La forgeronne n'a pas perdu de temps pour se lancer en quête de réponse. Elle avait clairement le choix pour se faire mais a préféré jeter son dévolu sur ce pauvre Vaughn et ce pour plusieurs raisons. La première étant sa discrétion, elle a pu elle même s'y frotter et en déduire que cet homme ne répond pas de la catégorie des balances, il sait potentiellement garder une information de taille pour lui. La seconde, l'infirmier n'est pas non plus dans la catégorie des proches de la blonde contrairement aux Barnett qui possède une place bien particulière. Aussi, il est le mieux placé pour lui apporter une réponse claire et sans détour. La troisième raison, il sait qu'elle ne rigole pas, qu'elle va toujours au bout des choses comme qu'elle n'hésitera pas à faire de sa vie un enfer si il osait trahir sa confiance.
Avec tout ces arguments en poche, il est incontestablement l'élu, le maudit élu.

L'alcool, elle est retombée dedans depuis trois jours, c'est son nouveau carburant, comme celui de l'ancien temps, cette lointaine époque où les morts ne cherchaient pas à vous bouffer à la première occasion. Elle essaye néanmoins de se contrôler au maximum, surtout quand elle se trouve au No Man's Land où elle s'accorde seulement quelques verres, pas plus, sans quoi, son image risque d'en prendre un coup. Le whisky en main, elle opine lentement vers son armoire à glace qu'est Idriss, l'invitant à faire entrer son invité. Invité, en voilà un bien grand mot, il faut dire que ce pauvre Vaughn n'a pas vraiment eu le choix.

"Oui. Installe toi." Elle lui présente le pouf juste à ses côtés et commence à servir un autre verre de scotch pour l'infirmier aux narines encombrées. C'est bien le minimum qu'elle puisse lui offrir après l'avoir ainsi forcé à se présenter dans sa tente. "T'peux me tutoyer, j'ai pas l'âge d'être ta mère..." Son haleine n'est pas de première fraîcheur, le scotch s'occupe de réchauffer tout ça, ce n'est pas son premier verre. Quant au fait de tourner autour du pot, ce n'est toujours sa came, elle fonce donc sans perdre de temps; "J'ai quelque chose à te demander, un diagnostic..." Elle relève ses yeux bleus vers lui et s'assure de capter son regard avant de reprendre. "Un diagnostic discret." Elle insiste bien sur ce dernier mot et cache son mal-être grandissant dans son verre en s'accordant une généreuse lampée. "Ton prix sera le mien, à condition que tes lèvres restent close, sans quoi..." Elle repose son verre et attrape l'imposant couteau de chasse de type Bowie qui trainait sur la table. "Sans quoi... on passera à ma clause..." Sa lame se penche simplement en direction de l'entrejambe du jeune homme "... et je suis sûre qu'elle va pas te convenir.." Voilà, avec cette précision, il ne peut que voir de quoi elle parle, aucun doute possible. Si il parle, Kara pourra possiblement clouer autre chose au mur qu'une collection de main.

Les termes sont évoqués, la clause également, il ne lui manque plus que l'accord. "Deal ?"

Vaughn est un bon type, il gagne des points en prenant le temps de déguster sa première gorgée de whisky et non en s'enfilant le verre cul sec comme font les caïds du coin, persuadés qu'on déguste ainsi ce précieux nectar et histoire de faire comme dans les films, des putains de petits cons qui gâchent tout. Ce dernier lui arrache également un léger sourire avec sa première réflexion, un regard pragmatique sur sa propre situation et relativement terre à terre mais quelque peu exagéré en vue des circonstances, enfin, quoique... ?  "J'aurais quand même un peu de remords, alors autant en pas en arriver là." Tout se passera bien si il ferme sa gueule, c'est aussi bête et méchant que ça et la blonde ne doute pas que ce dragueur peut y arriver, elle a confiance, peut-être à tort, l'avenir lui dira.

"C'est en effet ce que j'attends de toi. Ton avis à toi et sans le moindre détour." Du direct et si possible du précis, si possible, elle est bien consciente qu'un diagnostic va être dur à réaliser avec le peu de moyen dont dispose le No Man's Land...

Lentement, elle retire sa machette qu'elle vient caler devant elle sur la table basse juste entre eux deux et tente de se détendre avec une nouvelle gorgée plus généreuse que les précédentes. "Et je te demande aussi une possible suivi de la chose pour l'avenir." Elle n'a pas besoin d'étude prolongée en médecine pour savoir que son problème est possiblement un grave problème qui peut remettre bien des choses en question, à commencer par son mode de vie.

Passons aux choses sérieuses, de quoi finir les quelques centimètres de restant ambré de son verre d'une bonne levée de coude afin de s'armer de courage. "Je crois que j'ai une boule, là." Non ce n'est pas son entrejambe qu'elle montre du bout de l'index mais bien le dessous de son sein droit. Elle aurait bien aimé que Monroe vérifie d'elle-même mais les deux femmes étant quelque peu en froid depuis des semaines, elle avait décidé de ne pas l'importuner avec ça, ni même de l'inquiéter, c'était encore trop tôt pour les conclusions hâtives. "Vérifie et dis-moi ce qu'il en est... Enfin ce que tu peux m'en dire..." Peu de choses, certainement, mais son avis sera mieux que celui de la forgeronne où google lui fait cruellement défaut pour trouver des réponses, c'est le noir complet à ce niveau. Un cancer ? Une boule de graisse bénigne ? Elle n'en sait strictement rien et tient bien à ce personne dans son entourage ou au No Man's land en dehors de cet homme ne soit au courant de cette chose, il en va encore une fois de sa réputation, savoir que la cheffe du troc a possiblement déjà un pied dans la tombe peut se retourner contre elle et attirer les vautours aigris.

Ouh, la question piège sur les remords ! La forgeronne dodeline doucement de la tête avant toute réponse, elle fait durer un peu la chose, presque amusé par le sourire de l'infirmier qui ose se jouer un peu d'elle, c'est qu'elle commence à l'apprécier, finalement. Pas tous les jours qu'on vient la taquiner et Vaughn a l'air d'avoir compris à quelle fréquence il peut se le permettre, à savoir : ne pas aller trop loin, juste une petite pique à droite à gauche, pas plus. "Les deux." L'information quitte enfin ses lèvres dans un souffle et elle vient aussitôt balayer le sujet d'un revers de main devant elle, comme l'on repousse une mouche agaçante qui vient nous bourdonner au coin de la gueule. Faut pas déconner trop longtemps non plus, y a un temps pour tout.

Retour dans le dur du sujet, elle l'écoute avec attention et désigne son fameux sein droit, le fautif de cette histoire.  La première réaction du jeune homme et cet air presque ahuri qui se colle aussitôt sur son visage ne plaît guère à la quadragénaire qui n'est clairement pas d'humeur à se répéter, pas son genre. Un regard noir suffit pour remettre son interlocuteur dans la bonne direction : non, elle ne déconne pas et non, elle ne s'invente pas de des kystes dans la poitrine pour attirer l'attention.

Voilà qu'il passe enfin aux questions intéressantes, l'information semble être passée, il était temps. "Deux semaines environs." Elle avait espéré que la boule s'en aille comme elle était venue, par magie, mais non, elle n'avait fait que gagner en volume, tout du moins, c'est l'impression qu'elle en avait. "C'est arrivé tout seul, j'ai rien fait de particulier pour l'invoquer. Sa taille semble cependant s'être stabilisée." Elle aurait préféré lui dire que l'apparition était suite à un vilain coup, mais ce n'était malheureusement pas le cas.

Et voilà, on y est, le moment gênant... Du menton, elle vient lui désigner un petit seau d'eau propre au fond de sa tente, juste à côté, un savon fait maison négocié avec les derniers arrivés dans la boucle du troc. Pendant qu'il se lave les mains, elle vient lentement se masser les tempes dans un soupir un peu lourd, l'épreuve à venir va vraiment être difficile... mais c'est pour la bonne cause, elle le sait, elle est prête...