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Teardrop
Mer 29 Jan 2020 - 18:59
Installée sur son lit, Ryan poussa un soupir et jeta un coup d’oeil par la fenêtre du dortoir : dehors, la pluie battait son plein et inondait entièrement le paysage, jusqu’à creuser des sillons dans la terre et former d’énormes flaques d’eau. Le ciel était sombre, lourd, et menaçait de rompre à tout instant, comme une bombe à eau trop remplie, pour répandre sur le fort un véritable déluge ! Par un temps pareil, Milow n’était cependant nulle part en vue et Ryan maudissait entre ses dents l’inconscience de son frère.
« Où est ce que t’es encore passé, tête de noeud ? » marmonna t-elle tout en se mordillant les lèvres, anxieuse. D’après ce qu’elle avait entendu dire (les rumeurs allaient bon train au fort) Andrea avait récemment discuté avec son frère et mit avec lui les points sur les i. Ryan ignorait cependant comment s’était déroulé cet entretien et quelle avait été son issue. Ces derniers temps, Milow était en effet plus que jamais distant avec elle et daignait à peine lui adresser la parole. Si le tempérament ombrageux de son frère l’agaçait parfois, Ryan tâchait cependant de ne pas s’en formaliser et respectait la réserve de son frère. Ils avaient, de fait, tous les deux été profondément impactés par la mort de Jesse et s’évertuaient, chacun de leur côté, à se reconstruire après un événement aussi traumatisant. Petit à petit et pièce par pièce. Si le temps refermait toutes les blessures, et même les plus profondes, il leur faudrait cependant redoubler de patience pour espérer un jour cicatriser - et Milow, plus particulièrement.
Ils n’étaient jamais parvenus à évoquer la mort de Jesse depuis ce jour fatidique. Jamais. Sans doute pour se préserver l'un l'autre, mais également par lâcheté. Ryan avait en effet toujours redouté d’aborder le sujet en compagnie de son frère. La jeune femme ignorait cependant qui d’elle ou de Milow elle essayait de protéger en agissant de la sorte.
« Fait chier ! » En proie à une angoisse grandissante, Ryan attrapa brusquement un parapluie qui traînait à ses pieds et, telle une tornade, traversa à grandes enjambées le dortoir pour sortir dans la cour du fort. Sans perdre de temps, elle ouvrit le parapluie et fit la grimace lorsque la pluie lui fouetta malgré tout le visage. Quel temps de merde ! Tant bien que mal protégée, elle plissa ses grands yeux noirs et parcourut du regard la cour, en quête de son frère : « Où est ce que tu te caches… » Elle espérait sincèrement se tromper. Peut être Milow avait-il simplement trouvé refuge dans un autre bâtiment du fort ?
« C’est pas vrai… »
Elle le vit alors. Assis sur un banc à l’abri d’un grand chêne, et occupé à regarder d’un air absent le mur qui lui faisait face. Qu’est ce qu’il foutait là, franchement ? Furieuse, Ryan traversa vivement la cour du fort, sans prendre garde aux flaques d'eau dans lesquelles elle trébucha inévitablement, et vint se planter face à son frère, les mains sur les hanches, pour le fusiller du regard : « C’est une pneumonie que tu cherches à attraper, espèce d’abruti ? »
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Re: Teardrop
Mer 29 Jan 2020 - 20:21
Au départ, il s'était juste fait surprendre par la tempête, et avait choisi de se réfugier au plus proche : sous ce chêne. Outre le fait que ce n'était pas malin de se cacher sous un arbre alors qu'il risquait d'y avoir de l'orage, le froid et l'eau avait vite fait de le geler jusqu'aux os.
Le skate à ses pieds, il avait attendu, au départ, dans l'optique de vite rejoindre le bâtiment le plus proche. Au final, il s'était posé sur ce banc, il s'était mis à réfléchir, et comme toujours lorsqu'il réfléchissait un peu trop intensément, les idées noires étaient venues l'assaillir.
À présent, l'adolescent n'était plus vraiment dans la réalité. Même le froid lui était égal. Il était juste là, à regarder dans le vide, plongé dans sa tête, dans ses souvenirs. Devant ses yeux, ce n'était plus le mur, mais bien la silhouette de Jesse, sous la pluie, qui le regardait de cet air neutre et désapprobateur qu'il arborait tout le temps depuis qu'il était mort. Et la scène, la scène fatidique, qui passait en boucle dans sa tête, comme un film maudit qui ne voulait pas lui foutre la paix.
Il inspira lentement par les narines et expira par la bouche, fermant une seconde les yeux, sentant ses tripes se tordre et la crise d'angoisse ne pas être loin. Le son de la pluie l'aidait peut-être un peu.
Ce fut Ryan qui le sortit de cet étrange torpeur, avec sa délicatesse habituelle. Milow eut un bref sursaut, papillonna des paupières comme s'il se réveillait, avant d'être piqué au vif par son intonation et sa phrase agressive. Il redressa son dos et saisi la perche de la dispute avec brio :
- Qu'est-ce que ça peut te foutre si j'chope une pneumonie ?!
De sa main droite, il balaya devant lui pour lui intimer de partir. Qui aime bien, châtie bien, pas vrai ? À ce stade, ce n'était même plus de l'amour. Il savait que Ryan s'inquiétait pour lui. Il savait qu'elle ne savait pas s'exprimer autrement qu'en lui braillant dessus. Mais elle savait aussi très bien qu'il n'était pas du genre à s'aplatir et obéir.
- Allez tire-toi, fous-moi la paix ! J'veux pas voir ta sale tête !
La moutarde lui était vite montée au nez. Le fait de se faire surprendre, sans doute, ou peut-être immédiatement agressé, ou juste le fait que ce soit sa sœur et qu'elle n'en loupait pas une pour le mettre hors de lui.
- Vas voir tes amis, là !
Il secoua la tête et la dévisagea de la tête aux pieds, une moue écoeurée sur le visage, comme s'il faisait face à la personne la plus affreuse de l'univers. Elle était trempée malgré le parapluie, et lui aussi, maintenant qu'il y pensait. S'il avait été en mesure de se voir, il aurait remarqué que ses lèvres prenaient des teintes légèrement bleutées et que son nez était rendu rouge à cause du froid.
Le skate à ses pieds, il avait attendu, au départ, dans l'optique de vite rejoindre le bâtiment le plus proche. Au final, il s'était posé sur ce banc, il s'était mis à réfléchir, et comme toujours lorsqu'il réfléchissait un peu trop intensément, les idées noires étaient venues l'assaillir.
À présent, l'adolescent n'était plus vraiment dans la réalité. Même le froid lui était égal. Il était juste là, à regarder dans le vide, plongé dans sa tête, dans ses souvenirs. Devant ses yeux, ce n'était plus le mur, mais bien la silhouette de Jesse, sous la pluie, qui le regardait de cet air neutre et désapprobateur qu'il arborait tout le temps depuis qu'il était mort. Et la scène, la scène fatidique, qui passait en boucle dans sa tête, comme un film maudit qui ne voulait pas lui foutre la paix.
Il inspira lentement par les narines et expira par la bouche, fermant une seconde les yeux, sentant ses tripes se tordre et la crise d'angoisse ne pas être loin. Le son de la pluie l'aidait peut-être un peu.
Ce fut Ryan qui le sortit de cet étrange torpeur, avec sa délicatesse habituelle. Milow eut un bref sursaut, papillonna des paupières comme s'il se réveillait, avant d'être piqué au vif par son intonation et sa phrase agressive. Il redressa son dos et saisi la perche de la dispute avec brio :
- Qu'est-ce que ça peut te foutre si j'chope une pneumonie ?!
De sa main droite, il balaya devant lui pour lui intimer de partir. Qui aime bien, châtie bien, pas vrai ? À ce stade, ce n'était même plus de l'amour. Il savait que Ryan s'inquiétait pour lui. Il savait qu'elle ne savait pas s'exprimer autrement qu'en lui braillant dessus. Mais elle savait aussi très bien qu'il n'était pas du genre à s'aplatir et obéir.
- Allez tire-toi, fous-moi la paix ! J'veux pas voir ta sale tête !
La moutarde lui était vite montée au nez. Le fait de se faire surprendre, sans doute, ou peut-être immédiatement agressé, ou juste le fait que ce soit sa sœur et qu'elle n'en loupait pas une pour le mettre hors de lui.
- Vas voir tes amis, là !
Il secoua la tête et la dévisagea de la tête aux pieds, une moue écoeurée sur le visage, comme s'il faisait face à la personne la plus affreuse de l'univers. Elle était trempée malgré le parapluie, et lui aussi, maintenant qu'il y pensait. S'il avait été en mesure de se voir, il aurait remarqué que ses lèvres prenaient des teintes légèrement bleutées et que son nez était rendu rouge à cause du froid.
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Re: Teardrop
Ven 31 Jan 2020 - 16:00
« Qu’est c’que ça peut me foutre ?! » répéta Ryan, furieuse : « C’est moi qui te tiendrai la main, gros neuneu, quand tu seras malade à en crever ! Alors ça m’regarde, ouais ! » À ce moment-là, une violente bourrasque lui arracha presque des mains le parapluie et lui fit perdre l’équilibre : « ‘Chier ! » marmonna t-elle, en repliant aussitôt vivement le parapluie, par peur de finir traînée dans la boue au prochain coup de vent. Tant pis ! Ryan serait trempée, elle aussi ! De toute façon, elle ne comptait pas partir d’ici avant d’avoir fait entendre raison à Milow et, éventuellement, de l’avoir traîné de force jusqu’au dortoir. Qu’est ce qui lui prenait, à jouer les Calimero sous une telle pluie ?! S’il cherchait réellement à souffrir, elle se ferait une joie de l’aider en lui mettant la dérouillée de sa vie, à ce petit con. Non mais, franchement ! Et en plus de ça, il avait le culot de la toiser avec ses yeux noirs et effrontés qui achevèrent proprement de la chauffer. Il voulait vraiment la chercher, hein ! Très bien, Milow risquait de ne pas être déçu !
« J’bougerai pas d’ici ! Pas tant qu’tu resteras planté là à prendre l’eau comme une plante verte, espèce de débile ! » Cracha alors Ryan, furibonde, lorsque Milow lui fit signe de dégager avec son insolence habituelle : « Même si, moi non plus, j’ai pas envie d’voir ta sale tronche, hein ! » Oui parce que, à y regarder de plus près, il avait réellement mauvaise mine, le frangin. Son teint était anormalement pâle et ses lèvres bleues, ce qui lui donnait un air de cadavre proprement effrayant. À tout les coups, il était resté planté là comme un idiot depuis le début de l’averse et était à présent trempé jusqu’aux os et frigorifié. Cette réalisation inquiéta subitement Ryan qui couvrit alors son frère d’un regard soucieux, malgré toute la colère qu’elle pouvait ressentir à son égard. En dépit de sa brusquerie habituelle, la jeune femme était véritablement inquiète pour lui et devinait, à son air lugubre, quelles pensées avaient bien pu hanter Milow avant qu’elle ne le rejoigne. Depuis la mort de Jesse, elle avait, en effet, régulièrement remarqué cette expression sur le visage de son frère : l’air absent, Milow paraissait en effet subitement perdre le fil d’une conversation, ou se désintéresser d’une situation, pour s’égarer dans ses propres pensées et broyer du noir. Il semblait même, parfois, voir passer un fantôme tant il devenait subitement pâle. Au fond d’elle, Ryan se sentait proprement dépassée par la situation, ce qui engendrait chez elle une certaine angoisse, responsable de ses disputes récurrentes avec Milow. Elle ignorait, en effet, comment s’adresser davantage à son petit frère et mettait continuellement les pieds dans le plat, en sa compagnie.
« Mais avec plaisir ! Au moins, eux, c’est pas des trous du cul finis comme toi ! » persifla t-elle, en dévisageant d’un air mauvais Milow : « J’t’ai vu, hein ! Depuis qu’on est arrivé ici, tu passes ton temps à bouder comme un bébé ! T’es même pas foutu d’bouger ton cul pour te gratter, tellement tu cherches à te rendre inutile ! » Au moment où elle prononçait ces mots, la jeune femme sentit qu’elle s’engageait sur un terrain miné et que la conversation risquait de prendre un tourment d'autant plus mouvementé.
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Re: Teardrop
Lun 3 Fév 2020 - 23:14
- Et bah j'te demande rien moi !
Qu'elle le laisse donc crever dans un coin, ça lui était égal, de toute manière. Milow était un as dans l'art de se persuader qu'il n'avait besoin de personne, et encore moins de sa sœur. Alors qu'au fond, et elle le savait, qu'elle était celle en qui il avait le plus besoin. Au point de se blottir contre elle encore parfois, au milieu de la nuit. Cette habitude était, d'un point de vu extérieur, encore mignonne il y a de cela quelques mois, lorsque Milow faisait encore treize ans physiquement. Maintenant, pour certains, c'était dérangeant, voir carrément malsain. Mais l'adolescent n'arrivait pas à se détacher de ça. Dans ces moments, elle est la seule à parvenir à le faire respirer calmement, à calmer ses peurs et ses cauchemars. Sans elle, il n'était plus rien.
- Ca t'arrangerai bien, de toute manière, que j'crève dans mon coin ! Cracha-t-il encore. Tu pourras enfin t'occuper que de ton nombril et t'auras plus de boulet à tes pieds !
À cet instant, la présence de Ryan le rendait fou, et ses mots, encore plus. Il aurait pu se lever et la frapper.
Milow lâcha un 'pff' hautain quand elle annonça qu'elle se bougerait pas. Ben, tant pis, qu'elle reste et qu'elle choppe la crève, elle aussi, ils auront l'air malins, tous les deux à vomir leurs tripes.
Il planta un regard noir sur elle à sa dernière invective et bondit sur ses jambes. Ils en étaient presque à s'exprimer en même temps.
- Et bien VAS-Y ! Pourquoi tu me prends la tête ? Vas avec eux ! Ils sont si géniaux, si incroyables !
Il passa une main sur son visage pour en chasser les gouttes de pluie. Un air outré se peignit sur son visage, il ouvrit la bouche, chercha ses mots, avant de lancer en poussant plus encore sur sa voix :
- Et toi, là, à par espionner le bébé inutile que je suis, draguer tout ce qui bouge et lécher les bottes de tout le monde, tu crois que t'es plus intéressante ?!
Il trouvait ça injuste. Tout était injuste. Le monde n'était qu'injustice, et lui n'arrivait même pas à mettre des mots sur ce qu'il pouvait ressentir. Il n'arrivait pas à faire autre chose que s'énerver et se montrer détestable avec tout le monde.
- Fais ta vie ! J'te demande rien ! J'vais me barrer d'ici de toute manière, et toi tu pourras rester avec ta nouvelle famille !
Ses poings se serrèrent. Avec hargne, il désigna les dortoirs, de l'autre côté alors qu'il avançait vers elle.
- Personne m'aime ici ! Et j'les aime pas ! Et si j'reste encore tu vas me retrouver égorger, un matin au réveil ! Tu le vois pas, ça, pas vrai, toi qui es bloquée sur ton petit nuage ?!
Il lui toucha l'épaule, la poussant avec une colère à peine retenue.
Qu'elle le laisse donc crever dans un coin, ça lui était égal, de toute manière. Milow était un as dans l'art de se persuader qu'il n'avait besoin de personne, et encore moins de sa sœur. Alors qu'au fond, et elle le savait, qu'elle était celle en qui il avait le plus besoin. Au point de se blottir contre elle encore parfois, au milieu de la nuit. Cette habitude était, d'un point de vu extérieur, encore mignonne il y a de cela quelques mois, lorsque Milow faisait encore treize ans physiquement. Maintenant, pour certains, c'était dérangeant, voir carrément malsain. Mais l'adolescent n'arrivait pas à se détacher de ça. Dans ces moments, elle est la seule à parvenir à le faire respirer calmement, à calmer ses peurs et ses cauchemars. Sans elle, il n'était plus rien.
- Ca t'arrangerai bien, de toute manière, que j'crève dans mon coin ! Cracha-t-il encore. Tu pourras enfin t'occuper que de ton nombril et t'auras plus de boulet à tes pieds !
À cet instant, la présence de Ryan le rendait fou, et ses mots, encore plus. Il aurait pu se lever et la frapper.
Milow lâcha un 'pff' hautain quand elle annonça qu'elle se bougerait pas. Ben, tant pis, qu'elle reste et qu'elle choppe la crève, elle aussi, ils auront l'air malins, tous les deux à vomir leurs tripes.
Il planta un regard noir sur elle à sa dernière invective et bondit sur ses jambes. Ils en étaient presque à s'exprimer en même temps.
- Et bien VAS-Y ! Pourquoi tu me prends la tête ? Vas avec eux ! Ils sont si géniaux, si incroyables !
Il passa une main sur son visage pour en chasser les gouttes de pluie. Un air outré se peignit sur son visage, il ouvrit la bouche, chercha ses mots, avant de lancer en poussant plus encore sur sa voix :
- Et toi, là, à par espionner le bébé inutile que je suis, draguer tout ce qui bouge et lécher les bottes de tout le monde, tu crois que t'es plus intéressante ?!
Il trouvait ça injuste. Tout était injuste. Le monde n'était qu'injustice, et lui n'arrivait même pas à mettre des mots sur ce qu'il pouvait ressentir. Il n'arrivait pas à faire autre chose que s'énerver et se montrer détestable avec tout le monde.
- Fais ta vie ! J'te demande rien ! J'vais me barrer d'ici de toute manière, et toi tu pourras rester avec ta nouvelle famille !
Ses poings se serrèrent. Avec hargne, il désigna les dortoirs, de l'autre côté alors qu'il avançait vers elle.
- Personne m'aime ici ! Et j'les aime pas ! Et si j'reste encore tu vas me retrouver égorger, un matin au réveil ! Tu le vois pas, ça, pas vrai, toi qui es bloquée sur ton petit nuage ?!
Il lui toucha l'épaule, la poussant avec une colère à peine retenue.
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Re: Teardrop
Jeu 6 Fév 2020 - 15:13
« M’occuper de mon nombril ? Non mais t’peux parler toi hein ! Moi J’suis égoïste ? Moi ? » Une puissante bourrasque fit claquer ses cheveux au vent et Ryan pointa un index accusateur en direction de son frère, parfaitement indifférente aux éléments qui se déchainaient autour d’eux : « J’me plie en quatre pour qu’on se fasse un trou ici, pour qu’on s’intègre, mais toi tu passes temps à foutre en l’air mes efforts en te comportant comme le roi des cons ! » Outrée, la jeune femme considéra Milow d’un air dégouté et secoua la tête. Comment osait-il ? Elle n’en revenait pas. Comment son frère pouvait-il avoir ce culot là ? Comment pouvait-il la blâmer pour les pieds et les mains qu’elle s’efforçait de faire depuis leur arrivée dans l’espoir de rattraper ses écarts à lui, et qu’ils soient finalement tous deux acceptés au camp - et ce malgré les circonstances dramatiques de leur arrivée. Certes, elle n’était plus là pour lui tenir en permanence la main, mais à qui la faute en vérité ?
« Qu’est ce que tu veux, Milow ? Hein ? Tu veux qu’on r’tourne sur les routes, c’est ça ? Tu veux qu’on soit à nouveau couverts de crasse, pétris de trouille et constamment prêts à décamper, comme des putains d’animaux sauvages ? » Ryan ne s’était pas rendue compte que sa voix tremblait tant elle était en colère contre son frère et effrayée par la tournure de la conversation : « Ici, on a un lit à nous, putain ! Quatre murs et un toit au-dessus de notre tête ! C’est plus que tout c’qu’on a pu avoir au cours des quatre putains de dernières années ! Pourquoi tu comprends pas ça ? » Les poings serrés, Ryan était désormais prête à secouer Milow comme un prunelier, à le frapper de toutes ses forces pour lui faire rentrer dans le crâne cette vérité qu’il s’entêtait à refuser comme s’il n'estimait pas la mériter. Merde alors ! Pourquoi la mettait-il dans une telle situation ? Depuis leur arrivée au fort, Ryan avait en effet l’impression d’avoir le cul entre deux chaises, partagée entre le parti de son frère et celui du camp. Par lâcheté, elle s’était jusqu’alors efforcée à ne prendre ni l’un ni l’autre, dans l’espoir vain et stupide que s’apaisent d’elles-mêmes les tensions et que tout soit pour le mieux. Quelle idiote elle avait été !
« Et je ne drague pas tout ce qui bouge. Arrête de dire des conneries ! T’es vraiment débile ! » ajouta t-elle ensuite inutilement, d’une voix qui menaçait de plus en plus de se briser à mesure que rougissaient ses yeux et que battait fort son coeur : « Si j’lèche les bottes d’Andrea, c’parce que tu m’laisses pas le choix, crétin ! » Ryan ignorait quoi de la colère ou la peine était responsable du point de rupture qui menaçait à tout instant de la faire craquer. En vérité, la jeune femme était bien incapable de les discerner l’une de l’autre au sein de l’énorme boule d’anxiété qui consumait ses tripes. Elle était à deux doigts de perdre pieds, de se noyer dans une colère noire et ça l’effrayait plus que tout : « C’est pas ma famille ! » cracha t-elle alors au visage de son frère : « Ça sera jamais ma famille ! J’le sais bien, Qu’est ce que tu crois ! Mais (putain, ça la tuait de devoir l’avouer.) on a besoin d’eux. » Ryan se pinça alors les lèvres et avoua à regret : « Moi, j’ai besoin d’eux. J’ai plus la force de faire comme avant. Comme si rien ne s’était passé. Depuis… Depuis… » Ryan réalisa subitement, tandis que se nouait sa gorge et qu’elle étouffait à grand peine un sanglot, qu’une partie d’elle s’était brisée depuis la mort de Jesse et que plus jamais elle n’aurait le courage d’affronter seule la réalité, si monstrueuse et brutale, à l’extérieur du camp. La jeune femme était proprement terrifiée à l’idée de devoir y retourner : « J’peux pas partir. » dit-elle enfin, meurtrie par la honte, en fuyant finalement le regard noir de Milow.
Seuls le vent et la pluie fut perceptibles un instant, avant que Milow ne prenne à nouveau la parole : « Te faire égorger ? » répéta alors Ryan, prise au dépourvu, tandis que son frère faisait un pas de plus vers elle pour brusquement la pousser en arrière, ce qui manqua de lui faire perdre l’équilibre : « Arrête ça ! » vociféra t-elle alors, à nouveau furieuse, avant de projeter à son tour Milow en arrière sans ménager sa force : « Me touche pas ! » Véritablement hors d’elle, Ryan le dévisagea alors avec mépris : « Personne t’aime, hein ? Ben, quand j’vois à quel point t’es con avec les gens en ce moment, j’peux comprendre qu’ils t’aiment pas ! Pauvre chéri, tu veux un mouchoir peut-être ? » Elle ne comptait pas le ménager, c’était hors de question : « Arrête d’imaginer que tout l’monde veut de faire la peau, ici ! C’est des conneries ! Y a que moi qui suis tentée de te botter le cul là, parce que tu l'mérites ! »
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Re: Teardrop
Sam 8 Fév 2020 - 17:25
Qu'est-ce qu'il voulait ? Ses yeux fouillèrent dans le vide. Une étincelle troublée brilla à l'intérieur. Il ne savait pas ce qu'il voulait, putain ! Il n'arrivait même plus à savoir quand il avait faim, quand il était fatigué, plus rien !
- Peut-être bien ouais ! Brailla-t-il quand elle lui résuma ce qu'ils faisaient quand ils étaient à l'extérieur. Peut-être bien que c'est les seuls moments où je me sentais vivre un peu !
Parce qu'ici, c'était vivre dans l'ombre de Jesse. C'était le voir la nuit, le jour, ou quand il se regardait dans le miroir. C'était le reflet de son frère qu'il voyait, pas lui. Il en perdait son identité, il en oubliait qui il était, pourquoi il existait.
Non, il ne comprenait pas ce confort superficiel dans lequel ils évoluaient. Il ne s'y sentait pas à sa place. Pas tant qu'il vivrait à travers son meurtre.
- Non, j'suis pas débile !
Chaque insulte que lui lançait Ryan l'énervait un peu plus. La tempête semblait réagir à chacune des phrases piquantes qu'ils se balançaient au visage. Les bourrasques, toujours plus fortes, menaçaient à chaque fois d'envoyer Milow et son poids plume au loin, si bien qu'il devait se tenir les jambes légèrement pliées pour garder son équilibre.
- On a PAS besoin d'eux ! On s'en est sorti jusqu'à maintenant ! Pourquoi est-ce qu'on aurait besoin d'eux ?! C'est pas des héros !
Ryan avoua qu'elle, elle en avait besoin. Qu'elle n'avait plus la force. Elle avoua qu'elle souffrait de leur condition. Et cette confidence fit secouer la tête de son petit frère, balayant ses sentiments à elle d'un revers de main.
Il pointa brusquement son indexe sur elle, comme s'il pouvait la faire taire ainsi alors qu'elle allait lâcher l'évidence.
- Tais-toi ! Le dis pas ! T'as pas intérêt à le dire !
Sa voix se brisa lamentablement. Il ravala un sanglot en secouant la tête. Parce que tout ça, c'était de sa faute.
À son tour, à présent, de lui cracher ce qu'il avait sur le cœur. Qu'il risquait de se faire égorger, ici. Et cette phrase parut marquer Ryan qui répéta bêtement. Il opina du chef avec véhémence :
- Ouais, t'as bien entendu ! Parce qu'on est entouré par des tarés, et l'autre schizo de Selene veut me faire la peau, tu le sais, ça, ou tu fermes encore les yeux pour pas envenimer les choses ?
Il l'avait ensuite poussé avec violence. Cette action provoqua cette puissante réaction, et Ryan, à son tour, envoya ses mains contre les épaules du garçon, le projetant en arrière. Une brusque bourrasque, à cet instant, termina de déséquilibrer l'adolescent, qui s'écroula sans aucune délicatesse dans la terre trempée. L'arrière de son crâne heurta le rebord du banc, et le choc lui fit immédiatement voir trente-six chandelles. Mais Milow ne montra aucun signe de douleur, juste cette frustration et cette colère qui se mêla à la honte d'être tombé sous les mains de sa soeur. Vexé, il se remit sur ses jambes presque immédiatement alors que lui parvenaient les autres phrases assassines de la jeune femme.
- Ouvre les yeux, toi aussi ! Balança-t-il. Tu crois vraiment que j'dirais ça si y'avait pas un minimum de vrai ?! Au moins la moitié de ce camp de tarés veut me buter ! T'as qu'à demander autour de toi !
Il tituba sur le côté, et retomba sur le banc. Sa main se glissa dans sa tignasse, là où il s'était cogné. Il la porta ensuite devant ses yeux, et la vision du sang lui déclencha un nouveau flashback. De ses mains couvertes du sang de Jesse, de ses yeux bruns, à lui, ouverts pour l'éternité, figé sur un point invisible. La pluie, aussitôt, comme pour l'empêcher de se perdre dans sa tête, vint effacer le rouge de sa peau, mais la réaction de Milow fut immédiate. Il en oublia sa sœur et cette violente dispute.
Il se courba en avant, agrippant ses cheveux de ses deux mains, et éclata en larmes. Elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait, à présent, se moquer de lui, partir, l'insulter, il n'en avait plus rien à faire.
- Peut-être bien ouais ! Brailla-t-il quand elle lui résuma ce qu'ils faisaient quand ils étaient à l'extérieur. Peut-être bien que c'est les seuls moments où je me sentais vivre un peu !
Parce qu'ici, c'était vivre dans l'ombre de Jesse. C'était le voir la nuit, le jour, ou quand il se regardait dans le miroir. C'était le reflet de son frère qu'il voyait, pas lui. Il en perdait son identité, il en oubliait qui il était, pourquoi il existait.
Non, il ne comprenait pas ce confort superficiel dans lequel ils évoluaient. Il ne s'y sentait pas à sa place. Pas tant qu'il vivrait à travers son meurtre.
- Non, j'suis pas débile !
Chaque insulte que lui lançait Ryan l'énervait un peu plus. La tempête semblait réagir à chacune des phrases piquantes qu'ils se balançaient au visage. Les bourrasques, toujours plus fortes, menaçaient à chaque fois d'envoyer Milow et son poids plume au loin, si bien qu'il devait se tenir les jambes légèrement pliées pour garder son équilibre.
- On a PAS besoin d'eux ! On s'en est sorti jusqu'à maintenant ! Pourquoi est-ce qu'on aurait besoin d'eux ?! C'est pas des héros !
Ryan avoua qu'elle, elle en avait besoin. Qu'elle n'avait plus la force. Elle avoua qu'elle souffrait de leur condition. Et cette confidence fit secouer la tête de son petit frère, balayant ses sentiments à elle d'un revers de main.
Il pointa brusquement son indexe sur elle, comme s'il pouvait la faire taire ainsi alors qu'elle allait lâcher l'évidence.
- Tais-toi ! Le dis pas ! T'as pas intérêt à le dire !
Sa voix se brisa lamentablement. Il ravala un sanglot en secouant la tête. Parce que tout ça, c'était de sa faute.
À son tour, à présent, de lui cracher ce qu'il avait sur le cœur. Qu'il risquait de se faire égorger, ici. Et cette phrase parut marquer Ryan qui répéta bêtement. Il opina du chef avec véhémence :
- Ouais, t'as bien entendu ! Parce qu'on est entouré par des tarés, et l'autre schizo de Selene veut me faire la peau, tu le sais, ça, ou tu fermes encore les yeux pour pas envenimer les choses ?
Il l'avait ensuite poussé avec violence. Cette action provoqua cette puissante réaction, et Ryan, à son tour, envoya ses mains contre les épaules du garçon, le projetant en arrière. Une brusque bourrasque, à cet instant, termina de déséquilibrer l'adolescent, qui s'écroula sans aucune délicatesse dans la terre trempée. L'arrière de son crâne heurta le rebord du banc, et le choc lui fit immédiatement voir trente-six chandelles. Mais Milow ne montra aucun signe de douleur, juste cette frustration et cette colère qui se mêla à la honte d'être tombé sous les mains de sa soeur. Vexé, il se remit sur ses jambes presque immédiatement alors que lui parvenaient les autres phrases assassines de la jeune femme.
- Ouvre les yeux, toi aussi ! Balança-t-il. Tu crois vraiment que j'dirais ça si y'avait pas un minimum de vrai ?! Au moins la moitié de ce camp de tarés veut me buter ! T'as qu'à demander autour de toi !
Il tituba sur le côté, et retomba sur le banc. Sa main se glissa dans sa tignasse, là où il s'était cogné. Il la porta ensuite devant ses yeux, et la vision du sang lui déclencha un nouveau flashback. De ses mains couvertes du sang de Jesse, de ses yeux bruns, à lui, ouverts pour l'éternité, figé sur un point invisible. La pluie, aussitôt, comme pour l'empêcher de se perdre dans sa tête, vint effacer le rouge de sa peau, mais la réaction de Milow fut immédiate. Il en oublia sa sœur et cette violente dispute.
Il se courba en avant, agrippant ses cheveux de ses deux mains, et éclata en larmes. Elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait, à présent, se moquer de lui, partir, l'insulter, il n'en avait plus rien à faire.
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Re: Teardrop
Mar 11 Fév 2020 - 21:09
Ryan lança un regard proprement déconcerté à son frère lorsque celui-ci lui avoua s’être senti vivant à l’extérieur. Les yeux ronds, elle le dévisagea alors d’un air stupéfait, comme si elle le voyait pour la première fois, et secoua la tête pour souligner l’absurdité de ses propos : « Tu dis n’importe quoi. » bafouilla t-elle alors, sans plus savoir si quel pied danser en compagnie de Milow. Il ne réalisait probablement pas la portée de ses paroles, ni à quel point celles-ci affectèrent sa soeur qui papillonna des yeux pour refouler les larmes qui y perlaient : « On n’était pas plus vivants dehors qu’entre ces murs ! » lui dit-il d’une voix tremblante en désignant la cour du fort d’un geste de la main : « On n’est pas des putains de prisonniers ici, Milow ! Rentre-toi ça dans le crâne. » Sans doute Milow avait-il l’impression d’être un oiseau en cage depuis son arrivée au fort ; sans doute percevait-il les murailles de celui-ci telles des barreaux qui le privaient de sa liberté. Quoiqu’il en soit, ce n’était pas le cas de Ryan. À ses yeux, ces murs les protégeraient au contraire des monstres qui rôdaient à l’extérieur et préservait ce sanctuaire où il faisait bon de vivre au sein de ce monde cruel. L’un et l’autre n’avaient pas la même perception des choses : là où Milow voyait le verre à moitié vide, Ryan le voyait en effet à moitié plein.
« Jesse aurait voulu qu’on reste ici. » asséna t-elle ensuite d’une voix plus ferme, tout en sachant pertinemment que l’évocation de leur aîné ne se ferait pas sans accroc chez Milow - qu’elle lui ferait mal : « C’était chez lui ! Pourquoi est-ce que nous, on ne pourrait pas y trouver notre place ? » Une part de Ryan connaissait cependant d’ores et déjà la réponse de Milow à ce sujet. C’était précisément Jesse, ou tout du moins son fantôme, qui hantait Milow et l’empêchait de s’intégrer à Nisqually. Les vestiges de sa présence en ces lieux lui rappelaient continuellement le drame qu’il avait vécu et le tourmentaient sans relâche, comme un poison vous consume petit à petit jusqu’à vous tuer. Ryan le voyait très clairement, en dépit de ses questions et de sa prétendue obstination à ne pas comprendre son frère. Un mélange de peur et d’égoïsme l’empêchait en effet de reconnaitre la vérité et de l’accepter. La jeune femme savait au fond d’elle que jamais Milow ne serait capable de se sentir chez lui au fort - et que jamais il n’y trouverait la paix. Tôt ou tard, il lui faudrait partir. Autrement, jamais il ne parviendrait à guérir du traumatisme que représentait pour lui la mort de Jesse.
« Nous non plus on est pas des héros, Milow ! » dit Ryan tout en se laissant finalement envahir par les larmes : « On ne peut pas continuer comme ça ! Ça ne marchera pas ! Ça ne marche plus ! » Dans un geste enfantin, elle essuya alors son nez d’un revers de manche et marmonna si bas que le vent emporta aussitôt ses paroles : « J’veux pas partir, moi. » Plus que jamais, elle redoutait la seule issue possible à ce conflit. Le fait d’en prendre aussi clairement conscience effraya subitement Ryan, comme si, tel un couperet, la décision menaça à partir de cet instant de tomber et de les séparer à jamais l’un de l’autre. Si elle ne dit rien, son expression fut évocatrice car Milow lui interdit aussitôt d’exprimer cette frayeur qui les rongeait tous les deux.
Elle fut complètement prise et dépourvu et atterrée par les propos suivants de Milow qui prétendit que Selene voulait le tuer. Certes, Ryan avait été témoin des tensions et des violentes altercations entre son frère et la jeune femme, mais jamais elle n’aurait imaginé celle-ci capable de lui en vouloir à ce point : « Tu en es certain ? » demanda t-elle lentement en plissant les yeux : « Qu’est ce qui te fait dire ça ? Et qu’est ce que t’as fait, toi, pour qu’elle veuille te faire la peau ? » Ryan doutait que tout le camp souhaite la mort de Milow, mais elle savait discerner la vérité des exagérations et mensonges que proférait régulièrement son frère lorsqu’il était dépassé par ses émotions. S’il se croyait menacé, il devait y avoir une bonne raison à ça : « J’la laisserai pas te faire du mal de toute façon ! » dit alors Ryan, féroce, tandis que l’envahissait une bouffée de hargne : « Jamais. »
En proie à une vive colère, elle avait ensuite violemment repoussé Milow après qu’il l’ait lui-même bousculée. Ryan regretta cependant son geste lorsque son frère perdit l’équilibre à cause d’elle et s’effondra en se cognant au passage la tête contre le banc. Mortifiée, la jeune femme blêmit alors et ne dit rien lorsque Milow se redressa vivement sur ses jambes pour vociférer à son visage toute sa peur et sa colère. Pétrie par la honte, la jeune femme ne pipa mot et encaissa alors sans broncher ses cris : « Milow… » fut tout ce qu’elle marmonna finalement, lorsque son frère se laissa à nouveau tomber sur le banc pour s’y recroqueviller et pleurer : « Milow, je suis désolée… »
Sans hésiter, Ryan se laissa alors tomber à genoux devant Milow et le prit doucement dans ses bras pour le bercer contre elle. Et ce sans plus le moindre égard pour la pluie qui battait son plein et la boue dans laquelle trempaient ses jambes. Seul comptait son frère - et personne d'autre.
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