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For better & Worse
Ven 22 Mar 2019 - 17:34
37 ans ≡ Italo-Americain ≡ Architecte ≡ The Haven
"Je peux coller stupide aussi ! Puérile, même gamin !" Lança Haley devant le pc. Stupide ça l'était, qu'est-ce qu'il foutrait d'un profil Tinder à la con ? Les relations sérieuses ne l'intéressaient pas, mais cette emmerdeuse n'avait rien trouvé de mieux que de garder le mot de passe pour elle, avec la ferme intention de sélectionner les prétendantes à la place de son frère. Aussi la liste des qualités s'alignait sur six adjectifs. Six mots visant à ce qu'un panel de signorine en sache plus sur le type aux yeux de siamois. Sérieusement, elle avait collé ça : yeux de siamois. Cam en avait soupiré, roulé des yeux avant de tirer sa tête de con habituel. Instinctif chez lui de réagir de la sorte, et pour toutes autres choses, ou choix de la vie, généralement il agissait viscéralement, sans vraiment se poser pour réfléchir. Généralement ce type de comportement générait de mauvais choix, de mauvaises actions, et la plupart des gens en profitait pour le trouver sanguin, impulsif. Prompt à l'action et peu familier d'une réflexion posée où il aurait été plus simple d'opter pour une solution moins radicale, plus soft, peut-être plus... Logique. La logique allait pourtant de paire avec la lucidité, pas vraiment s'il restait honnête envers lui même. Le terre à terrisme n'avait pas grand chose à voir avec ça. C'était davantage une manière de rester ancré dans la réalité, de ne pas fantasmer sur des trucs impossibles à réaliser selon les situations, et ça lui servirait par la suite sans qu'il le sache à l'heure H en entendant sa sorella se marrer à rédiger ce monceau de conneries préfabriqué pour la drague en ligne.
D'un bref regard vers l'écran, il releva un autonome plus plaisant que le reste des mots collés dans le menu déroulant. Vrai qu'il l'était et la moue, satisfaite, qui précéda son large sourire, fit soupirer Haley qui ramena le portable contre ses genoux. Si Cameron n'était pas vraiment solitaire, il ne s'était pas construit avec l'aide d'autres personnes, ni n'avait pour habitude de compter sur autrui pour réaliser ce qu'il voulait réussir. Ça lui donnait peut-être cette faculté à convaincre les autres ? Cette fibre commerciale, bien ancrée en lui, avait toujours été présente, comme le bagout et cette facilité à vendre ses projets. Ou a te vendre toi. Un autre sourire étira la commissure de ses lèvres et fit saillir les multiples ridules - attention séduisantes, pas du genre octogénaire sur le déclin - qui s'étaient creusées avec le temps autour de ses lèvres et de ses mirettes fascinantes. "Suffisant !", reprit-elle. "Gné ?" Semblèrent transmettre ses billes bleues en entrant en collision avec celles, bien moins attrayantes, de sa petite sœur. "T'es quand même pas mal narcissique, égocentrique, hautain et pédant.... Dis pas le contraire. Mais suffisant c'est plus, soft, puis ça englobe un tas d'adjectifs qui te concerne. Y a juste pas assez de place pour tous les coller. Fais pas la gueule surtout, sans quoi j'ajoute susceptible." S'il avait dû lui créer un profil Tinder, la première chose qu'il aurait ajouté à cette putain de liste aurait été chieuse, emmerdeuse, casse burette, parce que ça englobait pas mal aussi tout ce qu'était Haley. Il pouvait pas lui retirer sa façon de prendre les choses en mains, comme lui d'ailleurs. Un trait de caractère qu'ils avaient en commun et qui leur venait de papa. Etre entreprenant n'avait rien de mauvais, du moins lorsqu'on l'utilisait pour sa carrière, pas pour s'obtenir des choses personnelles.
A nouveau Reeves sourit, lâchant même un rictus qui fit marrer la gamine auprès de lui. Pas qu'il avait le rire communicatif, davantage qu'il était distrayant à ses heures, lorsqu'il évitait d'être ce gros con sarcastique qui aimait se foutre des autres sans laisser paraître. L'humour, les sourires, pouvaient faire s'échapper bien des gens de leur quotidien morne, de leur mélancolie, cependant fallait-il encore le jauger. Parfois ce n'était qu'une manière de plus de se foutre de la gueule de certains en de multiples sarcasmes bien sentis. D'ailleurs lui même aurait pu en être victime, davantage pour cibler cette manière d'être et qui l'empêchait presque de coller les mains dans la merde et, à contrario, de faire chier le monde pour des détails quasiment insignifiants, en bon tatillon. Pas qu'il était maniaque, d'avantage précieux ? Peut-être mais qu'importait, peu savaient à contrario de reconnaître qu'il était obtus, même tenace. Un choix fait de sa part était forcément le bon, pour lui du moins. Sans doute pour ça qu'il défendait ses dires corps et armes, ses principes tout autant et ce même s'ils n'étaient pas du gout de tous.
"Fini !" S'agita Haley en se frottant les mains. "Plus qu'à choisir une photo, là aussi je m'en occupe..." Et ce sourire là, c'était la marque de fabrique de la maison, du véritable foutage de gueule, une assurance quant au fait qu'elle allait se faire plaisir sur le cliché qui signerait là son arrêt de mort côté vie tranquille, seul, sans plus de femme capable de lui briser le truc instable, et gavé de sentiments, qui battait dans le creux de sa poitrine.
D'un bref regard vers l'écran, il releva un autonome plus plaisant que le reste des mots collés dans le menu déroulant. Vrai qu'il l'était et la moue, satisfaite, qui précéda son large sourire, fit soupirer Haley qui ramena le portable contre ses genoux. Si Cameron n'était pas vraiment solitaire, il ne s'était pas construit avec l'aide d'autres personnes, ni n'avait pour habitude de compter sur autrui pour réaliser ce qu'il voulait réussir. Ça lui donnait peut-être cette faculté à convaincre les autres ? Cette fibre commerciale, bien ancrée en lui, avait toujours été présente, comme le bagout et cette facilité à vendre ses projets. Ou a te vendre toi. Un autre sourire étira la commissure de ses lèvres et fit saillir les multiples ridules - attention séduisantes, pas du genre octogénaire sur le déclin - qui s'étaient creusées avec le temps autour de ses lèvres et de ses mirettes fascinantes. "Suffisant !", reprit-elle. "Gné ?" Semblèrent transmettre ses billes bleues en entrant en collision avec celles, bien moins attrayantes, de sa petite sœur. "T'es quand même pas mal narcissique, égocentrique, hautain et pédant.... Dis pas le contraire. Mais suffisant c'est plus, soft, puis ça englobe un tas d'adjectifs qui te concerne. Y a juste pas assez de place pour tous les coller. Fais pas la gueule surtout, sans quoi j'ajoute susceptible." S'il avait dû lui créer un profil Tinder, la première chose qu'il aurait ajouté à cette putain de liste aurait été chieuse, emmerdeuse, casse burette, parce que ça englobait pas mal aussi tout ce qu'était Haley. Il pouvait pas lui retirer sa façon de prendre les choses en mains, comme lui d'ailleurs. Un trait de caractère qu'ils avaient en commun et qui leur venait de papa. Etre entreprenant n'avait rien de mauvais, du moins lorsqu'on l'utilisait pour sa carrière, pas pour s'obtenir des choses personnelles.
A nouveau Reeves sourit, lâchant même un rictus qui fit marrer la gamine auprès de lui. Pas qu'il avait le rire communicatif, davantage qu'il était distrayant à ses heures, lorsqu'il évitait d'être ce gros con sarcastique qui aimait se foutre des autres sans laisser paraître. L'humour, les sourires, pouvaient faire s'échapper bien des gens de leur quotidien morne, de leur mélancolie, cependant fallait-il encore le jauger. Parfois ce n'était qu'une manière de plus de se foutre de la gueule de certains en de multiples sarcasmes bien sentis. D'ailleurs lui même aurait pu en être victime, davantage pour cibler cette manière d'être et qui l'empêchait presque de coller les mains dans la merde et, à contrario, de faire chier le monde pour des détails quasiment insignifiants, en bon tatillon. Pas qu'il était maniaque, d'avantage précieux ? Peut-être mais qu'importait, peu savaient à contrario de reconnaître qu'il était obtus, même tenace. Un choix fait de sa part était forcément le bon, pour lui du moins. Sans doute pour ça qu'il défendait ses dires corps et armes, ses principes tout autant et ce même s'ils n'étaient pas du gout de tous.
"Fini !" S'agita Haley en se frottant les mains. "Plus qu'à choisir une photo, là aussi je m'en occupe..." Et ce sourire là, c'était la marque de fabrique de la maison, du véritable foutage de gueule, une assurance quant au fait qu'elle allait se faire plaisir sur le cliché qui signerait là son arrêt de mort côté vie tranquille, seul, sans plus de femme capable de lui briser le truc instable, et gavé de sentiments, qui battait dans le creux de sa poitrine.
"1m77,tu rêve tes autres centimètres comptent pas, tu devrais même pas en parler avec ta sœur c'est dégueulasse." Bon, il devait être prévisible en plus d'être doté d'un regard de siamois ? "Yeux bleus, cheveux bruns, je t’ajourerai poivre et sel dans quelques années." Bha tiens... "Au pire les couleurs existent, ou les sprays magiques pour les racines." En plus elle se foutait de lui. Mais le profil physique avait de la gueule, comme lui. C'était sans doute un peu cliché, le grand brun, les yeux azurs, le sourire étincelant, l’œil pétillant, mais ça lui collait à la peau. Signe particulier : Un tatouage sur l'avant bras droit - une date qui n'est pas celle de sa naissance -. Coté fringues, si on retirait les costumes cravates dû à la profession, et sa trentaine bien tassée, Cameron aurait eu ce look de type sûr de lui, beau gosse. Veste de cuir, t.shirt, jeans, boots semblables à une paire de rangers. Un style gardé post apocalypse parce que les cravates restaient une prise facile pour les goules. Aussi parce qu'il est bien plus évident de courir avec un jeans qu'en costume trois pièces.
Les armes : Un flingue, la marque ? Suffit de regarder la gravure sur le flanc du canon, visiblement un... Browning Hi Power 9mm, pour le reste : un couteau de survie.
Les armes : Un flingue, la marque ? Suffit de regarder la gravure sur le flanc du canon, visiblement un... Browning Hi Power 9mm, pour le reste : un couteau de survie.
C'était le truc le plus chiant au monde ça, regarder les albums photos en famille. Il détestait ça et haïssait clairement les clichés de lui où on s'extasiait parce qu'il avait les fesses sur le pot. Sérieusement, pourquoi les parents, la fratrie en général, s'extasiait parce que leurs mouflets venaient de faire ailleurs que dans leur couche culotte ? Les siens le faisaient, des heures durant, et sa sœur se foutait allègrement de sa poire en prime. La première des photographies était précédées de sa date et de son lieu de naissance :10 Mars 1982 Seattle. Sur le papier glacé, et malgré son air fatigué sa mère - Italienne d'origine - souriait à côté de son père, bien Américain, en couvant du regard ce petit garçon chevelu. Les premiers instants de sa vie, les premiers sourires, les premières joies. Une vie de famille ordinaire pour ce banquier et cette décoratrice d'intérieur. Fabia et Keith s'étaient rencontrés quelques années plus tôt, peut-être cinq. S'ils ne s'étaient pas mariés c'était tout comme néanmoins. La famille était la plus précieuse des choses à laquelle il désiraient accéder et ce fameux jour de Mars, le couple posait une pierre sur les fondations de leur rêve. Sur d'autres clichés, Cameron se voyait grandir. Un gosse souriant, pas trop difficile en bas âge mais très proche de sa mère.
Les premières années de scolarité furent ordinaires, plus soutenues dès lors qu'il fallut s'adonner aux devoirs et à retenir l'enseignement des professeurs. Bon élève, il l'était, l'école ne fut donc pas un problème durant les sept premières années de son existence. Sept ans pour le petit garçon, à peine un jour pour la petite sœur qui agrandissait le tableau familiale. Haley. Petite bouille rose qui le fit automatiquement sourire dès que son père la lui présenta. Cameron ne la jalousa pas une seconde, bien au contraire, c'était comme un nouveau jouet, mais très précieux, duquel il fallait prendre soin et ceux durant de longues, très longues années.
Le primaire terminé, le collège fut aussi tranquille que les classes précédentes. Ce fut là qu'il se forgea un caractère plus marqué, se fit un panel d'amis et gorgea l'éponge, qu'était sa cervelle, de connaissances diverses et variées. A cette époque il s’intéressa aux divers édifices battis par l'homme sans vraiment imaginer en faire son boulot plus tard. Si sa scolarité se fit sans encombre jusqu'au lycée, ce ne fut pas le cas de sa petite sœur qui, elle, avait un mal de chien à suivre en cours. Lui pensait, créait, elle préférait coller les mains où son frère aurait préféré ne pas avoir à les foutre. A peu de chose près, et ce qui amusait leurs parents, c'était que le fils avait quasiment le caractère qu'aurait dû avoir la sœur, et que la gamine était davantage attirée par ce que son frère aurait pu faire. Préjugés ? Cliché, sans doute un peu mais ça n'empêcha guère le jeune homme de poursuivre sa voie et d'aiguiser sa passion pour la conception, les plans.
Durant ses années de lycéen, Reeves se prit d'affection pour ce qui deviendrait sa carrière. Son temps libre, quand il ne le passait pas avec son groupe d'amis, l'adolescent le mettait à profit pour ce qu'il jugeait fascinant. L'architecture était complexe, attirante. Si la nature avait ses droits, l'homme avait - à son regard - une faculté innée pour repousser cette dernière et faire pousser des bâtiments merveilleux comme s'il n'était pas plus compliqué de planter une graine afin de voir un chêne s’élever et grandir. A dix huit ans, premier diplôme en poche, le jeune homme rejoignit la faculté pour courir ses rêves et ambitions. Si l'amitié était toujours de mise, il s’intéressa davantage à la gent féminine. Certes ses années de lycée lui avaient permis de papillonner et de laisser se faire les choses avec quelques demoiselles, néanmoins rien ne l'avait cloué sur place comme cette jeune Colombienne d'un an sa cadette. Clara Fernandez, jolie brune à frange, un sourire divin, des pommettes saillantes et un engouement pour la photographie qui le poussa à s’intéresser davantage à elle. Le seul cour qu'elle suivait avec lui était l'histoire de l'art. Elle était là, assise dans l'amphi, concentrée sur ses notes, belle comme un matin de Noël, ou un jour d'été, enfin bref elle était superbe au milieu d'un tas de jolies filles qui n'avaient pas le petit plus qui pétillait dans ses prunelles brunes. Elle discutait facilement, riait pas mal aussi et s'ils étudièrent ou s'entraidèrent mutuellement pour leurs partiels, ils apprirent ensemble ce qu'était ce truc capable de vous coller des papillons dans le bide. Une époque niaiseuse et insouciante, mais qui dura.
A 22 ans, Cameron obtint le diplôme convoité avec mention "petite-amie", et se dégota rapidement un boulot dans un cabinet d'architecture prisé où il n'eut pas de mal à se faire remarquer par ses supérieurs. Premiers projets professionnels aboutissants, sa vie privée elle aussi devenait plus palpitante. Clara termina ses études un an plus tard, désireuse d'ouvrir un studio personnel ou une galerie. Cette fille avait des rêves et fantasmes plein la tête, et sans doute à cette époque l'Italien imaginait pouvoir les voir prendre vie, rêver avec elle et construire ce que ses parents avaient réussi à bâtir sur de solides fondations. 23 ans pour lui et le jeune homme eut la chance de rencontrer ses beaux parents. Des gens pas mal friqués capables d'offrir à leur fille tout ce qu'elle désirait d'avoir, pas étonnant donc que Fernandez pu accéder à ses rêves sans embûches. A cette époque Cameron ne voyait pas ça d'un mauvais oeil même s'il resta campé sur ses postions au sujet de leur emménagement ensemble. Lui tenait à lui offrir ça, ce loft pensé par ses soins, même s'ils seraient forcés de se contenter d'un petit appartement au centre de Seattle le temps que le projet puisse voir le jour... Un peu plus tard, beaucoup plus tard même puisque ce fut à peu près à cette époque qu'on diagnostiqua la maladie dégénérative de son père.
Si les premiers temps Keith avait des absences, ses consultations médicales pointèrent un Alzheimer précoce. La vie de Reeves prit donc un virage imprévu où le personnel n'avait plus autant de place que sa famille, son sang. Sa mère avait besoin d'aide, sa petite sœur encore en études, et un conjoint malade n'aidait pas vraiment, davantage encore quand la maladie prenait ses aises. L'Italien avait 25 ans lorsque les Reeves furent contraint de placer le père de famille en centre spécialisé. Un coup dur pour Fabia qui se retrouvait donc seule, perdue à broyer du noir sur sa vie privée, tandis que Haley abandonnait ses études pour la soutenir, dégotant par chance un job dans une entreprise de maçonnerie où elle bossait d'arrache pied. Sa mère abandonna son boulot, préférant se concentrer sur son conjoint, celui qu'elle estimait être son époux sans porter d'alliance, quant à Clara, elle, elle annonçait à Cameron qu'il allait être père. Pas le meilleur moment pour imaginer porter ce que son père avait porté sur les épaules durant tout ce temps, pas les meilleurs instants, alors que son géniteur perdait la tête, pour s'imaginer à sa place dans quelques années. L'Italien était pourtant optimiste, ravi de sa paternité à venir, mais sans doute que ses modèles, en proie aux doutes et à l'incertitude concernant l'avenir, forgèrent l'amertume qui demeurerait au grès des mois jusqu'à s'ancrer, se greffer même, totalement en lui à peine quelques mois plus tard.
Il ne sut jamais le sexe de l'enfant, Clara fit une fausse couche à quatre mois de grossesse, et les seules choses qui demeurèrent d'un rêve étouffé dans l’œuf, furent les prénoms qu'ils avaient choisi pour ce qui ne verrait jamais le jour. Le couple ne fut plus si enjoué, si attaché. Lui tentait d'alléger le poids qui pesait sur eux, Clara plongeait doucement dans une dépression qui lui mina complètement le moral. Professionnellement tout allait bien pour le jeune homme, mais le côté privé de son existence, la facette psychologique de sa vie, eux n'étaient clairement pas au beau fixe. Son couple tint quelques années, du moins l'espérait-il jusqu'à le voir éclater à l'annonce de sa petite amie. L'épreuve était lourde, insupportable, tant que vivre auprès de lui semblait sans cesse lui rappeler ce qu'ils avaient perdu. Elle s'éloigna donc, une pause, jusqu'à tout briser. Reeves avait 29 ans, réalisait ses rêves de carrière en donnant naissance à sa propre entreprise d'architecture, engageant même sa sœur pour la réalisation physique des bâtisses, mais sa vie privée volait en éclat et ce malgré l'aboutissement d'un projet qu'il avait eu avec elle. Le loft était prêt et le jeune homme, désireux d'y vivre avec elle et avec l'enfant qui n'existait plus, n'existerait jamais, fut contraint d'y emménager seul. Le temps lui ferait oublié, exactement ce qu'il se disait en évitant tout ce qui la rappelait à lui, mais pas quand en rendant visite à son père, dans le centre où il était depuis quelques temps, ce dernier, rongé par la maladie, lui quémandait comment allait Clara, quand elle accoucherait et s'il s'agissait d'un garçon.
2013... ? Peut-être, là où il estimait que sa vie privée ne serait plus jamais la même, qu'il travaillait dessus histoire de profiter un max de ce qu'il avait mis de côté pour elle, et sûrement parce qu'il craignait finir frappin dingue, dans sa quarante septième année, Cameron avait jugé bon ne plus rien construire de stable de ce côté. S'il imaginait des foyers pour une clientèle fidèle, qu'il faisait sortir de terre, à l'aide de sa frangine, ce qui naissait dans le creux de son crâne et prenait vie sur le papier, ce n'était plus le cas de son existence personnelle. Un peu comme si sa vie n'était qu'une pile de lego qui s'était cassée la gueule, et avec laquelle on avait plus envie de jouer, le trentenaire se contentait de relations fugaces sans lendemain. Rien de sérieux jusqu'à rencontrer une fille dans un bar de Seattle. C'était peut-être la pire serveuse du monde, sans doute même car il n'avait jamais été confronté à un manque aussi flagrant de professionnalisme. Si son patron ne l'avait pas encore virée, c'est qu'il avait sûrement d'autres choses à penser, comme l'extension de son boui-boui. Exactement les raisons pour lesquelles il était passé une première fois, afin de rencontrer ce type et établir un devis. Mais s'il était repassé à maintes reprises, c'était davantage parce que la gosse - insolente en plus de ça - était drôle sous son caractère bien trempé. Ça le faisait penser à autre chose, lui rendait un peu de cette jeunesse qu'il n'avait pas voulu vivre pleinement pour y préférer Clara, comme si elle lui ôtait quelques années en l'envoyant paître ou en répondant, sans grand mal, aux multiples sarcasmes qu'il pouvait lui balancer. Elle était jeune, fraîche, sans doute que la vie l'avait pas épargné sans quoi elle n'aurait pas bossé dans ce rad, mais elle était sans doute ce qui lui fallait à un moment de sa vie où il ne changerait plus vraiment. Il avait pas de réelles intentions envers elle, c'était juste marrant de la déstabiliser, de la draguer, ça l'était moins en revanche de s'attacher à elle au fil des jours, des soirées, des sorties et discussions. S'il avait pu laisser se produire un truc entre eux, un beau soir, il ne lui en laissa pas l'occasion parce qu'elle était jeune, qu'elle avait droit de vivre quelque chose de mieux, qu'il avait plus envie de ça et se rappelait à la douleur que ça faisait quand les légo se pétaient le nez. Elle aurait pu être une amie, une bonne amie, mais l'acte finale et l'absence de réponse - physique - de sa part, ou peut-être bien la phrase de trop qui avait fusé après cinq mois, mit fin à tout ce qui aurait pu être.
Retour à la case départ à 32 ans, plongé dans le boulot et une vie privée pas vraiment exemplaire. Sa famille comptait plus que tout, il n'avait plus que ça et une poignée de souvenirs plus ou moins agréables. Il ne revit plus jamais la serveuse lamentable, n'en discutant qu'avec sa frangine de temps à autre en un sourire amusé, presque séduit ou peut-être gavé de regrets. Si Haley le trouvait con, borné, lui estimait que c'était peut-être la meilleur chose à faire pour s'éviter les chocs, les traumatismes et autres saloperies que la vie décidait de coller dans une histoire, pourtant solide, pour tenter de vous tester. Sans femme pas d'emmerde, pas de test à la con, pas de mauvais coups comme ses parents en vivaient depuis quelques années déjà. Cameron vivotait, il pensait vivre pleinement les choses cela étant, et brillait par sa suffisance et autres traits de caractères fleuris que la vie lui avait offert sans qu'il en veuille véritablement. Ne comptait plus que sa sœur, sa mère et son père qui, par chance se souvenait encore d'eux, mais pour combien de temps encore alors qu'en quelques années à peine, les choses dévièrent comme personne n'aurait pu l'imaginer ?
2015, fin d'année, c'était le début de la fin pour ce qu'avait été la vie de chacun, le début des emmerdes.
Les premières années de scolarité furent ordinaires, plus soutenues dès lors qu'il fallut s'adonner aux devoirs et à retenir l'enseignement des professeurs. Bon élève, il l'était, l'école ne fut donc pas un problème durant les sept premières années de son existence. Sept ans pour le petit garçon, à peine un jour pour la petite sœur qui agrandissait le tableau familiale. Haley. Petite bouille rose qui le fit automatiquement sourire dès que son père la lui présenta. Cameron ne la jalousa pas une seconde, bien au contraire, c'était comme un nouveau jouet, mais très précieux, duquel il fallait prendre soin et ceux durant de longues, très longues années.
Le primaire terminé, le collège fut aussi tranquille que les classes précédentes. Ce fut là qu'il se forgea un caractère plus marqué, se fit un panel d'amis et gorgea l'éponge, qu'était sa cervelle, de connaissances diverses et variées. A cette époque il s’intéressa aux divers édifices battis par l'homme sans vraiment imaginer en faire son boulot plus tard. Si sa scolarité se fit sans encombre jusqu'au lycée, ce ne fut pas le cas de sa petite sœur qui, elle, avait un mal de chien à suivre en cours. Lui pensait, créait, elle préférait coller les mains où son frère aurait préféré ne pas avoir à les foutre. A peu de chose près, et ce qui amusait leurs parents, c'était que le fils avait quasiment le caractère qu'aurait dû avoir la sœur, et que la gamine était davantage attirée par ce que son frère aurait pu faire. Préjugés ? Cliché, sans doute un peu mais ça n'empêcha guère le jeune homme de poursuivre sa voie et d'aiguiser sa passion pour la conception, les plans.
Durant ses années de lycéen, Reeves se prit d'affection pour ce qui deviendrait sa carrière. Son temps libre, quand il ne le passait pas avec son groupe d'amis, l'adolescent le mettait à profit pour ce qu'il jugeait fascinant. L'architecture était complexe, attirante. Si la nature avait ses droits, l'homme avait - à son regard - une faculté innée pour repousser cette dernière et faire pousser des bâtiments merveilleux comme s'il n'était pas plus compliqué de planter une graine afin de voir un chêne s’élever et grandir. A dix huit ans, premier diplôme en poche, le jeune homme rejoignit la faculté pour courir ses rêves et ambitions. Si l'amitié était toujours de mise, il s’intéressa davantage à la gent féminine. Certes ses années de lycée lui avaient permis de papillonner et de laisser se faire les choses avec quelques demoiselles, néanmoins rien ne l'avait cloué sur place comme cette jeune Colombienne d'un an sa cadette. Clara Fernandez, jolie brune à frange, un sourire divin, des pommettes saillantes et un engouement pour la photographie qui le poussa à s’intéresser davantage à elle. Le seul cour qu'elle suivait avec lui était l'histoire de l'art. Elle était là, assise dans l'amphi, concentrée sur ses notes, belle comme un matin de Noël, ou un jour d'été, enfin bref elle était superbe au milieu d'un tas de jolies filles qui n'avaient pas le petit plus qui pétillait dans ses prunelles brunes. Elle discutait facilement, riait pas mal aussi et s'ils étudièrent ou s'entraidèrent mutuellement pour leurs partiels, ils apprirent ensemble ce qu'était ce truc capable de vous coller des papillons dans le bide. Une époque niaiseuse et insouciante, mais qui dura.
A 22 ans, Cameron obtint le diplôme convoité avec mention "petite-amie", et se dégota rapidement un boulot dans un cabinet d'architecture prisé où il n'eut pas de mal à se faire remarquer par ses supérieurs. Premiers projets professionnels aboutissants, sa vie privée elle aussi devenait plus palpitante. Clara termina ses études un an plus tard, désireuse d'ouvrir un studio personnel ou une galerie. Cette fille avait des rêves et fantasmes plein la tête, et sans doute à cette époque l'Italien imaginait pouvoir les voir prendre vie, rêver avec elle et construire ce que ses parents avaient réussi à bâtir sur de solides fondations. 23 ans pour lui et le jeune homme eut la chance de rencontrer ses beaux parents. Des gens pas mal friqués capables d'offrir à leur fille tout ce qu'elle désirait d'avoir, pas étonnant donc que Fernandez pu accéder à ses rêves sans embûches. A cette époque Cameron ne voyait pas ça d'un mauvais oeil même s'il resta campé sur ses postions au sujet de leur emménagement ensemble. Lui tenait à lui offrir ça, ce loft pensé par ses soins, même s'ils seraient forcés de se contenter d'un petit appartement au centre de Seattle le temps que le projet puisse voir le jour... Un peu plus tard, beaucoup plus tard même puisque ce fut à peu près à cette époque qu'on diagnostiqua la maladie dégénérative de son père.
Si les premiers temps Keith avait des absences, ses consultations médicales pointèrent un Alzheimer précoce. La vie de Reeves prit donc un virage imprévu où le personnel n'avait plus autant de place que sa famille, son sang. Sa mère avait besoin d'aide, sa petite sœur encore en études, et un conjoint malade n'aidait pas vraiment, davantage encore quand la maladie prenait ses aises. L'Italien avait 25 ans lorsque les Reeves furent contraint de placer le père de famille en centre spécialisé. Un coup dur pour Fabia qui se retrouvait donc seule, perdue à broyer du noir sur sa vie privée, tandis que Haley abandonnait ses études pour la soutenir, dégotant par chance un job dans une entreprise de maçonnerie où elle bossait d'arrache pied. Sa mère abandonna son boulot, préférant se concentrer sur son conjoint, celui qu'elle estimait être son époux sans porter d'alliance, quant à Clara, elle, elle annonçait à Cameron qu'il allait être père. Pas le meilleur moment pour imaginer porter ce que son père avait porté sur les épaules durant tout ce temps, pas les meilleurs instants, alors que son géniteur perdait la tête, pour s'imaginer à sa place dans quelques années. L'Italien était pourtant optimiste, ravi de sa paternité à venir, mais sans doute que ses modèles, en proie aux doutes et à l'incertitude concernant l'avenir, forgèrent l'amertume qui demeurerait au grès des mois jusqu'à s'ancrer, se greffer même, totalement en lui à peine quelques mois plus tard.
Il ne sut jamais le sexe de l'enfant, Clara fit une fausse couche à quatre mois de grossesse, et les seules choses qui demeurèrent d'un rêve étouffé dans l’œuf, furent les prénoms qu'ils avaient choisi pour ce qui ne verrait jamais le jour. Le couple ne fut plus si enjoué, si attaché. Lui tentait d'alléger le poids qui pesait sur eux, Clara plongeait doucement dans une dépression qui lui mina complètement le moral. Professionnellement tout allait bien pour le jeune homme, mais le côté privé de son existence, la facette psychologique de sa vie, eux n'étaient clairement pas au beau fixe. Son couple tint quelques années, du moins l'espérait-il jusqu'à le voir éclater à l'annonce de sa petite amie. L'épreuve était lourde, insupportable, tant que vivre auprès de lui semblait sans cesse lui rappeler ce qu'ils avaient perdu. Elle s'éloigna donc, une pause, jusqu'à tout briser. Reeves avait 29 ans, réalisait ses rêves de carrière en donnant naissance à sa propre entreprise d'architecture, engageant même sa sœur pour la réalisation physique des bâtisses, mais sa vie privée volait en éclat et ce malgré l'aboutissement d'un projet qu'il avait eu avec elle. Le loft était prêt et le jeune homme, désireux d'y vivre avec elle et avec l'enfant qui n'existait plus, n'existerait jamais, fut contraint d'y emménager seul. Le temps lui ferait oublié, exactement ce qu'il se disait en évitant tout ce qui la rappelait à lui, mais pas quand en rendant visite à son père, dans le centre où il était depuis quelques temps, ce dernier, rongé par la maladie, lui quémandait comment allait Clara, quand elle accoucherait et s'il s'agissait d'un garçon.
2013... ? Peut-être, là où il estimait que sa vie privée ne serait plus jamais la même, qu'il travaillait dessus histoire de profiter un max de ce qu'il avait mis de côté pour elle, et sûrement parce qu'il craignait finir frappin dingue, dans sa quarante septième année, Cameron avait jugé bon ne plus rien construire de stable de ce côté. S'il imaginait des foyers pour une clientèle fidèle, qu'il faisait sortir de terre, à l'aide de sa frangine, ce qui naissait dans le creux de son crâne et prenait vie sur le papier, ce n'était plus le cas de son existence personnelle. Un peu comme si sa vie n'était qu'une pile de lego qui s'était cassée la gueule, et avec laquelle on avait plus envie de jouer, le trentenaire se contentait de relations fugaces sans lendemain. Rien de sérieux jusqu'à rencontrer une fille dans un bar de Seattle. C'était peut-être la pire serveuse du monde, sans doute même car il n'avait jamais été confronté à un manque aussi flagrant de professionnalisme. Si son patron ne l'avait pas encore virée, c'est qu'il avait sûrement d'autres choses à penser, comme l'extension de son boui-boui. Exactement les raisons pour lesquelles il était passé une première fois, afin de rencontrer ce type et établir un devis. Mais s'il était repassé à maintes reprises, c'était davantage parce que la gosse - insolente en plus de ça - était drôle sous son caractère bien trempé. Ça le faisait penser à autre chose, lui rendait un peu de cette jeunesse qu'il n'avait pas voulu vivre pleinement pour y préférer Clara, comme si elle lui ôtait quelques années en l'envoyant paître ou en répondant, sans grand mal, aux multiples sarcasmes qu'il pouvait lui balancer. Elle était jeune, fraîche, sans doute que la vie l'avait pas épargné sans quoi elle n'aurait pas bossé dans ce rad, mais elle était sans doute ce qui lui fallait à un moment de sa vie où il ne changerait plus vraiment. Il avait pas de réelles intentions envers elle, c'était juste marrant de la déstabiliser, de la draguer, ça l'était moins en revanche de s'attacher à elle au fil des jours, des soirées, des sorties et discussions. S'il avait pu laisser se produire un truc entre eux, un beau soir, il ne lui en laissa pas l'occasion parce qu'elle était jeune, qu'elle avait droit de vivre quelque chose de mieux, qu'il avait plus envie de ça et se rappelait à la douleur que ça faisait quand les légo se pétaient le nez. Elle aurait pu être une amie, une bonne amie, mais l'acte finale et l'absence de réponse - physique - de sa part, ou peut-être bien la phrase de trop qui avait fusé après cinq mois, mit fin à tout ce qui aurait pu être.
Retour à la case départ à 32 ans, plongé dans le boulot et une vie privée pas vraiment exemplaire. Sa famille comptait plus que tout, il n'avait plus que ça et une poignée de souvenirs plus ou moins agréables. Il ne revit plus jamais la serveuse lamentable, n'en discutant qu'avec sa frangine de temps à autre en un sourire amusé, presque séduit ou peut-être gavé de regrets. Si Haley le trouvait con, borné, lui estimait que c'était peut-être la meilleur chose à faire pour s'éviter les chocs, les traumatismes et autres saloperies que la vie décidait de coller dans une histoire, pourtant solide, pour tenter de vous tester. Sans femme pas d'emmerde, pas de test à la con, pas de mauvais coups comme ses parents en vivaient depuis quelques années déjà. Cameron vivotait, il pensait vivre pleinement les choses cela étant, et brillait par sa suffisance et autres traits de caractères fleuris que la vie lui avait offert sans qu'il en veuille véritablement. Ne comptait plus que sa sœur, sa mère et son père qui, par chance se souvenait encore d'eux, mais pour combien de temps encore alors qu'en quelques années à peine, les choses dévièrent comme personne n'aurait pu l'imaginer ?
2015, fin d'année, c'était le début de la fin pour ce qu'avait été la vie de chacun, le début des emmerdes.
- 10/10/2015 - La radio crachotait les mêmes infos depuis des jours. Si les gens se foutaient sur la gueule, et que les Hippies des seventies en auraient fait des syncopes après avoir balancé leur slogan de chiotte, c'était certainement dû à une merde, bactérie ou autre salmonellose bionique, présente dans les aliments. Les intoxications alimentaires, pour ce qu'il en savait sans avoir eu la joie immense d'y passer réellement, ça faisait rarement péter les plombs. A part se vider les patients faisaient pas grand chose d'autre que se tenir le bide, dans le plumard, en gardant une bassine à proximité à défaut de pouvoir rapidement rejoindre la cuvette. Il en ouvrit grand les billes en décélérant à proximité d'un carrefour, les médias avaient que ça à foutre de spéculer sur un truc qui leur échappait. En même temps c'était leur taf, fallait bien leur filer du grain à moudre et là, depuis le début du mois, c'était les mecs qui pétaient des durites parce qu'ils avaient bouffé un truc avarié. Le feu passa au vert et Reeves coupa court aux conneries de débats qui résonnaient dans les enceintes de sa bagnole. Le poisson pas frais et autres purées contaminées, il en avait sa claque pour l'heure.
- 11/10 au 12/10/2015 - Les jours se suivaient sur le même thème fatiguant, et si la majorité des retraités devaient être greffés à leurs télévisions, ou radios, d'autres défilaient dans les rues quant à l'absence d'information au sujet de ces bastonnades récurrentes. Peu au début, du moins personne avait jugé bon de se faire des pancartes pour aller protester devant les enseignes alimentaires, parce que la presse, et les médias, les avaient pointé du doigt avant de se rétracter sur ce machin qui rendait taré, mais pour ce qui était de comprendre pourquoi un mioche avait agressé ses profs, là en revanche... Des claques de parents et de jeunes cons, sans doute trop feignants pour rester en cours ou au boulot, scandaient leurs conneries devant les bâtiments scolaires, même commissariats et autre consulat, en espérant des réponses. Les plus lucides savaient parfaitement que ce n'était pas deux abrutis, munis de banderoles et faisant grève, qui allaient faire se remuer les politiciens ou scientifiques déjà sur le fameux dossier "alerte aux gogoles". Cependant les choses prenaient des proportions qui le dépassaient cruellement. Les types se contentaient plus d'agresser un pecnot par ci par là, visiblement ils en venaient clairement à les buter. Là, c'était moins redondant qu'aux premières heures, sans doute bien plus sérieux au point qu'il en écoute les informations avec bien plus d’intérêt, davantage en apprenant que ça avait flanché sévère dans l'un des hostos de la ville. Cameron ne pouvait s'empêcher de songer à son père bien que ce dernier, à l'ouest depuis des années maintenant, devait suivre sans véritablement se poser de questions, et tout oublier à peine une poignée d'heures après avoir éteint l'écran.
- 13/10 au 19/10/2015 - Les choses de ce genre ne se produisaient pas qu'en ville, du moins pas qu'à Seattle, du fait le sérieux de la situation devenait plus urgent encore, comme quoi la vie foirait sévère sans qu'on sache vraiment ce qui était à l'origine de tout ce tapage sinon un "virus" inconnu au bataillon. Et y avait de quoi pas mal flipper, ou se demander dans quel monde on vivait, en voyant des "les morts se relèvent", imprimés en une de journaux locaux, pire peut-être en visualisant certaines vidéos amateurs qui faisaient polémiques et invitaient d'autres crétins à se passionner comme ils se seraient amourachés si les Aliens étaient venus faire un petit tour sur terre. L'homme était con, limité même, ça Cameron en doutait plus vraiment en voyant la folie qui s'emparait de certains de ses amis, ou encore en se confrontant à la paranoïa que d'autres, plus âgés, avaient pu coller à sa mère déjà fragile depuis qu'elle vivait seule. Enfin d'autres, il visait large parce que suffisait de voir le défilé de la fête d'indépendance, en avance, qui sillonnait les avenues de la ville en quémandant aux traînards de bien vouloir rentrer et se calfeutrer chez eux. Mille et une émeutes par delà la ville, même tout autour du Globe, suffisant sans doute pour faire prendre la parole aux chefs d'état. Enfin, celui des USA le fit, pour les autres, Cam se contrefichait de leur sort dès lors que les siens, précisément sa famille, se portaient bien. Pour cette raison qu'il avait récupéré sa mère chez elle, pour l'inviter à demeurer au loft le temps que les choses s'arrangent, et à sa sœur de quitter son appartement afin de les rejoindre. D'après le chef de la nation, les scientifiques bossaient déjà sur un vaccin, quelque chose capable d'enrayer ce merdier. Et si certains pouvaient attester avoir vu, de leurs yeux vu, de ces morts-vivants, Cameron n'en avait encore jamais croisés à contrario de sa sœur qui, elle, était persuadée avoir vu un mec se jeter sur un autre pas moins de deux jours plus tôt avant d'être gentiment déviée par les flics. Total ? Loi martiale mise en place, et les autorités, déjà pas mal débordées, furent rapidement renforcées par l'armée qui érigeait des barrages et réquisitionnait divers bâtiments histoire d’accueillir les civils bouffés par la peur et l'incompréhension. A cela s'ajoutaient les messages radios, en boucle, qui conseillaient de bien vouloir demeurer chez soi pour éviter les emmerdes. Bon c'était pas tourné de la sorte mais le message était clair même si, pour Reeves, sa mère et sa frangine, il était évidemment hors de question de laisser leur père au centre.
- 20/10 au 27/10/2015 - Un merdier infâme pour rejoindre le centre médical, tout autant pour y rentrer étant donné le déploiement de l'armée. Des soldats avaient pris le bâtiment pour s'en servir de refuge. Logique en un sens puisqu'il y avait de quoi palier aux besoins ici. Nourriture, eau, sanitaires, lits. Son père était là, dans sa chambre, et personne n'avait encore jugé bon de lui flanquer un colocataire. Cameron avait toujours du mal avec les visites, mais là ce n'en était pas vraiment une, le tout était de l'emmener, se tirer de là et espérer prospérer dans le loft ou ailleurs en attendant que les autorités, ou les scientifiques, aient géré le problème. Bien évidement, il ne fut plus question de sortir une fois sur le seuil pour accéder au parking. Si sa sœur interrogea le mec en treillis qui leur barrait la route, Cameron lui sentit ses nerfs friser. Loi martiale oblige, mieux valait rester sur place que de risquer sa peau dehors. Fabia opina sans grande surprise, tempérant son fils comme elle put, comme elle savait le faire, et la petite famille rejoignit la chambre de Keith. C'était la même rengaine chaque jour, impossible de quitter les lieux, "pour leur sécurité", mais pour leur sécurité il fallait entasser un max de gens dans ce foutu centre. Les informations filtraient par delà les talkie, seule source de savoir puisque le personnel encadrant évitait clairement de coller la télé pour des patients déjà fragiles. Les coups de feu retentissaient autant que l'écho des pales d'hélicoptères et parfois les gens s'agitaient et beuglaient à tout va sans malgré tout oser défier les gars armés qui avaient bouclé le périmètre. Le réseau téléphonique ne tarda plus à sauter, comme les écrans et le reste capable de tromper l'ennuie et la crainte palpable des personnes présentes sur les lieux. L'un d'eux tenta bien de se faire la malle, cependant plus personne ne le revit, on entendit juste quelques rumeurs au sujet d'un abruti s'étant jeté entre les griffes de ces espèces de monstres à allure humaine.
C'était le début des emmerdes, et ce même si la vie n'était pas vraiment rose pour tout le monde. Plus d'un mois qu'ils devaient perdurer dans cette clinique bondée de monde où les gens ne faisaient que se plaindre et chercher à avoir de plus amples informations au sujet des coupures de courant, du manque de place, et des gens cinglés au dehors sur lesquels l'armée tirait visiblement à vue. Désormais son père était flanqué d'un colocataire, un type que la famille n'était pas venue voir depuis des mois et qui, à l'heure actuelle, n'allait sûrement pas se sortir les doigts pour le tirer de là. Cameron remuait un tas de choses en fixant par delà la fenêtre qui menait sur la coure intérieur où certains fumaient leur ultime cigarette, son genou battant un rythme inaudible jusqu'à ce que sa sœur y dépose la main. Le trentenaire en roula des yeux, un sourire narquois aux lèvres qui se fit la malle à peine vit-il deux soldats se pointer dans l'embrasure. "Besoin de vous si possible et blabla..." Bha voyons, voilà que les types chargés de leur protection nécessitaient de leur aide sans être foutu de les informer sur le tour que prenait la situation extérieure. Pour quoi au juste ? Premièrement pour aider ceux dans le besoin ici bas, ensuite pour quelques sorties qui faisaient envie à personne quand on constatait que, même les gens chargés de leur "protection" ne rentraient pas forcément des divers périples visant à ramener du matériel et de quoi tenir un putain de siège dans une clinique spécialisée. Ça c'était en Novembre, juste avant que l'électricité saute et que les plus chiants d'entre eux, et les moins courageux parce que ça allait forcément de paire, se plaignent de plus pouvoir se regarder les films de l'espèce de vidéothèque à disposition.
Rien n'allait se tasser et encore moins en voyant les rangs s'amoindrir. S'il était pas le dernier à l'ouvrir, en revanche Cameron n'avait pas la moindre envie de foutre le nez dehors pour possiblement se faire trucider par le premier morts qui cavalait librement. Sérieusement, penser que les défunts se relevaient ça tenait déjà de la science fiction, mais en plus que ces derniers aient une passion pour la chair fraîche ça, c'était sans doute pire que la télé réalité.
L'hiver passa ainsi, entre le rationnement de la nourriture qui se faisait plus rare qu'elle ne l'était avant le merdier, et les quelques mesures prises par ce qui restait du personnel soignant. Forcément dans un hosto, ou centre, il n'était pas rare que des gens cassent leur pipe, davantage encore par temps "d'apocalypse" et saison de maladies en tous genres. Plusieurs y restèrent, de vieillesse - pour la plupart - ou autre grippe, après tout Reeves n'en avait pas grand chose à faire, mais la décision fut prise de fermer une aile du bâtiment. Celle qui menait sur la petite coure intérieure. Les corps s'entassant, la morgue sans doute pleine, bordel qu'en savait-il il avait jamais bossé dans le domaine, les infirmiers et autres aides soignantes avaient sorti les dépouilles, préalablement emmaillotées par respect, pour les déposer dans ce cagibi à l'air libre. Au moins ils éviteraient d'empester les locaux. Avait-il songé à voix haute avant de se manger un pinçon de la part de Haley. En revanche vers la fin Février, le truc le plus surprenant fut sans doute de voir que les corps étaient plus vraiment à leur place initiale à peine une nuit après avoir été déposés là et, étant donné le nombre de dépouille casées là, pas étonnant que même les civils, entassés comme des sardines dans le domaine, soient capables de se rendre compte de ce nouveau souci.
- On sait que les morsures engendrent l'infection, la fièvre, la mort, ensuite la stase qui régénère les nerfs pour permettre au défunt de se relever. Cameron, dans un coin de la salle commune, roula des mirettes.
- Wiképédia c'est déjà chiant à lire, mais à entendre... Siffla-t-il avant d'entendre sa sœur, auprès de lui, soupirer. Ouais bon, il était insupportable, sarcastique, plus encore depuis que sa vie se résumait à devoir partager son espace vitale avec un panel de vieux qui peinaient à garder la salive dans leur bouche, mais là ils avaient un sacré problème. Sérieusement, il se fait mousser pour qui ? Tout le monde sait qu'une morsure rend cinglé, ce qu'on sait pas c'est pourquoi ces macchabées, qui n'ont "en toute logique" pas été mordus, se relèvent pour se faire une farandole dans la coure.
- Il s'agit d'un virus, je m'avance peut-être mais, ils ne se transmet peut-être pas que par la salive, ou le sang. Le discours du médecin en chef faisait s'élever les voix. Pourtant s'il était présent dans l'air, transmissible par voies aériennes, je doute que nous soyons encore capables de témoigner de ce qui s'est produit dans la coure. Avec ça ils étaient bien avancés, toujours étaient-il que des morts, pas mordus pas griffés, se relevaient et que, désormais, l'aile ouest grouillait donc de macchabée. Hormis penser, peut-être à tort, que mourir active quelque chose que nous portons tous, je n'ai aucune certitude, cependant il va falloir condamner les accès, éviter d'attirer leur attention... Les tuer ou.... Enfin je mise sur la sécurité. Quant à lui Cameron voyait ça comme la politique de l'autruche. Le problème était là et grossirait encore, mais quand on ne voulait pas le voir, on le voyait pas : de simples œillères qui ne leur seraient guère utiles, même plutôt défavorables bien plus tard cependant.
Ils les entendaient parfois, ça râlait, grouillait, mais jusqu'ici hormis avoir consolidé les différents accès à l'aile infestée de ces merdes ambulantes, personne n'avait fait grand chose. A part ça, les expéditions extérieures devenaient récurrentes, tout autant que le manque d'effectif armé. Quiconque sortait de là était pas garanti de revenir, pas étonnant que certains se faisaient dessus à l'idée de crapahuter en ville à la recherche de conserves, d'eau, ou de quoi vivoter encore, dans le centre. Haley s'était proposée, si elle ne l'avait pas fait, Cam ne s'en serait pas mêlé, mais sa sœur avait cette valeur que d'autres n'avaient pas à son regard ici, tout autant que sa mère et son père qui ne se rendait compte de rien, ou s'il le faisait, la maladie avait raison de lui après quelques heures de lucidité. La première sortie pour lui eut lieu en Mars, Avril peut-être. Cette première confrontation avec les infectés lui fit l'effet d'une vaste blague, mais la réalité le rattrapa bien vite dès lors qu'il eut à enfoncer une lame dans le crâne de ce qui, jadis, avait été un véritable être vivant doté de parole, sentiments et pensées. C'était pas rien, c'était clairement pas anodin, mais à l'instant où la mâchoire avait claqué à quelques centimètres de son oreille, le trentenaire avait choisi sa vie à contrario de celle, bien dérisoire, de cette putain de créature hostile. Finalement c'était simple, simple lorsque l'adrénaline dictait vos gestes. Ce jour là, ils étaient rentrés avec quelques vivres, loin, très loin de penser qu'au final, leurs efforts ne séviraient à rien.
L'été, si jusqu'ici les gens s'étaient plain du manque de chauffage durant l'hiver, voilà que la chaleur leur faisait péter les plombs. Pas de clim, forcément l’électricité c'était de l'histoire ancienne, mais pire que tout, qui disait température en hausse disait odeurs pestilentiels, davantage quand y avait des tas de morts vivants dans les ailes voisines à celle sécurisée et que leur fragrance fleurait bon à travers les anciennes gaines d'aération. Semblait temps de faire quelque chose, sans doute pour ça qu'un, plus dégourdit qu'un panel de trouillards incapables, avait trouvé judicieux de récupérer le reste des armes des soldats, désormais morts ou disparus, et quelques couteaux des cuisines, fort heureusement accessibles, avant de penser à aller "nettoyer" peu à peu les ailes bondées de créatures passées de trépas à nouvelle vie de cannibales. Josh, ce type d'une trentaine d'années, semblait partant pour récurer à petite dose les différentes pièces infestées, sans doute parce que dans ce corridor putride, plus loin, se trouvait une réserve sèche qui n'avait pas été vidée. Les choses engagées, Cameron avait quémandé à sa sœur de rester auprès des autres pendant que cinq personnes, dont lui même, tenteraient l'impossible. Le browning tendu par Joshua serré dans la paume, un couteau aiguisé à la ceinture, et le trentenaire emboîtait le pas de ce type sans être certain de ce qu'ils trouveraient derrière cette porte. Et ce fut bien impossible, trop de morts, trop de danger, trois d'entre eux y passèrent avant que les deux hommes ne reviennent sur leur pas et tentent de calfeutrer de nouveau l'accès. En vain.... L'unique solution restante, puisque la mort gagnait de terrain sur leur "habitat" déjà restreint, fut de songer à partir, trouver mieux ailleurs. La panique s'emparait d'eux, désormais les rôdeurs avaient loisir de errer plus vastement sur le centre, et si chacun fut prêt à décamper, sans même savoir où se rendre, d'autres comme sa mère et quelques dames plus âgées, n'avaient pas le courage d'abandonner leurs époux, enfants, proches, malades et prisonniers de ce monde bien plus qu'eux, lucides, ne l'étaient.
Septembre Plus que cinq, cinq sur une dizaine, voir quinzaine de personnes encore au printemps dernier. La pire des pertes pour les Reeves fut d'abandonner leurs parents là bas. La seule chose qu'avait tenu à leur laisser Haley, puisque Fabia n'avait aucune intention d'abandonner son époux, fut un 9mm. Cameron se souvenait inlassablement de cette dernière discussion, des larmes de sa sœur, des sourires rassurants de sa mère. Faudra le faire avant, ou après mais promet le nous. Se mettre une balle dans le crâne, comme les militaires le leur avait dit lors des premières sorties, rien d'autre. La seule et unique manière de demeurer mort, raide mort, et de ne pas se redresser. L'assurance qu'lls avaient de savoir leurs parents ailleurs, pas errants dans les couloirs de ce centre sordide désormais aux mains des charognes. Le groupe de cinq avait donc cherché un endroit, sillonnant les avenues désolées de la ville sur une bonne partie de l'automne, ne se posant que ça et là dans quelques bicoques abandonnées dont il récupérait les vivres et le peu de choses vitales encore à portée. Cette période si creusa plus profondément le caractère déjà dur de l'aîné alors que la cadette semblait quelque peu s'adoucir et tenter de jouer d'optimisme dans un monde où rien que le mot était risible.
A la fin de l'automne, Josh dégota de quoi voir venir l'hiver. Les murs étaient épais, peu d'infectés y rodaient, la bibliothèque du centre. Pas de vivres sinon ceux amassés durant le périple, mais quelques surfaces jouxtant l'endroit pour imaginer y passer l'hiver. L'hiver fut plus rude que l'année précédente, néanmoins ils y apprirent une chose qui favorisait leurs expéditions malgré les températures difficiles, la gelée forçait les morts à se figer pour la plupart. Même si la saison n'était pas la meilleure pour la survie, le petit groupe avait au moins le répit de n'être poursuivit par aucune horde. La neige joua son rôle néanmoins, rendant au monde une allure spectrale, trop calme, qui parfois se muait en cauchemar lorsque, sous ce manteau blanc, les griffes des créatures saillaient. Cependant il n'y eut aucune perte à déplorer, plutôt d'autres survivants, de confiance, à intégrer à ce noyau solide. Cameron appréciait Joshua, au grès des mois il avait appris à le connaître, à se fier à lui et le duo masculin gérait plus ou moins ce qui, peu à peu, devenait un clan propre. Au retour des beaux jours, la petite communauté de la bibliothèque s'était muée en un groupe d'une vingtaine de personnes. Toutes volontaires, chacun avec son savoir faire, utile. Le pire pour le trentenaire était sans doute de croiser le regard des quelques mioches affolés par ce monde. Finalement, si le sien n'avait jamais vu le jour, il en louait quasiment le ciel, sans quoi son propre fils, ou sa fille, aurait été aussi effrayé que ces gamins n'ayant plus de véritable avenir que celui d'être fort, dur, pour affronter aux mieux le nouveau monde qui s'imposait à eux.
Durant le printemps tout fut consolidé au grès des mois dans cette bibliothèque, profitant des températures plus clémentes d'une saison favorable. Courant Avril, les membres avaient trouvé du matériel, quelques graines à planter dans les jardins grillagés du domaine, de quoi "vivre" plutôt que de survivre alors que les conserves, les snacks et autres produits alimentaires sortis d'usine se faisaient de plus en plus rares. La fraîcheur des lieux à la saison chaude était bénéfique, en revanche au temps plus froid il leur fallait absolument restreindre les déplacements. L'essence leur était plus utile à chauffer qu'à nourrir les véhicules parqués à l'abris des regards. Si l'homme était en danger, il n'en était pas moins dangereux, davantage encore lorsqu'après avoir récupéré d'autres survivants, ces derniers évoquaient le triste sort d'une communauté à l'abris d'un lycée des environs. D'autres groupes, d'autres survivants mais pourtant pas les mêmes espérances et idéaux. Sans doute cela, et les quelques rumeurs qui courraient des nouvelles bouches à nourrir, qui força le noyau du clan à imaginer se déplacer, plus en retrait de la ville, histoire que jamais cette troupe de dangereux énergumènes ne leur tombe sur le coin de l'oreille.
Dans ce monde, rien n'était sûr, et il était bien plus simple de repartir à zéro, inlassablement, que d'imaginer vous soumettre à des cinglés que la mort n'avait pas jugé bon éradiquer de la surface de la terre. Après plusieurs discussions, après avoir amassé ce qu'il fallait pour ce périple, Cameron, Haley et Joshua menaient cette quinzaine de membres à l'extérieur de la ville au prémisse de l'automne 2017. La campagne avait ses avantages mais autant d'inconvénients. Le point de chute fut une ancienne supérette dans les environs de Sea-Tac. Avant de fuir les propriétaires avaient songé à tout boucler, comme s'ils allaient avoir l'occasion d'y revenir un jour. Un nouvel espoir pour le groupe, cependant ce qui se mangeait ne repoussait pas comme dans cette bibliothèque où les choses semblaient plus simples. A nouveau il fallut sécuriser, penser à chasser désormais pour éviter la pénurie, et repousser les créatures bien plus nombreuses qu'en ville. A croire que les infectés migraient et se reproduisaient toujours plus.
Tempête de neige cette hiver là, de quoi faire vibrer les murs et foutre la trouille à ceux qui se calfeutraient dans la supérette. Si certains disaient que les murs, ou la toiture, allait leur tomber sur le coin de la gueule, Cameron lui soupirait. Chaque année était comme un peu plus de noirceur chez lui, il ressassait continuellement le passé, devenait plus dur, plus acerbe, plus.... Chiant et con, comme le lui certifiait sa sœur. Il n'y avait bien qu'elle pour le supporter, même Joshua prenait sur lui, quant aux autres, il les entendait souvent chuchoter et se taire quand il passait auprès d'eux. Le trentenaire n'en avait plus grand chose à foutre, dès l'instant qu'il faisait ce qui semblait logique pour eux tous, pour que sa sœur survive c'était suffisant. Si son métier lui manquait ? Pas tant, davantage quand il fallait annexer les bâtiments ou tenter d'élargir leur résidence comme aimait l'appeler, en se marrant, un Josh qu'il trouvait bien trop optimiste. Aux yeux clairs de Cameron, c'était le calme avant la tempête, un jour ou l'autre les choses foutraient le camp, encore, et tout ce petit groupe qui, de plus en plus semblait jouer d'insouciance et prendre les choses à la légère, comme un jeu de rôle géant, n'y survivrait pas.
Oiseaux de mauvais augures ? Peut-être car après l'hiver rude, le printemps fit débarquer une peuplade de macchabées alors que la moitié des effectifs étaient en repérage près d'un lac. De ceux rentrés ce jour là, ne demeura que quatre personnes. Pas que le trentenaire avait envie de leur siffler un "je vous l'avais bien dit" mais la phrase lui brûla les lèvres plus qu'il ne l'aurait cru. Peut-être cet incident les força à se refaire une santé côté renforcement et protection. Si certains savaient se servir de flingue, ils trouvèrent judicieux d'y initier même les plus jeunes et novices. Seul le truc qu'il trouva utile parce que s'approcher des crevures nauséabondes le rendait plus amère encore que lorsque sa frangine le forçait à se coltiner le mélange d'un espèce de torchis pour consolider les parois de la supérette. Cette année là, l'ambiance n'était plus de mise, des querelles éclataient bien souvent, et bien souvent les sarcasmes et autres humeurs de l'architecte en étaient à l'origine. Lui n'avait pas l'intention de laisser sa place ou de foutre le camp, les mauvais éléments pouvaient bien le faire s'ils imaginaient faire mieux. Fin de l'été 2018, ce fut ce qui se produisit sous les vaines tentatives de Josh, visant à les faire changer d'avis. Six d'entre eux prirent leur clic et leur clac et ils ne les revirent plus jamais. En Automne le groupe n'était plus qu'un clan de six quand un séisme secoua les environs. Si eux ne sentirent pas grand chose, Reeves eu une vague pensée pour ce qui restait des vivants encore présents dans Seattle. S'ils n'étaient pas morts, si sa mère avait juré sans malgré tout pensé à le faire, à se tirer une balle dans le crâne après avoir tué son père, alors peut-être étaient-ils, désormais, enterrés sous les décombres de la clinique.
Hiver 2018/2019.
Le groupe ne s'était pas agrandi, il ne s'était pas non plus restreint, par chance ou encore par volonté, qu'importait à présent ? Cameron vivait pour vivre, mangeait par faim et buvait par soif, tout le reste n'était que des épreuves desquelles il se tirait grâce à la rage de vaincre, de vivre ou, pour elle, qui fixait par delà les stores de la supérette. Malgré ce qu'ils en pensaient, Reeves restait sensible mais ne le montrait plus, des actes passés, qu'ils fussent produits du malheur ou de sa propre main, l'avaient endurci pour devenir celui qu'il était aujourd'hui. Deux d'entre eux étaient partis chasser dans les bois qui avoisinaient la bâtisse, Josh, Haley et Dan vérifiaient les armes et quant à lui, le trentenaire sourcillait quant au premier duo, visiblement éprouvé, qui s'empressait vers le seuil. La porte claqua derrière eux en laissant rentrer un écran de poudreuse, sans attendre Lucy, la plus âgée des filles,, verrouilla tandis qu'on amenait Marshall dans le salon avec bien du mal.
- C'est quoi tout ce sang ? Où est la prise ? Le ton sec, l'angoisse grimpant déjà des échelons, Cameron s'approcha d'eux en faisant immédiatement reculer sa sœur. Vous avez croisé des gens, ils savent qu'on est ici, vous avez été suivis ?
- Calmes toi Cam', laisses les parler. Tempéra Haley en un soupir las.
- Marshall tu te sens bien ? Renchérit Josh en s'approchant jusqu'à sentir le bras de Cameron buter contre son buste.
- On s'est fait attaquer, ils étaient pas nombreux mais, on s'y attendait pas Cam et..... et... Paniqua Lucy en pleurs. Là, le sourcil arqué, Reeves agrippa le bras du quadragénaire et souleva la manche ensanglantée de sa veste pour de suite la relâcher puis faire volte face vers sa sœur.
- Il a été mordu, depuis combien de temps ? Interrogea-il. Lucy s'approcha, la gorge serrée. DEPUIS COMBIEN DE TEMPS ?
- J'EN SAIS RIEN, une heure, peut-être moins, qu'est-ce que ça peut faire ? L'infirmier du groupe, Dan, ouvrit l'armoire contenant tout ce qui concernait les soins puis s'approcha.
- On peut amputer, on a de la morphine, on peut le faire ça évitera à l'inf... Soudain un coup de feu retentit et fit sursauter chaque personne présente. Le temps s'arrêta subitement, plus personne ne parlait, on entendait que le vent au dehors. Tous se tournèrent et fixèrent le canon encore fumant que tenait Cameron et le sang coulant doucement de l'impact entre les yeux de celui qu'il savait condamné, dangereux et surtout mort dès l'instant où les crocs de la créature s'étaient plantés dans sa chair. POURQUOI, on pouvait y remédier Cameron, POURQUOI ?!!!!
- Remédier à quoi, à quoi tu voulais remédier ? C'est la seule chose à faire, vous vouliez tous mourir ? qu'il s'attaque à vous sans que vous ayez la moindre chance de vous en sortir ?
- On peut plus avoir confiance en toi c'est.... Lucy déglutit, campée près de Dan duquel elle tenait le bras.
- Et moi ? Moi j'ai plus confiance en vous deux, vous avez ramené un mort ici, il était mort au moment où ce monstre l'a mordu, vous le saviez et on en avait déjà parlé, vous saviez c'que je ferai ! Les pleurs faisaient écho entre les murs. On est pas en sécurité ici, pas avec des gens qui font entrer la mort dans l'endroit qu'on se tue à garder sauf........ Haley, rassemble tes affaires on a plus rien à faire ici..
- Toi aussi tu vas te tirer Haley ? Interrogea mollement Dan. Le grand brun les fixait tour à tour, jusqu'à croiser les prunelles de ceux qu'il considérait comme les siens. Joshua, Haley.
- J'suis désolée, Cam est ma famille, je suis désolée..... Souffla-t-elle.
- Putain Cam, y avait peut-être une autre solution. Murmura Josh au trentenaire.
Il n'y en avait aucune autre pourtant, et cette discussion mit fin à des mois dans cette supérette. En quelques heures, Cameron avait rassemblé ses affaires, celles de sa sœur. Prêt à décamper, seulement surpris lorsque Josh s'était joint à eux. Pas de retour en arrière... Dan et Lucy perdurèrent dans ce magasin, peut-être peut-être pas, quant au trio, il reprit les routes sans être certain de pouvoir trouver de refuge, du moins pas avant d'atteindre Tacoma.
Ce panel de gens là, à qui il venait de raconter brièvement ses épreuves, l'observait d'un air neutre. Aucune sorte de sentiment ne semblait traverser leurs traits. Typiquement ce qu'un "conseil" devait faire par les temps qui courraient. Qui aurait eu de la compassion, ou en aurait montré, pour des étrangers qui espéraient perdurer chez eux, dans un groupe reconstruit parce qu'un autre, visiblement, avait tout fait pour les soumettre ou leur défoncer ce qu'ils avaient de plus cher ? Le trentenaire se tenait là, face à trois femmes et deux mecs, après des jours plus durs que ceux vécus au tout début, du sang sur les mains qu'il ne regrettait pourtant pas le moins du monde. Il ne réclamait pas leur pitié ou quelques remarques, il voulait simplement se poser, que sa sœur se pose tout autant et que Joshua, bien qu'amère quant à son comportement leur ayant coûté leur abris, leur force, puisse être en sécurité même si lui voyait déjà les quelques tares de ce Fort où trop de monde évoluait pour peu de place. C'était pourtant pas son problème, mais si on venait le trouver pour quelques plans, il pourrait sans doute faire cet effort ... Exactement ce que lui servait le regard clair de Haley, à son flanc.
- A vous de décider... Lâcha-t-il en fixant les yeux clairs de la plus jeune du lot. Elle avait l'air dur malgré son jeune âge, plus dur que son copain à barbe juste à coté d'elle. Comme quoi la stature signifiait rien, peut-être aurait-il l'occasion d'en savoir plus sur eux si, toutefois, ils décidaient de leur offrir une chance dans cet ancien musée.
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Re: For better & Worse
Ven 22 Mar 2019 - 18:09
un 7e compte !! oO wow respect ! Bienvenue néanmoins à ce beau monsieur !! ^^
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Re: For better & Worse
Ven 22 Mar 2019 - 18:55
Mais... c’est un remake de Split en fait !
En tout cas reeeeeeeee bienvenue avec ce charmant nouveau perso
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Re: For better & Worse
Ven 22 Mar 2019 - 19:07
vas chier 'Cordialement' ou lis ta voisine du dessus qui est bien plus LucideAshley Good a écrit:T’es moche
Merci mesdames
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Re: For better & Worse
Ven 22 Mar 2019 - 19:09
On m'a enlevé ma lucidité y'a quelques années =( l'opération s'est bien passée merci de demander.
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