Je sais qu'il vaut mieux généralement favoriser une approche plus discrète lorsqu'on entre dans un lieu abandonné et potentiellement infesté de cadavres ambulants. Mais le truc c'est que même si on ignore ce qui peut se trouver à l'intérieur, c'est aussi le cas de l'extérieur et des alentours. Le bruit du moteur ainsi que les claquements des portières de la voiture ont certainement déjà été suffisants pour signaler notre présence à quiconque -mort ou vivant- se trouverait dans le coin. Alors je préfère prendre le risque de me retrouver face à quelques rôdeurs à l'intérieur plutôt qu'avec une horde à l'extérieur. Ou des pillards. On sait jamais. Et c'est pour ça que je me contente de lever les yeux au ciel sans pouvoir cacher mon agacement lorsque j'entends la remarque de Markus. Est-ce que je cherche à nous faire tuer? Bien sûr, j'ai que ça à foutre.

Parce que tu crois que le moteur de la voiture et les portières ont pas déjà fait assez de bruit? Crois moi, si y'a des morts dans le coin, ils savent déjà qu'on est là et on va pas tarder à les voir pointer le bout de leur nez... Alors bouge toi et va chercher ce qu'il te faut à l'intérieur. D'autant plus qu'on n'a aucune mauvaise surprise dans la pièce principale. Hormis le cadavre en forte décomposition d'un homme derrière le comptoir d'accueil dont l'odeur m'arrache une grimace de dégoût, on a l'air seuls. Je vois Markus se protéger le nez avec son col, histoire certainement de limiter les effluves nauséabondes de l'atteindre, mais j'crains fort que ça soit pas suffisant. J'dis pas que personnellement ça me plait, mais c'est pas la première fois que je sens des odeurs pareilles. Et sûrement pas la dernière. On s'habitue, comme on dit.

Le génie m'informe qu'on aura une seconde porte à passer et lorsqu'il s'approche de cette dernière, j'pointe mon arme devant moi au cas où. Et il suffit de quelques coups sur la dite porte pour réveiller ce qui semble piégé derrière. Fait chier. J'fronce les sourcils en voyant le bois se secouer et mon regard se pose immédiatement vers la poignée qui semble la seule qui les retienne de nous rejoindre. C'est forcément là qu'un bruit de verre qui se brise attire notre attention à tous les deux. Putain de merde. J'tourne la tête en direction de l'entrée pour y voir apparaître les silhouettes décharnées et bancales de plusieurs morts. Bordel je savais que j'aurais pas dû le suivre. Mais forcément fallait que j'me dévoue pour protéger son p'tit cul histoire de pas risquer qu'il crève et que ça fasse du mal à Yulia. Mon attachement pour elle causera ma perde un jour j'vous jure.

J'regarde rapidement autour de nous, repère une étagère en métal qui sera certainement facile à faire basculer contre la porte menant à l'entrepôt et assez solide pour la barricader un temps. Et nous en faire gagner, par la même occasion. J'entends la caisse à outil de Markus atterrir au sol et sa remarque concernant le fait qu'on soit dans la merde. Sans blagues, t'as d'viné ça tout seul Sherlock? Sans perdre de vue nos chers petits visiteurs qui se trouvent sur le seuil de la porte d'entrée, je serre ma hachette dans ma main et inspire un grand coup. Tu vois l'étagère en métal là? Fais la basculer en vitesse devant la porte, ça évitera qu'on s'fasse prendre en sandwich par ces merdes. Et essaie de pas rater ton coup. J'vais jouer les hôtesses d'accueil pour les nouveaux visiteurs. Ma voix est sans appel et j'pense -j'espère surtout- qu'il va faire ce que je lui ai demandé pour qu'effectivement on essaie de s'en sortir. J'suis pas v'nue ici pour crever non plus.

M'approchant de quelques pas de la porte d'entrée, je range mon arme à feu dans mon dos comme d'habitude. J'ai pas envie de gâcher des balles. Et si j'y arrive, j'vais faire en sorte de refermer la porte après m'être débarrassée de ceux qui sont déjà là. Pour le moment, ils sont que trois. J'devrais m'en sortir. Aller, v'nez voir maman... Je m'approche du premier, enfonce sans plus de cérémonie la lame de mon arme dans son crâne. Et à en juger par la facilité avec laquelle il se fend en deux, ça faisait un bon moment qu'il avait passé l'arme à gauche celui là. Berk. Mais pas de temps à perdre. Le second s'approche et j'le fais reculer avec un coup de pied qui le fait tituber et tomber en arrière. J'gagne du temps. Le troisième est un peu plus loin et ça me laisse le temps de reprendre correctement ma hachette en main avant d'aller la lui enfoncer en travers de la tronche. Je repousse son corps enfin inerte à l'extérieur du bâtiment et me rue sur les portes pour les fermer. Mais j'arrive à peine à les fermer que j'sens une forte résistance de l'autre côté qui tente de les rouvrir. MARKUS! Viens m'aider à tenir ces portes et à les verrouiller! Dépêche! Parce que j'suis pas sûre de tenir longtemps. Les portes s'entrouvrent par moments et j'suis obligée de m'appuyer de toutes mes forces contre elles pour pas qu'elles s'ouvrent. Le problème? Avec ma jambe blessée, j'ai moins de force que d'habitude. Et forcer dessus me fait un mal de chien. Putain dans quel merdier on s'est encore foutus?