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Nothing is ever really lost to us as long as we remember it

Lun 27 Mai 2019 - 19:23


Haley Gia Reeves
30 ANS Américano-Italienne Maçonne The Haven

i've got a war in my mind


Assise sur le capot de la Camaro, son regard vert d’eau glissa sur la couverture vieillie de ce vieux cahier. Son esprit se perdait dans les souvenirs, ces souvenirs dont elle n’avait pas été privée contrairement à son père. Haley se rappelait encore la réaction de sa mère lorsqu’elle avait commencé à écrire ces petites notes pour Keith. « Tu as adorable, tesoro. » Adorable, peut-être, Haley était surtout une personne profondément bienveillante, dès l’enfance jusqu’à ce jour qu’elle tentait de vivre le plus légèrement possible. Avant, il n’y avait déjà que trop de raisons de chercher le bien, de vouloir voir des sourires sur les visages de ses semblables. Aujourd’hui, quel intérêt à faire le mal, les cadaveri s’en chargeaient très bien tous seuls. C’est également sans doute pour cela que l’italienne a toujours voulu tempérer les conflits, les éviter. Conciliante de nature, Haley était celle qui tentait de ramener le calme aux repas familiaux, n’hésitant pas à glisser çà et là une petite plaisanterie pour dissiper les tensions. Amusante, elle a toujours été persuadée de l’être, aux dépens de son frère comme cette fois où l’idée l’avait prise de l’inscrire sur des sites de rencontres. Elle aime blaguer aussi, le sérieux l'ennuie, et surtout il a fallu qu'elle se construise une image pour s'intégrer dans un monde professionnel plutôt masculin, alors la petite blagueuse ça passait bien. Mais que cela soit avec Cameron ou ses anciens collègues ou bien les membres de son groupe, Haley met un point d'honneur à dénouer les situations tendues d'un trait d'humour. Un éclat de rire fila ses lèvres, tous ces souvenirs, cela semblait si loin.

Pourtant déjà à l’époque, et encore aujourd’hui, Haley ferait tout pour sa famille, pour ses proches. Pour lui. Fidèle, la brunette n’a jamais lâché sa famille. Ses parents Fabia et Keith, son frère Cameron, ce groupe désormais. Les personnes à sa tête, les membres de tous âges, tous pourront toujours se rassurer, Reeves ne les trahira jamais, le mensonge et la duplicité ne sont pas dans sa nature. Sa nature serait sans doute plutôt peuplée de fées, de fleurs qui parlent. Non, Haley n’a jamais été démente, simplement rêveuse. Les rêves, toutes les ambitions, tout cela lui a toujours été nécessaire pour supporter le sort que la vie avait réservé à son père, à sa mère. Le sort que peut-être le destin lui réserve également ? Et comment ne pas terminer ce portrait déjà fort élogieux par ce dernier trait de caractère, charmeuse ? Sûre d’elle, et sans doute à bonne école avec son frère, Haley a toujours eu cette tendance de jouer de son sourire et de son joli minois pour charmer son public, toujours pour la bonne cause.

Et si comme Haley, nous étions tenté de voir le verre à moitié plein, alors ce portrait pourrait s’arrêter là, mais finalement, Reeves est comme tout le monde. Avec ses qualités viennent quelques défauts, minimes. Quasi inexistant. Alors autant s’en débarrasser rapidement, non ? L’on dit des latins qu’ils ont le sang chaud, il faut croire qu’elle ne déroge pas à la règle. Colérique, un mot, un geste, il n’en faut parfois pas plus pour qu’elle sorte de ses gonds, et même si cela ne dure jamais, son côté sanguin peut faire peur, encore plus si elle se met à hurler en italien en agitant les mains. Qui a dit cliché ? Impulsive, est-ce vraiment un défaut aujourd’hui ? Pourquoi perdre trop de temps en réflexion après tout quand le temps vous est compté ? Haley peine parfois à prendre ce temps, à peser le pour et le contre, plus encore quand les siens sont en danger, quand l’équilibre du groupe est en jeu. Il y a sans doute encore un peu de sang romain là-dedans, allez savoir. Ou alors tout ça vient simplement de sa trop grande sensibilité, à fleur de peau. Haley est du genre passionné, elle ne vit rien à moitié et les sentiments et les émotions font partie du cocktail. Vous ne la verrez pas pleurer, elle préfèrera se cacher, pour autant les larmes sont une réalité qu’elle apprit à embrasser depuis des années. De la même manière, elle a appris à vivre avec son anxiété, ses angoisses quant à ce qui l’attendait peut-être un jour depuis la maladie de son père. Mourir, ce n’est pas le pire. Se transformer en cadavero non plus. Oublier, être oubliée, c’est ça le pire. Et c’est ce qui l’angoisse, la pousse à noter minutieusement chaque détail de sa vie dans des carnets à n’en plus finir.

Peut-être que ces angoisses sont la source même de la frivolité de ses actions ou de ses rêves ? Peut-être que ce besoin de choses légères et sans conséquence ne fait que lui servir de protection contre le sort qui est parfois bien trop lourd à porter ? Autrefois, c’était les sorties, les activités diverses et variées qui ne lui laisseraient rien pour le futur mais qui lui apporterait cette sensation d’être vivante, de simplement être dans l’instant présent. Aujourd’hui, ces distractions sont bien plus difficiles à trouver, pour autant Haley n’a pas arrêté de les rechercher, tant pis si l’on la juge parfois superficielle pour ça. Finalement, le pire de ses défauts – et le pire de tous peut-être ? – est bien sa curiosité. Peggio di un gatto! lui disait souvent Fabia. Mais elle a une raison pour cela, Haley voudrait simplement savoir, se rappeler, pour elle, pour les autres. Et bon, parfois, simplement parce qu’elle est curieuse, fouineuse. Ça ne s’explique pas, c’est juste comme ça.


and blood on my hands


Si vous me demandez mon avis … Haley est un joli petit bout de femme, moins d’un mètre soixante-dix à vue de nez et une petite cinquantaine de kilos ? Peut-être un peu plus … Je préfère pas m’avancer parce que bon je doute pas que malgré son petit gabarit, Haley aura aucun mal à m’étaler avec quelques coups bien placés. Elle est plutôt … bien dessinée on va dire, sculptée. Elle m’a dit qu’elle avait toujours été sportive. Il paraît qu’elle a fait du kick-boxing depuis l’adolescence, j’sais pas vous mais je préfère pas vérifier ce dont elle est capable. Alors je préfère me la mettre dans la poche, je lui dis qu’elle est vraiment jolie avec ses mèches caramel, ou café au lait, j’en sais rien je suis nul avec les couleurs de cheveux. Je pourrais comparer la couleur de ses cheveux à du chêne ou du cerisier peut-être, mais j’vais éviter de la comparer à un meuble pour la raison évoquée au-dessus. Par contre je peux vous dire qu’elle a les yeux verts, un joli vert pour un joli regard qui va bien avec son sourire. Elle a l’air espiègle, elle l’est un peu, mais surtout elle a ce sourire qui vous donne le sourire. Ça devait vraiment être une jolie fille avant, enfin elle est toujours jolie, juste que ce monde donne pas vraiment les moyens de s’apprêter et qu’en dehors de jeans usés, de chemises dignes des plus grands bucherons canadiens et de boots boueuses, Haley a plus trop de look. Lui répétez pas s’il vous plait, je tiens à mon intégrité physique, et je sais que j’aurais du mal à me défendre contre elle.

J’peux aussi vous confirmer qu’elle a aucun tatouage, aucun piercing, pas même des boucles d’oreille. Rien. J’vous fais pas de dessin pour vous expliquer comment je le fais, juste, le répétez pas à Cameron. Haley m’a dit qu’elle avait jamais voulu en faire, parce qu’elle avait peur des aiguilles, bien la seule chose dont elle ait peur du coup. Parce que clairement, j’ai jamais vu une fille moins douillette qu’elle. Elle rampe dans la boue, elle met les mains à la pâte même quand la pâte est moisie.

Puis vous l’avez pas vue avec un fusil entre les mains ou avec la barre à mine qu’elle a trouvé dans le local à outils de la maison de retraite … Bon elle se débrouille pas trop mal avec le fusil, elle pourrait encore apprendre à mieux s’en servir, mais je suppose qu’elle préfère utiliser cette tige en métal longue comme le bras pour mettre un terme aux souffrances de morts. Et pour les vivants … Elle préfère se la jouer JCVD quoi, normal quand elle peut se targuer d’être ceinture noire 1er degré. Bref, Haley c’est une jolie fille, mais je vous conseille de pas trop l’emmerder, elle a juste des airs de princesse, à l’intérieur c’est un bonhomme. Merde, elle m’a entendu, je file, je préfère prendre de l’avance parce qu’elle a plus d’endurance qu’on pourrait le croire et qu’elle hésitera pas à me poursuivre jusqu’à Washington DC s’il le faut. Faut croire que faire un boulot de gars dans un monde de gars, ça force à l’évolution.


a storm is coming


Expliquez ici l'histoire de votre personnage avant l'épidémie.
« Quand je suis entrée dans la chambre il m’a demandé si j’étais la nouvelle infirmière …
- Tu sais que c’est pas ta faute, tesoro
- J’sais mais … j’vais aller parcourir les photos et les notes avec lui. Ci vediamo dopo ! »

J’essaie de garder la tête haute, j’essaie de ne pas pleurer, mais ce n’est vraiment pas facile. On est enfermés ici, pas juste ma famille et moi, tout un tas d’autres personnes, et on ne sait pas quand on va ressortir. Mon père oublie de plus en plus et moi … Tout ce que je suis en mesure de faire, c’est de regarder nos vieilles photos et lui relire toutes ces notes, ces journaux que j’ai commencé à écrire il y a bail. Je le trouve assis dans la salle commune quand je laisse ma mère, il fixe à travers la vitre poussiéreuse quelques oiseaux dans le jardin du centre médical.

« Ciao bello ! » que je lui lance, son regard se tourne vers moi, toujours fatigué mais toujours aussi aimant. Il m’a reconnue cette fois, et derrière les cernes, derrière tous ces kilos en moins depuis qu’il est ici et encore plus depuis que tout a commencé, je revois mon papa. Je viens m’asseoir à côté de lui et je pose devant nous l’album photo bardé de post-it, de feuilles blanches plus si blanches depuis que j’y ai couchés toutes ces choses que je ne voulais pas qu’il oublie. Sa main prend la mienne, et dans son regard je vois à nouveau cette interrogation. « Vous savez où est Fabia ? » Patiente même si j’ai le cœur en miettes, je hoche la tête avec un sourire. « Oui papa, maman est en train de préparer de quoi manger, Cameron est en train d’embêter tout le monde. Et moi … Tu te souviens qui je suis papa ? » Je vois l’hésitation sur son regard, il saisit l’album photo.

« Tu es Haley, cette petite fille c’est toi ? » A nouveau je hoche simplement la tête, je le laisse parcourir les notes, les photos, me raconter mon histoire comme si ça pouvait m’aider moi aussi à ne pas oublier, à ne pas faire de cauchemars. « Tu es née le 16 mai 1989, tu as un grand-frère qui s’appelle Cameron. Ton second prénom est Gia. » Ses iris clairs parcourent les photos, mon regard à moi ne le quitte pas mais pourtant à chaque expression sur son visage je sais quelle photo il regarde. « Comme t’es mignonne sur cette photo, tu étais sage je crois. » Un éclat de rire file mes lèvres. « Non papa, tu confonds avec Cameron, regarde cette photo et cette note. Je venais de retourner tous les pots de fleurs de la maison, maman était en colère. J’étais mignonne, mais pas si sage, et puis surtout à côté de l’autre princesse, j’étais casse-cou et pas du tout douillette. » Il rit avec moi, mais je vois encore un peu de cette tristesse qu’il avait les premiers temps, les premières fois où il nous a oubliés. « Tu étais plus compliquée que ton frère avec l’école, on a dû rencontrer tes profs parce que tu ne suivais pas … » Il n’a pas tort, il se rappelle bien. L’école ça n’a jamais été mon truc, sauf les travaux manuels, là j’étais toujours la première de la classe. Tous les travaux manuels, à en rentrer avec des trous dans les doigts à cause des aiguilles, des échardes, du feutre, de la glue impossible à nettoyer avant plusieurs jours. Le sport aussi c’était mon truc, enfin les sports, ils ont essayé papa et maman de me faire choisir mais avant l’adolescence, je ne m’étais pas décidée. La danse, l’athlétisme …

« Regarde papa, ça c’est quand je suis entrée au lycée. » Juste avant qu’il commence à avoir des absences, juste avant qu’on m’efface lentement mais sûrement de sa mémoire. « Tu es magnifique, si Cameron ressemblait pas déjà à sa mère, je pourrais dire que tu es son portrait craché mais … » « Mais je te ressemble à toi, comme deux gouttes d’eau. » Ah l’adolescence, ce jour où Jan, le fils de nos voisins polonais, s’est enfin décidé à me dire que je lui plaisais. Il avait peur de moi, je ne sais pas pourquoi. Jan et moi, on aurait pu finir notre vie ensemble, mais ça, on le verra plus tard dans l’album photo. Ou pas, mais pour l’instant je regarde mon père qui voit notre vie défiler sous ses yeux. « C’est à ce moment-là que j’ai commencé à t’écrire toutes ces petites notes, tu te rappelles de ça ? » J’avais seize ans quand on nous a dit que mon père avait un Alzheimer précoce, je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire avant qu’il ne me reconnaisse pas un jour, dans la maison. A l’époque j’ai cru à une blague de sa part, maintenant je sais que mon père ne fait pas exprès, je sais aussi que ce n’est pas ma faute. Son cerveau déraille juste, mais à l’époque … Ca m’a fait mal, sans doute pour ça que j’ai décidé de changer de sport. Je voulais me défouler. Je voulais me battre contre quelque chose à défaut de pouvoir me battre vraiment contre sa maladie. Le kick-boxing. Jan avait encore plus peur de moi quand je m’y suis mise. On me demande souvent, du moins on me le demandait, pourquoi le kick-boxing, c’est simple, c’était le seul cours où il restait de la place, je n’ai pas fait la difficile. J’ai dû arrêter par la force des choses, puisque je suis enfermée ici, mais quand tout redeviendra à la normale, je reprendrai.

« Regarde p’pa, c’est une des premières compétitions où vous êtes venus me voir. » Mon index désigne une photo où je porte tout l’équipement super girly que ma mère avait tenu à m’acheter. Cameron est là aussi sur la photo, avec Clara. Mon père a encore l’air d’être là. Décidément, beaucoup de choses ont changé depuis cette photo. Je le laisse tourner les pages, relire – ou lire pour la première fois pour lui peut-être – toutes les notes, ces précisions chronologiques, ces détails insignifiants. On arrive à ma remise de diplôme, la seule que je ne ferai jamais. C’était le vrai début de la fin, on a dû le placer en institution à ce moment-là. « Tu étais belle dans ta tenue ma chérie. » Oui, j’étais belle dans cette tenue, avec mon truc sur la tête. Ca a surpris tout le monde que j’y parvienne, peu intéressée que j’étais par l’école. Par contre le sport, ça me plaisait vraiment plus, d’ailleurs les photos de compétitions s’enchainent, celles avec Jan aussi. J’en étais sûre sur la plupart d’entre elles, Jan et moi, ça serait pour la vie. Le seul et l’unique.

Sauf que pour Cameron comme moi, cette année n’a clairement pas été la plus agréable de notre vie. Ca a pris un peu plus de temps pour se voir chez moi, enfin dans mon couple. Cet amoureux qui me suivait depuis des années, mon meilleur ami avant tout, il n’a pas compris pourquoi j’ai décidé d’arrêter l’école, pourquoi j’ai préféré rester avec ma mère pour m’occuper de mon père. Jan a tenté de me soutenir, moi j’ai trouvé un boulot comme maçonne, enfin au début c'était plus de la cuisine version gros oeuvre, je préparais le ciment, j'amenais les boissons aux gars du chantier. Puis quand ils ont vu que je pouvais porter du poids et que j'avais pas peur de me salir les mains, ils ont commencé à me filer un peu plus de boulot. Et petit à petit ... Et surtout parce que le chef a insisté pour que j'apprenne, j'ai fait une formation en parallèle, histoire que je n'aille pas me coller les pieds dans une plaque de béton trop frais. Le genre de trucs qui apprend autant à travailler qu'à faire attention en travaillant. C'était cool, plus que l'école traditionnelle même si ça y ressemblait, et en trois ans j'ai réussi à avoir un certificat d'études. Le boulot en lui-même ne payait pas beaucoup mais c’était mieux que rien, et puis je vivais toujours chez mes parents, comme en attestent toutes les photos où je suis avec ma mère. Peut-être dans le fond que c’était ça le problème, Jan aurait aimé qu’on vive ensemble, mais ma mère avait besoin de moi, je ne pouvais pas les laisser. La famille, c’est sacré, on ne la choisit pas mais la seule chose qu’on doit faire c’est la respecter, la protéger. C’est comme ça que nous avons été élevés Cameron et moi. « C’est dommage que Jan ait dû déménager. » Oui, dommage, surtout qu’il n’a jamais quitté Seattle, mais dire à mes parents qu’on se séparait parce qu’il ne comprenait mon implication dans leur vie, dans leurs problèmes, qu’il ne comprenait pas ce soutien que je voulais leur apporter et qui m’empêchait d’aménager avec lui, c’était une responsabilité qu’ils n’avaient pas besoin de porter.

J’ai continué à vivre avec eux, enfin, avec elle, quelques mois encore puis j’ai trouvé un appartement, petit, pas cher, suffisant, sans que ça ne change rien à ma présence auprès d’eux. Chaque journée, j’étais là pour déposer maman, la récupérer, profiter de voir papa. Mon regard vert se pose sur lui, j’ai envie de pleurer. Même si je ne suis pas toujours sa fille dans ses yeux, il sera toujours mon père, par-delà la mort et par-delà l’oubli. « Regarde celle-ci, tu te rappelles ? Je t’avais fait un petit film ! » Un petit film de cette fois où j’ai été faire de la chute libre, une GoPro accrochée au poignet. C’était devenu une manie, ça l’est encore. J’ai besoin de noter, de documenter, de garder une trace, parce que je ne veux pas oublier. Je veux me rappeler de tout, de tout le monde. Et à cette époque-là, avec l’argent qu’il me restait pour moi, j’en ai fait des choses à me rappeler. Des sorties, des balades, des voyages, jamais trop loin, jamais trop longtemps pour être là pour eux, mais tout était encore rangé soigneusement dans une boite dans mon appartmen. Ici, je n’ai que quelques photos, quelques notes pour lui rappeler, pour me rappeler. Ces albums, ce sont les siens après tout. Et les photos s’enchainent, on m’y voit enquiquiner mon frère, on y voit mon frère m’enquiquiner, les années n’y ont rien changé. Et le temps file, de Noëls en Pâques, de Pâques en Thanksgiving, les réveillons se succèdent, les photos souvenirs, les souvenirs fanés.

L’année 2015 est arrivée aussi, et c’est cette année-là que j’ai envisagé de faire quelque chose de plus que préparer du ciment pour l’étaler entre deux parpaings. J’étais douée alors je me suis dit que je pourrais peut-être en faire quelque chose de plus, de ça, de mon amour pour tous les travaux manuels, de cette folie que j’ai quand on me parle de mon travail. Dès que papa irait mieux, je ferais une formation. Dès que papa irait mieux, je trouverais un meilleur appartement. L’automne est arrivé, et avec lui, tout un tas de problèmes. « Vous savez où est Fabia ? » Sa question me sort de mes pensées, elle érafle les souvenirs qui s’élevaient dans mon esprit, elle les balaie d’un geste rapide. « Je vais aller la chercher papa, continue de regarder les photos, d’accord. » Je lui colle un baiser sur le front et je quitte la pièce, j’ai envie de pleurer, j’en ai besoin. Papa n’ira jamais mieux, et sans doute que ce monde non plus. Finalement, peut-être que l’oublier ne serait pas si mal après tout …

on the highway to hell


Journaux année 2015 – Extraits

14 septembre 2015

Il fait encore doux à Seattle, je pense que je vais en profiter et proposer à maman de les amener elle et papa faire un tour sur la jetée. On y allait souvent que j’étais petite, peut-être même que je proposerai à ce grincheux de Cameron, qui sait … A moins qu’il ne soit trop occupé depuis que je lui ai créé un profil sur Tinder … Non je plaisante, je suis sûre qu’il en fait rien de ce profil. D’ailleurs, en parlant de swiper, duty calls.

9 octobre 2015

Barney, le cinquantenaire plutôt sympa du boulot, tenait pas la grande forme, je suis plutôt inquiète pour lui. Je me demande si c’est lié à tout ce qu’on peut entendre aux informations. Il paraît que quelques personnes ont été prises de crise de démence. Maman craint pour papa, je l’ai rassurée, il est mieux entouré d’un personnel médical adapté, s’il y a vraiment un problème on nous préviendra.
J’en ai discuté avec Cameron, autant dire qu’il a son avis très … Cameronesque sur la question – à toi, mon moi futur, imagine un roulement des yeux tellement flagrant que je pourrais m’en faire sortir les yeux de leurs orbites – mais lui aussi il a l’air inquiet pour papa. Alors je pense que peut-être on pourrait aller lui rendre visite, comme tous les jours, mais lui il n’y va pas tous les jours.
Wait & see, comme on dit …

14 octobre 2015

Okay, c’est complètement taré ce qu’il se passe. Cameron a insisté pour que maman et moi on vienne poser nos valises chez lui le temps que tout se calme. Mais que quoi se calme au juste ? D’abord c’était des émeutes, puis la police qui s’est mis à patrouiller plus souvent, et maintenant des militaires … On parle de ces personnes enragées, d’agressions, c’est sordide. J’ai pas été travailler depuis trois jours parce que le chantier sur lequel on était a été fermé, notre chef de chantier ne répondait plus au téléphone. Je pense que je commence à paniquer, mais maman et Cameron sont là. Ça ira … Ça ira mieux quand on pourra aller voir papa.

18 octobre 2015 au 31 octobre 2015

Le président a parlé à la télé. Tout est sous contrôle … Et mon cul il est sous contrôle ? Je n’ai pas pu prendre le temps d’écrire, et déjà j’ai peur d’oublier, pourtant comment je pourrais oublier tout ça ? Merde, c’est vraiment n’importe quoi. On a décidé d’aller récupérer papa, mais la loi martiale … Je ne savais même pas ce que c’était avant de la voir en action. Ici même, dans l’établissement qui accueille notre père. Au moins, il est en sécurité ? Et nous aussi ? J’ai demandé à ce type à l’entrée, un militaire dans une jolie tenue à motif camouflage, bien inutile en ville, si on pouvait sortir. Réponse : non. Tout se mélange dans ma tête, je sais que ce n’est pas ça, juste la peur que j’essaie de ne pas trop montrer devant maman, mais d’un côté je comprends qu’il vaille mieux rester ici. Dehors, par-delà les clôtures du centre, on entend des coups de feu. A travers les grillages trop peu calfeutrés, je les ai vus. J’ai vu les militaires tirer sur des gens, des gens … qui n’avaient pas l’air bien, ou normaux …
Maintenant que j’y repense, en écrivant dans ce cahier, je pense que je comprends. C’est ça le premier signe non ? Le premier signe de la fin du monde, j’écris dans un cahier, et plus dans mon ordinateur portable, plus dans mon téléphone. Ils ont plus de batterie, mais surtout les dernières d’autonomie que j’ai pu leur extirper, plus rien ni personne ne répondait. Non … La fin du monde, c’est juste un conte pour faire peur aux gens, comme tous les autres contes. Et normalement ça démarre par quatre cavaliers, non ? Qu’est-ce que j’en sais … […]

Un jour en novembre 2015, sans doute …

Sans doute, parce que sans calendrier, sans ordinateur, on perd facilement le compte des jours, du temps qui passe. Le deuxième signe de la fin du monde est là, le courant est de moins en moins stable. Heureusement qu’il y a tous les albums photo que j’ai fait pour papa dans sa chambre, ça nous occupe maman et moi, et Cameron quand on arrive à le convaincre de les regarder avec nous. C’est ça ou regarder les gens qui deviennent tarés, les malades qui deviennent encore plus malades, voir l’angoisse face au rationnement. Après tout, qui sait dire quand on aura un surplus de médicaments pour les plus malades ? Personne.
Et dans le fond, est-ce que c’était vraiment notre principal problème ? Quand on a vent de la situation dehors, je me dis que non. L’idée de me promener au milieu des cadaveri, ça ne m’enchante pas vraiment, ça a un côté bien plus flippant que tout le reste. Presque tout le reste. Si seulement on nous expliquait tout, un peu plus, un peu mieux … Si on arrêtait de nous tenir dans l’inconnu … Mes parents ont besoin qu’on garde la tête froide, qu’on soit là pour eux, alors je m’y emploie, mais je ne suis pas sereine malgré tout ce que j’en montre.

Un jour de janvier, ou plusieurs jours de janvier, ou alors de février …  2016

C’est difficile de garder une trace précise de tout ce qu’il se passe, un compte des jours ou des morts. On est dans un centre médical spécialisé où le stock de médicaments se fait plus rare, fatalement ce qui devait arriver, est en train d’arriver. Plusieurs colocataires de papa ont passé l’arme à gauche, le personnel soignant fait son possible pour que tous soient traités avec autant de respect que possible. Pourtant, un truc pas net s’est produit hier. Enfin, on suppose. Les morts déplacés ailleurs pour éviter … tous les désagréments d’un corps en décomposition multipliés par plusieurs corps en décomposition, n’étaient plus à leur place. « Wiképédia c'est déjà chiant à lire, mais à entendre.. » « Shhhhhh … » Voilà à peu près la teneur de notre échange à Cameron et à moi pendant que ces gens expliquaient ou tentaient de comprendre ce qui se tramait. Joshua, ce type qui était arrivé un ou deux jours avant nous pour voir son grand-père était là aussi. On a échangé quelques regards, lui comme moi on ne comprenait pas vraiment tout ce jargon. Le médecin en chef a essayé, mais je ne vais pas mentir, moi niveau scolaire je n’ai jamais été une lumière. Je ne suis pas bête, mais plus rusée et filoute que purement intelligente. Le problème finalement c’est que même le médecin en chef il a l’air aussi paumé que moi, morsure, pas morsure … Quid de ce qui nous change en cadavero ?
Cameron pense qu’on ne fait que ferme les yeux sur le problème avec tous les morts qui se baladent dans l’aile ouest. Dans le fond, je suis d’accord avec lui. Mais pour l’instant, j’avoue que je ne sais pas vraiment quoi faire. Papa et maman ont besoin de moi, encore et toujours, alors j’en fais ma priorité. Ça aide à ne pas  trop penser à tout le reste, et qui sait, peut-être que dans quelques mois tout ira mieux.

Printemps 2016, parce qu’il a l’air de faire meilleur …

Je ne suis pas une princesse fragile, je sais me battre, j’apprendrai à le faire contre ces choses s’il le faut. J’apprendrai à utiliser ce fusil de chasse qu’un type a ramené de l’extérieur. J’ai essayé d’ailleurs, le recul de ce truc, j’ai cru que j’allais me démettre l’épaule mais finalement j’ai pris le coup. Bon, de là à réussir à viser … J’ai réussi à faire entendre aux quelques personnels armés de la zone que je pouvais être utile, ici ou dehors mais surtout dehors. En fouinant dans la cabane à outils des hommes d’entretien, on avait récupéré quelques trucs utiles. Moi j’avais trouvé une barre à mine, un des militaires m’a dit que ça pourrait être utile, qu’il suffisait de savoir où mettre la pointe pour un effet garanti. Vu son sourire, je suis à peu près sûre qu’il ne parlait pas de l’arme mais d’autre chose, je lui ai collé mon poing dans le nez quand il a tenté de se montrer plus entreprenant. Ca a fait rire Cameron. Le type un peu moins mais il n’a rien dit et finalement on est sortis Cameron et moi. Maman était angoissée à cette idée mais je lui ai promis de revenir, toujours.
Quel merdier dehors … quelle angoisse. Ces choses, c’est la personnification de la mort, la faucheuse sans sa faux. Le fusil ne m’a été d’aucune aide, la barre à mine non plus en fait. Ce militaire un peu balourd m’a sauvé la vie, on a fait la paix au moins pour pouvoir avancer ensemble, sauf qu’il n’est pas revenu avec nous. Mais tout ça, j’aurais aimé pouvoir l’oublier, avoir la certitude de pouvoir l’oublier … J’en viendrais presque à la souhaiter cette maladie pour retrouver cette stupeur qu’a papa quand on lui parle de tout ça. Tout ce que j’ai vu, c’est cette bonne femme plus petite que moi, ce regard vide, mon premier cadavero et j’ai fait un blocage. Je ne pouvais pas voir autre chose que la personne derrière le masque de mort. Ça ira mieux la prochaine fois.

Eté 2016, à en juger par la chaleur étouffante

Joshua, Cameron, et d’autres sont décidés à entrer dans l’aile maudite. Je ne sais pas si c’est le bon mot, autant pour décider que pour la malédiction, mais il faut faire quelque chose. Moi je resterai avec papa et maman. Ça se passera bien. […]

Fin du monde, un an plus tard …

Papa et maman sont restés là-bas, ça fait plusieurs semaines déjà. Mon cahier n’aura bientôt plus de pages vierges pour garder une trace de tout ça. Mais ce genre de souvenir, ça ne s’effacera jamais de mon esprit. L’incompréhension sur les traits de papa, les sourires de maman, le tout à travers le filtre aqueux de mes larmes, le tout perdu dans les paroles de Cameron. Je me suis encore réveillée en sueur, un cauchemar où je me revois mettre ce 9mm entre ses mains. On t’aime, on vous aime tous les deux. Sa voix tourne en boucle dans ma tête. Elle me tient compagnie, mais il faut croire que chaque jour, ça va un peu mieux. Chaque jour, il faut que je fasse en sorte que ça aille mieux. Il fallait qu’on retrouve cette dynamique Cameron et moi qui nous avait permis de tenir toutes ces années. Lui il râle, moi je souris. Josh m’y aide faut dire, il nous aide. Qui l’aurait cru quand j’ai vu débarquer ce type trop beau gosse pour être honnête qu’il deviendrait mon ami, et plus si affinités ou besoin. On en discutait encore ce matin, s’il y avait pas eu ce monde, on se serait peut-être rencontrés quand même, lui qui travaillait le bois, moi qui travaillais le béton … On aurait construit les maisons dessinées par Cameron.
Je ne sais pas quand je pourrai à nouveau prendre le temps d’écrire, je ne sais pas si je trouverai de quoi écrire, entre mon cahier qui n’a presque plus de pages et mon stylo qui n’a presque plus d’encre … J’y crois encore. A plus tard future-Haley.

Quelques mois plus tard … vu la douceur, je suppose le printemps et si je sais toujours compter, 2017 ?

Désolée future-moi, j’espère que tu n’as pas trop oublié ce qu’il s’est passé et que ce bon vieil Al’, Alzheimer, de son nom complet ne t’embête pas trop. Comme tu peux le voir, il nous a fallu du temps pour nous poser, mais c’est chose faite. Une bibliothèque dans le centre de Seattle, autant dire que j’ai ma dose de papiers pour écrire ici, et pas mal de trucs à lire.
On a bien progressé, on a grandi dans cette bibliothèque. On est tous devenus doués pour quelque chose, Cameron c’est pour faire chier le monde. Si ce n’était pas mon frère, je le détesterai, mais je suis contrainte et forcée de l’aimer. A la folie, passionnément, jusqu’à ce que la mort nous sépare. Josh m’a dit qu’aucun type ne trouverait jamais grâce à mes yeux parce que le seul homme que je voyais, c’était mon frère. Il s’est pris mon poing dans la tronche, ça l’a calmé. J’aide les gens volontaires à apprendre à faire pareil d’ailleurs. On est assez nombreux, des femmes, des enfants, la vie reprend, et je me sens mieux. Papa et maman me manquent toujours affreusement, je suppose qu’ils te manquent à toi aussi, future-moi. J’espère que … qu’ils sont fiers de nous. De ce qu’on tente d’accomplir ici.
Je vais tenter d’écrire plus régulièrement, mais pour l’instant Josh a besoin de moi pour un truc. […]

Les jours ont raccourcis, donc on doit être en automne depuis peu, ou on le sera dans pas longtemps, année 2017

Je me rends compte d’un truc future-Haley. On a vieilli Cameron et moi, lui plus que moi. Et je me rends compte d’autre chose, Josh et moi, on construit un peu ce que Cameron imagine … Non je plaisante. Mon frère est trop bougon, mais il est quand même là, il propose des idées. D’ailleurs, c’est un peu grâce à lui qu’on a amélioré l’enceinte de la bibliothèque, qu’on transforme ça en véritable maison, en camp de survivants. Des survivants, ça me fait toujours bizarre de me dire qu’on est des survivants. […]
Il a suffi que je l’écrive pour que ça s’arrête, comme un mauvais présage. Les rumeurs trainaient, flottaient, mais ça se confirme. Ce que j’ai voulu, naïvement, prendre pour un barbecue géant en dépit des paroles de certains qui avaient croisé notre route, était bel et bien le drame de cette nouvelle vie. Les cadaveri ne sont pas les pires. Les vivants sont bel et bien la pire plaie de l’humanité, ironique non ?
On va partir d’ici, ça sera sans doute plus sûr en dehors de la ville où chaque coin de rue est dangereux, plus encore que la chute libre. Mince … Si j’avais su à l’époque que ma vie deviendrait si … dangereuse, j’aurais sans doute pris le temps de charger un millier de batterie de GoPro pour en garder une trace, pour toi, FutureHaley.
Bref, on lève le camp demain, donc je reprendrai sans doute l’écriture que plus tard, quand on aura trouvé un nouveau … pied à terre.

Hiver 2017

On a trouvé une petite supérette, le temps de sécuriser sommairement les lieux et puis on pourra recommencer. Encore. Il n’y a pas moyen de s’ennuyer dans cette nouvelle vie, ce nouveau monde. Finalement j’apprécie de retrouver l’atmosphère moins … bétonnée près de l’aéroport, ça me rappelle certains chantiers, tout a l’air en travaux, en cours. J’ai revu certaines maisons dans laquelle j’ai commencé à bosser, celle-ci j’avais juste aidé à préparer un ciment parce que le chef ne me croyait pas capable de soulever plus de mon propre poids. Une autre j’avais aidé à reconstruire un mur entier après un accident de voiture. Je me sens un brin nostalgique, mais ça va passer. […]

C’est un sale hiver qu’on a là, comme si les secousses qu’on a ressenties n’étaient pas suffisantes. Il fait froid, plus froid que les précédents. Je n’avais jamais pensé que la région de Seattle puisse être aussi froide, ça me ferait regretter que maman ne nous ait pas tous amenés en Italie avant que ça dégénère, la fin du monde devant une tomate-mozza avec son filet d’huile d’olive, un verre de Chianti sur le côté, ça doit être plus acceptable. Je me demande … Est-ce que le Colisée est envahi par les cadaveri ? Sans doute … Vision d’horreur.

Début 2018, sans doute

On est restés enfermés dans la supérette tout le temps de la tempête de neige. Josh essaie de rassurer tout le monde, il faut bien parce que notre petit groupe, finalement assez conséquent avec sa quinzaine de personnes, flippe un peu. Je ne vais pas mentir, entendre le vent s’engouffrer sous chaque charpente et faire vibrer les murs du bâtiment, ça ne m’a pas rassurée. Mais le bâtiment a tenu bon. On ne peut sans doute pas en dire autant de la patience des gens face à mon frère. Cameron devient de plus en plus taciturne, désagréable, et même moi j’ai du mal à le supporter parfois. Vive l’amour inconditionnel. J’essaie de le lui faire comprendre, il m’écoute, au moins. […]
Josh veut qu’on s’étende, le groupe, pas nous deux. On est bien ici, et je suis assez d’accord avec mon pote menuisier, ébéniste et charpentier – il a dû étendre ses compétences – si on veut s’installer ici, il nous faut grandir encore. Comme à la bibliothèque. Faire de cet endroit, un nouveau foyer et pas juste un abri. On peut y arriver. […]

Printemps 2018, à en juger par le chant des oiseaux

J’ai le cœur lourd. Je voudrais bien croire que ça n’arriverait plus jamais, mais il n’y a que la moitié des gens qui sont revenus aujourd’hui. Josh me dit que ce n’est pas ma faute, mais ce groupe-là, on est ceux qui les guident. Ça ne s’arrêtera jamais, les morts vont et viennent, nous on s’en va, sans jamais revenir. Par moment, j’ai envie de baisser les bras, mais l’optimisme de Josh m’aide. Il faut bien qu’au moins un Reeves essaie de rester optimiste … Bref, on a décidé que tout le monde devait apprendre à se servir d’une arme à feu, d’une arme. Tout le monde doit être capable de se défendre. En espérant qu’ils ne décident pas de tourner les armes contre Cameron et sa bonne humeur … […]

Eté 2018, foutue chaleur

C’est de pire en pire, certains veulent partir. Pourtant on a tout fait ici, on essaie de tout faire pour eux, d’avancer avec eux. Des familles ne peuvent pas partir sur les routes, j’ai mis du temps à le comprendre, à ne plus en vouloir à Cameron pour avoir laissé maman et papa derrière, mais maintenant je le sais, je le comprends. On doit être rapides, discrets, si on décide de bouger. Sinon, on doit accepter de  rester en arrière, de rester en sécurité. J’espère que Josh arrivera à les faire changer d’avis. […] Ils sont partis, il ne reste que Josh, Cameron, moi et trois autres personnes, Dan, Lucy et Marshall. L’automne arrive, les feuilles rougissent et moi je commence à me dire qu’on n’y arrivera jamais à trouver ce calme, cette quiétude dont on a besoin, dont j’ai besoin. Un idéal, une vision pour le futur … Quelque chose.

Hiver 2018

Lucy et Marshall sortent demain, chaque jour on se relaie. Pour monter la garde, pour sortir quand c’est nécessaire. On a trouvé une routine, mais ce n’est rien de plus que cela, une routine. Avant ça aurait été métro, boulot, dodo, aujourd’hui c’est ça … « On va y arriver Reeves ! » Je me répète les paroles de Joshua, il a de l’optimisme pour deux, alors moi j’essaie de lui en prendre un peu pour le dispenser à mon frère. Il vaut plus, il est plus que ce qu’il laisse paraître. Et je n’ai pas envie que les tensions entre lui et les autres nous forcent à partir. Tout est clair dans mon esprit, si je dois faire un choix entre Cameron et le reste du monde, je sacrifie l’humanité en entier pour lui. Lui et moi, moi et lui. C’est comme ça qu’on a traversé toutes les épreuves, et il n’en sera jamais autrement. Josh a raison, il n’y aura jamais aucun autre homme dans ma vie. [… ]
Je crois que je l’ai su dès que j’ai vu rentrer Lucy et Marshall. J’ai compris que ça serait le moment où on repartait sur les routes. Le moment où tout se brise, sauf ce lien entre lui et moi. La famille avant tout. J’ai essayé de calmer Cameron, Josh a été son Joshua habituel. Je crois que ce jour non plus je ne pourrai jamais l’oublier, mais je préfère le coucher sur le papier, pour toi FutureHaley. Toi aussi tu devras t’en rappeler, au cas où. Dan proposait une solution et Cameron … J’aimerais pouvoir dire que je lui en veux, je lui en veux dans le fond, parce qu’il a détruit ce qu’on a tenté de construire ici, mais je sais pourquoi. Je comprends ses raisons. Et au-delà de ça, je suis inquiète pour lui. Cameron est ma famille, mon sang, et je sais qu’il a besoin de moi, parce qu’il vaut mieux que ça et mieux que tout le reste. Mieux que tout le monde. J’ai parlé à Josh pendant que mon frère préparait nos affaires, puis on a pris la route. Je me suis excusée auprès de Dan et Lucy, je les ai serrés dans mes bras, et maintenant je n’ai plus qu’un seul droit à leur égard, espérer qu’ils s’en sortent. Nous, on a repris la route, je ne sais pas quand je pourrai à nouveau écrire, on prend les mêmes et on recommence …

Janvier 2019

Quelques semaines, c’est tout ce qu’il nous a fallu pour tomber sur ces gens. Ils nous ont accueillis, j’ai lourdement insisté auprès de Cameron, sans prononcer un seul mot. Il sait lire dans mon regard quand je veux quelque chose. Il sait que si nous sommes partis de Sea-Tac, c’est par sa faute, peu importe les raisons. Je veux qu’on y arrive ici, que ce vieux fort historique de Tacoma devienne notre nouvelle maison. Josh aussi. Leurs chefs ont été clairs, on sait dans les grandes lignes ce qu’ils ont vécu et si je peux faire quoique ce soit pour les aider, pour leur montrer qu’on est prêts à vivre ici, je le ferai. Cette vie sur les routes, elle me tue, elle nous tue. Je veux qu’on se pose, pour moi, pour Josh, mais pour Cameron aussi, parce que je veux retrouver mon frère, ce frère qui a tant fait pour sa famille, je voudrais qu’il comprenne qu’un jour sa famille ça pourrait être ce groupe. Je veux m’assurer que s’il m’arrive quelque chose, quelqu’un sera là pour lui. Pour faire ce qu’il n’aura pas le courage de faire. Selene, Elena, Deaglan, Duncan et une certaine Ashley, s’ils acceptent de déposer leur confiance entre nos mains, je m’assurerai qu’on fasse tout pour leur rendre la pareille.

Printemps 2019

Je leur avais promis, je l’ai fait, en partie. Notre aide, nos savoir-faire pour aider ce groupe. Un nouveau chalet sort de terre, ça m’amuse de renouer avec mon ancienne vie, vraiment, du début. Et puis les gens sont plutôt cools ici. Je suis déjà sortie une fois pour un ravitaillement, du matériel pour la construction justement. Elena gère bien son affaire, les autres aussi. Tout le monde n'est pas parfait, ça serait ennuyeux sinon, il y a des gens que je remettrais bien à leur place, d'autres que j'ai envie de voir avancer plus loin. Mais de manière générale, et même si j'ai envie de connaître tous les secrets des uns et des autres, j'essaie de ne pas trop me mêler des affaires qui ne sont pas celles du camp. J'essaie aussi d'aider Duncan pour que les gens sachent un peu mieux se débrouiller, pour le reste je laisse les décisions aux plus expérimentés. Ici, je le vois ce futur où les choses s’améliorent, où la vie reprend. Je peux presque le toucher du doigt et j’espère seulement que je pourrai aider mon frère à en voir autant, s’il ne merde pas à nouveau.

time to meet the devil

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• présence › Spectrale
• personnage › créé [X] - scénario [...] - prédéfini [...]

• code du règlement › Code validé par Morgan
• crédit › de la bannière et du gif, écrire ici
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fiche (c) elephant song.
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Re: Nothing is ever really lost to us as long as we remember it

Lun 27 Mai 2019 - 19:24

Mia cara sorella :smile42: Nothing is ever really lost to us as long as we remember it 1342238320 Nothing is ever really lost to us as long as we remember it 1342238320
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Re: Nothing is ever really lost to us as long as we remember it

Lun 27 Mai 2019 - 19:49

Hello ! Une jolie perle que tu nous fais là !
J'aime toujours autant te lire !
Et re-bienvenue xD bounce bounce
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Re: Nothing is ever really lost to us as long as we remember it

Lun 27 Mai 2019 - 19:55

Bienvenue jolie demoiselle ! Enfin Re-bienvenue !
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Re: Nothing is ever really lost to us as long as we remember it

Lun 27 Mai 2019 - 21:00

C'est la maçonne la plus sexy du MONDE D:

Rebienvenue ! Smile
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Re: Nothing is ever really lost to us as long as we remember it

Mar 28 Mai 2019 - 0:36

Enième re-bienvenue !!
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Re: Nothing is ever really lost to us as long as we remember it

Mar 28 Mai 2019 - 8:46

Oh une nouvelle à la maisonnnn !!!

RE- Bienvenue à toi pour ce nouveau ; nouveau ; nouveau ; nouveau ... perso xD !! Smile
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Re: Nothing is ever really lost to us as long as we remember it

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