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Re: Be quiet please. I'm trying to keep us alive.
Mer 4 Sep 2019 - 9:32
Rassurez vous, ya presque plus de Gordon après!
Bienvenue!
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- Casey Maverick-Summer
The Rogues
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Re: Be quiet please. I'm trying to keep us alive.
Mer 4 Sep 2019 - 16:17
Eh bien on a le droit à toute une panoplie de Gordon, dis dont!
Bienvenue à toi Rafaël bon courage pour la rédaction de ta fiche!
Bienvenue à toi Rafaël bon courage pour la rédaction de ta fiche!
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Re: Be quiet please. I'm trying to keep us alive.
Mer 4 Sep 2019 - 17:43
SALUT TONTOOOOON !!
On est très fortement content de te voir dis donc... :v
On est très fortement content de te voir dis donc... :v
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Re: Be quiet please. I'm trying to keep us alive.
Mer 4 Sep 2019 - 19:20
LA FAMILLE EST AU COMPLET
Cébo ptin
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Re: Be quiet please. I'm trying to keep us alive.
Ven 6 Sep 2019 - 16:36
Merci à tous pour votre accueil, bientôt la SuicideSquad sera relevée d'entre les morts et la... Oh ptin. Pripeyr Uranus. Ou Neptune, j'suis pas jaloux.
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Re: Be quiet please. I'm trying to keep us alive.
Mer 11 Sep 2019 - 11:55
Partie Apocalypse de l'histoire de Rafaël
(Puisque forumactif me boycotte...)10.10.15
Rafaël s’occupe comme il le peut des dossiers qu’il a en cours, jugeant le travail de ses assistants peu satisfaisant. A ce moment là, il est déjà pratiquement à la retraite. Il ne passe au bureau que deux ou trois heures par jour, et le reste du temps, stagne chez lui pour continuer à travailler en différé. Il profite de ce temps libre pour s’occuper de Caitlin, et rendre visite à ses neveux quand il le peut. Les informations, plutôt inquiétantes, ne le dérangent pas outre mesure. Très sceptique de nature, il préfère laisser le jugement d’une affaire à ceux que cela concerne. Pour sa part, habitué à la folie de l’homme, qu’elle soit dans la violence, ou dans son avarice maladive, de tels événements ne le choquent pas réellement. Au contraire de Cait, qui habituée aux cas de junkie souffrant du manque ou de crises de folie dues à la prise de drogue, trouve l’excuse un peu facile.
12.10.15
Les inquiétudes de Caitlin finissent par gagner Rafaël. Quelques clients à lui ne répondent plus du tout à ses appels, et la plupart des autres mettent leurs dossiers en suspens le temps que, d’après eux, les choses se tassent.
Le couple tombe d’accord. A la lumière des informations qui inondent internet et du silence relatif des médias quant à ce qu’il se passe en ville, mieux vaut rester prudent. Sortir le moins possible, faire des réserves alimentaires saines. Elle s’inquiète beaucoup pour les enfants de Richie.
14.10.15
Avec l’accord de son frère, Rafaël et Caitlin quittent leur appartement en centre ville, et décident de se rendre chez Richie, pour s’occuper des enfants pendant que leur père est absent. Caitlin est la plus occupée. Rafaël, de son côté, écume les journaux, les médias libres sur le net, dans l’espoir d’en savoir un peu plus. Si les renseignements vraiment intéressants sont rares, ce n’est pas le cas des anecdotes toutes plus atroces les unes que les autres. Il appelle sa secrétaire dans la journée, afin qu’elle prenne des vacances, et met son cabinet en pause. En faisant cela, il se fera des ennemis tenaces, et surtout dangereux. Mais cela appartenant à une zone d’ombre de sa vie qu’il préfère mentionner à personne, il s’abstiendra de toute réflexion superflue.
Ils décident au passage d’accumuler un maximum de réserves. Rafaël fera le trajet entre chez lui et chez son frère plusieurs fois dans la journée pour les équiper un maximum.
19.10.15
Leurs inquiétudes finirent par s’avérer fondées. Rafaël et Caitlin se préparaient à un véritable siège, pendant l’absence de Richie. Toutes les denrées étaient soigneusement économisées. Rafaël avait retiré un maximum d’argent liquide, pressentant qu’une crise majeure aurait raison des banques et des comptes qui leur étaient associés. La détente, même feinte, qui accompagnait leurs journées, avait disparu pour laisser place à une tension palpable. L’heure n’était pas à la panique et Rafaël comme Caitlin étaient trop calmes par nature pour baliser à propos d’événements dont les sources restaient obscures, et l’ampleur mal comprise.
Ce jour là ils eurent néanmoins la confirmation que les événements étaient sérieux. Alors que Rafaël faisait l’inventaire de leurs provisions afin de déterminer d’une part leur valeur dans le cas de troc éventuel, et de l’autre, prévoir leur survie sur un plus ou moins long terme en cas de pénurie totale, Caitlin ouvrit la porte à des membres de l’US Army qui vinrent les éjecter, plus ou moins, de leur maison, afin de les parquer avec les autres personnes saines en centre ville, dans un des locaux prévus pour cela.
Raf’ avait une envie brûlante de contester cette décision aussi injuste qu’arbitraire, mais sa femme le lui interdit d’un regard. Les enfants étaient avec eux, et même s’ils perdaient tout en se rendant là bas, si l’armée était ici cela voulait essentiellement dire que leurs vies étaient de toute façon menacées. Qui plus est, la loi martiale venait d’être déclarée. Refuser, c’était probablement mourir. Les soldats n’avaient pas le temps de s’embarrasser de palabres.
Ils quittèrent les lieux après que Raf eut laissé un mot, précipité, mais concis et clair, sur leur situation. Richie serait sûrement désagréablement surpris de voir sa maison vide et une bonne partie de ses ressources pillées par l’armée, et il voulait qu’il puisse les retrouver le plus vite possible.
[Plus tard dans la soirée]
«Raf’, tu penses…
- Ne finis pas cette phrase mon coeur je t’en prie. Richie peut certes tenir plus du buffle en colère que de l’être humain, mais il est loin d’être idiot, et débrouillard. Il a dû être retardé en ville. Et vu la panique que c’est à l’extérieur, normal qu’il ait du mal à nous rejoindre.
- Les enfants sont inquiets, eux aussi.
- Je sais… On l’est tous. Retourne avec eux, je vais essayer de le joindre.»
Encore. Malgré le ton impavide de Rafaël, l’inquiétude lui tordait les boyaux. Il refusait de croire qu’il était arrivé quoi que ce soit à son frère. Et pourtant, son implacable logique lui soufflait que la possibilité n’était pas à exclure. Tout le début de soirée, il avait essayé de l’appeler, sans succès. Le réseau était saturé par des appels téléphoniques paniqués, et autant de monde concentré dans un stade, essayant de passer des appels, que ce fût aux collègues, aux amants, à la famille… Cela finissait de les isoler de tout le reste de la ville.
Il pesta contre le sort un bon moment. Cait et les enfants se nourrissaient, et il resta à quelques pas d’eux pendant quelques longues dizaines de minutes, essayant, vainement, de faire passer ne serait-ce qu’un message via son téléphone. Le stade avait beau être extraordinairement bruyant, au milieu de tous ces gens l’on entendait quand même les sirènes à l’extérieur, et l’aura de panique hors des gradins ressemblait à une vague, immense, qui enflait, enflait encore, menaçant de passer par dessus, et de tous les engloutir. La tension infernale qui agitait l’esprit de Rafaël à ce moment illustrait parfaitement cette image.
Il finit par se lever, incapable de dominer plus longtemps son impatience, et avertit Cait qu’il partait faire un tour du côté des sorties. Si Richie avait vu leur mot, alors il était peut-être bloqué à l’entrée. Sinon… Eh bien il aviserait.
Arrivé à l’extrémité du stade, il se retourna pour ne pas perdre les repères qu’il avait pris, vis à vis de la position de sa famille. Il y avait tellement de monde ici… On sentait la terreur gronder, tel un nuage d’orage qui planait juste au-dessus de la foule, qui après l’agitation de la journée, commençait doucement à fatiguer. Les projecteurs dispensaient une lumière crue, blafarde, qui éclairait la scène comme une scène de crime. Voilà qui ajoutait encore au malaise, se dit Raf.
En tournant les yeux, cependant, il eut une surprise. Il mit un peu de temps à le reconnaître, car il avait perdu toute forme de pilosité faciale et ses boucles de séducteur avaient laissé place à un crâne ras, presque chauve, mais il reconnaissait les traits de son ami.
«Daniel ?! s’exclama l’avocat, sincèrement surpris par cette vision.
- Rafaël…? Les yeux du soldat s’écarquillèrent, puis il reprit vite contenance, sur un coup de pression, de peur qu’un supérieur ne le voie distrait. Qu’est-ce que tu fiches ici ?»
Rafaël lui conta rapidement les événements, avec une concision qui lui était coutumière. Quant à Daniel, il lui expliqua vite fait qu’en raison de ses résultats relativement décevants sur la fin de son cursus et ses excellentes aptitudes sportives, il avait décidé de rejoindre l’armée pour financer les études de son frère. Après avoir brièvement évoqué les souvenirs de jeunesses et la différence de leurs parcours réceptifs, Raf’ essaya de négocier sa sortie du stade. Et ce fut difficile. Concrètement les soldats en poste ici avaient interdiction de laisser passer quiconque, et tout déserteur était abattu à vue une fois hors des murs. Ce que le cadet Gordon crut sur parole. Cela vint éclaircir la question qu’il s’était posée sur les coups de feu épars et lointain qu’il avait entendu durant la journée. Fort réjouissant, donc.
«C’la dit… On fait des rondes au petit matin, tu peux essayer de te tirer pendant le moment où y’a pas trop de gardes aux entrées… Et je t’accompagnerai, histoire de quand même faire mon boulot.»
Le pauvre homme semblait abattu. Il avait peut-être les compétences purement physiques pour entrer à l’armée mais d’un point de vue émotionnel, il restait assez fragiles. Et les événements qui s’enchaînaient allaient bien au-delà de ce qu’enseignait les formations militaires.
Aussi, les dés étaient jetés. Raf allait partir à la recherche de son frère, sans avoir la moindre idée d’où il était, en ignorant même s’il était vivant.
20.10.15
Apocalypse. Un terme fort bien choisi. C’était ce que l’extérieur exprimait, lorsque l’on s’y trouvait. Comme le lui expliqua Daniel, à dire vrai, ce n’était pas tant la fin du monde que la guerre civile. En dehors des cas de… maladie, pour ainsi dire, qui semaient déjà la panique, la cession du pouvoir à l’armée avait été une décision des plus impopulaires, et de nombreux cas d’émeute étaient enregistrés, finissant souvent dans un bain de sang. Tout un chacun semblait prix d’une inextinguible terreur, et la présence de l’armée ne faisait que renforcer ce climat d’horreur. Alors que merde, pesta Daniel, ils étaient là pour protéger tous ces abrutis contre les choses abominables qui rôdaient dans les rues, pas les emmerder !
Raf se servait plus ou moins de Daniel comme bouclier. Alors qu’ils évoluaient sous un ciel gris sombre, avant que l’aurore ne vienne l’éclaircir de ses rameaux rosés, ils ne voyaient pas grand chose. Beaucoup des éclairages publics avaient été mis hors service, et dans la pénombre, une silhouette humaine ne l’était pas forcément. Le militaire, solidaire, finit par céder son 9mm de service à l’avocat. Quitte à s’enfoncer dans la mélasse, autant être un minimum équipé.
Il tentait, régulièrement, de passer des appels à son frère. Sans aucun succès. Que ce soit lui où tous les contacts de son répertoire, il n’y avait même pas une sonnerie qui retentissait dans le haut parleur. Uniquement la voix nasillarde de l’opératrice qui annonçait une saturation momentanée du réseau. Il faillit le jeter plusieurs fois, sous la frustration.
Il sentit, pour la première fois, ce qu’était la peur. La vraie. On peut pourtant avoir peur de la perte d’un être cher. On peut avoir peur de perdre son job. Peur de mourir. Peur de tout un tas de chose. On peut même avoir peur des araignées, pourquoi pas.
Mais cette terreur là, c’était la Peur. Le sang qui se caille dans les veines, le coeur qui tente de défoncer la cage thoracique pour fuir le plus loin possible. Les muscles qui semblent se liquéfier, peinant à porter le corps. L’estomac si serré que ça devient physiquement douloureux. Les mains moites et gelées en même temps, tremblantes. Le regard qui ne cesse de bouger, à gauche, en haut, à droite, tout le temps, sans discontinuer, sans même prendre la peine de faire la mise au point sur les détails. Les oreilles aux aguets du moindre bruit, un seul d’entre eux déclenchant une série de frissons électriques et un bond supplémentaire dans la poitrine. La terreur pleine de se trouver face à quelque chose d’inconnu, contre lequel toute la volonté, tout l’armement, toute l’hypocrisie déployée ne semble avoir aucun effet. Ça, c’était la vraie peur. Et Rafaël en faisait la pleine expérience maintenant qu’il était là, dans la rue, se dirigeant vers l’endroit où travaillait normalement son frère pour y trouver, espérait-il, des indices. Jamais son cerveau n’avait été si peu capable de réflexion. Son corps n’avait qu’un seul message : FUIS.
Ils tombèrent à plusieurs reprises non loin de groupes, épars, qui évoluaient dans les rues. Parfois des patrouilles militaires. Parfois des manifestants furieux qui souhaitaient en découdre. L’avocat se rendit d’ailleurs compte qu’ils n’étaient pas en sûreté. Si les malades pouvaient éventuellement leur tomber dessus n’importe quand, les manifestants faisaient des ennemis au moins aussi redoutables; eux étaient armés. Et nombreux.
Alors que le soleil approchait du zénith, Rafaël et Daniel furent piégés dans un immeuble. Un immeuble d’habitation comme tous les autres, dans lequel cependant le militaire avait entendu des cris et des pleurs d’enfants. Son devoir l’obligeait à leur porter secours pour leur indiquer le stade, aussi ils y pénétrèrent.
Raf, quant à lui, maugréa en silence. La vie de toute autre personne qui ne portait pas le nom des Gordon lui était superbement indifférente. Sa morgue ressortait fortement par ce temps de crise, et actuellement, s’il avait dû tuer pour pouvoir sauver ses proches, il y avait fort à parier qu’il n’aurait pas hésité longtemps.
Et malheureusement pour eux l’immeuble se retrouva envahi d’un certain nombre d’infectés. Ils tentaient de défoncer une porte au deuxième étage, porte derrière laquelle se trouvait la famille en difficulté. Après avoir lutté pour rejoindre l’appartement voisin, jouant sans vergogne de la gâchette pour se frayer un passage, ils s’enfermèrent dedans, et passèrent par les fenêtres extérieures pour rejoindre leur cible. Une mère et deux enfants, tétanisés, en larmes et effrayés.
En hâte, ils bricolèrent des cordes de rappel pour descendre, à l’aide du linge de maison. L’opération était risquée, mais avec le savoir faire de Daniel et l’efficacité de Raf, l’affaire fut entendue en moins d’une heure. Les enfants, puis la mère, finirent par toucher terre. Daniel leur avait donné les explications adéquates pour qu’ils rejoignent sans encombres le stade, dans lequel ils seraient accueillis avec les autres.
C’était sans compter les infectés.
Ils n’avaient pas fait dix mètres. Même pas dix. Une, deux, trois, quatre silhouettes foncèrent hors du bâtiment, et se jetèrent, avec une sauvagerie inhumaine, sur les trois pauvres hères. Incapable de détourner les yeux devant l’atrocité de la scène, la bouche bée de stupeur, il ne put qu’observer, impuissant, la scène macabre se dérouler dans son entièreté, pendant que Daniel, le pauvre, tentait de mitrailler les agresseurs pour leur faire lâcher prise, au mépris de toute prudence. L’échec fut total.
Rafaël finit par se détourner brusquement pour vomir tripes et boyaux. Cela avait été si soudain, brutal, il n’avait jamais été préparé à un tel déferlement de violence. Le simple fait de se remémorer leurs ongles et leurs dents déchiquetant les… Non, c’était trop. Il fallait quitter cet endroit, cette ville. Et avec Richard. Il refusait de croire que son frère était devenu une de ces choses.
Il leur fallait cependant attendre que les infectés trouvent des proies plus alléchantes. Daniel était épuisé, et Rafaël, blanc comme la mort, n’en menait pas large non plus. Loin d’être un homme amorphe, il était cependant bien moins rompu aux exercices physiques intenses. Le maximum qu’il ait produit était lorsqu’il aidait les parents de Cait à la ferme. Une lutte à mort contre des créatures de cauchemar, une descente en varappe au dessus du vide pour rejoindre la terre ferme… On verrait demain. Il ne serait d’aucune utilité à son frère épuisé et exsangue.
21.10.15
L’immeuble où travaillait Richard était désert. Tout du moins il en avait l’air. Ils avaient beau grimper dans les étages, à part quelques bruits menaçants qui n’indiquaient certainement pas la présence d’une personne amicale, il n’y avait personne. Dans la rue, loin d’ici, les coups de feu retentissaient régulièrement, de même que de nombreux cris. C’était véritablement la guerre, dehors.
C’est au troisième étage qu’ils trouvèrent du changement. Les créatures étaient amassées devant l’ascenseur, et elles visaient apparemment quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Il était bloqué, à peine ouvert.
«Je sais pas comment on dit par chez vous Dan, mais tire dans le tas et assure-toi de pas me percer le cul. Il y a quelqu’un là-bas.»
Il espérait de toutes ses forces qu’il s’agisse de Richard. Une toute autre personne aurait suscité une telle déception qu’il lui aurait probablement tiré dans le crâne par dépit. La nuit avait été particulièrement tendue, le début de la journée pas franchement mieux, Rafaël était clairement à fleur de peau. Ignorant la décharge désagréable que le recul provoquait dans son bras, il tira, avec Dan, repoussant au mieux les créatures, en éliminant certaines. Pendant que Daniel finissait de faire le ménage, bien mieux armé que lui, il plongea la tête vers l’ascenseur.
Par tous les saints.
Son corps subit une telle détente à la vue de son frère, certes mal en point mais bien vivant, qu’il faillit s’uriner dessus. Il contint la vague de soulagement qui menaça de le submerger et par voie de conséquence, de le déconcentrer, et s’acharna avec le soldat à le tirer de là.
«Les enfants sont en sûreté, avec Caitlin. Elle s’occupe d’eux et les protège.»
Il savait très bien que ce serait le premier souci de son frère, passé le soulagement d’avoir été libéré. Néanmoins, il fallait, et vite, faire le chemin en sens inverse. Il le mit rapidement au parfum, ne le regardant qu’à peine et s’assurant surtout qu’ils ne recevaient pas de mauvaise visite, puis ils se mirent en route.
Dans l’état actuel des choses, même le stade risquait d’être pris d’assaut à un moment où à un autre. Il leur fallait retrouver leur famille, certes, mais ne pas y perdre de temps. Il était temps d’écouter son corps.
FUIS.
15.11.15
Leur plan pour fuir la ville et se réfugier chez les beaux parents de Caitlin s’annonçait pourtant bien. Ils avaient même trouvé un véhicule. On y était certes un peu serré mais compte tenu des risques encourus à pied, cela n’était qu’un petit détail. Ne leur manquait que des vivres. Peu importe lesquels d’ailleurs, du moment qu’ils étaient difficilement périssables. La ferme pourvoierait à leurs besoins dans une certaine mesure, mais les récoltes étaient passées depuis longtemps. Et il fallait s’occuper des champs et des bêtes avant de pouvoir consommer, dans tous les cas.
Leur salut apparut après quelques heures de route. En apparence tout du moins. Le lieu avait l’air désert, depuis un bon moment même.
Tout se passa trop vite. Chacun faisait attention à l’autre, scrutait les rayons, s’assurait de ne tomber sur aucune présence importune. D’où est-ce qu’il sortit, par tous les enfers, nul ne le saurait probablement jamais, et aborder ce sujet deviendrait rapidement une idée des plus mauvaises en présence de Rafaël. Tout ce qu’il entendit, c’est un bruit vague de l’autre côté du magasin, où se trouvaient Cait et Wyatt. Un bruit étouffé, souffrant, et une explosion de rage et de peur juste ensuite. C’est tout. Le temps qu’il arrive, l’infecté était déjà réduit en purée, et sa femme…
Quelqu’un venait d’ouvrir un gouffre béant en lui. Il ne sentait plus que ça, sur le moment. Le vide. Il entendit distinctement, il pouvait le jurer, le bruit sec et froid de son coeur qui se brisait, juste avant d’être avalé par ce gouffre. Il n’arrivait pas à prononcer le moindre mot. Son souffle s’était cristallisé dans ses poumons, et aucun de ses muscles ne voulait répondre aux appels d’urgence de son cerveau, qui hurlait pourtant de s’enfuir. Ce qu’il voyait là ne pouvait tout simplement pas être. Pas elle. Il eut un brusque relent nauséeux, lorsque son esprit, abattu et torturé par la vision qu’il avait sous les yeux, cracha “n’importe qui d’autre, mais pas elle”. Alors qu’il n’y avait que ses neveux et son frère, avec lui. Cette pensée, aussi injuste qu’atroce, fut le déclencheur du premier mouvement. Il saisit Wyatt sans délicatesse par le col pour le relever et le forcer à bouger, et sans regarder le cadavre de la seule femme qu’il avait sincèrement aimé une seule seconde de plus, sonna la retraite et leur départ après avoir embarqué tout ce qu’ils pouvaient. Il ne prononça pas d’autre mot pendant plusieurs heures. Plusieurs jours. Il obéissait silencieusement aux directives de son frère, et feignait l’absence lorsque cela lui convenait, quand le temps s’étirait. La moitié de lui-même venait de mourir, une moitié qui ne serait comblée que par la colère, le mépris, et la haine que Caitlin avait mis des années à attendrir, dompter, enchaîner.
Sauf qu’elle n’était plus là. Elle pourrissait dans une épicerie. Elle se relèverait peut-être même sûrement pour les chercher.
Il ferma les yeux et serra les dents à s’en faire exploser la mâchoire, le front collé à la vitre de leur voiture. Ne pense pas à ça, pauvre con. Elle a eu assez mal comme ça.
Eté 2016.
Rafaël s’était refermé comme une huître. Il restait d’un calme qui lui seyait toujours autant, mais à l’intérieur, il n’y avait plus grand chose de l’homme bon et chaleureux que Caitlin avait réussi à façonner, au fil de leur relation. Il restait patient, enclin à prodiguer des conseils à ses neveux comme à son frère, et plus souvent enclin que ce dernier à tempérer leurs élans de jeunesse. Mais il faisait cela avec un détachement certain. Un bout de son esprit était toujours ailleurs. Et il s’acharnait d’autant plus au travail que la présence de son épouse n’était plus là pour l’encourager.
Leur seul objectif était la survie, qu’elle soit ou non à court terme. Et en ce sens, il employait toute son énergie, sans fioriture aucune, à l’accomplissement perpétuel de ce but. Le reste n’avait que peu, voire pas d’importance. Il fallait s’entraîner. Il fallait cultiver. Il n’y avait plus de bêtes dans la ferme, mais piéger les nuisibles comme les lapins ou les lièvres était toujours possible, alors il fallait le faire. Il fallait se rationner. Chaque moment de sa journée était finalement gouvernée par le devoir. Et quand la présence d’un autre être humain près de lui lui était insupportable, il allait s’enterrer dans une autre pièce, les toilettes s’il le fallait, pour rester seul, privé de toute autre présence que la sienne, ou ce qu’il en restait.
Son côté caustique avait refait surface, il était facilement sarcastique, voire cinglant. Plus avec son frère, il faisait beaucoup d’efforts avec ses neveux, qui étaient jeunes d’une part, et n’avaient rien fait. Pas plus que Richard d’ailleurs. Mais la situation était intenable. Plus le temps passait, plus il avait envie de faire tout exploser, de massacrer quelqu’un, de lui arracher les tripes à la main pour écouler tout le venin qui coulait en lui et ne faisait que s’accumuler, faute de pouvoir sérieusement discuter. Il se mit même à fumer ! Lui qui méprisait jusqu’alors la pratique, sermonnant régulièrement son frère à ce sujet, voilà qu’il piquait ses cigarettes pour se détendre.
Néanmoins, tout était bon pour rester efficace. C’était son maître mot. L’efficacité. Il pouvait bien être terne, ou taciturne, ou encore glacial dans ses propos, peu lui importait. Ils vivaient. Point.
Automne 2016.
L’énergie que Rafaël employait à assurer leur survie semblait ne pas connaître de réelle limite. Il avait rassemblé toutes les cartes de l’état et du comté qu’il avait pu trouver, et en quelques jours, avait monté sur pied un plan pour leur assurer des vivres. Leurs rations tombaient rapidement, et la sortie de la ferme n’était plus une option. Il cibla les magasins isolés, les épiceries de route, les stations services de campagne, et en nota quelques unes en plus qui n’étaient pas répertoriées, et dont il se souvenait après avoir pris la route de nombreuses fois avec Caitlin pour venir à la ferme. Puisqu’il n’était pas question que ce soient toujours les mêmes qui prennent les risques en sortant, un roulement fut établi.
C’était dangereux, mais ils ne connurent rien d’autre que de gros coups de pressions, et quelques égratignures au maximum en fuyant les rôdeurs.
La méfiance le gagna lorsqu’il accueillit avec son frère un couple étranger au sein de leurs murs. La méfiance le gagnerait de toute façon à chaque fois qu’il croiserait quelqu’un, dorénavant. Il avait été bien placé pour constater de visu que les hommes étaient souvent pernicieux et assez peu désintéressés. Même lorsque leur vie était en jeu, tout était bon pour faire un maximum de profits, de préférence égoïstes. Et à l’heure actuelle, il ne croyait déjà plus en l’âme humaine. Il n’y avait qu’à voir ce en quoi ils étaient capable de se transformer, aujourd’hui. C’était pour lui une bonne illustration de leur pourriture intérieure.
Néanmoins, grâce à eux, ils traversaient plus facilement l’hiver. Les tâches étaient plus aisées à répartir, et ils faisaient montre d’une exceptionnelle bonne volonté à travailler à leur survie commune. Ce qui eut pour effet, d’ailleurs, d’accentuer la méfiance de Rafaël à leur égard. Ici, les efforts étaient fournis, certes, mais pas toujours de bonne grâce. Faire face à l’apocalypse était un travail usant, difficile, et parfois, après les épreuves qu’ils avaient déjà traversé, tout un chacun manquait de péter un fusible, ou devenait irascible. Eux… Moins.
Fin de l’hiver 2016.
«Tu aurais dû me laisser faire.»
Ce fut la seule remarque de Rafaël. Son seul reproche. Arme dans le dos, il avait assisté à la scène et n’avait pas cillé lorsque la cervelle des deux voleurs avait volé en éclats. Il n’était pas surpris, et dans l’absolu, il approuvait même la réaction de son frère. Néanmoins, il savait que cet acte allait le ronger. Et qui plus est, c’est devant ses enfants qu’il avait tiré. C’était encore pire, et c’était là qu’appuyait son reproche. Lui n’avait pas d’enfants. Certes, il avait ses neveux, mais il était loin de pouvoir remplacer leur père. Il faisait moins office de parent que de roc imperturbable, ces temps-ci. Son acte n’aurait choqué personne. Et Richard avait bon coeur. Bourru certes, mais il était gentil. Ses enfants risquaient d’avoir du mal à tolérer un tel coup d’éclat, si l’on pouvait se permettre l’expression.
Et ce fut le cas. Le climat se tendit notablement chez eux. Ses enfants étaient moins dociles et plus prompts à la crise de nerfs ou au caprice. Rafaël tempérait les choses comme il le pouvait, mais cette situation le poussait à bout, et ses nerfs, déjà fragiles, menaçaient de céder. Alors il gueulait, il envoyait brusquement chacun à une tâche aussi ingrate que possible, concentrant les mauvaises ondes sur lui, et partait s’enfermer pour travailler quelque part, la grange ou peu importe, du moment que personne ne le faisait chier. C’était tout ce qu’il voulait.
Ce fut une fin d’hiver difficile. Point ne voyait de sourires sur les visages, les paroles étaient prononcées à demi-mot, presque en murmure, chacun craignant de faire exploser l’autre. La famille était tout ce qui leur restait, avec leur vie, et concrètement, malgré les tensions, personne n’avait envie que le peu qu’il leur restait ne se déchire pour de bon. Aussi, la rancoeur reflua, doucement, mais sûrement. On se rapprochait peu à peu. Et au bout de quelques mois, les choses redevinrent presque comme avant, si l’on excluait le caractère taciturne de Richard. Au moins n’y avait-il plus de gueulantes toutes les deux heures.
____
Ce n’est que bien plus tard que Rafaël verra son intérêt ravivé par autre chose que la simple tâche de les faire vivre le plus longtemps possible. Après avoir cavalé de partout pendant longtemps, le No Man’s Land, promis comme un havre de repos, donna à Raf’ beaucoup d’idées. En l’état actuel des choses c’était plutôt un ersatz de place forte où l’on survivait en coopérant plus ou moins via le troc et l’échange de service, mais dans ses yeux d’investisseur et de financier, on pouvait y voir beaucoup de créativité. Peut-être de quoi reconstruire ce qu’ils avaient perdu et faire de cette place un véritable endroit où se reposer loin des rôdeurs, tout en bâtissant une communauté efficace, axée autour de la survie et de l’entraide. Pour l’instant ce n’était qu’un rêve, une ambition folle, mais l’idée avait germé, et la famille s’était concertée pour pouvoir, peut-être, concrétiser ce projet un jour. Et ils avaient cruellement besoin d’objectifs pour occuper leurs pensées. L’incendie de la ferme avait ravi les filles, et la perte pesait très lourd sur le moral de tout le monde.
Leur cavale continua un moment, mais ils finirent par revenir pour s’installer là. Richard utilisa ses compétences pratiques pour soulager les gens, pendant que Rafaël proposait son aide non pour la réalisation de projets mais plus pour leur organisation. Il aidait ceux qui supervisaient le troc à définir des valeurs étalons en fonction des besoins, des provisions disponibles… C’était une activité saine, et ça lui faisait du bien après tout ce temps à ne s’inquiéter que de leur survie immédiate. Il n’en restait pas moins distant, voire parfois désagréable et suintant le sarcasme, mais ses conseils avaient beaucoup de valeur, comme nombre finirent par le constater.
Les Gordon finirent par être relativement connus là-bas. Sinon aimés, au moins respectés. Bosseurs, ne rechignant que peu à la tâche, la seule ombre au tableau pouvait être les caractère respectifs des frères Raf et Richie, qui d’une part comme de l’autre, étaient soit difficile à cerner, soit prompt à s’enflammer. Néanmoins, ils mettaient toujours un point d’honneur à ne pas causer d’ennuis. Ce lieu était une bénédiction et leur but était de l’améliorer, pas le plomber.
____
Fait chier, putain…
Telles étaient les pensées de Rafaël. Il s’était muré dans un silence morne, boudeur, et refusait de parler. D’autant plus après que son frère ait menacé plus ou moins sérieusement de le lourder au milieu de nulle part pour continuer sa route.
Ils retournaient à la ferme. Enfin ce qu’il en restait. Dans un lointain recoin de son esprit, Rafaël comprenait parfaitement l’espoir idiot de son frère à retrouver ses filles. Pourtant, là, tout ce qu’il faisait, c’était poursuivre une chimère. Comment deux jeunes filles pouvaient-elles, dans l’optique où elles avaient survécu à l’incendie, suvivre seules dehors, sans vivres, sans armes, et probablement entourées par des rôdeurs ? C’était une pensée horrible, oui, mais pas moins réaliste. Mais à ce sujet Richard refusait d’entendre raison, et ses propos avaient même tendance à le confondre à la folie. Fort de son espoir implacable, il leur infligeait à tous la douleur d’y retourner, avec tous les souvenirs immondes que cela comprenait. Il dut même se contenir pour éviter d’allonger une tarte à son frère lorsqu’il s’en prit à son fils, le menaçant ni plus ni moins de le lâcher au milieu des rôdeurs pour lui apprendre la vie. Ca avait beau être des paroles colériques, balancées sans aucune réflexion, ça ne se disait pas. Et encore moins à son propre fils, pas après tout ce qu’ils avaient traversé. Lui se souvenait encore avec une précision horrible de chacune des tâches de sang qui poissait les vêtements de Caitlin quand ils l’avaient abandonnée, mourante, sur le carrelage glacé de l’épicerie.
Plus ils cherchaient, en vain qui plus est, et plus les nerfs de Rafaël subissaient. Ils avaient mieux à faire. Bien mieux. Si les filles s’en étaient sorties, il était fort probable qu’un jour, tout comme eux, elles finissent par débouler au No Man’s Land. Le cas contraire, il fallait admettre qu’ils ne les reverraient pas. C’était dur, d’autant plus sans réelle preuve, mais la vérité était là. Plus aucun endroit n’était sûr, et à rester dehors les chances de survie baissaient de minute en minute. Ce dont Richie ne semblait pas vraiment avoir conscience. Mais aveugle qu’il était, il préférait encore et encore remuer les ruines de cet endroit maudit, courant après un fantasme qu’il savait déjà voué à disparaître.
Putain, j’en ai ma claque.
Rafaël avait de plus en plus de mal à se contenir. Il ne disait rien mais ses membres frémissaient de nervosité. L’été approchait, et s’il était moins difficile à supporter que l’hiver, autant de maladies étaient véhiculées par la saison chaude. Les plantes, si la canicule était trop forte, allaient mourir. Les animaux migraient. Les malades supportaient mal la chaleur, les bactéries se faisaient une joie de pulluler dans ces cocons de chaleur qu’étaient les hommes en plein cagnard. Mais non, ils étaient là, à chercher, encore et encore.
Un pli d’amertume barra ses lèvres pâles lorsqu’il constata le désespoir qui marquait les traits de Richard. Evidemment.
«Je te l’avais dit, lâcha-t-il, excédé, acide. Après autant de t-»
Sa phrase ne trouva de fin que dans sa tête. Cette dernière partit violemment sur le côté lorsqu’elle reçut le coup de poing de son frère. Il ne s’y attendait absolument pas, mais quelque part, c’était logique. La tension finissait toujours par trouver une porte de sortie, et souvent de la pire des manières.
Ce coup mit le feu aux poudres. La valve de contrôle qu’il se démenait depuis des mois à garder close céda d’un seul coup. Passé la fraction de seconde d’étourdissement suivant le coup, il sentit la vague de rage enfler dans sa poitrine, à une vitesse affolante. La sensation était si intense qu’elle menaçait de lui arracher des larmes de colère, salées et brûlantes. Il sentit l’exact moment où le contrôle de ses actes, pensées, lui échappa. C’était comme de se faire posséder par une créature furieuse, hurlante et sauvage, qui ne cherchait qu’une chose, déchiqueter, broyer, dévorer.
Il se jeta sur son frère, piétinant ses principes, oubliant qu’il était son aîné, oubliant que ses neveux étaient là. Toute la colère et l’amertume accumulées avaient trouvé une brèche par laquelle s’échapper, et elles l’avaient élargie pour laisser une porte béant sur une violence libérée de toute contrainte.
Il répondit à son coup de poing par un autre, et encore un autre, incapable d’articuler autre chose que des râles rauques de rage, ignorant jusqu’aux coups, pourtant brutaux, que lui assénait son aîné en retour. Les jumeaux avaient beau se démener pour les empêcher de s’étriper, ils n’avaient pas la force d’arrêter les deux fous furieux qui se tapaient dessus et qui ignoraient royalement leur présence.
Il en avait marre. Marre de courir de partout en cherchant le meilleur moyen de survivre. Il avait beau tenir à sa famille, au moins autant qu’à sa propre vie, il était ivre de colère, presque fou de voir que Richard, au mépris de toute prudence, de toute compassion, les emmenait ici, encore, sur les lieux d’un désastre que tout le monde s’efforçait d’oublier. C’était quoi l’étape d’après, on allait retourner à l’épicerie, quelques kilomètres plus loin, pour vérifier que le cadavre de Caitlin s’était bien changé en poussière ? Puis on irait voir si le cimetière où Melynda était enterrée avait bien sa tombe scellée ? On savait jamais hein, peut-être qu’elle aussi s’était relevée, peut-être qu’elle aussi avait disparu ?! Quitte à poursuivre des chimères, autant le faire en grand putain !
Il frappait, frappait encore. Il était même à deux doigts de mordre, ses mains et ses pieds n’étant pas assez pour assouvir ses impulsions violentes. Il aimait profondément son frère, mais à cet instant, tout ce qu’il voulait, c’était lui faire du mal. Beaucoup de mal. Et, même s’il ne l’avouerait probablement jamais, il voulait que son frère frappe au moins aussi fort. La volonté, diffuse, douloureuse, honteuse d’être puni. Puni pour ses fautes, pour ne pas avoir réussi à protéger Cait. Ne pas avoir réussi à faire soigner Melynda. Ne pas avoir réussi à sauver Abi et Joe. Tout concentré qu’il était sur leur survie immédiate, il ignorait à quel point la responsabilité et la culpabilité le rongeaient, lui pourrissaient l’esprit. Il voulait une sanction et elle était toute trouvée.
Aussi brutalement qu’elle avait commencé, la rixe cessa. Le coup de feu lui éclata les tympans, et il s’immobilisa en pleine amorce d’un énième coup. Le visage rougi par la colère autant que par les impacts, le corps endolori, il observa Wyatt les yeux grand ouverts, comme s’il s’éveillait d’un rêve profond et si réel qu’il en avait perdu le sens commun. La colère reflua sous la menace, toujours grondante, mais pour un temps du moins, apaisée.
Les bruits dans la brousse, puis les borborygmes qui s’ensuivirent achevèrent de les ramener à la raison. Les rôdeurs arrivaient, en masse, prêts à se repaître de leurs corps, attirés par la détonation. Il était temps de suivre le mantra gravé dans leur chair.
FUIR.
____
Après avoir fui de justesse une fois l’altercation stoppée, ils passèrent un moment loin de la civilisation, si l’on pouvait nommer le No Man’s Land ainsi. Ils économisèrent leurs ressources, et firent de leur mieux pour en amasser un maximum. Ils retapèrent de leur mieux des véhicules abandonnés, et s’adonnèrent au troc itinérant. Et bien leur en prit. Leurs escales là-bas leur offraient un spectacle des plus désagréables, aux antipodes des rêves qu’ils avaient formulés lors de leurs premières visites. Ce lieu n’était plus un havre, certes bancal, de repos, mais un purgatoire. Une arène géante où se disputaient dominants et dominés, où seul le plus fort avait voix au chapitre, et où les autres s’écrasaient et se soumettaient. Une vision qui inspirait un fort dégoût à Rafaël. Il n’hésitait lui-même pas à faire preuve d’une autorité à la frontière de la tyrannie lorsque les circonstances l’exigeaient. Mais jamais il n’en abusait. Le bien commun, celui des Gordon en particulier, primait largement.
Point question d’abandonner, cependant. Bien que leurs projets soient actuellement mis en pause, ils continuent à accumuler des denrées, des ressources diverses, qu’ils échangent aux autres survivants pour grossir leur stock et le diversifier. Difficile de savoir ce que l’avenir leur réservait, mais le trentenaire avait choisi sa voie. Celle de la vie. Au détriment de toute forme de bonhomie ou de compassion pour les autres, peut-être, mais l’accomplissement de leur objectif de survie était devenu si important qu’il occultait le reste. Caitlin restait prisonnière de son esprit, ou l’emprisonnait, justement. Il passait de plus en plus de temps à effectuer des reconnaissances et des missions de ravitaillement, l’immobilité lui étant intolérable.
En écoutant toujours le mantra gravé dans sa chair.
VIS.
Statu quo au printemps 2019.
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