Déjà une dizaine de jours passés depuis leur retour, une dizaine de jours et rien ne s’effaçait. Rien ne disparaissait. Alors Ashley s’était concentrée sur ce qu’elle avait de plus précieux et de plus important ici, elle avait écouté  toutes les histoires de Hope et de Super Barbara sa super poupée aux aventures rocambolesques, toujours teintées de ses propres aventures. Mais la blondinette avait grandi, sans doute que l’année écoulée avait laissé ses marques sur elle, les histoires étaient moins édulcorées, plus dures. Hope avait fait neuf ans, un anniversaire qu’elles n’avaient pas célébré en grandes pompes comme cela avait pu être le camp l’année passée au ranch. Cette année, mère et fille avaient passé la journée ensemble, la soirée aussi, à regarder les quelques photos ramenées de Seattle, à parler de tout ce qu’Ashley n’avait pas encore eu le temps de lui dire, sans évoquer ce fait trop douloureux que l’année précédente, Jon était là, avec elles, qu’ils étaient finalement cette famille qu’ils auraient dû être bien avant. Les souvenirs c’était le meilleur cadeau qu’Ashley pouvait lui faire cette année.

La jeune mère avait aussi passé beaucoup de temps pour le camp, faute de l’avoir fait pendant deux mois même si à ses yeux, ramener Addison et Damian était important pour le groupe. Et d’ailleurs, les ramener, enfin surtout aller les chercher, avait grignoté dans leurs réserves d’essence. C’était pour cela que ce matin-là, armée d’un tuyau roulé dans son sac à dos et de deux bidons vides, Ashley traversait la cour intérieure du Fort. Hope était confiée à Shawna avec les autres enfants, la brune pourrait donc prendre ses distances, se rendre utile.

Elle approchait le portail lorsqu’elle croisa Jared. Il était arrivé peu de temps avant son départ et finalement elle n’avait pas pris le temps de savoir s’il se sentait bien ici, sans vouloir être égoïste, elle avait simplement été plus occupée. « Hey ! » lança-t-elle pour salutations en approchant. « Je t’aurais bien serré la main mais comme tu vois … » Ashley leva les bidons vides avant de reprendre. « D’ailleurs, peut-être qu’un coup de main serait pas de trop, ça te tente ? Il y a un parking un peu plus au nord, apparemment il y a pas mal de voitures qui y trainent dessus, y’a peu de chance de remplir les deux jerricans mais ça se tente. »

C’était une sortie de quelques heures, tout au plus, et les risques étaient limités. Le groupe avait pas mal vérifié toute la zone pour assurer la sécurité de ce camp. Ce serait l’occasion de discuter avec lui, savoir s’il avait trouvé sa place ici, c’était parfois compliqué d’intégrer une communauté comme celle-ci, déjà imposante, en pleine reconstruction. « Normalement on sera rentrés en quelques heures. » Une trentaine de minutes de marche au maximum, pareil au retour, s’ils ne rencontraient pas trop de rôdeurs ou pire des vivants, tout se passerait bien.