «Tu as loupé ta vocation, Jeff. Mère Theresa, ça te va beaucoup mieux. » Ironisa-t-il sèchement.
Le plus simple aurait été de l’achever ici, une bonne fois pour toute. Mais c’était des méthodes que Jeff refusait d’utiliser, et qu’il lui interdisait au passage. Soit ! Il n’avait donc plus le choix. Autant laisser à son vis-à-vis mal rasé la chance de repartir sur de bonnes bases en compagnie d’un homme qui s’inquiétait vraiment pour lui.
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