L'eau de la douche enveloppa le corps d'Arizona, martelé de cicatrice de sa vie d'avant et de maintenant. Ce n'était pas un problème pour elle, elle était quasi-certaine que cela l'avait mené là où elle était. La seule cicatrice qui n'était pas visible et pourtant, qui n'avait pas encore cicatrisé, c'était son cœur. Il battait péniblement et se bornait à le faire. Il n'était pas simple pour elle d'agiter le drapeau de la femme froide et dur comme la pierre alors qu'elle pleurait toujours la disparition de son mentor et amant lorsqu'elle se retrouvait seule. Le pire avait été de n'avoir rien pu faire à ce moment-là alors qu'elle rêvait des différentes manières dont elle allait régler le compte de son assassin, ou lâche, selon les humeurs de la militaire.

En quittant ses appartements, elle fit sa ronde et nota quelques changements à prendre pour la semaine prochaine. C'était devenu une sorte de routine de son nouveau poste lorsque June avait prit la tête du Fort. La confiance que la boss lui accordait, était tout aussi réciproque, et ce, depuis longtemps.

Elle soufflait d'exaspération, la chaleur n'était pas encore retombée qu'elle avait encore chaud et quand elle arriva devant la porte d'une certaine personne, elle s'arrêta net. Les souvenirs, qu'elle partageait avec l'habitante de cette maison, se bousculèrent et beaucoup de question troublaient la militaire. Même si cela lui faisait beaucoup de mal à l'admettre, Valentine avait été retrouvé en vie et à temps grâce à la pisteuse, à celle qu'Arizona désirait plomber le crâne au moindre faux pas. Peut-être que cela aurait dû apaiser l'avis d'Arizona sur Roza mais bien au contraire, ça explorait d'avantage de chose. Contre toute attente, elle avait apprécié sa compagnie.

Cherchant une excuse pour interrompre la routine de la russe, Arizona décida de toquer et d'attendre de faire face à la borgne pour décider de ce qu'elle allait faire. Les mains le long du  corps, elle afficha un regard noir sur son visage lorsque la porte s'ouvrit quelques minutes après. Circonspect, Winslet croisa les bras et après un long silence de circonstance, elle annonça : « Inspection surprise, tu permets. » Sans avoir demandé la permission de la russe, elle franchit le seuil de la porte tout en bousculant son épaule avec la sienne.

Les journées sont toujours aussi longues. La sortie passée avait changé un peu la donne en terme de lumière dans le quotidien de la russe mais cette maison restait toujours aussi sombre. Le programme ne change donc pas, le même rituel incessant des longues séances sportives et rééducation de sa vue sont toujours de mises. Les visites ne manquent pas, seule petite bulle d'air fraîche partagée avec ce qu'elle peut nommer comme étant des relations saines. Casey et son tempérament de feu arrive à raviver doucement les cendres, Stanley et son honnêteté en devient un très bon confident et Eve, une parfaite psychologue et femme à tout faire. Elle leur doit beaucoup mais peine encore à leur exprimer son ressenti, chacun peut tout de même remarquer que le moral remonte doucement et qu'elle s'en fait plus bavarde et avenante.

Lorsque l'on frappe, c'est à eux qu'elle pense immédiatement, c'est pour eux qu'elle cesse sa séance d’abdominaux pour descendre l'escalier et les faire attendre le moins possible. La surprise est conséquente en découvrant la militaire sur le pallier de sa porte. Les Ray-ban sur le nez, débardeur noir et jogging, elle penche sans un mot la tête sur le côté dans l'attente d'une explication. Est-elle là pour l'envoyer à nouveau jouer au chien renifleur ? Pour s'y frotter ? Étrangement, elle s'attend à quelque chose de peu agréable. Aussi, l'inspection évoquée ne la surprend pas, le coup d'épaule en revanche, c'est une toute autre histoire. À peine le contact surprise passé que son poing s'en ferme instinctivement et se dresse en une demie seconde à hauteur de sa poitrine. L'élan est ce qu'il est, il est coupé net et elle ne sait d'ailleurs pas par quel miracle elle ne termine pas son geste.

Son bras couvert de cicatrices se baisse, lentement. "M'touche pas..." Précise t-elle en marmonnant dans sa barbe alors qu'elle pousse la porte du bout du pied. Visiblement, le message n'est pas clair pour tout le monde ou alors il est juste oublié. Pourtant, la slave n'arrive toujours pas à lutter contre ses pulsions et chaque contact même le plus furtif réveille son instinct défensif, énième séquelle de longues journées de torture...

Le rez de chaussé baigne dans les ténèbres, les volets fermés empêche la lumière d'entrer cependant il n'y a pas la moindre dose de poussière et rien ne traîne dans l'évier non plus. Eve-Madelaine sait très bien se rendre utile sur ce pan là aussi. L'accès à l'étage n'est pas aisé, il faut escalader ou esquiver la commode qui trône en plein milieu, un peu d’agilité et le tour est joué.

Il fallait qu'elle inspecte cette maison qui lui avait été gracieusement offerte pour ses bons et loyaux services. C'était un peu ça le confort de Fort Ward, même si elle en avait payé le prix, elle ne l'avait tout simplement pas volé. Trop de perte en si peu de temps à cause d'elle, Arizona n'avait pas lever le petit doigt quand Zack s'était laissé aller lors de « l'interrogatoire musclé ». June l'avait laissé là pour surveiller les allers et venus, Arizona avait tout simplement fait la sourde oreille.

Elle avait lutté contre la colère qu'elle vouait envers cette étrangère pour ne pas ceder et en rajouter une couche. Au fond, elle n'était si tortionnaire, elle voulait seulement que justice se fasse. Alors quand elle avait prit la direction de cette maison même, elle ne savait pas encore comment justifier sa présence quant au fait qu'elle ne se sentait pas d'humeur à se justifier, elle avait tout simplement toqué pour annoncer sa présence. Elle réfléchirait après avoir vu la cyclope.

Elle avait trouvé.
« Inspection surprise, tu permets. » C'était sortit tout seul. Voir la tatouée toute en sueur, probablement en plein entraînement avant qu'elle ne l'interrompt, Arizona plissa du nez en butant sur son épaule en passant la porte. Elle marquait un arrêt lorsqu'elle dévisagea la brune aux lunettes teintées de haut en bas. Elle n'avait pas attendu son autorisation et au pire, elle ne s'attendait pas à un accueil avenant provenant de l'ancienne prisonnière. Mais quand le poing se leva à hauteur de sa poitrine, Arizona jaugea rapidement la teneur de son geste. D'un simple arque de sourcil, elle accueillit cet arrêt : « T'étais sur mon chemin. » rétorqua la militaire, en levant les yeux au ciel, pour toute réponse.

C'était beaucoup trop propre ici.
Arizona, en toute bonne militaire qui se respectait, entretenait son intérieur et elle était surprise qu'une ancienne vagabonde de son acabit réussisse à tenir une maison aussi propre. Aucune vaisselle qui traînait, la poussière était absente alors que les fenêtres restaient tout le temps fermées. « Tu ne vois pas d'inconvénient à ce que je fouille, n'est-ce pas ? » une question rhétorique. Elle n'avait pas besoin de fouiner mais elle fouilla, ouvrit des placards, fouilla la cuisine. C'était si propre que ça énervait presque la militaire de voir à quel point Roza pouvait être aussi tatillonne qu'elle.

- Si t'as quelque chose à avouer, c'est maintenant ! » Elle se rappelait la fois où ils avaient retrouvé une brosse à dent taillé pour en faire une arme.

Heureusement, la militaire ne s'offusque pas plus que cela et c'est tant mieux pour la slave qui redescend d'un coup en pression. Elle était en effet sur son chemin, celle-ci aurait tout de même pu attendre qu'elle se décale mais elle ne va pas lui en faire le reproche, loin d'elle l'envie de se la mettre encore plus à dos.

Elle ne la suit pas, elle s'installe contre un pan de mur, s'éponge le front d'un revers de main et l'observe fouiller son intimité au loin. Quoiqu'il n'y a pas grand chose de personnel là dedans, pas même une arme côté cuisine, seulement des couverts en plastique bas de gamme. À la question posée, celle concernant cette fameuse inspection surprise, elle répond finalement dans un soupir : "Fais pas comme si ma réponse t'intéresse, tu t'arrêteras pas d'fouiller pour autant." On va pas se mentir, la russe s'est très bien à qui elle à faire, l'Homme de main et à tout faire de June et connaissant la rousse, elle ne laissera pas la borgne tranquille de sitôt.

Au loin, elle la sent s'énerver, est-ce à cause du vide des placards qui ne regorgent d'aucun trésors ? De la tache qu'est la fouille qui l'agace ? De la propreté du lieu bien entretenu par Eve ? Ou est-ce autre chose encore ? Elle l'ignore mais elle se doute qu'elle le saura bientôt.

Quand vient l'heure des confessions, la russe secoue doucement la tête de gauche à droite. Elle n'a rien à avouer, son quotidien n'est pas si dingue à une exception prêt, elle a une réserve de nourritures à l'étage dans le placard de sa chambre, planqué sous un tac de vêtements appartenant aux anciens propriétaires. Cette source, elle y tient, on y trouve du miel, du chocolat et d'autres denrées alimentaire qui ne lui sont normalement pas accordées. Pour la protéger, autant commencer à détourner la militaire de son objectif, c'est l'occasion. "Ah si... j'ai bien une chose à avouer." Et elle la laisse mariner quelques secondes, histoire de... "Tu as vraiment un cul d'enfer." Confession faite et ce sans arrogance, le ton n'y est pas, elle l'a tout simplement annoncé comme un bête constat. Maintenant, elle s'attend à tout, même un coup ne la surprendrait pas et pour éviter toute mauvaise réaction ou retour de sa part, elle croise simplement les bras devant elle, qu'elle frappe si elle le souhaite, la russe est prête.

Elle prit le temps d'inspecter les lieux comme si elle s'attendait à voir une cachette lui sauter aux yeux. Si elle avait été dans le cas de la russe, Arizona se serait démerdée pour planquer quelque chose, une sortie de secours et/ou une arme de fortune. Elle n'en voulait pas vraiment à cette femme, elle agirait de la même façon dans ce type de situation. Elle prit une profonde respiration tout en passant les doigts sur le mobilier. Pas une trace de poussière, tout ce qu'il manquait à cette maison, c'était ce putain de manque de lumière : « Fait pas comme si ma réponse t'intéresse, tu t'arrêteras pas d'fouiller pour autant – Tout juste. » lâcha la militaire tout en ouvrant placards et tiroirs. C'était jouissif jusqu'à ce qu'elle se rendit compte qu'il n'y avait aucun butin.

Arizona s'agaçait, il y avait sûrement quelque chose que cette borgne cachait quelque part. Elle essayait de réfléchir, de rentrer dans sa tête mais rien ne dépasser à part ce bordel qui entravait les escaliers menant à l'étage. « Si t'as quelque chose à avouer, c'est maintenant. »
D'un regard furtif, elle vit la tête de la russe tourner la tête de droite à gauche, comme pour lui signifier que non. Une petite moue peu convaincu s'afficha sur le visage de la militaire, mine de dire « on-ne-me-l'a-fait-pas-à-moi. » en sifflant, direction la cuisine.

Choux blanc.

Alors elle retourna dans la pièce principale : « Ah si... J'ai bien une chose à avouer. » Arizona s'arrêta en croisant les bras, un sourcil levé, perplexe. « Tu as vraiment un cul d'enfer. » Un rire écorcha sa gorge, Roza avait ce don incroyable de la surprendre. Après un petit moment de réflexion elle renvoya : « Profite de ton œil encore valide pour mater ce... cul d'enfer... parce c'est ce que tu pourras faire. » Elle leva les yeux vers le plafond : « Est-ce que mon... cul d'enfer peut aller jeter un œil la-haut ? Ne réponds pas, je m'en fous. » Et forcément, Arizona n'attendit pas qu'on lui réponde : « Tu peux venir si tu le souhaites, je ne mords pas. » Puis elle dit tout bas : « Ou pas. »

Arizona a au moins la franchise pour elle, elle n'y va pas par quatre chemins et répond sans détour avec du tac au tac, du tac au tac qui fait tiquer la russe derrière ses lunettes. La militaire semble bien décidée à trouver quelque chose et ça, c'est clairement mauvais pour les affaires. La parenthèse du derrière ne la dérange même pas, c'est comme essayer de vanner un fantôme, ça fait que du vent, de la perte de temps quoi.

Elle ouvre la bouche mais la referme aussitôt derrière l'insolence de son invité forcé, si elle s'en moque, pourquoi elle demande ? Pour faire chier ou plutôt pour bien rappeler qui domine. Son regard s'en fait plus ferme alors qu'elle l'observe atteindre l'étage et escalader la commode. Elle peut très bien en profiter pour mater derrière son verre teinté mais ce n'est pas vraiment ce qui lui occupe l'esprit, celui-ci reste bloqué sur la future et possible découverte de la militaire. Elle a beaucoup à perdre derrière ses rations de survie et si la militaire creuse, elle pourrait poser les questions qui dérangent, qui, où, quand, comment et pourquoi.

La russe peut aussi peut bien mordre, la presque quarantenaire devrait faire attention à ce qu'elle dit, ou même à ses fesses, tout simplement. La slave accélère le pas et la double dans les escaliers. Elle lui bloque ensuite la route et tend son bras dans le couloir pour faire barrage. La paume de sa main appuyée contre le mur, elle invoque tout le sérieux qu'elle peut surjouer. "M'sérieux... Ça t'fais mouiller de retourner mon intimité comme ça ? Nan parce que si c'est que ça, on peut s'y prendre autrement t'sais ?" Dans ce genre de configuration, elle s'attend très bien à se faire repousser, aussi bien physiquement que moralement, la brune n'a pas à craindre la patate surprise si elle la touche... quoique ? Dans tous les cas, elle est bien là à faire le piquet pour protéger ce qu'il lui reste de liberté.

Marquer les esprits ou les échauffer, peu importe pour Winslet qui n'hésitait pas à lui rappeler que c'était elle qui commandait et qu'elle n'avait l'intention de se laisser intimider par son franc parlé. Elle en avait vu d'autre et elle n'avait non plus envie de lui faire des yeux de cocker pour lui demander si elle cachait ou non quelque chose à l'intérieur de sa petite maison, gracieusement offert par le clan. Ça, il ne fallait pas qu'elle l'oublie aussi et c'était bien ce qu'Arizona allait lui faire savoir. 

Au moins, je lui ai fermé son caquet à cette petite merdeuse. pensa la militaire en escaladant la commode pour rejoindre l'étage supérieur. Avec beaucoup de.. doigter, elle avait largement fait traîner ce moment fatidique qu'elle savait particulièrement difficile pour l'autre. Non pas uniquement pour cette russe mais pour beaucoup. 

Arizona n'aimait pas s'introduire dans l'intimité des personnes, elle-même, sa première année à l'école militaire ne lui avait pas vraiment fait du bien dans le sens où les inspections étaient à répétition. Toujours est-il que la brune lui avait donné pas mal de chance, les perches qu'elle lui avait tendu en lui demandant si elle avait quelque chose à cacher ou non, n'était pas seulement là pour faire du babillage entre deux jouvencelles en chaleur. Non, Arizona veillait seulement aux grains. 

En quelques enjambées prudentes, la quasi-quarantenaire gravissait les escaliers qui faisaient tâche comparer à la propreté du premier étage. Elle se retint de ne pas tout jeter sur son passage à l'étage du dessous, juste pour occuper les bras et les jambes de cette dernière qui semblait sur le qui-vive. 

Touché, chantonna Arizona intérieurement tout en laissant la commissure de ses lèvres droites creuser une petite fossette sur sa joue. Ses sourcils s'étaient froncés alors qu'elle montait les dernières marches d'un calme olympien jusqu'à trouver le barrage humain de la russe : « M'sérieux... Ça t'fais mouiller de retourner mon intimité comme ça ? Nan parce que si c'est que ça, on peut s'y prendre autrement, t'sais ? » Le regard foncé de la militaire laissa son regard se promener de la main de la russe jusqu'à son unique œil : « Tes allusions sont touchantes ma p'tite mais t'es pas à la hauteur. » D'un geste vif, elle passa sous le bras de russe : « J'vais t'briser, P'tite Brindille. » 

Après un bref regard devant elle pour s'assurer qu'aucun élément perturberait son ascension, elle se retourna vers la brune en écartant les bras : « Humm... » Au centre du hall départageant les piéces en trois, elle demanda : « Alors, par où je commence ? Ta salle de bain ? Non, tu nous as déjà fait l'coup la dernière fois. T'es hum... elle laissa traîner le compliment, intelligente... Alors, j'hésite... » Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas bien amusée et son adversaire était coriace. Même si elle ne l'admettait pas à haute voix, avoir survécu au traitement Zack, pour avoir été l'une des gardiennes principales de sa prison, Arizona savait que la russe n'avait pas froid aux yeux. 

D'une part, c'était aussi pour cela qu'elle voulait s'assurer que rien ne tournait pas rond et surtout, lui faire comprendre qu'elle n'était pas encore complètement lavée de tout soupçon, même après la trouvaille de Valentine. Elle hésita vraiment. Roza avait encore les traces d'un entraînement de forcené sur elle, alors elle préféra :

- Allez, ta chambre. Je sais que tu meurs d'envie de me la faire découvrir. »

Presque déçue, elle découvrit une salle aussi propre qu'au rez-de-chaussé mais pas dupe du tout, Arizona contourna le lit pour s'agenouiller et regarder en-dessous. Nada. Ou en tout cas rien d'intéressant. Elle se releva en burpees en se frottant les mains, fouina dans les tables de nuit … « Toujours rien à me dire ? » lança t-elle à l'intention de la borgne en se dirigeant vers l'armoire.