Les retrouvailles
Dim 16 Juin 2019 - 3:04
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« Encore ! » s’écria Jimmy. Laissant son rire contagieux retentir à travers la cour intérieur du Fort Nisqually alors que je repartais pour un tour ; « Accroche-toi ! ». Le gamin agrippé à mon dos, j’allongeai les bras et, penché par en avant, couru aussi vite que je le pouvais en faisant mine de battre des ailes. Zigzagant d’un bord, puis de l’autre, j’avais fait durer le plaisir encore quelques minutes avant de déposer mon passager devant l’école et de m’écraser à plat ventre sur le sol. « Encore ! » insista le garçon pour la énième fois. Ne pouvant m’empêcher de sourire devant sa ténacité, j’avais néanmoins fini par hocher la tête ; « Le dragon est mort, le chevalier Jimmy a réussi à l’achever ! ». Me tournant sur le dos, j’étais resté étendu dans l'herbe fraiche, à reprendre mon souffle.
Au-dessus de moi, le ciel était d'un bleu profond, sans aucune trace de nuage. Seulement le soleil printanier qui brillait de mille feux. Les jours avaient d'ailleurs commencé à se réchauffer et à se rallonger. Certains arbres avaient même quelques bourgeons qui pointaient le bout de leur nez, mais la saison était encore jeune et les nuits restaient froides.
« C’est quoi un dragon, Fred ? et un Sevalier ? » la voix de Jimmy s'était approché alors qu’il prenait place à mes côtés. Deux questions qui eurent presque le même effet qu’une douche froide. Me ramenant un peu trop brusquement à la dure réalité de l’épidémie alors que je venais de passer un moment parfait pour l’oublier. Ayant cru que ces sujets-là, ne se seraient pas perdu aussi rapidement, je ne m’étais pas attendu à ce que l’enfant de 5 ans m’y interroge… Mais après tout, qui parlait encore de chevaliers et de dragons de nos jours ? Jimmy n'avait vécu qu’une courte année avant l’apocalypse, pas étonnant qu’il ait été trop jeune pour s’en rappeler. Il n’avait connu que cette survie sur les routes, avec les morts qui se relèvent... Tout pour bien forger son caractère bagarreur et intrépide.
J’avais mis quelques secondes avant de répondre aux questions du gamin. Triant tout ce que je connaissais des dragons et des chevaliers pour pouvoir les décrire en seulement quelques mots. Me redressant enfin sur les coudes, j’avais attaqué le sujet ; « Eh bien, un dragon, c’est un très grand animal mythique, recouvert d’écailles, avec deux grandes ailes pour voler et même capable de cracher du feu. Les chevaliers eux, sont des gens en armure de métal qui, épée à la main, avaient pour mission de protéger le château et délivrer les princesses des méchants dragons qui les enlevaient ». C’était bien sommaire comme explication… Rien qui égalait toutes ces histoires et ces mythes qui avaient bercé notre jeunesse d’avant.
« C’est bien fait pour le dragon alors ! S’il est mort, maman n’aura pas besoin qu’on la délivre ! » J'avais ris à cette réplique totalement spontané de l'enfant, imaginant très mal Daniella en princesse. « Oui, tu as raison, c’est bien fait pour le dragon ! Puis, soupirant un bon coup pour me redonner courage, j’avais repris à contrecœur ; Bon, allez… Si t’arrive en retard en classe, c’est certain qu’on sera tous les deux puni ! ». Lui ébouriffant les cheveux devant sa mine boudeuse, j'avais reconduit Jimmy à la garderie. Partie comme c'était, il apprécirait tout autant les bancs d’école que moi – c’est-à-dire pas du tout.
Les rumeurs courraient vites entre les murs du Fort Nisqually et c’était toujours impressionnant de voir à quelle vitesse tout le monde, ou presque, étaient mis au courant des derniers faits. Cette fois-ci, la nouvelle m’était parvenu alors que je sortais tout juste de l'acceuil reconvertie en garderie, après y avoir déposé Jimmy. Selene et Serena étaient apparemment revenues de leur sortie équestre, accompagnée d’un couple de survivant inconnu. La pianiste et la mexicaine les avaient recueillies sur la route, non loin d’ici, et avaient cru bon de nous les ramener. Bien sûr, les gens du Fort se méfiaient des nouvelles têtes – rien d’étonnant après tout ce que l’on avait traversé – et comme à chacune des intégrations qu’on avait eues depuis, une inquiétude était sur toutes les lèvres ; s’ils étaient avec Eux ?! S’Ils nous avait retrouvé ?!
Mettant de côté les plans de réparation de moto que j’avais prévu avec Aaron, j’avais plutôt mis le cap vers le lieu où s’étaient rassemblé les membres du conseil. Bien trop curieux de voir ces inconnus de mes propres yeux, je m’étais installé près de la porte. Mon couteau de chasse à la main, une branche de bois que j’élimais de l’autre, j’avais guetté le moment où ils sortiraient enfin de leur interrogatoire. N’ayant aucune idée du flot d’émotion qui n’allait pas tarder à me submerger lorsque je les verrais…Très loin de m'imaginer que ces inconnus, n'étaient en fait pas vraiment des inconnus.
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Re: Les retrouvailles
Mar 18 Juin 2019 - 12:16
Le conseil s’est bien passé. Du moins, pour ce qu’en pense Oliver. Maisie, à ses côtés, paraît sur la même longueur d’ondes. S’ils ont eu droit à un interrogatoire plus poussé sur leur survie depuis le début de l’épidémie, les membres du Conseil ne se sont pas montrés agressifs ou trop insistants sur des éléments parfois sensibles. Notamment la perte de Dylan, encore très récente et loin d’être guérie. Leur passé plus lointain n’a pas été soumis à plus de curiosité que ça, ce dont Oliver ne se plaint pas car il n’a ainsi pas eu à s’étendre sur la perte de tous ses proches, famille comme amis.
Au bout du compte, les deux ont rejoint la communauté de Fort Nisqually. Une première étape importante, qui soulève un profond soulagement en Oliver. Le monde reste ce qu’il est, rempli de dangers et la mort qui guette à chaque recoin, mais c’est une quiétude bienvenue qu’il accueille à bras ouverts. Au moins, il n’aura pas à s’en faire autant que sur la route, à craindre pour leur vie à tous les deux en permanence. Ici, c’est un calme relatif qui semble les attendre.
Il n’oublie cependant pas que la simple décision du Conseil ne suffira pas. Il leur faut prouver qu’ils ont leur place ici, dans l’enceinte du camp. Oliver est évidemment prêt à faire de son mieux pour que leur nouvelle vie se passe du mieux possible. Il ne se fait pas de soucis, même s’il n’est pas le plus avenant des hommes et que se retrouver au contact d’autant de monde sera inévitablement une expérience bizarre dans un premier temps. Mais il a déjà trop sacrifié pour ne pas vouloir saisir cette opportunité.
Forcément, l’arrivée de deux nouveaux a rapidement fait le tour du camp. À peine sortis de leur réunion avec le Conseil, Oliver et Maisie se trouvent entourés de curieux désirant voir le visage des derniers venus, faire connaissance pour une partie d’entre eux. D’autres se montrent un peu plus sur la défensive, méfiants. Comment les blâmer ? Oliver aurait très certainement agi de même. Peut-être le fera-t-il quand, à son tour, il sera là pour accueillir de nouvelles têtes à Fort Nisqually.
Oliver parcourt les visages des celles et ceux qui sont venus les attendre là, à la sortie de la salle du Conseil. Des jeunes, des moins jeunes. Des enfants même. Rien que ça lui donne à coeur de se rendre utile pour que cette communauté puisse s’épanouir et survivre au nouveau monde. Il n’a pas encore fini de faire le tour des tous les regards, curieux ou méfiants, tournés vers lui, que Maisie lui agrippe la manche.
« Oli. Oli ? »
« Mmmh ? » répond-t-il sans vraiment la regarder, distrait et lui-même curieux en observant les habitants du fort.
« Oli ! Regarde. »
Cette fois, Maisie le tire de son état contemplatif. Se demandant bien quelle urgence il peut y avoir pour que Maisie se montre insistante à ce point, Oliver se tourne vers elle. Elle ne le regarde pas, mais semble figée et incapable de quitter du regard ce qui pointe au bout de sa main tendue. Oliver lève alors les yeux et…
« Frederik ? »
Impossible. Mais l’esprit d’Oli est aussitôt déconnecté. Il n’obéit plus qu’à son corps et se précipite sans demander son reste vers le Danois pour le prendre dans ses bras, chargé d’une émotion qu’il peine à contrôler.
« J’te croyais mort putain. »
Derrière eux, Maisie est empreinte d’une émotion similaire et ne tarde pas à les rejoindre pour serrer à son tour Frederik dans ses bras.
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Re: Les retrouvailles
Dim 18 Aoû 2019 - 17:05
Je n’étais pas le seul curieux à m’être approcher pour voir sortir les nouveaux arrivants de leur entretien avec le conseil. Une petite foule n’avait pas tardé à se masser à la sortie. Échangeant, ensemble, toutes les informations, rumeurs et soupçons qu’ils avaient bien pu entendre concernant ces nouvelles têtes; « C’est un couple venu pêcher dans un aquarium », « La rencontre a été musclé. L’homme aurait même tirer vers Selene », « C’est des putain d’espions! », « Les filles n’auraient jamais dû les ramener jusqu’ici! », « Si j’étais dans le conseil, je m’assurerais qu’ils ne puissent plus jamais sortir d’ici »… Ces røvhul1 de Remnants avaient-ils vraiment finit par nous retrouver? Pouvaient-ils nous avoir traquer jusqu’ici? L’imaginaire s’enflammait rapidement dans des situations comme celles-ci et aller démêler le vrai du faux était mission impossible avant d’avoir pu parler aux principaux concernés… Dans ce cas, pourquoi est-ce que je ne pouvais m’empêcher d’écouter toutes ces rumeurs avec autant d’attention? Probablement pour la même raison qui les amenait à se répandre; pour rendre l’attente moins insoutenable.
La branche que j’élimais était devenu aussi pointue qu’un cure-dent lorsque la porte s’ouvrit. Au bout de ces minutes qui m’avaient semblé devenir une éternisée, nous allions enfin voir les visages de ces fameux « espions » tant redoutés. Jouant du coude pour rester au premier rang, je m’étais étiré le cou pour ne rien perdre de vue – tiquant d’impatience en voyant que les premiers à sortir furent des membres du conseil. Puis, ils apparurent enfin. Un homme et une femme… Il ne fallut qu’une fraction de seconde pour que l’information ne parvienne jusqu’à mon cerveau et me clou sur place. Paralyser par cette décharge d’émotions qui me prenait de court. Ne sachant trop si mon corps s’était rempli de béton ou liquéfier, je ne pouvais tout simplement pas croire ce que je voyais. Pourtant, ils étaient bien là, à quelques mètres seulement d’où je me tenais. D’ailleurs, je devais avoir l’air ridicule, la bouche grande ouverte dans une tentative infructueuse pour les appeler, Incapable de parler ou de bouger – et c’était bien la première fois que ça m’arrivait! Immobile et pourtant agité par de si fortes émotions.
Maisie fut la première à m’apercevoir et par son regard accroché au miens, je la vis traverser la même gamme d’émotions qui me traversait moi. Elle aussi fut figée sur place, agrippé à la manche d’Oliver et le doigt tendu dans ma direction. « Frederik? » Ce simple mot, prononcé par la bouche de mon meilleur ami que j’avais cru perdu depuis si longtemps, fut ce qui vint briser ma paralysie. D’un seul coup, le flot d’émotion explosa en moi comme une bombe et je me senti décoller à la vitesse éclaire dans leur direction. M’élançant dans leurs bras en riant – ou en pleurant ? Probablement les deux en même temps – de joie. Criant et incapable de m’arrêter de sautiller sur place comme un gamin, ça n’avait plus rien à voir avec l’immobilité d’il y a quelques secondes.
« Je n’arrive pas à croire que vous êtes vraiment là! » Je les tenais tous les deux, les agrippant même, comme si j’avais peur qu’ils s’évapore. La foule autour de nous pouvaient bien nous dévisager comme elle le voulait, je ne les voyais plus. Ne les entendaient plus. Tout ce qui comptait c’était Oli et Maisie. Enfermé dans une bulle où il n’y avait que nous trois. « Putain. C’est vraiment vous?! »
Un million de questions se bousculaient dans ma tête, voulant toutes franchir mes lèvres en même temps . Si bien que je ne savais plus par où commencer. Où étaient-ils passés? Qu’avaient-ils fait pendant tout ce temps? Comment étaient-ils arrivés jusqu’ici? Où les attendait Dylan? À cette dernière question, j’avais regardé derrière eux comme si je m’attendais à le voir sortir. Sachant pourtant qu’il n’avait toujours été question que de deux inconnus, pas trois. Ils avaient donc dû le laisser dehors. Probablement comme arme secrète si ça tournait mal dans ce nouveau groupe. Mais connaissant Dylan, il n’allait certainement pas rester à attendre bien longtemps. Il allait réclamer une preuve de la sécurité de Maisie – sa fiancée – bien assez vite. Est-ce que ça ne risquait pas de mettre en péril leur intégration? Après tout, si moi je les connaissais et leur faisait confiance, ce n’était clairement pas le cas de tout le monde ici.
« Où est Dylan? » J’avais toujours ce sourire bien trop heureux fendu sur le visage. Incapable de m’en départir. Les yeux pétillants de joie qui bondissaient de Maisie à Oliver, puis de nouveaux à Maisie.
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Re: Les retrouvailles
Mar 3 Sep 2019 - 12:06
C'est un moment hors du temps. Plus rien n'a d'importance en dehors de ce petit groupe de personnes pour Oliver. Maisie est là avec lui, toujours, et ils ont retrouvé Frederik. Une chance inespérée, un bonheur incroyable. Si on le lui avait dit avant de rejoindre Fort Nisqually, Oli n'y aurait jamais cru. Tout ça remonte à si loin... Il se rappelle les recherches dans les décombres et la poussière après le tremblement de terre. De longues heures, des jours à fouiller le moindre recoin pour tenter de retrouver Frederik et Karen. En vain. Oliver avait fini par s'y faire finalement. Après tout, il s'était bien remis, tant bien que mal, de la perte de toute sa famille. Ce n'était alors qu'un éternel recommencement. Alors le choc de trouver Frederik bien vivant, en bonne santé, ici et maintenant, ce choc est proportionnel à sa surprise et sa joie.
« Évidemment qu'c'est nous ! » fait Oli en l'agrippant de toute sa poigne pour bien lui faire sentir qu'il est bel et bien là, et qu'il ne le lâchera pas si facilement. « Évidemment qu'c'est nous ! » répète-t-il comme pour se persuader lui aussi de cette réalité.
« Pas la peine de le secouer comme un cocotier. » intervient Maisie en rigolant.
Mais Oliver ne répond pas vraiment de ses faits et gestes. Il peine encore à réaliser, et s'accroche alors à tout ce qui peut rattacher ce moment à la réalité de l'instant. Littéralement puisque sa prise ne se desserre pas avant quelques instants. Quand Frederik prononce le nom de Dylan. Le coup est violent. Il arrache Oliver à son bonheur. Maisie également, on peut le lire sur son visage d'où son grand sourire angélique s'éteint aussitôt. Oliver lâche Frederik et prend un pas de recul. Il se masse le cou, se gratte la tête, gêné. Pourquoi ? Il n'en sais trop rien. Mais il leur est encore difficile à lui comme à Maisie d'aborder ce sujet sans ressentir une douleur profonde. Oli n'imagine même pas à quel point pour la jeune femme...
« Euh... Il, euh... Il est... Mort. » Oliver déglutit difficilement puis reprend rapidement, comme s'il cherche à se justifier de quoi que ce soit. « On s'est fait attaqué au No Man's Land, on s'est défendu mais... C'était trop tard pour Dylan. »
Sa gorge se serre. Il peut voir des larmes rouler sur les joues roses de Maisie. Oliver revoit parfaitement la scène. Le corps de Dylan allongé là, juste devant lui, Maisie à ses côtés, interdite, oubliant ses propres blessures. Pas de larmes, seulement la douleur de la perte. Il se souvient avoir observer le corps sans vie de Dylan un long moment, jusqu'à ce qu'il commence à muter. Puis de l'avoir abattu, froidement. De toute façon, ce n'était plus Dylan.
« J'ai... Je. C'est moi qui l'ai... Enfin tu vois. Et... Et Karen ? Elle est ici, avec toi ? »
Peut-être qu'apprendre qu'elle aussi avait survécu, comme Frederik, atténuerait quelque peu sa peine et celle de Maisie. Peut-être... Oliver n'en est pas certain évidemment, mais une bonne nouvelle est toujours bonne à prendre. Surtout par les temps qui courent. Il a déjà retrouvé son meilleur ami, c'est énorme. Mais il ne dit pas non à un peu plus de joie en cette journée définitivement chargée en émotion.
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Re: Les retrouvailles
Dim 8 Sep 2019 - 21:47
Flottant encore bien haut sur mon petit nuage de bonheur, je ne saisis pas toute suite le sens de leur expression qui venait de changer du tout au tout – même pas certain que j’eu remarqué le changement, aussi drastique fut-il. Continuant de leur sourire bêtement, à Oliver et à Maisie, alors qu’eux venaient brusquement de perdre toute lueur de joie. Ce fut lorsque Oli recula d'un pas en me faisant perdre la prise que je maintenais sur son épaule, que je pris conscience de cette boule d'inconfort qui s'était formée dans le creux de mon estomac… Se faisant sentir tel un avertissement que j'avais voulu ignorer jusqu'à la toute dernière seconde. La refoulant derrière ce sourire qui ne me quittait plus, alors que je faisais glisser mon regard de l’un à l’autre de mes amis retrouvés. Ne comprenant toujours pas – ou plutôt, ne voulant surtout pas comprendre – pourquoi ils avaient cette mine soudainement aussi déconfite.
Le silence qui plana sur notre trio me sembla interminable, alors que l'envie grandissait en moi de les brusquer pour qu’ils parlent. Non mais c'était quoi le problème avec Dylan ?! Il s'était blessé quelque part et il fallait aller le chercher ? Quelqu’un le maintenait prisonnier ? Dans ce cas, qu'est-ce qu'ils attendaient pour me le dire ? On n’allait tout de même pas rester planté là, les bras croisés !
Lorsque les mots franchirent enfin les lèvres d'Oliver ce fut d'abord l'incompréhension, avant que la réalité ne me frappe de plein fouet. Une réalité qui finissait toujours par nous rattraper, où qu’on aille et quoi qu’on fasse. Ça avait beau être une mort de plus parmi tant d’autre, ça faisait toujours aussi mal. Me donnant l’impression que la boule d’inconfort avait exploser pour me déchirer les entrailles. Mais à quoi m’étais-je attendu au juste ?! Mon regard s’attarda sur Maisie, incapable de le décrocher de ses yeux qui s’emplissaient silencieusement de larmes. « Je… Je… Oh Maisie ! Je suis vraiment désolé… » C’était bien inutile. Ça n’allait ni le ramener, ni apaiser sa douleur. Ne sachant plus quoi dire ou quoi faire, je la pris tout simplement dans mes bras pour la serrer de toute mes forces. Autant pour tenter de la consoler un peu que pour cacher les larmes qui coulaient maintenant sur mes joues.
Puis, j’eu l’impression que les rôles furent inversés alors qu’Oliver me retournait la question, cette fois au sujet de Karen. « Elle est ici, avec toi ? ». Me détachant de Maisie, j’avais tout fait pour éviter de croiser leurs regards. Regardant au sol, puis loin derrière eux. Honteux de devoir couper court à cette tentative désespérée pour apaiser notre peine. Décidément, les bonnes nouvelles se faisaient de plus en plus rare, et lorsqu’elles survenaient, elles étaient bien vite écrasées par les mauvaises. Me contentant d’hocher lentement la tête de gauche à droite en ayant l’impression que si j’ouvrais la bouche, ma voix allait se briser pour de bon. Revoyant le corps de Karen dans les décombres… Cette flaque de sang qui s’agrandissait sous sa tempe et cette horde de morts affamés qui n’allaient certainement rien en laisser. Je ne les regardais toujours pas, mais avec ce silence lourd qui planait entre nous, je pouvais sentir le regard de Maisie et Oliver braqués sur moi. Attendant que j’en dise plus. « C’est… C’est ce tremblement de terre. Quand je l’ai retrouvé, elle… fermant le yeux un instant, j’avais tenté de trouver le courage de poursuivre ; Elle n’y a pas survécu ».
Comment des retrouvailles aussi joyeuses pouvaient-elles tourner au désastre aussi rapidement ?! C’était fou, quoi. On était là, à se retrouver après tant de temps passé à se chercher, et on laissait encore nos fantômes nous hanter. Ne pouvait-on pas simplement être heureux de vivre, sans toujours pleurer les morts ?! C’était vachement plus facile à dire qu’à faire… « Mais bon… La vie continue, hein ?! Et je suis tellement content de vous revoir, tous les deux ! » Je les avait attiré vers moi pour les serrer de nouveau dans mes bras. Me faisant la promesse que je ne laisserais plus jamais rien ni personne nous séparer. « Allez venez, je vais vous faire visiter. C’est un vrai petit havre de paix ici ! Bon... C'est vrai qu'il y a parfois un peu d'action, mais ce n'est rien qui se compare à l'extérieur ! Je suis certain que vous allez vous plaire ».
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