Le camping-car était de retour sur les routes ! La moto restée à la prison auprès de la bande Messiah, le duo Roza et Connor était parti aux aurores en direction de Seattle et plus précisément du No Man's Land, devenu grand point de chute de la russe. Elle s'y rendait au minimum une fois par mois en quête d'informations pour sa chasse contre les pillards et à la recherche de deal intéressant par la même occasion. Dans les échos de midi, le large véhicule s'arrêta à la bordure du quartier industriel et trouva son nouveau parking dans un jardin aux herbes hautes et surtout à l'abris des regards indiscrets. Sacs presque vide sur le dos, holster sous sa veste en cuir ouverte, capuche sur la tête et ceinture de couteaux à sa taille, la russe était fin prête à dégommer du vilain !

"Ça fait longtemps qu'on a pas fait du tourrrisme ensemble ! J'espèrrre que tu es chaud !" Ce n'était pas la faute du sportif mais bien de la slave qui avait pris cette mauvaise habitude de vagabonder toute seule ces deux derniers mois. Un mal pour un bien, l'isolement sur les routes lui permettait de réfléchir et de se retrouver. À contrario, la solitude n'était pas toujours très bonne pour sourire. Autant là, retrouver son Connor pour reprendre les routes s'en retrouvait être sacrément revigorant, la tatouée était maintenant une vraie pile électrique dont la marche se faisait rapide.

En chemin, ils croisèrent quelques gloutons qui finirent pour de bon au sol à coup de batte de Baseball et de couteaux en plein crâne. Croisés seulement par petit groupe, la facilité de la chose était conséquente pour ces deux grands habitués des sorties qui savaient se montrer prudent pour leurs séances extermination. "Faut que je te prrrésente Monrrroe au fait ! C'est une mécanicienne qui vit dans le coin. J'espèrrre qu'elle serrra là, et elle a un cul d'enferrr en prrrime !" Les bonnes choses se devaient d'être soulignées, non ?

Enfin arrivés face aux lourdes portes de l’entrepôt, elle s'empressa de les ouvrir avec énergie et s'y engouffra en frottant ses paupières peu habituée à la pénombre. Réajustant par la suite sa capuche sur sa caboche, elle fut aussitôt arrêtée par Eddy qui pour une fois fit l'effort d'aller vers elle, surprenant ! Entre deux grognements il lui affirma avoir eu des nouvelles de Romy, de quoi rendre les pupilles de la russe brillantes. "Tu dois la rejoindre à la Jonquille à la prochaine pleine lune. D'ici là, fous pas la merde." Ni plus, ni moins, il tourna aussitôt des talons en râlant pour reprendre son sitting dans un coin de l'entrepôt. "Putain, trrrop cool !" Ça faisait déjà un moment qu'elle attendait de retrouver la ténébreuse prostituée. "Heu... nan.. attends... il est mignon lui mais... c'est quand la prrrochaine pleine lune ?" Ahah, où comment débander en trente secondes ! Son attention fut ensuite attirée vers un homme assis au sol, face à lui, plusieurs trousses de secours et trois bouteilles d'alcool. Elle donna un petit coup de coude au brun et désigna du menton le lot visiblement en vente pour le troc. "Ça peut-êtrrre bien pourrr la team prrrison tout ça..." La suite, c'était au sportif de négocier il était toujours meilleur qu'elle pour les premiers contacts.

Chaud ? Oui, Connor l’était, à sa manière. Pas aussi enthousiaste mais c’était le mal du pays qui faisait ça. Parce que ça faisait bien des semaines qu’il n’était pas rentré, et qu’il comptait les jours avant de pouvoir revoir Elena. Rien qu’elle. Ça ne semblait pas facile à expliquer, à comprendre pour les autres, aussi gardait-il le silence sur les doutes qui le tenaient la majorité du temps. Se trouver loin de sa sœur, loin de ses amis, savoir Jeff entre les mains de ces hommes, ça lui faisait généralement perdre la raison. A défaut, éclater de colère. Alors, Connor était toujours heureux d’être avec Roza, néanmoins il devait admettre que sa vie lui manquait vraiment. Et qu’il se sentait piégé, le plus souvent.

La mention d’une certaine Monroe et la rencontre avec des rôdeurs eut au moins le mérite de lui changer les idées. Bien incapable de savoir ce que cette remarque lui faisait ressentir, Connor se contenta d’un sourire discret vers sa complice : elle ne perdait décidément jamais le nord.

« Et comment va Riley ? » Lui demanda-t-il dans la foulée. Pas forcément dupe sur le lien qu’il y avait entre les deux femmes, même si la militaire était partie de son côté pour explorer d’autres coins qu’ils n’avaient pas eu le temps de faire.

Ça n’était pas une pique, ni un rappel. C’était juste pour discuter, le cul de Monroe ne l’intéressait pas forcément et il n’avait pas le cœur à encourager des conversations graveleuses sur la chute de reins d’une inconnue. Connor appréhendait bien trop les retrouvailles avec Elena, qui viendraient forcément un jour ! Dans l’entrepôt, lui eut tout l’air d’un rêveur à fixer les lieux et les personnes y vivant comme s’il les découvrait pour la première fois. Jusqu’au coup de coude de Roza qui le ramena à la réalité.

« Ok, j’m’en charge. » Il avait bien compris le message. C’était un comble de savoir qu’entre elle et lui, c’était lui qui serait moins farouche. Alors qu’en matière de tête de con, on ne faisait généralement pas mieux. S’approchant, Connor noua le contact rapidement, et le regard troublé de son vis-à-vis le poussa à se montrer encore plus sympathique. C’était le genre d’œillade qu’il connaissait bien : quand on le fixait, et qu’on se disait qu’on l’avait déjà vu quelques parts. Jusqu’à l’explosion :
« Merde, Connor Shepard ! » Articula l’homme comme s’il voyait un mort revenu à la vie mais comme il fallait cette fois ! « J’suis allé voir un de tes matchs, avant tout ça, mon frangin t’adorait ! »
« Merci à toi, ça fait vraiment plaisir. » Comme quoi, les réflexes de la célébrité ne se perdaient pas. « Tu troques ? On aurait bien besoin de tes trousses de secours, une partie tout du moins. Tu veux quoi contre ça ? »

Et l’air contrit de son vis-à-vis lui fit serrer la mâchoire :

« J’les garde de côté pour une autre nana, elle doit faire un truc pour moi. J’ai repéré un camion de soda en centre ville, mais la zone est bondée d’morts. Si elle le ramène, c’est pour elle. » Fit-il. « Mais elle est pas encore partie ! Tu sais quoi ? Si vous parvenez à vous accorder, vous pourrez partager, j’vois pas d’inconvénient à ça. Mais tu dois négocier avec elle, c’est comme ça que ça marche. » De son index sale, l’homme lui désigna une silhouette plus loin, une brune à ce qu’il voyait qui se préparait probablement.
« Merci l’ami, j’vais me débrouiller. » En se redressant, il fit un geste de la tête à Roza pour qu’elle le rejoigne et lui explique la situation. « Si tu te sens de demander gentiment, on peut essayer. »