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Mary-Abigail Gordon... mais appelez-moi Abi, c'est compris ?

Dim 28 Juin 2020 - 15:46


Mary-Abigail Gordontell me more about you

prénom(s) : Mary-Abigail
nom : Gordon
date de naissance : 5 février 2007
âge : 13 ans

ville de naissance : Montréal
métier : Ecolière
groupe : RoV

avatar : mettre ici

what i am

qualites
Intelligente
Débrouillarde
Attachante
Observatrice
Curieuse
defaults
Sarcastique
Méfiante
Menteuse
Sensible
Secrète
Equipement :
Armée d’une batte de baseball qu’elle a trouvée il y a quelques mois et qu'elle a agrémenté de clous, Mary-Abigail ne se sépare jamais non plus d’un couteau de cuisine qu’elle a chipé dès qu’elle est arrivée entre ces murs. Et qu’elle serre entre ses doigts toutes les nuits. Juste au cas où.


Et, au fond de sa chambre, elle a toujours ce sac à dos Hello Kitty qui ne l’a pas quittée depuis leur départ en octobre 2015. Il est rempli de choses totalement inutiles. Des photos abîmées, Monsieur Plume, un ours en peluche qui a perdu un œil et qu’elle conserve précieusement, une petite boite de métal avec un pendentif, celui de sa mère et des vêtements qui ne lui servent plus à rien. Elle ne l’a pas dit à Johanna mais elle a gardé ses chaussons de danse, ses tous premiers, qu’elle lui avait offerts lorsqu’elle était petite.

     
Details physiques :
Plutôt grande pour son âge, Mary-Abigail n’est pas bien épaisse, même si, depuis leur arrivée au motel, elle s’est largement remplumée, passant de translucide à maigrichonne en quelques mois. Entrant à pieds joints dans l’adolescence, les privations des dernières années rendent toute de même l’épreuve difficile. Et on dirait parfois qu’elle ne sait pas quoi faire de ses bras et de ses jambes qui poussent dans tous les sens.

Ses grands yeux bleus semblent toujours vous fixer et chercher à savoir ce que vous avez derrière la tête. Et son visage aux traits fins parsemé de taches de rousseur laisse à penser qu’elle sera rapidement une belle femme, quand bien même elle fera tout pour que ça ne se voit pas.

Véritable garçon manqué, elle porte des vêtements difformes, sans se soucier de son apparence. Ou plutôt, elle fait tout pour qu’on n’y prête pas attention. La seule exception reste sa chevelure flamboyante qu’elle s’est toujours refusée à couper, même si elle la dissimule la plupart du temps en faisant une tresse qu’elle fourre sous une de ses multiples casquettes.

Outre les multiples marques sur les genoux dues aux chutes habituelles quand elle était enfant, la jeune fille a aussi une cicatrice sur le bras gauche. Souvenir qu’elle n’a plus d’un bras cassé lorsqu’elle avait 6 ans et des broches qu’elle a dû porter pendant plusieurs mois.

Mary-Abigail fait également de grosses allergies quand le printemps arrive. Elle en vient parfois à faire des crises asthmatiformes et il lui arrive d’avoir du mal à respirer sans ventoline ou assimilé. Si, pendant son enfance, c’était quelque chose d’anodin, l’inquiétude et les privations depuis le début de l’épidémie ont aggravé les choses. Et ses crises peuvent être parfois violentes.

Psychologie

La fin du monde civilisé a forgé bien des caractères. Et, quand on passe les années les plus importantes de sa vie à devoir survivre, quand ces années qui nous apprennent à savoir qui l’on est, quel adulte on deviendra, sont cernées par la mort, par les pertes, par la faim et les privations, la vision des choses, de la vie, est bien différente de ce qu’elle aurait pu être avant.

Lorsqu’elle était petite fille, Mary-Abigail était pleine de vie. Curieuse, touche-à-tout, elle voulait toujours des réponses à toutes les questions qui se bousculaient dans son esprit. D’une intelligence au-dessus de la moyenne, elle avait appris à lire bien avant les autres enfants de son âge et avait un talent certain en calcul mental. Passionnée par les étoiles, elle pouvait passer des heures à écouter son père lui parler des constellations et se rêvait astronaute.

L’arrivée des rôdeurs et tout ce qui a suivi a bien évidemment impacté sur le caractère de la petite fille. Si elle est toujours aussi intelligente et observatrice, elle a vite compris qu’elle devait se méfier de tout et de tout le monde, qu’observer et repérer ce qui pourrait leur être utile serait une clé pour leur survie et qu’elle ne pouvait pas se permettre de dire la vérité aux inconnus. Demandez-lui comment sont morts ses parents, elle vous racontera un jour qu’ils ont été dévorés par des lions et, le lendemain, qu’ils étaient dans un yacht qui a explosé. Mary-Abigail jongle avec les mensonges avec une rare habilité et arrive parfois à y mettre une pointe de sarcasme inhabituelle pour les adolescentes de son âge.

Parce que oui, elle entre dans cet âge ingrat qui la rend encore plus sensible qu’elle ne l’était déjà. Et probablement plus difficile à supporter, surtout si on demande l’avis de sa sœur ainée. Si elle reste curieuse de tout, c’est avant tout pour sa survie et pour essayer d’imaginer comment rendre leur vie plus facile. Et elle se débrouille plutôt bien la petite Mary-Abigail. Elle commence à connaître par cœur les alentours du motel, elle sait où se planquer, où trouver les meilleurs endroits pour observer les alentours.

Et si elle sait se faire bavarde, si la plupart des gens qui l’ont croisée la trouvent attachante, sa grande sensibilité la rend plus secrète que la moyenne. Elle n’aime pas parler d’elle, elle n’aime pas qu’on en sache trop ou qu’on puisse trouver ses points faibles. Et, pour une gamine de 13 ans, elle sait se montrer bien plus adulte que bien des femmes qu’elle a pu croiser, sa sœur y compris.

Oh et si vous voulez l’agacez, appelez-là par son prénom en entier. Elle déteste ça, même si personne ne sait pourquoi, pas même Johanna. En réalité, c’est qu’il n’y avait que sa mère qui l’appelait comme ça et c’est un peu le seul lien qui lui reste avec elle. Alors, forcément, si quelqu'un d'autre l'utilise, ça la fera sortir des ses gonds.




Story of survival


C’est compliqué parfois. De se souvenir. Je vous jure, j’essaie. Mais ça fait comme des espèces de bulles qui éclatent sans que j’arrive à voir ce qu’il y avait dedans. Tout est trop flou, trop lointain. Et des fois, je me demande à quel point c’est réel ou pas, si je m’en souviens vraiment ou si j’me suis pas accaparé les souvenirs de Johanna.

Si je me concentre super fort, j’arrive encore à me souvenir du rire de papa. Et de mes frangins. Par contre, maman, j’y arrive pas. J’ai réussi à me convaincre que je me rappelle de sa douceur, de ces moments où je me blottissais dans ses bras pour avoir un câlin mais, en vrai, c’est pas le cas. Ca fait comme un gros vide dans le creux de mon estomac. Et ça me bloque. Dans ces moments-là, je vais me planquer dans un coin pour que ça passe.

Alors, même si je me moque de Joe’ et de son journal, j’me suis dit que ce serait bien. Que j’essaie de tout écrire. Avant de tout oublier pour de bon. C’est mal d’oublier sa famille ? D’oublier sa maman ? D’oublier qui on était avant tout ça ? J’ai peur de lui demander. Parce que ça va lui faire de la peine. Vu qu’elle, elle se souvient de tout. Et je me sens coupable en fait. De pas arriver à me souvenir.

***

Donc on va essayer de commencer par le plus facile.

Je suis née le 05 février 2007. Johanna m’a dit qu’il y avait de la neige ce jour-là, une vraie tempête et qu’ils avaient même plus école. Mais c’était plutôt fréquent au Canada. Parce que ouais, on vivait là-bas avant. A Montréal. Autant dire que je me rappelle pas du tout de cette période mais, à l’entendre, c’était genre le paradis. Je suis … j’étais la dernière de la famille. Y avait les jumeaux, Jim et Wyatt. Jim c’était mon préféré, il me faisait toujours rire. Marrant, ça j’arrive à m’en rappeler facilement.

… oui, je vais pas y arriver si je commence à digresser comme ça. C’est un mot que j’ai appris dans le livre que j’ai lu l’autre jour ça. Ca veut dire que je pars dans tous les sens, que je m’éloigne du sujet.

Ce que je suis en train de faire donc. C’est malin Abi de gâcher du papier comme ça.


Je sais ! Je vais faire des listes. C’est bien les listes. C’est clair, précis et on risque pas de se perdre. Et surtout, ça fait pas aussi cruche ou gnangnan que le journal de ma sœur.

- Naissance le 05 février 2007. A Montréal, Canada.
- Dernière d’une famille de 4 enfants. Johanna, Jim et Wyatt, des jumeaux et Mary-Abigail. J’ai un prénom tout pourri, je sais.
- Déménagement à Seattle le… oh zut, c’était en quelle année déjà ? 2009 ? 2010 ? On va dire 2009. C’est bien ça.
- Mort de maman en ...le reste est effacé, probablement par de l’eau … ou des larmes.

… en fait, j’arrive pas à faire ça, juste une liste. C’est comme si je parlais de quelqu’un qui existe pas, qui est pas réel. Alors que je suis bien réelle non ? Même si mes souvenirs du monde d’avant sont flous.

Je me souviens que, quand on était à Seattle, maman était malade. Très malade. Le cancer. J’ai pas compris ce que c’était. J’ai même encore du mal à vraiment piger en vrai. Je sais juste qu’un jour, maman est jamais revenue de l’hôpital. Je me rappelle que j’ai déteste ce « cancer » qui l’avait volée à nous. J’avais cinq ans et j’étais fâchée. Tellement fâchée. Je le suis toujours un peu en fait. Même si, depuis, on a vécu bien pire. Enfin, je sais pas si, en vrai, y a quelque chose de pire que de perdre sa maman… si. Johanna. Faut pas qu’elle le sache, sinon elle va vouloir me faire un câlin ou PIRE, elle va pleurer.

J’allais au jardin d’enfant à ce moment-là et je sais que j’allais bientôt à aller à l’école pour de vrai. Papa m’avait déjà appris à lire et à écrire, je trouvais ça super simple et ça l’amusait. Enfin, dans ces moments-là, il avait l’air un peu moins triste en tout cas. Mais en vrai, celle qui s’occupait le plus de moi, c’était Johanna. Elle pensait toujours à me donner mon goûter, elle m’aidait à préparer mes vêtements. Jim lui m’avait appris à cracher et à nouer mes lacets. C’était hyper important ça !

Oui, je me rappelle pas des vrais trucs. Comme les premières fois où papa m’a montré les étoiles. Je me souviens que c’était lui, je sais que c’est lui qui m’a donné le nom des constellations et, pourtant, quand j’essaie de me souvenir, y rien qui vient. Juste… un grand vide. Johanna m’a raconté qu’oncle Raf et tante Caitlin étaient jamais loin, toujours là pour aider papa, parce que c’était difficile pour lui.

Oh ! J’ai un vrai souvenir, rien qu’à moi ! Et je suis sure que celui-là, personne me l’a raconté. Je me rappelle de Johanna, quand elle s’entrainait à la danse. Et son spectacle. Il était chouette son spectacle, elle ressemblait à une fée. Même qu’après, j’avais eu droit à des paillettes. J’étais pas comme elle, pas aussi gracieuse ni rien, mais c’était pas grave. Parce que je me disais que, si j’arrivais un jour à aller dans les étoiles, je pourrais être comme elle.

J’ai fini par aller à l’école, par me faire des copains. Là encore, j’aimerais bien dire que je me souviens d’eux mais, tout ce que j’ai, ce sont les photos de classe que j’avais fourrées au fond de mon sac au moment où on a dû quitter la maison précipitamment. Et, quand je regarde cette petite fille de 6 ans, puis de 7 ans, au sourire édenté et aux cheveux roux tressés, j’essaie de me convaincre que je me reconnais. Que je sais qui est cette petite fille qui souffle ces bougies. Que je me rappelle de la fois où je suis tombée et où je me suis fait cette cicatrice qui barre mon bras. C’est là où il y a eu les broches, pour mon bras cassé. J’avais 6 ans je crois. Si je me concentre, j’arrive à mettre des noms sur les visages qui m’entourent, sur ces gamins qui sont probablement morts aujourd’hui. Surement même. Mais j’arrive pas à les associer à un souvenir ou à un caractère.

… parce qu’en fait, au final, toute ma vie d’avant de petite fille a été balayée par la fin du monde. Comme si rien de ce qui avait pu se passer avant ne comptait vraiment.


• Octobre 2015.

C’est là que tout a commencé. Je me souviens… de tout. En tout cas, je crois. Je me rappelle de l’inquiétude générale, des militaires qui sont venus à la maison pour nous emmener loin. Je me souviens avoir serré la main de Johanna tellement fort que je lui ai fait mal. Parce que papa n’était pas avec nous. Heureusement, il a fini par nous retrouver.

On est restés des jours, des semaines au stade. Il était super grand et y avait un paquet de monde. Ca criait et, au fil des jours, je me suis dit que ça commençait à pas sentir très bon. Et les gens commençaient à être agressifs. Ca parlait un peu de ce qui se passait dehors. Enfin, du peu que je pouvais entendre vu que tante Caitlyn m’embarquait loin des gens qui discutaient de ces morts revenus à la vie. Je voulais savoir ce qui se passait moi, même si je comprends qu’elle essayait de me protéger.

J’ai commencé à perdre la notion du temps petit à petit. Et je saurais pas dire quand exactement papa et oncle Raf’ ont décidé qu’on devait partir de là avant qu’il soit trop tard. J’ai pas trop pigé j’avoue, mais j’ai été contente qu’on sorte de là. Surtout que la ferme des parents de tant Caitlyn était chouette comme tout. On avait de la place, un vrai lit, même si je devais le partager avec Johanna.

Je l’ai jamais dit à personne mais, quand on est montés dans la voiture, c’est là que j’en ai vu un pour la première fois. Un rôdeur. Il était en train de manger… quelqu’un je crois. Il était accroupi et a relevé la tête vers moi. J’ai croisé son regard et j’ai eu un frisson, de ceux qu’on arrive jamais à définir. Comme si je lisait la mort dans ses yeux. J’ai pas trop compris sur le moment, mais ce regard a longtemps hanté mes cauchemars. Avant d’être remplacé par pire encore.

On est arrivés à la ferme aux premières neiges. J’ai trouvé ça joli. Jusqu’à ce que papa et oncle Raf’ doivent creuser la tombe de tant Caitlyn. J’oublierais jamais les flocons de neige qui tombaient sur ce trou beaucoup trop grand pour elle. Je me suis dit qu’elle allait avoir froid, qu’elle serait toute seule, dans le noir. Et j’ai déposé ma poupée avec elle, pour qu’elle lui tienne compagnie.

• Printemps 2016.

L’hiver a été difficile. C’est ce que papa n’a pas arrêté de dire. Il a l’air fâché, tout le temps. Mais je préfère ça à le voir inquiet. J’ai eu des problèmes et j’arrivais plus à respirer à un moment. Parait que je suis allergique au pollen et ça arrange personne ça. Alors j’essaie de m’entraîner à respirer moins fort. Pour pas déranger.

Je crois que j’agace Johanna à jamais la laisser mais j’ai peur toute seule. J’arrête pas de lui dire qu’on doit apprendre à se défendre, qu’on doit aider papa et oncle Raf’, elle me soutient que je suis trop petite pour ça. Alors, en cachette, je m’entraine avec le petit couteau que j’ai trouvé dans la cuisine. Au début, je faisais ça sur un tronc d’arbre. Et puis, je suis tombée sur un rôdeur. Il était tout emmêlé dans les barbelés et à moitié coupé en deux. J’ai vomi la première fois que je l’ai regardé. Avant d’y retourner. Et de m’entrainer à planter mon couteau. Sauf qu’il continuait de bouger. Jusqu’à ce que papa comprenne ce que je faisais et m’engueule comme pas permis. Il a tué le rôdeur d’une balle dans la tête et cette fois, il a vraiment arrêté de bouger. Faut croire que je savais vraiment pas faire. Ou que je suis pas assez forte. Pas comme papa.

J’ai rien raconté à Johanna, je suis pas sûre qu’elle comprendrait. Mais depuis ce jour-là, je passe toutes mes nuits roulée en boule contre elle, avant de la suivre comme son ombre. C’est encore pire qu’avant en vrai.

• Automne 2016.

Alison et Jeffrey sont arrivés il y a quelques jours de ça. Ca fait du bien de voir des nouvelles personnes en fait, ça faisait des mois qu’on voyait plus vraiment de vivants. J’observe, j’écoute, quand ils parlent de la vie dehors, bien cachée derrière le canapé. Jusqu’à ce qu’ils me remarquent et qu’ils ne me passent un savon pour avoir écouté en douce. Mais ni Jeff ni Alison ne m’en tiennent rigueur. Elle nous donne des cours à Johanna et moi et je suis contente de lui montrer à quel point je sais bien lire et écrire. Elle me trouve douée et c’est cool, ça me manquait de faire tout ça.

J’ai presque l’impression qu’on a une vie normale. Enfin, même si on sort jamais de la ferme et que papa ou encore les jumeaux sont de plus en plus tendus. Ils disent qu’il y a plus rien dehors, que c’est… c’était quoi le mot ? Ah oui, l’apocalypse. Les gens deviennent fous et papa me répète tout le temps de rester là, d’être sage et de ne pas m’aventurer en-dehors de nos terres. Jim vient me raconter des trucs en cachette. Il me dit qu’ils ont croisés plein de morts, qu’ils ont failli se faire manger et j’avoue, ça me fait vachement flipper. Si les cauchemars s’étaient calmés, ils reprennent de plus belle.

Mais heureusement, Jeff arrive à nous distraire et à chasser les ombres le soir. J’ai l’impression avec lui de retrouver la douceur que papa a perdu. On a le droit à de l’attention, des câlins, on apprend à jouer aux cartes et je me retrouve de nouveau à rire.

• Hiver 2017.

Je crois que j’ai eu 10 ans il y a quelques jours. Je suis plus vraiment sûre de la date et puis, au fond, c’est pas comme si c’était vraiment important. J’aurais bien aimé qu’on creuse une tombe pour Jeff et Alison, mais papa n’a pas voulu. Ce sont des voleurs et c’est même moi qui les ai vus. Ils voulaient partir avec tout ce qu’ils pouvaient emporter mais j’ai alerté papa. Qui les a tués. Jim m’a dit que c’était comme ça qu’on devait fonctionner maintenant. Tuer avant d’être tué. Je suis pas sûre de vraiment comprendre mais il a dit qu’il m’apprendrait, dès que je serais un peu plus vieille.

Et si ça allait mieux quand ils étaient là, avec leur mort, j’ai l’impression que tout commence à se casser en mille morceaux. Je parle même pas du fait que je me rends compte que je me souviens de moins en moins de ma vie avant tout ça, que je me raccroche aux souvenirs de Johanna comme si c’était les miens. Mais, tant qu’on est ensemble, ça ira non ?

• Eté 2017.

J’ai essayé. De pas pleurer. De montrer à Johanna que je suis optimiste, que je crois que papa et les jumeaux sont en vie. Et, la plupart du temps, j’essaie d’être forte, de montrer que je ne suis pas juste une petite fille perdue. Mais, la nuit, je vois la ferme en flammes. Je sais pas comment c’est arrivé et je crois qu’on aura jamais la réponse. Surtout que c’est pas comme si ça allait changer quelque chose. J’ai tenu la main de Johanna alors que papa nous criait de fuir et, comme il faisait nuit, on s’est retrouvées séparées des autres.

Toutes les deux.

Seules.

Et depuis cette nuit-là, tout semble difficile. Trouver à manger. Trouver un endroit où dormir. Ne pas avoir froid. Eviter les rôdeurs. Eviter les humains aussi des fois, quand ils ont l’air bizarres. On se débrouille comme on peut avec Johanna, mais je vois bien à son regard fatigué que c’est trop pour elle. Alors ouais, j’essaie. D’être optimiste, de lui dire qu’on les retrouvera tôt ou tard et qu’on s’en sort bien toutes les deux. Je me blottis contre elle la nuit, essayant de lui communiquer mon amour, ma chaleur. Pour qu’on tienne toutes les deux.

J’ai oublié à quoi ressemblait la maison. A quoi ressemblait maman. J’ai même oublié à quoi ça ressemblait de dormir vraiment sans avoir peur. Sans avoir cette impression que quelque chose veut me dévorer de l’intérieur.

On a fini par se dire qu’il nous fallait un groupe si on voulait survivre à l’hiver. Que toutes les deux, on y arriverait pas, même avec toute la bonne volonté du monde. J’ai arrêté de dire à Johanna que j’avais faim, on pouvait rien y faire. Et puis, en plus, j’ai fini par m’y habituer. Même si de nous retrouver dans le groupe de Madelyn et Sarah m’a permis de me remplumer un peu, je suis pas bien. Parce que je me rends compte que je suis la seule enfant. Et que je n’ai encore jamais croisé quelqu’un de mon âge depuis que c’est arrivé.

• Printemps 2018.

On est parties dans la nuit. J’ai pas tout de suite compris ce qui se passait et Johanna a dû passer du temps à m’expliquer. Trop de temps. Ca lui a fait mal de parler de tout ça et je me suis sentie idiote de pas piger. Kyle lui a fait des trucs pas bien et on est trop faibles pour l’empêcher de recommencer. Alors, il vaut mieux qu’on reste que toutes les deux. Même si c’est difficile, même si le printemps réveille mes allergies et que je fais des crises tellement fortes que parfois, j’arrive même plus à respirer.

Je sais pas combien de temps on se balade dans la forêt, dans la campagne mais, au bout de quelques semaines, on retrouve les immeubles de Seattle. Et au moins, on peut se cacher au chaud. Je me doute bien que Johanna s’inquiète pour moi, même si j’essaie de montrer que je suis forte et que je peux m’en sortir. Surtout que le printemps finit toujours par passer non ?

C’est pour ça que je fais ma tête de mule quand elle me parle de la fille qu’elle a rencontré au no man’s land. Oxana. Je veux pas qu’elle fasse ce genre de trucs pour vivre, même si j’ai bien compris qu’on avait des options limitées. Mais hors de question qu’on en arrive là. Je veux pas. Johanna mérite mieux.

• Automne 2018.

J’ai froid. J’ai tellement froid. J’entends vaguement Johanna qui me parle mais j’arrive pas à me concentrer sur ce qu’elle raconte. Je crois que je suis malade, c’est même sûr. Mais je reconnais pas l’endroit en fait. Je suis installée sur un lit moelleux et il fait bon, bien meilleur que tout ce qu’on a pu avoir ces derniers mois.

Je lève une main pour toucher ma sœur, me demandant vaguement si je vais pas finir par être totalement transparente à force de pas manger à ma faim. Et, en retour, j’ai droit à … du bouillon. Un truc chaud, rassurant, qui me donnerait presque envie de pleurer. Ptet même que j’ai des larmes qui roulent sur mes joues alors que j’entends au loin une voix vaguement familière. Celle d’Oxana. J’ai beau être une petite fille, je comprends ce qui s’est passé. Je comprends que Johanna a accepté sa proposition. A cause de moi. Parce que je suis un poids pour elle, parce qu’elle peut pas m’aider à survivre autrement. Et je me suis que, sans moi, elle aurait pu s’en sortir bien mieux.

Alors, pendant que je me remets de ce gros rhume, je me promets que je ferais tout pour plus jamais être un fardeau pour elle. Je dois l’aider et le ferais, à ma façon.

• Printemps 2019.

Je compte plus le nombre de fois où Oxana m’a surprise en train de la suivre. Pas que je l’espionne hein, mais j’suis curieuse. J’ai envie de savoir comment elle gère tout ça, ce qu’elle fait et comment. Parce que ouais, en vrai, elle est super cool. Un peu intimidante mais je me dis que, si j’arrive à devenir forte comme elle, je pourrais aider Johanna pour de vrai, même si elle recommence à être chiante comme avant. J’ai eu 12 ans il y a quelques semaines mais personne le savait. Et je crois que ma sœur a oublié. Mais c’est pas grave, c’est pas vraiment important.

Je crois que ça dérange pas Oxana si je la suis. Au contraire même. Surtout qu’elle commence à m’apprendre des trucs pour l’assister dans la gestion du motel. C’est carrément cool ça. Je me sens un peu utile et j’ai l’impression de mériter la nourriture dans mon assiette. Je déteste pourtant quand il y a des hommes qui viennent. Et je me fais la promesse que jamais aucun d’eux me regardera comme ils peuvent regarder les filles du motel.

Pourtant, je les aime bien les filles. J’ai presque l’impression qu’on est une petite famille à notre façon et, à mesure que passent les mois, je me fais ma place. Je sais que j’exaspère Johanna à partir en vadrouille sans prévenir personne ou à balancer des piques gratuites à certains de ses clients qui essaient parfois de me parler. Mais si je devais l’écouter, je devrais être aussi sage et mignonne qu’une de ces affreuses poupées que j’ai pu voir dans des vieux magasines. C’est pas mon genre. Et Oxana dit que j’ai bien raison de pas me laisser faire.

J’apprends à me défendre. Même si je suis une petite brindille, je fais de mon mieux et je me dis qu’en cas de pépin, je pourrais au moins aider une des filles avant que les autres n’arrivent. Je crois que je commence à trouver ma place dans cet endroit. Et ptet que je finirais par sortir Monsieur Plume de mon sac à dos. Enfin, tant que Johanna le voit pas, sinon elle va dire que c’est un truc de bébé.

• Printemps 2020.

Je range mon couteau dans mon dos, l’air de rien, songeant qu’il faudrait que je demande à Kara si elle veut pas m’aider à fabriquer un petit étui pour le ranger. Le client a quitté la chambre de Johanna et j’ai quelques secondes avant qu’elle se rende compte que, comme à chaque fois que je peux le faire, je suis derrière à monter la garde. Je sais, avec mon petit gabarit, je suis un peu ridicule. Mais je me dis que je peux avoir l’effet de surprise avec moi ou un truc du genre.

Je me frotte le nez avec le manche du couteau, songeuse alors que j’essaie une nouvelle de comprendre pourquoi le motel existe. Oh, j’ai bien pigé le principe et tout mais… je pige pas que les mecs aient envie de payer pour passer du bon temps. Faudrait que je demande à Oxana de m’en parler, je suis plus une gamine maintenant, y a plus besoin de me cacher quoi que ce soit. Surtout que ouais, ils sont pas trop du genre discrets ni rien. Au point que je trouve que certains font les mêmes bruits que certains animaux de la ferme. Enfin, j’évite de trop le dire ou même de les imiter, même ça énerve Johanna et que je trouve ça plutôt cool. Parce que ouais, on se prend le bec de temps en temps… bon souvent d’accord. Et peut-être, j’dis bien peut-être, que j’y suis un peu pour quelque chose.

Le motel tourne de mieux en mieux en tout cas. Et je continue d’apprendre un paquet de trucs. Ptet que, plus tard, je pourrais vraiment être l’assistante d’Oxana, ce serait bien ça. Je crois que je pourrais en être capable. En attendant, je continue de me rendre utile comme je peux, ne ratant jamais l’occasion de balancer une petite pique en passant quand je suis de bonne humeur, fouinant à droite et à gauche, dans le coin du motel, pour trouver des trucs qui pourraient servir.

Parait que je grandis. Jamais assez vite à mon goût mais je dois faire avec. Et je passe mon temps à devoir me dénicher des fringues à peu près à ma taille, même si j’ai l’impression d’être un clown des fois. En tout cas, pour la première fois depuis longtemps, j’ai presque l’impression que… ça va aller ouais. Et on s’en sort pas si mal avec Johanna.


Les jours passent et sont à la fois très similaires et différents. Je sais, ça fait bizarre de dire ça et pourtant, j’arrive pas à mieux le définir. Depuis qu’on est à l’hôtel, on a un cadre. Tous les jours, j’aide à faire la cuisine avec ce qu’on a en stock. Autant dire que c’est pas trop mon délire mais, au final, je me dis que ça peut toujours être utile. Après, je suis souvent Oxana et je prends des notes. On fait un truc différent à chaque fois. En ce moment, j’apprends à gérer les stocks. Je suis plus rapide qu’une calculatrice et je suis presque sûre que j’ai réussi à l’impressionner sur ce coup-là.

L’après-midi, j’ai souvent du temps libre. C’est là que je me retrouve à me balader un peu partout, à farfouiller pour essayer de trouver des trucs qui plairont aux filles ou que je pourrais troquer au NML. Des fois je tombe sur des rôdeurs et, le plus souvent, je me planque dans un coin en attendant que ça passe. Mais ils sont de moins en moins nombreux autour du motel, c’est aussi pour ça que je m’aventure pas trop loin. Enfin pas uniquement. Parce que je sais qu’une adolescente, ça peut attirer les gros pervers, même si je fais tout pour pas qu’on me remarque. Et j’ai pas envie de tomber entre les pattes de qui que ce soit.

Si c’est agité toute la journée au motel, le soir c’est encore pire. Y a toujours des mecs qui me regardent et qui sont hyper mal à l’aise de me croiser. J’avoue, je trouve ça particulièrement cool. Surtout qu’ils rasent les murs quand ils me croisent. Une ou deux fois, j’ai même fait « bouh », juste pour voir leur réaction. Mais Johanna m’a engueulée. Alors, depuis, j’essaie de me la jouer cool. De pas foutre en l’air le business comme on dit. Même si je crois que papa aurait moyennement apprécié que je parle comme ça. Bon, en vrai, je crois qu’il aurait pas aimé du tout qu’on soit là Johanna et moi. Mais c’est pas comme si on avait vraiment le choix hein…

Y a un truc que je fais tous les jours ou presque aussi, sans la dire à ma sœur. Je vais au panneau du NML et je regarde s’il y a des traces de papa. Ou des jumeaux. Un message, qui nous dirait où ils sont, s’ils vont bien, ce genre de trucs. Et, comme je trouve jamais rien, j’en laisse un pour eux. C’est un dessin que j’ai fait moi. Une danseuse, entourée par des étoiles. J’ai fait les constellations avec précision, comme ça papa saura forcément que c’est nous deux. Et il nous trouvera.


time to met the devil

• Pseudo (sur internet) : Tissou
• Âge irl : Trop !
• Présence : Trop aussi !
• Personnage : Inventé [x] / scénario/prédef [ ]
• Comment avez-vous découvert le forum ? Multiplication de personnalités
• Qu'est-ce qui vous a convaincu de vous inscrire ? Je sais plus !
• Voulez-vous un parrain pour vous aider sur le forum Oui [ ] / Non [ x]
• Crédits (avatar et gifs) Hypnotic

• Code du règlement HE WHO SAT ON IT HAD THE NAME DEATH

fiche (c) langouste.
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Re: Mary-Abigail Gordon... mais appelez-moi Abi, c'est compris ?

Dim 28 Juin 2020 - 15:55

:smile14:



si le soleil se lève sur les autres
On a dévalé la pente en moins d'deux, on a fait comme si on savait pas. On a évité les regards ambigus, on a fait comme si on pouvait pas. On a dessiné la zone, évité les roses, repoussé la faune, compliqué les choses. Mais maudit ami, je veux plus : Danser ce slow avec toi
Johanna L. Gordon
Johanna L. Gordon
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Re: Mary-Abigail Gordon... mais appelez-moi Abi, c'est compris ?

Dim 28 Juin 2020 - 16:00

Ohlala en plus tu as pu prendre Sadie trop bien ! :smile34:
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Re: Mary-Abigail Gordon... mais appelez-moi Abi, c'est compris ?

Dim 28 Juin 2020 - 16:10

Re-bienvenue à toi
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Re: Mary-Abigail Gordon... mais appelez-moi Abi, c'est compris ?

Dim 28 Juin 2020 - 16:16

Re-bienvenue ! :smile3:
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Re: Mary-Abigail Gordon... mais appelez-moi Abi, c'est compris ?

Dim 28 Juin 2020 - 16:51

La petite peste ! Elle est là !
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Re: Mary-Abigail Gordon... mais appelez-moi Abi, c'est compris ?

Dim 28 Juin 2020 - 17:21

Oh trop chouette ce personnage ! Mary-Abigail Gordon... mais appelez-moi Abi, c'est compris ?  2101447028
Hâte de la voir en jeu !


ready for the fight
and fate


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Re: Mary-Abigail Gordon... mais appelez-moi Abi, c'est compris ?

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