Il ou elle entendait déjà tout, du moins il paraissait, Lily était pas sûre. Elle était sûre de rien et faut dire qu’elle avait aucune façon de l’être. Ce moment, elle aurait dû le vivre avec sa mère, Helena aurait dû être là pour elle, pour l’aider à affronter la peur, pour partager sa joie. Parce que t’es contente, quand t’es pas trop occupée à penser à toutes les façons dont tu pourrais mourir durant cette grossesse ? Bien sûr, n’en déplaise à la mégère, quand Lily y pensait à ce petit être qui grandissait déjà dans son ventre, elle était heureuse. Angoissée au possible, mais heureuse, parce qu’elle l’imaginait déjà ou plutôt elle aimait à tenter de l’imaginer. Les yeux de Julian ou les siens ? Des traits de ses parents ? Ou alors le visage d’un ou d’une inconnu qui serait personne d’autre que le père ou la mère de son prince Harry.

Petit instant de flottement pourtant. Si bébé entendait tout et ressentait tout ce que sa mère vivait … Alors … Alors, j’en connais deux qui vont devoir faire ceinture pendant neuf mois, parce que ça serait glauque quand même. Non, ça ressentait pas jusque ça, quand même ? « On pourra lui faire écouter de la musique alors ! » Mais oui Lily, tente de noyer le poisson, personne s’en rendra compte. Mais le mais dans les paroles de Julian résonna dans sa caboche, autant que le coup que le brun venait de se mettre devait résonner dans la sienne de caboche. « Hey attention, ça va ? » La brunette porta ses mains à ses mèches brunes, les glissant à sa nuque avant de grimacer, fallait qu’il fasse attention à pas se blesser. Oui on sait jamais, un traumatisme crânien est si vite arrivé sur une tête de lit … Elle en roula des yeux, elle se faisait juste du souci pour lui, toujours, tout le temps, pour toujours.

On d'vrait d'mander à Al' maybe. « Demander à Al’ ? » Si le bébé pouvait entendre ? Non plutôt si le bébé peut sentir nunuche ! Le rose lui péta aux joues, jamais de la vie elle pourrait demander ça à Al’, à personne en fait. Jamais de la vie, elle saurait parler de ça avec quelqu’un, déjà qu’elle était gênée – mortifiée – d’en parler là, avec Julian, qui était pourtant son partenaire dans le crime en question. « N-non, non, non on peut pas demander ça à Al’ … c’est … non, il va nous prendre pour des idiots. » Si elle avait pas déjà été occupée à secouer la tête comme le pire métronome du monde, Lily aurait sans doute entendu la voix de sa conscience, son rire moqueur, qui lui rappelait que le vieil hippie les prenait sans doute déjà pour des idiots.

« Non on … on lui fera écouter de la musique et s’il ou elle réagit alors, on saura qu’il ou elle entend la musique. » Waaaaah quelle déduction Sherlock, je suis bluffée. Et du coup en cascade t’en déduiras qu’il ou elle se rendra compte que ses parents sont des frippons. A nouveau le rouge lui monta au nez. « Et puis c’est pas grave, on peut vivre sans … ça. » D’un geste approximatif et vague, elle désigna dans l’air ce que ce ça pouvait bien être. Sûre ? Oh mais chut à la fin, elle pouvait vivre sans, elle l’avait fait avant de le connaître, avant qu’il fasse naître chez elle ce que la fin du monde avait tué dans l’œuf. La puberté ? « Désolée … » Ah bah v’la-t-y pas qu’elle s’excuse maintenant … La mégère en roulait des yeux à se filer le tournis, mais après tout, c’était bien sa faute s’ils pouvaient plus … enfin … vous voyez quoi ? Oh mais vous avez qu’à trouver des bouquins là-dessus, les Bébés pour les Nuls, ça doit être exister non ? « Ou alors au lieu de demander à Al’, on peut demander à des livres ? On aurait pu poser la question sur Google avant mais là … » Lily pouffa de rire, pourtant c’était pas drôle, et les réponses qu’elle aurait eu à sa question l’auraient sans doute tuée sur place, mais la brunette gloussait comme une idiote.