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Beyond Death...
Lun 28 Mai 2018 - 17:26
38 ans ≡ Américaine ≡ Thanatopractrice ≡ Issaquah Ranch
Des tas de dossiers vous en apprendront énormément sur le caractère d'Addison, des tas oui. Que se soit son dossier scolaire, son dossier médical, néanmoins hormis les traits principaux ressortant de sa manière d'être ne seront que des mots sur une fiche, pas ce que Moi je sais sur elle. Des choses que les gens ignorent la plupart du temps, d'autres - plutôt des défauts d'ailleurs - qui la collent bien souvent dans une caste de personnes à laquelle elle n'appartient pourtant pas. Il y a des tas de choses à savoir sur elle, je la connais sur le bout des ongles, mieux que quiconque sans doute et pour cause, qui de mieux placé que sa sœur pourrait vous parler d'elle ? Peu importe, évitons de parler de moi, sans doute le fera-t-elle à ma place en temps voulu, lorsque je vous aurai brossé la toile de son caractère de cochon...
Blague a part, du souvenir parfait que j'en ai, Addi à toujours eu cette niaque maladive. Le genre de détermination qui pousse parfois les gens à aller au delà des frontières, au delà des maux pour en retirer le positif comme le négatif. Addison a toujours été ainsi, toute petite déjà son entêtement n'avait d'égale que cette niaque extraordinaire.Nos parents se sont bien souvent cassés les dents pour tenter de la faire changer, ils y ont passé des heures néanmoins ça ne faisait que la pousser dans le sens inverse. Pire fut sans doute sa faculté à foncer tête baissée vers des tas de projets ou situations dangereuses. Ce côté casse cou ne vient d'aucun membre de notre famille, du moins d'aucun de nos parents proches. Un défaut de naissance ? Allez savoir, tout il advient que je n'ai jamais su d'où cette énergie lui venait, combien cette témérité pouvait être incisive, franche, au point de l'avoir de nombreuse fois retrouvé à l’hôpital pour un membre foulé ou des points de suture. Ça allait visiblement de paire avec son besoin de revanche, si le premier abruti venu la défiait, elle relevait le fameux défi - bête ou non - et en cas d'échec, ma sœur était prête à réitérer jusqu'à réussir. Son optimisme n'a jamais eu de limite, il n'en a sûrement trouvé aucune, pas même dans ce monde ruiné par un mal dont on ne sait que très peu de choses.
Au delà de ça, je suis certaine qu'elle est plus protectrice encore qu'elle ne l'était jadis. Me concernant je n'ai jamais été très ouverte, plutôt introvertie et même si j'étais l'aînée, aussi petite était elle cette gamine prenait ma défense sans avoir froid aux yeux. Son honnêteté me faisait souvent rire, du moins lorsque ça ne concernait que nous, dans d'autres cas, j'ai souvent eu peur qu'elle termine le nez en sang tant il lui était facile de déballer leurs quatre vérités à des personnes l'ayant titillé. J'ai un souvenir impérissable de sa manière de râler lorsque les choses ne tournaient guère à sa guise. Aussi bien gamine, que lors de ses études, sa profession ou encore sa vie privée. Ah, là encore, sa vie personnelle n'avait rien de celle qu'avaient pu imaginer nos parents. " L'indépendance la tient aux tripes comme un mauvais poison ", disait bien souvent notre père. Il n'avait pas tort, elle ne s'est jamais vraiment posée, ni même n'a eu de relation durable avec un homme. Ce n'était pas son truc, Addison était un electron libre, pas le genre de fille à se suffire ou se complaire dans une vie de famille épanouie... Pas comme moi. Elle nous aimait, nous sa fratrie, nous adorait même, mais de là à construire son propre foyer, être mariée et entourée de têtes blondes, ma sœur avait visiblement ses propres limites.
Sa liberté lui était essentielle, du moins c'est ce qu'elle répétait bien souvent à notre père et notre mère, mais dans les yeux de ces derniers, on lisait autre chose. Peut-être était-ce son côté autoritaire qui faisait fuir la gente masculine ? Les hommes appréciaient peu se faire marcher dessus, ils n'avaient pas la patience. Ils ne l'avaient pas jadis et l'ont certainement encore moins de nos jours. Un caractère bien trempé oui néanmoins elle n'en a jamais été moins douce, sensible même si cette facette se cache derrière ses airs et paroles dures. Quant à son courage, il ne s’essoufflera sans doute jamais, il n'y a qu'à regarder ce qu'elle a fait, ce qu'elle fera encore, pour celle que je ne peux plus veiller là où je suis... J'ai confiance, pas car il s'agit de ma sœur, simplement car Addison est sans doute la personne la plus forte capable de prendre soin de ma fille.
Addison est aussi rousse que j'étais blonde, ses yeux sont aussi bleus que les miens. Là où je ne ne faisais qu'un petit mètre soixante six, elle s'élève du haut de son mètre soixante treize. Elle n'a jamais été sportive, néanmoins l’énergie qu'elle a revendre ne l'a jamais fait changer de poids sur la balance. L'apocalypse l'a pourtant amaigri, là où autrefois elle affichait 57 kgs, aujourd'hui elle n'en pèse plus qu'une cinquantaine. Ses traits n'ont pas vraiment changé depuis, ils sont légèrement plus creusés mais ses trente huit ans ne sont guère en cause non, simplement les conditions de vie qui ne sont plus les mêmes. Sa ride du lion est plus prononcée qu'elle ne l'était, intimant ô combien elle a pu s'inquiéter, combien elle s'inquiète encore. Ma sœur n'a jamais été très féminine malgré sa silhouette svelte et ses longs cheveux feu. Si je l'ai vu pomponnée une fois, et encore les chaussures n'étaient pas des escarpins, c'était le jour de mon mariage. Je l'ai toujours connu en jeans, tee shirt trop large, des doc aux pieds... ces dernières aujourd'hui remplacées par des Rangers. Il n'y avait que pour son boulot où elle portait des tenues plus classes. A l'heure actuelle je ne la trouverai pas changée, du moins si elle ne porte pas cette paire de solaires - style aviateur à laquelle elle semble tenir tout particulièrement - et ses mitaines sur-usées qui masquent les quelques cicatrices accumulées durant l'enfance. Elle fume encore, peut-être moins qu'autrefois. S'il y a du bon dans ce monde décharné, c'est sans doute la rareté des cigarettes que j'ai toujours détesté.
Ses armes : On ne peut pas dire qu'elle était fana des armes mais ça ne la dérangeait pas plus que ça. Elle en connaissait certaines, sans doute après avoir vu des corps criblés de balles, je ne l'ai jamais interrogé là dessus, elle avait aussi son jardin secret. Mais, même si elle n'en possédait aucune lorsque le monde tournait rond, aujourd'hui Addi ne s'éloigne jamais trop de son Beretta 92, d'un 870 exp Marine Remington et de son couteau de chasse.
Ma sœur cadette est née le 17 Mars 1980 à Bismark dans le Dakota du nord. Mes parents s'attendaient à un garçon et ce fut une petite fille qui vit le jour. Ça n'entama guère leur bonheur pour autant, quant à ma façon de voir cette naissance dans la famille, j'étais plutôt ravie de devenir l'aînée. Sept ans nous séparaient. Les premiers temps, j'avais comme peur de briser l'être chétif qu'elle était. Si petite, si fragile, même si ma mère me la confiait parfois, je n'étais pas très sûre de mes gestes. Avoir une petite sœur m'a néanmoins permis d'avoir plus de responsabilités, d'être plus débrouillarde et partageuse que je ne l'étais fut une époque. Notre enfance, nous l'avons vécu au sein de la maison de quartier que notre famille avait acheté avant notre naissance. Nous avons donc toujours connu les murs de la résidence de Bismark, les rues et avenues l'entourant, le parc jouxtant l'habitation.
La petite enfance d'Addison fut paisible, du moins jusqu'à ses premiers pas. Une fois qu'elle eut appris à gambader, les choses sont effectivement devenues plus périlleuses pour ma mère. Mon père, lui, partait à la semaine pour son travail. Peu de temps avant la naissance d'Addi, il avait monté son entreprise dans la bâtiment. Les débuts furent difficiles, néanmoins étant bosseur dans l'âme et n'ayant guère peur du changement, il avait su se faire un nom dans le domaine et ne rechignait pas à se déplacer pour quelques chantiers. Samuel avait du mérite, beaucoup de mérite et dès lors qu'il rentrait pour le weekend, il passait l'essentiel de son temps avec nous, sa famille. Ma mère elle, était libraire, mais suite à la naissance de ma sœur, Liv a cessé toute activité professionnelle pour se consacrer uniquement à ses filles. Addison n'a jamais manqué de rien, tout comme moi à son âge. Néanmoins ça ne l'a guère empêché de rapidement repousser les limites fixées par notre mère. J'ai rapidement compris qu'elle ne me ressemblait pas beaucoup, elle était plus vive, plus fonceuse, prête à tester la moindre nouveauté et ce dès l'âge de six ans. Je ne pourrais vous dire combien de fois Addison a testé ses propres limites, combien de fois ma mère et moi avons dû la mener aux urgences pour une plaie sanguinolente ou des foulures en tous genres. A onze ans à peine, sa peau était déjà marquée de maintes cicatrices témoignant de la multitude de petite sutures dont elle avait écopé. Genou, mains... surtout les mains, après tout dans sa chute l'être Humain a se réflexe de se réceptionner sur les paumes, pas étonnant donc que les siennes fussent criblées de lézardes plus ou moins importantes. Ce fut à cette époque que j'ai quitté ma famille pour m'installer avec le père de mon futur enfant. Je n'avais que dix neuf ans quand Erika a vu le jour et Addison n'en avait que douze.
Sa scolarité ne fut guère chaotique. Pas géniale certes, pas comme la mienne où l'attrait pour les bons résultats me donnait l'impression d'être au dessus du lot, néanmoins ma sœur n'a jamais eu de mal à passer de classe en classe jusqu'à rejoindre le collège et à apprendre à s'y faire quelques véritables amis. A 14 ans, elle devenait plus brillante élève, se passionnant pour une matière qui ne m'avait jamais vraiment enchanté. Les sciences naturelles. Et là où ses camarades masculins ne voyaient que l’intérêt des cours basés sur la sexualité de l'être humain, elle s'entichait presque de l'anatomie dans sa globalité. Comment fonctionnait le corps, quels étaient les noms des organes, comment fonctionnaient-ils à quoi servaient il... Tout ça était comme une seconde nature la poussant doucement vers une voie qu'aucun de nous ne l'aurions imaginer suivre. Il n'y avait aucun médecin dans la famille, pour autant ça ne l'a pas empêché de désirer faire carrière dans ce domaine à peine fut être entrée au lycée. A cette époque, elle bossait ses cours, cherchait déjà à se perfectionner dans un art qui nous effrayait quelque peu : La médecine Légiste. La mort semblait avoir un certain attrait pour elle, c'était comme fascinant comme dans sa nature forte, l'organisme pouvait réagir violemment à différents chocs ou émotions au point de s'éteindre. C'était là ce qu'elle avançait, peut-être même ce qui la poussa à bosser plus férocement ses cours pour obtenir son diplôme et envisager rejoindre une faculté pour poursuivre son cursus..
Durant le second semestre de sa dernière année de lycée, Addison a travaillé d'arrache pied pour se trouver une faculté apte à lui enseigner ce qu'elle désirait. Et ce fut au Canada qu'elle trouva la perle rare. Il y avait bien évidement une université à Bismark, néanmoins et d'après les recherches qu'elle avait faites, celle envisagée dans le pays voisin comptait de bons professeurs et un programme bien plus riche que celui proposé par les différents établissements à portée de mains. Elle n'avait pas peur, pas peur de quitter le foyer, de vivre seule ou en compagnie d'autres étudiants, contrairement à moi qui avait abandonné mes études au profit d'une vie de famille au côté de John. Alors qu'elle rejoignait le Canada, moi je préparais mon futur mariage. J'étais mère au foyer, mon fiancé bossait dans la finance. La sécurité en sommes, pas comme ma sœur qui repoussait sans cesse les frontières de cette dernière.
A ses vingt ans, et après deux ans à avoir bossé pour ce en quoi elle croyait, ma cadette fit la connaissance d'un jeune homme dont la famille bossait depuis des générations dans un domaine faisant froid dans le dos : la Thanatopraxie. C'était glauque, aussi étrange pour moi que pour ma mère. Néanmoins, en rencontrant ce garçon qu'elle ne nous présenta guère autrement que comme un ami, notre vision de ce métier changea. Sans eux la mort aurait été plus laide, davantage encore lors des accidents défigurant les défunts. Pour Addison, c'était bien plus que ça, à son regard ça rendait sa beauté au corps, permettait à la famille de voir le proche décédé comme il était et non comme il était parti. Elle décida donc de bifurquer complètement pour cette voie ci mais termina néanmoins ses deux dernières années de médecine - obtenant un premier diplôme - pour s'assurer quelques bagages précieux. Malgré ce qu'on pensait, Addi était faite pour cette voie, elle se passionnait pour ses différents cours, courrait les stages pour s'assurer l'avenir de ses rêves. Après trois autres années d'études et de cours acharnés, entrecoupé de stages dans quelques maison funéraires - notamment celle de la famille du garçon l'ayant initié à cet art -, ma sœur obtint enfin le diplôme tant convoité. Elle avait 27 ans et s'apprêtait à entrer dans véritable vie active en bossant auprès de Max et de sa famille. Nous qui pensions la voir revenir exercé dans son pays natale, avons été surpris de la voir s'installer au Canada pour y continuer sa carrière. J'étais persuadée qu'elle en pinçait pour le dénommé Max, après tout ils se connaissaient depuis plus de sept ans et traînaient souvent ensemble. Si ne n'ai su que plus tard qu'ils avaient eu une courte relation en revanche, je ne m'attendais pas à ce qu'ils soient encore aussi proches malgré la rupture.
De mon côté ma fille avait bien grandi. Addison l'adorait, et bien souvent Erika quémandait à passer quelques jours chez elle. En sommes nos vies respectives étaient plus qu'agréables. L'année des 31 ans de ma sœur, ma fille en obtint dix neuf et rejoignit la même fac que sa tante. Elle désirait devenir aide soignante, je me doutais parfaitement que sa tante l'avait infecté avec son virus de la médecine, néanmoins, en ce qui concernait Erika, la mort la passionnait bien moins que ma cadette. Bien que déchirée à l'idée de la voir nous quitter son père et moi, nous avions l'assurance que notre fille ne serait guère seule. Ma sœur avait proposé de la prendre sous son aile durant son cursus afin que nous ne soyons guère inquiétés par de potentielles relations houleuses. Elle nous rejoignait pour les vacances et suivait assidûment ses cours. Addison n'avait rien contre vivre avec sa nièce. Cette collocation dura un an avant que mon bébé ne rencontre le garçon de ses rêves et ne décide d’emménager avec lui pour terminer ses études. Addison restait dans le coin certes, mais la mère poule que j'étais n'avais de cesse de s'inquiéter pour elle.
Ma sœur allait donc sur ses 33 ans et sa place n'était plus à prouver, néanmoins à cette époque là, son ami Max fit la connaissance d'une jeune femme. La jalousie de cette dernière ne leur permis pas de demeurer aussi proches qu'ils l'étaient autrefois. Par respect pour lui, Addi quitta l'entreprise où ils bossaient ensemble - nulle autre que celle de la famille du trentenaire - et se présenta, CV en mains, dans d'autres établissements sans véritablement y trouver son compte. Peinée d'une part, d'avoir perdu son meilleur ami, elle revint à ses origines en quittant son appartement du Canada pour revenir tenter sa chance à Bismark. Là encore rien de concluant si ce n'était des jobs temporaires ne lui apportant rien de plus que quelques mois de salaire. Ce fut sans doute les heures les plus douloureuses de son existence, jusqu'à ce qu'elle rebondisse de plus belle en trouvant une opportunité sur Chicago. A 34 ans, Addison repartait sur de bonnes bases dans une entreprise de pompes funèbres plus importante que celle où elle avait toujours bossé. Elle se trouva un logement sur place et nous nous appelions souvent. Erika y passa son premier été d'ailleurs en Aout 2015, friande de découvrir une ville où elle n'avait jamais mis les pieds.
A cette époque nous ignorions encore que nous n'avions plus que quelques mois à vivre paisiblement... que la mort serait plus présente que le reste de vies en périls...
Tous des dégénérés, pensa-t-elle en franchissant enfin le seuil de l'établissement où elle bossait. Après plus d'une heure a avoir été bloquée dans un bouchon de malheur, les flics étant soi disant à maîtriser quelconques violentes bastons dont elle se fichait pour être overbookée, Addison pouvait enfin souffler mais pas sans pester quant aux quelques abrutis ayant trouvé judicieux de sa battre ou Dieu savait quoi d'autre. De jeunes connards sans doute, des crétins n'ayant rien trouvé de mieux pour attirer l'attention de leurs parents - trop occupés ailleurs -, et des médias pour faire la pub de leurs frasques sordides. Un autre soupir fila ses lèvres alors qu'elle reportait le gobelet - estampillé Starbuck - à ses lèvres. Une grimace s'en suivit avant que le récipient ne termine directement à la poubelle. Froid, imbuvable, quant à l'idée de le réchauffer c'était inutile. Elle n'avait plus le temps de se poser et en général la rouquine avalait son café dans les couloirs des Pompes Funèbres pour ensuite s'activer à la tâche lui étant confiée. De porte en porte, de visage en visage, de salutations en salutations, elle parvint enfin dans la pièce lui étant dédiée et jeta un regard étrange en direction de la radio qui relatait les faits. Violence, bagarre... Ce à quoi elle venait d'assister sans en être témoin pour autant, uniquement bloqué suite au barrage érigé par les forces de l'ordre qui tentaient de contenir l'effusion.
- Éteint moi ça tu veux. Indiqua-t-elle à son stagiaire qui redressa les lunettes sur l'arrête de son nez. T'auras le droit d'écouter ce que tu veux quand tes gestes seront sûrs et ta concentration à toutes épreuves. L'informa-t-elle. Pas avant, pas non plus quand je viens d'passer plus d'une heure a attendre que les flics veuillent bien m'laisser passer pour rejoindre mon boulot. Agrippant sa veste blanche, la trentenaire remonta rapidement ses cheveux, sans prendre soin à ce que ce soit bien fait, et les noua avec le premier elastique qu'elle trouva dans son pot à conneries. Bien, monsieur Chains nous attend, Se dirigeant vers l'un des multiples tiroirs de métal, Harper tira sur la poignet et un nuage givré s'en échappa.
- T'en as entendu parlé toi aussi ? Ils continuent d'enquêter c'pendant. La voix de sa nièce la tira de son bouquin. Erika était campée devant la télévision à regarder les dernières infos en provenance de Seattle. Même topo qu'ici à Chicago visiblement, les autorités semblaient dépassées par les effusions de violence et tentaient d'élucider une affaire de stupéfiant retrouvé dans la bouffe ou un truc du genre. Le monde devient taré sérieux, un môme a agressé ses profs à Seattle.
Le rictus que poussa la jeune femme l'invita à l'imiter et à refermer l'ouvrage qu'elle balança nonchalamment sur la table avant de s'approcher d'elle pour suivre ce que narrait la voix d'un journaliste. Ce fut l'instant précis où le téléphone sonna.
- Oui ? Entonna la rouquine en décrochant. Sa sœur, elle en était certaine, Meredith se faisait du mouron pour sa gamine, et pour elle par la même occasion. C'est juste des sittings à la con, le genre de manifestation d'rageux, y a rien à craindre, la police fait son taf c'est tout c'qu'on lui demande. Après quelques autres échanges, et l'assurance que son aînée prendrait le premier avion pour les rejoindre, Addi raccrocha en capturant le sourire éloquent de Rika.
- Maman ? Elle opina.
- Ta mère oui, elle va finir avec un ulcère si ça continue.
Cette fouine ne bossait pas encore, bordel pourtant les funérailles de ce pauvre homme se déroulaient dans pas moins de quatre jours et la famille n'avait encore eu l'occasion de lui rendre une dernier hommage dans la chambre funéraire. Crétin de stagiaire pensa si fort la rouquine que ses dents en grincèrent. Qu'est-ce qu'il fichait bon sang, le nez rivé sur son smartphone, les yeux exorbités ?
- J'te dérange ? Il redressa à peine le nez, paraissant déglutir. Si t'as pas envie de bosser tu peux prendre la... Pour seule et unique réponse, l'étudiant retourna l'écran dans sa direction et augmenta le volume de l'appareil. Une vidéo filmée à l'arrache, on y voyait pas grand chose, simplement des gens courir et un étrange gars qui titubait en tendant les bras. C'est quoi c'merdier, une bande annonce pour l'prochain thriller ? Il réfuta ses propos d'un mouvement de tête tandis qu'elle roulait des yeux. Puis le son attira son attention, c'était quoi ça, des râles ? Des beuglements ? Ce qui l'alerta davantage fut ce zoom de la caméra sur la dernière actions du protagoniste visiblement ivre. Il... Il se jetait sur une femme et s'activer à lui démonter la gorge. Immédiatement Harper agrippa le cellulaire en manquant de rater la chaise derrière le bureau. Bordel.... bordel...
Elle qui imaginait le teaser d'un prochain blockbuster fut sur le cul de constater que le site – diffusant les images – était simplement rattaché à l'une des chaînes d'informations du pays. Seattle était en pleine crise, néanmoins, en déroulant l'écran, elle ne tarda plus à remarquer les divers variantes du même type de captures et leurs titres.... Chicago faisait parti du lot. […] Le soir même des flics aux quatre coins de la ville. Rien de tel pour la faire pester plus que de raison, néanmoins, les images qu'elle avait vu le jour même n'avaient de cesse de tourner en boucle dans son esprit. La trentenaire avait appelé Erika à plusieurs reprises, l'invitant expressément à ne pas sortir avant qu'elle rentre. Ensuite, sa sœur l'avait joint en lui parlant de ce qu'elle même avait pu constater sur les écrans, lui assurant qu'elle rejoignait l'aéroport, en compagnie de John, pour les rejoindre elle et sa fille. La réponse avait été claire « Tu ne quitte pas ta baraque Mery, on attend qu'ça s'tasse, Erika va bien ! ». Ce soir là, ce fut aussi la dernière fois qu'elle put joindre ses parents séjournant en Écosse pour quelques semaines.
De toute sa carrière elle n'avait jamais raté un seul jour de boulot. Toujours présente, même avec la crève, après tout les défunts ne risquaient plus grand chose. C'était ironique n'est-ce pas, davantage encore à l'heure actuelle où la presse, les informations et le net parlaient bien de cadavres mouvants. Comme quoi même les morts n'étaient plus tranquilles. Se passant une énième fois la main sur les traits, Addison lâcha une injure en jetant un œil par delà le balcon de son appartement. Les messages radio et tv étaient clairs, « rester chez soi » néanmoins des abrutis trouvaient judicieux de faire chier le monde dans les avenues, s'amassant face aux forces de l'ordre et à l'armée pour tenter d'obtenir des réponses. Si tu passes le seuil j'te botte l'cul jusqu'à ce que tu puisses plus t'assoier, Siffla-t-elle à l'intention de sa nièce. Ce n'était qu'une mise en garde, la jeune fille tournait comme un lion en cage, tentant de rassurer sa mère à chaque appel de celle-ci. où sont leurs proches à tous ces abrutis, ils s'plaindront quand leurs gosses finiront au poste. La connerie humaine, ce besoin maladif d'agiter la merde pour que ça sente plus mauvais encore. Addison peinait à comprendre. Le président avait même pris la parole, on ne cessait d'entendre ou de revoir son discours, ça dépassait l'entendement, et bien que quelques uns pouvaient songer à une maladie mentale, ou un empoisonnement à Dieu savait quelle toxine, Harper savait parfaitement ce qu'elle avait capturé sur l'écran de portable de son stagiaire : des morts-vivants.
Les émeutes se raréfiaient, sans doute la loi martiale et la présence de plus en plus palpable des forces armées..... Meredith appelait encore, néanmoins pour lui éviter le stress Erika se contentait désormais de sms. Addison elle, envisageait déjà, comme bien d'autres aperçus depuis les fenêtres de l'appartement, de quitter la ville néanmoins où iraient-elles ? A Bismark ? Envisager que les avions fussent encore en service était un pur délire, les transports devaient être saturés, mieux que ça, dans le peu de chose que diffusaient encore les médias, entre deux témoignages délirants de personnes prêtes à foutre le camp, la tante et la nièce entendirent que les portes de l'aéroport étaient closes. Plus d'entrée plus de départ..... Suite à cette annonce, le téléphone de la jeune fille sonna encore, sa mère qui devait sans doute avoir tenté de sauter dans un avion pour les rejoindre. Bourrique cinglée pensa sa frangine en glissant les doigts aux mèches de ses tempes.
Quatre jours plus tard, le quartier n'était plus qu'un désert étrange où, parfois quelques coups de feu résonnaient. La plupart des membres du voisinage s'était barré... Harper restait terrée, prostrée, la seule chose qu'elle pouvait faire était de rassurer sa nièce qui, visiblement, était bien plus lucide qu'elle pour le coup. La jeunesse sans doute, allez savoir néanmoins ce fut elle qui la poussa à sortir pour rencontrer une paire de soldats ayant barricadé l'extrémité de la rue où peu de citoyens vivaient encore. Un jeu de questions/réponses sans véritable sens, les conseils étaient les mêmes, la seule proposition qui leur fut servie fut celle de rejoindre une salle polyvalente dans le quartier même, là bas on s'occuperait-elle. Sûrement tien..... Prête à répondre, ce furent les quelques explosions au loin, en direction de la voix rapide qui l'obligèrent à lever les yeux pour capturer une colonne de fumée noirâtre, après ça, le système électrique sauta complètement pour ne jamais se remettre en route, quant au réseau téléphonique, en voyant Erika vainement tenter de joindre ses parents, Addison sût que la dernière fois qu'elle avait entendu la voix de sa sœur était véritablement la dernière...
Quelques semaines s'étaient métamorphosées en mois et cette fois il n'y avait plus de nouvelles, plus rien.... Les grosses têtes du pays, flanquées de leurs précieux scientifiques avaient du rejoindre des Bunkers.... Quant à elles deux, elles avaient bien étaient forcées de se tirer de l'appartement pour rejoindre la fameuse salle. Ça faisait plus d'un mois maintenant, un mois parquées comme des vaches dans un putain de hangar.... Un mois que les militaires faisaient des allers retours et que parfois quelques uns ne revenaient plus, puis un jour, quand les gars ne furent plus suffisamment nombreux, le restant demanda une contribution. Certains étaient dubitatifs, d'autres volontaires, parfois peut-être curieux de rencontrer ce qu'ils n'avaient encore jamais capturé de près : les marcheurs... Quand ces types revenaient – quand ils revenaient d'ailleurs – leurs traits étaient pâles, quasiment livides pire encore lorsqu'ils avaient perdu l'un des leurs durant ces ravitaillements. Aucune femme ne sortaient, comme si ces dernières étaient précieuses, plus précieuse que des types devant veiller leur famille. Addison était complètement soûlée par le sexisme dont faisait preuve la tête de con n'ayant guère encore embrassé la faucheuse en sortie, un jour malgré tout son vœux fut exaucée, ce trou du cul avait trouvé judicieux de passer à travers une horde, la moitié de la troupe s'était faite bouffé et il n'y eut que des civils qui regagnèrent la salle. Sous les pleurs, la crainte, la majeur partie de ce groupe d'une quarantaine de personne embarquèrent ce qu'ils purent pour tenter leur chance ailleurs. Où ? Cette question n'avait de cesse que tarauder la trentenaire qui, malgré son silence quasi permanent, n'avait pu retenir cette question ce fameux jour. Pour les têtus, ce ne fut guère suffisant, pour les plus fébriles en revanche, sa voix fut peut-être comme un dernier espoir.
- Tu dois leur apprendre à tirer, ils doivent pouvoir s'défendre bon sang, t'es le seul encore debout et on s'en tamponne que tes supérieurs te beuglent dessus Cliff, ils sont morts, Ces propos étaient durs face au jeune soldat mais la douceur ne lui serait d'aucune utilité. MORTS, la seule chose qu'ils peuvent encore te faire c'est t'bouffer la gueule si tu les recroises bordel. Remue toi.
Ses prunelles claires sondèrent celles des hommes et femmes à quelques pas, ces personnes ayant appris à tirer par leur propre moyen, après tout les Etats Unis d'Amérique permettaient à qui avait un permis, de détenir un flingue. Désormais il n'y avait plus de loi, absolument plus rien qui pouvait leur porter préjudice, s'ils ne se bougeaient pas un minimum ils crèveraient de faim ou bouffés par les charognes. Elle même n'en avait encore jamais croisé, elle même désirait tenir un flingue et partir en expédition avec ceux s'étant porté volontaires des mois plus tôt. Et ce désir fut exaucé lorsque Cliff lui tendit un Beretta et un couteau. A peine une semaine plus tard, au creux des premières températures au dessous de zéro, Addison se tenait face à des dépouilles mouvantes. Son cœur battait la chamade mais elle n'avait pas le choix, quant à la peur, elle lui rongeait les tripes mais, néanmoins, son métier, les horreurs qu'elle avait pu voir en exerçant, tout ça l'aidait cruellement à l'heure actuelle. Bien qu'elle rata ses premiers tirs, la concentration et l'enseignement des autres lui permirent d'achever les créatures. C'était automatique, méthodique, quel autre choix avait elle ? Aucun, c'était elle ou ces bestioles avides de chair fraîche. La tête, viser la tête.... étaient les mots qui traversaient son crâne dès lors que ses prunelles croisaient le vide sidéral dans ceux des monstres.
En Février, ils n'étaient plus qu'une quinzaine dans cette fichue salle, tous aptes à sortir, tous apeurés, tous affamés... Les boutiques alentours étaient vides, désormais sortir s'apparentait à manquer de crever simplement en prenant froid. Il fallait avaler plusieurs kilomètres pour espérer revenir avec peu de flotte ou de nourriture. Quant à Cliff, bien qu'il ait appris à la plupart d'entre eux à se défendre, ce pauvre gosse avait choppé la mort et délirait sous une fièvre de cheval depuis plus de deux jours sans qu'ils puissent la faire retomber. L'une des épouses, veuve depuis plus de deux mois, prenait soin de lui à l'écart des autres.
- On aura pas l'choix de bouger, y a quelques voitures encore en état dans le quartier, faudra emporter le strict nécessaire et quitter la ville.... Indiqua la rouquine aux autres personnes, autour d'elle, à fixer la carte étendue sur une table. Ils en parlaient depuis quelques temps, la première au courant fut même Erika qui leur avait déniché le plan des environs et entouré, à grand coups de feutre rouge, plusieurs places où potentiellement s'installer et tenter de survivre mieux que dans ce qu'elle nommait un piège à rats. Addison avait la même impression, il n'y avait plus rien de bon en ville pour elles, pour le groupe. Si on y parvient il y a des hôpitaux sur la route, des cliniques, on trouvera d'quoi aider Cliff.
- Il est quasi crevé Addison, ça sert plus à rien. Suite aux mots de l'un d'eux, la trentenaire redressa le nez et le fixa avec attention.
- Oublie pas d'm'y faire repenser si tu t'choppe une merde, parce que si t'es sur le point de claquer je t'oublierai dans un coin sans bouger l'petit doigt pauvre tâche. L'homme grinça des dents. Et j'te retiens pas, tu peux t'casser.
- L'prend pas mal, mais sois pas aveugle si on l'embarque qui t'dit qu'il tiendra le voyage ? Un sourire malsain glissa à la commissure des lèvres du brun qu'elle ne quittait plus des yeux. D'ailleurs d'puis quand tu décides de tout putain ? Toi, une nénette ? Depuis quand tu disposes de nous sur commande ?
- Depuis qu'tu t'es pissé dessus quand les derniers militaires nous ont abandonné !!! Hurla-t-elle, obtenant le silence par la même occasion, Addison quitta l'assemblée, se précipita vers le couchage de ce mec, agrippa son sac qu'elle remplit sans se soucier de ce qu'elle y logeait et revint pour le lui balancer dans les bras. T'as plus personne c'est ça, hein ? Tu t'cognes carrément que des gens aient envie de survivre, de s'entraider, tu t'crois plus intelligent, plus apte ? Alors casse toi ! Il rit, cherchant du soutient dans les regards autour de lui mais n'en obtint guère. Harper fit un pas vers lui, à peine retenue par la main de Erika auprès d'elle. Tire toi !!!!
Deux jours plus tard, malgré le départ de ce mec, ce qu'il avait se produisit, ce fut la première fois qu'Addison fut confronté à la réalité morbide. Il ne suffisait pas d'avoir été mordu non, la mort elle même se jouait d'eux.... Sans balle dans le crâne, peu importait le décès la dépouille se redressait et s'attaquait à ses semblables. Après le choc, le treize restant prirent possession des véhicules et quittèrent la salle et Chicago... Les premières neiges, le gel, ne rendirent guère le voyage facile, à plusieurs reprises leur itinéraire changea, les forçant même à s'échouer, mi Mars, dans une bicoque abandonnée en pleine campagne. La mort se chargea même de leur arracher trois d'entre eux, ça n'aurait jamais de fin....
Une vieille boutique avait fait l'affaire, l'ancien refuge en pleine métropole ne permettant guère d'envisager pécher, chasser ou même engager des cultures, ça ressemblait davantage à un truc qu'utilisaient les agriculteurs pour s'approvisionner, mais au moins les rideaux métalliques assuraient un minimum de sécurité. Tout autour, des champs et l'assurance que les morts seraient moins nombreux qu'en ville. Au grès des mois, le groupe avait dégageait le parking, renforcé les grillages qui l'entouraient, parfois des survivants les rejoignaient, les règles étaient simples, pas d'armes les premiers temps et quelques questions, le reste se basait sur la confiance, une confiance biaisée par le fait que certains hommes devenaient plus cinglés que d'autres depuis que les lois et la justice n'avaient plus aucune impact. Ça fonctionnait néanmoins, la tante et la nièce faisait leur possible avec ceux en qui elle avait plus d'estime, le plus de confiance. Chacun mettait ses facultés à profits, les bois alentours permettaient à plusieurs d'entre eux de poser des pièges faits maison, d'autres à pêcher dans la petite rivière, la saison était bien plus clémente avec eux. L'été fut quasiment agréable si on retirait le début de sécheresse les ayant forcé à faire une croix sur l'activité de pêche. Ils durent reprendre les expéditions et le risque de perdre l'un d'entre eux à chaque fois que leurs pas s'éloignaient des grilles. Si Addison avait désiré être à la tête d'un groupe ? Avoir multiple vies et les espoirs de chacun entre ses paumes ? Non, néanmoins faire au mieux lui tenait à cœur et un désir perdurait entre elle, celui de rejoindre sa ville natale pour tenter d'y retrouver sa sœur, ses parents... Erika ne parlait jamais d'eux mais lorsqu'elle l'entendait se retourner encore et encore la nuit, la trentenaire ne pouvait se voiler la face au sujet des ressenties de la jeune fille. Elle ferait son possible, pour autant il fallait que ces gens se débrouillent par eux mêmes et quand viendrait ce moment, quand ils n'auraient plus besoin qu'elle les secoue, alors elle envisagerait quitter cette boutique, ce groupe, pour espérer retrouver les siens en compagnie de Rika.
L'arrivée d'un fort caractère dans la communauté lui fit un bien fou. Un ancien joueur de Baseball, un type robuste, aussi têtu qu'elle l'était, aussi tenace qu'elle l'était. Addison se reposa rapidement sur lui, lui lâchant lentement mais sûrement les manettes du groupe pour espérer partir lorsque la belle saison ferait son retour. S'il y eut des malades durant le temps froid, glacial même, elle put les garder en vie grâce aux expéditions de certains et la présence d'un véritable médecin débarqué à la fin de l’automne 2016. Ces gens lui manqueraient oui, néanmoins sa famille était là bas, quelque part, et avait besoin d'elles deux. Meredith devait se ronger les sangs à propos de son unique fille, il fallait qu'elle lui assure qu'elle allait parfaitement bien néanmoins, et bien que la faucheuse parcourrait les routes depuis plus d'un an, Addison évitait soigneusement de songer au fait que sa famille, ses parents, sa sœur, son beau frère, aient pu rejoindre ses rangs.
Il était tôt ce matin là, plus tôt que d'ordinaire quand Jazz' faisait biper l'antenne radio – installée en Mai -, lançant quelques messages de vive voix, qui constituaient son réveil quotidien. Cette aube ci, Addi ne fut pas tirée de ses songes par quelques grésillements mais plutôt, par l'agitation au dehors. Rapidement elle quitta la couche, enfila sous vêtements, débardeur, short de jeans et rangers, pour ouvrir le battant et chopper le premier type qui passait afin de savoir de quoi il retournait. L'angoisse sur les traits de cet adulte la fit déglutir et retourner fissa dans ce qui lui servait de chambre afin d'agripper le Beretta légué par Cliff.. Sans réveiller les jeunes, Harper se hâta à toute vitesse aux abords du camp pour constater l'horreur, une horde de morts-vivants avançait, de chaque recoin des champs et des bois, de partout au point d'en faire pulser son cœur à tout rompre. Immédiatement elle saisit son couteau, logeant la lame dans les premières tempes assez proches qui se présentaient mais contrainte d'abandonner l'arme blanche au profit de la poudre à canon. Beretta en paume, elle serra les dents et se concentra, avançant avec ténacité pour faire reculer cette vague morbide qui tentait de s'approprier leur terre. Lunettes sombres sur le nez afin de n'être éblouie par les premiers rayons du soleil, la rouquine tira, encore et encore, jusqu'à presser la gâchette et pester quant au chargeur vide qui s'imposait à elle.
Les doigts logés à sa ceinture, elle chargea un autre plein de balles jusqu'à se faire agripper les cheveux et lâcher prise sur le chargeur qui glissa sous une camionnette abandonnée sur le parking. Un coup de feu s'en suivit, la libérant avant qu'elle puisse entrevoir les traits humides d'Erika. Malgré les efforts de chacun, les balles ne suffirent pas, le camp sombra sous l’amas de créatures et les derniers espoirs s'envolèrent tout comme la confiance que le reste de ces gens – ceux ne s'étant pas fait déchiqueter dans la cohue – avaient en elle. Pouvait-elle leur en vouloir ? Assurément pas, elle n'avait rien pu prévoir, ni la horde, ni même qu'il y aurait des morts, mais poussée dehors et après quelques reproches plus hauts que d'autres, Harper avait enfin ce qu'elle désirait : Elle était libre de les quitter sans remord aucun. Ils ne voulaient plus d'elle, n'avait plus confiance.... C'était suffisamment douloureux pour l'inviter à prendre le large. Elles survivraient ensembles, à deux, elle et sa nièce.... Elle ne veillerait désormais qu'elle et éviterait soigneusement les autres.... Erika ne lui reprochait rien au moins, pas comme toutes ces personnes pour qui elle avait fait des pieds et des mains, reléguant ses propres désirs au second plan, pour ensuite se faire insulter et remercier de la sorte. L'homme devenait dingue, si c'était légitime ? Même si elle le pensait intérieurement, son propre caractère l'empêchait de les comprendre, la poussant à se renfermer et à être plus froide qu'elle ne l'était. Meredith était sans doute restée dans leur ville natale, Addison avait enfin la liberté de s'en assurer, elles allaient s'y rendre ensemble, là bas à Bismark, l'espoir aux tripes de retrouver les leurs.
La survie sans toit était bien plus difficile, si Addison perdit lentement les pédales sur ses propres convictions ce fut bien cet été là. Si les filles survécurent ce fut en s'éloignant des quelques rares vivants croisés. La chaleur rendait tout difficile, davantage encore qu'en étant plus que deux, elles n'avaient d'autres choix que de gagner les bourgades et leur lots de rôdeurs. La faim se faisait plus présente, plus lourde, la soif tout autant, le peu de vivres elles les trouvaient dans de rarissimes confiseries de boutiques déjà pillées depuis des lustres. A la fin de l'été, la bagnole que leur dernier groupe leur avait légué lâcha, les obligeant à continuer à la force des jambes et à se poser, pour trop peu de moments de répits, dans quelques habitations abandonnées par leur propriétaires.
S'il y eut néanmoins une trouvaille sympa à retirer de cette saison désastreuse, ce fut la découverte du cadavre d'un chasseur dans les bois qui longeait l'autoroute menant vers Bismark. Ce type devait vivre seul depuis trop longtemps, une morsure à sa main droite témoignait du passage des créatures. Visiblement il n'avait pas eu le cran de se coller une balle dans la tronche – malgré la présence d'un fusil - pour autant il avait trouvé judicieux de s'enquiller une bonne dose de poison. Erika en fit le constat après avoir débusqué, dans son campement de fortune, un paquet de mort au rats vide. Le verre reversé à coté du siège pliant auquel il s'était enchaîné empestait l'odeur acre de cette poudre chimique.
- On l'laisse comme ça ? Avait demandé la jeune fille. La réponse avait été claire, un coup de couteau dans l’œil de la dépouille et celle-ci avait cessé de remuer contre son transat. Okay..... Je fouille la tente ?
- Y a rien, du moins rien à par ça. Avait-elle lâché en empoignant le fusil. Une arme servait toujours, elle apprendrait bien à s'en servir. C'est juste un plus gros flingue, on l'embarque et on continue.
Si elles regagnèrent la maison des parents d'Erika, les filles n'y trouvèrent rien sinon des traces de fuite. C'était au moins ça. Malgré l'amertume de ne pas avoir pu serrer les leurs, au moins Addison n'avait pas eu à trouver leurs dépouilles dévorées par les charognes. Le duo avait fouillé la maison, n'y découvrant que de vagues informations, des billets d'avion pour Seattle encore neufs.... Seattle, l'idée traversa l'esprit de la trentenaire, néanmoins étant donné la rudesse du temps, elle n'en pipa mot à sa nièce et préféra investir la demeure des parents de cette dernière pour subsister à cet hiver pénible. Les seules sorties la jeune femme les effectuaient seule, trop prise par l'idée de perdre la gamine, du moins jusqu'à ce que le temps ne devienne bien trop difficile et les pousse à subsister avec les réserves de la cave. La menace rôdeur semblait, comme les hivers précédents, être en sommeil, néanmoins la rouquine avait conscience que ça ne durerait que le temps du gel.
Aux premiers rayons de soleil de fin de saison, elle invita la jeune fille à continuer leur route vers la cité d’émeraude. Toujours sans véhicule, à la simple force des jambes, inutile de se plonger dans les entrailles d'une bagnole sans savoir quoi y foutre. Son truc c'était les morts.... Encore à l'heure actuel d'ailleurs, comme si son job lui faisait un jolie doigt d'honneur depuis que le premier d'entre eux s'était redressé. Traversant lentement le Montana, bientôt les panneaux indiquèrent les kilomètres restants vers la métropole et sa fameuse Space Needle.
Maintes bourgades vides, en ruines, ce fut ce que constatèrent les jeunes femmes en regagnant peu à peu la ville où, secrètement, Addison espérait retrouver sa sœur. Ce serait comme rechercher une aiguille dans une botte de foin, néanmoins c'était ça ou finir barge à pleurer sans savoir si sa famille était encore de ce monde. Elle n'avait pas le droit, elle n'était pas seule, sa nièce ne méritait guère qu'elle tombe et ne puisse plus se relever. Sur le chemin le duo déboucha sur Issaquah à la Mi Mai, aux environs du vingt sans nul doute, allez savoir, l'heure était déjà difficile à estimer sans montre, alors un jour...., la fatigue était plus que présente, Erika tenait bon mais l'amaigrissement la rendait plus vulnérable. Addison non plus n'était pas au mieux de sa forme, elle allait encore proposer une pause dans l'une des bicoques de campagne jusqu'à remarquer de l'agitation, comme des silhouettes bien vivantes, par delà les rayons mirages du soleil qui tapait sur l'asphalte.
- On ferait peut-être bien d'faire confiance à d'autres Addi. Mâchoire serrée, la rouquine refusa premièrement jusqu'à croiser l'air déterminé, et les cernes violacés, sous les yeux gris de la jeune fille. Moi j'y vais, c'est peut-être notre chance, peut-être pas mais à quoi bon sérieux ? A quoi bon errer comme ça et seules, on finira par s'faire bouffer ! Ou tuer, alors que ce soit maintenant ou dans deux jours c'est pareil. Harper l'observa aller de l'avant, à la rencontre de personne dont elle ne pouvait discerner les visages. C'était maintenant ou jamais......
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Ali Larter• <bott>Addison N. Harper</bott>
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• Harper
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• Thanatopractrice
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Re: Beyond Death...
Lun 28 Mai 2018 - 19:10
• âge › 31 ans
Moi j'remarque qu'elle nous fait une Peter Pan
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