Tell me you understand
Dim 25 Nov 2018 - 18:23
- Je peux ? Elle planta ses yeux sombres dans ceux de l'homme, le front plissé alors que ses sourcils épais s'étaient légèrement relevés. Son menton montrait la place libre à côté de Ludwig. Son visage exprimait qu'elle ne voulait pas s'imposer.
Comme lorsqu'elle était arrivée au District, Romy avait passé ses premiers jours à Nisqually à observer ces nouvelles personnes avec lesquelles elle allait maintenant devoir apprendre à vivre. Comme ça, petit à petit, sans nécessairement encore oser les appocher, elle apprenait à les découvrir. Dans le lot, elle avait bien noté le recul que prenait le libraire par rapport aux autres et cela l'intriguait. Elle ne pouvait affirmer si cela lui ressemblait, car elle n'avait pas la prétention de le connaître. Tout au plus l'avait-elle seulement croisé alors qu'ils vivaient encore tous deux chez « l'ennemi ». Puis ils s'étaient rapidement parlé lors de ces deux jours passés au ranch, à attendre. Le dénouement de toute cette affaire...
- Tout reconstruire ici, ça va prendre du temps. Se faire à tout ça aussi. La nouvelle donne qui leur était proposée : ce groupe reconstitué et elle qui s'y incrustait avec sa cousine comme un cheveu sur la soupe. Elle pinça les lèvres et jeta un coup d'oeil au garçon, tout en s'asseyant près de lui. Il y eut un instant de flottement, comme de la gêne. Je sais qu'on ne s'est pas vraiment parlé quand on était encore... là-bas. C'est de ma faute, j'avais peur de... De tellement de choses. La première était de ne pas être sûre de ses choix.
Quand Victoria l'avait gracieusement ramenée avec elle à Renton, quand elle avait rencontré Zack et comprit qui ils étaient, Romy s'était sentie investie d'une mission : celle de rendre justice à ces amis que Roza avait perdus. Mais elle s'était attachée à bon nombre de ces sombres salauds, comme les gens d'ici pouvaient les nommer. Puis n'était-ce pas simplement mener la russe vers sa mort que de l'entrainer dans la tanière d'une telle meute de loups ? L'incertitude, le remord, ces sentiments l'avait bouffée quotidiennement pendant presque quatre mois. Aujourd'hui, Vic était morte. Tout comme Tom. Zack aussi certainement. Kyle, May et les autres, quelles étaient les chances qu'ils s'en soient sortis ? Elle voulait continuer de croire qu'elle avait fait le bon choix pourtant une part d'elle ne savait toujours pas...
- Je suis désolée de ce qu'ils t'ont obligé à vivre. La captivité, l'effroi. D'être le prochain. De subir le même sort que Nola ou Edward. Tu dois être soulagé d'avoir retrouvé les tiens, reprit-elle. Une notion qui paraissait pour elle encore tellement inaccessible. Elle était loin de faire partie de ce groupe. Sa famille, c'était Leila et Leila seulement. Parce que la vie en avait décidé ainsi jusqu'à maintenant.
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Re: Tell me you understand
Dim 25 Nov 2018 - 21:30
La voix féminine le sortit de ses songes. Il tourna son visage vers Romy et lui offrit un petit sourire timide avant de retirer ses affaires du banc pour les poser à ses pieds. Il n'osa pas parler. Peut-être était-elle là pour les mêmes raisons que lui. Dans le doute, il garda le silence.
Face aux chevaux, Ludwig s'était un peu perdu dans ses pensées. Puisqu'il ne pouvait plus lire, ni écrire et encore moins dessiner sans ses lunettes, lorsqu'il ne mettait pas la main à la pâte, il était plus difficile pour lui de s'occuper. Alors il pensait. Même s'il était le premier à savoir que trop penser était mauvais pour la santé.
Ses doigts fins vinrent réajuster l'écharpe autour de son cou. Il toussota dans le creux de sa main, tandis que son regard se baladait d'un cheval à l'autre. Créatures neutres et paisibles malgré leur puissance indiscutable.
Son visage s'abaissa légèrement lorsque la jeune femme prit la parole. Une lueur mélancolique vint briller dans ses prunelles. Il ne répondit pas, ne sachant, en fin de compte, pas vraiment quoi dire.
Il releva brièvement ses yeux quand elle ne termina pas sa phrase. Peur de … ? Il n'aura pas la réponse, et n'en avait aucune idée. Gravement, il hocha la tête, comme s'il voyait totalement ce qu'elle voulait dire, alors que pas vraiment. Il ne savait pas qui était Romy, ni vraiment ce qu'elle avait fait. Et, au final, ça ne changerait pas grand chose.
- Pourquoi tu t'excuses ? S'enquit-il finalement.
Il se redressa un peu, étira sa nuque et frotta ses mains l'une contre l'autre pour les réchauffer. Certes, il avait souffert. Mais, finalement, il ne pensait pas être le plus à plaindre dans l'histoire. En tant qu'otage, et bien qu'il avait peur, il était bien traîté, bien nourri. On le considérait même comme un pair. Et lui s'était aussi attaché. Si lui et Romy discutaient franchement de tout ça, ils se rendraient compte que bons nombres de points communs pouvaient les relier.
- Soulagé, oui … souffla-t-il dans un bref haussement d'épaules.
Il se pinça les lèvres et joua du bout du pied avec un petit caillou. Après un soupir, il ajouta, sans vraiment savoir pourquoi il se confiait ainsi :
- Je crois … que je pensais que je n'allais jamais revenir. Que … que je m'en étais persuadé, je sais pas si c'est clair. Alors...
Une grande inspiration fit gonfler son buste. Il gardait son visage de face et faisait mine d'être absorbé par la contemplation des chevaux.
- J'arrive pas trop à m'ancrer dans cette nouvelle vie.
Un fin sourire fut posé sur ses lèvres. Il secoua la tête pour chasser ses mots. Dans son timbre de voix, il fit en sorte de placer un peu plus de joie.
- C'est bien que toi et ton amie aient pu venir avec nous. J'espère que vous parviendrez à y trouver votre place. Vous le méritez.
Face aux chevaux, Ludwig s'était un peu perdu dans ses pensées. Puisqu'il ne pouvait plus lire, ni écrire et encore moins dessiner sans ses lunettes, lorsqu'il ne mettait pas la main à la pâte, il était plus difficile pour lui de s'occuper. Alors il pensait. Même s'il était le premier à savoir que trop penser était mauvais pour la santé.
Ses doigts fins vinrent réajuster l'écharpe autour de son cou. Il toussota dans le creux de sa main, tandis que son regard se baladait d'un cheval à l'autre. Créatures neutres et paisibles malgré leur puissance indiscutable.
Son visage s'abaissa légèrement lorsque la jeune femme prit la parole. Une lueur mélancolique vint briller dans ses prunelles. Il ne répondit pas, ne sachant, en fin de compte, pas vraiment quoi dire.
Il releva brièvement ses yeux quand elle ne termina pas sa phrase. Peur de … ? Il n'aura pas la réponse, et n'en avait aucune idée. Gravement, il hocha la tête, comme s'il voyait totalement ce qu'elle voulait dire, alors que pas vraiment. Il ne savait pas qui était Romy, ni vraiment ce qu'elle avait fait. Et, au final, ça ne changerait pas grand chose.
- Pourquoi tu t'excuses ? S'enquit-il finalement.
Il se redressa un peu, étira sa nuque et frotta ses mains l'une contre l'autre pour les réchauffer. Certes, il avait souffert. Mais, finalement, il ne pensait pas être le plus à plaindre dans l'histoire. En tant qu'otage, et bien qu'il avait peur, il était bien traîté, bien nourri. On le considérait même comme un pair. Et lui s'était aussi attaché. Si lui et Romy discutaient franchement de tout ça, ils se rendraient compte que bons nombres de points communs pouvaient les relier.
- Soulagé, oui … souffla-t-il dans un bref haussement d'épaules.
Il se pinça les lèvres et joua du bout du pied avec un petit caillou. Après un soupir, il ajouta, sans vraiment savoir pourquoi il se confiait ainsi :
- Je crois … que je pensais que je n'allais jamais revenir. Que … que je m'en étais persuadé, je sais pas si c'est clair. Alors...
Une grande inspiration fit gonfler son buste. Il gardait son visage de face et faisait mine d'être absorbé par la contemplation des chevaux.
- J'arrive pas trop à m'ancrer dans cette nouvelle vie.
Un fin sourire fut posé sur ses lèvres. Il secoua la tête pour chasser ses mots. Dans son timbre de voix, il fit en sorte de placer un peu plus de joie.
- C'est bien que toi et ton amie aient pu venir avec nous. J'espère que vous parviendrez à y trouver votre place. Vous le méritez.
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Re: Tell me you understand
Sam 8 Déc 2018 - 10:27
Les écuries étaient un lieu dans lequel Romy avait prit l'habitude de se rendre de temps en temps. Comme si elle se sentait ici moins intruse, auprès de ces animaux qui ne la jugeaient pas. Puis Isaac s'était montré tellement accueillant et pédagogue, contrairement à bon nombre des autres habitants. Elle n'avait jamais approché un cheval avant ça, mais elle apprendrait sans nul doute à les découvrir davantage au fil des mois. Jusqu'à les monter peut-être, même si la liberté du dehors ne l'attirait toujours pas.
Elle haussa les épaules, quand Ludwig lui demanda d'où venaient ses excuses. Et surtout pourquoi ? Elle n'était effectivement pas celle qui l'avait arraché à son foyer. Il n'avait à lui reprocher aucun trauma.
- Je me disais parfois que j'aurais du vous approcher. Pour vous rassurer ? Ou vous préparer peut-être au fait qu'ils reviennent vous chercher ? Elle tourna le visage vers l'ancien libraire. Est-ce que cela aurait changé quelque chose dans le groupe d'otages s'ils savaient qu'ils avaient une alliée dans le camp ennemi ? Que celle-ci avait donné des informations capitales à Roza pour que leurs proches leur viennent en aide ? Un peu de baume au cœur. D'espoir pour la suite. Elle pinça les lèvres. Le jeune homme avait certainement raison, il n'y avait pas de regrets à avoir. Ce qui était fait, était fait.
Ludwig évoqua alors à demi-mot, les yeux dans le vague, ses tourments : la difficulté qu'il avait à retrouver sa place ici, après ce qu'il avait vécu. Une place que les cousines avaient également du mal à trouver parmi ces étrangers. Romy força un sourire.
- Merci, répondit-elle dans un murmure. Oui ça se fera sûrement progressivement. Le temps qu'on apprenne à se connaître. S'ils essaient d'apprendre à nous connaître, ajouta-t-elle toutefois, avec une pointe d'amertume peut-être dans la voix. Jusqu'ici, sa plus grande difficulté n'était pas d'encaisser les reproches qu'on aurait pu leur faire. C'était de briser cette indifférence qu'une bonne partie du groupe affichait à leur égard. Ils leur donnaient souvent l'impression de ne pas être là. Jusqu'ici, peu de monde était venu naturellement jusqu'à elles. Ne serait-ce que pour discuter, s'intéresser. Je pensais qu'ils seraient intéressés pour en savoir plus sur l'autre groupe, commença-t-elle à dire alors. Elle parlait bien entendu des Remnants. Ils ne m'ont rien demandé, comme s'ils avaient complètement tourné la page. Tu leur as parlé ? Peut-être pensaient-ils avoir collecté toutes les informations possibles avec les anciens otages. Dont la parole leur semblait plus fiable que celle des cousines. Tu crois que cette idée de paix durera ?
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Re: Tell me you understand
Dim 23 Déc 2018 - 12:31
Il se pinça les lèvres et baissa les yeux vers ses mains liées sur ses genoux.
- On a chacun notre lot de problème et de préoccupations.
Romy apprendra bien vite que Ludwig n'est pas du genre à reprocher. Chaque humain, selon lui, a sa manière de faire et de se protéger, chacun a ses propres raisons et ses propres explications. Romy n'avait aucune obligation, et personne n'avait à lui reprocher quoique ce soit. Alors oui, peut-être que certains des otages auraient apprécié être rassurés, recevoir un message, même infime, d'espoir. Peut-être que Ludwig aurait aimé. Mais Romy ne l'avait pas fais, et elle avait ses raisons. Personne n'avait à la juger pour ça, et elle n'avait pas à s'en vouloir pour si peu.
Suite à cela, elle avoua vaguement, sans vraiment le dire, qu'elle ne se sentait pas réellement à sa place essentiellement à cause des autres survivants qui ne faisaient pas vraiment attention à elle et à sa cousine.
Le libraire avala sa salive et posa un air un peu embêté sur son visage. Pouvait-on également leur en vouloir, à tous, obnubilés par leurs propres fantômes ? Le grand rouquin était persuadé que certains n'étaient même pas au courant de la présence des deux jeunes femmes. C'était un peu triste, en y pensant.
Un silence pensif lui servit de piètre réponse. Il ne savait pas s'il avait les mots, ni s'ils étaient assez doux pour mériter d'être dit. Parce qu'il était, au fond, d'accord avec elle : la plupart n'avait probablement pas envie de parler de tout ça. C'était du côté des leaders que c'était peut-être le plus surprenant. Et maintenant qu'il y pensait … Personne, non plus, était venu le voir.
- Comme si tout le monde faisait comme s'ils avaient oublié.
Il se redressa légèrement pour venir croiser les bras contre son buste.
- Non … non, pas vraiment. Je crois que j'essaie d'oublier aussi. Enfin... je fais … comme si. Apparemment, c'est l'attitude à adopter. Mais … c'est pas une bonne chose. On dirait que tout le monde se voile la face. Peut-être qu'ils vont venir dans quelques temps. Quand les mots feront moins mal.
La dernière question de Romy le laissa muet un long moment. Ludwig laissa son regard glisser sur les chevaux sans vraiment les voir, sans vraiment réfléchir à une réponse pertinente.
Il aurait aimé, se montrer optimiste, comme il l'était avant. Mais il avait beau être naïf, il n'était pas idiot. Il voyait … Tout le monde voyait et constatait ce qu'il se passait. Les âmes brisées étaient changées à jamais et imposaient leurs tourments et troubles aux autres innocents. Il n'y avait plus de bienveillance, d'optimisme. C'était ça qui transformait les hommes.
- Je suis même pas sûr que les notions de paix et de guerre aient encore un sens, souffla-t-il après avoir secoué la tête.
Il finit par toussoter et forcer un sourire à dérider son visage, avant de se tourner un peu plus vers Romy, l'air un peu plus engageant.
- Enfin … Content de te connaître, quand même. Je suis sûr que ce n'est qu'une question de temps avant que vous parveniez à vous sentir bien, ici. Tu … Vous étiez seuls, dehors, avant ?
- On a chacun notre lot de problème et de préoccupations.
Romy apprendra bien vite que Ludwig n'est pas du genre à reprocher. Chaque humain, selon lui, a sa manière de faire et de se protéger, chacun a ses propres raisons et ses propres explications. Romy n'avait aucune obligation, et personne n'avait à lui reprocher quoique ce soit. Alors oui, peut-être que certains des otages auraient apprécié être rassurés, recevoir un message, même infime, d'espoir. Peut-être que Ludwig aurait aimé. Mais Romy ne l'avait pas fais, et elle avait ses raisons. Personne n'avait à la juger pour ça, et elle n'avait pas à s'en vouloir pour si peu.
Suite à cela, elle avoua vaguement, sans vraiment le dire, qu'elle ne se sentait pas réellement à sa place essentiellement à cause des autres survivants qui ne faisaient pas vraiment attention à elle et à sa cousine.
Le libraire avala sa salive et posa un air un peu embêté sur son visage. Pouvait-on également leur en vouloir, à tous, obnubilés par leurs propres fantômes ? Le grand rouquin était persuadé que certains n'étaient même pas au courant de la présence des deux jeunes femmes. C'était un peu triste, en y pensant.
Un silence pensif lui servit de piètre réponse. Il ne savait pas s'il avait les mots, ni s'ils étaient assez doux pour mériter d'être dit. Parce qu'il était, au fond, d'accord avec elle : la plupart n'avait probablement pas envie de parler de tout ça. C'était du côté des leaders que c'était peut-être le plus surprenant. Et maintenant qu'il y pensait … Personne, non plus, était venu le voir.
- Comme si tout le monde faisait comme s'ils avaient oublié.
Il se redressa légèrement pour venir croiser les bras contre son buste.
- Non … non, pas vraiment. Je crois que j'essaie d'oublier aussi. Enfin... je fais … comme si. Apparemment, c'est l'attitude à adopter. Mais … c'est pas une bonne chose. On dirait que tout le monde se voile la face. Peut-être qu'ils vont venir dans quelques temps. Quand les mots feront moins mal.
La dernière question de Romy le laissa muet un long moment. Ludwig laissa son regard glisser sur les chevaux sans vraiment les voir, sans vraiment réfléchir à une réponse pertinente.
Il aurait aimé, se montrer optimiste, comme il l'était avant. Mais il avait beau être naïf, il n'était pas idiot. Il voyait … Tout le monde voyait et constatait ce qu'il se passait. Les âmes brisées étaient changées à jamais et imposaient leurs tourments et troubles aux autres innocents. Il n'y avait plus de bienveillance, d'optimisme. C'était ça qui transformait les hommes.
- Je suis même pas sûr que les notions de paix et de guerre aient encore un sens, souffla-t-il après avoir secoué la tête.
Il finit par toussoter et forcer un sourire à dérider son visage, avant de se tourner un peu plus vers Romy, l'air un peu plus engageant.
- Enfin … Content de te connaître, quand même. Je suis sûr que ce n'est qu'une question de temps avant que vous parveniez à vous sentir bien, ici. Tu … Vous étiez seuls, dehors, avant ?
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Re: Tell me you understand
Mer 9 Jan 2019 - 13:27
C’était toute l’ironie de la situation dans le camp aujourd’hui et cela s’éterniserait plusieurs semaines au moins : ce désir de tourner la page, de s’efforcer à ne pas penser à ce groupe étranger contre lequel ils avaient lutté, qu’ils avaient massacré, tout en se noyant tous plus ou moins dans leurs peines, leurs traumatismes et leurs souvenirs. Un comble ! Romy, comme toujours, s’efforçait de comprendre, mais une part de cette logique lui échappait. Toute la dynamique même de ce groupe était finalement complexe, alors qu’il était tiraillé entre leurs aspirations communes et les liens forts et les divisions anciennes. Il était certainement égoïste de la part de la bouclée d’espérer dans ces conditions un peu d’attention.
Elle hocha la tête, en pinçant les lèvres. Ludwig paraissait tout aussi dépassé qu’elle, à la différence près qu’il connaissait la plupart de ces gens depuis bien plus longtemps.
- Je n’ai jamais eu que le discours de Roza sur ces gens, avant. Avant d’être impliquée là-dedans jusqu’au cou finalement. Vous aussi j’imagine… Je sais qu’ils vous ont approchés un peu brutalement, mais j’ai entendu différent son de cloche sur ce jour où ils vous ont pris pour otage. Elle s’humecta les lèvres. Car qu’ils l’affirment ou non, les habitants du ranch avaient leur part de responsabilités dans la façon dont les évènements s’étaient déroulés. Tu crois que ça aurait pu - voire aurait dû – se passer autrement ?
Finalement qu’est-ce que les gens digéraient aujourd’hui ? Le fait d’avoir perdu quelques amis ? D’avoir tué une trentaine d’inconnus ? Ou bien de vivre avec cette culpabilité de n’avoir jamais concrètement imaginé une autre alternative ? Un peu tout ça certainement…
- Tu as peut-être raison, répondit-elle à la remarque du norvégien sur la guerre et la paix. Mais je veux croire qu’un jour elle retrouvera tout son sens. Même si on ne sera probablement plus là pour voir ça… Elle pinça les lèvres. Comme le garçon choisit de changer de sujet, l’égyptienne acquiesça. Juste avant l’été, oui en quelque sorte. Mais jamais non plus complètement, il y a toujours eu des gens… Elle mordit légèrement sa lèvre, relevant ses yeux noirs vers le libraire. Faut être honnête. Tu n’as probablement pas vu mes faits d’arme et pour cause… Il y a certaines choses que je ne peux simplement pas faire. Être toute seule là-bas, au dehors, ce n’est… pas vraiment mon élément. Je… Exprimer le fait qu’elle n’y arrivait pas. A affronter ses terreurs, à se défendre ne serait-ce que par elle-même, c’était juste… insurmontable. Elle baissa le regard, un peu honteuse de ses faiblesses. Consciente toutefois que sa force était ailleurs. Dans sa tête. Quand elle releva le visage, ce fut ainsi pour retourner la question à Ludwig. Tu as toujours vécu avec ce groupe-là, toi ?
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Re: Tell me you understand
Mar 29 Jan 2019 - 13:41
- Je … je ne suis pas un grand adepte des histoires des Hommes, en règle générale, même si cela concerne mon groupe.
Il en avait un peu honte, maintenant qu'il le disait.
- Je ne connais que les grandes lignes de ce qu'il s'est passé. Mais c'est suffisant. Je crois. Et … et oui, ça aurait sûrement pu se passer autrement. Enfin... ça aurait pu être moins violent, je suppose. Mais … mais les autres n'auraient pas dû venir. Ils auraient dû nous laisser, simplement. L'agressivité dont a fait preuve nos leaders est, au fond, compréhensible. Seulement … ils n'ont peut-être pas mesuré la chose. Je crois que personne pensait que ça aurait pu dégénérer à ce point.
Son corps ploya un peu plus en avant tandis que ses mains remontaient le col de sa veste sur son visage. Il avait un goût amère dans la bouche. À cause de ce temps perdu, subtilisé par ce groupe d'inconnus, et toutes ces vies prises, tant dans leur groupe que dans le sien. Tout ça n'avait été qu'un carnage inutile qui témoignait de la colère des hommes.
- Je l'espère aussi, souffla-t-il quand Romy parla de son désir de voir un jour la paix reprendre son sens.
La discussion bifurqua finalement vers l'histoire de la jeune femme, que Ludwig écouta avec attention, regard baissé vers le sol. À l'évidence, l'égyptienne était tourmentée par sa propre personne. Elle semblait avoir honte d'elle et de ce qu'elle avait pu faire, et cela peina le libraire qui lui jeta un regard en biais. Il aurait aimé pouvoir la rassurer. Mais il ne connaissait effectivement pas son parcours, ses faits d'arme. Et il était difficile de consoler quelqu'un sans la connaître réellement. Alors, il garda le silence à ce sujet, et choisit de lui offrir un simple sourire compréhensif, sans jugement. Tout le monde était humain avant tout. Il n'y avait pas de héros.
- J'espère que ce groupe t'apportera ce que tu cherche malgré tout.
Le sujet de la conversation se tourna ensuite vers le norvégien, qui joua le jeu de la confession. Il se sentait plus à l'aise, après trois années d'épidémie, pour s'exprimer et parler de lui, même si ce n'était pas encore ça. La question de Romy était simple et pas du tout intrusive.
Il se redressa un peu et croisa les bras contre son buste. En face de lui, les chevaux déambulaient sereinement, loin des tracas des hommes.
- Hm … plus ou moins, oui. Enfin … Le groupe actuel n'est qu'un condensé de rescapés d'autres groupes. Mais oui, j'ai toujours vécu en groupe. On a parcouru pas mal de kilomètres et enchaînés pas mal de refuges avant de se retrouver ici. Je … je n'ai jamais été tout seul. Pas une seule fois.
Un petit rire gêné lui échappa. Il haussa les épaules. Depuis le début, il avait été impressionné par tous les gens qu'il rencontrait et qui avaient passés du temps à l'extérieur. Il les admirait, et plus le temps passait, plus il avait peur, lui, de finir par s'y retrouver seul. Un peu comme s'il s'agissait d'un croque-mitaine qu'on racontait aux enfants et qui grandissait chaque jour un peu plus.
- A coup sûr que je me ferais abattre au moindre pied mis à l'extérieur, lâcha-t-il dans une piètre tentative d'humour.
Il en avait un peu honte, maintenant qu'il le disait.
- Je ne connais que les grandes lignes de ce qu'il s'est passé. Mais c'est suffisant. Je crois. Et … et oui, ça aurait sûrement pu se passer autrement. Enfin... ça aurait pu être moins violent, je suppose. Mais … mais les autres n'auraient pas dû venir. Ils auraient dû nous laisser, simplement. L'agressivité dont a fait preuve nos leaders est, au fond, compréhensible. Seulement … ils n'ont peut-être pas mesuré la chose. Je crois que personne pensait que ça aurait pu dégénérer à ce point.
Son corps ploya un peu plus en avant tandis que ses mains remontaient le col de sa veste sur son visage. Il avait un goût amère dans la bouche. À cause de ce temps perdu, subtilisé par ce groupe d'inconnus, et toutes ces vies prises, tant dans leur groupe que dans le sien. Tout ça n'avait été qu'un carnage inutile qui témoignait de la colère des hommes.
- Je l'espère aussi, souffla-t-il quand Romy parla de son désir de voir un jour la paix reprendre son sens.
La discussion bifurqua finalement vers l'histoire de la jeune femme, que Ludwig écouta avec attention, regard baissé vers le sol. À l'évidence, l'égyptienne était tourmentée par sa propre personne. Elle semblait avoir honte d'elle et de ce qu'elle avait pu faire, et cela peina le libraire qui lui jeta un regard en biais. Il aurait aimé pouvoir la rassurer. Mais il ne connaissait effectivement pas son parcours, ses faits d'arme. Et il était difficile de consoler quelqu'un sans la connaître réellement. Alors, il garda le silence à ce sujet, et choisit de lui offrir un simple sourire compréhensif, sans jugement. Tout le monde était humain avant tout. Il n'y avait pas de héros.
- J'espère que ce groupe t'apportera ce que tu cherche malgré tout.
Le sujet de la conversation se tourna ensuite vers le norvégien, qui joua le jeu de la confession. Il se sentait plus à l'aise, après trois années d'épidémie, pour s'exprimer et parler de lui, même si ce n'était pas encore ça. La question de Romy était simple et pas du tout intrusive.
Il se redressa un peu et croisa les bras contre son buste. En face de lui, les chevaux déambulaient sereinement, loin des tracas des hommes.
- Hm … plus ou moins, oui. Enfin … Le groupe actuel n'est qu'un condensé de rescapés d'autres groupes. Mais oui, j'ai toujours vécu en groupe. On a parcouru pas mal de kilomètres et enchaînés pas mal de refuges avant de se retrouver ici. Je … je n'ai jamais été tout seul. Pas une seule fois.
Un petit rire gêné lui échappa. Il haussa les épaules. Depuis le début, il avait été impressionné par tous les gens qu'il rencontrait et qui avaient passés du temps à l'extérieur. Il les admirait, et plus le temps passait, plus il avait peur, lui, de finir par s'y retrouver seul. Un peu comme s'il s'agissait d'un croque-mitaine qu'on racontait aux enfants et qui grandissait chaque jour un peu plus.
- A coup sûr que je me ferais abattre au moindre pied mis à l'extérieur, lâcha-t-il dans une piètre tentative d'humour.
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Re: Tell me you understand
Sam 9 Mar 2019 - 12:41
Contrairement à ce qu'il pouvait croire, Romy n'avait pas honte de ce qu'elle avait pu faire. Toutes ces choses sordides auxquelles elle avait du s'adonner pour survivre. Que ce soit lustrer la patte de ses protecteurs – pour ne pas dire autre chose – ou se vendre pas seulement au plus offrant. Elle continuait de voir ceci comme un mal nécessaire. Un sacrifice qu'elle avait du faire pour se maintenir en vie. Elle s'était au passage trouver un rôle essentiel. Car d'une certaine façon, tous ces hommes qu'elle avait croisés avaient aussi eu besoin d'elle. Dans une autre mesure, certes, mais était-elle pour autant négligeable ? Aujourd'hui, loin de ce quotidien, elle devait réapprendre à trouver sa place. C'était en cela que son manque de courage à l'extérieur l'handicapait. Elle ne savait pas comment faire ses preuves parmi ces gens, maintenant que ses armes passées étaient rangées.
Elle esquissa un sourire sur la réponse de Ludwig. Elle ne cherchait plus grand chose, alors elle ne manquerait probablement pas de le trouver, c'était sûr ! Elle écouta ensuite attentivement son parcours à lui et planta ses yeux sombres dans les siens, avant de les détourner pour regarder autour d'elle.
- Alors on se ressemble sur ce point, ajouta-t-elle en forçant un sourire sans joie. Car qui pouvait vraiment se réjouir d'être de tels incapables. Mais les communauté comme celles-ci nous offrent une chance. De se démarquer autrement, pas vrai ? Elle réflechit quelques instants, avant d'oser demander au norvégien son avis sur la façon dont elle pourrait réellement se montrer utile ici. Je joue les petites mains ici, en aidant à droite à gauche, tout ceux qui en ont besoin. Je ne sais pas toujours comment me rendre utile... tu aurais une idée ? Lui demanda-t-elle franchement. Peut-être participait-il lui-même à un projet où elle pourrait aider ? On ne leur avait pas réellement attribuer de « rôles » a proprement parler. Certains avaient bien entendu pris des initiatives, de par leurs expertises passées ou nouvellement acquises, aussi les autres se contentaient-ils de suivre.
Elle prit une inspiration. Les choses changeaient vite. Pourtant cela faisait trop peu de temps qu'ils étaient arrivés ici, alors elle avait encore du mal à se projeter dans quelques mois, à la fin de l'hiver ou à l'été, quand la communauté aurait réellement pris ses aises. Une part d'elle se refusait aussi de voir aussi loin, elle en avait perdu l'habitude.
- Tu me diras en tout cas, si à l'occasion je peux t'aider pour quoi que ce soit, ajouta-t-elle, dans un sourire au rouquin.
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