Remind me to think sometime about my taste in men.

Erika n’avait pas terminé ses corvées et pourtant, elle s’était tout simplement posée, contemplant la partie boisée du clan. Entre ses mains, elle jouait avec un petit cailloux le passant d’une main à l’autre, scrutant de temps à autre, le chemin du soleil. Il fallait qu’elle se bouge et pourtant, elle ne trouvait pas l’énergie nécessaire pour gérer ce que le groupe avait besoin. Elle dormait sûrement un peu mieux, si elle laissait de côté ses réveils intempestifs secoués par différents cauchemars et frayeurs. C’était ce qui lui arrivait lorsqu’elle vivait un événement difficile ou elle était au trente-sixième dessous. La période où elle et sa tante ne trouvaient pas de lieu sûr était un exemple de choix mais pas difficile à trouver, elle pouvait cibler ce genre de chose lorsqu’elle avait quitté Bismark dans le but de commencer sa vie d’adulte.. Ça, c’était un bon exemple, qui précédé de loin l’idée même des prémices de la guerre entre les vivants et les mort-vivant.

La rupture entre Finan et l’aide-soignante n’était plus un secret pour personne. D’autant qu’il vivait depuis un peu plus d’un mois avec Ashley et sa fille. Si auparavant, elle aimait se faire souffrir en se disant qu’ils se montraient ou qu’ils se fichaient bien d’elle en vivant leur idylle au grand jour, c’était faux. Ils se cachaient mais comment pouvait-elle les remercier sur leur discrétion, qui était pour elle beaucoup trop éclatante, pour être discrète. Tout le monde savait, c’était obligé et pour Erika c’était l’humiliation. Elle allait même jusqu’à fuir tout le monde, cravachant durement ou se montrer complètement fermée, pour ne pas être dérangée.

Aujourd’hui, elle voulait changer. Elle avait honte, terriblement honte.
En s’abandonnant tout simplement dans les bras de Cameron, elle pensait trouver pire comme sentiment mais en réalité, elle se sentait mieux. Libérée. Rika n’avait pas eu l’impression ou la volonté de se venger, elle avait l’impression de vivre pour elle. De voir, de vouloir et d’avoir ce qu’elle désirait et pour la première fois, elle avait réponse à sa demande. L’odeur d’une cigarette était devenue plus qu’alléchante et par ses principes, elle luttait, elle luttait fortement pour ne pas tomber de ce genre d’addiction. Même si elle s’affirmait intérieurement, difficile encore pour elle de le faire de manière publique, elle ne voulait changer sa personnalité. Même si cela ne lui avait pas apporté que du bon, elle ne voulait pas se perdre. Il y avait beaucoup trop de folie en ce monde qu’elle ignorait sur quoi se baser si elle voulait changer du tout au tout.

Elle ne voulait plus se punir, elle ne voulait plus se cacher.
C’était dur, elle avait encore du mal à ne pas fixer ses chaussures lorsqu’elle passait d’un baraquement à baraquement. Ce qui amenait la jeune fille à se pousser au cul pour se poser là, à vue de tous, pensive. Pendant un mois, elle n’avait parlé à personne, à personne, pas même à sa tante qu’elle croisait pratiquement tous les soirs. Il lui arrivait même de faire semblant de dormir pour ne pas se faire impliquer dans une conversation qui ne mènerait à rien. Pour elle, les paroles ne pouvaient pas changer le passé et elle voulait passer en vitesse rapide pour le futur. A ses pieds, elle attrapa la guitare. Impossible de se séparer d’elle après la rupture, elle en avait besoin, c’était cette petite chose qu’on ne lui enlèverait pas : la musique. Grattant dessus, elle avait retrouvé cette aisance d’avant l’apocalypse pour jouer et fredonner tout en même temps.

Du coin de l’oeil, elle voyait le mouvement dans le clan. Elle ferma les yeux, elle était un peu trop loin pour apercevoir son expression du visage mais au fur et à mesure qu’elle grattait les cordes, elle entendit les bruits de pas. Quand ils furent assez proches, elle arrêta de jouer et pour l’accueillir, elle salua Dani : « Salut, Dani ! » Elle se racla la gorge et se frotta les mains sur son pantalon : « Est-ce que ça va? » s’enquit-elle. La lumière du soleil lui faisait du bien, chose qu’elle fuyait ces derniers temps, et elle se sentait beaucoup plus accueillante et bavarde : « As-tu besoin de quelque chose ? » se proposa t-elle gentiment, en posant sa main droite en visière pour se protéger des rayons. made by LUMOS MAXIMA