Avril 2019 du côté des habitations

Cela faisait maintenant de nombreux mois que l’annonce de l’immunité de Clayton avait été dévoilée aux yeux du grand public. La logique aurait donc voulue que celui-ci commence à s’habituer à sa nouvelle vie. Mais les diverses interventions chirurgicales dans les laboratoires du complexe scientifique, les prises de sang quotidiennes ou hebdomadaires au dispensaire ainsi que les autres examens médicaux pratiqués sur sa petite personne commençaient sérieusement à lui taper sur les nerfs.

Le barbu en avait donc marre de tous ces examens. Et il ne manquait pas de le faire savoir à qui voulait bien l’entendre. Mais il devait avouer qu’il appréciait grandement être sur le devant de la scène. Son égo surdimensionné et démesuré ne faisait en tout cas que s’accroître encore un peu plus chaque jour. Chose qui devait agacer ses plus fidèles détracteurs ? Mais qui n’empêchaient pas l’immunisé de continuer à pavaner comme un coq au milieu de « la basse courre ». Ou de bomber le torse lorsqu’il voyait une opportunité de se rapprocher de la gente féminine. N’en déplaise à certains autres mâles du groupe qui eux ne devaient sans doute rêver que de lui faire fermer sa grande gueule à coups de poings ?

Quels qu’en soit leurs opinions, ces personnes ne pouvaient en tout cas strictement rien faire contre Clayton. Primo parce que l’immunité de Clay faisait désormais de lui le chouchou et le petit protégé de toute la communauté des scientifiques. En même temps ça paraissait normal, il était tout de même le seul être humain à avoir survécut à une morsure de macchabée. Et secundo parce que depuis sa petite escapade en dehors de leurs murs avec Casey et Jenna, June avait assigné le Marshall Preacher à la protection de Clayton. Chose qui faisait de l’immunisé un homme intouchable.

Lorsque l’ancien routier n’avait aucuns examens à subir, il se permettait donc en toute décontraction de déambuler un peu partout sur l’île. Aujourd’hui était justement une journée sans contraintes. C’est pourquoi, l’immunisé se décida à aller se balader avec sa fille et son chien Bulle. Passant près des habitations, Clay salua alors ses amis proches comme Lucas. Et d’autres, comme Casey ou Stanley. Et encore d’autres qu’il ne connaissait pas vraiment. Le chien de Kassidy, très joueur, se précipita d’ailleurs bientôt en direction d’une de ces personnes. Et en l’occurrence, une charmante brune que le barbu ne connaissait bizarrement pas.  

Aimablement, Clayton déclara alors à la jeune femme : - « N’ayez pas peur, il est jeune et très joueur ! » Avant d’arborer un magnifique sourire et de reprendre : - « Clayton Buchanan, enchanté de vous rencontrer mademoiselle … » L’immunisé ne connaissait pas son prénom. C’est pour cette raison qu’il présenta sa main droite à la jeune femme pour qu’elle la lui serre avant de poursuivre : - « … il me semble ne jamais vous avoir vu ici ?! Vous êtes nouvelle ? »

Le désir de mettre fin à cette vie faite de solitude permanente demeurait ressent en comparaison à la quasi année passée seule sur les routes, pourtant, la jeune femme n'en démordait, restant persuadée que vivre de nouveau au sein d'une communauté était la chose qui lui fallait pour ne pas s'effondrer. Et le moindre que l'on puisse dire était qu'elle ressentait un renouveau, et surtout, plus vivante qu'elle ne l'aurait cru. Ada venait pourtant d'arriver depuis qu'une dizaine de jours à peine, pourtant, son comportement avait totalement changé, lui permettant de revenir celle qu'elle était réellement, à savoir, une jeune femme pleine d'énergie et enjouée.

Deux choses qui se firent la malle au fil du temps. Il faut dire que parler à des objets n'étaient pas une expérience sociale spécialement enrichissante encourageant le dialogue puisqu'il n'y en avait pas. Ici, la costaricaine se retrouvait donc, l'endroit semblait être hors du temps tant cela était différent de tout ce qu'elle avait pu connaître même avec ses différents camarades d'infortune. Moralement, elle avait beau chercher, elle ne parvenait pas à se rappeler d'un moment depuis fin 2015 durant lequel elle se sentait si apaisée. Si bien, qu'elle ne manquait pas une occasion de se rendre utile bien que pour l'instant, elle avait l'impression de brasser plus d'air qu'autre chose tant elle voulait s'impliquer dans la vie de camp.

Du travail, ce n'était pas ce qui manquait aussi au quotidien et ça ne lui faisait pas peur, la brune y prenait même du plaisir d'autant plus qu'elle se trouvait rarement seule, ce qui permettait de discuter de tout et n'importe quoi avec les gens et de s'intégrer au fur-et-à-mesure. S'accordant une courte pause, Ada prenait l'air en faisant quelques pas. Rester plantée comme un piquer, très peu pour elle. A peine une minute après les premiers mètres faits, une boule de poils fit irruption, un chien content de la voir à première vue. Après, ça restait un canidé, espèce faisant de manière générale la fête plutôt facilement, du moins, avant. L'ancienne serveuse ne se fit pas prier pour tendre doucement la main vers l'animal, juste au cas où, avant de lui offrir quelques caresses sur le haut du crâne.

Puis, un grand brun fort sympathique physiquement se pointa, le maître donc. « Oh pas de soucis, j'aime bien les animaux en plus. » répondit-il en accompagnant ses mots d'un sourire tout comme le barbu. Mais le regard de la brune retourna vers le chien qu'elle gratula d'un énième geste plein de tendresse avant de serrer la main à se prénommait Clayton. « Enchantée, moi c'est Ada... Ada Vargas! » La costaricaine gardait son expression joviale sur le visage avant de serrer légèrement les lèvres et de secouer négativement la tête à la première question de l'homme. « Je crois pas non plus non, je suis arrivée il y a un peu plus d'une semaine maintenant, par contre, votre nom me dit quelque chose. »

Elle garda le silence un instant et leva les yeux au ciel en dandinant sa tête comme pour se rafraîchir la mémoire. « Vous n'êtes pas un responsable du camp ou quelque chose comme ça ? Enfin, une personne importante quoi. Je suis désolée, j'ai encore du mal à assimiler tous les prénoms et visages, mais je suis sûre d'avoir déjà entendu le votre par contre, c'est bizarre non ?  » ajouta-t-elle en ancrant son regard dans celui de Clayton.

Alors qu’Ada se présentait au routier, Bulle le chien de Kassidy commença à aboyer. Sans doute parce qu’il souhaitait que la brune continue de lui caresser le crâne ? Amusé l’homme s’empressa alors de reprendre : - « Cette magnifique petite boule de poils sur pattes qui ne cesse de japper s’appelle Bulle. C’est le chien de ma fille ». L’immunisé désigna ensuite la petite blonde qui était agenouillée quelques mètres plus loin en train de refaire un de ses lacets. - « Elle est juste là-bas, elle s’appelle Kassidy » La fillette avait très certainement dû entendre son prénom car elle releva alors subitement la tête en regardant dans leur direction.- « Effectivement votre arrivée est toute récente » Continua-t-il ensuite. Et puisque Clayton avait toujours été curieux, il s’empressa alors de poser tout un tas de questions à la jeune femme : - « Et vous êtes d’où exactement ? De Seattle ? De ses environs ? Ou alors vous venez d’un pays étranger ? Du Mexique peut-être ? De Cuba !? » Parce que Vargas avait tout de même une consonance beaucoup plus hispanique qu’américaine. Qu’importe si Ada ne lui répondait pas franchement, sa question était plus par curiosité qu’autre chose.

Quant à la suite des mots de la brune au visage d’ange ils ne tardèrent pas à faire hausser les sourcils du barbu. Sourire aux lèvres Clay lui répondit alors : - « Un homme important ?! Oui, on peut dire ça » Bien sûr qu’il était important, il était tout de même le seul à s’être fait mordre et à avoir survécu. Et il en était fier. Tellement qu’il ne cessait de répéter à qui voulait bien l’entendre comment il s’était fait arracher le morceau de chair qui lui manquait dans le dos. - « Un responsable ?! » S’empressa-t-il ensuite de poursuivre. Il bomba alors le torse comme pour se donner de l’importance. - « Non, même si prendre des responsabilités ne me dérangeraient pas » Clayton avait en effet toujours eu de l’ambition malgré son immaturité. Mais à l’heure actuelle il n’était responsable de rien du tout. En fait, c’était même tout le contraire puisqu’il avait l’interdiction de sortir du camp.

Souhaitant se justifier à propos de son statut d’homme important il déclara alors à la jeune femme : - « Si vous avez entendu mon nom, c’est parce que je suis « celui » qui s’est fait mordre » Et par la même occasion « celui » qui s’en était sorti. Esquissant un sourire enjôleur à la brunette Clay continua ensuite : - « Vous avez devant vous un véritable survivant. Voire un miraculé pour certaines personnes » Personne ne pouvait effectivement dire le contraire. Curieux le routier demanda finalement à la brune : - « Et vous êtes arrivée seule ou accompagnée ? » Parce que généralement lorsque des gens arrivaient à Fort Ward ils étaient souvent accompagnés par leurs proches ou par d’autres survivants qu’ils avaient rencontrés sur les routes.