Blood on the Risers

Mar 7 Mai 2019 - 19:09

Août 2016 – Bainbridge Island

« Mec, tu l’aurais vue avec sa poêle … Elle braillait en espagnol, j’ai pas tout compris mais elle était paniquée putain … Elle était toujours aussi bonne par contre. » La fumée de sa clope s’éleva en volutes légères au-dessus de ses mèches brunes alors qu’il racontait à son collègue comment il avait sauvé Beatriz d’un de ces pillards à la con. Pour la dixième fois à peu près. « Floyd au lieu de te branler mentalement pour la onzième fois, y’a du boulot, Jensen veut te voir. » Donovan baissa ses Ray-Ban sur son nez, fronçant les sourcils en dévisageant le type qui lui parlait. C’était pas un de ses frères d’armes à lui, c’était un des réguliers. Un de ceux que l’oncle Sam payait une misère pour crever ou finir infirme. Parce que ça change quelque chose maintenant ? Putain d’ouais ! Quand ils auraient trouvé leur putain de vaccin contre ce putain de virus, le tatoué se serait fait des putains de couilles en or et il pourrait lever toutes les putains d’nanas qu’il voulait.

Il en rêvait éveillé, avant qu’Alec se ramène lui-même vu que le brun bougeait pas son cul. « Donnie, ramène-toi. » Grognant un instant, le tatoué obtempéra, bien le seul gars qu’il respectait ici, dans cette vie comme dans l’ancienne. Ils en avaient vu des merdes. « Qu’est-ce que j’peux faire pour toi chef ? » demanda-t-il avec son air d’abruti habituel, retrouvant son sérieux au soupir las de son chef. « Oh ça va pète un coup Alec, on a sauvé les miches précieuses de toute la populace, on mérite bien d’se reposer un peu non ? » Bon apparemment, non. « T’embarques une équipe, un groupe rôdeurs a été repéré à dix minutes en voiture. » Le plus gradé s’éclipsa alors que Donovan l’imitait en levant les yeux au ciel.

Pas un putain de jour de putain de répit. Tu parles d’une mission Charles ! Revenant vers les baraquements, Floyd poussa la porte après avoir écrasé sa clope sur le palier. « Sortie rapide, armes de base, c’est un simple nettoyage. Toi et toi. Quoi ? T’en penses quoi Serge ? … Toi avec moi. » Deux collègues d’Academi et un p’tit gars qui devait sans doute pas avoir de poils au cul mais assez vieux pour mourir pour la bannière étoilée, et oui, il avait demandé l’avis de Serge, problème ? Le lama en peluche accroché à sa ceinture, Donovan accrocha ses lunettes à la poche de sa veste avant de faire signe aux trois. « Rendez-vous aux bagnoles dans cinq minutes. »

Cinq minutes, le temps de passer par la baraque des Chambers, chanter une sérénade à Beatriz qui l’écouta pas, croiser une jolie blonde qui arrosait un parterre de fleurs et une rousse dont le meilleur profil était clairement celui qu’il avait vu quelques jours plus tôt à la lumière tamisée de la lune. Non, c’était l’ampoule vacillante du placard de sa baraque avant que son mec rentre. Ah ouais tout juste Auguste. Enfin devant les véhicules, Donovan se laissa tomber côté passager pour s’allumer une nouvelle clope. « Toi gamin tu conduis. » lança-t-il au rouquin qu’il avait ramené sous le conseil de Serge. « Spencer, c’est ça ? » demanda-t-il avec un air intéressé.
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Re: Blood on the Risers

Jeu 9 Mai 2019 - 18:42

J'étais tranquillement assis sur une chaise dans ce foutu baraquement à échanger une balle ovale légèrement usé avec un collègue d'Academi. La semaine d'avant, on avait subi l'attaque de quelques pillards arrivés par bateau sur nos côtes. Du coup, les forces militaires étaient de nouveau à l'affût. On prenait de nouveau des gardes plus régulières, on était toujours plus en service... Résulat, rien ne bougeait vraiment et on se retrouvait à dix bonhommes qui se tournaient les pouces dans ce préfabriqué.

- T'as fait du football toi ? T'es sérieux Spinelli ? Tu lances comme une gonzesse. C'pas pour jouer le malin mais t'étais quoi ? Un running-back qui a jamais marqué un touchdown de sa vie ?

Ca pouvait pas être autrement quoi. Le type me lançait le ballon de manière tellement aléatoire que s'il était pas plus menteur que moi, bah, à coups sûr il avait ciré le banc toute la période du lycée. Si jamais on l'avait accepté de nouveau dans une équipe scolaire après le collège. Ça, ça m'étonnerait fort vu son geste. Punaise, quelle tanche ce mec. J'allais lui renvoyer une nouvelle pique d'ailleurs, à force de devoir pencher mes bras pour un ballon qu'il aurait dû m'envoyer précisément entre les doigts, imbécile va, quand Floyd est entré dans la pièce pour alpaguer certains d'entres nous et dont curieusement, j'étais de ceux dont il avait retenu pour une mission "Sortie rapide, armes de base, c’est un simple nettoyage", ok, ça, j'sais faire et puis, j'me fais chier ici.

- J'te laisse le ballon, histoire que tu t'entraînes Spinelli, ça marche ?

J'l'avais toisé d'un clin d'oeil moqueur et d'un sourire en coin qui lui avait pas plu au bonhomme mais bon, il l'avait bien cherché. Qu'il le prenne comme il veut, il était nul, il était nul. Et avec un gars comme moi, ouais, ok, on pouvait blaguer mais pas en ce qui concernait le football.

J'ai donc rejoint les véhicules comme le chef de cette sortie nous l'avait demandé, Beretta 92 prêt à l'emploi, bien nettoyé, M16 en bandouillère et couteau de chasse dans l'étui. Mes armes étaient propres, moi, j'étais opérationnel et le chef de file du jour me demandait de conduire, ok, je fais.

- Affirmatif chef. Vous c'est Floyd c'est ça ? Ouais, c'était Floyd, je le savais déjà. En vérité, ce type, ça faisait un bail que j'avais remarqué qu'il était marrant. Déjà il a demandé à une peluche si j'étais fiable. Sérieux mec ! Mais t'es un tueur ! J'suis pas aussi marrant que toi même en essayant. Alors chef, c'quoi la mission ? On va déglinguer du moche je suppose ? On fait quoi, on rafale direct ou on la joue à coups de couteaux pour jouer discret parce qu'ils sont trop proches ? Enfin bref, dans tout les cas, vous m'dîtes chef, moi j'fais. Et sinon, vous aussi chez Academi vous faîtes le salut du drapeau. Sérieux ? On est pas dans l'meilleur pays du monde m'sieur ? P'tet que ça m'regardait pas mais j'voulais m'faire bien voir, Floyd, il est côté dans le camp et puis, bah, comme j'ai dit, il est kiffant alors bon, comme d'habitude, que j'sois impressionné ou pas, faut que je parle, encore et encore. Que j'raconte de la merde. On va retourner au fort en montrant que c'est nous les plus beaux hein chef ? Vous pensez que les gonzesses vont nous tomber dessus, genre, elles vont vouloir nos corps de sauveur ou personne n'est trop au courant de cette mission et on pourra pas récolter les "lauriers plumards" ? Ricanais-je grassement avant de me bloquer, sceptique quand à sa réaction et bouche grande ouverte, choqué comme jamais. J'rigole hein m'sieur. J'vais quand même pas commencer à m'faire mal voir.
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Re: Blood on the Risers

Sam 11 Mai 2019 - 9:44

Spencer, c’était bien ça. Il avait quoi c’type ? Est-ce qu’il avait au moins l’âge d’avoir du poils au cul ? Putain ça lui rappelait ses premières années, son premier engagement pour l’Oncle Sam quand il avait à peine vingt piges, un peu plus de vingt piges. P’tain ça comptait plus maintenant, peu importait l’âge tant qu’on savait tenir une arme et se servir de ses dix doigts. Par contre le rouquin l’appelait chef et ça, c’était pas pour lui déplaire. Une fois, deux fois, trois fois. Monsieur. Quatre fois. Monsieur une deuxième fois. Ouvrant la vitre du véhicule pour recracher la fumée de sa clope, Donovan put enfin en placer une. Bavard le gosse. « Pas qu’j’aime pas qu’on m’suce, mais tu devrais y aller mollo sur le léchage de boules, y’a des gens plus hauts gradés qu’moi que ça ferait pas triper d’entendre qu’on m’appelle chef à tout va. Entre nous, t’peux continuer, j’mérite plus que certains décorés de mes couilles mais tu peux m’appeler Donovan si ça t’chante. Ou chef, enfin t’es un grand garçon tu choisis. »

Tirant une nouvelle taffe de sa clope, le tatoué marqua une pause avant de reprendre. « Donc pour répondre dans l’ordre, ouais c’est Floyd, comme dit tu m’appelles Donovan, chef, Floyd, trou du cul même si ça te chante tant que t’es capable d’écouter les ordres sur le terrain, j’m’en tamponne l’oreille avec une babouche. » Coup d’œil dans le rétro extérieur pour voir la face amusée de ses collègues à l’arrière. « Pour les mochetés, on va la jouer discrets pour commencer, le temps d’voir combien ils sont, et accessoirement on économise les munitions, donc j’espère qu’t’as pas peur de te salir les mains Spencer. » Nouvelle taffe de nicotine. « J’salue plus d’vant aucun drapeau, y’a plus vraiment d’drapeau à saluer, et plus vraiment d’pays. L’Oncle Sam s’est fait bouffer d’l’intérieur pendant que son gouvernement s’faisait littéralement bouffé, de l’extérieur. » En réalité, personne savait ce qu’il était advenu du gouvernement, du président, et en réalité, tout le monde s’en foutait sévère. « Par contre j’lève le drapeau d’vant tous les jolis lots du camp. » Un éclat de rire ponctua ses dires, ses collègues à l’arrière se marrant aussi grassement.

« J’aimerais t’dire qu’on va pouvoir revenir en héros et qu’les culottes vont voler sur notre passage, mais les culs serrés du camps sont pas au courant de ce merdier et Chambers veut que ça reste comme ça pour l’instant. Faudra qu’tu trouves un autre moyen d’lever de la poulette gamin. » Vu la dégaine du type, ça devait pas être compliqué pour lui, quoique la diarrhée verbale pouvait être un problème. Suffisait qu’la nana soit plus intéressée par un six packs qu’un débat philosophique et ça passait, c’était pas c’qui manquait les nanas superficielles dans leur camp, Dwayne trouverait sans doute son bonheur. « Et dernière chose, j’rigole jamais quand il s’agit d’compléter mon tableau d’chasse. » Et là, Donovan était putain de sérieux, coup d’œil au conducteur par-dessus ses Ray-Ban en lui soufflant la fumée de sa clope au visage.

« Arrête-toi par-là, on va finir à pieds. » C’est que les moches ils avaient l’ouïe fine et que la voiture ça allait tous les attirer dans leur direction. Descendant du véhicule militaire, Donovan récupéra sa Remington dans le coffre, vérifiant à nouveau les munitions qu’il avait sur lui pour le Beretta et la Remington, le couteau à sa ceinture. D’un signe de la main, il indiqua la direction à prendre avant de régler deux talkie, gardant le premier et lançant le deuxième à un de ses collègues. « Spencer et moi on va contourner par la droite, vous prenez vers la gauche. On évalue d’abord la situation, compte-rendu dans dix minutes. » D’un signe de la tête, Donovan donna l’ordre d’avancer. « Alors Spencer … Dwayne c’est ça ? T’étais encore puceau quand t’as décidé d’t’engager ? Mauvaises notes à l’école ou t’aimais vraiment tellement l’pays que tu voulais le défendre contre l’envahisseur de toute origine ? » Tous les gars qu’il avait croisé avaient des raisons différentes de rejoindre l’armée, l’argent, l’amour de la patrie, le besoin de se barrer loin.
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Re: Blood on the Risers

Jeu 16 Mai 2019 - 19:15

- Chef, ça m'va très bien m'sieur.

Qu'est-ce que j'en avais bien à foutre que ça ne plaise pas à d'autres que je l'appelle "chef" ? J'suis de l'US Army moi, on m'a appris à respecter l'autorité, on m'a appris à respecter les ordres, on m'a appris à respecter mes supérieurs hiérarchiques. Et aujourd'hui si j'ai suivi sans broncher c'est bien parce que c'est ce type mon supérieur pour la journée ? Non ? Au pire s'il n'y avait que ça, je m'excuserais. En attendant. J'faisais confiance à ce type comme à mon sergent instructeur. Alors ça serait "chef". Après tout, il m'avait dit que je choisissais, alors j'ai choisi. J'l'aime bien ce gars là. J'sais pas pourquoi mais il mérite ce titre à mes yeux.

- Trou du cul, j'oserais pas chef... Ouais, il va encore penser que je joue au fayot mais c'est la vérité. Le bonhomme a l'air d'avoir de l'expérience et surtout, une belle paire de burnes alors non, j'vais pas me permettre. Mais j'suis capable d'écouter les ordres, c't'à ça qu'on m'a formé alors ça va lui faire plaisir non ? J'dois vous avouer que j'aime bien lever le mien et rentrer le mât... Enfin bref.

Merde, j'espère que ces trois là vont pas encore se foutre de ma gueule ! Parce que c'est ce qu'ils ont l'air de faire ! Merde, faut vraiment que je parle moins, m'man avait raison. J'suis légèrement choqué de la vision des gars d'Academi qu'il me sert. Mais bon. Ces types travaillent dans le privé alors j'peux pas leur en vouloir d'être moins patriote que moi.

-  J'suis bien au courant d'ça chef, mais y'a même pas quelques PMF à qui on pourra raconter nos exploits ? La plupart de mes collègues féminines ont déjà... enfin vous savez, elle ressemble à ces trucs quoi si j'ai pas eu le temps de leur en coller une moi même. , mais j'ai vu deux, trois jolis lots chez vous les gars, et celles-ci, on peut s'permettre non ?

J'regarde le chef, il sourit. J'pense qu'il se fout encore de moi. Mais bon. J'aurais tenté au moins. Il m'rappelle que son tableau de chasse, c'pas un truc avec lequel il faut rigoler. Mais du coup, ça m'fait quand même rire. Ce salaud est excellent ! The Dwayny non plus ne rigole pas avec ce qu'il y a à fourrer chef ! J'pense à répondre ça, mais j'me tais. J’éteins le véhicule sous ses ordres.

- Ca marche chef.

On descend de la bagnole, Floyd fait le topo, ok, on va procéder comme ça, t'façon j'ai que ma gueule à fermer, j'suis jeune. Alors on commence à avancer, après avoir checker notre équipement, nos munitions, tout est ok alors j'avance avec ce type qui déchire et auquel j'suis fier d'être sous les ordres pour la journée, dans la direction indiquée, alerte, parce que j'suis un putain de soldat merde et qui faut rester concentré ! On progresse lentement, dans le silence, Floyd me fait signe de m'arrêter, poings fermés avant de me faire comprendre de le suivre en file, ok, compris chef, en silence, juste avec des gestes. Ce type, ça s'voit qu'il sait ce qu'il fait. Et ça, j'aime. Putain, j'ai l'impression d'être une tarlouse à force de l'admirer. Quand t'es un simple soldat du rang, t'apprécies toujours de te retrouver en compagnie d'un supérieur compétent. On avait beau être la première puissance mondiale, bah, y'en avait quand même des sacrés dans nos rangs de gradés des fois. Alors que lui, j'ai comme l'impression que je peux le suivre les yeux fermés.

- Moi ? Puceau ? La liste des nanas que j'me suis faite est aussi longue que c'que j'ai dans le pantalon ! Je ricane grassement mais en maîtrisant, on approche doucement, j'suis rigolo mais c'est pas une raison pour nous faire repérer. Non, sans déconner m'sieur, c'est l'envie de voyager... Changer d'air. Et surtout, ne pas avoir à finir à torcher ma soeur handicapée pour le restant de mes jours, en fabriquant des burgers chez Mc Donald parce qu'un jour, m'man aurait vieilli et qu'elle trouverait plus de pigeons pour se faire entretenir, entre autre mais ça, ça ne le regardait pas. On fait quoi Floyd ?

On arrive enfin, camouflé par quelques arbustes devant la masse de mochetés qui errent sans but et là, bah, comme un bon soldat, j'demande l'avis du supérieur. J'suis fait pour obéir aux ordres moi. Une bonne trentaine de cadavres vivants sans être vivants... Enfin bref, moi, j'saurais quoi en faire mais si j'ai tenu en vie jusqu'ici, c'parce que j'ai pas écouté les conneries que j'me soufflais moi-même sur le terrain. Floyd lui, il saura quoi faire, j'aurais juste à suivre.
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Re: Blood on the Risers

Mer 22 Mai 2019 - 7:27

Chef, ça sonnait bien, si l’gosse voulait l’appeler comme ça, il avait le droit. Si l’oncle Sam avait décidé qu’il était assez vieux pour mourir une arme à la main déjà avant tout ce merdier, c’était pas le Sergent Floyd qui lui dirait comment l’appeler, tant qu’il l’appelait pas Monsieur. « T’en fais pas Dwayne, après quelques jours en mission avec moi, tu changeras d’avis sur les surnoms qu’tu peux m’donner. » Connard, trou du cul, enfoiré de première, ça serait sans doute pas le lexique qui manquerait, le tatoué avait confiance en lui pour que même ce type qu’avait l’air cool finisse pas plus le supporter. Ça serait même dommage qu’il arrive pas à le faire changer d’avis à son sujet, lui qui passait son temps à faire chier le monde.

Mais il avait d’l’avenir le petit, il avait compris que l’uniforme, ça avait ce prestige qui faisait péter les culottes, les missions risquées qu’ils entreprenaient pour sauver la veuve, l’orphelin et la femme mariée aussi. Ils étaient pas que des héros, ils étaient des héros qui avaient les armes pour s’assurer que les nanas d’l’île regarderaient plus jamais leur gros lard avec la moindre envie dans l’regard. Et ça, ça avait pas d’prix, pour tout le reste, vous savez ce qu’on dit. « J’sais pas trop mec, de manière globale j’essaie d’éviter les collègues. Imagine l’plan, t’es en mission, t’as satisfait la donzelle et elle en r’demande sauf que toi t’es pas partant. Qu’est-ce qui l’empêche de t’coller une bastos dans la tronche et de faire passer ça pour un accident ? Réponse, rien. J’évite d’tremper mon biscuit dans tout c’qui porte un treillis, par acquis d’conscience. Puis y’a largement d’quoi faire avec les civiles. » Sourire entendu, coup de coude dans le bras du plus jeune, déjà son esprit les repassait façon scène de bar de strip-tease les jolis p’tits lots civils. Beatriz, Joann, Dinah, même cette baronne de Bergmann. Ca laissait rêveur, mais là fallait se reconcentrer.

Après une rapide mise au point, le groupe se sépara et Donnie accompagné de Spencer progressèrent dans la direction indiquée. C’était l’occasion de tester ce gusse, ils étaient amenés à bosser tous ensemble, Academi et l’US Army, la Navy aussi. Ça en faisait du peuple et ici comme dans les rues de Bagdad ou Kaboul, fallait qu’ils sachent se démerder ensemble. Tout en avançant, Donovan chercha à en savoir plus sur les motivations du jeunot, non sans s’foutre de sa tronche au passage. Connard un jour, connard toujours. « Bonne réponse. » concéda-t-il, avec cette drôle d’impression de se revoir dans les paroles du roux. Avec quelques années de moins, un peu comme quand lui-même s’était engagé. Restait qu’les raisons qui l’avait poussé à s’engager lui étaient différentes. « Engagez-vous qu’ils disaient, vous verrez du pays hein ? » Vu son âge, il avait pas dû en voir beaucoup du pays, et il en verrait sans doute jamais désormais. Vivre une année de plus ça serait la plus grande aventure de sa vie, c’était ça leur monde.

« On fait quoi ? » S’arrêtant finalement au détour d’un bosquet, Donovan prit son air de con de prédilection. « J’suis content qu’tu poses la question, c’est toujours bien de revenir aux fondamentaux. Alors toi et moi on est militaires, fut un temps on était payé pour ça, maintenant on touche plus un rond pour risquer notre cul. » C’est qu’il avait l’air sérieux le tatoué en jouant au con, avant qu’un râleur se ramène vers eux, curieux. « Oh shut up Margaret ! » Récupérant sa lame dans son étui, Donnie la planta dans le crâne ramolli d’une pauvre vieille qui avait une tête de Margaret avant que ses yeux gris se posent sur la masse grouillante. Cinq, sept, une dizaine. Peut-être une quinzaine avec la possibilité que certains soient planqués derrière le semi-remorque garé plus loin, peut-être une cinquantaine s’il y en avait dans la remorque. « Préviens les gars, max une vingtaine de notre côté. On dégrossit un max et on essaie de parquer les autres. » Restait à savoir combien de mochetés il y avait de l’autre côté du complexe, là où étaient partis leurs collègues.
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Re: Blood on the Risers

Ven 24 Mai 2019 - 21:52

Qu'est-ce qu'il voulait dire par "Tu changeras d'avis sur les surnoms que tu peux me donner" ? Moi, on m'a toujours appris à dire à un sergent, "Mon Sergent", à un capitaine, "Mon Capitaine" et à un général... Bah, les soldats du rang dans mon genre, ça parle pas vraiment aux généraux, à moins d'être à leurs bottes. Mais bon, j'relève pas et j'ferme ma gueule. Vu que les gars d'Academi ont pas d'grades aux épaulettes, bah, j'vais l'appeler chef.

- En formation, ils nous disaient surtout que c'était quand on baisait une afghane ou une nord-coréenne qui fallait s'méfier chef. Mais vous êtes mieux placé qu'moi pour savoir ce genre de choses.

Et voilà, j'lui léchais encore les boules mais c'était la vérité. Les instructions qu'on nous avait donné quand aux missions extérieures et qui concernait... Bah, ma bite quoi. C'était que même si tu sympathises avec les autochtones d'un pays, pose juste ton fusil en buvant le thé et si tu tournes la tête et qu'aucun de tes collègues n'est là pour te couvrir, ton copain Rachid prend ton M-16 et te pulvérise avec même s'il t'as invité à manger 100 fois chez lui. Alors moi, évidemment, j'avais jamais pensé à ce genre de chose mais ouais, ça paraissait crédible.

- Ok, j'retiens chef.

J'lui sors encore du chef. Après ça, j'ferme ma gueule et j'fais que répondre. Seulement, l'chef rebondit et m'demande un truc, alors j'réponds.

- Vous avez eu droit au même discours ? Personnellement, j'm'en foutais de voir du pays... Mais c'toujours un bonus.

J'suis presque en train de lui avouer que j'ai sorti ça par hasard alors pour sauver les apparences, j'rajoute.

- Vous savez, s'taper une gonzesse par ci, une par là. Après on met plus des punaises sur une carte de notre beau et grand pays mais on expose carrément un planisphère.

J'dis ça mais vu que l'apocalypse s'est pointé avant même que j'ai droit à une opération extérieure, si j'devais avoir une carte de toutes mes conquêtes, autant prendre celle de Brainbridge en détails et y poser les punaises sur chaque maison que j'ai visité. Chaque maison et chaque propriétaire. Au féminin.

Enfin bref, nous voilà à arpenter un flanc du problème tout les deux tandis que les collègues prennent le second. J'suis les ordres quoi. Et ça m'fait plaisir. Parce que j'suis avec le type qui dicte.
On s'retrouve donc aux abords d'un bosquet, les quelques peupliers ça et là masquant notre présence aux yeux des mochetés tandis que l'chef fait les comptes. Seulement, faut que j'pose la question qui tue et il se remet à s'foutre de ma gueule alors que j'avais presque réussi à lui prouver que j'étais pas juste, un gamin ?

Bon, un troufione décrépie vient me sauver la mise, l'patron l'appelle Margaret, c'est vrai qu'elle ressemble pas mal à la vieille du camp ! Ca m'fait marrer. Mais j'me retiens. J'garde le rire en moi parce que le chef vient de me remettre à ma place.

- Les gars, ici Spencer. L’chef m’indique cinq fois quatre target en visu ici. On neutralise le maximum d’objectif de chaque côté et on regroupe le reste, à vous !

- Ici Delta, India, Charlie, Kilo ! Collationnez ! A vous !

Il se fout de ma gueule ou quoi ? Genre il m’épèle le mot « bite » comme si c’était leur nom de code. C’est un bizutage ou un truc du genre. J’répète tout de même naïvement, histoire que le chef se foute pas de ma gueule ou me rappelle que  « Pourquoi » est une question interdite quand on est militaire. Il va vraiment continuer à m’prendre pour un bleu bite. Tiens, mais oui, j’venais d’comprendre et le ricanement qui sortit de l’appareil entre mes doigts termina de me le confirmer.  

- Alors l’bizut ! Floyd te file un talkie et tu te sens plus pisser ? Laisse tomber l’jargon gaillard ! Ca sert plus à rien d'faire de manière ! C’monde est foutu et ton US Army avec !

- Euh… Affirmatif… J’regarde le chef qui s’fout un peu de ma gueule j’crois. J’ai pas trop d’répartie alors pour éviter de passer pour un naze, j'réenclenche le bouton qui fait sortir ma voix de leur côté. C’est pour m’féliciter d’avoir piné ta mère. Mike Foxtrot. Term…

… Iné. L’chef s’empare du machin en m’dévisageant. J’crois que c’était pas marrant. Ou pas le moment. Pas l’genre de trucs qui font très pro alors qu’à la base j’voulais prouver que j’étais pas la moitié d’un navet. Foutu avec mon insulte sortie du lycée… J’y peux rien moi. J’en sortais à peine quand j’suis rentré dans l’armée. Bon tant pis. Il dicte clairement la manière de procéder et j’écoute attentivement avant qu’ils sortent une connerie et m’fasse comprendre qu’on entrait en scène.  

A mon tour. Que j’rattrape le coup en montrant que j’suis utile et doué quand j’ferme ma gueule.  

A l’action, j’sors ma lame et on monte silencieusement a l’assaut des moches. Proprement pour le premier. Mais même si j’essaye de poser le corps en suivant sa chute pour l’amener au sol, les autres sacs à chair pourries ont déjà repéré notre présence et ça s’tourne déjà vers nous. J’regarde le patron. Juste ça et j’capte à son langage corporel. Il en dézingue un et recule prudemment puis un autre et recule encore prudemment. Alors j’imite la tactique. On évite de se faire encercler. Ça marche chef ! J’ai compris.
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Re: Blood on the Risers

Sam 1 Juin 2019 - 18:53

« Pourtant, y’a quelques canons par là-bas aussi … » commenta-t-il l’air rêveur, l’esprit qui partait dans des souvenirs de ses déploiements, vers quelques beautés qu’il avait rencontrées. Originaires de tous les pays du monde, c’était son délire ça, les nanas qui venaient de partout dans le monde, les nanas dont la peau et le regard racontaient autant d’histoires que lui racontait de conneries. Pas un mystère qu’il ait flashé sur Gutierrez, la mexicaine elle avait tout ça, le teint mat, les cheveux sombres, le regard d’une fille des cartels … Aaaah … Sors de tes rêveries ducon. Ouais, mieux valait rester sérieux pour éviter de les coller dans des emmerdes et de faire tuer le gosse.

Il était docile d’ailleurs le gosse, bien entrainé par l’oncle Sam. Ca faisait plaisir, et ça faisait de la peine. Fallait suivre les ordres, mais le jour où on lui ordonnerait de loger une balle entre les deux yeux d’un type innocent, juste pour impressionner le groupe d’en face, Dwayne aurait sans doute plus de mal. Donovan lui-même avait galéré un minimum la première fois, pas pour viser, simplement pour oublier que ces gens, finalement ils faisaient juste comme eux, ils tentaient de survivre. « A l’époque on aurait pu m’vendre n’importe quoi qu’j’me serais engagé quand même, j’voulais juste du blé pour éponger quelques dettes. » Et cet objectif là au moins, il l’avait rempli. Deux fois, en s’engageant puis en rejoignant Academi.

« J’aime ta façon d’penser Dwayne, un putain de planisphère pour illustrer le putain de tour du monde qu’a fait ma queue en quelques années de carrière … Ca a du potentiel. » Ca l’aiderait pas à courtiser Beatriz, mais en tout cas ça le ferait bien marrer. Le talkie crachota, Donovan laissa Dwayne se charger de transmettre les informations, trop occupé à se marrer. D.I.C.K. Alec leur aurait collé un taquet derrière la tête s’il était là. Bon avant que la discussion entre Dwayne et le reste des gars s’envenime, Donnie récupéra le talkie. « Pas les mamans. » Un air sérieux, vraiment sérieux, parce que bon, on touchait pas aux mamans, le tatoué désigna le champ de cadavres à traverser.

Fallait qu’ils reviennent tous et entiers, autant que possible. Un rôdeur, deux rôdeurs. Ils tombaient comme des mouches, des mouches puantes, pourries. Un peu plus au calme, la prochaine vague à quelques mètres devant eux, Donovan reprit. « Du coup t’as pas dû voir beaucoup du pays si j’résume ? Fort Ward c’est ton premier déploiement ? Remarque y’a d’la jolie minette. » Des purs canons. « Chambers, on est d’accord, il s’emmerde pas, t’as vu sa femme ? Elle lui a trouvé quoi à ce type, soit il est monté comme un âne, soit il a du pouvoir … lequel des deux a encore une vraie utilité de nos jours ? » Nouveau groupe de rôdeurs en approche, mais ils allaient voir le bout bientôt.

« Fais pas gaffe aux gars au fait, ils sont un peu remontés contre l’armée régulière, c’pas un secret que tout s’est pas toujours super bien passé entre nous autres contractors et eux, ‘fin toi, pas toi spécialement mais t’as compris. » Se débarrassant d’une grand-mère en robe de chambre d’un coup de couteau dans l’œil, Donovan se tourna vers Dwayne en lui lançant le talkie. « Rappelle les têtes de pine, vois avec eux combien y’a de mochetés de leur côté. »
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