Ce qu’elle lui avait fait pour attirer sa colère ? Levi n’était pas d’une patience d’ange en général, et un rien pouvait le faire river sur quelqu’un une rancune certaine. Il en fallait très peu, à dire vrai, pour qu’il puisse mettre une cible dans le dos de quelqu’un, quand ça devenait personnel. Cette merdeuse avait cherché à lui nuire et elle n’arrêtait pas. Aujourd’hui, elle se faisait discrète avec lui, parce qu’elle savait qu’il lui tomberait sur le coin de la figure quand il n’y aurait personne pour pouvoir la défendre, et qu’il n’avait aucun scrupule à passer à tabac une gamine qui l’emmerdait. Mais la voir s’en prendre à Eddie, c’était quelque chose.

Elle est la petite espionne de June, assura-t-il à Edward. De toute façon, Zelda l’avait balancé, elle n’était pas fiable lorsqu’il s’agissait de lui confier un secret. Quand je suis arrivé ici, je l’ai chopper à fouiller dans mes affaires, à me suivre, énuméra-t-il. Maintenant, cette petite pu-… il retint de peu l’insulte, prit une profonde inspiration. Le temps de boire une gorgée de sa bière, il se releva pour en amener une autre à son ami : Elle colporte des saloperies sur moi à qui veut l’entendre en me faisant passer pour un pervers, fit-il.

Ça n’était pas vrai, mais avait-il besoin de le dire à Eddie ? Il n’attendait pas à ce qu’on valide son expérience : il savait. Il avait eu des retours des actions de cette merdeuse, des retours qui lui faisaient serrer la mâchoire. Elle était clairement intenable. Confiant la bière, il retomba sur son fauteuil lourdement, souplement aussi, avant de songer sérieusement à la chose.

Je l’ai pas flingué et c’est encore un miracle, confia-t-il à Eddie, même si clairement l’envie ne lui manquait pas. Alors, quoi faire ? La traumatiser ? Il hocha la tête. Mais il voulait la faire rentrer de force dans le moule qu’il voudrait. On pouvait briser n’importe quel esprit, celui de Zelda n’était pas inaccessible, il serait même facile de la torturer psychologiquement pour lui faire perdre cette insolence crasse. On peut demander à June qu’elle nous confie son éducation. Puisqu’elle arrive pas à la contrôler, on peut tenter de la dresser.

Oui, la dresser. Comme un dresse un animal. La métaphore n’était pas anodine, le choix de ses mots encore moins.

Quand un animal est trop timbré pour rentré dans les rangs, on le descend. On pourra toujours faire ça si ça fonctionne pas. Il haussa les épaules en réponse. Des scrupules ? Aucun.

Et ça c’est quand je suis pas un terroriste bien entendu, ajouta Levi avec un bref rictus sur les lèvres.

Terrence n’avait pas vraiment caché ça au cours de la discussion. Parce que Zelda parlait trop, et trop mal de lui, le vieil homme qui l’appréciait n’avait pas hésité en lui demandant d’être plus discret sur ses affinités en générale. Levi n’avait pas compris le message sur le coup, l’homme avait dû s’expliquer et expliciter son point de vue. De quoi faire naitre chez l’israélien une vraie colère qu’il eut du mal à contenir. Cette petite salope allait payer cher le tort qu’elle lui causait. Même si à côté, Levi montrait patte blanche depuis des mois, voir ses efforts sabotés à cause d’elle lui donnait envie de la saigner comme un cochon.

Tu crois vraiment qu’on est les seules personnes qu’elle emmerde ? Demanda de but en blanc l’arabe avec un petit froncement de sourcil. Et tu penses que June va pouvoir la protéger pour toujours de ceux qui ont envie de lui coller des claques ?

Non, Levi était convaincu qu’à terme, si Zelda ne gagnait pas quelques points de QI, June se débarrasserait d’elle. La rouquine était trop intelligente et calculatrice pour s’embarrasser d’une sale gamine qui n’en faisait qu’à sa tête et qui ne se pliait à aucune autorité. Pour le coup, il était persuadé que la cheffe avait un avantage à la garder en vie, et à essayer de la cadrer. Soit elle avait un but pour elle, soit Zelda pouvait servir à quelque chose à l’avenir. Monnaie d’échange ? Il n’avait aucune idée d’où ils avaient pu trouver cette sale gosse, ni pourquoi ils s’entêtaient à vouloir en faire quelque chose.

Bien, fit-il en se redressant quand Eddie affirma qu’il en parlerait à June. Son vis-à-vis lui posa une question qui exprimait parfaitement l’ironie de la situation : Ça te plairait ? S’enquit le brun avec un sourire en coin.

Juste pour prendre sa revanche, Levi estimait que c’était même une réplique plutôt agréable. Zelda méritait bien pire qu’un simple traumatisme. Lui voulait marquer son esprit durablement et si fort qu’elle ne pourrait plus fermer l’œil sans le voir la nuit. Après tout, s’il pouvait être son croque-mitaine, il s’en délecterait.