Resurrection on the third day
Mar 21 Avr 2020 - 20:15
9 avril 2020
Les rires de l'enfant emplissent la pièce, résonnent et se répercutent à ses oreilles en une douce mélodie. Elle ne peut distinguer pleinement les traits de son visage. Il n'en a jamais eu. Dans ces moments là, portée par une plénitude qu'elle n'a jamais réellement connue, elle devine seulement une tignasse d'un noir de jais et deux iris opalines. Seulement ça. Et son rire. Dans ces instants voilés de la brume du sommeil, elle ne parvient jamais à le rejoindre. Elle a beau tenter d'avancer, plus elle se rapproche et plus il s'éloigne. À chaque fois les fragments s'étiolent, disparaissent en volutes comme de la fumée, insaisissable créature enfantine...
Les rayons du soleil brûlent désagréablement ses paupières et c'est à peine une heure après être parvenue à s'endormir que Maeve s'éveille dans un grognement étouffé. Toujours le même rêve, torture dont elle ne parvient pas à se soustraire même après toutes ces années. Comment un être n'ayant jamais existé pouvait-il avoir tant de pouvoir sur sa personne, sur son subconscient ?
De longues minutes sont nécessaires pour qu'elle parvienne à ouvrir pleinement les yeux, plongée dans un état cotonneux de larve. Ses insomnies ont empiré depuis quelques semaines et le repos forcé qu'elle s'est astreint n'aide en rien ses nuits difficiles, ou en l'occurrence, ses absences de nuit. L'inactivité ne lui réussit pas, ni maintenant, ni avant, c'est pourquoi depuis quelques temps elle a repris ce quotidien millimétré qu'elle affectionne tant, le dispensaire en première ligne. Ses heures sont moindre, mais ça lui permet de ne pas s'enfermer dans une nouvelle routine de procrastination qu'elle exècre.
Se forçant à se lever malgré le manque de sommeil, la jeune femme part se rafraîchir le visage, tentant vainement de corriger les cernes violacées qui ternissent un regard déjà fatigué. Ses cheveux négligemment attachés à l'aide d'un crayon, elle s'autorise une boisson chaude, mélange de plantes s'apparentant à un thé et censé calmer ses nausées persistantes. Rien de plus ne viendra troubler la quiétude sommaire de son estomac et le ''repas'' est déjà une épreuve en soi.
Habillée rapidement, c'est à une heure plus que matinale qu'elle quitte son domicile pour se rendre au dispensaire, profitant du calme de ce début de journée. L'air est encore humide et la jeune femme ne croise presque personne sur le chemin qui la conduit au complexe. Épuisée avant même que la journée ne commence réellement, la fraîcheur matinale et vivifiante lui fait un bien fou et elle profite de l'instant, ralentissant le pas.
Il lui faut une bonne dizaine de minutes pour arriver sur les lieux et dans un réflexe conservé depuis tout ce temps elle se lave contentieusement les mains avant de rejoindre le coin qu'elle s'est attribuée inconsciemment depuis le début du camp. Cette fois-ci rien n'a été dérangée, rien pour assombrir une humeur déjà en dents de scie. Elle le sait, le manque de sommeil la rend plus irritable, plus susceptible, amenuisant sa patience et la faisant monter plus rapidement dans les tours.
S'occupant de la paperasse laissée la veille et que cette dernière n'a pas eu le courage de terminer, c'est une heure plus tard, quand ses collègues arrivent à leur tour au dispensaire que la doc prend la tangente et s'éclipse pour aller vérifier l'état de leur dernier patient.
Vu l'heure, Maeve s'attend à le trouver endormi. Pourtant, quand elle arrive à proximité de son lit, deux prunelles bien ouvertes se posent sur sa personne. C'est la première fois qu'elle le voit conscient, leur première rencontre ayant eu lieu quelques jours plus tôt néanmoins. Faisant quelques pas de plus dans sa direction, elle s'arrête à distance raisonnable, ne voulant pas le brusquer après avoir appris les conditions de son réveil... « Je suis le docteur Wheelan » se présente-t-elle sobrement. « C'est moi qui me suis occupée de vous quand vous jouiez le rôle de la Belle au Bois Dormant » S'autorisant quelques pas supplémentaires, c'est à un bon mètre de distance que la jeune femme stoppe à nouveau ses pas. « Il va falloir que je vérifie votre blessure pour m'assurer que tout est en ordre et m'occupe de changer le pansement, vous vous sentez de vous redresser un peu ? » Premier test, sans en avoir l'air. La doc veut vérifier que la tête ne lui tourne pas et que sa tension ne chute pas quand il change brusquement de position. Encore un pas, un tout petit. « Dawn c'est ça ? Comment vous vous sentez ? D'un strict point de vue médical j'entends. » L'arrivée dans un camp comme le leur pouvait troubler plus d'une personne, en particulier quand ladite personne se trouvait être l'ex mari de June Phelbs. Mais ce n'était pas tant ce qui l'intéressait présentement.
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Re: Resurrection on the third day
Lun 27 Avr 2020 - 3:05
Maeve & Dawn
Resurrection on the third day
Le quotidien de Dawn venait de changer du tout au tout. Lui qui n'avait connu qu'une vie n'allant que d'austère à très miséreuse, ces cinq dernières années se retrouvait projeté dans une réalité qu'il n'envisageait plus durant cette moitié de décennie. Le constat de ses pauvres conditions de vies avait été encore plus fort en sachant qu'il n'avait jamais vraiment eu à se soucier de savoir où il allait dormir pendant sa vie d'adulte. Il avait même fait parti de ces quelques humains qui ressentaient le besoin de retourner à la nature, d'une manière assez hypocrite d'ailleurs. Loin de lui l'idée de s'installer à tout jamais en forêt, mais il devait se ressourcer, marcher, se promener au milieu des grands arbres. Courageux mais pas téméraires en sommes. Pourtant il était un grand partisan de "do it, or don't, there is no try". En gros, faire la chose à fond ou ne pas la faire. Mais il ne serait pas tout à fait humain s'il n'était pas paradoxale. Ou alors il serait totalement taré et n'aurait sans doute pas survécu à pareil épisode.
Ainsi donc, il se retrouvait à Fort Ward. Quelle ironie, après tout ce temps passé sur la route dont une bonne partie à espérer rejoindre ce lieu qui avait pris des allures de mythe, d'utopie, de Saint-Graal, il avait fallut qu'il se fasse assommer à coup de pelles pour achever sa croisade. Il devait être le chevalier le plus en retard de toute l'histoire des chevaliers d'ailleurs. Mais tout vient à point à qui sait attendre. Force était de constater que personne ne l'attendait là. Il voyait bien comment les quelques personnes qui étaient venu s'occuper de lui le regardaient. Un étrange cocktail, doux mélange de méfiance, de curiosité, de crainte, difficile de se faire une idée sur le personnage qui avait eu l'audace, le courage, la folie de prendre la bigboss, le patron, June en personne, comme femme. C'est qu'il en fallait une sacré paire pour dompter la bête. Si seulement ces pauvres gens savaient à quel point Dawn était un agneau. Heureusement, il auraient certainement l'occasion de le découvrir. Difficile pour lui d'envisager un avenir à l'extérieur de ces murs. Il n'avaient strictement plus aucune affaires, et même s'ils envisageaient de lui en donner quelques unes, difficile d'imaginer qu'ils lui fourniraient une arme à feu. C'était devenu une denrée rare, tout comme les munitions. Dieu seul savait quand cela deviendrait une monnaie d'échange. Voilà qui était amusant. Une balle, destinée à tuer donc, échangée avec des aliments ou des objets de première nécessité, c'était cocasse.
Dawn ne recevait pas beaucoup de visite. En même temps il ne connaissait pas grand monde ici. En fait il ne connaissait qu'une personne et cette dernière n'était pas vraiment du genre à installer un lit de camp pour dormir avec son mari supposé décédé. Alors on ne se pressait pas beaucoup à son chevet. La traumatisme crânien qu'il avait subis l'avait poussé à rester quelques jours au lit. Il avait bien essayé de se lever un peu plus tôt que prévu, mais les migraines à en couper le souffle l'avaient rapidement persuadé que rester allongé dans des draps propres avec un matelas et du verre aux fenêtres, ce n'était pas si mal après tout. N'ayant pas la possibilité de se mouvoir, ni de faire quoi que ce soit d'ailleurs, il se contentait d'attendre les visites médicales et différents repas. C'était sa seule façon de tromper l'ennui, et Dieu seul savait à quel point le temps passait lentement. Ne pouvait faire aucune activité physique, et s'étant habitué à un rythme de vie qui demandait beaucoup d'énergie, l'ancien avocat ne tenait plus vraiment en place. Tant et si bien qu'il dormait très peu. Couché tard et éveillé tôt avaient toujours été son pain quotidien, mais jamais à ce point.
Ses deux prunelles bleu glace vinrent se poser directement sur la personne qui venait d'entrer. Une nouvelle tête, Dawn n'avait jamais eu l'occasion de lui parler. L'occasion parfaite pour lui parler et l'obliger à lui tenir compagnie. De toutes façons cela ne devait pas non plus regorger de patients à part lui non ? "Enchanté, je suis ravis de découvrir le visage de la personne à qui je dois la vie. Mais la prochaine fois que vous m'embrasser pour me réveiller faites attention, vous m'avez quelque peu écorché derrière le crâne." Fit-il avec une pointe d'humour évidente. S'appuyant sur ses avants bras et ses coudes, il tâcha de sortir son crâne de l'oreiller. Il risquait de payer une migraine dans instants pour cet effort un peu brusque mais pour une fois qu'on lui adressait la parole il n'allait tout de même pas faire le difficile. "Tout ce qui peut vous faire plaisir. Je serai prêt à n'importe quoi pour rattraper ce premier rendez-vous gâché." Gloussa-t-il. Non ce n'était pas du rentre dedans. Il s'amusait simplement de retrouver un contact humain qui ne s'apparente plus à de la survie pure. "Oui, je suis la mari de la bigboss mais chut hein ? C'est un secret faut pas le dire." Répondit-il sur un ton entendu. Evidemment qu'elle savait qui il était. Elle avait certainement un dossier avec son nom écris en gros. Peut-être même qu'elle avait reçu la consigne de tout faire pour le garder en vie, ou le contraire, difficile de savoir avec son ancienne femme. "Eh bien c'est marrant, jusqu'à présent ça n'allait pas du tout, et le simple fait que vous ayez ouvert la porte m'a remis d'aplomb. Comme si votre simple présence avait le don de me guérir." Dawn n'était pas vraiment du genre à se plaindre, à s'étendre sur ses malheurs et ses douleurs. Cependant il souhaitait clairement faire comprendre qu'il s'emmerdait vraiment dans cette chambre.
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Re: Resurrection on the third day
Lun 27 Avr 2020 - 22:18
Et c'est dans cette même pièce que se révèle la dualité toute mesurée de la jeune femme. Il y a Maeve, la discrète – la coincée selon certains – en retrait, évitant tout lien social trop avancé et qui pourrait entraîner une déception, prostrée dans ses habitudes et son conformisme ennuyant. Et puis il y a le docteur Wheelan, sûre d'elle, portée par cette sensation illusoire d'avoir, ici, les pleins pouvoirs, jouant avec une facilité déconcertante le jeu du miroir avec ses patients. Après avoir appris que Phelbs s'était réveillé de manière quelque peu... brutal avec sa collègue, elle s'était hâtivement imaginée un homme plutôt rustre, bourru, à la mine sombre et prônant l'économie de mots. L'entrée en matière de l'homme la surprend donc, et, pendant quelques secondes, la désarçonne quelque peu. Croisant les bras sur sa poitrine, elle retient difficilement un sourire amusé par le culot de son patient du jour, appréciant néanmoins la répartie de ce dernier. « Estimez-vous heureux, dans le conte original la Belle au Bois Dormant reçoit plus qu'un baiser... » La gourde se faisait violer par son ''prince charmant'' pas si charmant que ça. Il fallait croire que la vérité était un peu trop crue pour l'univers enchanté de Disney et pour toutes ces gamines nourries par le mensonge qu'un preux chevalier viendrait toujours les secourir en cas de danger. Elle attendait encore le sien ! Ou ne l'avait finalement jamais attendu.
Observant l'homme se redresser dans le lit, Maeve fait quelques pas pour récupérer la feuille de soins laissée par ses collègues, vérifiant les annotations et récupérant le tensiomètre au passage. Profitant d'avoir le visage tourné elle laisse son sourire s'étirer à la suite du discours de Dawn, visiblement suffisamment en forme pour plaisanter, et ce même sur son statut marital. Elle ne peut s'empêcher de penser que les a priori le concernant sont peut-être nés de la vision qu'elle a elle-même de June, avant de balayer tout ça d'un hochement de tête. « Heureusement pour vous monsieur le mari je suis tenue au secret professionnel. » Une des choses en laquelle la doc continuait de croire et de s'accrocher, même en plein apocalypse. Même ici, même après tout ça, la confiance qu'on plaçait en elle sous le sceau de la sainte blouse blanche valait encore quelque chose. Il fallait que ça vaille encore quelque chose.
À la dernière remarque du blessé elle ne peut retenir un léger rire, se rapprochant du lit tout en tirant un tabouret avec elle pour s'y installer et être à la même hauteur que son patient. « Waow je savais que j'étais douée dans mon travail mais définitivement pas à ce point. Allez Roméo donnez moi votre bras » Et enroulant le tensiomètre autour de celui-ci, elle presse plusieurs fois l'extrémité jusqu'à le serrer suffisamment, fait sa vérification et le desserre finalement, le libérant. « 13/8. Excellent. » La doc prend le temps de noter les mesures pour ses collègues qui assureront les prochains soins, constatant une très nette amélioration après ce repos de trois jours. « L'intensité de vos maux de tête sur une échelle de 13 à 21 ? » C'était toujours plus originale que un et dix et puisque monsieur semblait prôner l'humour autant jouer sur le même registre pour le mettre en confiance. « Des nausées, vomissements ? Oui je sais, vous voulez garder une certaine image de vous pour ce second rencard mais désolée, j'ai toujours été très intrusive » Un léger sourire et la doc note ses réponses pour assurer un suivi exemplaire, comme demandé par la grand manitou. La simple évocation des symptômes suffit à lui rappeler qu'elle souffre des mêmes depuis plusieurs semaines et la quarantenaire se félicite de n'avoir avalé qu'une mixture aux plantes médicinales ce matin. « Bien, suivez mon doigt sans bouger la tête » Et se penchant légèrement, elle lève l'index, le déplaçant lentement d'un côté à l'autre devant le visage de l'homme, vérifiant la mobilité de son regard, puis la couleur de sa conjonctive pour écarter tout signe d'anémie. « Vous vous remettez plutôt rapidement, c'est assez étonnant vu le traumatisme qu'a causé la blessure et les conditions dans lesquelles vous surviviez. » Enfin pour Maeve, tout en dehors de Fort Ward ressemblait, dans sa tête, à un vaste terrain vague chaotique. Jamais elle n'avait eu à franchir l'enceinte de ses murs et vérifier par elle-même la dureté de la survie à l'extérieur. Tout ce qu'elle avait était les récits des survivants arrivés ici après elle. « Vous ne vous ennuyez pas trop coincé ici toute la journée ? » Être alité ici était pire que les anciens hôpitaux. Pas de télévision, pas de visites d'amis ou de la famille. Il restait bien une attache familiale à Dawn mais ça ne la regardait pas.
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Re: Resurrection on the third day
Sam 2 Mai 2020 - 4:39
Maeve & Dawn
Resurrection on the third day
Cela aurait été mentir que de dire que la présence de son homologue féminin n'était pas appréciable. En plus de lui proposer de la compagnie, il fallait admettre qu'elle disposait d'un certain charme. Décidément, il allait peut-être poser ses valises dans ce dispensaire. "Il ne tient qu'à vous de m'en faire découvrir l'option qui m'est inconnue." Répondit-il sur un ton mielleux du tac au tac. Il n'avait pas la moindre idée de ce dont il s'agissait, mais ses paroles étaient lourde de sous entendu. S'il les pensait ? Difficile à dire, même lui n'en était pas tout à fait certain. Pour l'heure ce petit jeu de taquinerie, de séduction, lui plaisait bien, l'amusait doucement. Certes, cela n'allait que dans un sens mais qui sait si elle ne comptait pas se prêter au jeu à un moment ou à un autre ? Dieu seul à vrai dire. Quand aux conséquences de cette discussion innocente si elle venait à prendre le chemin que lui montrait Dawn ? Il s'en fichait royalement au vu des circonstances qui l'avaient amené dans ce lit à cet instant. "Comme c'est intéressant. La civilisation s'écroule, une grosse partie de la population mondiale ne pense plus qu'au cannibalisme et pourtant vous continuez de vous tenir à votre serment d’Hippocrate. Cela ne peut pas être sans une raison suffisante." Fit-il avec une teinte d'amertume. "Se raccrocher à ce genre de règles c'est se raccrocher au passé, refuser d'avancer. Pourtant aujourd'hui plus que jamais nous vivons dans un monde ou ne pas s'adapter, ne pas évoluer, c'est mourir. Or, vous n'êtes pas morte, si je ne m'abuse. Oh, bien sûr vous pourriez dire qu'en ces temps, le mieux qu'on puisse faire serait de retrouver un tant soit peu d'humanité, quel meilleur moyen qu'en utilisant les bonnes vieilles règle d'un temps révolu. Alors, plutôt peur de ce qu'on pourrait devenir, de ce qu'on ne pourrait plus être, ou simplement de mourir ? Vous ne devez pas avoir passé beaucoup de temps dans le froid pour resté ainsi attaché à de pareilles futilités. Bien à l'abris derrière de grands murs, bien au chaud dans un bon lit. C'est facile de garder des règles dans des conditions pareils. Alors, combien de temps avez vous passé dehors ? Un mois ? Deux mois ? Six mois ?" Termina-t-il presque acerbe. Cinq ans passées en pleine nature l'avaient quelque peu affecté. Pas qu'en bien.
Prenant doucement conscience du ton employé et de ce qu'il avait dis, il baissa platement les yeux. "Excusez moi. Ces cinq années n'ont pas été les plus aisées de ma vie." Tendant silencieusement et docilement son bras, il laissa la doctoresse faire son travail. "J'ai mal quand je bouge le crâne, quand je me concentre un peu trop longtemps, ce genre de choses. Difficile de donner une échelle, c'est une grosse migraine. Ca passera j'ai vu pire." La conversation légère et amusante, avait muté en quelque chose de plus sombre et pesant. C'était là son fardeau, sa faute. Il avait perdu une partie de sa capacité sociale. Poursuivant l'examen sans siffler un mot, et sans émettre la moindre résistance, il se décida finalement à répondre aux question de son interlocutrice. "Je sais pas si c'est possible pour un corps de s'adapter aussi vite à son environnement. Je pense plutôt que cet apocalypse a opérer comme une sélection naturelle géante et très soudaine. Les forts survivent, ceux qui sont capable de se remettre vite de leurs erreurs. C'est de la chance tout au plus, j'ai dû tirer le numéro gagnant à la loterie de la génétique." Il fallait bien avouer que le bonhomme était loin d'être en mauvaise condition physique pour quelqu'un qui n'avait pas toujours mangé à sa faim, cela devait faire partie de son adn de pouvoir développer du muscle de la sorte.
S'il s'ennuyait ? Oui, certainement. Il s'était habitué à un rythme de vie avec très peu d'heures de sommeil, en se réveillant aux côtés de la même personne. Cette même personne qui manquait cruellement à l'appel d'ailleurs. A peine était-elle partie qu'il courait déjà les jupes des filles qui se présentaient à son chevet. Son regard se fit infiniment triste. Plus le temps passait et plus il perdait ce qui l'entourait. Et quand par miracle cela lui revenait, comme si la roue de la chance tournait finalement en sa faveur. Ce n'était qu'une énième gifle dissimulé, mirage d'une vie qu'il n'avait jamais eu. Alors aujourd'hui il s'ennuyait, lui qui avait tout accomplis pour sa survie se permettait le luxe de s'ennuyer. Quel luxe c'était là. Sans doute qu'elle ne se rendait pas compte à quel point c'était agréable de s'ennuyer, de ne pas avoir à dormir sur une seule oreille à l'idée qu'une bouche pouvait venir vous arracher la carotide en pleine nuit. Relevant les yeux, il plongea son regard dans celui de la médecin. Un monde les séparait, difficile de savoir si un jour elle serait en mesure de comprendre ce qu'il avait vécu, et à quel point s'ennuyer était un problème de riche. "Je crois que m'ennuyer est l'une des choses les moins pire qu'il me soit arrivé ces derniers temps. Mais vous devez avoir d'autres patients, ne vous ennuyez pas pour moi." Il se doutait que la situation devait-être bien gênante pour elle, autant la libérer du fardeau qu'il représentait. Il s'était déjà montré odieux, il n'allait pas non plus accaparer son temps. "Encore désolé, pour... avant." Conclut-il avant de s'allonger péniblement.
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Re: Resurrection on the third day
Sam 2 Mai 2020 - 18:34
Assise sur le tabouret, le dossier entre ses mains posées sur ses cuisses, elle relève les yeux quand le joyeux charmeur égratigne la pellicule de vernis pour laisser place à une colère et une rancoeur directement dirigées contre elle. Le changement de ton la désarçonne quelque peu mais la jeune femme n'en montre rien, se contentant de se redresser, piquée à la fois dans son orgueil et les valeurs qu'elle continue de défendre. Il ressemblait soudainement bien plus à tous les autres survivants ayant défilés avant lui dans cette pièce, dans ce lit, emplis de cette rancune tenace, de cette colère sourde, de cette animosité contre ceux qu'ils qualifiaient de chanceux. Contre elle. Combien d'entre eux l'avaient pris de haut, méprisé pour sa chance presque insolente ? Beaucoup trop pour que ce genre de discours attise sa propre colère. La doc ne l'interrompt pas, laissant les mots glisser sur elle en tentant de ne pas leur accorder plus d'importance qu'ils n'en ont dans le contexte, difficilement. Il faut dire que Phelbs vise juste à bien des égards. La vérité est toujours douloureuse à entendre et mais n'en reste pas moins ce qu'elle est et la quarantenaire ne peut guère le contredire sur le fond de ses propos, seulement en critiquer la forme. Être un exutoire, même passager, n'est pas un rôle agréable à porter, même derrière le masque d'un professionnalisme assumé.
La brune n'en baisse pas la tête pour autant, soutenant le regard de son patient sans honte. S'il avait besoin d'évacuer, mieux valait, après tout, qu'il le fasse ici avec elle dans l'intimité de cette pièce plutôt que devant certains autres qui se montreraient moins conciliants. « Et qu'est-ce que je censée faire selon vous ? » Demande-t-elle une fois son attaque terminée. « Arrêtez de croire en une certaine forme de justice sous prétexte qu'il n'y a plus ni juges ni jurés ? Arrêtez de croire en une certaine forme d'ordre sous prétexte qu'à l'extérieur règne un chaos sans nom ? Arrêtez de croire en quelque chose qui m'a défini une majorité de ma vie parce que d'autres pensent que c'est futile ? Et qu'est-ce qu'il resterait de moi après ça ? Une femme aigrie, désabusée, renfermée dans sa petite coquille en refusant de toucher un quelconque affect extérieur ? Peut-être bien que c'est justement en me raccrochant à certaines valeurs que je continue d'avancer, aussi futile la chose puisse-t-elle être à vos yeux. » Se redressant, elle dépose le dossier sur un meuble plus loin. « Vous avez raison, je n'ai jamais eu à survivre dehors, à l'extérieur de ma cage dorée. Tout ce que je sais du monde est le récit qu'en font les nouveaux arrivants. Est-ce que ça me rend moins légitime pour autant ? Est-ce que vous me respecteriez davantage si j'avais eu souffrir du froid, de la faim, à tester mes plus bas instincts face aux infectés, aux humains ? Je ne m'excuserai pas d'avoir été au bon endroit au bon moment, et je suis contente de n'avoir jamais eu à affronter dans un miroir un reflet que je n'aurais pas reconnu. »
Elle ne pouvait qu'imaginer ce qu'il avait vécu sans pouvoir se mettre à sa place, et c'était une chance qu'elle chérissait tous les jours. Et revenant s'asseoir près de lui, la jeune femme se contente d'acquiescer quand des excuses prennent finalement forme sur ses lèvres. « Je ne vous jugerai jamais pour ce que vous avez pu faire à l'extérieur, comme je ne vous permets pas de me juger pour ce que je n'ai pas fait. » Réplique-t-elle sur un ton calme mais qui ne laisse guère place à la discussion.
Continuant son examen médical, cette dernière acquiesce une nouvelle fois, reprenant quelques notes. Les maux de tête restaient parfaitement normaux compte tenu de la nature de sa blessure et elle ne s'en formalise donc pas outre mesure. Numéro gagnant à la loterie de la génétique ? Un coup d'oeil sur le bonhomme ne lui donne pas complètement tort mais elle s'abstient de tout commentaire. L'ennui n'étant pas un problème en soi, c'est un sourire qui revient finalement étirer ses lèvres quand il la congédie plus ou moins subtilement. « Et manquez la partie la plus amusante ? » Demande-t-elle par pure rhétorique en pointant du doigt sa blessure. Elle devait encore le changer et désinfecter la plaie tout juste refermée. S'approchant, elle tourne le visage de l'homme pour avoir un meilleur accès, et, malgré ce qu'il vient de lui envoyer en plein visage, se montre délicate pour retirer le pansement, le jetant dans un petit bac non loin de là. Attrapant une compresse à l'aide d'une pince, elle fait couler l'antiseptique dessus et tamponne sur les fils et autour de la blessure, constatant la propreté de celle-ci et un léger dégonflement après quelques jours. Reprenant une compresse, elle tamponne à nouveau pour retirer l'excédent. « Vous venez de ruiner notre second rendez-vous. » Reprend elle après un silence pesant qui la met mal à l'aise. « Vous avez intérêt à mettre la barre très haut pour vous rattraper la prochaine fois. C'était votre droit à l'erreur. Celui qui vous accorde un pardon facile. La prochaine fois...et bien... je pourrais être plus peau de vache. » Et prenant un pansement, elle l'applique sur la blessure pour la conserver dans un environnement stérile. C'était sa façon bien à elle de passer outre ce petit épisode ''déversoir à rancoeur'' sans lui en tenir rigueur. « Vous pouvez prendre l'excuse du coup sur la tête. Juste pour cette fois... »
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Re: Resurrection on the third day
Mar 5 Mai 2020 - 14:32
Maeve & Dawn
Resurrection on the third day
Dawn avait un peu l'impression d'être un garnement qui venait de faire une bêtise. Il se faisait réprimander comme il fallait et cela ne l'aurait même pas étonné qu'elle le déculotte pour lui mettre la fessée de sa vie. Mais peut-être que ça cela tenait plus du fantasme que d'autre chose. Le regard bas il se contenta donc d'écouter le sermon priant pour que ce dernier ne dure pas trop longtemps. Il aurait bien aimé pouvoir effacer ce qu'il avait dis. Ils étaient le symptôme évident de la maladie qu'il avait contracté en restant aussi longtemps à l'extérieur. Il avait tant perdu, était si pauvre, que la jalousie grignotait son cœur, pourrissant, contaminant chacune de ses paroles. Dieu seul savait à quel point il allait lui falloir du temps avant de guérir de ce mal. Sur de nombreux points l'avocat n'était pas en accord avec la docteur, mais envenimer les choses n'était pas dans sa nature loin de là. En revanche, tirer le meilleure d'une situation peu avantageuse l'était devenu avec le temps. Tout ce qu'il lui fallait c'était une ouverture, une fenêtre pour alléger l'ambiance. S'il l'avait congédiée, cela ne signifiait pas pour autant qu'il ne pouvait pas la laisser partir sur une note un peu plus légère. "Vous engueulez comme une maman." Fit-il en tentant de cacher un sourire presque enfantin.
Il fut quelque peu pris de cours en entendant ses paroles, et surtout son ton enjoué. Cela n'était nullement lié à ce qu'il venait de dire pourtant, du moins de ce qu'il lui semblait. La partie la plus amusante ? Il était en caleçon dans un lit et elle dans une blouse de docteur, des choses amusantes il en avait bien à l'esprit mais Dawn doutait fortement qu'ils parlaient de la même chose. Les stéréotypes des médecins avec leurs grosses aiguilles et leurs scie à os faisaient rapidement surface. Non, ce n'était certainement pas la partie la plus amusante, d'ailleurs il ne s'amusait plus du tout. Il avait déjà perdu un orteil, il ne souhaitait plus lâcher la moindre de ses extrémités. Était-elle seulement docteur d'ailleurs ? Si ça se trouve, elle n'était que vétérinaire, ou dentiste, pire encore elle croyait en la médecine par les plantes. Instinctivement, il referma tout ses ports de chakra à l'idée qu'on puisse y insérer quoi que ce soit. "Amusant pour qui ?" Répondit-il doucement et avec une extrême prudence. Avec un sadisme extrême, la doctoresse prit un temps infini pour soulever la compresse de sa tête, le scotch semblait tenir à sa peau comme une colonie entière de tiques. Tentant de le cacher du mieux qu'il put, Dawn ne fut pas en mesure de refréner ses yeux de se remplir d'une seule et unique larme chacune. Heureusement qu'elle s'intéressait à l'arrière de sa tête et pas à l'avant. Dans un effort vint, il tenta de lever ses sourcils aussi haut que possible pour éviter que la larme ne tombe et roule sur ses joues. La bougre devait prendre un malin plaisir à le faire souffrir de la sorte, elle n'hésita pas à taper la plaie à de nombreuses reprise après l'avoir désinfectée. Peut-être qu'elle se disait que si elle le gardait en vie le plus longtemps possible elle pourrait en profiter pour faire autant d'expériences qu'elle le désirait.Il se força à la regarder dans les yeux, bien que ces derniers soient caché par un masque d'humidité en équilibre sur le bord de ses paupières inférieurs. "Vous auriez pu dire que ça allait piquer." Fit-il d'une voix anormalement aiguë. "Heureusement que je supporte bien la douleur." C'était faux.
Tachant de retrouver une vue un minimum normal, Dawn rebondit sur ce qu'elle venait de dire. "Le coup classique, je me fais passer pour un salopard brisé par le temps, sur le coup vous vous énervé mais déjà votre coeur commence à fondre. Là vous vous dites, mais comment fait-il pour la savoir encore mieux que moi ? Le simple fait que vous évoquiez un troisième rendez-vous montre à quel point mon charisme naturel a fait le travail. En somme c'est déjà dans la poste, on pourrait presque rayer quelques formalités d'offices. On emménage chez-vous ou chez moi ? Ah, j'ai pas de chez moi, bon et bien ce sera chez vous." Il le lui fallait pas longtemps pour retomber sur ses pattes. Cela faisait parti de l'exercice qu'il avait pratiqué pendant un long moment. On l'avait même payé pour ça. "Ou peut-être que c'est le simple fruit de votre présence qui m'a assommé." Répondit-il du tac au tac. "D'ailleurs, ne dit-on pas qu'une femme qui désinfecte un homme, c'est un peu comme la rosée d'une matinée de printemps, c'est la promesse d'une belle journée et la perspective d'une soirée enflammée ?" Continua-t-il sur un ton faussement charmant.
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