Le départ de Richard avait été compliqué à digérer et je devais bien me rendre à l’évidence, ce n’était toujours pas le cas. Cependant, je n’avais pas le choix et faire avec était la seule chose valable qui restait à faire. J’avais toujours ce poids sur le cœur, mais que faire de plus ? Attendre que le temps face son œuvre sans doute. C’était en partie pour cette raison que je m’occupais et ceux chaque jour un peu plus. J’avais peur de ce que l’avenir nous réserverait, est ce que bientôt Charlie et Ava nous quitteraient elles aussi ?

Cette idée me faisait peur, mais j’essayais de rester positive et de ne pas laisser mes démons parler à ma place. Je devais continuer d’être moi même et de sourire à la vie. Si personne n’était capable de rester positif sur ce bateau, nous finirions sans doute en dépression avant même d’avoir le temps d’y songer. Enfin, aujourd’hui, j’avais décidé de m’occuper des cabines qui n’étaient toujours pas utiliser. Il fallait les nettoyer de fond en comble, les isoler un peu et surtout déplacer tout ce qu’il y avait à l’intérieur si on voulait pouvoir les rendre vivable. Allen c’était déjà occupé de rassembler le matériel de l’isolation, il disais ne pas être un pro, mais pourrait s’en occuper à condition qu’on puisse avancer de notre coté sur le reste. J’avais besoin de bras pour m’aider et visiblement bon nombre de personne ici était déjà occupé, peut être qu’Ava avait un peu de temps à m’accorder, sauf si elle était parti avec Charlie. Il était encore tôt, je pouvais toujours essayer de voir si elle était dans sa cabine, l’avenir me le dirais.

- Ava ? Tu es là ?

J’avais prononcé ses mots après avoir frappé doucement à la porte de la cabine qu’elle occupait. Évidement, j’avais dans l’espoir de ne pas déranger et surtout de pouvoir compter sur elle pour m’aider. A deux on irait plus vite et c’était sans doute une bonne occasion pour souder les liens qu’on avait entre nous.

- Je veux pas déranger, mais si tu as un peu de temps, je cherche quelqu’un pour m’aider à rendre viable les autres cabines.

Dans le fond, on en avait pas encore d’utilité puisque le départ de Richie et ses fils avaient fait un peu de place, mais tout de même ce serait vraiment cool de pouvoir dire que finalement le travail était fait. Ce serait long sans doute pas très amusant, mais la survie ça passait aussi par ça, l’entretien de notre chez nous et son amélioration constante. Quand enfin, j’aperçus la blonde, je lui offrais un sourire chaleureux, j’aimais cette femme, j’avais l’impression qu’à chaque fois qu’on passait du temps ensemble, je retrouvais une amie de longue date alors que nous nous connaissions seulement depuis quelques mois.

Au-delà du départ surprise du départ de Richard et de ses fils, c’était la mort de Rafaël qui avait le plus bouleversé Ava. Elle parvenait enfin à se sentir chez elle sur ce bateau et commençait à nouer des relations avec chaque membre de la faction, notamment avec Rafaël avec qui elle partait régulièrement en réapprovisionnement. Il avait été extrêmement patient avec elle, la présentant personnellement à chaque vendeur du No Man’s Land qu’ils croisaient et avec qui il avait l’habitude de marchander. Peu à peu, Ava avait pu prendre ses repères et était devenue bien plus efficace dans le marchandage, grâce à lui.
Alors, quand Rafaël ne revint pas d’une expédition à laquelle la blonde n’avait pas participé car elle était occupée sur le bateau ce jour-là, ce fut comme si tous ses repères à l’extérieur du navire venaient d’être réduis en poussière.
Dans les jours qui suivirent, Ava ne sortit pas un seul pied du bateau qu’elle considérait alors comme seul lieu à l’abri du danger. Mais était-ce réellement le cas ? Ce fut une des nombreuses questions qu’elle se posa durant ses longues heures passées à récurer le bateau dans toute sa longueur. La disparition si brutale de Rafaël lui rappela entre autre que le monde extérieur restait un danger constant et qu’un drame était vite arrivé. Et pourtant, Ava sortait régulièrement dans ce monde, toujours accompagnée certes, mais avec cette naïveté qu’il ne lui arriverait rien. Et si elle avait été avec Rafaël ce jour-là ? S’en seraient-ils sortis ? Ou aurait-elle péri avec lui ? Et Charlie alors ? Que serait-il advenu de la femme qu’elle aimait plus que tout au monde ? Cette pensée la hantait quotidiennement et, inconsciemment, l’ex reporter faisait toujours en sorte de ne plus être loin de son amie lors de ses tâches, esquivant au mieux les propositions de sorties pour ravitaillement.
Le départ de Richard et de ses fils dans les jours qui suivirent le décès de Rafaël fragilisèrent un peu plus la pensée idéaliste qu’avait la blonde de ce lieu. Si même le leader de la faction venait à partir, comment celle-ci allait survivre ? Après tout, un leader était le ciment d’un groupe, celui qui régulait et qui motivait ses membres, celui qui veillait à la survie de la faction et à son harmonie.
Tous ces doutes qui la rongeaient au fil des jours, Ava avait pris soin de ne pas les signaler à Charlie car bien qu’elle ait également trouvé sa place au sein du bateau, la blonde savait pertinemment que si elle lui dévoilait ses incertitudes son amie s’en emparerait et proposerait leur départ. Pour le moment, ce n’était pas une option et Ava comptait persister et mettre à mal ces idées qui la tourmentaient. Aujourd’hui, la faction était toujours debout et tentait de se renforcer chaque jour, ce n’était pas le moment pour douter.

Ce matin, Charlie s’était levée aux aurores pour aller s’occuper de l’armurerie, en tout cas c’est ce qu’avait compris la reporter tout juste arrachée des bras de Morphée lorsque son amie avait quitté la cabine. Elle s’était rendormie une petite heure puis s’était finalement réveillée  à une heure qui lui était plus habituelle que celle de l’ex lieutenante. Ava venait de finir de s’habiller et de se débarbouiller le visage lorsqu’on frappa à la porte de sa cabine, une voix familière résonnant alors dans le couloir.

- Oui ?

Après avoir signalé sa présence, Ava s’empressa d’aller ouvrir sa porte pour accueillir Lucia et surtout éviter de communiquer à travers une porte, chose très agaçante. Elle salua d’ailleurs la jeune femme d’un doux sourire puis ouvrit un peu plus grandement la porte de la cabine afin de garder un visuel avec elle tandis qu’elle attrapait ses chaussures pour les enfiler.

- Bien sûr, tu peux compter sur moi.

Ava était toujours partante pour travailler aux côtés de Lucia et en apprenait beaucoup avec elle. Elle avait été si chaleureuse et accueillante avec le duo lors de leur première rencontre puis lors de leur arrivée qu’il n’avait pas fallu longtemps pour que la blonde lui voue toute sa confiance et son amitié.

- Tu as prévu d’en faire quoi ? Interrogea-t-elle.

La blonde était rapidement arrivée pour lui ouvrir et c’était fort agréable de voir quelqu’un d’aussi réactif. Pour moi c’était important d’avoir des personnes appliqués dans le groupe et il n’y avait pas à dire, elle gagnerait à s’intégrer un peu plus, malheureusement une des personnes avec qui elle était si proche était morte, il y a peu de temps. C’était aussi pour ça que j’étais venue la voir elle. Je savais qu’elle aurait besoin d’en parler comme j’avais besoin d’évacuer aussi la trahison de Richard. Elle voulait savoir ce qu’on allait faire, ce ne serait pas le travail le plus valorisant, mais j’avais envie de croire que ça pourrait faire du bien ne serait ce que pour sortir de cette morosité latente.

- Ce ne sera pas grand-chose de vraiment fou comme occupation, mais j’aimerais un coup de main pour le nettoyage et la réparation des cabines qui ne sont pas utilisées. Pendant qu’on fait ça, Allen s’occuperait de l’isolation.

L’isolation était déjà présente, mais il était surtout question de vérifier que tout allait bien. Qu’il n’y avait pas eu de moisissure de fuite, ou une quelconque dégradation de l’endroit depuis le temps qu’il n’était pas habité. Il y avait une grosse couche de poussière sur chacune des cabines, mais après tout, on était là pour ça, on allait se salir, transpirer, mais c’était une façon d’assurer la suite de ce bateau. Je lui offrais un sourire amical, je ne pouvais pas en rester là. Je devais lui donner aussi le fond de ma pensée.

- Et puis, je l’avoue,c’est aussi un prétexte pour qu’on puisse échanger un peu. Je suis certaine que tu as besoin d’un peu de soutien.

En vérité, si je le savais c’était parce que moi aussi j’en avais besoin. Je n’allais pas m’en cacher, nous étions toutes deux humaines et nous avions le droit d’avoir des faiblesses. Je lui offrais un sourire amical en lui disant de me rejoindre quand elle serait prête. Je devais encore donner les informations à Allen. Il ne me fallut pas longtemps pour lui trouver et lui indiquait que nous allions nous mettre au travail dans quelques instants. J’avais attaché mes cheveux en une queue de cheval bien haute pour ne pas être embêté par ses derniers lors de l’aménagement et j’avais troqué mon pull pour un t-shirt, il faisait froid, mais quand j’aurais commencé à bouger je n’allais plus le sentir bien longtemps. Ava me rejoignait rapidement et je lui exposais la situation.

- On commence par celle du fond, se sera le plus simple. L’idée c’est de retirer tout ce qui ne sert à rien. On ira le stocker dans la soute après. Tout ce qui doit rester sur place, on le place au centre de la pièce pour faciliter les travaux à Allen. Est-ce que c’est clair pour toi ?

Attendant d’avoir une réponse de sa part, puis une fois que j’avais compris que c’était bon pour elle. J’ouvrais la porte en question. Il faudrait commencer par chasser la poussière. Heureusement, j’avais réussi à recharger un aspirateur sans fils grâce à la batterie d’une voiture. On allait commencer par ça. Une fois terminer, je m’intéressais à déplacer les premières choses qui n’avaient rien à faire ici dans le couloir. Puis après quelque temps, tout en continuant l’effort, j’ouvrais la discussion avec Ava.

- J’ai bien remarqué que tu étais assez proche de Rafaël, tu arrives à faire ton deuil ?

C’était important d’en discuter si elle en ressentait le besoin. Je n’étais pas Richie, je n’étais pas le chef de ce groupe, mais j’étais un des piliers. J’étais ici depuis le début. J’étais toujours le bras droit. Bref, fidèle au post, je n’avais pas bougé.

Alors qu’elle se démenait avec ses chaussures pour les enfiler rapidement et faire ses lacets le plus vite possible pour ne pas que Lucia ne l’attende trop longtemps, les lèvres de la blonde se pincèrent lorsque son amie fit allusion à la disparition de Rafaël. Instantanément, sa gorge se noua et Ava se contenta de hocher la tête en réprimant un mince sourire en direction de la jeune femme. Bien que Charlie la soutienne au quotidien, savoir qu’elle pouvait se confier à quelqu’un d’autre sur ce bateau venait de mettre un peu de baume à son coeur.

Tandis que Lucia s’éloignait dans le couloir pour aller informer Allen, Ava se dépêcha d’attraper un élastique sur la table de chevet et attacha ses cheveux afin de ne pas être gênée pour ce qu’elles allaient faire. Elle rejoignit ensuite Lucia jusqu’à la première cabine qu’elle voulait nettoyer. Les manches relevées et les mains sur les hanches, la blonde écouta attentivement ce qu’avait sa partenaire à dire, ses prunelles parcourant de fond en comble la cabine afin d’analyser au mieux ce qu’elle allait devoir faire.

- Tout à fait clair mon capitaine répondit-elle en s’emparant vivement de l’aspirateur que la brune avait ramené.

Lorsqu’elle l’alluma, Ava resta quelques secondes à s’émerveiller de son fonctionnement. Cela faisait maintenant plus de quatre ans qu’elle n’avait pas allumé un aspirateur. Dans ce nouveau monde, un geste auparavant si anodin voir même lassant était une découverte pour l’ancienne reporter qui s’extasia de la vitesse à laquelle elle réussit à débarrasser de sa poussière la cabine. Lorsque Lucia déplaçait des meubles, Ava se chargeait de passer derrière elle en un éclair jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus besoin.

Elle s’occupait depuis quelques minutes de récurer avec une éponge et un seau d’eau une étagère lorsque Lucia brisa le silence qui s’était installé après quelques échanges de banalités. La gorge de la photographe se noua derechef et ses yeux se perdirent quelques secondes dans ce qu’elle était en train de faire. Elle finit par répondre sans pour autant détacher son regard de sa tâche, elle savait pertinemment que croiser le regard de son amie risquait de raviver en elle des émotions qu’elle tentait de contenir.

- Disons que... Ce n’est pas facile tous les jours souffla-t-elle. Ce fut si... brutal.

Elle racla sa gorge et se força à déglutir. Bien qu’elle ne l’ait pas connu très longtemps, Ava s’était attachée à son partenaire de ravitaillement et le perdre ainsi lui rappelait sans cesse à quel point ce monde pouvait prendre tout ce que bon lui semblait, sans avertissement.

- Il était si gentil rebondit-elle, le ton de sa voix s’étant cassé par rapport au début de leur conversation.

Elle était partant pour me donner un coup de main et c’était d’autant plus appréciable qu’il y en avait des choses à faire sur le bateau. Il ne me fallut pas l’attendre longtemps pour qu’elle mette à son tour la main à la pâte. Il fallait bien évidemment vérifier que les installations fonctionnaient bien et c’était loin d’être facile. Je me concentrais d’abord sur la petite salle de bain de la cabine. Le plus gros avait déjà été nettoyé, mais j’avais l’impression qu’il y avait de légers soucis de plomberie. Sans doute quelques joints à changer, heureusement, on en avait trouvé quelque temps auparavant lors d’une sortit. Finalement, on travaillait surtout dans le silence, mais le fait de devoir travailler ensemble me fit reprendre la parole. Peut-être que je n’aurais pas dû parce que la réaction d’Ava me fit de la peine. Elle était si adorable et pourtant, je l’avais presque blessée, enfin, je savais que ce n’était pas le cas, mais que je parlais d’un sujet sensible. J’essayais alors de réagir de la façon la plus humaine possible pour lui faire comprendre ce que je ressentais.

- Malheureusement ce n’est pas avec de la gentillesse qu’on survie dans ce monde, Liam me la suffisamment répété pour que ça rentre dans ma petite tête, même si c’est loin d’avoir l’effet qu’il aurait escompté.

Je me voyais en elle et son deuil était aussi le mien, le deuil était même le nôtre, nous avions tous perdu des gens qui comptaient pour nous et ça faisait mal. Aujourd’hui on devait faire avec et c’était dur. Je comprenais en tout cas le fait qu’il était gentil, mais dans le fond, je l’avais toujours senti étrange. J’avais sans doute un peu tard, mais maintenant il n’était plus là pour me prouver le contraire. Je souriais en essayant de me montrer avenante et continuer de la soutenir sur le sujet. Lui parler de mon ressenti permettrait sans doute de la mettre en confiance après tout.

- J’ai l’impression d’avoir perdu Richard une seconde fois même s’il n’est peut-être pas mort et qu’il est simplement dehors, ça me fait peur pour lui.

Nous étions amis depuis si longtemps, je ne comprenais pas son choix, mais je n’avais pas le choix puisque c’était ce qu’il avait fait. Je baissais la tête comme pour me cacher de mes sentiments, non, je n’allais pas pleurer, mais je sentais ma gorge se nouer. La trahison ce n’était pas évident à accepter, peut être même plus que la mort au final.

- J’espère en tout cas qu’on a fait du bon travail en relançant le groupe à notre façon.

Pour le coup, j’avais peut-être besoin d’être un poil rassuré après tout, j’avais caché mes sentiments vis-à-vis de tout ça jusqu’à présent. Il était peut-être tant pour moi de relâcher la pression et de ne pas être simplement une des têtes pensantes de ce groupe et juste Lucia.

La gentillesse ne permettait pas de survivre dans ce monde. Ce n’était pas la première fois que Ava entendait de tels propos, ou du moins des propos semblables. Pourtant, elle continuait d’y croire, elle continuait d’espérer que l’humanité finirait par se serrer les coudes au lieu de se marcher dessus pour la moindre denrée alimentaire. Ses parents l’avaient éduquée ainsi. Toute sa jeunesse, la blonde avait été la bonne copine, toujours présente lorsqu’on nécessitait son aide. Bien sûr, plusieurs fois cette trop forte gentillesse s’était mêlée à un soupçon de naïveté et Ava s’était laissé avoir par des personnes malintentionnées mais pourtant à chaque fois, la jeune femme retrouvait toujours foi en ce qu’elle croyait. Pour elle, chaque humain avait ce bon côté et, même en ces temps actuels, il était toujours possible de le rappeler.
Alors, peut-être que Rafaël avait été trop gentil, peut-être que Ava aurait été trop gentille aussi si elle avait été dans la même situation.

Ava haussa vaguement les épaules sans répondre puis reprit mécaniquement ce qu’elle était en train de faire, plongeant dans le seau puis  essorant avec vigueur l’éponge de temps en temps.
Lorsque Lucia évoqua le départ de Richard, les sourcils de la blonde se froncèrent. À vrai dire, elle ne savait pas comment réagir à ce départ si soudain. Devait-elle être en colère contre lui ? Devait-elle être triste ? Ou devait-elle le comprendre ? Lorsqu’elle y réfléchissait, Ava se mettait souvent à sa place et imaginait perdre aussi brutalement Charlie. En réalité, elle n’y réfléchissait que très peu car elle n’arrivait pas à imaginer ce scénario sans que son coeur se serre au point de restreindre sa respiration. Perdre Charlie lui était inconcevable et la reporter ne savait pas quelle serait sa réaction, si la colère l’emporterait ou non, si la tristesse la laisserait mourir à petit feu.
En revanche, bien qu’elle ne l’eut connu que quelques semaines, perdre un leader avait mis un sacré désordre dans la faction mais les plus anciens membres avaient très vite réagit, permettant au navire de ne pas couler.

- Richard n’est plus là mais nous si et je pense que, nous n’en serions pas là sans toi Lucia. Tu fais un travail monstrueux et nous t’en sommes tous reconnaissants.

La journaliste s’arrêta quelques secondes dans sa tâche pour relever la tête et adresser un doux sourire à sa congénère. Elle se doutait que prendre les rennes de la faction de cette façon n’était pas du tout une passation idéale et pourtant Lucia s’en débrouillait très bien.

Les choses n’étaient pas forcément faciles à dire ou à encaisser et pourtant, on avançait petit à petit. J’avais un sourire sur le visage quand elle me confirma qu’on avait fait les choses bien. Je n’aurais jamais cru qu’on en serait arrivé là. En tout cas, j’étais heureuse de pouvoir compter sur Charlie et elle maintenant, c’est en passant un bras sur mon front pour repousser les gouttes de sueur que je la regardais avant de lui répondre avec une joie non dissimuler.

- Oh c’est trop gentil…

J’étais vraiment sincère, pour moi c’était dur, j’avais du mal à assumer tout ça. Donner des règles ça ne me plaisait pas, j’agissais plutôt comme une mère de famille que comme réellement un chef et c’était sans doute en partie pour ça que je n’avais pas voulu vraiment être la chef. Pour moi, je ne voyais pas comment vivre autrement. Le plus simple était sans doute d’avancer doucement, d’être proche et de soutenir chaque membre de ma grande famille. Plus je les connaissais bien, plus je pouvais les aider et les soutenir. En tout cas, c’était comme ça que je fonctionnais depuis des années et ce n’était pas aujourd’hui que cela allait changer.

- Enfin, c’est surtout à Liam qu’on a refilé le bébé, je ne me sentais pas d’être vraiment la chef, mais je suppose qu’on l’est plutôt tous les deux au final. En tout cas, je suis contente si ça te convient.

C’était loin d’être évident et pourtant tout semblait aller bien. Je souriais alors que je retournais à la tache de la salle de bain. Une fois que cette dernière eu fini, je pus fermer la porte de cette dernière, il restait encore l’intérieur de la pièce à faire, mais ce serait le travail d’Allen, on y était déjà depuis quelque temps, c’était fou de voir comment le temps avançait vite quand ont était occupé et qu’on discutait avec les gens autour de nous.

- Tu sais, ce n’est pas toujours facile, mais je pense qu’on arrivera à changer les choses à notre échelle. J’ai envie d’y croire.

Ce groupe en était la preuve, nous n’étions pas partis de grand-chose et pourtant, on continuait d’avancer petit à petit. On améliorer notre vie et j’étais persuadé qu’on pourrait recevoir plus de gens. Je souriais bêtement à tout ça, je me rendais vraiment compte de la chance qu’on avait. Je n’étais pratiquement plus obligé de sortir maintenant que nous étions plus nombreux ici. Du moins, je n’étais plus seul et restais toujours en compagnie des membres de mon groupe et non plus en permanence avec Liam, non pas que je n’étais pas heureuse de passer du temps avec lui, plutôt que j’étais contente de le retrouver.