J’étais bien contente de vivre avec Eve depuis quelque temps maintenant. Cela m’épargnait les longues soirées passées seule à broyer du noir. Il fallait bien que je me rende à l’évidence que pour le moral il n’y avait rien de mieux. On passait du temps ensemble en fait de journée, c’était rempli de sourire et de soutien, mais il y avait tout de même un ou deux sujets que je n’osais pas vraiment évoquer avec elle, notamment tout ce qui concernait le vaccin, le laboratoire et les recherches. Il y avait des choses qu’on avait faits là-dedans qui n’avait rien de très étique. Je le savais, mais j’avais accepté ce détail dès le début.

Aujourd’hui c’était un peu différent, le vaccin avait rendu une bonne partie de la population malade, je l’avais appris un peu contre moi et j’avais peur de savoir ce qu’il allait advenir. Je me rendais compte que je ne connaissais pas la liste complète des malades et le pire dans cette histoire c’est qu’Eve était touchée, je me sentais si responsable moi qui lui avais assuré que tout irait bien et que les choses seraient sans danger. J’avais fait ça parce qu’on ne m’avait pas vraiment laissé le choix c’était ce qu’on me disait de faire et j'avais obéi. Il fallait y croire et il fallait laisser faire. J’avais peur de ce qui pouvait advenir encore la situation me dépassait et j’avais besoin de parler à quelqu’un tout en prenant de ses nouvelles. Mon esprit pensa un instant à Ada, c’est dernier temps, je ne l’avais pas beaucoup croisée trop occupé à courir partout, il était temps que je lui en consacre un peu.

Cela faisait quelque temps, qu’on avait arrêté de se fréquenter de façon plus intime, c’était sans doute lier avec mon regain d’affection pour les hommes qui étaient arrivés sans crié gars. C’était sans doute pour ça que j’avais accepté tant de choses de la part de Fried… Enfin, ça, c’était encore en autre débat et ce n’était pas aujourd’hui que j’avais le temps de l’avoir. Il y avait plus important que de dénouer ce qui se passait dans ma tête. Il ne me fallait pas longtemps pour trouver la maison où vivait Ada et frapper à sa porte. Je n’avais pas eu l’occasion d’y mettre les pieds, il faut dire qu’étant donné qu’avant d’emménager chez Eve, c’était toujours elle qui passait chez moi.

- Salut, je suis désolée de te déranger, je voulais savoir si tu avais un peu de temps à me consacrer ? On peut aller faire un tour dehors si tu préfères à rester enfermé.

Si elle choisissait cette option, il faudrait aller dans endroit où il n’y avait pas grand monde dans la population ce qui n’était pas vraiment compliqué étant donné que la plage ou la cour devrait être relativement déserte à cette heure-là. La soirée venait de commencer et ceux qui n’étaient pas de garde avaient sans doute préféré rentrer chez eux. La soirée c’était légèrement rafraichi par rapport à l’après-midi encore chaud qu’on avait pour un mois de septembre, mais c’était parfaitement supportable.

Comme à son habitude, Ada s'était levée tôt et courut avant d'avaler un café. Elle ne se rendait pas compte avant à quel point il était bon d'avoir une routine, ça lui faisait même un peu peur car elle y voyait le côté négatif, jugeant alors la vie trop calme. Cela lui donnait l'impression de prendre un coup de vieux où toutes les journées étaient identiques à l'instar des personnes âgées croisées aux même heures et au même endroit. Pourtant, depuis son arrivée dans le camp et cette répétition matinale qu'elle instaura malgré elle, la costaricaine ne s'était pas sentie autant envie depuis bien longtemps. Un côté incroyablement rassurant et bon en découlait ne faisant qu'accentuer sa nature joviale.

Après son petit tour habituel afin de tâter le terrain et savoir en quoi elle pourrait être utile et de s'atteler à aider, elle repassa à son logement avec la folle envie de se poser pour une fois et de bouquiner. La jeune femme avait pris un livre au hasard et l'avait ramené sans même lire la quatrième de couverture sachant par avance qu'elle mettrait un temps monstre à avancer dans sa lecture, voire, ne la terminerait probablement pas. Ce n'était pas tant le fait qu'elle n'aimait pas cette activité, au contraire, elle y prenait plaisir, simplement avec son besoin constant de bouger, il lui était difficile de s'accorder même un quart d'heure pour s'asseoir et lire.

Cela faisait à peine cinq minutes qu'Ada s'était installée qu'une personne toqua. Un signe du destin lui indiquant qu'elle avait d'autres choses à faire que de se poser ? Peut-être bien, en tout cas, rien qu'à l'idée, elle sourit. « J'arrive ! » dit-elle d'une voix enjouée en se levant avant de poser à même le fauteuil l'objet qu'elle tenait. Ouvrant la porte en grand sans s'inquiéter de la personne pouvant se trouver derrière puisqu'elle n'avait aucune raison de l'être de toute manière, son rictus s'agrandit en constatant qu'il s'agissait de Clarke.

Si elles s'étaient rapprochées allant jusqu'à brièvement flirter même intimement, l'une et l'autre n'attendait rien de plus à ce moment-là, tout était parfaitement clair dans leur esprit. Mieux, cela n'entacha en rien leur amitié. La brune l'appréciait sincèrement malgré des caractères différents. Peut-être était-ce un avantage et permettait ainsi des discussions animées. « Salut ! J'ai l'impression que ça fait une éternité ! –  s'emprassa-t-elle de lui dire avant de lui imposer une accolade – J'en aurai toujours pour toi, tu le sais bien. » ajouta-t-elle avant de chausser à vitesse grand V une paire de baskets et une veste.

Puis, en fermant la porte, elle posa classiquement la fameuse question « Comment vas-tu ? ». L'avantage avec cette interrogation restait que si la personne souhaitait discuter d'un sujet la tracassant, cela était un bon moyen de l'aborder. Si Clarke venait en demandant à l'ex serveuse si elle avait du temps à lui consacrer, c'était bien la preuve pour Ada que quelque chose la travaillait. Si l'envie naturelle de mettre les pieds dans le plat en lui demandant directement ce qui n'allait pas était bien présente, elle parvint pour une fois à formuler la chose autrement, même si le naturel reviendrait à galop si la réponse n'était pas concrète.

Alors que sa tête sortait de la porte, je lui offrais un beau sourire. J’étais contente de la voir autant en forme. Je ne savais pas ce qu’elle était en train faire, mais il était clair qu’elle avait ce besoin de bouger, donc faire une balade autour du camp en discutant c’était toujours mieux que de simplement s’assoir sur une chaise devant un café. De toute façon, être assise, je faisais pratiquement que ça de mes journées alors je n’allais pas me plaindre. Je lui offrais un petit sourire en coin avant de lui dire d’un air amusé.

- Toujours autant en forme toi à ce que je vois ! C’est rassurant de voir que les choses ne changent pas beaucoup.

Je la taquinais un peu, mais c’était ma façon d’aimer les gens. Surtout quand j’appréciais assez la personne. De son côté, elle me serra dans ses bras. C’est vrai qu’elle était plus tactile que moi et j’avais oublié à quel point j’avais fini par apprendre à aimer ses câlins plutôt que les subir. Quand elle ferma la porte derrière elle en me demandant comment j’allais. Je savais que pour beaucoup c’était une simple formule de politesse, mais pas pour elle. C’était justement le moment de commencer les hostilités. Du moins de planter un peu les bases. Ce n’était pas évident de parler de ce qui me chagrinait, mais il n’était pas question de faire marche arrière maintenant que j’étais là.

- Je vais bien… Enfin, y a un mais quand même sinon je ne serais pas là.

Pour moi, c’était important de jouer franc-jeu alors c’était ce que j’avais fait. Sans vraiment réfléchir. Je réalisais alors que je n’avais sans doute pas passé assez de temps avec elle ces derniers temps. On ne s’était rien promis, mais c’était important quand même de pouvoir entretenir notre amitié. Il me paraissait alors indispensable de m’en excuser. C’est donc sur le ton de la conversation que je continuais mine de rien.

- D’ailleurs, je suis désolée de ne pas avoir pu venir te voir avant, mais c’est tellement l’enfer dans le complexe que j’en trouve à peine du temps pour moi.

Voilà, les choses avaient été mises au clair je pouvais reprendre. Je posais mon regard sur elle, toujours contente de pouvoir passer du temps en sa compagnie. Elle avait ce petit grain de folie et cette bougeotte qui me donnait toujours de l’énergie. En tout cas, je trouvais la force de planter le décor même si j’appréhendais un peu ce qu’elle devait penser.

- On n’est pas trop sensé de parler de ce qui se passe aux "civils", mais je crois que j’ai besoin de vider un peu mon sac. Je pense que t’es quand même un peu au courant de ce qui se passe récemment.

Personne n’avait pu véritablement passer à côté du vaccin et des histoires. Certains, sans doute les plus observateurs avaient dû réussir à faire le rapprochement, enfin je suppose, de mon côté j’en avais d’ailleurs fait part à mon chef et nous étions actuellement en train de travailler dans ce sens. Il était évident pour nous que les choses ne sentaient pas très bon. Mais avant d’aller plus loin dans l’explication, j’étais curieuse de savoir ce qu’elle aurait pu savoir.

A la remarque de son amie, Ada se contenta de hausser les épaules et offrit un nouveau sourire sincère. La jeune femme était comme ça et quasiment rien ne pourrait l'empêcher d'afficher cette expression sur son visage, il manquerait quelque chose chez elle. Aucun mot ne vint de la part de la costaricaine, préférant attendre un peu afin que Clarke réponde à sa question car elle était importante. Un premier élément arriva et la blonde admit que sa présence n'était pas fortuite, mais surtout, que quelque chose la travaillait.

En revanche, la suite fut une surprise pour la sud-américaine tant elle ne s'y attendait pas. « T'es chou – dit-elle en portant sa main sur le bras de son amie – Mais tu n'as pas à t'excuser, je sais que t'es beaucoup sollicitée, tu n'as pas à t'en faire pour ça. »  Après tout, pourquoi lui en voudrait-elle de faire son travail, de se rendre utile au camp et d'aider les autres ? Ce serait un poil excessif et égoïste de sa part. Certes, par moment Clarke lui manquait et le simple fait d'échanger quelques mots lui aurait fait du bien, mais l'ancienne serveuse faisait avec, il y avait bien plus important que sa propre personne surtout avec ce qui se passait au camp.

Ce fut d'ailleurs la suite de la conversation et l'origine des maux de l'australienne, en tout cas d'une part d'entre eux. Continuant à marcher ensemble, Ada scrutait innocemment les environs pour s'assurer qu'aucune oreille ne traîne trop dans les parages vu le sujet évoqué. « Honnêtement, je sais pas si vraiment je peux dire que je suis ou non au courant, c'est plus des bruits qui courent ou des rumeurs. Est-ce qu'elles sont fondée ou non, ça j'en sais rien » Malgré les conditions de vie incroyables dont jouissaient les habitants de l'île vis-à-vis du monde extérieur, cela n'empêchait en rien les personnes de parler, de raconter des ragots, de colporter des mensonges ou de transformer des vérités.

Si bien des leçons pouvaient être tirées des erreurs passées, l'être humain retombaient bien trop facilement ou souvent dans ses travers. Ici, la reconstruction d'une certaine forme de civilisation connue apportait bien des choses positives. Que ce soit pour les conditions de vie en elle-même ou bien une certaine tranquillité, mais également son lot d’inconvénients comme ceux déjà évoqués. Après tout, un village s'était créé ici-même et qui disait village, disait commérage. Ce dernier allait malheureusement de pair avec le reste et il s'accentuait probablement dans des conditions de survie.

S'arrêtant un instant en se tournant vers Clarke, la costaricaine encra son regard dans celui de la jeune femme avant de reprendre. « Tu sais, les gens voient bien qu'il y a une merde avec ce vaccin, qu'un truc cloche. En tout cas, c'est ce qui ce dit...  – répondit-elle en toute franchise – Vrai ou non, c'est là le problème des rumeurs. » En parlant d'elles, Ada visait peut-être à côté, son amie pensait éventuellement à autre chose.

Le ton de la confidence qu’était en train de prendre cette conversation me plaisait. Il était évident qu’elle avait compris que ce n’était pas un sujet si facile à aborder. Je ne savais pas moi-même pourquoi j’étais en train de faire ça, mais j’avais besoin de pouvoir me reposer sur quelqu’un un peu. Je n’avais plus personne si ce n’est Eve pour faire ce genre de chose, mais je ne pouvais pas lui parler des mauvaises actions des scientifiques, j’avais le sentiment que cela l’accablerait sans doute beaucoup trop, c’était sans doute un apriori bête, j’avais toujours ce besoin de la protéger. Les rumeurs avaient vu juste, l’être humain était tout de même un animal intelligent. Je complétais plus pour la forme qu’autre chose.

- Je ne sais pas exactement si c’est exactement la faute du vaccin on commence à prendre des mesures vis-à-vis de ça.

C’était l’état d’urgence dans le complexe, chacun y allait de sa théorie envers la maladie ou le vaccin. Certains en étaient au point de raconter des choses farfelues, d’autres s’en tiraient mieux. En tout cas, c’était l’effervescence scientifique et ça me plaisait. Je ne pouvais pas dire le contraire, j’avais toujours aimé quand des cellules faisaient front commun pour se battre dans une direction, c’était dans ces moments-là que l’évolution était le plus grande et que les choses allaient de l’avant, pour le coup, cela me rappelait sans problème, l’époque de la guerre froide par exemple. Enfin, je me décidais à exprimer clairement ce qui me posait problème dans la situation.

- Le truc c’est que je me sens terriblement responsable de tout ça. Ce n’est pas moi qui ait pris cette décision, mais je n’aurais pas fait les choses comme ça, j’en suis certaine de ça. L’expérimentation est une chose, mais rendre malade le tiers de la population en est une autre.

Pour moi, tout avait été fait trop tôt, je ne pouvais pas dire ce genre de chose dans le complexe, je pouvais difficilement en faire part qui que ce soit alors j’essayais de garder ça pour moi ou d’en parler à des personnes de confiance et Dieu sait qu’il n’y en avait pas beaucoup au sein de ce fort. Ou du moins, je ne devais pas les connaitre ce qui était une autre histoire.

- Je suis désolé si j’augmente ta charge mentale, mais je n’ai plus personne à qui parler alors je préfère me tourner vers toi, ça me semblait plus logique. Pour le moment, je n’ai pas plus d’information, mais ça fait un bien fou de pouvoir vider son sac.

J’aurais aimé qu’on ait un sujet de conversation plus sympathique que le bordel qu’on avait causé dans le fort. J’aurais aimé pouvoir la rencontrer dans d’autre circonstance, j’aurais aimé que les choses soient bien différentes avec elle en tout cas. Je lui offrais un sourire comme pour l’encourager à changer de conversation ou à poser des questions si c’était ce qu’elle voulait. Mais je ne souhaitais pas continuer ce monologue sur un sujet aussi grave, parce que j’avais simplement envie que se soit un échange qu’uniquement moi qui raconte ma vie.

La blondinette continuait à vider son sac et le moindre que l'on puisse dire c'était qu'elle n'y allait pas de main morte. A travers les mots employés, son sentiment de culpabilité s'exprimait et forcément, Ada tiqua sur plusieurs et ne se priva pas pour interroger son amie « En quoi tu te sens responsable ? Tu n'étais pas d'accord avec eux ? Tu trouves que tu ne t'es pas assez battue ou que tu n'as pas suffisamment imposé ton avis? » Oh, la costaricaine avait bien d'autres questions en tête, surtout concernant la dernière partie concernant l'implication et la connaissance des très gros risques encourus ayant aboutis à cette vague de malades auprès de la population, mais ça, elle y ne manquerait pas d'y revenir un peu plus tard. « Pour toi, il aurait fallu agir de quelle manière ? » ajouta-t-elle tout de même.

Bien que très loin de comprendre et encore plus d'être impliquée dans le monde scientifique du camp, cela n'empêchait pas la brunette d'imaginer des choses et de penser peut-être naïvement que ces gens communiquaient entre eux pour le bien du groupe. Sauf qu'il n'était pas question de savoir quelle type de variété de salade devait être cultivée, l'enjeu demeurait bien plus important et les conséquences suivaient forcément. Alors oui, peut-être s'étaient-ils trop précipités, peut-être auraient-ils dû procéder d'une autre manière, prendre davantage leur temps, mais ce temps, le jugeaient-ils comme un luxe qu'ils ne possédaient pas.

En un sens, Ada se voulait d'une certaine manière clémente envers le corps scientifique préférant peser le pour et le contre malgré sa méconnaissance de tout ce qui avait pu se tramer quant à ce fameux vaccin. Les conséquences étaient désastreuses, il faudrait faire preuve d'une folie extrême pour ne pas en avoir conscience, mais elle voulait y croire. Croire qu'ici, le bien-être général primait, croire qu'ici, les gens pensaient en premier lieu aux autres plutôt qu'à leur propre personne. Ce n'était pas de la naïveté, la costaricaine ressentait simplement ce besoin pour ne pas sombrer.

Lorsque Clarke s'excusa de cette sorte de partage de fardeau, la sud-américaine lâcha un rire léger. « Tu n'as pas à être désolée. » commenca-t-elle à dire en donnant un léger coup d'épaule contre celle de l'intéressée pour éviter de l'inquiéter et tenter de la détendre. Dans son ricanement, aucune moquerie, cela allait s'en dire, ce fut plutôt l'expression de sa surprise. « Ca me touche que tu sois venue vers moi pour parler de tout ça. Tu le sais, je t'aime beaucoup et je serai toujours là pour toi. – Ada s'arrêta et attendit que la jeune femme se retourne avant de la prendre dans ses bras un bref instant – T'as bien fait, mais arrête de porter ce poids sur tes épaules comme ça. » dit-elle avant de la libérer et de reprendre sa marche, sourire en coin.

Elle était si adorable, ça me remontait totalement le moral, cette femme, je n’avais pas moment l’impression que je le connaissais depuis toujours et ça me faisait vraiment étrange. D’une certaine façon, c’était presque douloureux par rapport à mon passé. Je me demandais même si Nora m’en voulait de tout ça. Je ne dis rien de plus, j’avais dit ce que j’avais à dire et à présent, j’étais bien décidé à changer de sujet pour parler d’autre chose.

- Différemment, c’est certain.

C’était une réponse assez vague, mais je n’étais pas capable de dire beaucoup plus en même temps. Je lui offrais un sourire en coin. J’étais plutôt content de profiter de sa présence, mais je préférais largement passer à autre chose. Si j’étais ici, c’était aussi pour passer un bon moment et penser à autre chose. Ce câlin qu’elle m’offrait me fit un bien fou. J’avais envie d’en profiter plus longtemps, mais déjà elle s’éloignait. Je devais me rendre à l’évidence, j’avais sans doute besoin de quelqu’un dans ma vie et ce n’était pas un homme qui pourrait m’apporter ce dont j’avais besoin. J’avais un sourire qui flottait à présent sur mn visage alors que je me tournais vers elle.

- Changeons de sujet veux-tu. Si je suis venue te voir, c’était aussi pour parler d’autre chose. Ou simplement me changer les idées. Pour le coup, je me sens déjà mieux.

En général, j’avais beau être quelqu’un de renfermé, c’était moi qui parlait le plus. J’avais envie d’autre chose, en vérité, j’étais un peu perdu, tout me semblait si lointain et compliqué à présent. J’avais envie de la serrer plous fort, de sentir son odeur au creux de son cou, mais c’était loin d’être évident. Je me doutais qu’Eve me lancerait dans cette direction même si elle semblait vraiment aimé la relation que j’avais avec Nora avant même si elle ne savait ce que ce que je lui avais raconté par le passé. Finalement, je réalisais un instant que je n’étais pas là plus à plaindre ici. J’avais un but dans mon existence contrairement à la plupart des survivants qui ne faisaient que survivre simplement. J’avais un vrai métier qui me plaisait.