Ses mains s'activèrent au-dessus de son lit, rangeant minutieusement son matériel dans son sac à dos. Aujourd'hui, il était en charge de fouiller un vieux magasin de vêtements en compagnie de Salem, et cette têche ne lui déplaisait pas malgré la tête renfrognée qu'il se trimballait comme à son habitude.
Cela faisait quelques temps qu'il n'avait pas passé un peu de temps avec la petite blonde. À vrai dire, il n'était même pas sûr d'avoir vriament pris le temps d'un partage depuis son arrivée au sein des Revivals. Il n'y avait qu'avec Zayn où il avait vraiment fait un effort … Au cours d'une soirée. Le courant entre les deux hommes étaient très vite passés.

En deux-deux, il enfila ses mitaines, passa son long manteau noir par-dessus son pull en laine et enfonça son bonnet sur sa tête. Il rangea ses boucles derrière ses oreilles pour ne pas être gêné, et termina par jeter son sac presque vide sur ses épaules avant de sortir pour rejoindre la réserve d'armes.

- Prête ?

Il offrit ce qui s'apparentait le plus à un sourire à la jeune femme et lui tendit son arme fétiche avant de récupérer les siennes. Son Ruger à sa ceinture, son Taurus dans son dos, et son couteau dans sa botte.

- Comme précisé hier, c'est à deux pas d'ici. Pas de voiture pour préserver l'essence, on prend ce qu'on peut pour l'hiver, mais on s'handicape pas. On triera sur le retour pour voir ce que l'on garde pour nous ou ce qu'on envoie au troc. Priorité à nous pour cette fois. Sortie calme. Pas de stress. On rentre avant la nuit.

Sa Rolex se leva à hauteur de son visage.

- Il est 9h43. Go.

À pieds, donc, le duo évolua d'un bon pas dans la ville, sur les trottoirs pour ne pas se faire repérer au cas où. Les quelques rôdeurs qui traînaient étaient soit ignorés, soit abattus en silence. Ils étaient rôdés, depuis le temps, et ne se formalisait plus de l'odeur, du dégoût, des râles et de toutes ces choses affreuses.
Il faisait froid. Leur respiration créé des volutes de fumée dans l'air, et Richie fut contraint de retirer ses lunettes de vue à cause de la buée qui l'aveuglait. Si d'habitude, il gardait toujours son 9mm en main quand il évoluait en ville, il s'était résigné cette fois à garder ses mains profondément enfoncée dans ses poches.

- Par là.

Ils arrivèrent à l'entrée d'un grand magasin de vêtement sur trois étages. L'entrée était dans un sale état, les murs extérieurs aussi. Nul doute que l'intérieur ne devait pas être flambant neuf non plus. Malgré tout, il y avait de fortes chances pour qu'il reste certains vêtements en bon état.
Richie s'avança vers l''entrée condamnée par des planches à moitié arrachée. Peut-être était-ce là un ancien repère de survivants.

Il y avait une belle luminosité à l'intérieur, et s'il n'était pas surprenant d'y voir un bordel sans nom, Richie était assuré de voir encore des portants remplis de fringues.

Après un silence, il échangea un regard avec Salem et lança un sifflement strident à l'intérieur. Ils n'allaient pas tarder à savoir si le lieu était habité, par des vivants ou par des morts.

Pas de réponse cependant, même lorsqu'il recommença.

- On entre. T'as le pied de biche ?

Sa première sortie depuis sa séance spa et soin du corps avec les psychopathes masqués... Elle avait mis du temps à s'en remettre ce coup-ci. Au lieu de continuer sans s'arrêter, Salem avait dû s'isoler un peu, car si les blessures physiques guérissaient pas trop mal, c'était les cicatrices mentales qui étaient toujours infectées. La rage, l'angoisse, l'impuissance, la rancoeur. Les rêves, les nuits sans sommeil, et les nerfs à vif. Il était temps qu'elle recommence à vivre, qu'elle ne laisse pas ces trous du cul vomis de l'enfer l'emporter sur elle. Si elle avait gardé la tête haute même après ses petites heures de tortures aux mains de ses tortionnaires, Salem avait eu besoin d'un moment pour se remettre sur pieds.

Sa tronche était passée par bien des couleurs. Là c'était d'une mocheté jaunâtre et verte. On ne voyait pratiquement plus les coupures et sa lèvre fendue par contre, c'était déjà ça. Sauf qu'elle était coincée avec une petite attelle à son index droit. Ça c'était la merde absolue ! Elle n'avait pas tiré à l'arc depuis. Elle le savait, ses tirs seraient beaucoup moins puissants qu'à l'accoutumée si elle utilise son majeur et son annulaire... Heureusement, a priori la sortie d'aujourd'hui ne devrait pas tourner au cauchemar, puis, elle savait toujours se servir de son couteau de chasse.

Richard était venu la chercher pour aller dans un magasin en ville. Elle avait donc enfilé un bonnet sur son crâne, s'était muni d'une grosse écharpe, d'un pull avec une veste en plus et avait enfiler son manteau de cuir par-dessus. Pas idéal, mais elle serait au chaud comme ça, avec ses vieux gants en cuirs.

- Ouais, voilà, fit-elle en tendant le pied de biche à Richard.

Elle était méchamment plus silencieuse que d'hab, mais ça lui faisait un bien fou d'être sorti, de faire quelque chose de ses presque dix doigts fonctionnels. Elle s'éloigna quelque peu pour laisser de l'espace au père Gordon pendant qu'il utilisait l'outil. Elle, elle en profita pour essayer de voir à l'intérieur par une vieille fenêtre ultra sale. Les gens étaient sans doute venus ici au début, puis même après pour faire exactement ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Sal se demandait ce qu'ils allaient trouver. Y avait peut-être encore des t-shirts de groupes ? Ou de gros manteaux d'hiver bien chauds, même peut-être de jolis plaids tout doux, histoire de jouet au burrito en lisant un bon livre ? Cette idée, aussi ridicule soit-elle, fit apparaître un faible sourire sur sa bouille fatiguée.

Richard avait terminé de leur faire une entrée en dégageant tout avec le pied de biche, Salem le suivit donc à l'intérieur, prête à faire des trouvailles.

Salem était d'une motivation et d'une implication à toutes épreuves. À peine remise sur pieds, des contusions encore plein le visage, la revoici en forme pour participer aux tâches du navire. Richie saluait avec admiration sa détermination. Il tenait cette femme en haute estime, et au final, se sentait presque un peu pitoyable face à elle. Lui, avec ses problèmes de vieux … Probablement qu'il aurait plus de mal qu'elle à se remettre d'un tel passage à tabac.

C'était pourquoi il osait lui sourire, à elle, d'une manière bien spécifique. Le visage légèrement penché, avec une lueur tendre et admirative dans ses prunelles claires. Il ne regrettait pas de l'avoir à ses côtés.

- Merci ma belle.

De même, il n'était pas un fervent des surnoms doux, mais avec elle et surtout en privée, cela sortait naturellement, sans qu'il n'en soit gêné le moins du monde.
Il se mit activement à la tâche, pied de biche en main. Une première planche fut arrachée. Le bruit était assez conséquent, mais il gardait l'oreille tendue malgré tout. Et tout était calme. Très vite, il parvint à dégager une entrée suffisante, où il passa en premier, juste histoire de sécuriser ce premier pas à l'intérieur.

Aussitôt les pieds dedans, il retira l'une des bretelles pour venir balancer son sac à dos sur le devant de son corps. Les yeux fouillant autour de lui, il réfléchit une seconde à la marche à suivre avant de faire signe à Salem de l'accompagner jusqu'aux escaliers. Les escalators, à côté, s'étaient tout bonnement écroulés sur eux-mêmes.
L'insigne délavée l'indiqua sur les lieux à emprunter :

- Troisième étage pour les enfants. De l'extérieur, le toit paraissait s'être effondré, donc ça tombe bien, on a pas à aller là-haut. Sauf pour toi, peut-être, tu mets des fringues d'enfants, non ?

Il lui balança une oeillade taquin avant de reprendre son sérieux. À l'extérieur, il était moins friand des gros délires. Il était si simple de se faire surprendre.

- Deuxième étage pour les hommes et le matos de maison style couettes et tout le bordel. Et là on est chez les femmes. Je propose qu'on fasse un tour à deux à chaque étage, au cas où. Ça te va ?

Mieux valait être prudent. C'était-là la règle la plus importante de Richie : ne jamais rester seul. Ou alors, après s'être assuré qu'aucun danger ne pouvait nous tomber dessus. Bien sûr, il restait toujours des risques. Mais ainsi au moins s'évitaient-ils de grosses frayeurs avec des rôdeurs bien cachés.

Elle aimait bien partir en expédition avec Richard. Ils avaient la même vision des choses sur bien des points. Le même désire de sécurité et de méfiance envers le monde. Elle lui faisait confiance et vice versa. Il avait  l'air moins renfrogné quand il était tous les deux, comme s'il était un peu plus détendu, moins préoccupé peut-être, elle ne savait trop, mais elle appréciait ces instants en sa compagnie.

La petite blonde l'avait suivi jusqu'aux espèces d'insignes abîmés indiquant où était quoi. Lisant en même temps que le brun, elle prenait des notes mentales: troisième étage, vêtement pour enfant, toit effondré, vêtement à sa taille... Quoi ?

Elle se retourna vers Richard avec un sourire franc, son premier depuis de longues semaines.

- Dommage, c'est inaccessible, faudra me contenter des pulls trop grands avec les manches qui pendouilles au bout de mes mains. Rétorqua la mécanicienne du tac ou tac. Toi par contre... Fit-elle en lui pokant le bide, faudra vérifier s'ils leur restent des tailles fortes. Plaisantait-elle. Tous maigrichons comme ils l'étaient avec l'apocalypse, pas sûre que ce soit nécessaire. Reprenant son sérieux, elle acquiesçait au plan de Richie. Oui, à deux on est sûrs de pas se faire surprendre.

Ou si l'un d’eux passait au travers du plancher, l'autre pourrait rapidement faire quelque chose, songeait-elle en repensant à la mésaventure de Liam d'il y avait quelques mois. Sans attendre, elle se dirigea vers le premier rayon à porter, cherchant des vêtements chauds pour Lucia, Charlie et Ava. Il faudrait supposer des tailles de ses dernières comme elle les connaissait moins, mais ça devrait aller. Les premières rangées étaient pas fameuses, mais au bout de quelques mètres, Salem repéra des chaussettes. Ignorant celles courte et légère pour l'été, elle porta son dévolu sur celles en laine.

- Ce serait bien de trouver des manteaux aussi. Probablement que t'y avais déjà pensé, mais j'avoue que moi j'en rêve depuis un moment, surtout quand je vais filer un coup de main à Liam.

Ouais, près de l'eau c'était  vachement plus froid. Ça pénétrait toutes les couches de vêtements. L'humidité c'était bien chiant, mais la bouffe était trop bonne.

- C'est quoi les prochains plans pour le bateau ? Demandait-elle distraitement, pour faire la discussion. Savait-on jamais s'ils n'auraient pas des idées de génie en choisissant des pulls ou des mitaines, songeait Sal en souriant doucement.

- Je vais t'appeler Simplet maintenant.

Il rit intérieurement en imaginant la jeune femme portant la même tenue que le nain de Blanche-Neige. La tunique verte beaucoup trop large et trop longue, le bonnet violet d'où dépasse les oreilles … L'image était comique.

Salem surenchérit à la vanne, en balançant une à l'encontre de Richie, qui réagit avec fairplay, bien qu'il ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour son ventre, certes, moins plat que dans sa jeunesse, mais toujours pas si mal … non ? S'il se fichait de son apparence, il redoutait de devenir gros un jour. Enfin, moins maintenant. De toute manière, à leur époque, les gens de fortes corpulences étaient rares.

Le duo commençait donc leurs courses, dans une bonne ambiance, avec calme, savourant ce petit plaisir. Ce genre de sorties pas prise de tête, ça faisait du bien, de temps en temps.
Il s'éloigna un peu de la jeune femme pour aller fouiller de son côté. Les vêtements passèrent entre ses doigts, se levèrent à hauteur de visage pour les observer sous toutes les coutures.
Un fin sourire sur les lèvres, l'esprit plus détendu qu'à l'accoutumée, il prit par à la discussion qu'elle mettait en place à la volée et leva un épais pull en laine pour qu'elle puisse le voir de sa place.

- Un truc comme ça, déjà, c'est pas mal non ? J'le prends.

Il l'enfourna dans son sac, en plus de deux autres en bon état et de couleur différente. Continuant son tour, il s'éloigna un peu d'elle, mais pas assez pour ne plus l'entendre. Ils n'étaient pas très discrets, mais après tout … ils étaient seuls.

- Prochains plans … Renforcer l'isolation, surtout. Je pense qu'on va prendre bien cher en début d'année niveau température.

Il se mit à genoux pour venir fouiller les débris au sol. Des portants et étagères renversés, de la poussière, des choses non identifiables … Et des pantalons pas trop abimés dedans.

- Et moi je suis pas très motivé à l'idée de mourir de fr-...

Un bruit, juste derrière lui, le fit brusquement tourner la tête. Ce n'était pas Salem, elle était trop loin de lui. Dans sa tête à lui ? Peut-être. Il ne voulut cependant pas rester dans le doute et se leva, son sac à dos restés au sol.
Une silhouette, à cet instant, surgit de sur le côté, à deux mètres de lui à peine. Ni une, ni deux, Richie dégaina son arme et, poussé par cette brutale montée d'adrénaline, tira. Sans réfléchir. Le coup de feu fut soudain et brutal.
L'intru s'écroula à ses pieds, emporté par son élan. Le père de famille avait immédiatement remis sur son visage son masque de survivant. Doigts serrés sur son flingue, il avisa une autre silhouette, juste derrière le portant d'où venait de sortir ce premier inconnu, qui amorça un mouvement pour prendre la fuite.

- HEY !

Richie bondit, renversant au passage le reste du portant, et attrapa sans aucune douceur le mec par la capuche pour le tirer brutalement en arrière. Il s'écroula. La lame qu'il tenait rebondit un peu plus loin dans un bruit de métal.

Le canon fut pointé sur lui. Au sol, la capuche retirée, il constata qu'il s'agissait d'une jeune femme. L'air sale, cela ne camouflait pas sa jeunesse. Elle devait avoir à peine seize ans.
Malgré cela, sûrement portée par l'urgence et la peur, elle se pencha sur le côté dans l'espoir de récupérer son arme. Elle se prit un coup de pied en plein visage qu'il la renvoya sur le dos, et sa précieuse lame fut envoyée de l'autre côté.

- BOUGE PAS !

Il aurait pu la tuer de suite, sans aucun état d'âme. Mais l'arrivée de Salem le fit freiner son geste. Néanmoins sous tension, le souffle court et les yeux sévères, il était prêt à tirer, d'une seconde à l'autre.
L'inconnue, à moitié couchée, à moitié assise, regarda du côté du corps qui se vidait doucement de son sang, derrière lui.

Tournant la tête pour voir ce que Richie avait entre les pattes, Salem acquiesça de la tête en voyant le gros pull en laine qu'avait dégoté son ami. Elle changea ensuite de rangée une fois le plein de chaussettes fait. C'était un peu plus le bordel dans celle-là pour le coup. Se grattant la nuque, ne sachant pas trop par où commencer, Sal écoutait néanmoins ce que Richard lui disait.

Ouais, l'isolation ça allait être un gros morceau ça. Comment isoler un bateau ? Outre le recouvrir de bâche pour faire comme une barrière d'air et ainsi éviter le pire, elle n'en avait pas la moindre putain d'idée. Il y aurait peut-être quelques planches de styromousse isolant dans un des grands magasins de matériaux de construction du coin ? Ça devait pas trop être le premier truc que les survivants avaient besoin, peut-être que certain ne saurait même pas quoi en faire... Songeait-elle en poussant du pied quelques débris l'empêchant de fouiller les étagères où il y avait des pantalons.

Richard ne termina pas sa phrase. Instinctivement, la mécanicienne se releva pour voir ce qu'il se passait. Avait-il fait la trouvaille du siècle, songeait-elle en souriant. Ce même sourire fondu comme neige au soleil, alors qu'elle comprenait instantanément ce qu'il se passait plus loin. Son ami tira rapidement un premier coup de feu sur la silhouette d'un inconnu. Lâchant le pantalon dans sa main, Sal attrapa son arc et couru en direction de Richard, posant une flèche menaçante à sa corde. Richie semblait avoir repéré quelqu'un d'autre et s'élançait à sa poursuite. La blonde ralentie un peu le pas et observa les alentours, déjà deux de trouvés, mais ils étaient peut-être plus, mais bien vite elle était aux côtés de son binôme tandis qu'il balançait un coup de pied en pleine gueule d'une inconnue. Un regard rapide vers le corps inerte au sol la rencarda bien vite sur les possibles intentions de ces deux survivants.

Salem posa ensuite son regard sur la gamine, un regard froid, dénué d'émotion. Son expression était dure, tendue, mais résolue. Ces deux-là venaient d'essayer de les surprendre, sans doute avec des intentions toutes sauf bonnes. Suffisait de voir à quel point celui qui pissait le sang par terre s'était approché de Richard sans s'annoncer pour le comprendre.

- Y'a d'autres moyens de s'suicider gamine que d'essayer d'nous voler. Ton pote c'est réussi par contre. Fit Salem en pointant le corps inerte de l'inconnu tout près.

Cruel ? Oui, elle méritait pire cette connasse. Sal rangea sa flèche et accrocha son arc à son épaule tout en s'approchant du gars à terre. D'un coup de pied franc, elle le heurta dans les cotes pour voir s'il était toujours conscient ou pas. Vu le manque de réactivité, la blonde se contenta de s'asseoir sur le présentoir juste à côté, afin de le surveiller, mais de pouvoir garder Richard et leur pseudo assaillante à l'oeil.

- Petite impasse pas vrai ?

Des putains d'ordures qui n'avaient aucun respect pour la vie des autres, qui tuaient et prenaient, comme ces salopards masqués. Est-ce que son jugement était juste ? Est-ce que sa vision était faussée par ses expériences récentes ? Sans aucun doute. Sa bienveillance habituelle était en train de pisser le sang dans un coin de sa cervelle, tout comme le gars qui accompagnait cette petite merde.

- Des charognards dans c'genre, ça vaut rien. Même pas la peine de lui dire où trouver le NML pour l'aider, c'était qu'une sale pillarde. Moi perso, j'la descendrais. Déclarait sobrement Salem, sans prise de conscience aucune. J'ai assez donné avec les pillards, mais j'te suis, peu importe. Concluait la jeune femme, tout en jetant un énième coup d'oeil aux alentours pour ne pas de faire surprendre par de possibles potes de ces deux trous duc.

La gamine leva les mains de chaque côté de son visage sans se soucier de son nez qui pissait littéralement le sang. Ses yeux faisaient des allers-retours entre le corps étendu et les deux inconnus qui lui faisaient face. Sur son visage, il était facile d'y lire de la peur, et pire : de l'inquiétude.

Elle secoua la tête aux propos de Salem, renifla, ravala ses larmes.

- Ne le … ne le touchez pas, protesta-t-elle mollement.

Les prunelles de Richie s'abaissèrent vers le corps. L'homme avait fini par laisser échapper son dernier soupir en se tournant sur le dos et en tournant son visage vers la jeune fille. Lui, était beaucoup plus âgé. Il devait avoir l'âge de Richie, plus ou moins. Mais ce qui était frappant, c'était la ressemblance de la gamine avec lui. Il s'agissait d'un père et de son enfant.

Elle secoua encore la tête alors que ses joues se trempaient de larmes silencieuses. Ses mains tremblaient. Salem était dure. Richard n'aurait pas imaginé qu'elle le soit à ce point, mais il ne trouvait pas qu'elle exagérait.

- N-non … On est pas … On est pas des pillards … On … On avait notre tente ici, au fond de la boutique.

Elle ravala un sanglot, tenta de se traîner vers son père mais Richie l'en dissuada en faisant un pas vers elle. De toute évidence, elle était complétement démunie et à leur merci.

- J'vous en prie … Laissez-moi … Laissez-moi le voir …
- Il est mort. Ça sert à rien.

Elle baissa la tête dans une grimace de douleur et ne parvint plus à retenir ses sanglots. Sa main se porta à son visage pour y cacher sa bouche. Une seconde, Richie échangea un regard avec Salem. Si elle mentait, elle était très bonne actrice. Le désespoir par contre, il n'était pas feint. Le père de famille était prêt à mettre sa main à couper qu'il s'agissait de son géniteur.

- Il voulait me protéger … On est … on … croyait … on voulait pas …
- Me dis pas qu'il comptait me faire la bise gamine.
- Non il … il n'était pas méchant … c'était pour me protéger …

Ce fut vers Salem qu'elle dirigea son regard implorant.

- S'il vous plaît … Laissez-moi … Laissez-nous seuls …