Les Hamilton étaient au fort depuis un peu plus d'un mois, et si Tessa s'y était habituée plutôt rapidement malgré tous ces inconnus, l'adaptation était un brin moins évidente pour Andrew qui était bien plus sur la réserve, son anxiété habituelle ayant refait surface maintenant qu'il n'y avait plus juste eux deux au monde. Tu le sais hein, Andy, que ç'a jamais été le cas, qu'y avait toujours quelqu'un, quelque part, même quand vous étiez dehors, mais au moins t'avais pas à te méfier d'une quarantaine de personnes en même temps. T'avais juste à la protéger de toi et tes conneries, mais même ça t'as pas été foutu de le faire. Sans doute que s'il ne s'était pas blessé bêtement en passant à travers cette véranda, ils ne seraient pas restés, n'auraient même jamais mis les pieds ici, mais il leur en devait une, et force était de constater que cet environnement relativement sécuritaire au vu de l'hiver à venir et des morts au dehors était relativement bénéfique pour la jeune femme. Et six semaines plus tard ils étaient toujours là, elle évoluant tranquillement sous son regard trop protecteur à lui qui faisait tout de même au mieux pour participer à toutes les tâches du camp malgré son côté trop réservé.

Il avait traîné à droite à gauche toute la matinée, cherchant à se rendre utile tant pour délester un peu les survivant du camp de toutes leurs corvées en leur prêtant main forte que pour s'occuper lui. Parce-qu'y a rien de pire que rester sur place à cogiter, pas vrai ? Et Dieu sait que tes démons portent le visage de la destruction. En fin de matinée, ayant laissé Tessa vaquer à ses propres occupations, le coursier revenait vers la cour, ses prunelles voguant distraitement de droite à gauche afin de trouver une autre occupation, il ralentit sa marche en apercevant Ludwig accroupit au sol, un seau près de lui. Sourcils froncés, le châtain ne bougeait plus, remarquant rapidement que le grand peinait en réalité à faire son lacet. Comment ne pas compatir ? Cette blessure qu'il avait eue limitait considérablement ses capacités et Andrew ne pouvait que supposer combien il devait être difficile de s'y faire.

Après quelques minutes et le voyant recommencer ledit lacet, Hamilton s'approchait de lui, pas vraiment sûr de lui. « Ludwig... Je peux t'aider ? » demanda-t-il, esquissant un bref sourire mal à l'aise en croisant son regard. Ils ne se connaissaient pas plus que cela, tous les deux, le Californien en ayant surtout entendu parler par Tess qui aidait souvent Olivia en cuisine. À dire vrai, lui proposer son aide de la sorte était relativement malaisant, tant pour lui que pour le plus âgé, sans doute, parce-qu'avoir besoin d'aide pour quelque chose d'aussi simple devait être compliqué à digérer. Et d'une certaine manière, le coursier n'était pas certain que sa proposition serait bien prise, ne connaissant pas suffisamment l'homme pour cela.