Joachim Greene
Lun 29 Juin 2020 - 0:21
Obéissant Volontaire Mature Courageux Calme Sensible Timide Naïf Anxieux Influençable | Son père, Isaac Greene, étant l’ancien propriétaire d’un ranch, Joachim a la chance d’avoir un cheval bien à lui, l’Appaloosa Anoki, avec lequel il a grandi depuis l’âge de six ans. Avant d’intégrer les Messiah, il n’avait bien qu’un couteau de chasse pour se défendre, confié par son père. Il a néanmoins déjà tenu une arme à feu en main et sait comment s’en servir si ça devait se reproduire, même s'il n'en possède pas personnellement. Joachim n’est pas bien grand ni bien épais. L’apocalypse a été un frein à sa croissance, même si à force d’être sur les routes ou à dos de cheval, et d’autant plus depuis qu’ils sont posés dans de bien meilleures conditions à Fort Nisqually, il a commencé à prendre du muscle. Il a une cicatrice, d'une blessure par balle, sur la cuisse droite, mais rien de plus reconnaissable. Joachim est brun aux yeux bleus, le portrait craché de son père à cet âge. |
Joachim se méfie davantage des inconnus, vers qui il n’ira pas de lui-même, et se révélera subitement moins bavard. Ce n’est pas uniquement de la timidité. D’un naturel anxieux, même s’il le cache bien, l’apocalypse n’a fait qu’exacerber ce trait chez lui, et il ne donnera pas sa confiance si facilement. Pour autant, l’adolescent reste assez facile à berner en lui faisant croire à de bonnes intentions. Il a trop tendance à laisser le bénéfice du doute et à voir le mal trop tard.
Encore jeune quand le monde a changé irrémédiablement, il s’est adapté rapidement. Si les épreuves l’ont renforcé, Joachim a dû grandir bien trop vite à cause de l’apocalypse. Calme et réfléchi, il est plus mature que la plupart des enfants de son âge. Pour autant, il a été considérablement affecté et éprouvé par les tragédies qui l’ont touché plus directement. Il s’est davantage encore renfermé sur lui-même, à se façonner une carapace pour dissimuler son côté plus sensible, et certains sujets resteront tabous pour lui.
Comme son père, c’est un grand passionné de chevaux. Avec eux, il se révèle patient et posé, d’un calme à toute épreuve pour réussir à les apaiser, et d’une autorité rare pour les cadrer. Il est alors bien plus éloigné de l’enfant timide et discret qu’on a l’habitude de voir.
• 26 juin 2005 / Cœur d’Alene - Idaho
Je vis le jour un 26 juin à Cœur d’Alene, en Idaho. Je grandissais dans le ranch familial que tenaient mes parents, Isaac et Anna Greene, et avant eux mes grands-parents paternels. Je ne les connaissais pas personnellement. J’étais encore trop jeune quand ma grand-mère mourra, j’avais à peine deux ans et demi à l’époque, et je ne conservais que peu de souvenirs d’elle. Ma sœur ainée, Nora, avait neuf ans de plus que moi. Malgré les années qui nous séparaient, nous avions toujours été assez proches elle et moi, même si nous partagions assez peu d’intérêts communs. Nora passait le plus clair de son temps à voir ses amies ou à passer des heures au téléphone avec elles, quand elle n’était pas rivée devant un écran de télévision. Moi, c’était tout l’inverse. Depuis tout petit, je passais la majorité de mon temps à jouer à l’extérieur, pendant des heures. J’étais un petit garçon assez introverti et solitaire. J’avais assez peu d’amis, et ça m’allait très bien au fond. Je recherchais davantage le contact des chevaux, ou des animaux en général. Papa m’emmenait souvent en balade à cheval, avant même que je ne sache marcher. Il me montrait comment tenir en selle, dès mon plus jeune âge. Maman me disait toujours que j’avais hérité de la passion de mon père, sans que je n’arrive à déterminer si c’était une bonne ou mauvaise chose selon elle.
• Mars 2010 / Three Lakes
Quand maman décrocha un nouveau poste d’assistante vétérinaire près de Redmond, il fut question de déménager. Il paraissait que ça payait bien mieux là-bas, mais je n’étais pas vraiment en âge de le comprendre à seulement cinq ans. Passer de Cœur d’Alene à Three Lakes ne me perturba pas plus que ça. Les paysages étaient très similaires, et puis mon père avait racheté une vieille ferme pour en faire son nouveau ranch. Par contre, c’était bien plus petit comme ville, et Nora apprécia bien moins de perdre ses anciens amis au profit de ce qu’elle qualifiait de « trou paumé ». Pourtant elle n’avait pas tant peiné à s’en refaire, contrairement à moi, mais elle se plaignait constamment de ne pas retrouver tous les avantages d’une grande ville pour sortir. Moi, je voyais surtout que j’avais pas mal d’espace pour faire des bonnes balades à dos de cheval.
• Juin 2011 / Three Lakes
Pour fêter mes six ans, papa m’offrit mon propre cheval. Il s’appelait Anoki. C’était encore un poulain, mais il deviendrait bientôt un bel Appaloosa. J’allais avoir la lourde responsabilité de m’en occuper seul. J’étais vraiment aux anges, mais je le prenais avec beaucoup de sérieux malgré mon âge. Il fallait que je prenne soin d’Anoki, on allait faire de grandes choses ensemble. Maman ne manqua pourtant pas de me rappeler de ne pas négliger mes cours à l’école, quand elle me voyait un peu trop souvent à aider au ranch plutôt que de chercher à faire mes devoirs. Je n’aimais pas particulièrement les cours, mais pour lui faire plaisir, je faisais le minimum pour avoir des notes qui lui convenaient. J’aurais détesté par-dessus tout de la décevoir, même si elle me disait souvent que j’avais les capacités de faire mieux encore. Je préférais passer du temps à m’occuper des chevaux et aider mon père, autant que je le pouvais.
• Janvier 2012 / Redmond
Je n’avais pas encore sept ans quand mes parents décidèrent de se séparer. C’était un peu confus pour moi. Il était question du travail de papa au ranch. Je ne comprenais pas vraiment ce que maman pouvait lui reprocher, pourquoi ça n’allait subitement plus entre eux. La situation me peinait, surtout quand il fut question de la garde alternée. Je compris rapidement que maintenant ce serait comme ça, avec une double vie à Redmond et à Three Lakes, et que mes parents ne seraient plus jamais sous le même toit.
Si pour Nora le départ la rapprocha de la ville et l’enchanta beaucoup, ce n’était pas vraiment le cas pour moi. Je n’aimais pas Redmond. C’était l’agitation, l’effervescence. Je devais encore me faire de nouveaux amis à l’école et ça faisait beaucoup de déménagement en peu de temps. Je m’ennuyais ferme en cours. Je ne savais pas comment m’occuper le soir, alors je lisais beaucoup de BD. Je guettais surtout chaque fois les weekends et les vacances pour pouvoir retourner au ranch. Là-bas, je me sentais plus à ma place. J’adorais aider papa à s’occuper des chevaux, et je compris assez rapidement que c’était ce que je voudrais faire plus tard aussi. Il me félicitait souvent. Pour lui, je serais un grand cavalier. Je prenais exemple sur lui, à me montrer un peu différent dès que j’étais en présence des chevaux. J’étais plus patient, et à la fois doux et étrangement autoritaire, pour réussir à leur faire comprendre.
• Avril 2013 / Redmond
Maman se remaria. Ca ne faisait même pas un an et demi depuis la séparation. J’avais du mal à être content pour elle. Je regrettais quand nous étions tous ensemble au ranch. C’était peut-être injuste, mais j’étais plus renfermé avec mon beau-père. Je ne le laissais pas entrer facilement dans ma vie, et maman me le reprochait. Je n’avais simplement pas envie qu’il se comporte comme s’il était mon père, parce que j’en avais déjà un. Pour moi, il restait un étranger.
• Septembre 2015 / Redmond
Comme chaque année, je n’avais pas envie de rentrer à Redmond après les vacances scolaires au ranch. J’étais content de revoir maman après tout ce temps, mais elle se rendit vite compte que ça ne me faisait pas vraiment plaisir d’être là. Je m’en voulais un peu, parce que ça la blessait, alors j’essayais de donner le change tant bien que mal. Je n’avais alors aucune idée que, dans un peu plus d’un mois, je ne la reverrais sans doute plus jamais.
• Octobre 2015 / Three Lakes
Au début, ce n’était que des faits isolés. On parlait dans les médias d’agressions, avec « des cas de violences peu communes ». Il paraîtrait que c’est une histoire de drogues, mais qu’est-ce que j’y connaissais moi au juste ? Pas grand-chose. Je voyais uniquement l’inquiétude de maman augmenter à mesure. On était revenu de Three Lakes rien que la veille, et c’était elle, cette fois, qui ne semblait pas très heureuse de nous voir. Elle avait les traits tirés et passait pas mal de temps au téléphone avec papa. Ca, c’était assez rare pour être souligné.
Et puis, le lendemain, on nous informa que l’école allait fermer. Il y avait eu un cas similaire dans un lycée pas loin d’ici. J’étais rentré plus tôt avec ma sœur, ce jour-là. On nous parlait subitement de morts qui se relèveraient, dans les médias. Je suivis tout depuis le canapé où était Nora. Pour une fois, elle éteignit la télévision sans qu’on lui demande. « C’est n’importe quoi tout ça ! » Je relevai la tête vers ma mère qui venait de raccrocher au téléphone. « Je vous emmène chez votre père, allez préparer vos affaires. »
Pas d’explications, rien. J’avais un peu honte d’être aussi content d’arrêter l’école pour retourner au ranch. Je voyais bien que quelque chose n’allait pas, que c’était bien plus grave que ça en avait l’air. J’aurais bien voulu que maman reste avec nous aussi. Elle nous promit de nous rejoindre dès que possible. Je la crus, bien sûr… Mais les appels se firent plus rares et espacés. Je demandais des nouvelles d’elle tous les jours à papa, mais à la fin du mois, les communications furent définitivement coupées.
• Novembre 2015 / Three Lakes
Je ne comprenais pas ce qui se passait. Nora devenait folle, à réclamer qu’on parte aussitôt la chercher. J’étais plutôt d’accord avec elle, même si je n’avais pas envie de contredire papa qui jugeait que c’était trop risqué. J’étais de plus en plus anxieux vis-à-vis de la situation actuelle et on m’en disait le minimum, ce qui ne m’aidait pas à me tranquilliser. J’espérais encore que les choses allaient s’arranger, qu’on allait voir maman arriver en voiture d’un moment à l’autre, et que le cauchemar prendrait fin.
• Décembre 2015 / Three Lakes
Les hennissements de détresse de la jument égarée avaient déchiré l’air, ce matin-là. Je pressai aussitôt Anoki, mais c’était déjà trop tard pour elle. Je restais complètement interdit devant la scène macabre qui se déroulait juste sous nos yeux… Elle était déjà à moitié morte, des monstres à forme humaine la dévoraient vivante. Le coup de feu que papa tira me sortit de ma torpeur. La créature, elle, n’avait même pas bronché, à prendre la balle en pleine poitrine. Elles se retournèrent toutes d’un bloc vers nous, comme si on était leur prochain diner.
Je criai. Anoki se cabra face à eux, dans un hennissement terrifié. Je me raccrochai tout juste à sa crinière pour ne pas tomber, le cœur battant. Anoki suivit aussitôt Snowflake pour s’extirper de leurs griffes. Une fois qu’on marqua assez de distance avec eux, je me mis à pleurer et trembler de tout mon corps. Je voulais comprendre ce qui s’était passé, qui étaient ces monstres, pourquoi la balle ne leur avait rien fait… Mais papa n’avait aucune explication à me donner.
• Mi-Mars 2016 / Three Lakes
Après cet événement, nous avons renforcé les barrières et les enclos du ranch. Un voisin était venu nous aider avec sa famille. Je les entendais parfois parler avec papa de laisser le ranch derrière nous, de s’en aller. Je ne savais pas ce que je redoutais le plus au fond… Que ces monstres viennent nous retrouver ou de devoir partir ? Ils ne nous laissèrent pas vraiment le choix.
Je me réveillai en sursaut au milieu de la nuit, après que Nora soit venue me trouver. Elle me demanda de prendre le minimum syndical avec moi. Je ne comprenais pas, ou plutôt, je ne voulais pas comprendre. Le pire était arrivé. Entre les rideaux, je vis les chevaux s’enfuir, les rôdeurs à leurs trousses. Je contins mes larmes alors que papa venait nous chercher en nous pressant de préparer nos derniers chevaux. Nous avons fui tous les trois. A ce moment-là, je sus que ce serait la dernière fois que je verrais le ranch de Three Lakes.
• Fin Mars 2016 / Redmond
Nous avons trouvé refuge ensuite dans une vieille ferme, en bordure de Redmond. Les monstres étaient désormais partout, difficile les ignorer. Papa nous donna quelques consignes simples mais indispensables selon lui, pour qu’on puisse tous s’en sortir. On devait diminuer nos rations pour tenir plus longtemps, et surtout ne jamais sortir seul du domaine.
Quand le cri de Nora retentit ce soir-là, mon sang se glaça dans mes veines. Papa sortit précipitamment pour la retrouver et la ramener, l’épaule ensanglantée par une morsure de rôdeur. Elle avait désobéi pour aller chercher à manger, seule. Je la veillais chaque nuit, mais son état ne s’améliorait pas. Je me sentais complètement impuissant, incapable de l’aider. Quand les yeux de Nora se fermèrent, je pensais que ce serait pour ne jamais se rouvrir... Papa était ébranlé. Je l’entendais pleurer comme jamais auparavant dans la pièce d’à côté.
Je me recroquevillai au sol dans la chambre, sans vouloir y croire. J’avais tort. Nora rouvrit bien les yeux pour les river sur moi… Et ils étaient désespérément vides. J’hurlai de terreur en me reculant précipitamment pour m’extirper de sa prise. Papa arriva aussitôt en courant. Il la tua d’un coup net à la tête, avant qu’elle n’en fasse de même pour moi. Je me figea, comme hors de mon corps, alors qu’il y avait tout ce sang…
Les mois suivants, je refusais de parler. La scène tournait encore et encore dans ma tête. Elle me réveillait en sursaut et en larmes la nuit, alors que je sentais les doigts de Nora sur ma peau qui cherchait à m’extraire du lit. Je pensais souvent à maman. Je l’imaginais avec ce même regard éteint, cette même avidité à vouloir me tuer, manger ma chair. Papa me disait qu’il ferait tout pour la retrouver, mais est-ce qu’elle serait encore en vie ? Ou plus tellement, comme Nora ?
• Août 2016 / Ranch Rosenfeld
Papa enterra Nora à la vieille ferme. On resta un mois de plus, après ça, sur place. J’avais compris qu’il ne souhaitait pas la laisser. Moi, je m’imaginais encore qu’elle pouvait sortir de sa tombe pour venir me trouver. J’avais peur. J’étais triste aussi. Mes cauchemars ne s’arrêtèrent pas pour autant, quand nous reprîmes finalement la route.
On croisa quelques mois après, lors de nos excursions, une autre survivante, Zoey. Elle était grièvement blessée et papa l’aida à se sortir d’une situation compliquée avec des rôdeurs. Si on ne savait pas ce qui lui était arrivé, nous avons pris soin d’elle le temps qu’elle se remette. Quelques semaines après, des personnes arrivèrent et la situation faillit bien dégénérer quand ils découvrirent le manteau de Zoey. Ils s’en prirent à mon père. J’étais prêt à le défendre, même avec mon couteau. Il s’agissait en vérité d’amis à elle, venus la retrouver.
Dès qu’elle fut remise, on décida de trouver un meilleur endroit pour nous tous. Nous avons débarqué dans le ranch Rosenfeld, là où Juliet se terrait encore. Juliet et moi, on s’entendît rapidement bien, mais savoir que ses grands-parents étaient encore là, à gratter aux murs d’un box, m’effrayait bien plus que je ne voulais l’avouer. Quand Jack décida de les tuer, les choses commencèrent à dégénérer avec Juliet. Finalement, ils prirent la décision de partir, et il ne resta plus que nous trois, papa, Juliet et moi. On n’était plus assez pour défendre le ranch, alors il fallait à notre tour tout laisser derrière nous.
• Mai 2017 / Heartsong equestrian facility
Je n’aimais pas croiser d’autres survivants. On ne savait jamais à quoi s’attendre… Mais les rôdeurs, parfois, c’était pire encore. Ils étaient partout. Ce jour-là, ils étaient particulièrement nombreux. Anoki refusait d’avancer, effrayé. Je n’aidais pas vraiment à crier après mon père, alors qu’il était parti plus en avant à la rencontre d’autres survivants. Mon cheval ne me répondit bientôt plus, quand les rôdeurs arrivèrent à notre hauteur. Elle partit au galop à vive allure, avant que mon père ne l’arrête dans sa lancée. L’écart d’Anoki me fit chuter à terre, et tout s’enchaîna à une vitesse folle. Je remontai en selle difficilement alors que les rôdeurs me pressaient. L’un d’eux tira sur ma jambe. Dans son regard vide, je vis subitement Nora. Je m’agrippai de toutes mes forces, le souffle coupé, à la crinière d’Anoki qui se frayait un chemin dans la masse pour suivre Snowflake. Quand enfin je fus capable de respirer à nouveau, de parler… Ce fut pour constater qu’il y avait toujours pire. « Papa ? Où elle est Juliet ? »
On la chercha des mois, sans retrouver sa trace. Nous l’avions perdu dans la confusion, séparés par les rôdeurs. J’avais déjà perdu une sœur… J’avais l’impression d’en perdre une deuxième. Juliet me rappelait Nora, sur certains aspects. Et même si elle ne pourrait jamais la remplacer, elle rendait sa disparition moins difficile. Nous étions à nouveau que tous les deux, papa et moi, quand on trouva enfin un endroit où se poser, au Heartsong Equestrian Facility.
C’était un jour comme un autre quand un bruit de moteur se fit entendre au loin. Je m’occupais alors des chevaux. Papa m’intima de me cacher avec eux dans les boxes, mais ils trahirent rapidement ma présence. J’ouvris la porte du box à la volée sur une silhouette reconnaissable qui chuta en arrière… C’était la femme avec qui parlait mon père, le jour où Juliet avait disparu. Elle s’appelait Andrea. Avec elle se trouvait Duncan. Ils nous proposèrent de les suivre. On pourrait retrouver Juliet, qu’ils avaient pu sauver des griffes des rôdeurs. On serait enfin réunis.
• Juin 2017 / Gig Harbor
Les semaines passées à la prison se transformèrent rapidement en mois entiers. Nous avions trouvé notre place ici, parmi ce nouveau groupe. Avec Juliet et papa, on avait entrepris d’aménager le hangar de la prison pour accueillir les chevaux. On avait même commencé à donner des cours d’équitation à tout le monde. En retour, j’apprenais à tirer à l’arbalète avec Selene, et papa avait fini par vaincre ses réticences pour me montrer comment me servir d’une arme à feu. Selene était vraiment impressionnante ! Je me retrouvais souvent un peu bête, à ne pas savoir quoi dire, quand elle était là. Je m’étais fait un ami aussi, Ruben. Il n’avait que quelques années de plus que moi. Depuis l’apocalypse, ça ne m’était plus arrivé de m’entendre aussi bien avec quelqu’un.
Mais à chaque fois que les choses semblaient aller mieux, il y avait toujours une tâche pour ternir le tableau. Cette nuit-là, une horde avait attaqué la prison. J’avais aidé les autres à la défendre. La nuit avait été très longue, et au matin, nous devions enterrer trois des nôtres.
• Novembre 2018 / Gig Harbor
Depuis quelques mois, notre groupe, à la prison, s’était rapproché d’un autre, établi dans un ranch. Ce qui semblait être le début d’une longue collaboration tourna au conflit rangé quand deux autres groupes s’ajoutèrent au tableau. Ils asservirent nos alliés par la force, avant que certains vendent l’emplacement de la prison. Le jour même, papa m’avait demandé de rester avec Ruben et Juliet pour m’occuper des chevaux et des petits, mais ils n’avaient pas besoin de moi là-bas. Je sortis pour l’aider, armé de mon fusil, malgré ses protestations. Je ne pouvais pas le laisser seul, surtout pas dans un moment pareil. Des explosions retentirent, des coups de feu furent échangés. Je tirai, moi aussi, à plusieurs reprises. Si je touchais quelqu’un ? Aucune idée. Dans la confusion, une balle me blessa sérieusement à la jambe. Je ne me souvins pas de ce qui se passa ensuite.
Papa m’avait emmené au Fort Nisqually, le repère d’un certain Deaglan, où on serait en sécurité. Il était question de mener des représailles sur leur camp. J’insistais pour l’accompagner, mais il refusa fermement, me laissant derrière lui. Le conflit s’acheva par la prise du camp adverse. Ce qui devait être un abri provisoire devint finalement notre nouveau foyer.
• Novembre 2019 / Fort Nisqually
Déjà un an que nous étions arrivés au Fort Nisqually. Il y avait quelques remous, bien sûr, mais rien de l’ampleur du conflit avec les Remnants. Je suivis du loin les démêlées avec d’autres groupes ou solitaires au No Man’s Land. Suite au crash d’un hélicoptère, nous avions appris être bien plus nombreux que nous le pensions hors de ces murs. Après l’attaque d’un convoi à l’avant-poste, notre nouveau refuge, The Haven, décida de fermer pour l’hiver.
Papa décida de passer l’hiver dehors, soi-disant pour chercher un de nos groupes d’éclaireurs disparus, mais je savais que c’était surtout pour passer plus de temps avec Raina, sa nouvelle copine. Je l’avais rencontré en mars dernier, et j’avais compris tout de suite pourquoi elle lui plaisait autant. Après tout, Raina était une cavalière de spectacle, passionnée de chevaux autant que nous. J’aurais adoré qu’elle m’apprenne quelques acrobaties à cheval, mais je ne comprenais pas pourquoi elle était si réticente à nous rejoindre ici, au Fort Nisqually. Je devais dire au revoir à mon père, pour les six prochains mois, à cause d’elle. J’avais accueilli très mal son départ pour une durée aussi longue, bien plus encore que Juliet. Je m’étais aussitôt renfermé, dans une humeur rarement aussi noire.
Passer du temps avec Ruben me changeait les idées. Je tentais de lui apprendre à monter à cheval, mais franchement, il était nul. Ca se finissait toujours sur le terrain de basket à s’échanger plutôt des passes, là où finalement, il avait moins de mal à me défier. Et puis, Milow était arrivé quelques mois auparavant. Il passait pas mal de temps avec Ruben, alors on avait fini naturellement par lier aussi. Juliet se méfiait de lui, mais Milow était vraiment cool pourtant.
• Mars 2020 / Fort Nisqually
J’avais la désagréable impression de revivre la scène à la prison… En pire encore. La nuit venait à peine de tomber quand un énorme fracas retentit au lointain. Je me figeai, sous le choc. Nous savions tous ce qui risquait de se produire alors, mais on ne s’attendait clairement pas à une attaque de cette ampleur. Les morts affluaient par centaines et les contenir était quasiment mission impossible. Faire silence pour les empêcher de venir à nous était le pire des supplices… La nuit fut très longue. J’avais l’impression de revivre encore et encore la même scène, quand Nora m’avait attrapé pour tenter de me tuer, à les entendre grogner à l’extérieur. Quand il fut évident que certains ne partiraient pas, il a bien fallu les déloger. On avait élevé des barricades ensuite pour les faire entrer petit à petit afin de les tuer. La tâche était pénible, mais j’aidais autant que possible. Nous étions si proches de la fin quand Freya fut mordue. Deaglan, lui, ne la vit même pas partir, fauché à son tour. Le groupe qui était parti plus tôt dans la soirée rentra également en bien sale état. La victoire, le lendemain, fut amère.
• Juin 2020 / Fort Nisqually
Ruben fut dévasté par la mort de Freya et prit ses distances. Milow, lui, avait décidé de partir peu de temps après. Je constatais, impuissant, que tout ce qu’on avait réussi à construire s’effondrait. J’avais du mal à garder le moral, pourtant il le fallait pour Ruben. A peine un mois après son retour, papa m’informa qu’il repartait voir Raina, pour une sombre histoire de travaux cette fois. Je lui avais lâché avec froideur et provocation que je ne serais peut-être plus là quand il reviendrait. Le sentiment de trahison et d’abandon était puissant.
Pourtant, Fort Nisqually se développait comme jamais. Il y avait des grands projets d’expansion qui se mettaient en place, et on était de plus en plus nombreux. Ca faisait presque trop de monde pour moi, en vérité… Mais on allait avoir des hectares entiers de nature pour les chevaux en plus, si on se débrouillait bien. Un tel confort, ça n’existait plus depuis l’apocalypse. Et ce paradis, c’était le nôtre.
Depuis qu’on s’est installé au Fort Nisqually, il a été question de reprendre les cours. Ce n’était pas vraiment pour m’enchanter, si bien que je les suis un peu contraint, guettant l’occasion de pouvoir m’éclipser pour aider plutôt mon père à s’occuper des chevaux. Je donne même des cours d’équitation quand il est absent. Si on me cherche, c’est souvent là-bas que je me trouve, ou à faire du basket en compagnie de Ruben. Je ne rechigne jamais à donner un coup de main quand on me le demande ou que je vois quelqu’un qui en a la nécessité, si bien que je suis souvent à m’occuper à droite et à gauche. Parfois, quand j’ai besoin de souffler loin de l’agitation du camp, je trouve toujours moyen de m’isoler et de prendre un peu de distance, de quelques foulées à cheval rapides.
Il arrive parfois aussi que je participe à quelques expéditions à l’extérieur qui m’occupent toute la journée. A force d’avoir parcouru Seattle à dos de cheval, je n’ai plus vraiment la même appréhension à me retrouver au dehors. Je sais comment me débrouiller pour que les rôdeurs ne soient pas un problème, surtout si Anoki est avec moi.
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Re: Joachim Greene
Lun 29 Juin 2020 - 8:40
- Duncan Donhadams
The Hallows | Conseil
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