Et Cendrillon n'a semble t-il jamais connue le revers des barreaux, la voilà bien avec deux néophytes de l'isolement, la semaine promet d'être tortueuse, bordel. Alléluia, le garde se pointe déjà pour mettre fin à son calvaire et la blonde prend aussitôt la défense de la cadette. Dommage, une bonne trempe, ça aurait calmé l'adolescente pour un moment, adieu la tranquillité.

Gardant le silence, la russe note simplement la complicité déjà existante entre ces deux-là et soupire tout bas en conséquence. Elle note aussi la franchise nuancée de l'adolescente qui admet de but en blanc que la survie de la slave importe peu dans sa balance. Ah ouais ? Ok, c'est noté. S'en suit un résumé de son comportement de la veille, simple et efficace, la vilaine russe à attaquer la gentille blonde, pauvre victime que voilà. Typiquement me genre de résumé évident pour la pauvre faune locale, celui qu'elle redoutait et ne voulait pas entendre.... Elle en ferme la paupière dans un autre soupir, plus profond cette fois, elle s'est vraiment foutue dans de beaux draps.

Le "Nazi" de leur cadette ouvre la paupière de l'encrée qui se met à fixer un point au plafond. Elle repense immédiatement aux deux jeunes filles violés qu'ils avaient sauvés de la bande de nazis avec Aodhan, du temps du lycée. Toutes deux finalement tuées quelques mois plus tard par les Remnants. Triste histoire, ça aurait vraiment fait les pieds à Zelda de terminer entre les mains d'un vrai nazi de cette ère bien peu moderne. La réflexion sur son accent la coupe dans sa réflexion, elle lance son œil vers le mur d'où provient la voix de la cadette et finit par secouer la tête, jugeant toute répondre pour inutile, la gosse à l'air remonté contre elle. Pourquoi donc ? Elle n'a fait que survivre ce soir là, May allait bien, c'était quoi son problème à Zelda au juste ?  

Et la voix de May revient lui titiller aussitôt les tympans et pour quoi cette fois ? Pour un foutu jeu malsain dans lequel on l’inclue d'entrée de jeu, bonjour l'impolitesse. Évidement, Zelda s'illustre aussitôt avec un nouveau comportement qui la laisse un premier temps sans voix. C'est violent quand même de sous-entendre qu'elle est une connasse et encore plus violent de l'entendre râler sur Blondie qui n'a pas su la planter comme il se doit. Toujours sans réponse, elle vient pincer l'arrête de son nez entre son pouce et son index, encaissant en silence les durs mots de sa cadette qu'elle estimait jusque là - à tort - comme fiable. Au final, Zelda est juste comme les autres, elle n'a plus qu'à s'en prendre à elle, voilà ce qui arrive quand on baisse sa garde : double marche arrière de réalisée en ce joyeux 19 mars 2020. Fuck les règles, fuck ces connes, elle préfère ignorer le jeu et ne prend même pas la peine de répondre, pas l'envie, la déception prend le pas et puis il faut avouer que les questions sont pourries en prime.

Pourquoi la russe était une connasse? Elle était sérieuse, là? Si May avait soufflé un petit rire en réaction immédiate, elle avait rapidement déchanté en réalisant que sa proposition était probablement la pire idée de toute l'histoire de l'humanité, finalement. Zelda allait mettre de l'huile sur le feu, au lieu de l'éteindre. Roza semblait même trop découragée pour répondre quoi que ce soit, d'ailleurs. De toute évidence, elle ne trouvait rien de drôle à tout ça. La blonde pouvait très bien imaginer sa tête, là, tout de suite. Mais ce qui occupait surtout l'esprit de Cendrillon, c'était à quel point chaque mot qu'elle disait pouvait être interprété par la gosse, à un point qu'elle n'imaginait même pas.

Tout était toujours noir ou blanc avec Z, tout compte fait - contrairement aux éternelles zones grises de Goldenberg. Peut-être était-ce normal, à son âge. Le pire était sûrement qu'elle ne pouvait même pas blâmer la petite pour cet esprit de provocation incendiaire, ce serait beaucoup trop ironique. Mais avec le temps, et quand personne d'autre ne semblait en mesure de le faire, il fallait jouer aux adultes. May n'en était pas moins une peste, mais certaines choses avaient le pouvoir de faire grandir les princesses, dans la vie, visiblement. Et surtout dans cette vie là, soyons honnêtes.

Est-ce qu'elle pensait quand même que la tatouée était effectivement une connasse? Fort probable. Est-ce qu'elle était pourtant capable de faire la part des choses? Oui, au moins un tantinet plus que l'adolescente ici présente. Juste un brin. Liv savait très bien que plus personne n'était blanc comme neige, dans ce monde. Personne ne pouvait affirmer haut et fort être parfait, ni elle, ni Roza. Si elle la voyait comme son ennemie jurée, elle se doutait bien que la borgne avait ses raisons de la voir du même oeil.

« ...Okay, la première question était un exemple. On l'annule. » dit-elle rapidement, d'un ton assez expéditif, avant d'entendre la question qui lui était destinée. Elle ferma longuement les yeux, plaquant sa propre main dans son front l'espace d'une seconde. Et merde. « En toute honnêteté Z, je m'attendais à un peu plus de considération d'ta part hein. » répondit-elle d'abord, cynique. « J'étais pas particulièrement... concentrée. » Elle était complètement hors d'elle, quoi. Folle de rage. Elle ne voyait pas clair, ce soir là. Et elle n'était pas la plus douée au couteau, à la base. En réalité, elle-même savait très bien qu'elle avait peu de chance d'atteindre sa cible, surtout face à une demoiselle qui n'en était pas à sa première bataille, mais l'instinct, la témérité - et l'imbécilité - pouvaient parfois faire gagner les idées irrationnelles de la miss - ce n'était rien de nouveau.

N'empêche, la remarque de Zelda, un peu plus tôt, voguait encore dans le crâne de May. Elle n'avait pas tort - où était passé l'accent de Roza? « Mon tour. » Elle n'avait pas envie de s'éterniser plus longtemps sur la question précédente, après tout. Qui voulait discuter de ses échecs, honnêtement? « C'est quoi cette histoire d'accent, alors? » Et elle était foutrement sérieuse, pour le coup.  

Le silence de la russe est tonitruant. Zelda guette pendant quelques secondes une forme de réaction. Un rire désabusé, une remarque acerbe ou même un soupir dédaigneux. Mais... rien. La tueuse ne semble pas disposée à participer au jeu proposé par May. Quelque part l'adolescente espère qu'elle est parvenue à toucher une corde sensible, à nourrir un sentiment de nature à harceler l'âme de Roza. Mais si l'idée est plaisante, elle semble également bien optimiste. Les monstres ne ressentent rien. La douleur et la peine, ce sont aux autres qu'ils l'insufflent... « T'es pas drôle, Roza ! » lâche-t-elle, espérant provoquer une quelconque réaction dans la cellule voisine. Mais... rien. Toujours ce silence assourdissant doublé par ce qui semble être un désintérêt profond. S'est-elle rendormie ? Se contente-t-elle de les ignorer ? Sa gueule de bois est-elle tellement forte que la sibérienne n'a même plus conscience du monde qui l'entours ? Cette incertitude, Zelda la déteste. Mais à défaut de pouvoir entendre ou voir la sibérienne, l'adolescente doit se contenter de nourrir son imagination avec des hypothèses qui, pour la plupart, n'ont rien de bien séduisantes...

Fort heureusement il y a May pour venir sauver l'ambiance. Elle au moins, elle fait l'effort de participer. Ce qui semble être à peu près normal si l'on considère que c'est tout de même elle qui a eu l'idée de ce drôle de jeu pour passer le temps. La réponse étouffée qui parvient à l'australienne pousse cette dernière à faire une grimace. Plus de considération ? Que veut-elle dire par là ? Est-ce qu'elle s'est montrée trop désinvolte ? Si les ressentis de Roza l'indiffèrent, ceux de la blonde l'interpellent. Car elle compte parmi ces personnes qu'elle aimerait connaître davantage. Sans réellement parvenir à expliquer pourquoi, l'adolescente éprouve le besoin de posséder l'estime de cette jeune femme. Une estime comparable à celle qu'elle éprouve en retour pour celle qui a osé s'en prendre publiquement, ouvertement, à la russe. Il fallait du courage pour ça ! « T'as toute ma considération M, promis ! » lui assure-t-elle, ne sachant que dire d'autre et espérant désamorcer le début d'une éventuelle crise. Quant au fait que la blonde n'était pas assez concentrée... « Ouais en fait t'étais surtout complètement torchée ! » relève-t-elle en lâchant un petit rire amusé. « Mais ça va, t'inquiètes, t'as assuré ! » Même si, bien sûr, elle aurait pu mieux faire... Cela dit si elle avait été sobre, s'en serait-elle prise à Roza ? Si l'alcool cause des problèmes, il a aussi l'avantage de pousser les gens à dire tout haut ce qu'ils pensent, d'ordinaire, tout bas. Est-ce le cas de May ? À nouveau, elle ne la connaît pas assez pour en juger...

D'ailleurs c'est maintenant au tour de la victime de la russe de poser sa question. Elle choisit d'ailleurs son assaillante comme cible et l'interroge sur cette fameuse histoire d'accent. Elle aussi, elle a remarqué ? L'adolescente songe très vite qu'elles n'obtiendront aucune réponse à ce sujet. Surtout que ce doit être quand même sacrément dur d'expliquer pourquoi on peut parler normalement mais qu'on s'amuse à conserver l'accent de la Mère Russie. C'est peut-être une histoire culturelle ? La réponse, pour peu qu'elle existe, intéresse fortement l'australienne. « Roza, t'sais, j'suis désolée de d'voir en arriver à d'telles extrémités mais si tu réponds pas, y'a des chances que j'me r'mette à chanter ! » Zelda regrette de devoir en arriver à de telles extrémités mais lorsque l'on veut obtenir des informations que les gens ne veulent pas donner, souvent, il faut avoir recours à la torture. Ce n'est pas beau, oui. Mais c'est pourtant nécessaire, non ? « T'connais Baby Shark ? » Sûrement, oui, c'était le genre de truc qui réussissait à faire le tour de la Terre sans qu'on comprenne vraiment pourquoi. Quoi qu'il en soit et dans l'intérêt de tout le monde - elle n'a pas oublié que les garde ont une patience fort limitée - il vaudrait mieux que la sibérienne se mette à table...

Elle n'est pas drôle ? Bien sûr qu'elle n'est pas drôle ! Surtout depuis qu'on lui a arraché un œil, y a son humour qui s'est fait la malle dans le même temps. Il revient quand même petit à petit et de temps en temps, genre quand elle est avec Aodhan, Stanley ou encore Layla, après, c'est vrai que ça s'arrête là. Dans tous les cas, on est pas vraiment dans le cadre des poilades là car Zelda continue de lui chier gentiment sur la gueule en confessant à la cendrillon qu'elle a toute sa considération et je cite que celle-ci à "assuré" dans sa démonstration insolente et provocatrice. Et tout ça sous son piff, putain, dans quel monde vit-elle au juste ? Y a personne que ça choque là ?

Alors comme ça la blonde ne trouve rien de mieux pour se justifier qu'une excuse minable de concentration ? Roza s'en agite sur sa paillasse pour s'en retourner vers le mur, non sans lâcher un "pfff" dédaigneux pour elle même. Et les filles s'intéressent maintenant à son accent et se font même insistante, qu'est-ce que ça peut leur foutre qu'elle roule toujours ses r ou non ? Il est clair qu'aucune des deux ne peut l'encadrer, alors en savoir plus sur elle, c'est forcément de la curiosité malsaine de merde. Elles peuvent se torcher les meufs, la vérité n'est pas prête de leur être expliquée et de toute façon, elles ne pourraient certainement pas comprendre. Inutile donc de gaspiller sa salive. Sans compter que l'isolement, elle connait la tatouée, c'est pas un problème pour elle que de rester des semaines rien qu'avec elle même et son seau à merde pour unique compagnie. Que Zelda ne le supporte pas, elle en a clairement plus rien à casser après toutes ces douloureuses confessions.

Et la menace du chant revient.... "Putain mais vous êtes sérrrieuse là ?" Sans déconner, quel culot, elles sont complètement pétés. "J'ai rrrien à vous confesser." Ouais, faut s'appeler Zack pour avoir le droit à ça, là, ce n'est que May - qui a tenter de la planter - et Zelda - qui lui a donné l'arme pour la planter, faut pas déconner. "Et quand bien même, putain, vous crrroyez vrrraiment qu'on va discuter comme trrrois copines à une soirrrrée pyjama là ? 'Tain, un peu de bon sens, s'il-vous-plait." Eve-Madeleine l'a dit : pour une meilleure intégration, il faut miser sur un peu de politesse en guise de touche finale ! Plus sérieusement, le ton n'est pas à la plaisanterie, elle est déjà super agacée par la situation la slave et prend sur elle pour éviter de se jeter sur les barreaux ou de s'éclater la tête contre le mur pour un dodo forcé.  "Et non, j'connais pas Baby Skarrk, mais va s'y, lâche toi, fais moi donc découvrrrirrr." À défaut de causer, l'adolescente rebelle peut chanter ouais, qu'elle se fasse donc tataner la gueule par le gardien par la même occasion, elle voit mal May réussir une seconde fois son numéro de charme sans devoir écarter les cuisses pour cette fois.