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thin ice

Mar 24 Sep 2019 - 14:46

La porte semble peser dix tonnes de plus que la dernière fois quand elle la referme dans son dos. Le temps que ses yeux s’habituent à l’obscurité diffuse du refuge, ses muscles restent bandés, corps à l’affut du moindre danger potentiel. Quelques minutes de plus à ignorer la douleur de ses muscles noués, utilisés jusqu’à l’épuisement, avant qu’elle ne s’autorise enfin à relâcher un peu de sa concentration : le No Man’s Land revêt la même apparence que la dernière fois qu’elle s’y est rendue. Pas de raid apparent. Pas d’ennemi tapis dans un coin. Quelques regards circonspects, tout au plus, et Jamie ne s’en formalise pas.

Elle s’autorise quelques pas prudents à l’intérieur du squat, progressant entre les cartons laissés à l’abandon et les matelas rongés par le temps et les bêtes, regard alerte et focalisé. C’est seulement quand elle pose enfin son sac à dos et se laisse échouer par terre près de celui-ci que lui reviennent de plein fouet ses obligations de vivante : sa langue enflée comme du papyrus a été privée trop longtemps d’eau, son ventre la bourrine pour lui reprocher le manque de nourriture et surtout, son épaule la lancine, le sang a filtré à travers de son bandage de fortune et a rendu son sweatshirt poisseux. La pression des derniers jours de traverse de Seattle, stressants et dangereux, se relâche en une boule énorme dans sa gorge, et la jeune femme a presque envie de fondre en larmes. Pas le temps. A nouveau la rigueur reprend le dessus : elle se reprend en frottant son visage de ses mains sales, et remplit méticuleusement ses tâches journalières. C’est quand elle en vient à sa plaie qu’elle se rappelle qu’elle n’a plus rien de propre pour la recouvrir.

Coup de tête autour d’elle : plusieurs corps roulés en boule se reposent, d’autres poursuivent des conversations à voix basse. Non loin, une silhouette vaguement familière, cheveux en brosse et traits émaciés. Malgré leurs conversations brèves et éparses, la rouquine replace rapidement Jack, cet homme aux allures un peu gauches et brutes à la fois. Elle n’a jamais pressenti l’homme comme une menace particulière à son encontre. Mais, à l’époque, leur groupe était plus rôdé. Un trio solide de gamins persuadés de pouvoir en découdre s’il le fallait. Il y avait elle, sa hache en extension du bras gauche et son agilité souvent salvatrice. Il y avait Aubrey, son habileté au couteau et son flingue bien en évidence à sa taille. Puis surtout, il y avait Jordan, leur leader de facto, grand garçon dégingandé, imposant par les mots sinon par sa carrure. Elle avait toujours considéré que la stabilité du trio leur valait une tranquillité certaine. Avec le recul, elle est à peu près sûre que Jack aurait pu les briser sans problème, s’il l’avait voulu. Quelque part, ça renforce sa confiance à son égard. Elle le gratifie d’un sourire figé, hésite avant d’amorcer la conversation.

« Jack, c’est ça ? »

Le souvenir est flou. Ça fait presque un an. La jeune femme se redresse péniblement de son bras valide et se rapproche de l’homme, ses traits tendus trahissant une hésitation certaine.

« Tu sais où je peux trouver des bandages propres ? »
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Re: thin ice

Lun 7 Oct 2019 - 11:01

L’ambiance est plutôt lourde entre Jarod et moi. Et Johanna, au milieu, a pas trop l’air de savoir où se mettre. J’essaie de la rassurer, comme quatre-vingt dix pour cent de mon temps, pour lui dire que c’est pas de sa faute si les deux frangins sont en rogne. Pour une fois, c’est de mon fait. Parce que Jarod a capté mon petit jeu avec Eden, et l’a mauvaise que je lui ai pas transmis le message avant. Vu l’esclandre qui a suivi, j’reste persuadé que j’ai bien fait de rien lui dire. C’est pas que je lui fais pas confiance – Jarod a ça pour lui que je crois aveuglément en son intelligence – c’est que ma promesse revient à Eden. C’est elle qui a besoin d’être tranquille, elle qui a pas envie d’être emmerdé.

Mais pour que mon frère comprenne, y’a un monde. J’crois voir sa face sombre dans ce genre de moment, comme si toute la colère qu’il contenait en lui ressortait à cet instant précis. Comme si, bizarrement, ça existait là. Comme s’il parvenait plus à faire semblant. Mais y’a que moi – et Johanna – qui avons l’occasion de le voir. Quand il s’agit des affaires, il renfile son masque imperturbable, et nous oublie dans ces instants-là.

On en a discuté, avec Bambi. Quelques mots à droite à gauche, dans l’espoir de mieux comprendre. Elle ne cache pas le fait que mon cadet lui fait peur, et qu’elle a l’impression qu’il pourrait aller plus loin qu’on pourrait l’imaginer. Dans ce genre de moment, je lui répète que je le connais bien, et qu’il ferait rien de dingue. Ça non. On peut pas porter quelqu’un comme moi sur ses épaules si on avait un aussi mauvais fond, pas vrai ? Alors, on clôt souvent là-dessus, même quand elle me demande d’être vigilant, à défaut d’ouvrir les yeux.

Je crois qu’entre elle et moi, y’a un truc. Si elle dépend de moi, j’ai l’impression qu’elle est sincère aussi : qu’elle me fait vraiment confiance. Et quand elle est déçue, quand elle me voit saoule, elle le garde pour elle. J’crois quand même que dans ces moments-là, j’me déçois aussi. Alors, je fais des efforts, j’essaie de faire en sorte de pas être n’importe quoi quand on se voit.
Jarod me laisse comme d’hab, avec un regard méprisant. Il a mieux à faire. Johanna, elle, m’adresse un air désolé avant d’aviser l’endroit où Kara fait ses affaires. J’me retrouve comme un con quelques minutes.

Seulement quelques minutes.

La silhouette familière d’une gosse attire mon attention, plus encore quand elle m’adresse un sourire. Son teint pâle n’augure rien de bon, et je fronce les sourcils quand elle me demande la confirmation sur mon nom. Hochement de tête pour confirmer. Des bandages propres ?

T’as quoi à fournir en échange ? La demande est simple, c’est pas pour moi. J’peux te les trouver, mais sans rien on va m’envoyer m’faire foutre.

Et les relations tendues avec mon frère vont devenir pire si j’ose troquer mes propres affaires pour une gamine qui pourrait être la mienne.

T’as pas bonne mine, Jamie. Je me souviens de son nom. Evidemment. Comme des deux autres qui l’accompagnaient, mais qui sont plus là pour en témoigner.

HRP: Désolée du retard! J'espère que ça te conviendra!


Inachevés
La médiocrité commence là où les passions meurent. C'est bête mais j'ai besoin de cette merde pour sentir battre mon cœur. J'ai tellement misé sur mes faiblesses et mes failles, j'mérite une médaille au final j'ai fait qu'briller par mes absences.
Levi M. Amsalem
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