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I'm a dead man walking
Jeu 22 Nov 2018 - 9:36
21 ans ≡ Anglais ≡ Étudiant ≡ Traveler
C'est ça cette impression de se faire écorcher vif ? Pas physiquement, non je pense que physiquement ça doit être bien plus ... terrible mais là, ce gars me fixe derrière ses doubles foyers comme pour me décortiquer, m'peler comme une banane ou un oignon, histoire de savoir ce qui se cache derrière l’accoutrement et le reste. Merci papa pour la séance de psy à tes frais, mais je pense pas avoir besoin. Je lui ai déjà prouvé que j'étais plus malin que ça non ? Combien de fois j'ai séché les cours sans qu'il s'en rende compte, inventé mille et une conneries qui ont fait mouche ? Des centaines, bon allez ans prétention des dizaines, mais merde je suis pas le dernier à être descendu de l'arbre. Alors me retrouver face à Freud, comme si j'étais qu'un crétin, un cas psychiatrique, ça me fait clairement chier. C'est pas parce que physiquement on colle pas à une certaine étiquette qu'on est forcément barge.
Puis ça me fatigue d'être ici, je perds mon temps. Pour quelqu'un qui bouge beaucoup, d'énergique, resté le cul vissé dans un fauteuil pendant une heure c'est pas le nirvana. Et mon anxiété refait surface en plus. Il va forcement le voir et mettre ça sur le compte du divorce de mes vieux. Je fais que me ronger les ongles et les petites peaux autour, c'est instinctif, je le fais depuis gamin et je pense pas que ça vienne d'un traumatisme. Je suis juste nerveux de nature, je tiens pas en place et faut que je m'occupe pour pas stresser.
Devant ce type là, je suis quasiment fermé comme une huître. Pas mon genre pourtant, je suis plutôt jovial d'ordinaire, je suis avenant je vais vers les autres et je souris. Enfin même si je passe le plus clair de mon temps sur des jeux vidéos, à lire des comics, ou à esquisser ce qui me passe par la tête. Mais non, contrairement à ce qu'il vient de me dire là : sorte d'asociabilité, je suis pas comme ça. Enfin, au moins il s'est offert un rictus de ma part, non sans blague il aurait balancé agoraphobe que je me serai pissé dessus. C'est dingue ce qu'on est capable de faire transparaître... Soit je suis hyper doué à ce petit jeu, soit ce psy a eu son diplôme dans un Kinder Surprise. Bordel voilà que je me fais des blagues mentales pour m'passer le temps. Bon je suis plutôt blagueur habituellement, bavard aussi, mais là j'ai vraiment pas envie de lui parler même si je sais que trop d'infos pourrait le rendre dingue, et pour les plaisanteries, on va clairement éviter pour pas qu'il me demande si je me sens en accord avec moi même ou si j'ai pas un pote imaginaire.
Remarque, je suis suffisamment spontané, aussi bien oralement que physiquement, on peut souvent lire mes émotions, sans que j'ai à parler, sur mon visage. Alors le demi sourire là, ça a pas dû lui échapper, enfin qu'importe ce qu'il en pense, qu'il s'agisse d'espièglerie ou autre, après tout ouais, je suis assez malicieux dans l'âme, j'aime bien rétorquer ou asticoter un chouia mais juste pour rire, pas méchamment. Puis s'il me trouve un côté rebelle, à pas desserrer les dents, je lui donnerai pas tort. Après tout je suis venu juste pour avoir la paix, pour éviter que mon père me prenne encore le chou, mais clairement je parle pas à ce type uniquement pour l'emmerder aussi le paternel. On s'entend pas, on est trop différent et aller contre ses choix ou décisions c'est devenu une habitude, une seconde nature. Y a qu'à voir mon look, si ça c'est pas un beau doigt d'honneur au paternel qu'est-ce que c'est ? Juste l'entendre se plaindre de mes fringues ou de mes cheveux c'est grisant.
Un coup d’œil à l'horloge au mur, plus que dix minutes à tenir. Serait peut-être temps de le chicaner un peu pépé là, nan ? Non parce qu'avoir le dernier mot c'est plaisant. Je suis pas têtu, pas une seconde, juste chiant, j'en ai conscience, mais j'aime bien râler, c'est un mantra comme un autre. Je râle ouais, je râle quand ça marche pas comme je veux surtout, mais ça m'empêche pas d'être suffisamment optimiste quand il le faut. Après tout, le pessimisme ça n'a jamais fait avancer dans la vie, vaut mieux voir le verre à moitié plein qu'à moitié vide. Enfin, ça m'empêche pas non plus d'être laxiste, sans doute parce que je sais ce que je vaux et que je suis vite saoulé quand je reste trop longtemps en place, ou face à la même chose... Je lâche l'affaire avant d'avoir la migraine, comme ici, alors que la montre du psy sonne et que je me relève avec un grand sourire. « C'tait chouette, enrichissant sérieux … faut continuer comme ça mec. » Il a pas l'air convaincu, même plutôt surpris d'entendre le son de ma voix. Ça me fait sourire, ouais, j'ai fait mon petit effet d'ado rebelle et espiègle, et surtout, je suis libre de foutre le camp sans avoir à imaginer ce que ce type va baver à mon père lorsqu'il le verra pour un bilan sur mon compte.
Puis ça me fatigue d'être ici, je perds mon temps. Pour quelqu'un qui bouge beaucoup, d'énergique, resté le cul vissé dans un fauteuil pendant une heure c'est pas le nirvana. Et mon anxiété refait surface en plus. Il va forcement le voir et mettre ça sur le compte du divorce de mes vieux. Je fais que me ronger les ongles et les petites peaux autour, c'est instinctif, je le fais depuis gamin et je pense pas que ça vienne d'un traumatisme. Je suis juste nerveux de nature, je tiens pas en place et faut que je m'occupe pour pas stresser.
Devant ce type là, je suis quasiment fermé comme une huître. Pas mon genre pourtant, je suis plutôt jovial d'ordinaire, je suis avenant je vais vers les autres et je souris. Enfin même si je passe le plus clair de mon temps sur des jeux vidéos, à lire des comics, ou à esquisser ce qui me passe par la tête. Mais non, contrairement à ce qu'il vient de me dire là : sorte d'asociabilité, je suis pas comme ça. Enfin, au moins il s'est offert un rictus de ma part, non sans blague il aurait balancé agoraphobe que je me serai pissé dessus. C'est dingue ce qu'on est capable de faire transparaître... Soit je suis hyper doué à ce petit jeu, soit ce psy a eu son diplôme dans un Kinder Surprise. Bordel voilà que je me fais des blagues mentales pour m'passer le temps. Bon je suis plutôt blagueur habituellement, bavard aussi, mais là j'ai vraiment pas envie de lui parler même si je sais que trop d'infos pourrait le rendre dingue, et pour les plaisanteries, on va clairement éviter pour pas qu'il me demande si je me sens en accord avec moi même ou si j'ai pas un pote imaginaire.
Remarque, je suis suffisamment spontané, aussi bien oralement que physiquement, on peut souvent lire mes émotions, sans que j'ai à parler, sur mon visage. Alors le demi sourire là, ça a pas dû lui échapper, enfin qu'importe ce qu'il en pense, qu'il s'agisse d'espièglerie ou autre, après tout ouais, je suis assez malicieux dans l'âme, j'aime bien rétorquer ou asticoter un chouia mais juste pour rire, pas méchamment. Puis s'il me trouve un côté rebelle, à pas desserrer les dents, je lui donnerai pas tort. Après tout je suis venu juste pour avoir la paix, pour éviter que mon père me prenne encore le chou, mais clairement je parle pas à ce type uniquement pour l'emmerder aussi le paternel. On s'entend pas, on est trop différent et aller contre ses choix ou décisions c'est devenu une habitude, une seconde nature. Y a qu'à voir mon look, si ça c'est pas un beau doigt d'honneur au paternel qu'est-ce que c'est ? Juste l'entendre se plaindre de mes fringues ou de mes cheveux c'est grisant.
Un coup d’œil à l'horloge au mur, plus que dix minutes à tenir. Serait peut-être temps de le chicaner un peu pépé là, nan ? Non parce qu'avoir le dernier mot c'est plaisant. Je suis pas têtu, pas une seconde, juste chiant, j'en ai conscience, mais j'aime bien râler, c'est un mantra comme un autre. Je râle ouais, je râle quand ça marche pas comme je veux surtout, mais ça m'empêche pas d'être suffisamment optimiste quand il le faut. Après tout, le pessimisme ça n'a jamais fait avancer dans la vie, vaut mieux voir le verre à moitié plein qu'à moitié vide. Enfin, ça m'empêche pas non plus d'être laxiste, sans doute parce que je sais ce que je vaux et que je suis vite saoulé quand je reste trop longtemps en place, ou face à la même chose... Je lâche l'affaire avant d'avoir la migraine, comme ici, alors que la montre du psy sonne et que je me relève avec un grand sourire. « C'tait chouette, enrichissant sérieux … faut continuer comme ça mec. » Il a pas l'air convaincu, même plutôt surpris d'entendre le son de ma voix. Ça me fait sourire, ouais, j'ai fait mon petit effet d'ado rebelle et espiègle, et surtout, je suis libre de foutre le camp sans avoir à imaginer ce que ce type va baver à mon père lorsqu'il le verra pour un bilan sur mon compte.
1m80 pour 67 kgs. Brun les yeux vairons (gris bleu pour l'un, gris vert pour l'autre). Julian n'a pas la carrure d'un guerrier au contraire, svelte et élancé, le jeune homme est bien plus habile et endurant que résistant. Malgré l'apocalypse il a gardé son look atypique, mélange de punk gothique et de grunge. Souvent vêtu d'un jeans déchiré et d'un simple t.shirt, le jeune homme possède une paire de lunettes Rider. Ceux qui supposeraient à une certaine coquetterie n'y seraient pas du tout, allez éclater le crâne d'un rôdeur à coup de piolet et voyait ce qui se passe quand vous ne fermez pas les yeux … C.Q.F.D. Bon certes, Julian les aime ses lunettes, même s'il a jamais vissé le derche sur une moto mais qu'importe, elles lui permettent de garder une part de lui même, celle d'autrefois, disparue avec les choses qu'il appréciait le plus. Fumeur ? Oui, même s'il ne videra pas un paquet de cigarettes en une journée, il apprécie l'effet de la nicotine à défaut de pouvoir encore jouir de celui de la caféine. Même effet en somme, enfin si on retire le potentiel cancer du poumon qui ressort souvent de l'abus de tabac.
Armes : Fusil de précision Winchester Model 70 30-06, pistolet CZ 75, un piolet et une fronde de chasse.
Armes : Fusil de précision Winchester Model 70 30-06, pistolet CZ 75, un piolet et une fronde de chasse.
Je suis né le 02 juin 1997 à Londres. God save the Queen ... Et si on retire le fait que mon père était aux abonnés absents la majeur partie du temps, après tout chirurgien de profession ça aidait certainement pas à construire une petite vie de famille paisible, j'ai pas vraiment eu à m'plaindre. Les revenus du foyer étaient plus que confortables, on vivait même dans l'un des quartiers chics de la capitale Anglaise. Ma mère, elle bossait pour une agence de publicité, sa créativité piquée au vif, un truc que je tiens d'elle sûrement, enfin pour ce que je ressemble à mon père vous m'direz, parfois je me suis même demandé si ce type là, ce gars narcissique n'ayant aucun intérêt dans la vie sinon celui d'amasser un fric monstre, était bien mon père... Bref, la plupart du temps j'étais seul avec ma mère. Je l'adorais, elle était géniale, ouverte d'esprit, souriante, bavarde aussi … Pas que des qualités, néanmoins je suis fier d'avoir hérité de ses gênes et d'avoir, pour ainsi dire, laissé de côté ceux de mon vieux.
Malgré ce lien tout particulier, que mon père voyait comme un truc inutile, qu'il imaginait même faire de moi, et là je le cite « Une tatasse efféminée », j'ai pas eu de mal à rejoindre les bancs de l'école. C'était même plutôt cool les premiers temps, enfin de ce que je me rappelle de mes premières années dans cet établissement de gosses de riches. Le primaire, c'était pas le plus difficile, après tout les nains se fichent bien du fric qu'ont leurs parents sur leurs comptes en banque, à ces âges là on pense qu'à jouer et à peinturlurer tout ce qui nous passe sous le nez, tien même les cheveux de ma petite voisine de table. Je la trouvais plutôt chouette avec la crinière rose mais ça aussi, ça n'a pas plu à mon père lorsque l'instit' lui en a fait part. D'après lui, je lui faisais perdre son temps en futilités alors que ma mère, elle, voyait ça comme l'insouciance de l'âge. Ouais, Joyce avait tendance à me trouver toutes les excuses du monde.
Le collège, à onze ans bon là on reste discret à peine quelques temps, histoire de baigner dans cette nouvelle atmosphère et ensuite on se lie d'amitié avec les autres pré-ado qui nous ressemblent le plus. Je me suis fait quelques amis, du moins je me rappelle m'être intéressé à eux parce qu'ils étaient dans leur coin, à l'écart des autres, à parler de comics et autres héros virtuels auxquels ils auraient aimé ressembler. Ça m'a rapidement plu, ça a sans doute aussi forgé mon goût pour le dessin. Je trouvais ça plutôt sympa d'inventer des choses, de pouvoir les poser sur papier et d'y relier une histoire. A part ça, RAS au niveau de ce premier cycle d'études plus poussées. De treize à quinze ans, J'étais certes pas brillant comme l'aurait souhaité ce cher papa, mais j'étais pas non plus totalement à la ramasse. Dans les clous, puis franchement, au dessus de dix, les points supplémentaires ça sert pas à grand chose, enfin c'était mon idée, peut-être mon côté laxiste. Ça couplé à mes loisirs de plus en plus prenants, ça n'aidait sûrement pas à plonger le nez dans des bouquins de maths ou d'anglais. Je suis quand même passé en secondaire, de justesse mais quand même.
Quinze ans, l'âge con et clairement ça, je peux vous assurer que je l'étais : Con. On commence à devenir un mec, enfin on croit le devenir mais on en est pas un pour autant, on se rebelle aussi bien mentalement que physiquement, et tout ce qui jusqu'à lors vous passait au dessus, devient vraiment mais alors vraiment casse burnes. Genre, mon père. Alors là, l'entendre se plaindre à longueur de temps pour X ou Y raisons, ça me saoulait, autant que l'entendre se chamailler avec ma mère pour des queues de poire, queues de poire souvent en relation avec moi remarque. Je me suis légèrement plus replié sur moi même à cette époque. Malgré l'âge, j'avais aucune sorte d’intérêt pour la gente féminine, ni même masculine à contrario de ce qu'en pensait papa. Juste que je voyais pas de raison de perdre du temps dans une relation amoureuse capable de me briser le cœur. En même temps, vu le modèle à la maison, c'était comme faire preuve d'intelligence. Un an plus tard, mes notes c'était plus ça, juste parce qu'à ce moment de ma vie, je prenais conscience que si mon paternel me poussait dans un sens, c'était juste pour pas entacher sa réputation, et surtout que la voie qu'il m'avait choisi, c'était clairement pas celle que je m'étais choisie moi. Lui voulait qu'à l'avenir j'amasse du fric, moi je désirais vivre de ce que je faisais le mieux, à sa voir, croquer, esquisser, inventer. Mais aux yeux de Thomas les artistes n'étaient que des ratés qui connaissaient la gloire uniquement lorsqu'ils passaient l'arme à gauche. Sans doute là que j'ai commencé à sécher, à me chercher vestimentairement parlant, à me plonger dans mon monde et à m'éloigner un peu plus des autres. Du moins physiquement, parce que vu le nombre de gens que j'avais en ligne quand je m'attardais sur la console, me semble pas que j'étais asocial.
Et enfin, pour mes dix sept-ans : le divorce.... Ouais, fallait s'y attendre. Je sais pas si j'en suis responsable mais mon comportement a pas vraiment dû aider, ça m'a pas non plus véritablement affecté, plutôt libéré. Ma mère a gardé la maison, moi avec, quant à mon paternel, il a vu en cette séparation une opportunité pour rejoindre les USA et y monter son prestigieux cabinet. Je pensais plus le voir mais, quand on a une mère pleine de bonté et d'excuses toutes faites, même pour les pires abrutis de ce monde, je me collais le doigt dans l’œil. A dix huit ans, Juin 2015, diplôme de secondaire obtenu de justesse, et je m'envolais pour les USA pour passer quelques temps avec lui, pour elle qui espérait sans doute que les choses s'arrangent. Ce que j'ignorais ? Que c'était la dernière fois de ma vie que je voyais ma mère.
Malgré ce lien tout particulier, que mon père voyait comme un truc inutile, qu'il imaginait même faire de moi, et là je le cite « Une tatasse efféminée », j'ai pas eu de mal à rejoindre les bancs de l'école. C'était même plutôt cool les premiers temps, enfin de ce que je me rappelle de mes premières années dans cet établissement de gosses de riches. Le primaire, c'était pas le plus difficile, après tout les nains se fichent bien du fric qu'ont leurs parents sur leurs comptes en banque, à ces âges là on pense qu'à jouer et à peinturlurer tout ce qui nous passe sous le nez, tien même les cheveux de ma petite voisine de table. Je la trouvais plutôt chouette avec la crinière rose mais ça aussi, ça n'a pas plu à mon père lorsque l'instit' lui en a fait part. D'après lui, je lui faisais perdre son temps en futilités alors que ma mère, elle, voyait ça comme l'insouciance de l'âge. Ouais, Joyce avait tendance à me trouver toutes les excuses du monde.
Le collège, à onze ans bon là on reste discret à peine quelques temps, histoire de baigner dans cette nouvelle atmosphère et ensuite on se lie d'amitié avec les autres pré-ado qui nous ressemblent le plus. Je me suis fait quelques amis, du moins je me rappelle m'être intéressé à eux parce qu'ils étaient dans leur coin, à l'écart des autres, à parler de comics et autres héros virtuels auxquels ils auraient aimé ressembler. Ça m'a rapidement plu, ça a sans doute aussi forgé mon goût pour le dessin. Je trouvais ça plutôt sympa d'inventer des choses, de pouvoir les poser sur papier et d'y relier une histoire. A part ça, RAS au niveau de ce premier cycle d'études plus poussées. De treize à quinze ans, J'étais certes pas brillant comme l'aurait souhaité ce cher papa, mais j'étais pas non plus totalement à la ramasse. Dans les clous, puis franchement, au dessus de dix, les points supplémentaires ça sert pas à grand chose, enfin c'était mon idée, peut-être mon côté laxiste. Ça couplé à mes loisirs de plus en plus prenants, ça n'aidait sûrement pas à plonger le nez dans des bouquins de maths ou d'anglais. Je suis quand même passé en secondaire, de justesse mais quand même.
Quinze ans, l'âge con et clairement ça, je peux vous assurer que je l'étais : Con. On commence à devenir un mec, enfin on croit le devenir mais on en est pas un pour autant, on se rebelle aussi bien mentalement que physiquement, et tout ce qui jusqu'à lors vous passait au dessus, devient vraiment mais alors vraiment casse burnes. Genre, mon père. Alors là, l'entendre se plaindre à longueur de temps pour X ou Y raisons, ça me saoulait, autant que l'entendre se chamailler avec ma mère pour des queues de poire, queues de poire souvent en relation avec moi remarque. Je me suis légèrement plus replié sur moi même à cette époque. Malgré l'âge, j'avais aucune sorte d’intérêt pour la gente féminine, ni même masculine à contrario de ce qu'en pensait papa. Juste que je voyais pas de raison de perdre du temps dans une relation amoureuse capable de me briser le cœur. En même temps, vu le modèle à la maison, c'était comme faire preuve d'intelligence. Un an plus tard, mes notes c'était plus ça, juste parce qu'à ce moment de ma vie, je prenais conscience que si mon paternel me poussait dans un sens, c'était juste pour pas entacher sa réputation, et surtout que la voie qu'il m'avait choisi, c'était clairement pas celle que je m'étais choisie moi. Lui voulait qu'à l'avenir j'amasse du fric, moi je désirais vivre de ce que je faisais le mieux, à sa voir, croquer, esquisser, inventer. Mais aux yeux de Thomas les artistes n'étaient que des ratés qui connaissaient la gloire uniquement lorsqu'ils passaient l'arme à gauche. Sans doute là que j'ai commencé à sécher, à me chercher vestimentairement parlant, à me plonger dans mon monde et à m'éloigner un peu plus des autres. Du moins physiquement, parce que vu le nombre de gens que j'avais en ligne quand je m'attardais sur la console, me semble pas que j'étais asocial.
Et enfin, pour mes dix sept-ans : le divorce.... Ouais, fallait s'y attendre. Je sais pas si j'en suis responsable mais mon comportement a pas vraiment dû aider, ça m'a pas non plus véritablement affecté, plutôt libéré. Ma mère a gardé la maison, moi avec, quant à mon paternel, il a vu en cette séparation une opportunité pour rejoindre les USA et y monter son prestigieux cabinet. Je pensais plus le voir mais, quand on a une mère pleine de bonté et d'excuses toutes faites, même pour les pires abrutis de ce monde, je me collais le doigt dans l’œil. A dix huit ans, Juin 2015, diplôme de secondaire obtenu de justesse, et je m'envolais pour les USA pour passer quelques temps avec lui, pour elle qui espérait sans doute que les choses s'arrangent. Ce que j'ignorais ? Que c'était la dernière fois de ma vie que je voyais ma mère.
Je les ai vaguement entendu ces premiers signes, ils m'ont parfois arraché des rictus, d'autres fois m'ont complètement blasés. Juste les cas de violence de ce début d'Octobre 2015. Si ça ne me concernait pas personnellement, c'était simplement car je me pensais à l'abri. Everett était plutôt calme avant tout ça du moins en trois mois depuis mon arrivée y avait rien de terrible qui s'y passait, mais les informations qui filtraient de Seattle n'avaient rien de logiques. Ça parlait de substances illicites - potentiellement - présentes dans les aliments, ça avait créé un premier vent de panique, même forcé certaines personnes à se tourner vers le bio par précaution. Risible en un sens, mais totalement humain d'un autre.
Puis, ça a pris de l'ampleur aux alentours du 13 ou 17 Octobre. Ce qui était visiblement que des cas isolés et pas du tout en provenance de la bouffe, c'est rapidement mué en généralité. Des émeutes éclataient. Ce que j'imaginais moi ? Que tous ces gens étaient des anarchistes, qu'ils avaient sans doute dans l'idée de faire chier le monde ou de s'obtenir une augmentation de salaire en empêchant les plus dociles d'aller bosser. Clairement ça m’intéressait pas, enfin fallait quand même avouer qu'en venir aux dents ou aux ongles pour agresser ses congénères ça relevait de la fiction. C'était drôle sur le coup, pour autant moins drôle quand on faisait un petit tour sur le net pour y lire que les victimes s'étaient relevées. J'suis ouvert d'esprit, mais franchement imaginer que les morts revenaient à la vie là, y avait de grosses limites à ce que je pouvais gober. Pourtant, au visionnage de certaines images y avait de quoi se remettre en question. Même le président s'y mettait, on voyait sa tronche partout à la télé, c'était donc pas une blague, ou le farceur avait vraiment tapé fort : Rester chez soi, à l'abris, la loi martiale allait être établie.
Autour du 19 ou 21 Octobre Seattle devenait clairement la ville à éviter, et si j'ai eu conscience du bordel, même à Everett, je pensais encore que l'armée et les flics géreraient puisqu'ils avaient érigé des barrages et invitaient les gens à rester à demeure ou à rejoindre les fameux campements de fortune, du moins jusqu'à avoir ma mère en ligne. Elle tentait de rester calme, mesurée, mais son timbre disait tout le contraire. A Londres aussi la situation dégénérait, et je pense qu'après cet appel, qui fut le dernier, j'ai lentement ouvert les yeux et lâché les futilités. A partir de ce moment là, je suis plus sorti, sans doute la trouille de croiser un de ces espèces de malades.
Vers le 24 Octobre, mon père à eu l'idée de rejoindre sa baraque secondaire dans les bois. A l'extérieur c'était le chaos, y avait pas que nous qui fuyions dans l'espoir de trouver un refuge, cependant la campagne et les bois étaient sans doute moins infestés, y avait jamais personne dans ces coins là sinon des campeurs. Si ça avait tenu qu'à moi, j'aurai préféré rejoindre un de ces campements gardés par l'armée, mais aussi bavard j'étais en temps normal, aussi muet j'étais là face à tout ce bordel. Dans la bagnole, mes yeux furetaient à droite à gauche, la boule au ventre que de croiser un de ces trucs. On a mis plus d'une journée pour rejoindre l'autoroute qui borde Lake Serene & Bridal. Si on roulait pas au pas sur cette voie rapide bourrée de bagnoles, on stagnait durant des heures. Des hélicos tournaient et s'éloignaient vers Seattle. C'était improbable d'entendre des détonations et voir quelques colonnes de fumées s'élever plus loin. Je me souviens avoir tourné les yeux vers mon père qui pestait. Quand il a quitté la bagnole, j'ai fermé les yeux et collé un écouteur dans mon oreille avant de rouvrir les paupières aux premiers hurlements. J'avais jamais vu ça. Pire que dans les jeux vidéo, pire que dans le pire des films d'horreur. Plusieurs agrippèrent les premières personnes à portée; leur arrachèrent la gorge, les relâchant que lorsque la mort les avait emporté, et se précipitaient vers d'autres qui courraient pour leur échapper. Je sais même pas pourquoi j'ai agrippé mon sac à dos et ouvert la portière. Peut-être pour retrouver mon paternel dans la cohue, mais quand je l'ai vu, c'était déjà trop tard.
Si y avait un type que j'imaginais se faire bouffer par son arrogance, c'était bien Thomas Foster, mais là, c'était pas l'arrogance qui avait raison de lui, mais une de ces choses. Je l'entends encore hurler, m'appeler, s'étrangler dans son propre sang... Je suis pas dingue, ni même dénué de compassion et je souhaitais pas sa mort une seconde. Pourtant, j'ai rien fait, rien ressenti ou si, la trouille. Les pétoches monstrueuses qui vous clouent sur place et vous grignotent les tripes. La nausée m'est montée en bouche, ça m'a tordu l'estomac si fort que je me suis retenu au capot d'une bagnole avant d'être poussé, par ces choses, à passer la rambarde pour m'enfoncer entre les arbres. Combien de temps j'ai couru ? Sûrement jusqu'à ce que mes poumons brûlent. Ma respiration sifflait, c'était douloureux, et pourtant quand je me suis arrêté, j'ai pas eu le temps de reprendre mon souffle. J'ai gerbé, mais vraiment vomi de trouille. Ces trucs c'était pas des gens malades, ou des cinglés, mais bien des morts … Des morts vivants. Y a que quand j'ai fait face à ce genre de truc, que j'ai pris conscience de l'horreur que c'était et que non … putain non, le monde se remettrait pas d'un truc pareil. Alors ouais j'ai vidé le contenu de mon estomac, et si ça m'a soulagé dix secondes, d'autres râles m'ont poussé à continuer. Où ? J'en savais rien, tout comme j'avais aucune idée de l'endroit où je me trouvais.
Deux jours plus tard, après avoir quasi vidé m'a bouteille d'eau et m'être enfilé les deux trois friandises qui me restaient, je m'étais terré. Je sais pas vraiment ce qui me passait par la tête, comme un con fini j'imaginais encore que ça se passerait, que les flics allaient débarquer et me tirer de là pour me ramener dans un de leurs refuges. J'en voulais à mon père, encore plus qu'avant, parce que ce gros con avait toujours pris les décisions en ne pensant qu'à lui. J'aurai jamais dû venir ici, j'aurai dû rester auprès de ma mère à Londres... Ma mère, chaque fois que j'y pensais, je chialais comme un gamin de cinq ans. La seule chose qui me réconfortait c'était de fixer les quelques photos dans mon smartphone, sans moyen de l'appeler étant donné la mort totale du réseau, enfin jusqu'à ce que même ce truc soit plus capable de m'éclairer la nuit venue. Plus de batterie. [...] Je crevais déjà de faim, en quatre jours bordel je mourrais de faim et j'avais mal, mal de errer sans but, peur de retomber sur un de ces nerds. Nerds ouais, je préférai les voir comme ça que comme des humains mués en machines à tuer. J'ai tourné de l’œil, une fois puis deux, et finalement j'ai vacillé. Si je crevais, qui ça inquiéterait au juste ? Mon père était mort, ma mère … j'espérais juste qu'elle était à l’abri. Deux jours plus tard, on était en Novembre je crois, et j'ai rouvert les yeux sur un plafond de lambris avant de calé que deux grandes billes sombres me fixaient d'un air ravi. Un groupe de campeurs m'avait trouvé, visiblement sans le savoir j'étais remonté jusqu'à Telma, espèce de station pour les amateurs de nature. Des gens s'étaient reclus là suite aux divers messages radio plus alarmistes. Un sacré bol qu'ils me soient tombés dessus. Ils étaient une petite dizaine. Dix personnes qui se relayaient pour tenter de délivrer des appels radio enfin, jusqu'à ce que l’électricité ne soit plus qu'un vieux souvenir du passé.
En Décembre j'étais encore avec eux, j'avais aucune idée de comment me mesurer aux bestioles qu'on entendait parfois beugler à l'extérieur. Je détestais ces trucs et malgré tout, l'un des gars qui nous apprenaient à nous défendre, pouvait pas être plus clair. L'armée dépassée, les flics tout autant, fallait s'attendre à ce que les nerds prolifèrent et se décomposent de plus en plus. Ryan, si je me souviens bien de son prénom, était scientifique. Même lui n'avait pas connaissance de ce qu'il qualifiait comme un virus, mais il était parfaitement lucide quant au sort de l'humanité. Personne viendrait nous sauver, le genre humain périssait peu à peu et seuls les plus débrouillards subsisteraient. Remarque, je préférai entendre ça qu'avoir affaire à un prêtre qui nous aurait bavé que c'était l'heure du jugement dernier. C'était certes dur à encaisser, pas réconfortant une seconde, mais bien plus concret que tout ce que j'avais pu voir ou entendre jusqu'à présent. Les températures chutaient déjà, j'étais gelé mais pour être à l’abri des montagnes boisées du coin de l'Etat, je pensais que c'était normal.
Je peux pas dire que je me débrouillais en Janvier, mais j'avais au moins de quoi me défendre. Et si j'avais pensé que mes heures à glander sur les jeux vidéos me permettraient de me sentir à l'aise avec un flingue, je m'attendais pas à ce que ce soit aussi difficile dans la vie réelle. Le piolet, offert par l'un des membres du groupe, est donc devenu l'un de mes meilleurs amis, même si ça incluait de le fait de se rapprocher des nerds. Ryan nous avait fait un topo. Une griffure, une morsure, et on crevait de la fièvre, si on se faisait pas dévorer avant, pour mieux grossir les rangs de l'armée des morts. Le seul moyen d'en venir à bout, c'était d'atteindre le cerveau. Alors autant à distance ça m'aurait pas fait peur, autant en face à face avec un piolet, j'avoue que j'étais pas forcément chaud. De plus le temps et les températures n'aidaient plus, fallait se bouger pour pas finir congelé. Quand aux réserves sèches du resto près de ce Lac de Telma, elles s'amenuisaient, forçant les plus téméraires, à aller chasser.
J'ai pu dégommer mon premier nerd un mois plus tard, en Février je crois, pas évident avec la neige qui tenait parfaitement au sol, mais visiblement le temps déplorable et le baromètre au dessous de zéro, ça rendait pas non plus la tâche facile aux monstres. Ils étaient comme figés, enfin beaucoup plus lents que d'habitude. Mais bien que cané, le gel les conservait aussi. Alors quand je dis pas évident à dégommer, c'est clairement pas des contes. Quand les crans du piolet se sont collés dans son crâne, ça a simplement scalpé le bordel et ripé l'os. J'ai dû m'y reprendre à quatre fois pour le saigner et, là encore, j'ai pas pu retenir la nausée qui m'est montée en bouche. J'étais couvert de reste de cervelle et de sang, quant au corps étalé à mes pieds, l'image était insoutenable.
En Avril la poudreuse s'était doucement faite la malle. Si j'étais un peu plus sûr de moi c'était sans doute parce que je me sentais épaulé. Un gars du groupe, dont j'sais plus le nom, m'avait montré comment fabriquer des collets pour chopper des petits animaux, ça servait plus que je l'aurai cru. Y avait plus rien dans le resto, et si on se bougeait pas un minimum, on allait tous crever de faim. Pour la flotte, d'autres avaient fait fondre la neige mais maintenant qu'il y en avait plus, on se repliait sur les eaux du lac dégelé. Durant deux mois on se coltinait la même rengaine, on devenait un peu plus soudés au fil du temps, alors quand deux trois personnes sont pas revenues de la chasse, emportées par les nerds, le choc a été plus dur à encaisser. Bordel j'avais plus de peine pour ces gens, inconnus avant l'hiver, que pour mon propre père qui s'était fait massacrer.
Juillet 2016 les températures plus clémentes mais les nerds avaient fini d'hiberner depuis un bail, tout comme d'autres gens débarqué à Telma. Ceux là c'était pas le genre sympa. En un rien de temps ça a dégénéré. Ils ont commencé à canarder. Ryan y est passé en premier, puis d'autres, et moi comme un putain de lâche, j'me suis tiré comme un lapin affolé. Retour à la case départ, seul, paumé, terrorisé … J'avais même pas pensé à emporter de quoi bouffer, en même temps avec des cinglés aux miches on pense pas avec son bide, juste à survivre. J'avais jamais cuisiné de ma putain de vie, alors quand il s'agissait de faire cuire les prises, une galère. Des fois j'avais même pas le temps, obligé d'avaler ça cru, j'en avais des maux de bide terribles si je vidais pas le contenu de mon estomac. Août, Septembre et Octobre de la même année, pires mois de ma vie. Je devais éviter les nerds, j'priais même pour pas retomber sur les tarés qui avaient massacré les campeurs, j'avais la trouille et aucune idée d'où mes pas me menaient. Je longeais les cours d'eau pour pas manquer de flotte. Mais bordel je crevais la dalle et ça aidait pas à tenir droit sur mes cannes. Ça se rafraîchissait aussi, après les chaleurs monstres, qui parfois m'filaient des malaises, l'hiver allait faire son grand retour. Comment je le savais ? Putain y avait qu'à voir les feuilles tomber. Si j'y passais pas aux premières gelées, c'était miraculeux.
Novembre, je savais même pas ce qu'étaient devenues les métropoles et j'avais pas très envie d'y retourner étant donné le nombres de gens sans doute morts depuis un an... Putain un an déjà, enfin j'imaginais, après tout à Telma on tenait un espèce de calendrier, et même si je me suis tiré en Juillet, étant donné le temps déplorable et les feuilles orangées au sol, les températures glaçantes, ouais, ça devait faire quasi un an que c'était la merde. Six mois que je errais, j'allais forcément crever... Fin Janvier les premières neiges, pas encore assez rudes pour maintenir les nerds hors d'état de nuire. Ce jour là j'ai cru que c'était fini, je l'avais pas vu ce con, enlisé dans une couche de boue elle même recouverte de neige et de givre. J'ai flanché et cette saloperie m'est remontée le long du corps après que je me sois ouvert l'arcade sur un rocher. Ma tête cognait, j'y sentais battre mon cœur, à peine le temps de me retourner, pour tenter de me débarrasser du cadavre, qu'un coup de feu résonnait à m'en figer. Ce qui restait de cervelle et du sang putréfié du monstre me péta à la gueule. Si j'ai eu le reflex de fermer les paupières, ce devait être instinctif, ou parce que là, à voir ma vie défiler sous mes yeux, je repensais à ce que Ryan nous avait dit au sujet de la façon dont ces trucs enrôlaient d'autres membres dans leur secte. Mais si le nerd était mort, que j'avais la vie sauve, directement j'ai repensé aux cinglés qui avaient buté les campeurs avant de me hisser sur les coudes pour entrevoir un putain de Yeti. Ouais clairement je délirai, la plaie au sourcil pissait le sang, j'avais pas mangé de la journée encore, j'avais froid, alors la seule chose que j'ai cru voir, avant de tomber dans les vapes, c'était l'abominable homme des neiges.
J'ai rouvert les yeux quelques heures ou jours plus tard, j'en sais strictement rien, dans une espèce bicoque de bois. Il faisait bon, chaud.... j'avais chaud depuis la première fois de l'hiver et l'odeur d'une bûche cramée m'avait jamais paru aussi cool. Le Yéti, c'était juste un vieux, enfin un quinquagénaire, cheveux grisonnants, barbe aussi mal taillée et hirsute que sa tignasse jadis brune. Un ermite ou un truc du genre mais pas méchant pour un sou, le seul truc qu'il a dit, c'était qu'on était au Tall Timber Ranch. Je savais pas où c'était, juste que ce mec était suffisamment résistant et bon pour m'avoir tiré des griffes d'un nerd. Il m'a recousu l'arcade pendant que je pionçais, ça j'm'en suis rendu compte en portant les doigts à ma plaie où dardaient quelques fils. Ce type m'a filé de quoi manger, sans un mot, en se contentant de me reluquer. Au bout d'une heure, il a soupiré avant de rire.
- T'as l'cul bordé d'nouilles toi. Ça non plus je savais pas ce que ça voulait dire, mais je l'ai pas contredit. Depuis quand tu erres seul avec quasi rien sur le dos, et juste un piolet pour t'défendre ? Je savais pas moi même.
- Six mois peut-être, j'sais pas.
- T'as au choix une bonne étoile ou vraiment un pot de cocu p'tit. Ouais bah là j'étais pas cocu j'avais jamais eu de copine alors j'ai ris. Première fois que je riais en quasi un an. Si tu veux rester ici, et j'te conseille d'le faire car le temps tourne à la merde là ça m'étonnerait pas qu'on essuie une tempête d'ici peu, tu peux. Mais va falloir t'endurcir, et t'servir d'autre chose que d'un foutu piolet.
Y avait bien eu une tempête de neige en Février, il était pas con malgré son allure d'illuminé de service. Son nom c'était Zed, enfin j'pense qu'il se faisait appeler comme ça et j'avais éclaté de rire en lui sortant que moi c'était J. Il avait pas pigé, bordel pourtant Men In Black c'était une référence. Je suis resté avec lui, j'en ai su un peu plus sur son compte, il avait fait l'armée en son temps, mais son truc c'était la chasse, pour ça qu'il savait manié autant de flingues et de fusils. A sa retraite, il s'était replié ici, jusqu'à ce que la merde commence, avant des gens venaient passer le temps dans cet espèce de ranch perdu dans les montagnes et les bois, puis avec l'infection ils s'étaient tirés aux premiers messages radios. Zed il avait beau être aussi sec qu'une momie, il savait chasser, tirer et se démerder. Fallait pas que j'le lâche et visiblement, même s'il râlait, il appréciait ma compagnie. En Mars quand le temps s'est un peu maintenu, il a agrippé son fusil à lunette, un tas de bordel, et m'a dit qu'on allait faire un tour, qu'il allait me montrer. A l'idée de tenir son sniper dans les mains j'étais comme un gosse, mais bon, avant de pouvoir manier ce machin là, Zed m'a collé une putain de fronde entre les doigts en me disant : « Apprends déjà à viser avec ça, les balles sont illimitées p'tit, après tu passeras à plus dangereux. » J'ai cru qu'il se foutait de ma gueule, mais non, et sur le coup j'avais vraiment l'impression d'être l'agent J avec son cricket là sauf que mon cricket en question faisait pas autant de dégâts que celui de Will Smith. Bref, j'étais une grosse quiche.
Les mois passèrent comme ça, peut-être trois, déjà l'hiver avait visiblement tiré sa révérence au profit du soleil et des gazouillis d'oiseaux. Zed se fichait un peu des jours, carpe-diem le gars, mais c'était pas plus mal, ça évitait de penser au fait qu'on nageait dans la merde depuis trop de temps. Au fil des semaines, je devenais doué avec la fronde, c'était même plaisant de voir qu'on pouvait zigouiller des nerds à bonne distance. Quant au piolet, fallait parfois s'en servir aussi mais l'idée du vieux m'avait fait mourir de rire. D'après lui ça protégeait, on avait l'air con mais y avait plus personne pour juger notre style, alors ces vieilles lunettes de Rider là, pour m’éviter de prendre des fluides de goule dans les yeux, je dois avouer que j'y aurais jamais pensé, mais si je les ai gardées, je les avais bien plus souvent sur le crâne que sur le nez.
On devait être en Août, c'est là qu'il m'a collé un CZ entre les mains. Un flingue ouais, mais pour lui le nom des armes était aussi important que le fait de savoir les manier. Pas évident les premiers temps, mais avec ses conseils, c'est donc rapidement devenu bien plus simple, simple au point qu'est enfin venu le fameux jour où j'ai eu sa Winchester Model 70 30-06 entre les doigts. Arme lourde, j'ai finalement pigé pourquoi il y avait été progressivement, de plus les balles de ce machin étaient plus rares que du 9mm.
On chassait avec, on dégageait ce qu'il appelait lui les « râteliers », de plus en plus nombreux. Pourtant vers le début de l'automne, c'est nous qui avions dû dégager. Une horde, un truc suffisamment gros pour que Zed, malgré sa détermination, se dise qu'il était temps de quitter le ranch pour descendre plus bas, là où la neige tenait moins en hiver. On a embarqué le nécessaire, et pris la route. Ce vieux savait où il allait, il était bien plus doué que moi, il se repérait au soleil ou aux étoiles. Bref un bordel auquel je comprenais rien et qui m'avait jamais vraiment intéressé. On en a chié un peu plus, c'était pas simple, moins simple qu'en ayant un toit – même précaire – au dessus de la tête, mais finalement on y est arrivé là bas. Blanca Lake Trailhead, un superbe endroit, de la flotte à profusion et un espèce d'abri où les amateurs d'escalade et d’accrobranche se réunissaient autrefois. Malgré tout le chemin nous avait forcé à utiliser plus de munitions et de denrées, la ville était pas tout près, cependant l'hiver nous permettrait de nous remettre du petit voyage, de poser quelques pièges, et d'envisager descendre dans un endroit que je redoutais d'avance pour plus y avoir collé les semelles depuis quasi deux ans : la ville.
L'hiver avait été rude, si je savais chasser désormais, mais pas aussi bien que Zed, on semblait pour autant jamais rassasiés. Le vieux disait que c'était parce qu'on brûlait des calories en traînant dans la neige, mais que ce serait sans doute plus « simple » - et il avait bien mimé des guillemets – si on rejoignait les agglomérations. Je le croyais, pourquoi j'aurai douté franchement ? Alors ouais à la mi Avril, quand il a fallu plier bagages pour filer vers la ville, je brillais pas. J'me demandais clairement ce qu'on y trouverait. Zed avait récupéré une carte des environs dans l’abri qui servait autrefois pour louer des canoës et pédalos, dans la normale, y en avait pour deux bons jours de marche, mais dans les conditions apocalyptiques, ça prenait plus de temps. Les éboulements de roches, la présence des nerds, la fatigue, tout ça rendait pas le voyage jusqu'à Redmond simple. Puis, malgré tout, Zed aimait bien prendre son temps, si moi ça m'agaçait puisque je reprenais doucement mais sûrement confiance en moi, autant qu'j'avais confiance en lui, le voir flâner des heures près d'un feu de camp me foutait les nerfs. Bordel on aurait dû arriver à Redmond avant la fin du mois non ? Là, on devait être quasiment en Mai qu'on était encore assis comme des cons à regarder le feu qui brûlait à la nuit tombée.
- T'as l'air contrarié p'tit. Non sans blague, je savais qu'il était simple de lire sur mes traits ce qui me traversait mais là, fallait pas être psy pour le caler. T'sais y a rien qui presse, du temps on a plus qu'ça pour nous, et vaut mieux prendre son temps que d'crever à s'précipiter. Il avait pas tort, mais braqué là, je bidouillais juste le fusil qu'il m'avait jamais repris des mains, je savais même pas pourquoi il m'avait jamais repris son arme.
- On a quasi plus d'cartouches, on est claqué et c'est dangereux d'rester dehors, puis merde j'suis claqué à monter la garde. Un rictus avait filé ses lèvres gercées.
- On mais c'est qu'il est colère le p'tit. Son index s'était pointé dans ma direction à m'en faire froncer les sourcils. J'monte la garde aussi quand tu roupilles comme une marmotte, j'me plains pas, mais bon, le temps, la patience, c'est très utile dans ce monde tu sais p'tit.
- Rahh bordel arrêtes d'm'appeler p'tit, c'est Julian.
- Joule c'est mieux, t'es monté sur ressorts, si je t'avais pas appris à tirer avec c'machin tu serais encore à faire des conneries, ou peut-être mort … Tu manquerais de patience, t'en as déjà pas beaucoup. Il s'était étiré là, me forçant à rouler des yeux. Et pour les cartouches, y a des cailloux tout autour de nous là, t'as qu'à les ramasser, pas b'soin de balles avec la fronde.
On avait eu cette discussion peu avant de rejoindre la fameuse voie rapide. Ça m'avait secoué toutes ces bagnoles, la désolation, le souvenir que j'avais de cet endroit même si j'en avais pas été très affecté. La nature avait bien repris ses droits, le bitume était lézardé de végétation, crevassé par les racines ou par les températures des diverses saisons passées. On a fouillé les bagnoles et passé pas mal de temps sur cette bretelle. Y avait de quoi faire, des trucs encore intacts, et bien sûr Zed s'est pas privé pour m'dire qu'il avait pas tort de prendre son temps. Enfin finalement on a rejoint une petite bourgade en Juin. On avait de l'eau, trouvée dans les épaves de l'autoroute, des friandises, on était moins à plaindre qu'un mois plus tôt. Les balles manquaient encore, mais puisqu'il avait raison, même si je voulais pas lui dire – et parce qu'il était pas aveugle – je ramassais ce qui pouvait servir de projectiles pour la fronde.
On continuait vers Redmond, en traversant les quelques autres petites villes qui longeaient la route : Goldbar, un espèce de District nommé Startup, à Sultan c'était déjà mieux. Là on y était resté un petit temps, le mois de Juillet peut-être, après avoir trouvé une vieille quincaillerie et de quoi se servir au moins du CZ. Les morts étaient moins présents dans le coin contrairement à ce que j'avais cru, et pourtant c'était pas ce que j'aurai dû craindre en rejoignant la ville. En Août on arrivait enfin A Redmond …. Cette ville je pense que j'y retournerai jamais plus parce qu'il est mort là bas et que j'ai compris un truc qui m'avait échappé jusqu'à lors.
Un truc con, Zed s'était logé en hauteur sur un toit en embarquant le fusil après avoir calé un petit groupe de nerds. J'aurai pu le faire, mais y avait fallu, une fois encore, que je chicane en lui disant que j'étais pas son larbin. Je voulais juste l'emmerder un peu, et finalement j'aurai pas dû. Il a zigouillé les morts depuis l'étage puis s'est redressé sur rebord du toit. C'était pas franchement haut, mais quand je l'ai vu collé la main sur son palpitant, puis vacillé direct vers le vide, j'ai hurlé. C'est pas comme dans les films, rien à voir, si j'ai cru qu'il allait bien, c'était pas le cas... D'une il s'était retourné le poignet en chutant, de deux ... il respirait plus. Je suis restais là, comme un sale con à me maudire de l'avoir envoyé chier deux minutes plus tôt, à pleurer comme un gamin alors que j'avais jamais pleuré mon mère. C'était ma faute... Une heure a passé, deux, j'avais les yeux éclatés, je reniflais comme un mioche. Puis, je l'ai vu bouger. Si dix secondes j'ai ris puis souris, j'ai vite compris que c'était plus Zed, mais un nerd. Le teint grisâtre, les yeux laiteux. J'y croyais pas, il avait pas été mordu il ... il avait rien il était juste … mort. Pas de morsure pas de griffure, pas de contact avec le sang d'un nerd alors, fallait juste y passer pour muter ?
Je l'ai achevé, après un putain de temps à m'éloigner de lui sans vouloir le perdre pour autant. J'avais récupéré le fusil, mais là où j'aurai dû le semer je pouvais pas, jusqu'à me dire qu'il aurait pas aimé errer comme un « Râtelier ». J'ai attendu qu'il vienne, et parce que je voulais que ce soit propre, je lui ai tiré une balle dans le crâne avant de retenir son corps. J'en ai peut-être chié, j'ai peut-être chialé comme jamais, mais je l'ai enterré dans un des parcs de la ville. J'ai récupéré sa plaque de matricule qu'il gardait toujours sur lui, mais lui ai laissé tout ce qu'il avait emporté de sa baraque pour m'aider moi, moi qui aurait pu lui éviter de crever.
Fin Aout j'avais le cœur lourd, la mine basse, je me sentais atrocement seul et je faisais que me retourner, à la moindre réussite, en espérant le voir me gratifier d'un sourire. J'ai trouvé quelques cartouches sur des corps putréfiés de militaires, des chargeurs. Pas grand chose mais de quoi continuer. J'ai repris la route, traversé Bellevue et vers Septembre je suis arrivé à Seattle. J'avais jamais vu la Space-Needle, et maintenant que j'avais du temps, qu'il fallait que je reste patient, finalement, pourquoi pas le perdre entre deux nerds ?
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Re: I'm a dead man walking
Jeu 22 Nov 2018 - 10:14
J'aime pas le roi Julian je le trouve INSUPPORTABLE !
... mais heureusement, ton titre de topic est bien \m/ \m/ ♫ Deaaad maaaaan walkiiiiiing ♪
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Re: I'm a dead man walking
Jeu 22 Nov 2018 - 11:19
Merci vous quatre, et Selene t'as juste pas de goût c'est tout (enfin à moitié tout de même c'est pardonnable x))
/me s'en va avec Corey pour lui trouver un harmonica.
Donnie tu vas m'la faire celle là ? XD
/me s'en va avec Corey pour lui trouver un harmonica.
Donnie tu vas m'la faire celle là ? XD
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Re: I'm a dead man walking
Jeu 22 Nov 2018 - 12:02
Elle s'arrête jamais celle-là xD
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