Putain d'soleil, j'suis toujours dans mon lit ? Il est quelle heure p'tain ? Ma tête tourne, les yeux piquent encore, p'tain j'ai dormis combien d'temps cette nuit ? J'lève la tête, y a personne autour de moi. Fais chier, j'ai loupé d'large encore l'moment où tout le monde bouge son cul, j'vais finir par me faire frapper par la big boss si j'fais pas au moins c't'effort là. J'appuie sur mes bras pour me relever, ça devrait le faire. J'souffle un coup, ouais ça va l'faire, j'sors du lit, j'regarde par la fenêtre, j'vois des gens dans la cour, fais chier. Quelques étirements et des habits enfilés à la va-vite et j'bouge. P'tain d'un point d'vue j'avais la belle vie mais d'l'autre j'me demande si c'était pas mieux quand j'dépendais d'personne et que j'étais libre d'faire ce que j'voulais de mes journées. La question s'posait sincèrement p'têt qui fallait qu'j'retourne à l'état naturel, j'étais p'têt fais pour être un monstrueux sauvage, qui pillait des maisons et qui faisait les yeux doux aux autres survivants pour s'les faire dans l'dos.

J'passe ma main sur mon visage, bon c'partis, j'vais essayer d'sortir sans m'faire voir, j'ai pas envie qu'on m'juge encore. J'sors la tête de la baraque, j'regarde les gens qui discutent un peu plus loin, ils ont l'air occupé alors j'me faufile derrière la baraque, j'ai fais mon d'voir d'homme en me levant maintenant c'était l'heure d'me taper une p'tite pause sur l'herbe fraiche. Je pose mon cul juste dans un angle mort des fên'tres c'était l'occasion d'pas s'faire chopper et d'rester tranquille pour un moment, quoi d'mieux que ça dans la vie franch'ment ? Bon, faut dire qu'après ce qui s'était passé, c'était clair que j'aurais pu servir à autre chose qu'à compter les nuages et à regarder l'ciel comme si c'était mon destin d'y être. J'arrache un p'tit morceau d'herbe pis j'le fais tourner.

J'me demande bien c'qui font les autres, y doivent s'faire chier à r'parer les conneries qu'on fait les rôdeurs pis les autres conneries qu'on fait les êtres humains, puisque de toute façon dans c'te putain d'apocalypse on passe son temps à faire ça...enfin les autres, parce qu'en général c'moi qui casse tout c'que j'trouve donc bon, J'souffle un coup, p'tain j'pense trop aujourd'hui, j'ferais mieux d'pas m'prendre la tête et d'laisser couler la journée comme d'hab, ça fait quand même deux mois qu'j'fais rien, c'plutôt un exploit ou alors y sont vraiment très cons.. ou trop gentils p'têt bien. J'repense à c'qui s'est passé ces derniers temps, si j'avais cru qu'un jour j'me battrais pour contenir une horde de rôdeurs alors que p'tain quelques jours avant j'étais occupé à m'toucher la nouille dans mon coin sans chercher à m'faire chier plus que de nécessaire. C'était presque l'bon temps, j'ai même une p'tite pensée pour mes potes qui y sont restés, ça m'fait chier pour eux, s'y y avaient su qu'en vrai y avait des places comme ça pour rien faire et pour profiter d'la vie j'suis sûr qu'ils se seraient moins fais bouffer.

Mais y a un truc qui m'sort d'mes pensées, un truc que j'connais trop bien, une voix. J'ferme les yeux, un instant, fais chier j'sens qu'j'vais prendre cette fois-ci. En plus j'reconnais la voix et mon sang s'glace, bordel, c'l'avion d'chasse qui revient faire un tour sauf que c'pas pour m'faire plaisir c'est pour m'bombarder la gueule à grand coup d'pied sûrement vu comme elle est aussi douce que du papier crépon c'te femme.

« Incroyable. » lâcha-t-elle en se plantant derrière Ashton, les bras croisés. « J'vois que je dérange ta petite séance de méditation quotidienne. » ajouta-t-elle quand elle réalisa qu'il venait de l'entendre. Il ne semblait pas particulièrement heureux de la voir là, évidemment - comme si elle en avait quelque chose à foutre. « J'imagine que c'est ta façon d'te préparer au travail qui t'attend? » Oh, ça n'avait rien d'une question. C'était très clairement une suggestion, pour ne pas dire un ordre. Elle n'avait pas ramené le petit cul de ce charmant jeune homme au camp pour qu'il le pose bêtement sur l'herbe jour après jour. Surtout après tout ce qui s'était produit récemment. Peut-être était-il aveugle, finalement? S'il avait besoin d'aide pour réaliser qu'il y avait beaucoup à faire, Martinez allait lui ouvrir les yeux.

Elle s'approcha, se postant devant lui en ne disant pas un seul mot. Reena ne faisait que l'observer en silence, comme si elle espérait pouvoir enfin lire un truc - n'importe quoi - sur son visage. Avait-il seulement envie d'être ici? Non parce qu'elle ne savait pas trop, finalement. Comment savoir si le sourire de débile imprimé sur ses traits était sincère ou juste une façon de se foutre de tout le monde? Pire encore, avait-il simplement manqué d'oxygène à la naissance? Dans tous les cas, il ne semblait pas savoir comment se rendre utile. Manque de volonté ou retard mental? La question se posait. Enfin, la brune était la seule à blâmer, puisqu'elle était la raison pour laquelle il était au camp, après tout. Autant remédier à la situation le plus tôt possible.

La militaire n'ajouta rien de plus, reculant légèrement. Il était peut-être temps de reprendre son sérieux légendaire. Elle soupira très légèrement, tentant de relâcher la pression dans ses épaules, avant de poser à nouveau les billes sur lui. Ses traits ne traduisaient rien, si ce n'est qu'une neutralité probablement trop typique. La mexicaine se recentrait, tout simplement. Elle savait pourquoi elle était là, ce qu'elle avait à lui dire, et pourquoi. Il n'était rien de plus qu'un autre survivant - comme eux. La mexicaine ne voyait pas ce qu'il pouvait y avoir de si différent, de si compliqué.

« Tu t'en sors, depuis notre retour d'expédition? » Aussi bien lui demander si quelque chose clochait; s'il avait une excuse quelconque pour se tourner les pouces à longueur de journée. « Enfin, depuis ton arrivée, tout ça? » De toute évidence, elle n'était pas douée pour converser. Mais elle se souciait de tout le monde ici, lui y compris. Avant tout par principes, certes, mais c'était plus que ça. Serena n'était pas du genre à se réjouir du malheur d'autrui, au contraire. Dans tous les cas, elle n'arrivait pas à savoir si lui se souciait de quoi que ce soit, et même si elle ne le montrait pas à l'instant, c'était probablement ce qui irritait le plus la demoiselle. Loin de s'énerver, pourtant, elle avait commencé à marcher vers le portail de l'entrée, là où plusieurs personnes, au loin, travaillaient plus fort qu'eux deux. Si c'était une façon de lui passer un message? Peut-être. Restait à voir ce qu'il allait bien pouvoir lui répondre.

J'entends les premiers mots qui sortent de sa p'tite bouche d'ange, incroyable. P'tain, dans un aut'contexte, être allongé et juste entendre sa voix dire ça, j'aurais bandé mais là j'crois qu'si j'dis ça elle m'trucide ou pire encore. D'toute façon elle est tarée c'te fille, j'en suis presque sûr, el'd'vait être du genre broute minou un peu folle qui veut qu'on la respecte pis ça marche bien parce qu'elle m'fait peur moi. Pis elle parle d'méditation comme si j'avais la gueule d'un p'tain d'bridés qu'à qu'ça à foutre d'être assis en tailleur à me branler les couilles en pensant à mon faux Dieu. Bon, j'me met un coude pour me relever et l'observer, elle a pas l'air contente l'petit ange mais j'm'en doutais un peu avant étrang'ment. J'essaye d'prendre un sourire un peu séducteur, l'genre d'trucs qu'même les p'tites d'moiselles dans son genre peuvent pas résister mais elle continue en disant qu'c'sûrement ma façon d'me préparer au boutot, pis c'est vrai en plus. J'suis du genre à avoir besoin d'préparations avant d'commencer à bosser moi, deux mois c'pas grand chose, j'lui dirais bien d'revenir m'chercher dans quelques semaines mais elle va sûr'ment m'latter les couilles bien comme y faut.

Pis elle s'approcha et j'avais envie d'sourire un peu plus plus avec un peu d'chance, elle m'tombait directement dans les bras pour m'avouer qu'elle avait rien envie d'branler non plus et qu'on pouvait passer la journée ici à discuter d'la vie ou mieux. Pis elle recula après un moment d'nouveau et j'peux pas m'en empêcher mais j'ai envie d'la faire chier, ça lui apprendra à troubler ma paix. "Ecoute, j'sais qu'ça a p'têt l'air que j'fais rien mais j'te promet j'fais un truc." Fallait que j'trouve de quoi m'justifier là tout d'suite. "J'suis en train d'voir si j'peux agrandir un bâtiment pour les nouveaux arrivants mais faut qu'j'vérifie la taille des emplacements selon les gens alors t'vois j'm'allonge et j'me met dans leur peau." Mon sourire s'étire, putain j'vais m'faire buter mais j'serais mort en héros. "Après y peut y avoir des couples mais j'suis tout seul donc si t'veux m'aider à voir ce qu'ça peut rendre en t'allongeant avec moi." J'la défie du r'gard, j'sais bien qu'elle m'renvoyer chier elle a pas l'air du genre à aimer les vrais mecs comme moi mais plus les p'tites lopettes un peu fragile sur les bords.

Mais bon vu la froideur digne d'un putain d'congelo, j'met mon deuxième coude et j'abandonne l'herbe fraîche pour m'relever. J'suis vraiment dans la merde, faut que j'trouve un truc à faire maintenant pour l'occuper parce que sinon elle va être sur mon cul et c'sera pas pour une bonne raison du tout. Elle pose ses questions à la con genre c't'une bonne flic qui veut savoir c'que j'fais d'mes journées. "La vie est belle, j'traîne ici, la dernière j'ai aidé le p'tit Milow à bouger d'sacs de merde pour la pédale qui vit là-bas." J'haussais les épaules. "Sinon j'flâne en attendant qu'une bel'brune vienne m'frapper dans les couilles pour m'faire bouger de mon tas d'herbes fraiches où j'suis tranquillement installé." J'lui souris, j'suis sûr que j'vais lui arracher un rire à un moment, j'l'espère d'moins. "Mais bon puisqu'on s'raconte notre vie d'couple, comment s'passe tes journées à toi mon cœur ?" J'insiste bien sur la fin d'la phrase pour la chercher, j'espère qu'elle va mal l'vivre parce que moi j'm'éclate rien qu'à l'idée d'savoir où est-ce qu'elle va m'envoyer casser d'cailloux avec l'cul comme si c'était une pioche. Elle m'a bien niquée une fois en m'ramenant ici alors comme j'sais qu'elle va encore m'niquer, j'me dis qu'vaux mieux la faire un peu chier avant qu'elle m'colle une balle en pleine tête c'qui devrait pas tarder vu sa tête d'sociopathe qui vient juste d'sortir de sa maison d'arrêt et qui cherche sa prochaine victime, c'juste con qu'ce soit moi la prochaine victime s'tu vois c'que j'veux dire.