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Janessa A. Clarke
Dim 11 Nov 2018 - 1:24
23 ans ≡ Américaine ≡ Etudiante ≡ ISSAQUAH RANCH
Si l'on s'arrêtait aux premières impressions, on pourrait dire que même une épidémie et trois ans sur les routes n'ont pas réussi à foncièrement changer Janessa Clarke. Il y a avait parfois des jours sans, mais la plupart du temps elle était toujours aussi facile à faire rire, ou du moins sourire. Elle avait toujours autant la discussion facile sur la pluie et le beau temps, comme si rien n'était arrivé.
Si certains s'étonnaient -voire s'agaçaient- de croiser sa bonne humeur, elle leur expliquait simplement qu'être positif avec les autres avait sans doute plus de chance d'avoir un retour positif que de tirer une tête de six pieds de long. Et si personne ne s'offusquait de cette réponse-là, les regards posés sur elle changeaient immanquablement: on la prenait pour une gamine doucement perchée qui se prendrait une balle par manque total de jugeote. Ce qui la faisait rire encore plus.
Ayant vécu toute son enfance entourée de ses trois sœurs, elle avait été habituée à n'avoir qu'elles comme meilleures amies, si bien qu'elle n'avait jamais laissé beaucoup de place aux autres dans sa vie. Oh bien sûr, elle était invitée à tous les anniversaires, et elle était toujours prête à faire le clown avec ses copines de classe, mais elle n'avait jamais eu le besoin d'aller en dehors du cocon familial pour murmurer ses secrets à quelqu'un. Cette tradition de garder ses sentiments pour la famille s'était évidemment modifiée au cours des années : ayant vécu d'abord sur le campus universitaire avec Bailey, c'est elle seule qui avait la primauté des états d'âme de Jazz, offrant aux deux sœurs une relation plus fusionnelle que jamais. La mort de l'ainée Clarke exacerba encore cette facette du caractère de la jeune métisse qui s'attacha encore plus à ne montrer ni faiblesse ni doute aux autres.
Malgré tout, gare à ceux qui pourraient penser que son sourire n'était qu'une décoration de pacotille : ils seraient retrouvés morts étouffés sous une masse peu commune d'optimisme et de caractère solaire dont elle-même ignorait la provenance. Etait d'avoir vécu dans une famille presque pauvre qui lui avait appris à éviter de se plaindre ?
A bien y réfléchir, elle devait plus que ça à ses sœurs. Savoir écouter les autres et apaiser les tensions quand elle devait calmer les disputes avant que leur mère arrive. Savoir crier son avis plus fort que les autres, à grand renfort de lancer de pantoufle dans la tête, quand la diplomatie ne suffisait pas. Elle avait appris à prendre son temps pour se venger, aussi, quand c'était elle qui avait reçu la pantoufle en plein visage. Elle appelait ça un juste retour des choses, même si à l'époque leur mère voyait plus ça comme une vilaine rancune et une preuve irréfutable du mauvais caractère de ses gamines.
Heureusement, les rancoeurs ne duraient jamais bien longtemps entre sœurs, contrairement à celles qu'elles nourrissaient envers les autres. Le pauvre garçon qui avait refusé d'être le cavalier de Bailey pour leur bal de printemps en avait été la misérable victime pendant de trop longs jours, puisqu'il avait vu une succession de gamines Clarke l'insulter, le poursuivre dans les couloirs du lycée en hurlant et, pour finir... Lui shooter violemment dans le tibias, geste à l'initiative de Jazz qui n'avait plu ni au quaterback -qui l'avait secouée comme un prunier avant qu'elle n'arrive à porter le coup destiné à mettre fin à sa descendance- ni à la principale. Mais l'exclusion de deux semaines de l'équipe de soccer qui avait suivi valait le coup. On ne touchait pas impunément à l'honneur des Clarke.
Sept ans plus tard, les problèmes de cavalier étaient à des années-lumières des préoccupations quotidiennes de Jazz. Comme tout le monde, elle avait connu l'horreur de ces morts qui s'approchaient pour vous arracher la jugulaire. Si ça l'avait terrifiée dans un premier temps et qu'elle avait fermé les yeux la première fois qu'elle avait dû enfoncer une boîte crânienne, elle s'était autant habituée à l'omniprésence du prédateur qu'à le renvoyer au trépas. Pire, elle avait tendance à sous-estimer les Choses et à se mettre dans des situations impossibles par excès de confiance en elle ou pour honorer un pari à la noix.
Il y a avait les privations. Même son estomac avait appris à ne plus se plaindre quand il passait plusieurs jours uniquement rempli d'eau, de racines ou d'insectes non-identifiés.
Elle avait aussi vécu les trahisons humaines et le besoin indicible de tuer le Judas. Ça avait nourri sa méfiance à l'égard des autres. Elle avait subi les camps surpeuplés où les réfugiés oubliaient que la vie était un combat de tous les jours pour uniquement se plaindre des gouvernants, et où on voulait restreindre ses allées et venues, pour sa prétendue sécurité. Elle avait fui les camps et groupes représentant un danger pour son indépendance, qu'elle voyait comme seul garde-fou de sa santé mentale.
Et puis comme tout le monde, elle avait connu la perte. La respiration qui s'accélérait sans plus réussir à emplir les poumons. La douleur prête à faire exploser le cœur. La rage aussi. Et puis le vide qui dévorait tout et qu'on ne pouvait plus appeler tristesse, qui ne laissait plus à la personne que des automatismes pour survivre. Combien de temps avait-elle passé dans cet état plus proche du rôdeur que de l'humain ? Elle ne le savait pas vraiment.
Et puis un jour, il y avait eu quelque chose pour lentement chasser le trou noir qui l'habitait. Elle avait relevé la tête et repris le chemin qu'elle avait commencé avec sa soeur pour retrouver le reste de sa famille. La mort de Bailey avait joué la Pandore ouvrant la boîte qu'était sa santé mentale. Ce n'était certainement pas l'espoir qui l'avait faite se redresser, non. Elle l'avait perdu en même temps que la Foi et ses dernières illusions. Ce petit chose qui lui avait susurré à l'oreille de continuer, c'était une rage de vivre assez forte pour réveiller les morts.
Jazz se souvenait particulièrement bien de la petite maison de banlieue qui avait accueilli la majeure partie de sa vie. Et si elle rêvait peu, le cerveau trop fatigué pour lui envoyer des hallucinations paisibles lors de son sommeil, ces rares songes la ramenaient systématiquement là-bas. Dans la petite maison. Dans le petit salon. Il est vrai qu'elle ne se souvenait plus vraiment de la sensation que cela faisait, d'être affalée pendant des heures dans le vieux canapé gris en attendant qu'une de ses sœurs sorte de la salle de bain. Mais ses yeux avaient tellement glissé sur les cadres qui garnissaient la petite étagère au-dessus de la télévision que eux, elle ne pouvait les oublier.
Parmi les photos des filles Clarke, tantôt enlacées les unes avec les autres devant un sapin de Noël, tantôt fêtant on ne sait plus quoi, il y en avait une, plus récente que les autres, qui caressait plaisamment l'ego de la jeune Janessa d'alors. Prise juste après le match qui lui avait permis d'obtenir une bourse pour étudier à Sacremento, c'était une photo d'elle-même, évidemment. Le papier glacé croquait quasiment à la perfection la jeune fille qu'elle était alors. C'était le gigantesque sourire qu'on voyait d'abord, tout décoré de bagues dentaires qui la complexaient presque autant que ses lèvres jugées trop pleines.
On remarquait ensuite la peau dorée parsemée de bleus au niveau des genoux, les grands yeux bruns et les cheveux coiffés en corn braids « made in Shawna », comme autant de témoins peu discrets sur l'origine métissée de la jeune femme.
Pour le reste, en plus de partager le même maillot de soccer que les filles présentes en arrière-plan, elle possédait également le même type de physique aux formes plutôt fermes et musculeuses que frêles et délicates. Ses muscles, une fois associés à sa taille qui atteignait difficilement le mètre cinquante-six, lui donnaient un air trapu. Un air de naine trapue. A l'époque, elle aimait claironner que sa puberté n'était pas terminée et qu'elle perdrait ses rondeurs d'enfance, en plus de prendre au moins cinq centimètres de jambes en plus.
Cinq ans plus tard, rêver de cette simple photo suffisait encore à la faire gentiment envier la gamine complexée qu'elle était alors. La puberté dont elle avait espéré tant de miracles était partie sans lui accorder le moindre centimètre en plus. Pire, elle avait gardé ses joues de bébé dont la rondeur appelait à être pincée sans ménagement et qui lui accordait plus la crédibilité d'une post-ado que d'une véritable adulte. Quant aux kilos en trop qu'elle avait alors, les privations, les efforts et la vie au grand air les avait taillés à la machette pour ne lui laisser que quelques muscles, certes amoindris, mais bien plus adaptés à son rythme de vie.
Ayant vécu sur la route presque depuis le début de l'épidémie, elle a appris à préférer le pratique au coquet. Ses bottes dénichées dans un surplus militaire ont remplacé les petites sandales qu'elle adorait quand elle était étudiante. Et si aujourd'hui, on lui demandait de choisir entre ses chaussures et ses armes, elle choisirait les premières sans hésiter. Avoir un glock pouvait servir dans certaines situations. Avoir le pied confortable et sans ampoule servait dans toutes. Evidemment, avoir et bottes et armes était la situation optimale, c'est pourquoi elle évitait de se séparer du beretta 92 qu'elle avait volé à un homme en quittant les réfugiés de Sacramento. Le chargeur fut vite vidé et toujours trop peu rempli par la suite, si bien qu'il lui sert plus de moyen de dissuasion que de moyen de défense. Elle possède également un petit couteau de survie d'une petite vingtaine de centimètres, d'origine militaire qui appartenait autrefois à sa sœur Bailey. Si le couteau n'est pas non plus son arme de prédilection, c'est toujours parce qu'elle est trop petite pour l'utiliser correctement sur des rôdeurs qui sont souvent plus grands qu'elle. Elle a parfois caressé l'idée d'utiliser des couteaux de lancer, mais cette envie s'est limitée à quelques lames de couteaux de cuisine brisées et quelques coupures sur les doigts. C'est donc une hachette noire qu'elle utilise en premier lorsque la situation l'exige, les trente centimètres de manche lui offrant une longueur suffisante pour ouvrir des boîtes crâniennes.
Quant au reste de son habillement, elle possède deux jeans. Naturellement, elle préfère une paire à l'autre, et met donc tout le temps le même, malgré les différentes taches et déchirures qui décorent le tissu gris sombre. Pour ce qui est du haut, aucune importance, elle change de t-shirt à chaque fois qu'elle en trouve un propre dans les maisons qu'elle visite. Par dessus le t-shirt, c'est un empilement de chemises et une grosse veste imperméable qui lui tiennent chaud l'hiver.
S'il fallait résumer la vie de Jazz avant l'épidémie en deux mots, on utiliserait sûrement les mots « simple » et « heureuse ». Elle-même ne gardait que peu de souvenirs avant ses sept ans, âge où son père quitta le foyer familial. Trop jeune et peu consciente de ce qu'il se passait, elle ne vécut absolument pas la situation comme un traumatisme.
La maison de Tacoma, une fois débarrassée du seul homme de la famille, fut certes plus pauvre mais toujours pleine de vie. C'est un peu près à cet âge-là qu'elle découvrit le soccer chez leur voisin, un immigré brésilien tentant d'intéresser son propre garçon au plaisir de jouer avec un ballon rond. Si ça n'accrocha pas avec le fils plutôt très mauvais, Jazz se découvrit sa première passion. Elle supplia très vite sa mère de l'inscrire dans un club, et la brave dame accepta en échange de bons résultats scolaires. Ayant eu comme exemples ses sœurs, qui n'avaient pas toujours de bons résultats et ne jouaient pas au soccer -sans imaginer qu'elles n'en avaient pas l'envie-, la décision de la gamine fut vite prise : elle étudierait pour pouvoir jouer.
Maman Clarke paya donc l'inscription au soccer sans sourciller, malgré des finances loin d'être au beau fixe.
En effet, malgré la pension alimentaire et le temps plein de leur mère, celle-ci dût trouver un second emploi, laissant presque entièrement l'éducation des filles à la plus grande d'entre elles. Cette situation réveilla le caractère parfois trop autoritaire de Sherill, et les chamailleries à base de "t'es pas ma mère!" se mirent à pleuvoir entre les soeurs.
Bien sûr, Sherill n'était pas l'unique victime de leurs disputes. Chaque fille eut sa part, au rythme des adolescences de chacune. Janessa et Shawna eurent une relation particulièrement conflictuelle, Janessa reprochant à Shawna d'inquiéter leur mère avec ses mauvaises fréquentations et Shawna voyant sans doute sa soeur comme une morveuse trop gâtée, la maison résonnait un peu trop souvent de leurs cris.
Si tout n'était pas toujours amusant à la maison, Jazz trouva du réconfort dans l'équipe de soccer féminine du collège puis du lycée, où elle se révèlera même être une très bonne joueuse. Les années passèrent sans encombre aucune pour la gamine modèle qui rêvait de devenir une Messi au féminin. Elle collectionnait d'ailleurs les médailles que son équipe gagnait dans une petite vitrine dans sa chambre, ce qui fut l'un des sujets de moquerie préférés de ses sœurs.
Au lycée, elle choisit l'espagnol et les sciences comme options. Et si elle se rendit compte assez vite qu'elle était très mauvaise en langues étrangères, elle se découvrit une passion pour la biologie. En dernière année, sa professeur la poussera à continuer dans cette voie, et le soccer devint un moyen de rentrer à l'université plutôt qu'une carrière en soi.
A la maison, le départ des aînées Clarke pour cause de mariage, travail puis études permit aux soeurs, qui n'avaient plus à se disputer quotidiennement pour la salle de bain, de retrouver des relations beaucoup plus apaisées.
En mai 2013, alors qu'elle enchainait les petits boulots pour payer une partie de sa scolarité, sa bourse d'étudiante sportive fut accueillie avec de grands cris de joie et un soulagement profond.
N'ayant donc pas eu à s'endetter et pouvant enfin quitter le nid familial où elle avait parfois l'impression d'étouffer, elle rejoignit sa sœur Bailey à Sacramento, où elles partagèrent une chambre sur le campus universitaire.
Devant suivre a minima quatre heures de sport par jour en plus de ses cours, ses camarades lui reprochèrent un peu son absence de vie sociale en dehors des salle de classe, mais craquèrent bien vite devant son sourire et ses excuses.
Elle qui aimait la biologie déchanta un peu devant ses cours qui s'avérèrent moins excitants qu'espérés. Les deux premières années étaient consacrées aux différentes structures des plantes et des animaux, et, elle qui pensait découvrir des nouvelles espèces, se retrouvait à devoir collecter différents insectes pour les disséquer tous les lundis matins de huit à dix heures. Ce qui ne la motivait absolument pas.
Elle partageait ses doutes avec Bailey tous les soirs de vive voix, et au moins toutes les semaines au téléphone avec sa mère et ses soeurs. Si Sherill n'avait pas vraiment le temps de s'occuper des état d'âme de sa cadette, trop occupée par sa propre famille, Shawna sut trouver les mots pour l'encourager et lui mettre le coup de pied aux fesses dont elle avait besoin.
En parallèle à ses doutes, Janissa participait à de nombreux matchs inter-universitaires qui nourrirent à nouveau son rêve d'enfance de devenir professionnelle.
En Septembre 2015, après avoir passé une partie de l'été à la maison où son indépendance avait à nouveau étouffé sous l'amour Clarke, elle entama sa troisième année de biologie.
Au début du mois d'octobre 2015, des rumeurs assez terrifiantes commencèrent à se propager dans les médias et parmi les étudiants de l'université de Sacramento. Si au départ Jazz vit ça comme des blagues de mauvais goût, le malaise s'installa rapidement dans un coin de son esprit. Bailey et elle prenaient quotidiennement des nouvelles de leurs sœurs et de leur mère, cette dernière les pressant de rentrer à chaque coup de téléphone passé. Elles prirent finalement un billet d'avion pour le 19 octobre, plus terrifiées par les militaires qui s'installaient dans tous les coins de la ville que par la présence de ce qu'elles prenaient toujours pour des mouvements de délinquants à moitié fous. Le départ fut tellement peu réfléchi qu'elles ne prirent aucune affaire, bien décidées à ne s'encombrer de rien pour rejoindre la maison le plus vite possible.
Elles n'auront pas l'occasion de s'installer dans l'avion. Les appareils restèrent coincés au sol sans qu'on prenne la peine de leur donner plus d'explications, même si les agents assuraient que le trouble n'était que temporaire. Les filles tentèrent de joindre leur famille, mais ne trouvèrent pas de réponse. Elles attendront une quinzaine d'heures, dans une masse de voyageurs se faisant de plus en plus dense avant de se faire évacuer de l'aéroport. Alors qu'elles pensaient pouvoir retourner sur le campus, les militaires en charge de leur évacuation les envoyèrent vers un camp de réfugiés légèrement en dehors de Sacramento, établi entre plusieurs entrepôts aménagés à la hâte.
C'est là-bas qu'elles prirent presque entièrement conscience que ce qui était en train de se passer resterait sans précédent. Les premiers jours au camp passèrent au fil des distributions de rations et des quelques informations que les militaires acceptaient de donner. La date de sortie restait inconnue, et les communications téléphoniques étaient toujours vaines. Très vite, les blocs résidentiels devinrent surpeuplés. Les distributions de nourriture et d'eau passèrent de trois par jour à deux, puis une. Un grondement commença à se faire entendre parmi les réfugiés, nourri par l'angoisse générale et le silence de l'armée. Le matin du 30 octobre 2015, Bailey surprit une conversation entre les personnes voisines de son lit de camp : une mutinerie était en prévision. Jazz et elle décidèrent de fuir cet état de psychose générale après avoir emprunté l'une des armes que l'un des hommes planquait peu discrètement sous son matelas.
Le jeune militaire gérant les entrées et sorties ne cilla même pas en voyant les deux jeunes femmes quitter les lieux, sans doute aussi conscient qu'elles de ce qui se préparait.
Leur destination fut décidée sans même en avoir discuté entre elles : elles retournaient à Tacoma. Elles prirent un peu de temps à réussir à voler une voiture, et surtout à la faire démarrer. Brancher les câbles entre eux n'était pas aussi simple que dans les blockbusters américains, mais elles finirent par y arriver... Pour être bloquées par un barrage militaire, à peine un kilomètre plus loin. L'un des hommes les approchant d'une démarche trainante, Jazz s'apprêta à baisser la vitre du côté passager pour lui expliquer la situation quand elle remarqua le sang sur le gilet pare-balle de l'individu. Les impacts de balles étaient clairement visibles sur son torse, pourtant ce fut sa gorge qui attira le regard de la demoiselle : il lui manquait une partie du cou, en plus d'avoir un trou à la place de la joue gauche. Les deux filles hurlèrent d'horreur, et Bailey eut la présence d'esprit d'écraser l'accélérateur, s'offrant un deuxième rôdeur sur le pare-brise. Jazz décora la banquette passager en rendant toutes ses tripes pendant que la voiture s'enfonçait de quelques kilomètres dans la campagne. Quand l'odeur devint trop insupportable et qu'elles pensèrent avoir fait assez de kilomètres pour semer les choses, elles s'arrêtèrent sur le bas-côté.
Elles tentèrent de se rassurer en évoquant la possibilité d'un costume d'Halloween de mauvais goût, mais elles savaient toutes les deux que ni leurs yeux ni leur instinct ne se s'étaient trompés : ce qu'elles avaient vu n'était pas humain. Du moins pas vivant.
Rejoindre Tacoma devint une urgence vitale, et elles retournèrent dans la voiture-vomi, préparées aux douze heures de trajet. Elles s'arrêtèrent un peu plus loin, sur un pont surplombant la nationale, alertées par des bruits de détonations. Le spectacle qui s'offrit à elles constitua un pas de plus vers l'horreur générale. Quatre à cinq voitures étaient arrêtées là, leurs occupants dehors, occupés à se battre. Certains se battaient avec des armes à feu et d'autres à mains nues, mais surtout... Ils mordaient. Ils mordaient et s'acharnaient sur les personnes à terre, comme pour les dévorer.
Après avoir échappé à des réfugiés voulant se mutiner contre des militaires, vu un homme avec le visage en charpie, la scène de cannibalisme fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Bailey éclata d'un rire aussi aigu que nerveux, et devant l'ampleur de sa crise d'hystérie, ce fut Jazz qui dût reprendre le volant, pas forcément dans un meilleur état que sa sœur. Avalant les kilomètres, elles s'arrêteront en pleine campagne, dans une maison d'hôtes aux propriétaires méfiants mais pas méchants. L'accueil fut rassurant, même si le récit de leur journée plongea l'habitation dans une ambiance des plus anxiogènes.
Les Clarke y passèrent une journée, avant de redémarrer. Leurs hôtes leur conseillèrent de faire un détour par le petit village du coin pour leurs achats les plus urgents, comme le dentifrice dont elles avaient besoin. L'endroit indiqué se révèlera être un vrai village fantôme. Les maisons peu nombreuses entourant les quelques magasins avaient les volets tirés, et rien ne perturbait le silence des lieux.Les filles firent le tour d'un surplus militaire où elles embarquèrent bottes, sacs ainsi que quelques pulls. L'absence de caissier les fit tiquer, mais elles préféraient encore ça à un vendeur qui n'aurait pas forcément apprécié de voir des étrangères dans son magasin. Elles laissèrent quelques dollars sur le comptoir avant de s'en aller pour le petit supermarché du coin. Cette visite fut encore plus triste que celle surplus, puisqu'en plus d'être vide de personnes, les allées semblaient avoir été dévastées. Après avoir pris leur dentifrice, elles eurent la présence d'esprit de mettre la main sur quelques biscuits et des bouteilles d'eau.
Le début de l'épidémie fut particulièrement dur pour les deux Clarke qui réalisèrent mal l'ampleur de cet apocalypse. Elles qui pensaient pouvoir rentrer chez elles en moins d'une journée déchantèrent vite, et les courses pour le dentifrice paraissaient particulièrement risibles quelques jours plus tard. Il fallait gérer les kilomètres vers le nord, à faire en voiture ou à pied, la recherche de nourriture et les rôdeurs qu'elles fuyaient toujours aussi vite.
Elles ne devront leur survie qu'à leur rencontre avec le groupe de Renan, un ancien militaire faisant graviter huit personnes autour de lui.
Perdues dans une petite ville de l'état de Californie à la mi-décembre, elles s'étaient fait doubler sur l'exploration d'un petit restaurant de nourriture mexicaine. La méfiance n'ayant pas encore totalement pourri les rapports sociaux, le groupe leur offrit de partager leur repas du soir, avant de leur proposer de les rejoindre.
Les deux filles craignant d'arriver dans l'état de Washington en pleine période hivernale, et ayant déjà eu énormément de difficulté, elles ne pensèrent pas un instant à refuser.
Elles passeront presque quatre mois en leur compagnie et apprendront à se débarrasser de rôdeurs de manière un peu plus efficace. Le camp se modifiant au gré des nouvelles inclusions et des décès, et il fut bientôt décidé de trouver un endroit pour s'installer définitivement.
Même si Bailey fut tentée un moment de rester avec eux, Jazz voyait d'un très mauvais œil le passage à la sédentarisation, craignant de ne plus jamais avoir le courage de rentrer à Tacoma, et bouillant de reprendre la route.
Bailey la suivit à contrecoeur pour remettre le cap au nord.
Quitter le groupe de Renan revint à quitter le confort et la sécurité d'une seconde famille, mais leur expérience acquise auprès d'eux leur permirent de poursuivre leur périple en étant un peu mieux préparées.
Elles avalèrent les kilomètres à deux ou en groupe, au gré de leurs rencontres, et arriver mi-mai dans l'état de Washington les emplit d'une euphorie et d'une excitation qui les pousseraient quelques jours plus tard à commettre des erreurs de débutantes.
C'est le 22 mai 2016, lors de la visite d'une maison qu'elles avaient repérée que Bailey se fit attaquer. Si les deux filles avaient l'habitude de se protéger l'une l'autre, la mécanique s'enrailla bêtement. Bailey ouvrait la porte de la cuisine en plaisantant sur les cookies dont elle allait s'empiffrer, et Jazz éclata de rire. Les deux rôdeurs bloqués dans la pièce n'attendirent pas pour foncer sur la sœur aînée, et ni son couteau ni sa cadette n'arrivèrent à empêcher la morsure infectieuse dans la chair de son épaule.
La mort fut longue à venir dans le canapé où Jazz l'avait installée après avoir achevé les rôdeurs. La plaie n'avait pas été pansée, de peur de prolonger l'agonie, et les deux jeunes femmes se regardaient simplement en échangeant quelques paroles sur le lendemain. Bailey s'éteignit dans la nuit. Jazz n'eut pas le courage d'enfoncer sa lame dans le crâne de sa sœur, et ferma simplement la porte du salon à clé avant d'aller dormir dans une autre pièce.
Elle quitta la maison au matin, tentant d'ignorer les grattements qui provenaient du salon alors qu'elle reprenait son chemin. Elle oublia l'idée d'aller au nord, laissant ses pieds la porter où ils le souhaitaient. Elle s'arrêta parfois des semaines entières dans un hameau ou une petite ville, sans vraiment de raison. Elle évitait les vivants comme la peste, et n'hésitait pas à lever son berreta dès que l'un d'entre eux s'approchait d'elle. Les six mois qui suivirent peinèrent à la tirer de son deuil dépressif, et ce fut le froid dangereux de l'hiver 2016-2017 qui lui fit comprendre qu'il n'était plus possible de rester dans l'état de semi-mort dans lequel elle traînait depuis trop longtemps : elle devait se battre pour survivre ou se tirer une balle.
Elle choisit la première option.
L'année qui suivit fut l'année de sa reconstruction, qu'elle passa en partie dans le sud de l'état de Washington avant de reprendre son chemin vers Seattle en juin 2017. Elle évitait toujours autant les grands camps de personnes, mais moins par refus de contact que par peur de ce qu'ils pourraient faire : elle qui pensait que tous les groupes ressemblaient à celui de Renan avait enfin compris que les hommes pouvaient être des crapules. Malgré tout, avoir un ou deux compagnons ne la dérangeait pas plus que ça, tant qu'ils ne tentaient pas de la faire changer de route. Et puis leur présence lui permit de pouvoir bavarder à nouveau, chose qu'elle réapprit avec le temps mais qu'elle finit par apprécier à nouveau.
Quand le séisme frappa Bainbridge Island à l'automne 2017, Jazz était enfin à Tacoma, espérant découvrir des indices sur la survie de ses sœurs et de sa mère. L'idée qu'elles soient décédées ne lui vint absolument pas, mais elle ne trouva aucun indice lui permettant de les retrouver. Elle écrira cependant son nom et la date de son passage sur le mur principal du salon, priant pour que Sherill ou Shawna repasse par là.
Tacoma n'ayant rien donné, ce fut à Seattle que Jazz poursuivit ses recherches. La route lui offrit une nouvelle alliée de voyage, Yulia, qui devint très rapidement sa comparse préférée. Retrouvant la dynamique de duo qu'elle avait eue avec Bailey, la jeune métisse tenta de mettre la main sur Shawna, mais cette seconde recherche fut elle aussi infructueuse. L'appartement de Sherill ne lui apprit rien de plus sur cette dernière... mais ne lui offrit pas non plus le cadavre de son aînée ou de son jeune neveu, ce qui fut un réconfort en soi.
Loin de décourager Jazz, Seattle fut l'un des moments les moins désagréables de ces trois années d'épidémie. Le quotidien avec Yulia, cette demoiselle presque plus grande gueule que Janessa, avait un ce petit quelque chose qui rappelait l'enfance pleine de vie et de rire de la Clarke... Le côté survie et écrabouillage de rôdeurs en plus, évidemment.
Elle abandonna finalement son amie à la fin du printemps 2018, décidée à s'intéresser d'un peu plus près aux camps de survivants installés un peu plus loin de Seattle. Refusant toujours de croire à la mort du reste de sa famille, elle réussit à se convaincre que c'était là qu'elle retrouverait sa mère et ses sœurs.
Le No man's land devint sa base fixe à partir du mois de juillet 2018. La sécurité très relative du lieu lui permit de visiter les environs en ayant un endroit où revenir, sans avoir la sensation de dépendre d'un groupe.
Partageant son temps entre les explorations, les trocs et sa recherche de renseignements auprès des survivants presque fiables croisés, son mois de novembre se profila sans vraiment annoncer qu'elle toucherait enfin au but.
passeport :≡ recensement de l'avatar. - Code:
Jessica Sula • <bott>Janessa A. Clarke</bott>
≡ recensement du prénom. (prénom utilisé uniquement)- Code:
• Janessa
≡ recensement du nom. (nom utilisé uniquement)- Code:
• Clarke
≡ recensement du métier. - Code:
• Etudiante
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Re: Janessa A. Clarke
Dim 11 Nov 2018 - 1:26
HAAAAAAANW
Merci d'avoir choisi mon scénario
BIENVENUUUUUUUUUE
- Invité
- Invité
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Re: Janessa A. Clarke
Dim 11 Nov 2018 - 2:00
Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :
1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours . Un délai supplémentaire peut être accordé par un membre du staff sur demande.
2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.
3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.
4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des Travelers , il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.
5 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.
6 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.
Bonne rédaction !
Bonne rédaction !
Bienvenue parmi nous !!
Bon courage pour ta fiche et bon choix de scénario ^^
Si tu as des questions n'hésite pas à MP
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Re: Janessa A. Clarke
Dim 11 Nov 2018 - 3:22
Bienvenue bon choix de scénario et bon courage pour ta fiche !!
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Re: Janessa A. Clarke
Dim 11 Nov 2018 - 4:36
Riley et Roza les rabatteuses :p
Bienvenue à toi ! Super cool de prendre ce scenario
Bienvenue à toi ! Super cool de prendre ce scenario
- Invité
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Re: Janessa A. Clarke
Dim 11 Nov 2018 - 8:15
Bienvenue et bonne rédaction même si ça a l'air bien complet déjà Efficace !
- Invité
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Re: Janessa A. Clarke
Dim 11 Nov 2018 - 9:07
Bienvenue par ici et bon choix de scénario en effet !
J'éditerai ton pseudo en fin de journée pour ajouter le point après le A, ça te laissera le temps de voir ce message
J'éditerai ton pseudo en fin de journée pour ajouter le point après le A, ça te laissera le temps de voir ce message
- Invité
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