Evil never sleeps
Mar 9 Avr 2019 - 2:17
Comme si cet endroit ne semblait déjà pas totalement hors du temps -de ce temps de survie-, l'électricité était désormais permanente. Un avantage non négligeable et plus qu'appréciable à dire vrai mais, comme pour chaque marque de confort de cette île, l'ancien homme d'affaires y était réticent. Parce-que s'y habituer trop réduirait leurs anciennes habitudes, celles de la survie, ces mécanismes qui avaient été les leurs avant d'arriver ici. La vie qu'ils menaient à Bainbridge depuis quelques mois était-elle plus appréciable que celle à Renton ? Ou au phare ? Sur le papier oui, ça ne faisait aucun doute, mais sur le papier ce n'était pas ce qui leur permettrait de survivre. Bien sûr, l'extérieur était dangereux, mais fallait-il pour autant oublier qu'il existait ? C'était précisément ce qui arrivait ici, et cette impression s'accentuait de jour en jour. Ils en avaient discuté avec Morgan, avaient remis l'idée de partir sur le tapis. La Petite Cheffe accepterait, sous certaines conditions évidemment, mais ils pourraient retourner à la misère et la mort. Parce-que c'était ça, leur réalité, et pas une tour d'ivoire qui les préservait de ce qui d'une manière ou d'une autre, finirait par les rattraper un jour ou l'autre. Ce jour-là, mieux valait qu'ils soient prêts.
Malgré cette volonté, le quarantenaire tâchait de se rendre un minimum utile sur l'île, tant pour s'occuper l'esprit que parce-qu'il souhaitait garder quelques habitudes. Aussi, après avoir rendu une visite à la Russe en captivité au matin, il était allé monter la garde à l'un des postes prévus à cet effet. Ses prunelles claires s'étaient rapidement perdues sur l'étendue de flotte en face. Ça aussi, il commençait à mieux gérer, à un détail près : son chez-lui était bien trop loin, de l'autre côté de ce bras de mer. Avait-il seulement encore un ''chez-lui'' ? Sans doute pas, même si son appartement au Madison Park était ce qui se rapprochait le plus de cette appellation. C'était un peu chez-lui oui, mais ce n'était pas chez-eux. Et s'ils désiraient réellement partir d'ici, il leur faudrait savoir où aller, parce-qu'errer n'était pas une option acceptable. Il leur fallait quelque chose à eux, quelque chose où ils pourraient reconstruire quelque chose, où ils pourraient redevenir un sans avoir à se méfier de la moindre personne extérieure qui rôdait autour.
La journée touchant à sa fin, un militaire avait pris sa relève, lui permettant ainsi de retourner dans cette maison qui était la leur depuis leur arrivée ici. Ils étaient toujours soudés, n'avaient toujours pas pu s'émanciper les uns des autres -hormis Victoria qui semblait réellement se plaire ici, allant comme toujours au plus offrant-. Mais malgré tout, le blond avait le sentiment qu'ils n'étaient pas à leur place. Il avait essayé pourtant, de s'y faire, d'établir des contacts avec les habitants de l'île, mais force était de constater que les trop nombreuses pertes qu'il avait eu à essuyer avaient laissé leurs marques en lui, le laissant désormais fermé à tout nouvel attachement. Il n'était d'ailleurs pas le seul à peiner à se faire à ce coin. Morgan n'était pas bien. Nathan avait tout l'air d'une ombre qui évoluait parmi eux sans pour autant être vraiment là.
C'est d'ailleurs ce dernier qu'il vit à peine fut-il entré dans le salon de la baraque. Arquant un sourcil, il lança un simple «salut » de circonstance en s'installant dans le fauteuil, déposant sur la table basse ses armes. Toutes hormis son fidèle poing américain, toujours logé dans sa poche gauche. Toisant le scribouillard quelques secondes, il inspira profondément. «Comment tu te sens ? » Une question qui écoperait sans doute d'un habituel ''bien''. Aussi, il se hâta de poursuivre : «Et ne me dis pas que ça va, Nate, je ne suis pas aveugle. » Si son ton était un brin froid, ses prunelles, elles, étaient empreintes d'une réelle inquiétude. Bien sûr qu'il voyait qu'il y avait un problème, mais il n'avait jusqu'alors pas pris la peine d'entrer plus en profondeur dans le sujet, notamment parce-qu'il y avait toujours quelqu'un dans les parages. Là ils étaient seuls, et l'aîné avait bien l'intention de creuser le fond du problème.
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Re: Evil never sleeps
Mer 10 Avr 2019 - 13:16
Evil never sleeps
tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man my boy. but for now it’s time to run...
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Si sur le vif il avait quasi rien vu venir, mais qu'il l'avait parfaitement senti, désormais l'emprunte des phalanges repliées de Mayfield marquait son œil gauche d'une auréole noirâtre, prune peut-être, aubergine aurait sorti un décorateur d'intérieur. Non content d'avoir la gueule de biais depuis ce fameux ce soir, et la paupière complètement dans le sac, Fuller avait aussi remarqué la boursouflure qui accompagnait le coup. C'était comme avoir la chair à vif, suintante, comme si son pote lui avait pelé la tronche comme une vulgaire banane. Son pote, le mot même, et juste pensé, lui arracha un rictus mauvais. S'il avait été cul et chemise avec Will fut un temps, à l'heure actuelle le Californien avait certainement une grosse envie de le noyer dans le bras de mer qui léchait les bordures de l'île.
Il avait déjà merdé une fois aux yeux de l'ex clerc, même si ça le concernait pas vraiment, mais depuis que ses lèvres avait flirté avec celles de la rouquine là, en revanche, le blond était le premier concerné. Les doigts contre la plaie, face au miroir du hall, le journaliste siffla entre ses dents avant de jeter un œil vers les marches. Personne dans le coin, sinon cet abruti de pécore qui lui souriait encore.
Un soupir las quitta ses lèvres, et s'il rejoignit le salon ce ne fut que pour se laisser retomber dans l'un des fauteuils à dispo. Une jambe contre l'accoudoir, l'autre s'y croisant, il se garda d'arquer le sourcil gauche quand des pas résonnèrent dans la pièce. Paupières à semi closes, Nathan émit un faible rictus quant à la question de la grande tige qui revenait d'une garde, en témoignaient les armes qu'il venait d'abandonner sur la table basse et qui, sous l’œillade perfide du trou duc qui lui tenait lieu d'ennemi imaginaire, lui faisaient un grand sourire quant à ce qu'il pourrait régler, une bonne fois pour toute, s'il avait au moins le cran de se tirer une bastos en pleine tronche. Comment il se se sentait ? En toute honnêteté comme un putain de déchet, une loque humaine, un espèce de parasite qui malgré la sensation de faire chier le monde plutôt que de l'améliorer, s'ancrait fermement à lui avec la conviction qu'ignorer, se taire, ou encore coller un voile opaque sur ses emmerdes, lui permettrait de se sentir mieux à un moment ou un autre. Il en haussa les épaules, peu enclin à répondre ce fameux « bien » que Zack devait s'attendre à voir filer ses lèvres, mais sourcilla bien plus quand ce dernier lui coupa l'herbe sous le pied.
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Re: Evil never sleeps
Sam 13 Avr 2019 - 11:49
La pseudo-plaisanterie du journaliste n'arracha pas le moindre sourire au blond qui se contentait de fixer l'état de son œil franchement amoché. Il l'avait remarqué oui mais n'avait jusqu'à présent pas cherché à en savoir plus. Si Nathan s'attirait des noises ce n'était sans doute pas pour rien et, s'il avait toujours placé la parole des siens avant le reste, Zack ne pourrait pas toujours légitimer leurs actes. Aussi n'était-il pas dupe : l'état de son visage n'avait pas été causé par une personne externe à cette maison. Rien que l'ambiance générale des derniers jours prouvait bien qu'il y avait eu un problème de taille. Avait-il seulement envie de savoir ? D'avoir encore à gérer leurs querelles comme des gosses en cour d'école ? Sans doute. Parce-qu'ils étaient tout ce qu'il lui restait et qu'il jugeait qu'il avait au moins le droit -si ce n'était l'obligation- d'être au courant de ce qu'il se tramait sous son propre toit.
Il n'avait toujours rien dit quand Fuller reprit la parole pour poursuivre. Physiquement ça allait oui, au top apparemment ! Mais le bien-être physique était quasiment surfait dans leur monde, c'était le mental qui faisait beaucoup, et c'était ça qui semblait poser problème. Parce-que Nathan devenait peu à peu l'ombre de lui-même, que ses blagues douteuses ne fusaient pas dans la baraque, qu'il n'était même plus foutu d'afficher un sourire. Et ça, ce n'était pas lui. Autant dire donc que sa réponse ne convenait pas le moins du monde à l'ancien homme d'affaires. Il pouvait le voir qu'il était entier physiquement parlant, qu'il n'avait aucun souci plus grave que ce coquard qui déformait sa paupière. Mais il pouvait aussi voir qu'il y avait autre chose. Il hocha cependant la tête à ses nouvelles paroles, comprenant parfaitement pourquoi cet endroit ne convenait pas au brun. «On ne restera pas ici, c'est qu'une question de temps » rétorqua-t-il simplement sans s'étendre sur le sujet. Certes, le temps était déjà passé, trop de temps, mais ils n'en n'auraient plus pour longtemps. Quand Roza aurait parlé, qu'ils auraient discuté tous ensemble de leurs possibilités, le moment d'anticiper la suite arriverait.
Laissant un instant le silence baigner la pièce, le blond ne retint pas un soupir et se leva, se dirigeant vers le meuble près de la télé pour en tirer une bouteille de whisky et deux verres. Il déposa le tout sur la table, versant le liquide ambré dans les contenants avant d'en pousser un vers son cadet, gardant le second en main en se réinstallant dans le fauteuil. «T'as eu ça comment ? » lança-t-il alors. Malgré son ton calme, ses prunelles claires étaient suffisamment expressive : mieux valait que le brun ne le baratine pas, il n'avait ni envie ni la patience de jouer aux devinettes ou de rire. Le blond prit alors une gorgée d'alcool, laissant le liquide lui brûler la gorge de cette manière doucereuse qu'une partie de lui appréciait toujours bien trop, attendant que son vis-à-vis daigne répondre à sa question.
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Re: Evil never sleeps
Lun 15 Avr 2019 - 13:27
Evil never sleeps
tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man my boy. but for now it’s time to run...
Polyphème ouais, finalement il en savait des trucs, personne aurait pu soupçonner qu'il ait le nom exact du Cyclope d'Ulysse. Étant donné son comportement de connard fini, personne devait soupçonner, ou penser, grand chose de bien sur son compte.
Zack l'avait au moins « rassuré » sur un point à défaut de connaître le fin fond de ses pensées complètement en vrac : ils allaient plus stagner ici longtemps. Good, au moins ça qui faisait souffler une brise plus douce sur son cœur. L'écho du verre contre le bois de la table basse l'invita à fixer le récipient, à se pencher vers ce dernier et à l'agripper pour mieux le ramener à ses lèvres atrocement sèches. La lampée lui brûla la pulpe fine fendillée par l'un des coups du Calfornien, puis lécha sa trachée comme un incendie s'emparait des murs de bois d'une baraque. Une douleur suave toujours plus supportable que tout le reste.
Fixant le liquide brun entre ses phalanges, le faisant même légèrement pleurer au rebord de verre, Fuller rejeta la nuque en arrière à la question de son aîné. Ça le saoulait autant que lorsque ça s'était produit, parce que sans doute que le silence avait réponse à pas mal de choses qu'on pouvait pas expliquer, ou qu'on refusait d'expliquer sous peine de passer pour un véritable cinglé. Mais c'était Atkins là, un type en qui il avait quasiment aveuglément confiance, un mec qui l'avait pas lâché à Renton, qui était même revenu le chercher, fissa pour éviter qu'une pluie de Ranchers le pourchasse avec leurs fourches et pelles de cul de bouseux. Un rictus amer se fit la malle, tapissant le verre à semi rempli d'une fine buée parce qu'il en avait pas retiré le nez.
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