Dreaming of Nowhere • Sam & Lloyd Pt. I
Dim 3 Juin 2018 - 22:24
NO MAN'S LAND, SEATTLE
03 JUIN 2018
https://www.youtube.com/watch?v=uMkxWKlgr3Y
Son arrivée à Seattle ne s'était pas exactement passée comme prévue. Il y avait eu quelques rebondissements, des rencontres inattendues et pas forcément très apprécié. A plusieurs reprises Lloyd avait cru qu'il y resterait. Cela avait renforcé son idée que l'Humain tel qu'il était maintenant était plus une plaie qu'autre chose et qu'une fois qu'il aurait obtenu des réponses à ses questions, il s'en irait. Ou peut-être qu'il déposerait les armes. Il n'en savait rien. C'était fatiguant de vivre dans ce nouveau monde et s'il n'y avait plus rien pour lui, alors à quoi bon rester ?
Deux jours avant, Lloyd avait épié un étrange duo qui se promenait. Il avait eu la possibilité de les écouter et entendre parler d'un endroit appelé No man's land. Un endroit où les voyageurs passaient et où, il l'espérait, il aurait probablement plus de chance d'obtenir des informations. Les asiatiques ne courraient pas les rues, et une fille comme Samantha, si elle avait survécu et était toujours dans le coin, aurait forcément été remarquée par quelqu'un. Malgré lui, Lloyd sentait son coeur se gonfler d'espoir alors qu'il luttait pour garder les pieds sur terre. Si jamais le pire des scénario arrivait, il ne voulait pas chuter trop violemment. En étant un minimum réaliste, quelles avaient été les chances de survie pour sa mère et Sam ? Il ne doutait pas que sa soeur sache se défendre, mais cela ne faisait pas tout. Le souvenir de ses propres compagnons le hantait encore, alors il était largement possible que ni l'une ni l'autre n'ait survécu.
Lui-même n'était pas au meilleur de sa forme. Il avait pris un coup à l'arcade sourcillège et un hématome se voyait légèrement sur sa tempe. Des baffes qui ne font pas plaisir mais qu'il était parfois nécessaire d'encaisser s'il ne voulait pas pire. L'instinct de survie de Lloyd semblait assez déroutant pour les gens d'ici dont la violence était proéminente, semblerait-il. Ce n'était pas un lieu pour lui. Trop de tension, trop de règlements de compte, trop de gens.
Arrivé ce matin même à No Man's Land, il avait pris place sur une des poutre métallique qui surplombait la salle principale. Cela lui permettait de voir tous ceux qui entraient et sortaient sans forcément se faire repérer, même si le peu de personnes à qui il avait pu parler ne l'avait pas repoussé. Il vit passer plus de monde qu'il ne l'aurait imaginé, d'ailleurs. Et des gens de tout âge. Très peu d'enfants cela dit. Quelques personnes discutaient mais il n'entendait rien de ce qu'ils disaient, quelques uns dormaient avec un oeil ouvert, leur sac dans les bras. Quelques autres étaient blessés et se soignaient mutuellement. Puis il y en avaient simplement qui ne faisaient que passer. C'était bizarre, comme atmosphère. Il s'était attendu à ce que les gens se battent, se volente mutuellement ou que les conflits pètent dans tous les sens, mais il n'en était rien.
Posant sa main sur son ventre, il soupira. Il avait faim, terriblement faim. La vue de quelqu'un mangeant des haricots sortis d'une boite de conserve lui donnait presque l'eau à la bouche, mais il ne pouvait pas lui voler sa bouffer sous le nez ; surtout pas devant autant de témoins. Lloyd déglutit péniblement puis se releva, traversant la poutre pour descendre sur l'escalier qui menait au premier étage. Il y avait des pièces transformées en chambres de fortunes et il ne les avait pas encore explorées, se disant que les occupants finiraient pas sortir et que s'il forçait une porte, il prenait le risque de se faire plomber sur place. Même s'il ne voulait pas forcément partir, de peur de rater quelque chose, il devait aller manger.
Il allait vers la porte d'entrée ; puis d'une main, il l'ouvrit et la poussa. La deuxième porte juste à côté fut ouverte dans le même temps et il lança un regard en biais à la personne qui croisait sa route. L'instant d'après, les portes se refermaient ; mais Lloyd était planté derrière la porte, immobile, son coeur ayant violemment manqué un battement. Le profil qu'il venait de voir était terriblement familier.
Ne se donnant pas l'occasion de réfléchir, il rouvrit subitement la porte et rattrapa en deux secondes la personne qui l'avait dépassé ; il attrapa son bras et la força à se retourner, croisant instantanément son regard.
Malgré son visage caché, les yeux de Lloyd exprimaient beaucoup d'émotions ; l'espoir, la terreur, le doute, la joie ; le chaos total. Sa gorge était complètement nouée. Avait-il des hallucinations ?
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Re: Dreaming of Nowhere • Sam & Lloyd Pt. I
Lun 4 Juin 2018 - 22:56
Trois jours. Ça fait trois jours maintenant que je me suis amputé le bras droit. Je n’ai quasiment pas dormi depuis à cause de la douleur mais je m’efforce de ne rien laisser paraître. Ne pas montrer ses faiblesses, c’est la clé pour remporter un combat. Et la vie dans ce monde de merde est devenue un combat de chaque instant.
Malgré les températures douces de ce début de mois de juin, je réajuste mon manteau sur mes épaules. Pour le moment, je préfère éviter de trop montrer que je suis blessée, surtout tant que mon moignon est encore à vif. L’extrémité de ma manche droite coincée dans ma poche me permet de dissimuler partiellement l’absence de mon bras pour qui ne regarde pas attentivement. Je passe mon sac à dos sur mon épaule gauche, décidant de ne le porter que d’un côté pour éviter de forcer sur mon côté blessé. En dépit de la fatigue, l’inactivité commence à me peser et je me redresse, abandonnant le coin où je m’étais installée pour me diriger vers l’extérieur.
Me dégourdir les jambes n’est pas ma seule préoccupation. Je dois soigner mon moignon si je veux survivre encore un peu plus longtemps à cette blessure. Et ce n’est pas en restant là à attendre que j’y arriverai. J’ai dans l’idée de retourner à l’hôpital des anciens combattants. Dans l’urgence je n’ai pas vraiment récupéré de matériel mais j’ai pu constater que tout n’avait pas été entièrement pillé. Sauf qu’avant de partir pour une telle expédition, il faut que je m’assure d’être en état. Et pour ça il n’y a qu’un moyen de le savoir : aller faire un petit tour autour de l’entrepôt, prendre l’air et voir comment je me sens.
C’est au bout d’un quart d’heure que je commence à sentir les premiers signes de fatigue. Le manque de sommeil, la douleur, le sang que j’ai perdu, tout ça n’aide pas vraiment à garder la forme. Je me résigne à retourner à l’intérieur avant de faire un malaise. Il va falloir que je trouve le moyen de récupérer des forces et de me soigner en restant ici.
Alors que je passe la porte dans l’autre sens pour retourner à l’intérieur, je croise un autre survivant qui s’apprête à sortir. Je n’y aurais pas prêté plus attention que ça s’il ne m’avait pas brusquement saisi le bras pour me forcer à lui faire face. D’un mouvement brusque de l’épaule, je tente de me dégager de son emprise sans succès. Il me fixe du regard et je le fusille du mien, incapable de distinguer autre chose que ses yeux entre son masque et sa casquette. Son regard me semble familier mais je n’y prête pas attention sur le coup, préférant tenter de me dégager à nouveau. Cette fois il lâche prise et je profite d’être à nouveau libre de mes mouvements pour lever la main vers son visage et en écarter ce fichu masque qui m’empêche de voir à qui j’ai affaire.
Il me semble que le temps s’arrête un instant lorsque je reconnais mon frère. Je laisse retomber ma main, comme au ralenti, incapable de dire un mot. C’est impossible, j’arrive pas à y croire. Et pourtant, même s’il est plus maigre que dans mon souvenir, il n’y a pas de doute, c’est bien Lloyd qui se tient devant moi. Puis comme si le temps reprenait soudain son cours, je me jette en avant pour me laisser aller contre lui et l’enlacer de mon bras unique.
Malgré les températures douces de ce début de mois de juin, je réajuste mon manteau sur mes épaules. Pour le moment, je préfère éviter de trop montrer que je suis blessée, surtout tant que mon moignon est encore à vif. L’extrémité de ma manche droite coincée dans ma poche me permet de dissimuler partiellement l’absence de mon bras pour qui ne regarde pas attentivement. Je passe mon sac à dos sur mon épaule gauche, décidant de ne le porter que d’un côté pour éviter de forcer sur mon côté blessé. En dépit de la fatigue, l’inactivité commence à me peser et je me redresse, abandonnant le coin où je m’étais installée pour me diriger vers l’extérieur.
Me dégourdir les jambes n’est pas ma seule préoccupation. Je dois soigner mon moignon si je veux survivre encore un peu plus longtemps à cette blessure. Et ce n’est pas en restant là à attendre que j’y arriverai. J’ai dans l’idée de retourner à l’hôpital des anciens combattants. Dans l’urgence je n’ai pas vraiment récupéré de matériel mais j’ai pu constater que tout n’avait pas été entièrement pillé. Sauf qu’avant de partir pour une telle expédition, il faut que je m’assure d’être en état. Et pour ça il n’y a qu’un moyen de le savoir : aller faire un petit tour autour de l’entrepôt, prendre l’air et voir comment je me sens.
C’est au bout d’un quart d’heure que je commence à sentir les premiers signes de fatigue. Le manque de sommeil, la douleur, le sang que j’ai perdu, tout ça n’aide pas vraiment à garder la forme. Je me résigne à retourner à l’intérieur avant de faire un malaise. Il va falloir que je trouve le moyen de récupérer des forces et de me soigner en restant ici.
Alors que je passe la porte dans l’autre sens pour retourner à l’intérieur, je croise un autre survivant qui s’apprête à sortir. Je n’y aurais pas prêté plus attention que ça s’il ne m’avait pas brusquement saisi le bras pour me forcer à lui faire face. D’un mouvement brusque de l’épaule, je tente de me dégager de son emprise sans succès. Il me fixe du regard et je le fusille du mien, incapable de distinguer autre chose que ses yeux entre son masque et sa casquette. Son regard me semble familier mais je n’y prête pas attention sur le coup, préférant tenter de me dégager à nouveau. Cette fois il lâche prise et je profite d’être à nouveau libre de mes mouvements pour lever la main vers son visage et en écarter ce fichu masque qui m’empêche de voir à qui j’ai affaire.
Il me semble que le temps s’arrête un instant lorsque je reconnais mon frère. Je laisse retomber ma main, comme au ralenti, incapable de dire un mot. C’est impossible, j’arrive pas à y croire. Et pourtant, même s’il est plus maigre que dans mon souvenir, il n’y a pas de doute, c’est bien Lloyd qui se tient devant moi. Puis comme si le temps reprenait soudain son cours, je me jette en avant pour me laisser aller contre lui et l’enlacer de mon bras unique.
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Re: Dreaming of Nowhere • Sam & Lloyd Pt. I
Mer 6 Juin 2018 - 18:24
Combien de fois avait-il voulu abandonner ? Lorsque son esprit fatigué, complètement las de cette nouvelle vie, lui avait hurlé d'abandonner, une lueur d'espoir était régulièrement revenue lui insuffler le courage qui lui manquait pour pouvoir reprendre sa route. De sa vie, il ne s'était jamais su capable d'endurer autant, de souffrir autant et surtout, de persévérer autant. Lloyd s'était découvert une détermination mordante qu'il n'avait jamais soupçonnée d'exister. L'idée simple et presque enfantine que sa soeur et sa mère puissent l'attendre quelque part l'avait maintenu en vie. Ce n'était peut-être pas pour lui mais pour elles qu'il avait fait toute cette route. Son amour pour elles était si grand qu'il avait tué dans l'espoir de les revoir.
Alors même si elle avait changé, même si ses cheveux avaient poussé, qu'elle avait maigri et que la fatigue tirait sévèrement les traits de son visage, Lloyd savait que c'était elle. Il savait que c'était Samantha devant lui. Il ne saurait dire comment il l'avait reconnue ; la silhouette, l'odeur, l'aura, le pressentiment ou peut-être même le hasard. Pourtant, même s'il le savait, il ne su pas la retenir lorsqu'elle tenta de se dégager une seconde fois ; probablement trop choqué pour réagir ou dire un mot, il restait planté là, une main ouverte dans le vide, tenant inconsciemment le fantôme du bras qui venait de se défaire.
Il avait oublié son propre accoutrement, le lieu, le temps, son état également ; il fixait simplement le visage de la jeune femme devant lui. Elle vint le débarrasser de son masque un peu sèchement, mais il ne broncha pas. Le masque retomba alors que le frère et la soeur se faisaient face.
Quand Samantha vint se blottir contre lui, Lloyd ne réagit toujours pas. Son regard était toujours sur elle et il fixait le haut de son crâne avec stupeur, ne parvenant toujours pas à assimiler ce qu'il voyait. Deux ans et demi. Deux ans et demi sans l'avoir revue, à ne pas avoir entendu sa voix, à ne pas savoir si elle était toujours en vie. Deux ans et demi à avancer dans le doute et l'incertitude avec pour seul motivation l'espoir qu'un jour il découvre la vérité, qu'il sache ce qu'il s'est passé. C'était tout simple pourtant ; elle était là contre lui, en chair et en os, bien vivante. Alors lentement ses bras bougèrent et il sentit ses muscles trembler, encore sous le choc de l'émotion. Il lui fallu bien deux secondes supplémentaires avant que rapidement, il ne la prenne contre lui et la serre dans ses bras, son coeur s'emballant comme jamais.
Pas besoin de mots. Il n'en avait pas la force de toute manière. La gorge était trop nouée et il se sentait prêt à craquer, la pression qui était devenue son compagnon de voyage s'étant subitement envolée, laissant ainsi un grand espace pour une bouffée d'air frais. Il enfouit son visage dans ses cheveux, ferma les yeux et inspira difficilement, avant d'expirer avec tout autant de difficulté.
Puis ce fut en resserrant encore son étreinte, mouvant légèrement son bras, qu'il sentit que quelque chose clochait ; elle ne le serrait que d'un seul bras et il ne sentait absolument sur son côté droit. Ses yeux se rouvrirent et il posa ses mains sur ses épaules pour l'écarter légèrement avant de baisser sa main gauche ; là où devait être le bras droit de Sam, Lloyd ne serra que le bras de sa veste, vide. Il ne fallait pas être devin pour comprendre.
Sans trop comprendre pourquoi, les genoux de Lloyd flanchèrent. Il se retrouva à genoux par terre, devant elle, ses doigts serrant davantage la manche vide alors qu'il baissait la tête. Devait-il ressentir de la joie ? De la détresse ? De la douleur, de la peine ? C'était tellement confus, tellement chaotique qu'il ne savait même pas quoi faire. Il se risqua alors à prononcer quelques mots, prononcés difficilement.
« Sam... Je suis désolé... d'avoir mis aussi longtemps... ! »
S'il était heureux de la savoir en vie, quelque chose lui hurlait qu'il avait échoué.
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Re: Dreaming of Nowhere • Sam & Lloyd Pt. I
Jeu 7 Juin 2018 - 22:12
- Pas du tout, j'viens de le sortir de mon sac !
- J'te dis que c'est le mien !
Vous ne pouvez ignorer les deux hommes qui interrompent vos retrouvailles, se disputant dans un coin ce qui ressemble à un pot de miel. Dans l'indifférence générale, le ton continue de monter et ils se jettent bien vite sauvagement l'un sur l'autre. Les coups partent avec déraison, une violence qui prend aux tripes mais tellement significative de votre nouveau monde...
Et vous, est-ce que vous comptez intervenir ou laisser faire ?
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Re: Dreaming of Nowhere • Sam & Lloyd Pt. I
Sam 9 Juin 2018 - 15:56
C’est pas mon genre les câlins et les effusions. Ça ne l’était déjà pas avant et l’est encore moins maintenant. Mais retrouver mon frère ça vaut bien une exception. J’attendais pas son retour. Pour moi c’était de l’ordre de l’impossible. Mais ça ne m’empêche pas d’en être émue. Et Lloyd n’est pas en reste. De nous deux, j’ai toujours été la moins démonstrative. En tous cas pour ce qui est des marques d’affection. Son étreinte me fait mal alors qu’il me serre un peu trop fort contre lui, son bras appuyant juste au-dessus de mon moignon. Mais je le laisse faire, me contentant de serrer les dents.
La suite ne me plait pas. Il s’écarte un peu pour me regarder. Sa main sur mon épaule droite descend le long de ma manche pour rencontrer le vide et je vois son expression changer. Je déteste le voir tomber à genoux. Je déteste la culpabilité que je lis sur ses traits. Comme si c’était de sa faute. Mon bras, je me le suis amputé toute seule comme une grande. Et si c’était à refaire, j’hésiterais pas une seconde. Ma mâchoire se crispe. J’en veux pas de sa pitié et de ses regrets, surtout pas venant de lui. Mais avant que j’aie le temps de lui dire, des éclats de voix attirent mon regard un peu plus loin.
- Hey, c'est à moi ça !
- Pas du tout, j'viens de le sortir de mon sac!
- J'te dis que c'est le mien !
Très vite les deux hommes en viennent aux mains. C’est pas moi qui vais les blâmer, j’aurais fait pareil. Frapper d’abord, discuter ensuite. C’est comme ça que je fonctionne. Je sais pas lequel des deux est dans son droit et je m’en tape. La seule chose dont je suis sure c’est que je ne vais pas m’en mêler. Rester autant que possible éloignée des autres et de leurs histoires, c’est comme ça que j’ai survécu jusqu’à présent et ça a plutôt bien marché. Y a pas de raison que je change mes habitudes. De ma main valide, je saisis Lloyd par la manche pour le remettre debout.
- Viens, on bouge. Faut qu’on trouve un coin plus tranquille.
Mon frère obtempère sans rien répondre. Merde, c’est pas là qu’il est censé me renvoyer une pique juste pour ne pas me laisser avoir le dernier mot ? J’aurais presque envie de le secouer pour le réveiller, mais c’est pas le moment. Je l’entraine simplement avec moi plus à l’intérieur de l’entrepôt, nous éloignant du même coup des deux fauteurs de troubles.
Je guide Lloyd jusqu’à une petite pièce où sont alignés des casiers éventrés depuis longtemps. Sans doute était-ce le vestiaire des employés quand l’entrepôt servait encore à autre chose que d’accueillir des réfugiés. Je ne me suis pas absentée longtemps et le coin où j’étais posée un peu plus tôt avant de sortir prendre l’air est toujours disponible. Un coin tranquille dans un renfoncement entre deux rangées de casiers, relativement à l’abri des regards. Je laisse tomber mon sac sur le sol dans un bruit légèrement métallique à cause de la casserole en inox au fond. Parce que je ne suis pas douée pour lui montrer à quel point je suis heureuse de le retrouver, c’est d’un ton un peu bourru que je demande à mon frère.
- Comment t’as fait pour revenir à Seattle ?
La suite ne me plait pas. Il s’écarte un peu pour me regarder. Sa main sur mon épaule droite descend le long de ma manche pour rencontrer le vide et je vois son expression changer. Je déteste le voir tomber à genoux. Je déteste la culpabilité que je lis sur ses traits. Comme si c’était de sa faute. Mon bras, je me le suis amputé toute seule comme une grande. Et si c’était à refaire, j’hésiterais pas une seconde. Ma mâchoire se crispe. J’en veux pas de sa pitié et de ses regrets, surtout pas venant de lui. Mais avant que j’aie le temps de lui dire, des éclats de voix attirent mon regard un peu plus loin.
- Hey, c'est à moi ça !
- Pas du tout, j'viens de le sortir de mon sac!
- J'te dis que c'est le mien !
Très vite les deux hommes en viennent aux mains. C’est pas moi qui vais les blâmer, j’aurais fait pareil. Frapper d’abord, discuter ensuite. C’est comme ça que je fonctionne. Je sais pas lequel des deux est dans son droit et je m’en tape. La seule chose dont je suis sure c’est que je ne vais pas m’en mêler. Rester autant que possible éloignée des autres et de leurs histoires, c’est comme ça que j’ai survécu jusqu’à présent et ça a plutôt bien marché. Y a pas de raison que je change mes habitudes. De ma main valide, je saisis Lloyd par la manche pour le remettre debout.
- Viens, on bouge. Faut qu’on trouve un coin plus tranquille.
Mon frère obtempère sans rien répondre. Merde, c’est pas là qu’il est censé me renvoyer une pique juste pour ne pas me laisser avoir le dernier mot ? J’aurais presque envie de le secouer pour le réveiller, mais c’est pas le moment. Je l’entraine simplement avec moi plus à l’intérieur de l’entrepôt, nous éloignant du même coup des deux fauteurs de troubles.
Je guide Lloyd jusqu’à une petite pièce où sont alignés des casiers éventrés depuis longtemps. Sans doute était-ce le vestiaire des employés quand l’entrepôt servait encore à autre chose que d’accueillir des réfugiés. Je ne me suis pas absentée longtemps et le coin où j’étais posée un peu plus tôt avant de sortir prendre l’air est toujours disponible. Un coin tranquille dans un renfoncement entre deux rangées de casiers, relativement à l’abri des regards. Je laisse tomber mon sac sur le sol dans un bruit légèrement métallique à cause de la casserole en inox au fond. Parce que je ne suis pas douée pour lui montrer à quel point je suis heureuse de le retrouver, c’est d’un ton un peu bourru que je demande à mon frère.
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Re: Dreaming of Nowhere • Sam & Lloyd Pt. I
Sam 16 Juin 2018 - 20:23
Lloyd était toujours les genoux au sol lorsqu'il entendit des voix s'élever et de l'agressivité un peu plus loin. Son regard bifurqua pour voir qui était mêlé au problème mais son visage se referma ; pas question de les approcher, de se mêler à leur problème. La raison du problème ? Lloyd plissa légèrement les yeux, n'ayant pas vu de quoi il s'agissait. Avant qu'il n'ait eu le temps de se relever comme il comptait le faire, Samantha l'avait déjà attrapé par la manche. Il ne se fit pas prier et se releva, son attention se reportant sur elle, même s'il gardait tout de même une oreille attentive aux bruits de fond. Samantha passait devant lui, et il se plaçait automatiquement derrière. Il lança un bref regard par dessus son épaule vers le duo qui se battait toujours et ramenait l'attention d'autres brutasses, avant de tourner à nouveau la tête pour regarder Samantha.
Elle semblait connaître le coin. Évidemment, si elle était restée à Seattle tout ce temps, elle avait eu le temps de voir la ville changer. Où l'emmenait-elle ? Vers leur mère ? L'espoir de la retrouver le prit aux trippes. Puisqu'il avait retrouvé Samantha, pourquoi pas sa mère ? Lloyd se laissait guider, observant discrètement l'endroit et scrutant quelques visages qu'il pouvait apercevoir, tentant de deviner si le lieu était assez sécurisé ou si quelqu'un allait les suivre.
Samantha le mena dans une pièce et elle finit par le relâcher. Lloyd fit quelques pas, observant l'endroit avec curiosité, reposant cela dit très rapidement son regard sur Samantha. La situation était quelque peu étrange car il ne savait pas vraiment quoi dire ou faire. S'il avait rêvé des centaines de fois de la retrouver il n'avait jamais songé à ce qu'il devrait dire ou faire lorsque cela se produirait. Elle avait sûrement beaucoup changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vue.
A sa question, Lloyd se rappela des autres. De June, Martin, Patrick et Keith. De son petit groupe qui l'avait tant aidé et soutenu au départ et dont finalement, seul lui et Patrick avaient survécu. L'asiatique prit une lente inspiration avant de se rapprocher de sa soeur. Il n'était pas quelqu'un d'excessivement tactile, mais la savoir si proche de lui le réconfortait. Elle était bien là. Il s'assit alors sur un banc voisin, son regard se perdant un peu sur les affaires au sol alors qu'il prenait la parole.
« J'ai marché. J'ai couru, pédalé un vélo, volé des voitures... »
Son regard se reposa sur Samantha et il se redressa un peu, ne voulant pas trop avoir l'air avachis et tassé.
« J'ai... » Les mots furent légèrement coincés dans sa gorge qui se nouait. « Patrick est retourné voir sa famille aussi. »
Prononcer les prénoms des autres était encore douloureux. Il réalisait alors que depuis leur mort, il n'en avait parlé à personne. Patrick avait été le seul à lui avoir offert une discussion avant que leur route se sépare. Après ça, plus personne n'avait entendu les prénoms de Keith, June et Martin. Ce n'était pas qu'il les avait effacés ou qu'il ne voulait pas en parler, c'était qu'il n'avait pas pu le faire. Personne ne les connaissait, sauf lui. Il se disait parfois qu'il était poteniellement la dernière personne sur Terre à se souvenir vraiment d'eux. Même Sam ne les avait pas tant connus que ça, même si les réunions de famille les avait menés à se rencontrer.
« Et maman ? » demanda Lloyd.
Il ne voyait pas d'affaires pour deux personnes. Si cet endroit avait été un refuge, Samantha lui aurait demandé de rester ici, en sécurité. Il ne doutait pas que l'instinct maternel aurait poussé leur mère à vouloir protéger Sam, mais des deux, Sam aurait été celle qui aurait mené la barque. Alors, si leur mère n'était pas là... si elle n'était pas ici... où était-elle ?
L'espoir qui s'était ravivé en Lloyd était faible, mais il ne voulait pas abandonner de lui-même. Il voulait savoir.
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