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JASON HORN
Jeu 20 Déc 2018 - 17:24
40 ans ≡ Étasunien ≡ Chirurgien traumatologue ≡ The Remnants
La procrastination, je la laisse pour les autres. Ce n’est clairement pas mon truc. Tous les matins, aux premières lueurs du jour, j’ai pour habitude de m'entrainer. Pompages, abdominaux, flexions, footing, une routine nécessaire ! Il y a des habitudes que même une épidémie à échelle planétaire ne peut effacer. Un corps sain dans un esprit sain. C’est ce qu’on nous répétait en fac’ de médecine quand j’étais plus jeune.
Avant le grand Changement, j’ai principalement forgé mon caractère à travers mon éducation et ma profession. Quand on est chirurgien et qu’on veut le rester longtemps, il y a des choses à apprendre et des choses à changer. On développe donc instinctivement une certaine habileté manuelle, un sang-froid et une résistance physique et nerveuse hors-du-commun. Je me devais d'être très pointilleux, très consciencieux dans la plupart de mes tâches. C’est ce même sang-froid qui m’a permis d’outre passer des situations critiques et de survivre dans un monde enclin au chaos. C'est ce qui fait que dans l'ensemble des situations auxquelles je suis généralement confronté, je panique rarement et je sais garder mon calme.
J’ai également appris à relativiser et voir le bon côté des choses. Quand j’étais en bloc opératoire, bien que dans plusieurs cas les chances de réussite étaient infimes, je me devais de donner de l’espoir à mes patients sur le point d’être opérés. Je me devais d’aller jusqu’au bout sans jamais abandonner prématurément. Mon optimisme permet très souvent à mes camarades de me faire confiance et de garder espoir. Lorsqu’on passe plusieurs heures de suite en maintenant une concentration extrême, on développe également une patiente légendaire. Ce métier a contribué à faire de moi l’homme que je suis aujourd’hui.
Lorsque l’épidémie s’est déclarée, beaucoup de choses ont changées. Je perdu foi en l’homme durant très longtemps. Pour survivre, j’ai dû faire des choses auxquelles je n’étais pas préparé psychologiquement. Le monde avait changé. Je me sentais seul contre tous. J’ai été victime de violences physiques, on m’a dépouillé à de nombreuses reprises et j’ai vécu un paquet d’autres crasses qui m’ont poussé à ne compter que sur moi-même sans jamais accorder ma confiance à qui que ce soit.
Aujourd’hui, j’en suis arrivé à un stade où très peu de choses me choquent ou m’étonnent. J’ai apprivoisé le silence afin de pouvoir survivre seul sur les routes américaines. Telle une tortue, je suis entré dans une carapace qui s’est épaissie avec le temps. Le recours à la violence est devenu inévitable pour pouvoir survivre. La moindre hésitation pouvait être fatale. Là où moi je pouvais hésiter, d’autres était sans scrupules. Le changement s’est opéré en moi sans que je puisse avoir le contrôle dessus. C’est ça la survie… J’ai arrêté de faire confiance à qui que ce soit après la tragédie de la scierie. Méfiance et suspicion sont devenues mes mots d’ordres lorsque je tombais sur des survivants.
J’ai changé. C’est indéniable. Je nourris une profonde colère en moi qui se fait ressentir lorsque le recours à la violence est inévitable. Je suis alors comme animé par un démon. Je n’ai jamais été véritablement violant par le passé. Certes, il m’est arrivé de me battre lorsque j’étais très jeune. Assez souvent pour ainsi dire. Mais c’est comme comparer le soleil et la lune. Lorsque je repense à ces bagarres d’écoliers aujourd’hui, je n’ose même pas qualifier ça de violence. Il n’y avait pas de haine à cette époque-là. Seulement de la rancune. Parce que oui, j’ai toujours été très rancunier depuis mon plus jeune âge sans vraiment savoir pourquoi. Lorsque je me battais, c’était pour défendre des valeurs. Pour défendre mon ami.
Après le Changement, tout a changé. Le monde a changé, les gens ont changés. J’ai dû m’adapter pour pouvoir survivre. Malgré ma rencontre avec les Remnants et leur civilisation en devenir, je reste intimement persuadé qu’on doit devenir un monstre pour pouvoir survivre parmi les monstres. Du moins, il en faut. C’est le sentiment que j’ai vis-à-vis de moi-même. J’ai l’impression que de par certaines choses que j’ai pu faire, je suis moi-même devenu un monstre…
1 mètre 75 pour 70 kilos. Pour pouvoir soigner et réparer le corps des autres, il faut d’abord prendre soin du sien. Depuis l’enfance, j’ai toujours eu besoin de bouger. Très tôt, mon père m’a inscrit au tennis. Depuis, je n’ai jamais cessé de faire du sport malgré un emploi du temps très chargé. On est loin du bodybuilder de compétition, mais je dispose tout de même d’une bonne musculature. En termes d’efforts physiques, je suis relativement endurant. C’est une des qualités requise pour pouvoir exercer le métier de chirurgien. Petit point négatif auquel je souhaiterai remédier un jour, ce serait de pouvoir apprendre à me battre à mains nues efficacement. En effet, je n’ai jamais pratiqué de sport de combat. Les seuls coups que j’ai pu donner et recevoir dans ma vie antérieure étaient dans la cour de récréation de l’école.
J’ai passé plusieurs années seul, à arpenter le pays. Lorsque je suis parti de Denver, j’ai emporté avec moi un sac à dos Trekking avec quelques vêtements de rechange, de la nourriture, des médicaments et mon petit revolver. La seule chose de cette époque que j’ai pu conserver jusqu’à aujourd’hui c’est mon caleçon. Entre les vols, les pertes, et le fait de devoir déguerpir en vitesse dans certaines situations dangereuses, je n’ai pas pu garder toutes mes affaires. Mais ce que je ne savais pas encore, c’était que le monde appartenait désormais à tout le monde. Quand je voulais quelque chose, je n’avais qu’à me servir. Parfois au détriment des autres…
Ce qui est le plus compliqué à trouver, ce sont les médicaments et la nourriture. Pour avoir traversé quatre états, je sais pertinemment qu’on peut trouver une arme bien plus facilement qu’une boite de conserve ou qu’un flacon de Pénicilline par exemple. Du moins, durant les premiers mois qui ont suivi le Changement.
Dans un monde parfait, j’aurais été équipé de deux pistolets munis de silencieux. De plusieurs armes blanches. D’une combinaison anti-émeute pour me protéger de ces foutus monstres. De rations de survie militaires plein le sac. Et cerise sur le gâteau, d’un petit bunker isolé. Mais on n’est pas dans un monde parfait. On se débrouille comme on peut pour survivre à cette merde qui nous est tombé dessus sans même que l’on s’en aperçoive.
J’ai réussi à survivre avec peu de choses là où certains groupes se sont laissés débordés alors qu’ils étaient armés jusqu’aux dents. La survie n’est pas seulement à la portée de celui qui tient le plus gros flingue. Faut être malin et méfiant pour survivre là dehors.
Lorsque je fus confronté aux membres des Remnants, j’avais sur moi un fusil à pompe Winchester 1200 avec deux cartouches dans le magasin ainsi qu’un marteau de charpentier. Dans mon sac Eastpak bleu se trouvaient une pierre à feu, une boite à moitié vide de pastilles purificatrices d’eau, une boussole cassée, un flacon d’eau oxygénée et un poncho que j’ai moi-même fabriqué à partir de sacs poubelle et de vêtements usés. J’étais vêtu d’une veste marron en daim à col mouton et d’un sweet-shirt noir sous lequel je portais deux t-shirts. Je portais également deux caleçons, un jean bleu usé ainsi que des bottines militaires que j’avais récupéré en tuant un ancien soldat transformé.
Je suis né le six juin 1978 à Seattle dans le quartier huppé de Queen Anne. Mon père, Edward Horn était médecin généraliste. Ma mère, je ne l’ai pas connue. Elle est décédée lorsque j’avais un an, d’une rupture d’anévrisme. J’ai été élevé par mon père et ma belle-mère Stella Roberts, avocate de profession. Je n’ai à priori jamais manqué de rien. Et pourtant j’ai été un sacré cancre durant ma jeunesse. Pour être honnête, il y a bien une chose pour laquelle j’ai ressenti un manque considérable durant ma jeunesse et pour laquelle j’aurais tronqué toutes les consoles et cadeaux qui m’étaient offerts. C’est de l’amour parental dont je parle. Mes parents étaient plus préoccupés par leur carrière que par moi.
Je n’ai jamais vraiment entretenu de bonnes relations avec mon père. Il a toujours été très dur envers moi. Inutile d’évoquer Stella pour qui tout ce qui importait était son mari et son emploi. La personne qui m’a le plus soutenu et aimé dans ma jeunesse était Maria, la femme de ménage. C’est elle qui s’occupait de la maison des Horn et qui me gardait. C’est aussi elle qui assistait à mes spectacles de fin d’année, qui m’accompagnait pour m’acheter des vêtements.
Je me battais beaucoup à l’école. Je n’étais ni la victime, ni le tyran. Mais je n’ai jamais hésité à prendre des coups ou à en donner lorsqu’il s’agissait de défendre mon meilleur ami, Bryan. De forte corpulence, il était continuellement sujet à des moqueries, des insultes et des agressions gratuites. Lorsque mon père apprenait que je m’étais battu, il me répétait toujours que je n’avais pas les tripes qu’il faut pour être le genre de personne qui passe pour un héros aux yeux des autres. Une phrase dont j’avais horreur. Quoi que j’en dise, il reste mon père et je le regrette aujourd'hui.
[1996]
Les années passèrent. Je suis rapidement devenu très autonome et débrouillard. Je n’ai jamais échoué durant ma scolarité. J’ai été élevé dans cette optique de perfectionnement et de dépassement de soi. Je n’ai pas vraiment eu le choix pour l’orientation de mes études. Mon père a toujours voulu que je suive ces traces. Pourtant, il a toujours représenté à mes yeux tout ce que je ne voulais pas devenir. Un homme orgueilleux et prétentieux qui juge les autres par leur niveau social. Il a donc fait jouer ses relations afin de m’envoyer dans le Massachusetts.
C’est donc à Harvard que s’est poursuivie ma scolarité lorsque j’eus 18 ans. Papa prenait en charge tous les frais de scolarité. En contrepartie je m’engageais à poursuivre la voie de la médecine. Harvard est une université prestigieuse très prisée par les étudiants mais également très sélective. C’était une opportunité que je ne pouvais pas laissé passer.
Les deux premières années furent exclusivement théoriques. Les cours étaient concentrés sur les matières scientifiques de base comme par exemple l’anatomie, la biochimie, la physiologie, etc. La vie estudiantine était un véritable régal. Je fis la découverte d'un monde que je ne connaissais pas. Sexe, drogues et alcool étaient présents à chacune des petites fêtes improvisées dans les chambres du campus. Les trois années suivantes, j’ai suivi une formation pratique en assistant différents médecins dans un centre hospitalier universitaire ainsi que quelques cours facultatifs de spécialisation. J’ai fini par prendre goût à cette filière. Je voulais aller loin, plus loin que mon père en tout cas. Je voulais lui montrer à quel point j’étais différent de lui. L’ironie du sort veut que ce soit durant cette période où j’ai commencé à fumer régulièrement. Bravo le médecin !
[2004]
Huit ans plus tard, j’obtiens mon diplôme qualifiant que je suis apte à exercer officiellement en tant que chirurgien spécialisé. J’ai alors 31 ans lorsque je sors second de ma promotion. J’exerce durant un an ma profession au sein du service d’urgences du CHA Cambridge Hospital. J’obtiens ensuite une offre d’emploi à Denver dans le Colorado. Un emploi très bien rémunéré pour lequel j'avais de bonnes perspectives d'avenir. Je coupe totalement les ponts avec mon père pour aller m’y installer.
[2006]
Rapidement, j’ai rencontré une fille après m’être installé à Denver. Coach sportive dans la salle de sport que je fréquentais, Samantha et moi avons très vite sympathisé avant de sortir ensemble. Je la trouvais magnifique et parfaite tant sur le plan psychologique que physique. Deux ans après mon arrivé, nous avons fini par nous installer ensemble. J’avais le sentiment d’avoir trouvé mon âme sœur. Elle était ma femme, ma meilleure amie et ma confidente.
Elle envisageait d’avoir des enfants avec moi. Mais j’étais contre cette idée-là. La plupart des gens prennent la décision égoïste de mettre au monde un enfant sans pouvoir assumer les responsabilités qui en découlent. Certes, je n’avais aucun souci financier et je pouvais largement subvenir aux besoins d’un éventuel enfant. Mais je n’avais pas beaucoup de temps libre. Il était hors de question de réitéré l’erreur faite par mon père.
Le temps libre… Ce fut la source des premiers problèmes entre Sam et moi. Quand on est chirurgien, les journées sont longues. Vraiment longues. Surtout en début de carrière. J’arrivais le matin vers 7h00 à l’hôpital. S’en suivaient ensuite les visites des patients. Tous les services n’ont pas les mêmes horaires. Il faut compter le temps que prennent les opérations chirurgicales et qui est incompressible. Ensuite vers 8h30, le bloc opératoire commence à s’animer. Les différentes opérations débutent. En général, il faut compter entre une et trois opérations en matinée. Dans les alentours de midi, une heure, j’avais le temps d’engloutir un petit repas avant de reprendre vers 14h. Les opérations continuent ensuite jusque 17h30 environ. Réunion staff pendant une à deux heures pour préparer les opérations du lendemain. En général, je ne compte pas mes heures. Je n’avais jamais le temps de m’ennuyer. Mes journées passaient très vite. Vers 20h30 je terminais le service et rentrais chez moi.
[2012]
Malheureusement, cette situation conduisit Samantha à rompre avec moi. D’après elle, elle ne pouvait pas construire quelque chose de sérieux et durable avec un homme qui était marié à son travail. Un soir alors que je rentrais du boulot, elle était dans la cuisine, occupé à nettoyer la vaisselle. L'atmosphère était froide entre nous depuis quelques jours. C'est à ce moment là qu'elle m'a avoué avoir un autre homme dans sa vie depuis quelques mois.
Ses paroles me transpercèrent tel un poignard en plein cœur. Au final, j’étais devenu l’homme que je ne voulais pas être. Celui qui accorde plus d’importance à son travail qu’aux gens qu’il aime. J’étais loin du compte au final. C’est un équilibre à adopter. Mais je ne pouvais pas faire de compromis. Nous nous sommes alors séparés le 3 avril 2012. Ce fut relativement difficile pour moi. Jamais je n’avais aimé quelqu’un aussi sincèrement et profondément. Mais la vie était faite ainsi et je n’y pouvais rien.
[Jusque 2015]
Ma vie continua son cours. J’avais appris à apprivoiser le célibat. Devenu adepte des coups d’un soir, je ne m’engageais jamais sérieusement dans une relation, probablement pas peur de souffrir à nouveau. J’aimais mon métier. Mes journées étaient rarement similaires. Je continuai à prendre soin de moi.
Denver - Septembre 2015
C’est la rentrée scolaire et la fin des grandes vacances pour beaucoup de familles américaines. Je suis revenue de Hawaï il y a seulement une semaine que j’ai déjà effectué quatre opérations. Je ne sais pas encore ce qui va se produire. Personne ne le sait d’ailleurs. Chacun vaque à ses occupations sans se doute du fléau qui allait nous tomber dessus… Le grand Changement, comme je l’appelle souvent.
Denver - 12 Octobre 2015
Lorsque tout a commencé, je me trouvais en salle d’opération. Chirurgie du poignet sur une jeune femme dont les ligaments ont été sectionnés suite à un accident. Un grand morceau de verre était logé dans le poignet de la patiente. Bien que l’artère radiale fût sectionnée, tout se déroulait comme prévu, j’avais la situation bien en main. Les trois infirmiers m’épaulaient correctement. Le bloc se trouvait au premier sous-sol de l’hôpital. Mais notre concentration fut tout de même perturbée par des cris venant des couloirs. D’un geste de la tête, j’indiquai à un infirmier d’aller voir ce qui se passait.
Les bruits étaient de plus en plus forts et de plus en plus proches. L’infirmier n’était toujours pas revenu. J’étais sur le point de retirer le corps étranger. Les deux autres assistants se tenaient à mes côtés, prêts à réagir également. Doucement, je retirai le morceau pointu. Il fallait directement réagir afin de mettre stopper l’hémorragie. Au même moment, la double porte du bloc s’ouvrit dans un grand claquement contre le mur. L’infirmier parti quelques minutes plus tôt était de retour, sa tenue entachée de sang. Il criait et avait l’air totalement paniqué.
- Ils… Ils… Ils sont tous devenus fous !
Il s’approcha de moi puis m’écarta d’un mouvement de bras de la patiente, qui se vidait de son sang.
- Mais qu’est-ce qui vous prend Brandon pour l’amour du ciel ! La patiente se vide de son sang !
- Vous ne comprenez pas monsieur Horn ! Ce sont les patients ! Ils attaquent tout le monde ! Nous devons sortir d’ici !
Brandon, l’anesthésiste, semblait complètement perdu. Il se tenait debout devant la patiente dans une posture agressive, nous empêchant de l’approcher. Il ne fallut que quelques minutes avant que le son strident de l’électrocardiogramme ne retentisse accompagné d’une ligne horizontale. Défaillance multi viscérale due à l’hémorragie externe.
J’empoignai alors Brandon qui se mit à se débattre en me poussant de manière à ne pas approcher la jeune fille en état de mort imminente.
- Vous allez voir ! C’est maintenant ! C’est comme pour la salle d’à côté !
C’est à ce moment-là que le premier transformé auquel j’ai eu affaire est entré dans le bloc opératoire dans une blouse de patient. Ses yeux étaient injectés de sang, ses mouvements désordonnés et une voix rauque s’échappait de ses cordes vocales. Il s’est avancé vers la patiente avant de plonger ses dents dans son cou. J’étais horrifié. Les autres membres de l’équipe ont directement pris leurs jambes à leur cou tandis que je me tenais debout face à cette scène d’horreur.
Il ne me fallut que quelques secondes pour m’enfuir à mon tour. Je ne comprenais absolument pas ce qui était en train de se passer, mais mon instinct me criait intérieurement de partir rapidement. J’avais laissé cette pauvre femme à la Mercie de ce monstre. En sortant du bloc, tout n’était que chaos dans les couloirs. D’autres personnes atteinte de la même démence – du mois c’est ce que je pensais au début – se trouvaient dans le couloir. Rapidement, je me suis dirigé vers l’ascenseur. Mais les transformés arrivaient vers moi. N’ayant pas le choix, j’ai rapidement emprunté les escaliers en priant pour ne pas tomber sur l’un d’entre eux.
J’avais réussi à rejoindre le parking. Mais mes clés étaient restées dans le vestiaire. Des pneus crissèrent alors, puis une voiture apparut face à moi. Elle roulait vraiment très vite. J’agitai alors les bras espérant que l’automobiliste s’arrêterait. Il n’en fit rien. Au contraire il appuya sur l’accélérateur me forçant à me jeter sur le côté pour ne pas me faire écraser. Mon cerveau tournait à deux cent à l’heure. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Tout le monde était devenu fou !
Les vestiaires se trouvaient au troisième étage. Mais il était hors de question que je retourne dans cet enfer. Je me suis donc mis à courir, vêtu de ma blouse de chirurgie ainsi que d’une paire de sandales en plastique. En sortant de l’établissement, je fus confronté à la même scène que dans le bloc opératoire. Sauf que cette scène était maintenant généralisée partout. Des accidents violents avaient lieu, les gens s’attaquaient entre eux.
Une voiture se trouvant non loin de ma position semblait vide. Je devais absolument rentrer chez moi. Jetant d’abord un coup d’œil autour de moi afin d’évaluer le danger, je rejoignis le véhicule rapidement. Heureusement pour moi, le Chevrolet Tahoe était encore fonctionnel. Je pris alors la direction de mon appartement en faisant très attention.
[…]
En rentrant chez moi, j’ai fermé à double tour. J’ai pris une douche rapidement afin de nettoyer le sang que j’avais sur les mains. Tout de suite après, j’ai essayé d’appeler mon père. Aucune réponse. Même chose pour Samantha. Je pouvais entendre des explosions, des coups de feu et des cris. Beaucoup de cris…
Le même message tournait en boucle sur toutes les chaines d’informations.
- L’État du Colorado est en état d’urgence. Restez chez vous et ne sortez sous aucun prétexte. La situation est entre les mains de l’armée. Veuillez…
J’ai coupé. Le message tournait en boucle sans apporter d’informations concrètes par rapport à la situation. On se serait cru dans un film d’horreur. Je me suis rapidement habillé avant de prendre mon revolver et de sortir. Je devais allez m’approvisionner et quitter la ville. Au milieu de cette panique, l’idée me semblait bonne.
Le supermarché était en train de se faire dévaliser. Il y avait même des policiers qui se servaient. J’ai donc été à l’essentiel. Conserves, eau, piles, et tout ce qui pouvait m’être utile. Je suis ensuite retourné chez moi. J’ai pris mon sac de trekking que j’ai rempli avec ce que je venais de prendre dans le supermarché ainsi que des vêtements de rechange. J’ai mis le sac dans le coffre et je suis parti.
Cheyenne - 13 Octobre 2015
J’avais pris l’autoroute 25. À la radio, une espèce de gourou annonçait la fin du monde. « Dieu nous aurait envoyé ce fléau pour nous punir. » Mon cul ouais ! Il me fallut environ trois heures pour atteindre Cheyenne dans le Wyoming. En temps normal, il ne m’aurait fallu qu’une heure et demie, mais les routes étaient pleines. Bizarrement, à mon arrivée, tout était calme dans cette petite ville. Mais la tension était palpable. Les militaires dans les rues organisaient des check-point et des barrages. Le malheur n’avait pas encore frappé.
Je m’arrêtai alors à une station-service. Pas question de voler ici. Il y avait bel et bien un homme derrière le comptoir. Après avoir fait le plein du véhicule, j’ai rempli deux jerrycans que j’avais préalablement achetés au vieux monsieur. Un motel se trouvant non loin me tentait vraiment. Bien que je sois inquiet, j’y pris une chambre pour la nuit.
Cheyenne - 14 Octobre 2015
Le lendemain tandis que j’émergeais de mon sommeil, la porte de ma chambre fut défoncée. Trois militaires y entrèrent dans des combinaisons et m’embarquèrent. En sortant, je vis plusieurs autres résidents du motel dans le même cas. Mon taux d’adrénaline était au plus haut. Mon premier réflexe fut de scruter l’horizon à la recherche des « malades ». Mais il n’y en avait visiblement pas. Ils m’ont ensuite fait monter dans un camion de l’armée dans lequel se trouvait un autre soldat.
- La ville est en quarantaine. Nous n’avons que très peu de temps. Une vague infectieuse va bientôt s’abattre sur la ville. Nous allons vous mettre en sécurité. Baissez la tête et serrez-vous.
Un vague infectieuse ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien vouloir dire ? Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris qu’il s’agissait enfaite d’un attroupement de « malades » qui se dirigeait vers le nord. Ces militaires nous avaient en quelques sortes sauvés la vie.
Nous avons ensuite roulé longtemps. Vraiment longtemps dans une position aussi inconfortable que douloureuse. Les enfants n’en pouvaient plus. Après plusieurs heures nous sommes arrivés à Casper. Chacun d’entre nous est passé par un sas de décontamination. Trois militaires vêtus de la même combinaison que les précédents nous attendaient. Nous étions mis à nus, frottés de partout et aspergés d’un puissant jet d’eau chaude.
Après l’effort, le réconfort. Une fois à l’intérieur nous avons eu droit à un repas chaud. Nous nous trouvions dans une sorte de base de l’armée. Un militaire visiblement gradé tenta de nous réconforté. Nous avons ensuite reçu quelques informations et directives.
- Vous êtes ici en sécurité. Nous avons pour ordre de protéger la population non contaminée. Vous serez nourris, logés et blanchis.
Un homme se leva alors furieux et interpella le militaire.
- Mais vous allez nous dire c’qui se passe à la fin ?! Pourquoi ces gens se mettent à dévorer leurs semblables ? J’en ai vu un se transformer devant moi alors qu’il était mort ! MORT !
Le militaire se tenait droit, le regard dur.
- Je comprends votre colère monsieur, mais vous devez la canaliser. L’armée n’a pour le moment aucune information plausible quant à la situation actuelle. Tout va bien maintenant.
Casper - 2 Novembre 2015
Nous sommes restés deux semaines. Deux semaines de « tranquillité » avant de replonger en enfer. Chaque civil devait participer à la vie dans le camp. Je m’étais retrouvé en cuisine ce jour-là, à éplucher des pommes de terre. Plusieurs coups de feu retentirent avant d’être suivis à quelques secondes près par une alarme. Alerte générale. Nous étions attaqués. Les procédures nous avaient vaguement été expliquées. Nous devions, nous replier dans le réfectoire, plus grande pièce du camp.
Nous pouvions entendre les militaires hurler des ordres. Deux soldats se trouvaient avec nous. Deux soldats pour protéger près de deux cents personnes. Absurde. Nous savions à travers ce que nous entendions ce qui était en train de se passer. Le « troupeau de malades » avait réussi à atteindre la base. Certains enfants pleuraient tandis que d’autres étaient blottis dans les bras de leurs parents. Une vieille dame non loin de moi priait, les mains jointes, les yeux fermés en direction du plafond.
Les gardes qui nous protégeaient se mirent alors à tirer à leur tour. Le bruit résonnant fit paniquer la foule qui se mit à fuir. J’avais compris à ce moment-là que je devais personne ne pourrait nous protéger. Je suis alors rapidement retourné en cuisine avant de verrouiller la porte. Tout le monde voulait fuir par la grande porte principale. J’ai alors vidé le sac à patate en toile, avant d’y mettre tout ce qui me tombait sous la main. Fruits, conserves, épices,… On ne réfléchit pas dans ces moments-là. La cuisine donnait directement sur la cour arrière de la base. La cour était vide. Qui jouerait au basket ou au football dans un moment pareil ?
J’ai réussi à sortir du camp. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à avancer seul. J’avais fuis le camp, laissant à nouveau derrière moi des cris de douleurs, tout comme à Denver. J’avais réussi à emporter avec moi quelques vivres. Pas de quoi sauter de joie. J’ai marché sans m’arrêter durant deux jours et une nuit avant d’arriver dans un petit village tranquille. Les magasins étaient fermés. Les rues désertes. J’ai frappé à quelques portes, sans succès. Je pouvais apercevoir certaines personnes regarder à travers leur fenêtre. Ils savaient sans doute ce qui s’était produit. Sauf qu’ils n’étaient clairement pas préparés pour ce qui allait leur tomber dessus.
Seulement vêtu d’une chemise, il fallait que je trouve des vêtements. J’avais les mains gercées à force de tenir le sac en toile. J’avais mangé tout ce qui pouvait l’être. Mais je n’avais rien pour ouvrir les conserves. Arrivé à hauteur de certains magasins, j’ai fait ce que jamais auparavant je n’aurais fait. J’ai tout simplement explosé les vitrines avant d’entrer et de me servir. On peut dire que j’ai fait du casse-vitrine. Personne ne s’en est pris à moi et personne n’a réagi.
J’ai donc quitté ce village avec des vêtements, de la nourriture, et quelques outils. Pas de véhicule à disposition. Et comme je ne sais pas comment démarrer un véhicule avec les câbles, je poursuis mon périple à vélo !
[…]
Traversée de l'Idaho - Avril 2016
D’après mes constatations, ce Changement est arrivé par le sud. J’ai continué à avancer vers l’ouest à dos de vélo. Il m’arrivait de m’arrêter quelques jours histoire de me reposer. La propagation avait été rapide. Les « transformés » étaient maintenant partout. Dans la mesure du possible, il valait mieux les éviter. Même s’ils sont peu nombreux. J’ai essayé de leur « faire mal ». Mais ça ne marche pas. Tout ce qui leur importe, c’est de planter leurs dents dans notre chair. Quel genre de maladie peut être à l’origine de cette transformation ?
Je suis entré dans l’Idaho en avril. J’ai croisé le chemin de certaines personnes. Certaines voulaient mes vivres tandis que d’autres mon vélo. J’ai, pour la première fois de ma vie, tué un homme. Je n’avais pas le choix. Alors que je m’étais arrêté devant un Walmart, un homme m’est sauté dessus. Sa vie était restée en retrait, serrant contre elle un petit ourson en peluche. L’homme m’avait agrippé au cou et tentait de m’étrangler. Je ne pouvais, pas bouger, les coups de poing que j’essayais de lui mettre ne lui faisaient pas d’effets. Ma main tomba sur un morceau de carrelage que j’empoignai avant de lui fracasser le crâne d’un grand coup. L’homme s’écroula sur moi, tandis que je reprenais mon souffle. J’étais sous le choc. La petite fille s’était mise à pleurer. J’avais tué son père, je comprenais sa tristesse. Mais si elle continuait à pleurer, c’est elle qui allait nous faire tuer.
Je n’avais pas le choix. Mon instinct me disait de m’en aller rapidement. Mais je ne pouvais pas me résoudre à abandonner cette petite qui devait avoir sept ou huit ans. Nous vivions parmi des monstres. J’étais devenu un monstre. Mais pas au point d’abandonner une jeune fille après avoir tué son père sous ses yeux. J’ai laissé le vélo, et pris l’enfant avec moi, continuant ainsi ma route à pied.
Boise - Juillet 2016
Plusieurs mois se sont écoulés tandis que nous continuions à avancer. J’avais pour objectif de rejoindre Seattle, ma ville d’origine. C’est le seul endroit que je connaisse vraiment et je voulais m’assurer que mon père allait bien. Même si dans le fond j’avais des doutes. Nous sommes arrivés à hauteur de Boise dans l’Idaho en juillet. La petite ne m’en voulait visiblement pas pour ce qui s’était produit. Nous avions parlé de l’incident et elle s’était montré compréhensive. Il lui arrivait toutefois de pleurer en mentionnant le fait que ses parents lui manquaient. Lorsque nous sommes arrivés à Boise, nous avons été appréhendés par un groupe de survivants. Ils avaient établi leur campement dans une vieille scierie. Ils nous étaient tombés dessus alors que nous cherchions de quoi nous nourrir.
J’étais très méfiant au début. Mais lorsqu’on les a suivi, je me suis rendu compte qu’ils avaient des familles également dans le camp. Des femmes, des enfants et des personnes âgées. Ils semblaient bien organisés. Un petit jardin leur fournissait des légumes. Ils avaient également bricolé un collecteur d’eau de pluie de façon ingénieuse. Ils élevaient des lapins et les laissaient se reproduire afin de pouvoir s’en nourrir sans en manquer. En bref, ils étaient soudés et organisés. En y réfléchissant, je me suis dit qu’ils nous avaient sans doute acceptés parmi eux parce que la petite était avec moi. Nous avions répété la scène à maintes reprises Julia et moi. Je lui avais expliqué les dangers que nous encourions face aux « monstres » mais également et surtout face aux gens comme nous. Il fallait faire croire aux gens qu’elle était ma fille afin d’éviter tout malentendu. L’homme est fourbe et fou. Qui sait ce qui peut arriver à cette jeune fille.
Lorsque les habitants de la scierie apprirent que j’étais médecin, tous ont insisté pour que je reste parmi eux. Une des femmes était enceinte. La vie dans ce petit camp était sympa. Il y avait de quoi manger, un toit pour dormir et une sécurité relative. Mais je ne savais encore rien de ces gens-là. J’ai fini par céder à leur demande et je me suis finalement installé dans la scierie avec Julia. Les défenses semblaient bonnes. Ils avaient entouré le camp de pointes en bois et ils étaient bien armés.
C’est un vieux monsieur du camp qui m’a appris a tiré correctement. Nous prenions le 4x4 et allions à quelques kilomètres de là, dans une grande clairière. Nous avions en général entre une et deux heures avant de voir arriver quelques « transformés ». L’homme était shériff dans une autre vie. J’emmenais quelques fois Julia avec nous. Elle aussi devait apprendre à utiliser une arme à feu.
Boise - Hiver 2016
L’hiver est rude. Mais ce n’est pas le bois qui manque pour nous réchauffer. Les vivres se font rares. Nous rationnons ce que nous avons et sortons tous les jours pour aller chasser. Les « transformés » supportent mal le froid. Leurs mouvements sont bien plus lents que d’habitude. Certains gèlent même littéralement sur place. C’est l’occasion pour moi d’emmener Julia à l’extérieur afin du lui apprendre à chasser. L’initiative venait d’elle. Elle n’arrêtait pas de me répéter qu’elle aussi voulait apprendre à chasser et à tuer les « monstres » d’après ses dires. J’ai l’impression à travers ce que je vois, que Julia encaisse ce Changement bien mieux que moi.
Boise - Printemps 2017
La température augmente tout doucement. Nous nous sommes organisés afin de planter un verger. Lors d’une exploration, nous sommes tombés sur une serre. Nous y avons trouvé une multitude de graines toujours sous scellé que nous avons rapporté à la scierie. Pommes, poires, oranges, il y avait de quoi faire un joli verger. Il y avait également des sacs d’engrais.
Le 14 février, Marie, l’une des résidentes de la scierie a donné naissance à l’enfant qu’elle attendait. Pour la première fois depuis très longtemps, j’ai ressenti une intense sensation de bonheur en aidant cette maman à mettre au monde ce bébé. C’était une fille. L’accouchement fut très difficile pour Marie. Bob, son compagnon, était très paniqué ce jour-là. Il redoutait le pire. Mais tout s’est passé sans encombre. Nous préparions cet accouchement depuis un bon moment. L’enfant fut baptisée Évangeline.
Boise - Décembre 2017
Nous avons accueilli au cours des derniers mois trois nouvelles personnes. Deux lycéens et un ancien charpentier. Nous avons également effectué pas mal de travaux au sein de notre camp. Nous avons construit une cabane pour Bob, Marie et Évangeline. Cet enfant apportait un peu de joie dans la vie de chaque résident de la scierie. Le bébé débordait de vie.
Tous nos lapins sont morts suite à une maladie. Nous ne savions pas exactement laquelle. Nous avons passé un hiver très difficile. Il m’arrivait de ne pas manger deux ou trois jours durant afin de permettre à Julia de bénéficier du peu de nourriture auquel nous avions droit. L’un d’entre nous, avait trouvé un cheval lors d’une exploration. Bien qu’il soit catégoriquement contre, nous n’avons pas eu le choix. Nous en sommes arrivés à un stade où la faim prenait le dessus sur tout le reste. Nous devions survivre. Nous avons alors sacrifié la bête, afin de pouvoir tenir tout l’hiver.
Boise - Juillet 2018
Nous sommes restés pendant près de deux ans à la scierie de Boise. Tout à basculer le jour où je suis tombé nez à nez avec un inconnu en pleine forêt. Ce jour-là, j’étais parti chasser à quelques kilomètres du camp. J’avais déjà attrapé deux écureuils lorsqu’un homme apparut devant moi. Il était sorti de nulle part à quelques mètres seulement de ma position. Il était grand et solidement bâti. Nous nous sommes fixés quelques secondes. L’adrénaline affluait en moi. Je scrutais le moindre de ses mouvements sans dires un mot. Il finit par briser cette bataille de regards en dégainant de son pantalon un revolver. Avant même qu’il ne puisse vise, je lui ai sauté dessus. Je n’avais pas d’arme à feu sur moi. Mettre de la distance entre lui et moi était le meilleur moyen pour me faire descendre. Alors sans réfléchir, je me suis jeté dessus, en le ruant de coups du mieux que je pouvais. Il avait lâché l’arme dans notre chute. S’en suivit alors une lutte au sol mêlée de coups de poings. Je ne savais pas pourquoi il était là, mais ce n’était clairement pas pour faire causette. Nous étions dans une lutte pour notre survie.
Je réussi à me dégager de son emprise avant de me jeter sur son arme. Mais alors que je me retournais pour lui tirer dessus, il s’était déjà enfui à travers les bois. Couché sur le dos, je repris mon souffle durant quelques secondes avant de ramasser mes écureuils et de rentrer au camp. J’informai les autres de ce qui s’était produit avant de retourner à ma petite vie tranquille. Ce genre d’incident ne nous était pas inconnu. Chacun se battait pour sa survie au dehors. Mais nous ne soupçonnions pas encore ce qui allait nous tomber dessus.
Boise - 23 Juillet 2018
Une semaine plus tard, notre camp a été attaqué. Personne ne nous a tirés dessus, personne n’a infiltré notre camp. Le ciel pleuvait littéralement du feu. Des cocktails Molotov arrivaient de tous les côtés. Nous ne nous attendions pas à une telle offensive. Alors que nous étions occupés à tenter d’éteindre le grand brasier qu’était devenu notre camp, la grande porte métallique fut défoncée par une caravane. Plusieurs hommes se trouvaient à bord armés de fusils. Ils se sont mis à tirer sur tout le monde. Tout le monde fut massacré dans le camp sans exception. Jamais je n’avais ressenti une telle rage. L’homme avec qui je m’étais battu dans la forêt quelques jours plus tôt était là, debout devant moi, se délectant du pouvoir qu’il exerçait sur moi. Tout le monde avait été assassiné sauf moi.
- Bonjour l’ami ! Tu m’as drôlement manqué ! J’suis venu te rendre visite dans ta p’tite maison ! Sympa la déco’ d’ailleurs ! Malheureusement pour toi champion tu aurais dû mourir dans cette forêt. C’est un grand cadeau que tu as fait à tes copains aujourd’hui ! Tu les as libérés de cette vie de tourmente ! MERCI !
Un grand coup de crosse s’abattit sur mon visage, puis le noir total.
À mon réveil, la scierie avait complètement brûlé. Les assaillants semblaient être partis. Il n’y avait plus que moi et mes souvenirs. Souvenirs d’une exécution lâche et barbare… Il n’y avait plus rien à récupérer. Ils avaient pris tous le stock de nourriture ainsi que toutes les armes.
[…]
Sur les routes - Octobre 2018
Plusieurs mois se sont écoulés depuis. Beaucoup de choses se passent en cinq mois. J’ai changé. L’homme que j’étais est mort dans cette scierie. Je suis devenu méfiant. Très méfiant. Pas le choix, quand on vit dans un monde où tu peux mourir pour une boite d’haricots en conserve. Les « transformés » ne m’effraient plus. Plus depuis que j’ai dû tuer l’ensemble des membres de mon ancien camp pour la seconde fois. La seconde fois oui. S’ils sont morts, c’est à cause de moi. Si j’avais été vigilant, ce fils de pute n’aurait jamais pu me suivre.
Il n’y a pas vraiment de différence entre nous et les « transformés ». Nous cherchons tous à assouvir un besoin irrépressible. J’ai appris à vivre au dehors en les évitant. J’ai mis plusieurs mois pour traverser l’Oregon. Je n’avais plus de but auquel m’accrocher hormis celui de retrouver mes parents. J’ai donc continué à avancer, puisant ma force et ma volonté dans le peu d’espoir qu’il me restait.
J’ai rencontré de nombreuses personnes durant mon périple. Beaucoup sont mortes. Mais toutes n’étaient pas mauvaises. J’en ai aidé un paquet aussi ! À l’origine, je voulais rejoindre Seattle, sauf que la vie nous réserve toujours des surprises qui nous éloignent un peu de notre but. Je m’estime heureux d’être toujours en vie. J’ai une putain de chance que d’autres n’ont malheureusement pas eu.
Mon vent m’a conduit jusque la ville de Salem. Nous étions au mois d’octobre. Enfin je pense. J’y ai passé plusieurs semaines, essayant de mettre la main sur des provisions, des armes et des vêtements pour l’hiver qui commençait à se faire ressentir. Il y avait plusieurs « transformés » en ville. Mais nous étions loin des hordes que j’ai pu apercevoir à certains endroits. Impressionnant d’ailleurs…
Je suis tombé sur un militaire qui a évidemment essayer de me « goûter ». C’était l’occasion idéale. Après lui avoir fracassé le crâne à l’aide d’une brique, j’ai pu récupérer sur lui quelques affaires. Il n’avait pas d’armes. Mais j’ai pu récupérer quelques bricoles utiles dans les compartiments de son gilet tactique. Il y avait une pierre à feu, des pastilles purificatrices d’eau et une boussole cassée. Pas de quoi sauter de joie. Après lui avoir piqué ses bottines, j’ai continué à chercher. J’ai fouillé une bonne partie de la ville. Pas de nourriture. La chance commençait à me tourner le dos. Je me contentais des maigres réserves qu’il me restait et des rats, lorsque je parvenais à en attraper. En trois ans, tu m’étonnes que toute la bouffe ait été raflée. Les vêtements, c’est pas ce qui manque. J’ai également réussi à me dégoter une arme à feu. Un beau fusil à pompe planqué sous le comptoir dans une garde-robe. J'ai planqué le tout dans un sac Eastpak bleu que j'avais trouvé sur le cadavre de ce qui semblait être un adolescent quelques semaines plus tôt.
Mais je ne pouvais plus rester très longtemps dans cette ville. Je devais me trouver à manger. C’est ainsi qu’était devenue ma vie. Chercher, tuer, manger, dormir, recommencer.
[…]
Seattle - Décembre 2018
L’hiver est rude. Difficile de trouver un bon endroit où se planquer du froid. Je suis retourné dans la maison de mon enfance à Seattle. C’est un sacré merdier cette ville. Elle est infestée de « transformée ». Je suis aussi vigilant qu’une prostituée qui se cache dans un couvent. J’ai réussi à établir une planque à peu près à l’abri du froid. C’est un petit garage de maison. Le grand luxe ! Petite couchette près d’un feu. Quelques livres issus de la Northgate Branch, une bibliothèque anciennement réputée à Seattle, m’aidaient à me changer les idées et à me réchauffer la nuit.
Aujourd’hui j’ai décidé d’aller chercher des provisions. Je commence à être vraiment limite niveau bouffe. Tandis que je marche en ville, j’entends des rires. Au début, j’ai l’impression que mon cerveau me joue encore des tours. Mais en me concentrant bien, je me rends compte qu’effectivement je ne suis pas seul. C’est l’occasion parfaite. Je les braque et je me casse. Planqué, je les écoute alors attentivement. Un homme et deux femmes. Je les entends se rapprocher. Je suis excité à l’idée de découvrir ce qu’ils ont sur eux. Je m’imagine déjà en train de profiter d’un festin ce soir. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas mangé correctement…
Fusil en main collé contre moi, je me retourne en sortant de ma cachette et en alignant une des femmes en joue. Merde… Pas de bol, ils sont tous les trois armés. Je tente le coup du bluff.
- Tout ce que je veux, c’est vos sacs. J’ai plus rien à perdre, alors soit vous me donnez ce que je veux, soit l’un d’entre vous ne rentrera pas ce soir.
- Du calme l’ami, on ne vous veut aucun mal. Comment vous vous appelez.
- Ça n’a aucune importance ! J’ai besoin de bouffe.
- Nous avons un groupe. Venez avec nous. Vous serez logé et nourri à condition de participer à la vie de la communauté Dit le grand homme musclé qui accompagnait les deux jeunes femmes en baissant son arme. Les deux femmes ne me lâchaient pas.
J’en ai vu des coups bas ces derniers mois, mais cet homme avait l’air sincère. S’ils avaient voulu me tuer, je serais sans doute déjà mort. Jouant alors le tout pour le tout, j’acceptai sa proposition.
- C’est d’accord.
J’ai suivi cette équipe jusqu’à un Zodiac. Nous avons ensuite traversé la baie Elliot avant d’arriver à Fort Ward. Il m’a été demandé de remettre mes armes ainsi que mes effets personnels. Les gens me regardaient d’un air à la fois curieux et sympathique. J’eus droit à une visite des lieux. Instinctivement, j’analysais chaque partie du camp. J’avais appris à chercher une issue avant même de m’engager dans un endroit.
[...]
Nous étions tous deux assis l'un en face de l'autre, thé à la main. La rousse venait d'écouter mon récit sans m'interrompre une seule fois.
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Milo Ventimiglia • <bott>Jason Horn</bott>
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• Jason
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• Horn
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• Chirurgien traumatologue
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Re: JASON HORN
Jeu 20 Déc 2018 - 17:40
BIENVENUE COPAIN DE TOP SITE !
Bon courage pour la rédaction de ta fiche =)
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- Maxine E. Reynolds
- Administratrice
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Re: JASON HORN
Jeu 20 Déc 2018 - 18:26
Bienvenue à toi et bonne rédaction pour la fiche !
(Et bon choix de vava au passage )
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Re: JASON HORN
Jeu 20 Déc 2018 - 18:41
Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :
1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours . Un délai supplémentaire peut être accordé par un membre du staff sur demande.
2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.
3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.
4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des Travelers , il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.
5 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.
6 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.
Bonne rédaction !
Bonne rédaction !
Bienvenue sur notre forum cher partenaire !
Bonne rédaction ! Si tu as des questions, n'hésite pas à envoyer un MP
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