Voilà tout juste un mois qu'Allïa était arrivée en ville. Elle avait fait le voyage depuis Detroit en compagnie de Joséphine, Isha et leur fille Gemma ainsi que Vaughn et Mallowe. Depuis le groupe s'était dispersé. Aujourd'hui, elle voyait encore régulièrement Isha et Mallowe. Son ami travaillait à la cage tandis que Mallowe faisait quelques petits boulots à droite et à gauche. Allïa, elle, ne parvenait pas à se poser quelque part. Travailler pour une personne ou un groupe ne la tentait pas particulièrement. Elle préférait largement subvenir à ses besoins seule pour le moment. Elle continuait à explorer les bâtiments aux alentours dans le but de trouver quelque chose d'intéressant à échanger au No Man's Land. Certes, la plupart des commerces avaient littéralement été vidés de leur contenu, mais avec un peu d'ingéniosité, elle parvenait à trouver des boîtes de conserve ou des vêtements pouvant encore servir. Elle était devenue forte pour fouiller les moindres recoins ou trouver des endroits dissimulés aux yeux de tous.

La jeune femme avait donc décidé de s'éloigner un peu ce matin et de poursuivre ses recherches. Elle trouva un ancien salon de coiffure et y rentra. Les fauteuils étaient renversés. Elle parvint à dégoter une bouteille de shampoing à moitié vide qu'elle mit aussitôt dans son sac à dos. Ce genre de choses servait toujours, surtout pour une femme. Allïa attrapa une chaise qui traînait et s'en servit pour regarder ce qu'il y avait au dessus des placards. Par habitude, elle savait que ce n'étaient pas des endroits où les gens pensaient forcément à regarder. Bingo, un large sourire illumina le visage de la brunette lorsqu'elle aperçut le sac a main qui y traînait. Comment avait-il fini là ? Aucune idée et honnêtement elle s'en fichait bien. Elle ouvrit le sac à main et y trouva deux barres de céréales et miracle, un paquet de cigarettes à peine entamé. Il y avait également un porte feuille avec des photos. La jeune femme jeta les photos mais conserva le porte feuille. Allïa fourra le tout dans son sac et sortit.

Elle continua sa route et croisa quelques rodeurs qu'elle prit soin d'éviter, préférant éviter une confrontation pour le moment. Ses pas la menèrent devant un ancien bar. Elle aurait pu poursuivre son exploration plus loin car c'était typiquement le genre de commerce à avoir été dévalisé en premier mais quelque chose attira son regard. L'endroit semblé protégé, vraiment très protégé. On pouvait voir des barricades aux fenêtres, au balcon, la porte close. Allïa fut donc forcément interpellé. Elle se dit qu'avec un peu de chance, son propriétaire était mort depuis ou avait peut être quitté les lieux en laissant tout en l'état. Chacun pour soi c'était le refrain depuis l'apocalypse non ? Elle étudia les lieux attentivement et tenta de se rapprocher. Par chance, au dernier moment, elle vit la fine corde reliée à des clochettes, probablement pour avertir au cas où un rodeur s'aventurait par là. Allïa l'enjamba avec précautions, elle préférait ne pas attirer les rodeurs croisés plus tôt. Elle sortit alors son arme à feu, prudente. Elle ne savait pas sur qui elle pouvait tomber si les lieux étaient encore habités. La brunette évita également les deux pièges à ours disposés au sol.

Évoluant entre les obstacles, elle arriva jusqu'à la porte d'entrée. Celle-ci était bien évidemment fermée. Allïa fit le tour et vit à l'étage une fenêtre qui avait l'air moins protégée que les autres. Elle escalada sans peine jusqu'à elle mais lorsqu'elle posa sa main sur le rebord, elle sentit une douleur irradier tout son bras. Lâchant un petit cri de surprise, elle retira sa main et découvrit une profonde coupure. Des tessons de verre avaient probablement étaient placés sur le rebord de la fenêtre pour éviter une intrusion comme Allïa s'apprêtait à le faire. Elle redescendit jusqu'au sol et chercha de quoi compresser sa blessure. Le sang coulait. La plaie devait être assez profonde. Elle enleva un petit morceau de verre qui s'y était logé et pesta.

Après avoir passé près de trois jours à troquer au No Man’s Land, Kilian revenait au Squat avec son pack-sac bien remplis de victuailles en tout genre ; assez remplis, pour pouvoir tenir plusieurs jours sans avoir besoin de sortir. La récolte avait donc été excellente ! D’abord, parce qu’il avait mis toutes les chances de son côté en enfilant ses plus beaux habits et en soignant son apparence pour faire bonne impression et taper dans l’œil de ces marchands de l’entrepôt. Et, pour ce qui était de taper dans l’œil, il n’y était pas allé en demi-mesure ! Disons qu’il y parvenait remarquablement bien avec ce complet-cravate qui lui allait comme un charme ! Il contrastait, juste ce qu’il faut, pour attirer les regards dans sa direction ; et dieu sait qu’il appréciait particulièrement être l’objet de toute cette attention. Fin négociateur – et manipulateur à souhait – l’homme avait donc usé de son charisme à son avantage. Ayant eu maintes occasions, par le passé, de peaufiner son art dans les échanges commerciaux et développer une technique de vente qui lui fonctionnait.

D’ailleurs, comme pour ajouter du succès à son troc des derniers jours, le barbu hirsute avec qui il faisait régulièrement affaire, était passé faire son tour – après plusieurs semaines à ne plus avoir eu de ses nouvelles, Finch en était venu à le croire mort et enterré, mais non… Ce pouilleux tenait remarquablement bien le coup, vu les circonstances ! Kilian lui avait donc échangé deux excellentes bouteilles de whisky, contre, tenez-vous bien ; trois belles carcasses de lièvre et deux perdrix bien dodues ! C’était donc payant, pour le cogérant, d’avoir un ivrogne comme lui dans sa manche. Ensuite, il y avait eu cette femme, à qui il avait négocier un sac de pommes de terre contre une pile de bouquins pour ses gosses et quelques pièces de vêtements saisonniers. L’homme qui avait suivi, avait eu, quant-à-lui, besoin de pièces automobile, ainsi qu’un paquet de clopes, en échange d’une machette – pour remplacer celle que Finch avait perdu à la fin-novembre – et une cartouche de 9mm pour son Glock. Il y avait aussi eu quelques échanges de services par ci, des poignées de mains par là et juste ce qu’il faut de réseautage pour étendre son influence. Un trois jours bien productif, donc !

Sur le chemin du retour, Kilian avait dû dissimuler sa moto à plusieurs pâtés de maisons de là – en raison d’un groupe de "Mignons" qu’il ne voulait surtout pas risquer d’entrainer dans son sillage, jusqu'au Squat. Bien sûr, il allait repasser chercher sa Harley un peu plus tard et, au passage, dégommer quelques infectés qui râlaient un peu trop près de chez lui… Mais pour l’instant, il était juste impatient de regagner son toit et de se retrouver dans ses affaires. Il avait côtoyé bien assez de vivants comme ça pour cette semaine ! Franchissant donc les derniers kilomètres à pied, son pack-sac bien calé sur son dos, Finch avait entendu le cri de la jeune femme tout juste avant de la voir elle ; agrippé au rebord de la fenêtre de son Squat !

Grinça des dents – furieux de voir que cette petite garce avait escalader le mur de son refuge – il se félicita tout de même intérieurement pour avoir astucieusement placer ces morceaux de verre au pas de sa fenêtre. S’empressant de dissimuler son pack-sac dans une benne à ordure, juste au cas où les choses tourneraient mal, Kilian s’était ensuite silencieusement approché de l’intruse qui lui faisait dos. La tenant en joue avec son Glock chargé, il la fixait avec hostilité. Lâchant sur le ton de la menace ; « Je dégagerais d’ici et vite, si j’étais toi ! »

Très clairement, Allïa s'était faite avoir comme une débutante. Concentrée sur sa plaie qui continuait de saigner, elle avait relâché son attention et n'avait pas entendu l'homme arriver derrière elle. La jeune femme pesta intérieurement contre son manque d'attention. Ce n'était pas son genre. Habituellement, c'était plutôt l'inverse. C'était elle qui surprenait les autres. Elle savait se montrer suffisamment silencieuse et agile pour se glisser auprès des autres sans bruit. Elle se mordit la lèvre. L'homme lui dit qu'elle ferait de mieux de dégager. Nul doute qu'il devait être armé. Elle leva les mains par reflexe et se retourna doucement pour voir à qui elle avait affaire. C'était un homme plutôt grand, la trentaine, musclé. Il n'avait pas l'air ravi de la trouver là et ça pouvait se comprendre. Si elle surprenait quelqu'un en train de tenter de pénétrer dans la camionnette, elle lui réserverait très certainement le même accueil, mais bon, c'était le jeu, non ? Depuis l'apocalypse, c'était chacun pour soi. Chercher sans relâche de nouvelles ressources pour soi ou pour échanger était devenu le quotidien de tous. Non ? L'inconnu en face d'elle n'en était certainement pas à sa première tentative d'infraction dans son domicile. Allïa était curieuse de voir ce qu'il cachait à l'intérieur et quand quelque chose attisait sa curiosité, elle ne lâchait pas le morceau facilement.  

La jeune femme plissa les yeux et montra du doigt le batiment où elle avait tenté de pénétrer. "Ok, je suppose que c'est chez toi ici, non ? Désolée, je pensais que c'était... inhabité." Son regard passa du bar à l'inconnu en face d'elle. "Pas mal l'idée des morceaux de verre en tout cas, je me suis faite avoir comme une débutante." Elle continua ensuite : "Tu devrais descendre ton arme. Je suis sûre que t'as pas très envie de te retrouver avec une horde de rôdeurs chez toi... Et franchement, je suis pas sûre que tu sois particulièrement en danger avec moi." La jeune femme haussa les épaules. C'était la vérité, il faisait genre 20cm de plus qu'elle et quasiment le double en poids. Ok, elle savait plutôt bien se défendre et grâce à Isha, elle savait bien se battre mais bon, pour autant, il la mettrait très facilement à terre s'il le voulait. Et puis, elle pouvait aisément deviner sous ses vêtement, qu'il devait s'entretenir et était plutôt bien musclé. "C'est bon, je vais partir." Elle se pencha pour ramasser son sac à dos et son arc.

Soudain, Allïa remarqua qu'au coin de la rue, à quelques centaines de mètres de là, plusieurs rôdeurs venaient dans leur direction. De là où ils étaient, ils ne pouvaient pas entendre leurs grognements mais les morts vivant se dirigeaient sans hésitation vers eux. La jeune femme hésita quelques secondes entre ne rien dire et partir en courant en sens inverse et le laisser se démerder seul ou lui dire la vérité et peut être se montrerait-il clément en la laissant se réfugier chez lui. "Derrière toi, on est pas seul.." Allïa sortit son arc. Ils étaient neuf et elle n'avait que sept flèches. La jeune femme leva son arc, laissant une petite grimace apparaitre sur son visage. Sa  blessure à la main était douloureuse. Faisant fi de la douleur, elle tira et la première flèche alla se planter dans le crâne du premier rôdeur. Elle espérait qu'ils ne soient pas davantage. C'était fréquent qu'ils se déplacent en grand nombre et dans ce cas-là, mieux valait ne pas croiser leur route. Les rôdeurs étaient infatigables et pouvaient vous courser sur des kilomètres…

La jeune femme qu’il tenait en joue s'était figée en entendant sa voix. Comprenant qu'elle avait une arme braquée sur son dos, elle eut le juste réflexe de lever les mains en l'air afin de démontrer qu'elle ne représentait aucun danger, avant de se retourner doucement pour faire face à son assaillant. Là, Kilian pu détailler plus attentivement cette voleuse qui avait tenté de s’infiltrer chez lui. Braquant un regard mauvais dans sa direction. La scrutant de la tête aux pieds, froid et impassible. Il ne faisait absolument aucun doute qu’il tirerait sans hésitation si Allïa faisait le moindre petit geste menaçant.

L’homme n’avait pas, le moins du monde, bronché lorsqu’elle s’excusa d’avoir cru que le bar était "inhabité"… Mais oui, bien sûr. Et lui, il était le pape ! Il ne broncha pas, non plus, lorsqu’elle le félicita pour les morceaux de verre placés au pied de sa fenêtre. Il n'était pas dupe – oh ça non – et il voyait très claire dans son petit jeu ! Elle essayait simplement de l’endormir par ses belles paroles et son mea-culpa comme quoi elle s’était fait avoir comme une débutante. Essayant de lui faire baisser la garde, en flattant son égo, alors qu’elle savait pertinemment qu’elle était en une putain de mauvaise posture ! Il ne broncha pas davantage – ou enfin, à part peut-être ce léger sourire mesquin qui vint étirer la commissure de ses lèvres – lorsqu’elle lui proposa d’abaisser son arme. Ajoutant qu’il n’avait certainement pas envie de se retrouver avec une horde de rôdeurs chez lui… « T’en fait pas pour moi. Je saurai faire avec les charognes si elles rappliquent. Garde plutôt tes inquiétudes pour toi-même… Tu risques fort d'en avoir de besoin. » Continua-t-il de la menacer, ne lui démontrant aucun signe d’indulgence.

Puis, lorsqu’elle lui laça, dans un haussement d’épaules, qu’il n’était pas particulièrement en danger avec elle, là, Kilian avait ri. Pour ça, elle avait parfaitement raison ! Il ne craignait absolument pas cette femme et il ne doutait pas, une seule seconde, qu'il puisse avoir le dessus sur elle, n’importe quand et ce ; même désarmé. Toutefois, Finch n'allait pas laisser passer, impunément, cette tentative de venir voler ses biens. Elle allait savoir à qui elle avait à faire et s’il – je dis bien s’il – acceptait de la laisser partir, il n’allait certainement pas le faire avant de s’être préalablement assurer que l'envie ne lui reprendrait plus jamais de remettre les pieds par ici !

« C'est bon, je vais partir » lui dit-elle en se penchant pour ramasser son sac à dos et son arc, mais dans un cliquetis menaçant, elle put alors entendre Kilian charger son pistolet. Réajustant l’angle de son canon pour bien l’enligner dans son viseur. Qui lui avait dit qu’elle pouvait partir ?! Elle n’était pas en position de prendre ce genre de décision et Kilian ne se fit pas prier pour le lui faire clairement comprendre ; « Ça, je ne crois pas non ». Il n’haussa pas la voix. Au contraire, même, il parlait dans un calme presque plus inquiétant encore que s'il avait haussé le ton… Un calme froid, glacial, qui laissait aisément percevoir son assurance. Une confiance en ses capacités qui n’augurait rien de bon. Et s’il remarqua les coups d’œil hésitant qu’elle jeta au-dessus de son épaule, fixant un point derrière lui, il ne détourna toutefois pas son regard d’elle. Ça aurait pu être une ruse de sa part ; une façon d’échapper à son attention. Après tout, ça ne pouvait prendre qu’une fraction de seconde pour qu’un revirement de situation ne survienne, il le savait parfaitement et n’entendait pas lui donner cette chance.

Mais lorsqu’elle annonça qu’ils n’étaient pas seul, Finch n’eut d’autre choix que de le vérifier par lui-même… Il ne pouvait tout de même pas courir le risque de se faire prendre par derrière sous le seul prétexte que ça pouvait n’être qu’une diversion… Détournant alors ses iris de la brune – rapidement, le temps d’une seconde et pas plus – il put constater qu’effectivement, plusieurs Mignons avaient déjà tourné le coin de la rue et s’amenaient maintenant dans leur direction. Tandis qu’Allïa tendait son arc et décrochait sa première flèche, Kilian était, quant-à-lui, venu se placer à ses côtés, avec un léger pas de recule sur elle pour pouvoir, en tout temps, la surveiller du coin de l’œil. Et si jamais, elle croyait qu’il la laisserait se réfugier chez lui, elle pouvait toujours rêver ! Jamais il ne ferait une telle chose… Toutefois, peut-être qui si elle l’aidait un peu avec ces morts, il accepterait de négocier un paiement respectable. Peut-être…

Rapidement, il fit le point sur la situation ; neuf morts – maintenant huit, avec le tir réussi de l’archère – et allez savoir s’il n’y en avait pas d’autres qui s’amenaient dans leur sillage… Encore six flèches dans le carquois de la jeune femme. Il ne resterait, donc, que deux morts pour lui, à la toute fin, parce qu’il était hors de question qu’il gaspille ses munitions contre des Mignons. Il préférait user du corps à corps et pour ça, il devait attendre qu’ils s’approchent.

« On va faire un marché, toi et moi Lança-t-il à la jeune femme qu’il tenait toujours en joue. On se débarrasse de ces morts et après on discutera. J’ai probablement deux ou trois trucs qui pourrait fortement t’intéressé… Entre autre, pour ta mains. » Il fit un geste du menton pour désigner la blessure qu'elle avait à la paume. Même si, en vrai, il n’en avait rien à foutre de sa main ! Et si c’était certain qu’il avait de quoi l’intéresser, rien ne garantissait toutefois qu’il respecterait sa part du marché… C’était une chance à prendre ! Et cette chance pourrait être payante. De toute façon, elle ne le savait pas encore, mais il était hors de question qu’elle passe son chemin aussi facilement. Ce n’était pas parce que la situation avait changé, qu’il avait oublié – ni pardonné, d’ailleurs – qu’elle ait tenter de s’infiltrer dans son bar !

Lancé de dé :

A priori l'homme ne voulait pas qu'elle reste mais quand elle fit mine de partir, il chargea son arme, prêt à tirer. Il ne semblait pas être d'humeur à plaisanter. "Alors tu vas me tuer dans cette rue, de sang froid ?" lui répliqua-t-elle froidement. A vrai dire, elle n'était pas sûre de vouloir connaître la réponse. Certes, il y avait une différence entre braquer une arme sur quelqu'un et l'abattre de sang froid, elle espérait donc qu'il était du genre à se dégonfler. Malheureusement, elle ne le connaissait pas et ne savait donc pas dans quelle catégorie le ranger. Dans tous les cas, elle ne fit rien qui puisse l'encourager à appuyer sur la gâchette. Elle resta de marbre, immobile, se contentant de le regarder froidement.. Par chance, elle repéra au loin des rodeurs qui venaient dans leur direction. Tiens, pour une fois qu'ils tombaient bien ceux la... Elle l'avertit. Il vérifia par lui-même et se recula légèrement, la gardant toujours en joue.

Allïa écouta sa proposition et secoua nerveusement la tête. "Deux-trois trucs hein ? Une balle dans le crâne aussi ? C'est dans le lot ?" Avant de lui répondre, elle redressa son arc, visa et une nouvelle flèche vint se planter dans le crâne d'un des rodeurs. Elle voulait juste qu'il constate de quoi elle était capable. Non pas pour l'impressionner ou tenter de lui faire peur, ça elle s'en fichait bien, mais uniquement pour que lui aussi respecte sa part du marché. Ces rodeurs, elle ne les louperait pas. Elle le savait. "Commence par baisser ton arme ou j'arrête de tirer." lui déclara-t-elle sèchement. Elle redescendit son arc et se tourna vers lui pour plonger un regard froid dans le sien. A vu d'oeil, il avait environ 2 ou 3 minutes pour se décider avant que les rodeurs ne soient trop prêts et qu'elle ne puisse plus les atteindre avec ses flèches.. Et disons que 7 rodeurs au corps a corps c'était jouable mais tendu quand même... Allïa partait sur une constatation simple : s'il ne baissait pas son arme, c'était tout simplement qu'il avait pris sa décision et qu'il comptait la tuer une fois qu'elle aurait éliminé les rodeurs. Dans ce cas là, elle se ferait un plaisir de laisser les morts vivant arriver jusqu'à eux et ils crèveraient tous les deux dans cette ruelle. C'était donnant-donnant. Elle n'était pas idiote ou naïve, elle en connaissait des sales coups et en avait fait autant qu'elle en avait reçu. "Tic.. Tac.." murmura-t-elle tandis qu'il semblait réfléchir et que les rodeurs progressaient vers eux... Allïa ne les quittait pas des yeux. Elle attendait seulement un geste de la part de son adversaire.

De longues secondes s'ecoulèrent jusqu'à ce qu'enfin il baisse son arme. Ce fut le signal pour qu'elle redresse immediatement son arc et tire une à une ses flèches en direction des rodeurs. Elle se concentrait à chaque fois
Toutes atteignirent leur cible sauf une. Elle pesta en voyant la flèche se planter dans le bras du rodeur qui continua sa route comme si de rien n'était. Elle l'avait loupé en beauté en plus. Tandis que les trois rodeurs se dirigeaient vers eux, Allïa hésita un instant sur ses intentions. Elle pouvait très bien se barrer là, maintenant et le laisser seul. S'il s'en sortait, tant mieux pour lui. S'il mourait là tant mieux pour elle, Allïa n'aurait qu'à revenir pour voir ce qu'il cachait à l'intérieur du bâtiment. Pourtant, elle ne quitta pas les lieux. La seule chose qui la retenait c'était ses flèches. Il lui fallait du temps pour en fabriquer et celles là étaient parfaites. Il y avait un juste rapport d'équilibre entre le tube en bois et la pointe en métal. Les matériaux étaient costauds et les flèches avaient presque une valeur sentimentale puisqu'elle se les étaient faites fabriquer au cours de leur voyage depuis Detroit, dans un groupe d'Amazones des temps modernrs. Alors non, elle ne voulait pas craindre de les perdre.

Allïa sortit son couteau et s'avança vers les rodeurs. Ils n'étaient ni très frais, ni trop vieux, le genre de mort vivant dont on ne pouvait pas estimer la date de mort. Celui de gauche avançait plus rapidement. Elle le laissa à l'homme à côté d'elle. Elle se chargea du deuxième. Celui qu'elle avait loupé avec sa flèche. Il n'était tout de même pas très très vif. Allïa arracha sa flèche avant de la lui planter dans le crâne. Ce dernier laissa échapper un craquement sinistre. La brunette fit une grimace de dégoût tandis que du sang s'ecoula quand elle retira la flèche et que le cadavre tomba à ses pieds.

Il ne restait donc plus qu'un seul rodeur. La jeune femme regarda l'inconnu. Allait-il s'en occuper ?