Andrea prenait sa mise en forme très au sérieux. Après son accouchement, elle n’avait pas vraiment attendu d’aller mieux pour se remettre sur ses jambes et commencer à marcher. Si Lisandro avait vu rouge à ce sujet, elle n’en avait pas vraiment fait cas par principe : elle était assez grande pour connaitre ses limites. Et surtout, pour aller les chercher ! Tout le temps qu’elle ne passait pas avec sa fille, la métisse cherchait bon gré mal gré à retrouver sa mobilité. Son ventre avait dégonflé au bout de quelques jours, et elle se découvrait un autre corps, différent de ceux qu’elle avait connu jusque-là.

Elles en avaient discuté un peu, avec Selene, qui comprenait de quoi elle lui parlait. Etre mère était tout nouveau pour elle, mais devoir investir ce vaisseau qu’elle habitait déjà depuis plus de trente ans, c’était encore une autre histoire. Et une nouvelle complicité naquit entre les deux femmes, qui finissaient par se comprendre, par s’entendre même. Après la dispute qu’avait entraîné la présence de Milow, et l’éloignement forcé finalement, ça leur faisait du bien.

De fait, Selene lui avait vivement conseillé de se tourner vers Franck. Pour une remise en forme, l’entraineur était peut-être le plus disposé à la former, et peut-être à lui enseigner d’autres choses. En tant que membres du conseil, elle se devait de montrer un exemple impeccable aux autres, et de ne pas se laisser aller. Alors, quand elle avait commencé à prendre des cours, Andrea s’était montrée plus appliquée encore et plus volontaire. Si bien qu’avec l’homme, ils se cotoyaient quasiment tous les jours et que ça serait le cas pour un bon mois encore.

Je crois que ça m’a fait perdre beaucoup de mobilités dans les jambes, confia-t-elle à son voisin. Et de souplesse aussi, j’ai l’impression d’avoir l’amplitude d’un morceau de bois désormais…

Andrea se plaignait oui, mais elle était clairement impatiente de se remettre. L’idée de prendre son temps pour ne pas malmener son corps lui échappait un peu, et Lisandro n’avait de cesse de lui reprocher. Les courbatures la rendaient ronchonne, mais lorsqu’elle retrouvait sa fille et son compagnon, son humeur changeait rapidement cependant.

Je sais que je te sollicite beaucoup, et ça ne va pas aller en s’arrangeant. Laisse-moi faire quelque chose pour toi : dis-moi de quoi tu aurais besoin pour te sentir plus que comme chez toi ici, et je me débrouillerais pour te le trouver dès que je pourrais remettre le nez dehors.

Tout en disant ça, la brune tendit à son entraineur une bouteille d’eau fraiche. Ils étaient encore échaudés par la course, et les poids qu’ils avaient soulevé. Elle comme élève, lui comme prof.