We're all wearing scars
Mer 19 Sep 2018 - 13:22
Le blond ainsi que Morgan et May étaient rentrés de leur sortie à Seattle près d'une semaine auparavant. S'il avait lui-même pris la décision de retourner au Discovery Park, à cet endroit précis où ils avaient vécu avant Renton, où il s'était éteint, le coup avait difficile à encaisser et sa peine remise à vif. Un an qu'il portait un deuil et une culpabilité trop difficiles à encaisser, et si retourner là-bas n'avait en rien permis d'effacer tout cela, à peine de l'apaiser, ça lui avait au moins permis de décharger un bon coup tous ces sentiment emmagasinés, s'en libérer un minimum pour ne pas se sentir autant écrasé sous leur poids. Ou du moins parvenir à les gérer un peu mieux au quotidien. Soigner le mal par le mal donc.
Pour autant, même depuis qu'il était revenu, ses nuits étaient toujours aussi agitées de ces souvenirs qui lui valaient souvent des angoisses considérables. Elles étaient entrecoupées de cauchemars et d'éveils réguliers, et même la présence du journaliste à ses côtés n'aidait pas à éviter ces phénomènes. Il se garder bien cependant de le réveiller ou de lui en faire part. Après tout, c'était aussi pour cette raison qu'il était retourné là-bas : permettre à son cadet de ne pas avoir à évoluer constamment dans l'ombre d'un défunt. Il y avait encore du boulot apparemment.
Cette nuit-là ne dérogea pas à la règle et c'est paniqué que l'ancien homme d'affaires ouvrit les yeux, fixant le plafond, le souffle court. Il pouvait sentir la chaleur de Kyle non loin de lui et pourtant, le sentiment d'une froideur extrême qui l'enveloppait était bien plus prenante. Tâchant au mieux de calmer sa respiration, les doigts crispés sur le drap, Zack s'était finalement redressé, soupirant d'un air à la fois las et résigné. Une fois encore, cette nuit ne lui accorderait pas le sommeil réparateur dont il avait tant besoin, et l'angoisse le poussait à ne pas se rendormir. Parce-qu'il le savait : à peine aurait-il refermé les yeux que les images reviendraient. Se levant donc pour de bon, le blond s'était rapidement habillé, passant sa veste en cuir par dessus son tee-shirt avant de récupérer ses cigarettes et ses armes et de descendre. Chaussures au pied, il vérifia machinalement qu'il avait bien placé son poing américain dans la poche gauche de son jean et sorti de la maison.
Comme souvent, le quartier était calme. Des rondes étaient faites constamment, permettant à la plupart des habitants du quartier de dormir sur leurs deux oreilles. Si seulement le quarantenaire avait pu se focaliser sur cela pour, lui aussi, dormir convenablement. Mais de simples gardes ne suffiraient malheureusement pas à faire taire ses propres démons. Glissant instinctivement une cigarette entre ses lèvres, il l'alluma et profita longuement de la première bouffée tout en se mettant à marcher tranquillement dans le quartier. Il adressait de brefs regards à ceux qui montaient la garde, hochant par moment la tête pour les saluer, tâchant au mieux de garder ce même air à la fois impassible, impitoyable et supérieur qui était le sien au quotidien. Parce-qu'ils n'avaient pas besoin de savoir ce qui le tourmentait, surtout pas. Une telle faiblesse devait être préservée au maximum.
Passant dans la rue parallèle à celle où se trouvait la maison qu'il partageait avec les siens, il reconnut une silhouette familière : celle d'Amrani. Les sourcils froncés, cigarette tenue dans sa main droite alors que la gauche était glissée dans la poche de son jean, tenant son arme comme pour se rassurer, il était allé jusqu'à elle. «Nuit difficile ? » avait-il demandé une fois à sa hauteur, arquant un sourcil tout en tirant tranquillement sur sa barrette de nicotine. Il n'avait pas souvenir de l'avoir déjà vraiment vue dehors à une telle heure de la nuit alors peut-être y avait-il en effet un souci. Ou peut-être avait-elle simplement eu envie de sortir prendre l'air et regarder les étoiles, qui savait.
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Re: We're all wearing scars
Sam 29 Sep 2018 - 22:16
La décision de venir s’installer ici, elle l’avait prise seule. Bien sûr, c’était également ce que June Phelbs avait suggéré, mais elle n’avait pas besoin de beaucoup insister. Elle avait toujours voulu faire partie de ce projet. Représenter les siens auprès d’autres groupes, défendre leurs intérêts et les protéger. C’était tout ce que tu lui avais légué en la quittant il y a deux ans maintenant. Cependant, la solitude n’en était pas moins profonde. Car elle avait laissé son île, ses repères, et Merl derrière elle. Pour le bien commun, le Kansan ne remettrait pas les pieds ici, à moins de le voir redescendre d’un ton quand il parlait d’Atkins et de son groupe. Merl ne les portait pas dans son cœur, mais il avait confiance en Ela. C’était tout ce qui comptait. Leurs maigres entrevues lui manquaient. Mais la fin du mois approchait également, avec elle, la possibilité de rejoindre l’île pour quelques jours, retrouver la quiétude de ses bras avant de revenir au District. Sans être vraiment seule au final, elle était toujours accompagnée par cette présence fantomatique qui la hantait depuis ta mort. Il n’y avait finalement plus que toi pour veiller sur elle, de là-haut. Merl lui avait donné le second souffle, et toi… Tu continuais à lui insuffler ta force et ta vaillance.
Mais ce soir, ton fantôme ne suffisait pas. L’absence se faisait cruelle en son cœur. Et la charge émotionnelle se faisait écrasante. Elle savait pourquoi elle faisait ça. Elle savait pourquoi elle était ici. Leur monde avait changé, et elle était l’une des Maitresses du Changement. Et quelle pression sur ses frêles épaules. Si d’apparence Armani tenait la barre avec ce charisme glaçant, à l’intérieur ce n’était qu’une tempête de questions, d’interrogations, de doutes… Une bataille à l’intérieur d’elle sans que personne ne puisse comprendre. Qui le pourrait ? Malgré tous ses efforts, il ne faudrait qu’un pas soit fait de travers. Parce qu’elle n’avait pas l’autorité naturelle de June, ni même celle d’Atkins. Les résidents du District – les permanents – avaient peu à peu appris à la connaitre, pour ne pas remettre son autorité en question. Mais il existait un mur, une distance qu’elle n’arrivait pas abolir. Certains soirs, elle se sentait perdue. Et ce soir ne fit pas exception.
A cette heure déjà tardive, l’israélienne était dehors. Elle avait prévenu la sentinelle postée non loin de sa maison qu’elle se promenait dans le coin, pour chercher le sommeil, dit-elle. Mais ce ne fut pas le sommeil qu’elle croisa, mais Zack Atkins. Bras croisés sous sa poitrine, elle tenait serré contre son flanc son couteau de survie. Celui dont elle ne se séparait jamais. C’était probablement malsain de garder l’arme qui t’avait ôté la vie toujours avec elle mais… Elle avait de la valeur. Une valeur toute particulière. Mais en cet instant, elle était surtout présente pour la rassurer. Instinctivement, l’architecte s’était redressée. Devant lui aussi, elle ne pouvait montrer aucune faille. Car il était de ceux qui auraient tôt fait de s’en servir. Elle s’en était persuadée. « On chasse le sommeil, surtout. » Dit-elle avec prudence. C’est là qu’elle se rendit compte que ses errances nocturnes l’avaient amenée un peu plus loin que d’habitude. Car d’ordinaire, elle ne croisait personne. Alors ses craintes et ses doutes l’avaient probablement trainé plus loin pour une raison précise. Sans doute. Elle détourna la tête, un peu confuse, et observa les maisons autour. « Au moins certains n’ont pas à le chercher longtemps… Ils dorment confiants. » Ou stupides. Peut-être.
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Re: We're all wearing scars
Mar 16 Oct 2018 - 12:07
Toisant quelques secondes la brune, Zack ne put s'empêcher de remarquer son air un peu las et ce malgré la fait qu'elle se présentait fière face à lui, aussi fière que d'habitude. Sa réponse lui arracha un bref soufflement amusé avant qu'il ne rétorque un «moi qui pensait être le seul » mi-amusé mi-sérieux. À dire vrai il ne chassait pas pour sa part le sommeil, il fuyait surtout les souvenirs qui surgissaient dans la pièce sombre qu'était sa chambre, dans les cauchemars. Il les fuyait en essayant tant bien que mal de s'occuper l'esprit mais inutile de dire cela à l'architecte, ça ne la concernait pas et mieux valait qu'il évite de trop s'étendre sur ce qui le tourmentait afin qu'elle ne puisse pas se servir de cette faiblesse pour appuyer là où ça faisait mal. Il le faisait très bien tout seul de toute façon.
Se mettant à son tour à laisser traîner son regard sur les environs, tapotant distraitement sa cigarette du bout de l'index pour en faire tomber les cendres au sol, le quarantenaire arqua un sourcil aux nouveaux mots de la brune. Y avait-il seulement quelqu'un qui pouvait dormir confiant dans tout ce bordel qu'était leur quotidien ? Probablement. Restait à savoir si ce quelqu'un était chanceux, imbécile, ou simplement ignorant. Il hocha alors doucement la tête, souriant d'un air un peu las. «Il est aisé de dormir convenablement quand on sait que d'autres assurent notre sécurité, ou que nous n'avons pas de responsabilités et des vies entre nos mains » avait-il argumenté, employant le nous tout en se détachant clairement de ce qu'il avançait. Parce-que les faits étaient bien là : les responsabilités étaient telles que, même si les tourments des souvenirs n'étaient pas de la partie, il ne parvenait pas à être réellement tranquille. Trop d'enjeux étaient de mise, trop de vies sur lesquelles veiller, à diriger convenablement pour que les choses se déroulent sans accroc. Peut-être se mettait-il trop de pression mais comment pouvait-il en être autrement ? Ils n'étaient que sept auparavant, puis une bonne trentaine de personnes les avaient rejoint et, même s'ils n'étaient pas directement rattachés à lui, leurs vies importaient tout autant que celles des siens.
Tirant à nouveau tranquillement sur sa barrette de nicotine, Zack reposa ses prunelles claires sur l'israélienne. Depuis leur accord, ils avaient su être sensiblement sur la même longueur d'onde, hormis ce moment où il avait décidé que Hope ferait partie des otages et que le redneck de Bainbridge avait décidé qu'il pouvait se permettre de mettre son petit grain de sel dans l'histoire. Sans doute que le dilemme avait dû être difficile pour elle et, pourtant, elle n'en montrait rien. Le blond la considérait pour cela, tout comme il la comprenait parce-qu'il était également dans ses propres habitudes d'agir de la sorte. Mettre de côté l'affection qu'il pouvait éprouver pour quelques uns des siens s'il fallait leur remonter les bretelles, même s'il s'agissait de Morgan. Et, comme tout humain, ce n'était pas pour autant qu'il n'en n'était pas affecté, mais son rôle ne lui permettait pas de se laisser guider par ses sentiments.
«Qui aurait cru qu'on en arriverait là quand on a conclu de notre accord hein... » avait-il lancé à l'adresse de sa co-dirigeante, un brin pensif, en reportant son attention sur un type qui montait la garde un peu plus loin. Les bases de leur deal avait été simples, et quelques mois plus tard, ils se trouvaient relativement en tension à devoir composer avec un groupe de pécores qui se croyaient invincibles simplement parce-qu'il avaient des alliés à Gig Harbor. Tout aurait été nettement plus simple s'ils avaient courbé l'échine sans broncher mais le besoin viscéral de garder une liberté était tout aussi humain que la volonté du blond garder un certain contrôle sur tout ce qui le concernait de près ou de loin.
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Re: We're all wearing scars
Jeu 1 Nov 2018 - 14:33
Quelque peu tendue, l’israélienne jeta un coup d’œil autour d’elle, comme de peur d’être vue. Sa relation à Atkins était d’ordre strictement professionnelle. Comment cela était-il possible alors qu’elle vivait depuis quelques mois déjà dans ce quartier, sans jamais le quitter ? Tout simplement parce qu’Amrani était douée pour construire des murs autour d’elle. Elle faisait partie de ces créatures humaines à refuser à se mélanger aux autres. Non par vanité, mais par prudence. Il ne faudrait pas qu’on puisse l’accuser de faire passer les intérêts d’Atkins avant ceux des siens, n’est-ce pas ? Et ce, même s’il était le seul ici, à comprendre la charge qui pesait sur ses épaules. En bonne Mère de famille, Ela s’inquiétait pour les siens. Tous les siens. Ce devait être la même chose pour Zack. A ceci près que sa famille ne se comptait pas en dizaines de personnes. L’israélienne s’inquiétait pour le présent, et l’avenir. Pour l’instant, leur petit monde fonctionnait. Le ranch était sous contrôle. Et si certains des siens ne s’inquiétaient pas plus d’un possible retournement de situation, elle était justement là pour y penser à leur place. Envisager les scénarios possibles. Et anticiper les décisions – difficiles – à prendre. Peut-être qu’Ela s’inquiétait trop, et que ces longues heures à réfléchir lui seraient plus bénéfiques si elle parvenait à dormir.
« Facile… Oui. » Elle comprenait ce qu’il voulait dire. A une époque, elle pouvait trouver le sommeil aussi facilement qu’eux. Puis les événements l’avaient propulsée au-devant de la scène, aux côtés de June et de Lawrence. Elle croyait en l’avocate, en ce qu’elle avait vu en elle. Ensemble, elles pouvaient faire pencher la balance de leur côté. Une existence meilleure, pour eux et les enfants à venir. Peu importe le moyen. C’était tout ce qui comptait pour Ela ce jour. Décroisant les bras, elle rangea son couteau de survie dans son étuis à sa ceinture, avant de glisser ses mains dans les poches arrières de son jeans et de regarder Atkins. Un bref sourire – fugace – apparut sur son visage. « Ce fut une bonne intuition… » Dit-elle avec un certain aplomb. Cette entente s’était révélée bien plus intéressante qu’il n’y paraissait. Pour les siens, et pour elle aussi. June avait eu raison de leur accorder cette confiance. « Il est dommage que ces gens n’y ont pas vu leur intérêt, à se plier à nos propositions. » Dit-elle sans cacher sa déception, et quelque part aussi, sa lassitude. Les choses auraient pu être plus faciles, pour tout le monde. « Bientôt, cette histoire d’alliés sera réglée… » Elle était un peu soucieuse, comme toujours. Une mission facile ne l’était jamais vraiment.
Elle observa un peu l’homme à côté d’elle. Ce grand blond froid, au visage impénétrable, au regard glaçant. Peut-être, pour une fois seulement, elle eut l’impression de ne pas être la seule à être poursuivie par des fantômes. Elle détourna le regard, se perdant un peu dans la nuit, et laissant le silence lui remplir l’esprit. Au bout d’un moment, elle reprit la parole plus doucement. « Je commence à comprendre ce que ressentait mon mari… » Elle regarda Atkins, avec peut-être, un peu moins de distance. « Cela ressemble à l’une de ces missions diplomatiques… Avec beaucoup moins d’enjeux, cela dit. » Elle ne parlait pas beaucoup de toi. A personne. Si ce n’était à Merl. Abel, tu étais l’homme de sa vie. Tu le seras à jamais. Aujourd’hui, un autre homme est venu panser son cœur, mais c’était bien de toi dont elle se sentait le plus proche dans ce nouveau rôle. Et si elle en parlait à Atkins ce soir, c’était peut-être parce qu’elle ressentait toujours cette impression que lui et elle, appartenaient à un monde un peu semblable. Ou peut-être vivait-elle encore un peu trop dans le souvenir du passé.
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Re: We're all wearing scars
Mer 21 Nov 2018 - 17:54
Une bonne intuition en effet, parce-que depuis que les survivants de l'île étaient là, ils avaient pu se permettre d'agrandir leur camp mais également la sécurité. Pour autant et malgré tous ces mois, les deux groupes n'arrivait que timidement à avoir une cohésion réelle. Ils s'accordaient mieux que lors du moment où ils avaient asservis ces pécores du ranch, notamment sans doute parce-que les Rogers n'étaient plus dans l'équation, mais il était évident qu'il faudra plus de temps encore pour que chacun considère l'autre comme son réel égal. Personne ne pouvait cependant être blâmé pour cela, et le blond ne blâmerait pas les siens : ils étaient ce qui se rapprochait le plus d'une famille, recomposée et haute en couleur, mais ils l'étaient, et Dieu savait combien il était compliqué de laisser entrer d'autres personnes dans ce cercle, de leur accorder la même confiance.
Passant une main lasse dans des cheveux, le blond soupira en hochant le tête alors qu'Amrani affirmait qu'il était dommage que ces pécores n'aient pas vu l'intérêt à accepter sans vagues leur proposition. Si ces paysans s'étaient en effet montrés plus conciliants, les choses auraient été nettement plus profitables pour les uns comme pour les autres mais l'idiotie humaine n'était plus à prouver désormais, et les survivants du ranch en étaient une preuve considérable. «Il le faudra » avait simplement rétorqué Zack à la question des alliés des ranchers. Mieux valait en effet neutraliser leurs alliés avant que la situation ne se retourne contre eux mais l'ancien homme d'affaires avait le sentiment désagréable qu'ils ne se laisseraient pas avoir si facilement. Après tout, n'était-ce pas dans la nature de l'Homme de se battre pour sa survie ? Ils s'étaient tous battus, à un moment ou à un autre, sinon ils ne seraient plus là pour discuter de tout cela.
Et pourtant, il y en avait eu, des fois où le quarantenaire avait arrêté de se battre. Au début de tout ce bordel, quand il avait découvert le bar où travaillait Stew, en cendres sans plus aucun signe de son compagnon. Il se rappelait comme il avait voulu se laisser mourir, chez lui, avant qu'Ariel ne le tire de son désespoir. Quand le corps bel et bien sans vie du barman était dans ses bras plus d'une année auparavant. Il aurait laissé les putrides le ronger si Ansel ne l'en avait pas empêché. Quand il avait eu à faire son deuil, ne prenant même plus la peine de se nourrir, incapable de dormir. Sans doute serait-il bel et bien mort si Kyle n'avait pas été là pour l'épauler. Oui, il y en avait eu des moments où se battre s'était avéré bien plus difficile que se laisser sombrer, sa propre vie étant devenue bien plus futile comparée au vide qui l'habitait. Ça et la culpabilité. Ni l'un ni l'autre ne s'étaient estompés, mais il avait désormais appris à composer avec ces émotions destructrices, suffisamment pour ne pas aspirer à se laisser couler.
Pensif alors qu'il observait l'obscurité en face de lui, Zack fut tiré de ses pensées par la voir de l'architecte, reportant ses prunelles claires sur elle. Son mari ? Écoutant sans mot dire, il n'eut pas besoin de poser de question pour comprendre qu'elle l'avait perdu et qu'il était apparemment un personnage important. «Je suis désolé pour votre époux » avait-il commencé autant par simple politesse que parce-qu'il comprenait ce par quoi elle avait dû passer. Ne la quittant toujours pas des yeux, il arqua un sourcil. «Si je comprends bien vous aviez donc déjà un pied dans le milieu. La politique n'a jamais réellement été mon monde mais pour ce qui est de devoir porter des responsabilités... on va dire que les bonne habitudes ne se perdent pas. » Si un bref soufflement un peu las fila entre ses lèvres, une esquisse de sourire avait brièvement étiré le coin de ses lèvres. Les responsabilités oui, il en portait toujours alors qu'il aurait bien pu ne s'encombrer de rien mais, si les habitudes avaient la vie dure, son besoin presque maladif de garder un contrôle sur sa vie et ce qu'il l'entourait pesait sans doute bien plus dans la balance.
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Re: We're all wearing scars
Ven 14 Déc 2018 - 21:51
C’était encore délicat, et cette conversation avait quelque chose de différent, de délicat. Le cadre était différent, moins officiel. Moins calculateur aussi. Elle se laissait prendre au souvenir de son mari, sans s’inquiéter vraiment que l’homme d’affaire à son côté risquait de lire cet excès de nostalgie sur son visage, sous le clair de lune. Toute sa vie aurait été si différente si rien de tout ça n’était arrivé. Ou même, si tu n’étais pas mort. Mais si ça avait été le cas, ce serait toi ce soir, qui discuterait auprès d’Atkins. Parce que c’était l’ambassadeur, pas elle. Alors, était-ce vraiment ce qu’elle aurait souhaité ? Malgré sa séparation avec Merl, elle devait avouer que ce déménagement à Renton lui faisait du bien. Vivre en dehors du Fort, perdre un peu de ce confort qu’elle connaissait depuis trop longtemps et qui l’avait laissé paresseuse sous certains aspects. Elle aimait cette place qu’elle avait ici, même si les siens étaient peu réceptifs à ce mode de vie. Ela, elle, elle observait. De loin, elle jalousait cette unicité qu’elle pouvait presque sentir, entre les membres du groupe d’Atkins. Quand elle posait son regard sur les siens, complètement désuni, elle se demandait s’il était vraiment bénéfique pour elle, d’y croire à ce point.
Atkins s’exprima, présentant ses condoléances, d’une certaine manière. « Merci. » C’était machinal. Ce n’était pas sans importance, mais elle avait l’habitude. C’était ainsi que tout le monde la connaissait, que tout le monde la regardait ; la veuve de l’ambassadeur d’Israël. Tout le monde sauf Atkins, parce qu’au final, il en savait autant sur elle qu’elle en savait sur lui. Bien peu de choses. Ce qu’elle connaissait de cet homme, c’était sa stature, son charisme et cette sombre autorité qu’il imposait aux ordres. Mais les siens ne le craignaient pas non, décoder et analyser les rapports entre les gens, combien de fois ne l’avait-elle pas fait pour toi, dans l’autre monde ? Les gens d’Atkins le suivaient par respect, et par une certaine forme d’amour, si elle osait le dire ainsi. Les siens ne la suivaient que par peur des représailles… de Phelbs. Ce qui n’avait rien de bien satisfaisant. Mais elle se sentait bien plus à sa place ici, que dans l’ombre de l’avocate. Au moins pouvait-elle apprendre de gens qui connaissaient réellement les dangers du dehors.
Elle eut un pauvre sourire quand il évoqua son hypothétique expérience en politique. « Nous allons dire ça, oui. » Dit-elle, le regard perdu sur le spectre de la lune. « Mon mari était l’ambassadeur d’Israël. Nous travaillions ensemble pour défendre les intérêts de notre pays. Lui officiellement, moi, plus officieusement… Je suppose que devez savoir que tout ne se jouait au cours d’une réunion. » Elle repensait aux diners, aux galas de charité, à ces discussions officieuses entre femmes aussi. Car au final, les femmes de politiciens avaient elles aussi leur rôle à jouer. « Je crois que nous pouvons dire que j’ai eu une belle promotion depuis… » Dit-elle un peu trop sombrement pour que cette phrase, un peu légère, passe. Puis elle regarda Zack à côté d’elle. « Je suppose qu’avec un tel charisme, vous n’étiez pas en reste non plus. » Ce n’était pas du rentre dedans ce qu’elle venait de lui, jamais venant de sa part. C’était plutôt une constatation, une qualité qu’il était difficile de manquer. « Alors… ? L’argent ? L’immobilier ? Les voitures … ? » Supposa-t-elle, pour se détourner du triste souvenir de son défunt mari.
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